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entretiens et videos - Page 756

  • [Archives] Entretien avec Jean-Claude Michéa

    Entretien avec Jean-Claude Michéa par oligarchie
     

  • Pour gouverner vraiment, un président doit se libérer des contre-pouvoirs

    Suite à la parution de son ouvrage, Le Temps du phénix, récit d’anticipation 2017-2022, aux Editions Cité Liberté (328 pages, 20 €), Bruno Mégret a accepté de donner un entretien au Salon Beige.

    1) Dans votre chapitre "Le prix de l'excellence" vous développez une réforme de l'enseignement sous 2 aspects : la refonte complète des programmes du primaire au lycée, réforme que l'on peut qualifier d'autoritaire voire d'étatique, puis une plus grande autonomie des universités de façon à y favoriser la sélection à l'entrée. Ne croyez-vous pas que, comme pour l'université, l'Etat devrait favoriser la liberté scolaire : liberté des parents de choisir l'école de leurs enfants, liberté des chefs d'établissement dans le recrutement de leurs enseignants ainsi que dans le choix des programmes ?

    Dans le domaine de l’enseignement, le président de la République que je mets en scène dans mon livre Le Temps du phénix, veut aller au plus urgent et à l’essentiel. Il reporte donc à plus tard les réformes de structure et s’attaque au contenu de l’enseignement. C’est la refonte des programmes : savoir lire, écrire, compter, en revenir à une approchechronologique de l’histoire de France et de l’Europe et, en géographie, à une connaissance hiérarchisée, de notre pays d’abord, de notre continent et du monde ensuite. C’est aussi expurger les livres scolaires de tout endoctrinement politiquement correct, c’est établir des classes de niveau, permettre à chaque élève d’aller au maximum de ses potentialités. Bref, c’est rétablir l’excellence et faire vivre à nouveau l’esprit français.

    6a00d83451619c69e201bb0901e30a970d-800wi.jpgDe façon plus générale, il faut bien comprendre que mon ouvrage n'est pas un essai politique d’analyse et de propositions comme il y en a beaucoup. C’est un livre d’espoir qui cherche à montrer que, malgré le poids du système et de l’idéologie politiquement correcte, il serait possible de redresser la France de façon spectaculaire et rapide. Pour ce faire, j'ai voulu mettre en scène un président se réclamant de la droite de conviction qui serait élu en 2017 et faire le récit de son quinquennat. Dès lors, il ne s’agit pas de décrire ce qui serait l'idéal mais de montrer comment on peut rendre possible ce qui est indispensable. Car ce récit montre toutes les oppositions qu’un tel président ne manquerait pas de rencontrer et explique comment il les surmonte les unes après les autres pour mener une grande politique de rupture. Mais, pour y parvenir dans la situation dramatique que connait la France, il ne peut pas tout faire tout de suite et se consacre à quelques grandes priorités. Il se préoccupe d’abord de rétablir la liberté d’expression, de stopper l'immigration et d’engager la réémigration. Il s’attache aussi à réduire massivement les charges et la réglementation étatique et à diminuer la fiscalité sur les entreprises pour engager un processus de réindustrialisation.  Il mène aussi une action diplomatique de grande envergure pour transformer radicalement l’Union européenne et en faire une entité qui serve les nations et apporte à leur commune civilisation un outil pour défendre leur identité et leur indépendance. Parmi ses priorités figurent également la promotion des familles et le rétablissement de la sécurité publique. Et, bien sûr, comme je l’ai dit, l’enseignement.

    2) Bruno Le Maire, candidat à la primaire LR, aurait-il lu votre livre ? Il reprend une de vos idées en déclarant récemment : « Je ne négocierai pas avec les syndicats. Ma méthode est très différente, je passerai par ordonnance dès l'été 2017, et je préfère annoncer la couleur tout de suite. Je suis prêt à discuter, je suis prêt à dialoguer, je ne suis pas prêt à négocier ». Lorsque l’on voit qu’un gouvernement de gauche est tétanisé face aux extrémistes de Nuit Debout, votre méthode semble irréaliste pour un président issu des Républicains et encore moins de la Droite nationale. Pensez-vous vraiment que cette solution séduisante puisse être mise en œuvre ?

