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entretiens et videos - Page 801

  • ZOOM - Olivier Landron : Tout sur les catholiques de tradition

  • « La désinformation » Trois questions à François-Bernard Huyghe

    Ex: http://www.iris-france.org

    2324830300.gifDocteur d’État en sciences politiques, François-Bernard HUYGHE est directeur de recherche à l’IRIS. Il répond à mes questions à l’occasion de son dernier ouvrage « La désinformation : les armes du faux » paru aux éditions Armand Colin, dans la collection Comprendre le monde.

    La désinformation n’est pas un phénomène nouveau. Prend-elle plus d’importance et de nouvelles formes aujourd’hui ?

    On pratique la diffamation, la ruse, l'intoxication, la manipulation, etc. depuis au moins l'Antiquité (en tout cas, on écrit là-dessus depuis vingt-cinq siècles). En revanche, la désinformation apparaît dans les dictionnaires soviétiques et pas avant les années 50. En tant que stratégie visant à "fabriquer" de faux événements - généralement des crimes ou complots attribués à l'autre camp comme fabriquer le virus du sida dans un laboratoire secret - et comme façon de répandre la fausse nouvelle par les mass-médias, comme si cela venait de source neutre, elle est une arme de guerre froide typique et souvent un travail de services secrets.

    Mais après la chute du Mur de Berlin, et à l'ère des télévisions par satellite, les États-Unis ou le camp occidental, utilisant parfois des sociétés privées d'influence, ont montré leur capacité à diaboliser les Saddam Hussein, les Ceausescu, les Milosevic et autres avec de véritables mises en scène de « Grand Guignol ». S'ajoute, depuis les années 90, voire avant, une désinformation à but économique avec de fausses révélations sur les dangers d'un produit, de faux mouvements de protestation "sociétale" (astroturfing), de faux messages, etc. pour déstabiliser des concurrents.

    Internet et surtout les réseaux sociaux "démocratisent" la désinformation. Chacun peut fabriquer de pseudo messages ou de pseudo images et les injecter sur la Toile. Surtout, les réseaux sociaux permettent de rassembler des communautés de conviction (ou de préjugés) qui partagent, argumentent et embellissent le faux. Du coup dès qu'un sujet devient très sensible (guerre, débat "de société", thème clivant) vous êtes certains de trouver en ligne des versions alternatives de la réalité, avec "preuves", souvent en images, démontrant des mensonges des médias classiques ou des autorités. Puis décryptage des falsifications ou erreurs des précédents et ainsi de suite en "mille-feuilles".

    Sous couvert de dénonciation du « complotisme », vous estimez qu'on essaie parfois d’empêcher une lecture critique du pouvoir. Pouvez-vous développer ?

    J'ai écrit depuis des années sur les mécanismes des théories du complot : découvrir partout des coïncidences troublantes, tout expliquer par les intérêts d'un groupe tout-puissant, hyper--rationnaliser ce qui ressort du hasard, tout ramener à un pouvoir conscient et diabolique, etc. Donc pas question de défendre les illuminés qui croient que les extra-terrestres ou les Illuminati nous dirigent, ou ceux qui réduisent l'Histoire du monde à l'action occulte d'un petit peuple ou d'un gros service secret. Mais à force de galvauder la dénonciation du « complotisme » et à utiliser le terme pour imposer le silence à un contradicteur, on court deux risques :

    ‒ L'anti-intellectualisme d'amalgame qui aboutit à qualifier Bourdieu, Chomsky ou d'autres de complotistes : réduire toute théorie portant sur les effets de la structure à une paranoïa, ce qui dispense d'une vraie critique de la critique.