    Je ne sais pas si Bruno Le Maire a lu mon livre mais, si c'est le cas, il l’a mal lu. Car avant d'engager des réformes par ordonnance le président héros du Temps du phénix se libère d’abord des contre-pouvoirs qui empêchent aujourd'hui un président de la République d’agir vraiment. Pour cela il fait adopter, par un référendum organisé le jour même des élections législatives, une réforme de la Constitution qui porte sur deux points essentiels. D'abord, il instaure un droit de recours du président de la République sur les décisions du Conseil constitutionnel pour éviter que ce dernier, qui s'est érigé au fil des années en un véritable tribunal idéologique, ne censure toutes les lois qu'il ferait voter. La réforme prévoit que le président soumette la décision incriminée à un  référendum ou à un vote ultime de l'Assemblée nationale de façon à donner dans tous les cas le dernier mot au peuple ou à ses représentants. Ensuite, il fait modifier l'article 55 de la Constitution pour rétablir la supériorité du droit français sur le droit européen, faute de quoi toutes les initiatives contraires aux décisions de Bruxelles seraient automatiquement invalidées. De plus, le nouveau chef de l'État fait adopter des mesures très importantes pour reprendre la main face au pouvoir judiciaire et surtout face au pouvoir médiatique lesquels ont aujourd’hui pris le pas sur les politiques. Et ce n'est qu'après ces préalables indispensables, au demeurant rapidement mis en œuvre, que le président peut commencer à réformer en usant, il est vrai, de la procédure des ordonnances. Quant aux manifestations de rue dont vous semblez estimer qu'elles rendent impossible toute réforme, elles ne sont efficaces qu’à l’encontre d’un pouvoir faible. Les gouvernements du système ont toujours considéré que, plus la réforme est modeste et plus les négociations sont poussées, moins l’opposition sera forte. C’est une erreur car l’hostilité des syndicats et de l’extrême gauche est toujours maximale, comme on l’a constaté avec la loi El Khomri. Dès lors, le gouvernement ne peut que reculer, soit en abandonnant son projet soit en le dénaturant complètement, car l’épreuve de force n’est pas pour lui une option compte tenu de la faiblesse de l’enjeu. Si le pouvoir lance en revanche des réformes de grande envergure susceptibles de résoudre au fond des problèmes majeurs, la donne change complètement car l'épreuve de force peut être envisagée sans difficulté. On peut en effet accepter des grèves et un désordre importants pour imposer une réforme qui en vaut la peine.

    A suivre

    Michel Janva

  • Attentats du Bataclan : “Je suis dégoûté, les Français ne blâment pas l’islam, ils ont plus peur que je promeuve la xénophobie” (Chanteur des Eagles of Death Metal)

    Jesse Hughes, le chanteur du groupe qui se produisait au Bataclan lors de l’attaque terroriste du 13 novembre,  se déclare catholique, il est pour le port d’arme, pour Trump et pour le droit à la vie.
    Ne s’embarrassant pas de politiquement correct, il se livre dans une interview sans fard (et dans un langage très fleuri) à Takimag, dont voici quelques extraits :

    « Un jour après, au stade, les musulmans ont sifflé la minute de silence et nous n’en avons pratiquement pas entendu parler dans la presse. J’ai vu des musulmans faire la fête dans la rue pendant les attaques. Je l’ai vu de mes propres yeux. En direct ! Comment savaient-ils ce qui se passait ? Il devait y avoir une coordination. » […]

    « J’ai été à Paris après les attaques et j’étais dégoûté de voir le manque de colère. Ils ne blâmaient pas l’islam. En fait, beaucoup blâmaient les juifs. Ils semblaient beaucoup plus inquiets à notre sujet, de peur que nous fassions la promotion de la xénophobie, que blâmer les terroristes. » […]

    « Ils savent qu’il y a tout un tas de gosses blancs là qui sont stupides et aveugles. Vous avez ces jeunes blancs qui vivent bien, qui ont grandi dans un environnement gauchiste depuis la maternelle, inondés de notions pompeuses qui ne sont que du vent. Regardez où ça les mène maintenant.»

    Par ailleurs, Jesse Hughes renouvelle ses assertions selon lesquelles les terroristes ont bénéficié de la complicité d’agents de sécurité du Bataclan, et ont cherché à épargné les musulmans présents.

    Traduction et entretien complet : Breizatao

    http://www.contre-info.com/attentats-du-bataclan-je-suis-degoute-les-francais-ne-blament-pas-lislam-ils-ont-plus-peur-que-je-promeuve-la-xenophobie-chanteur-des-eagles-of-death-metal

  • Intervention de Marine le Pen à la conférence économique de la FENL

  • Claude Lévi-Strauss et Mai 68

    Qu'aurait pensé Claude Lévi-Strauss de Nuit Debout ?
    Pour l'imaginer, voici un extrait du livre De Près et de loin, un long entretien du grand ethnologue avec Didier Éribon.
    Claude Lévi-Strauss évoquait dans ce passage mai 68 mais ses propos s'appliquent parfaitement à ce mouvement créé et encadré par l'extrême-gauche qu'est Nuit Debout.
    Didier Éribon : Comment avez-vous vécu mai 68 ?
    Claude Lévi-Strauss : Je me suis promené dans la Sorbonne occupée. Avec un regard ethnographique. J'ai également participé avec des amis à quelques séances de réflexion. Il y a eu chez moi une ou deux réunions.
    D.E. : Mais vous n'avez pas pris position dans le courant des événements ?
    C.L.-S. : Non. Une fois passé le premier moment de curiosité, une fois lassé de quelques drôleries, mai 68 m'a répugné.
    D.E. : Pourquoi ?
    C.L.-S. : Parce que je n'admets pas qu'on coupe des arbres pour faire des barricades (des arbres, c'est de la vie, ça se respecte), qu'on transforme en poubelles des lieux publics qui sont le bien et la responsabilité de tous, qu'on couvre des bâtiments universitaires ou autres de graffiti. Ni que le travail intellectuel et la gestion des établissements soient paralysés par la logomachie.
    D.E. : C'était quand même un moment de bouillonnement, d'innovation, d'imagination... Cet aspect-là aurait dû vous séduire.
    C.L.-S. : Je suis désolé de vous décevoir, mais pas du tout. Pour moi, mai 68 a représenté la descente d'une marche supplémentaire dans l'escalier d'une dégradation universitaire commencée depuis longtemps. Déjà au lycée, je me disais que ma génération, y compris moi-même, ne supportait pas la comparaison avec celle de Bergson, Proust, Durkheim au même âge. Je ne crois pas que mai 68 a détruit l'université mais, plutôt, que mai 68 a eu lieu parce que l'université se détruisait.
    D.E. : Cette hostilité à mai 68 n’était-elle pas une rupture totale avec vos engagements de jeunesse ? [Durant l'adolescence et au début de sa vie d'adulte, Claude Lévi-Strauss a été un fervent socialiste, passionné par Marx.] 
    C.L.-S. : Si je veux rechercher les traces de cette rupture, je les trouve beaucoup plus tôt, dans les dernières pages de Tristes Tropiques. Je me souviens m'être évertué à maintenir un lien avec mon passé idéologique et politique. Quand je relis ces pages, il me semble qu'elles sonnent faux. La rupture était consommée depuis longtemps.
    Didier Éribon, De Près et de loin, Odile Jacob, 1998 ; rééd. 2001, pages 115-117.

    http://www.ventscontraires.fr/2016/04/claude-levi-strauss-et-nuit-debout.html

  • Elisabeth Lévy : «De Nuit debout à Verdun, le chantage au fascisme ne passera pas»

    A l'occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur consacré à Nuit debout, Elisabeth Lévy a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Elle s'y moque des «mutins de Panurge» de la Place de la République et réagit à la polémique autour du concert de Black M à Verdun.