    ‒ L'effet boomerang : à trop dénoncer les « complotistes » comme des comploteurs qui tromperaient les naïfs, surtout les jeunes, par des mensonges et des techniques, bref, à les juger sur des intentions supposées, on finit par donner l'impression qu'il y a une vérité officielle des dominants. Si nous devions être obligés de choisir entre "Ça n'a rien à voir ; qu'allez-vous imaginer ? Il n'y a pas d'alternative à la vision réaliste et pragmatique des élites" et "On vous ment, c'est de la faute de ....", ce serait déprimant. Par ailleurs, il faudrait quand même s'interroger sur les causes de ce scepticisme de masse qui fait que des millions de gens sont prêts à tout croire sauf ce que leur disent les médias "classiques", la classe politique et les experts.

    Il ne s'agit pas d'être "centriste" en disant quelque chose comme "il faut croire généralement le gouvernement et les médias mais regarder de temps en temps les idées alternatives" ; il faut maintenir une nette séparation entre le droit à la contestation ou à la lecture critique et, d'autre part, l'attitude des complotistes ; ils réduisent tous les faits, décrétés suspects ou symptomatiques, à un autre fait, carrément impossible celui-là : une intelligence supérieure qui planifie tout et trompe tout le monde (sauf le complotiste qui a relevé les indices surabondants). C'est donner trop de signification au chaos du réel. Leur croyance en ce fait « explique-tout » est stupide. La confrontation des théories sur l'interprétation du réel est indispensable.

    Face à la désinformation, le citoyen est-il mieux armé aujourd’hui qu’auparavant ?

    Si un citoyen exemplaire veut faire l'effort d'apprendre une méthodologie pour remonter aux sources primaires d'une information, évaluer les réseaux par lesquels elle passe, comprendre quelle intention notamment idéologique guide ses propagateurs... Si ce citoyen apprend à maîtriser des outils techniques, comme des logiciels qui aident à trouver l'origine ou la date d'une image, s'il compare à d'autres sources dans d'autres langues ou d'autres pays... S'il est assez honnête pour admettre qu'il y a des faits qui contredisent ses préjugés ou qu'il peut y avoir mensonge des deux côtés. S'il est assez malin pour profiter des sites de décryptage et d'analyse, mais en même temps pour comprendre qu'il existe de la "métapropagande" (le fait de dire que tout ce que dit l'autre est propagande et désinformation) et que renvoyer à un chiffre ou à une source "officiel" n'est pas prouver. Si...

    Nous pourrons lui dire, comme dans le poème de Kipling, "tu seras un homme mon fils". Dans tous les cas, ce citoyen vertueux aura eu du temps et du courage. D'où un paradoxe : plus l'information est surabondante et gratuite (notamment en ligne où l'on peut recueillir tous les points de vue et toutes les versions), plus il en coûte de s'informer, sinon en argent, au moins en termes d'efforts et d'autodiscipline.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Entrevue exclusive des fondateurs du mouvement DEUS VULT par Bibliothèque De Combat

    Merci à BDC de nous avoir proposé cet entrevu.

    • BDC – Vous êtes à l’origine d’un jeune mouvement catholique et nationaliste de formation très récente qui commence à faire parler de lui. D’où vous est venue l’idée  ?

    DV – Nous sommes avant tout une école de formation métapolitique et culturelle. L’idée de fonder un mouvement à proprement parler est venue après.

    Nous n’avons pas vocation à faire de la « concurrence » à d’autres camarades mais plutôt à proposer à ces mêmes camarades une formation solide, sans engagement obligatoire à Deus Vult par ailleurs.

    Nous sommes tous issus du courant nationaliste militant, mais nous avions l’impression que les collages et les tractages sans formation parallèle ne servaient à rien et que beaucoup d’autres mouvements s’y étaient employés avant nous sans résultats concrets.

    Nous avons nous-mêmes suivi diverses formations et après avoir étudié les méthodes de nos adversaires, nous avons constaté que l’idéologie de mai 68, le libéralisme, le modernisme et l’esprit de la Révolution en général s’étaient imposés grâce à leur emprise sur trois grands secteurs : la culture, l’enseignement et les médias.

    Dans notre mouvance, peu de groupes s’intéressent à ces domaines bien qu’on sente un nouvel attrait aujourd’hui pour le combat métapolitique et culturel.