    Le dernier numéro de Causeur s'intitule, Nuit debout, le grand soir des mutins de Panurge. Pourquoi tant de cynisme ?

    Du cynisme, comme vous y allez! Non, de l'ironie, peut-être une pointe de sarcasme. Ou disons du franc foutage de gueule. Comme le recommandait Muray, à qui nous empruntons ces savoureux «mutins de Panurge», la seule chose à faire, devant ce spectacle, et plus encore devant l'émerveillement qu'il suscite, c'est d'exploser de rire. Ce qui est désopilant, dans cette affaire, ce n'est pas seulement Nuit Debout, quoique pas mal des lubies de ce mouvement soient vraiment cocasses (comme le montrent les reportages savoureux de Jean-Paul Lilienfeld et de Régis Mailhot), c'est que tous les commentateurs ou presque prennent ce mouvement groupusculaire très au sérieux. Au début, ils nous expliquaient avec gravité que ces sympathiques jeunes gens (dont une notable proportion a dépassé la quarantaine) inventaient la politique et le monde de demain. Il a bonne mine le monde de demain. On dirait des adultes qui s'extasient du babil ou des premiers pas d'un enfant en parlant eux-mêmes en langue de bébé. Mêmes ceux qui se montrent critiques ou sceptiques doivent d'abord dire à quel point ils trouvent fantastique que des gens investissent des places publiques pour s'exprimer. Tant de spontanéité ne saurait être mauvaise.

    Jérôme Leroy, le rédacteur en chef des pages cultures de Causeur explique qu'il a été séduit par «le désir du pas de côté, du moment pris pour respirer, parler...». Au-delà des ridicules et des naïvetés, peut-on voir dans le mouvement l'expression d'une recherche sincère et un peu utopiste de bien commun ?

    Désolée pour mon cher ami Jérôme, mais il ne me suffit pas que les gens parlent, encore faut-il qu'ils aient quelque chose à dire. Cette sacralisation de la parole en toute circonstance et indépendamment de sa signification, échappe à l'entendement, en tout cas au mien. Nuit debout, c'est la fête de l'intransitivité: on parle pour parler, on lutte pour lutter. Et le bien commun dont il est question n'a, à mon avis, rien de bien et pas grand-chose de commun. Peut-être ai-je raté quelques moments de poésie, mais pour ce que j'en ai vu (de longues heures grâce à Périscope), ces palabres n'ont rien de nouveau et sont d'un niveau accablant. Un ramassis de toutes les vieilles lunes de l'extrême gauchisme, accommodées dans un fond de sauce anti-colonial, anti-israélien, anti-occidental, le tout dans une langue et avec des «concepts» d'une telle pauvreté qu'en comparaison, les slogans de 1968 sont des chefs d'œuvre. Comme le dit Alain Finkielkraut dans ce même numéro de Causeur, à Nuit debout, on n'invente pas le monde de demain, «on se paie de mots». On fait comme si, jeu d'enfant bien connu. Comme si cette agitation avait la moindre influence sur le réel. En vérité, le réel a été congédié place de la République.

    Le fait qu'une partie de la «génération précaire» se découvre une conscience politique, bien que celle-ci ne soit pas très articulée, n'est-il pas finalement louable ?

    Mais non! Si leur conscience politique les empêche de voir la réalité, je préfèrerais qu'ils n'en eussent pas du tout. Cette conscience politique se résume à la haine qu'on voue à un ennemi fantasmé: le blanc, le riche, surtout le triche, le capitaliste, l'exploiteur. Dominants contre dominés, méchants contre gentils. Comme le monde est simple. 

    L'expulsion d'Alain Finkielkraut a-t-elle été un tournant ?

    C'est Le Monde qui le dit, c'est certainement vrai. En l'occurrence, Le Monde et vous avez raison. En une demi-heure, qui a dû être très désagréable pour notre ami et son épouse, le vrai visage de Nuit debout a été dévoilé, les masques sont tombés. Cette «agora citoyenne» n'existe que par l'exclusion des «mauvais citoyens». Tu ne penses pas comme moi ? Dégage ! La voilà votre «conscience politique»! Toute cette rage d'être ensemble, qui me paraît d'ailleurs assez suspecte, toute cette solidarité, pour rejouer l'air pénible du «tous contre un!» Et que des commentateurs se permettent ensuite d'ajouter un crachat symbolique au crachat en justifiant l'expulsion de Finkielkraut, comme ils justifient la violence des casseurs (qui répond à la violence sociale, la bonne blague, comme si les destructions amélioraient le sort d'un seul travailleur) est consternant. Mais à la différence de ces radicaux de la radicalité, nombre d'éditorialistes et de politiques ont compris que le vent avait tourné et qu'ils pouvaient prendre leurs distances.
    «Ce pays est ravagé par deux violences, la violence du capital et la violence identitaire et raciste dont Alain Finkielkraut est un des premiers propagateurs» a déclaré Frédéric Lordon, l'un des principaux leaders du mouvement. Que cela vous inspire-t-il?

    J'hésite entre l'hilarité et le dégoût - après tout, moi aussi je peux avoir la narine délicate.

    Que ce sous-Sartre d'opérette débite de pareilles âneries ne m'étonne pas. Et qu'il ne voie pas la violence, bien réelle, qui a envoyé trois cents policiers au tapis, qui saccage et pille, ne fait que confirmer la vacuité arrogante de ce personnage qui d'ailleurs, ne se prend pas pour Sartre mais pour Lénine en octobre - alors qu'il évoque plutôt le général Alcazar.

    Cela dit, il y a évidemment une brutalité du capitalisme, qui détruit les cadres de vie des gens même si en France elle est amortie par la redistribution publique. L'époque est dure. Seulement, Lordon et ses semblables ne font que lui fournir un alibi de taille, à ce capitalisme, par leur jusqu'au-boutisme idéologique. Parce que, s'il faut choisir, je préfère tout de même la violence du capitalisme à celle de la société sans classes dont rêve Lordon. Et heureusement, nous sommes pas mal dans ce cas. Quant à la «violence raciste d'Alain Finkielkraut», ces calomnies nous apprennent surtout que monsieur Lordon ne s'est jamais donné la peine de lire un livre de Finkielkraut, il préfère injurier et dénoncer. Pauvret, il ne sait pas ce qu'il perd. Quelle imposture…

    L'antiracisme semble plus que jamais devenu fou. En témoigne la polémique autour de l'invitation de Black M pour les commémorations de Verdun. Devant l'indignation populaire, le concert du rappeur a finalement été annulé. Dans un communiqué, la mairie invoque des «risques forts de troubles à l'ordre public», en raison d'une «polémique d'ampleur sans précédent», lancée notamment par l'extrême droite, et un «déferlement de haine et de racisme». La ministre de la culture un «ordre moral nauséabond» et Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d'État aux anciens combattants a même déclaré: «C'est le début du totalitarisme et je dis que c'est vraiment le fascisme qui nous attend» …

    Pardon, mais là, le fou rire l'emporte. Il est vraiment tordant, votre Toedeschini, au moins autant que le maire de Verdun. Je ne sais pas ce qu'avait fumé ce monsieur Hazard quand il a eu cette brillante idée: inviter un rappeur qui tient les Français pour des kouffars, pour divertir les jeunes gens venus participer au centenaire de la bataille - sans doute pense-t-il que leur infliger tous ces discours et tout ce passé, c'est une atteinte aux droits de l'homme. En tout cas, il n'est pas redescendu depuis. Certes, Hazard a fini par reculer devant l'ampleur de la colère - et peut-être devant la perte de la scandaleuse subvention de 67.000 euros que lui avait accordée par la Mission du centenaire pour le concert. Et nous ne sommes pas peu fiers d'y avoir contribué grâce à Régis de Castelnau qui a été l'un des premiers à porter le fer. Mais ne croyez surtout pas que ces gens-là aient compris qu'ils avaient commis une sacrée bourde révélant à quel point ils ne savent rien de ce pays. Non, ils ont reculé uniquement par peur. Bref, ils cumulent la bêtise et la lâcheté.