    Nous sommes donc partis avec la volonté de créer un mouvement dont l’action doit aboutir à un anti-mai 68, en proposant via diverses associations liées à Deus Vult un accès constructif à la culture ainsi qu’à une formation intellectuelle et pratique dans le but de forger à terme une nouvelle génération de militants, instruite et capable d’agir le plus efficacement possible.

    En plus d’apporter une formation à des militants, nous cherchons également à toucher l’ensemble de la jeunesse française dans l’optique d’un véritable renouveau culturel et surtout moral dont nos populations, hélas de plus en plus décadentes, ont cruellement besoin, et qui est un préalable indispensable à tout redressement politique durable. 

    • BDC – Quel est le profil des fondateurs de ce mouvement ?

    DV – Nous préférons parler d’esprit, et l’esprit qui anime les cadres de Deus Vult est celui du dépassement de soi, de la prise d’initiative et du sacrifice au service du Bien commun. Nous sommes à la recherche d’une certaine excellence à la fois intellectuelle, spirituelle et sportive.

    • BDC – Avez-vous des maîtres à penser ?

    DV – Nous en avons Un  : Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est le moteur de notre combat car nous avons la conviction que rien ne peut être bâti sans Lui. Comme l’écrivait justement Saint Pie  X, « on n’édifiera pas la société si l’Église n’en jette les bases ». Notre combat pour la Royauté sociale de Notre-Seigneur est donc primordial.

    Ensuite nous parlerons plutôt de grands « inspirateurs », sur des points bien précis :

    Saint Louis pour son intransigeance en matière de foi et son art chrétien du gouvernement des peuples.

    Charles Péguy pour sa prose qui encense si bien la France éternelle.

    Joseph de Maistre pour sa philosophie contre-révolutionnaire.

    Monseigneur Lefebvre pour son combat pour la Sainte Messe et l’Église de toujours.

    Charles Maurras pour sa doctrine nationaliste et royaliste.

    Robert Brasillach et Léon Degrelle qui, chacun dans leurs engagements respectifs, sont allés jusqu’au bout du sacrifice et ont toujours su voir le monde en poètes.

    Mais nous nous intéressons également à certains de nos contemporains comme Julien Langella avec son ouvrage ‘La jeunesse au pouvoir’, Alain Escada qui mène avec courage le combat pour une société catholique, ou encore certains historiens dans leurs luttes pour la vérité historique.

    De manière générale, nous nous inspirons de tout ce qui est fidèle à la pensée française et chrétienne.

    • BDC – Si l’on en juge par les actions militantes des membres de Deus Vult relayées sur votre site web, le mouvement semble essaimer un peu partout en France. Combien êtes-vous et dans quels secteurs êtes-vous situés ?

    DV – Le groupe ayant été lancé en région parisienne, la plupart de ses membres sont en Île-de-France, mais nous avons ouvert des antennes locales et des relais dans plusieurs régions  : en Aquitaine, Lorraine, Pays de Loire, Anjou, Toulousain, Normandie et Flandre-Artois-Hainaut. Nous avons vocation à étendre notre idéal à tout le Royaume de France, qui est le royaume de Marie.

    À notre heureux étonnement, cette initiative française est en train de s’étendre en dehors de nos frontières et devient universelle, avec le lancement récent de Deus Vult Angleterre, Canada et Amérique. Nous pouvons également vous annoncer la naissance prochaine de Deus Vult Mexique et Autriche.

    • BDC – Vous avez déjà à votre actif quelques jolies réalisations : abattage d’un arbre maçonnique de la laïcité relayé par la Voix du Nord, conférence d’Alain Escada sur Degrelle, site très intéressant et fréquemment mis à jour… Avez-vous défini une stratégie particulière pour faire parler de vous ?

    DV – Notre communication est assez classique et s’exprime principalement via notre journal sur la toile, reconquetefrancaise.fr, et l’utilisation des réseaux sociaux.