    Tout de même, «le fascisme qui nous attend», ce n'est pas rien!

    Oui, c'est aussi ce que raconte notre confrère Laurent Joffrin dans Libé qui voit dans l'annulation de ce «moment de détente et de fraternisation» pour quelque 4 000 jeunes Français et Allemands, à l'issue de plusieurs jours d'activités mémorielles» une «victoire de la fachosphère». Si ça lui fait plaisir et puisque les mots n'ont plus aucun sens, quelle importance? La bonne nouvelle, c'est que l'intimidation ne marche plus du tout. Le chantage au fascisme ne passera pas! Qu'on se le dise! En janvier, Elisabeth Badinter a courageusement ouvert la voie et proclamé qu'on ne nous ferait plus taire avec le mot «islamophobie». La gauche terranoviste en déroute peut traiter la France entière de tous les noms d'oiseaux - raciste, fasciste, réac….-, ça n'a aucun effet et ça ne lui rendra pas son crédit.

    Nuit Debout est-il aussi le symptôme d'un malaise français?

    C'est l'un des très nombreux symptômes, pas le plus important, ni le plus intéressant, mais l'un des plus bruyants et des plus médiatiquement compatibles. Pour entretenir les journalistes dans leurs fantasmes pseudo-progressistes et multiculturalistes (quoi que Nuit debout soit moins mélangé que ne le voudraient ses admirateurs), c'est mieux que le livre de Géraldine Smith sur la rue Jean-Pierre Timbaud.

    Dans le dernier numéro de Causeur, figure également un excellent dossier sur les campagnes perdues de la République. On est très loin de Nuit debout. Existe-il plusieurs France aujourd'hui?

    C'est évidemment vrai de toutes les sociétés. Il y a des populations urbaines et d'autres rurales, des classes plus ou moins bien nanties etc. Ce qu'on sait, grâce à Christophe Guilluy et quelques autres, c'est qu'il y a une France qu'on a complètement oubliée parce qu'elle ne passe pas à la télé. Cette France que montrent talentueusement Daoud Boughezala et Jean Clair dans Causeur, qui est aussi celle que défend Denis Tillinac dans L'âme de la France, ne se résigne pas à disparaître. Et pardon pour cette remarque boutiquière, mais elle compte infiniment plus de divisions que Nuit debout. Qui je le répète, est bruyant mais groupusculaire.

    La jeunesse oubliée des campagnes et celle précarisée des centres-villes n'ont-elles vraiment rien à se dire?

    L'important n'est pas de savoir si elles se parlent, mais si on leur parle. Si la nation, donc l'Etat qui la représente et les élus qui la gouvernent ont quelque chose à leur dire. De ce point de vue, la jeunesse précarisée des villes et des banlieues est bien servie. On la flatte, on la plaint, on l'encourage, bref, on la noie sous les paroles au point, sans doute, de l'enkyster dans le ressentiment. Quant à la jeunesse des campagnes et des no man's land périurbains, celle qui vote souvent FN, on ne lui parle pas puisqu'elle n'existe pas. Les gens qui n'ont que le mot «souffrance sociale» à la bouche se fichent éperdument de celle de cette France trop désespérément française à leurs yeux. L'ennui, c'est que, tant qu'on n'aura pas supprimé le peuple, il continuera à voter - et de plus en plus, à «mal voter». Et puis, dans six mois, quand les révolutionnaires d'opérette et les vrais vandales auront plié bagage, les postiers, les pompiers, les infirmières et les ouvriers postés passeront encore leurs nuits debout.

    Alexandre Devecchio Le Figaro :: lien

    Note : Elisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. La denier numéro du magazine s'intitule, Nuit debout, le grand soir des mutins de Panurge