    Vous pourrez y trouver des compte-rendus d’activités, des articles de fond, des commentaires d’actualité, des billets d’humour, des reportages etc…

    En tant que soldats politiques, nous communiquons également à l’aide du militantisme classique avec les collages, tractages etc…

    Nous partons du principe que vous ne pouvez pas prétendre vouloir faire la « révolution nationale » si vous n’êtes pas capables de distribuer des tracts ou encore passer une nuit blanche à militer ! Le militantisme est très formateur, favorise une saine cohésion et permet de garder les pieds sur terre.

    •   BDC – Quelle physionomie souhaitez-vous donner à terme à Deus Vult  ? Un simple mouvement politico-religieux amical  ? Un parti politique qui se présente à des élections locales  ? Une milice  ?

    Deus Vult est à l’origine un groupe d’amis, et nous voulons que cela reste une de ses particularités, avec la construction d’un véritable esprit communautaire qui débouche sur le renouveau et le renforcement d’une société chrétienne, via nos cercles de boxe, d’œnologie, de lecture et de réflexion, de cinéma, de chant, et via des conférences.

    Notre but est de poursuivre par nos actions auprès des jeunes et moins jeunes le travail de structures déjà existantes telles que les écoles hors-contrat ou les prieurés de la FSSPX par exemple, tout en proposant un panel de formation plus vaste.

    Notre prochain projet porte sur la création d’une ‘web-TV’ avec micro-trottoir et des reportages culturels enracinés. 

    • BDC – Deus Vult est-il uniquement un mouvement de jeunes  ? Quels profils recrutez-vous en priorité  ? Faut-il être obligatoirement catholique  ?

    Deus Vult est ouvert à tous, favorable aux rencontres intergénérationnelles enrichissantes, même si notre cible principale reste la jeunesse.

    Il faut néanmoins accepter le socle commun, qui est fondé sur l’amour et la défense de la France, de l’Europe et de la Chrétienté.

    Les profils recrutés en priorité sont donc des blancs de religion ou de culture catholique.

    • BDC – Que diriez-vous à un lecteur qui se sent en phase avec vos analyses pour le motiver à vous rejoindre ?

    « Deus Vult », qui est la devise historique des chevaliers croisés, se traduit en français par « Dieu le veut ! ». Or le Bon Dieu exige que nous œuvrions pour Lui et pour la restauration de son règne sur chacun de nous et sur la société.

    À travers notre structure vous pourrez recevoir une formation politique, transmettre à votre tour vos connaissances, et acquérir les bases du militantisme tout en participant aux diverses activités culturelles que nous avons évoquées. Le tout dans une saine (et sainte) ambiance où la pratique de la prière s’accompagnera de celle de l’humour conjugué à un solide esprit de camaraderie.

    De bons moments en perspective donc  !

    • BDC – Qu’est-ce qui vous différencie d’autres organisations comme le Front National, le Parti de la France ou le très récent Parti Nationaliste Français ?

    Nous nous différencions des « partis politiques » car nous n’en sommes tout simplement pas un. Les partis divisent un pays alors que nous cherchons au contraire l’unité. À dire vrai nous ne sommes tout simplement pas pour la démocratie, à l’exception des échelons municipaux et corporatifs.

    Alors que les partis électoralistes sont contraints de courtiser le public, nous avons la volonté de changer du mieux que nous pouvons la société. Nous voulons œuvrer pour le bien commun de manière plus charnelle, ancrés dans la réalité et le quotidien des Français du XXIe siècle.

    En outre, nous misons sur la qualité de notre action et non sur la quantité de votes en notre faveur.

    L’esprit d’apostolat nous semble également être un principe essentiel, car beaucoup de nos camarades n’ont pas reçu d’éducation religieuse et ne connaissent pas ou mal la religion catholique, qui a fait la grandeur de la France et permet seule de sauver son âme.

    Deus Vult.

    http://reconquetefrancaise.fr/entrevue-exclusive-des-fondateurs-du-mouvement-deus-vult-par-bibliotheque-de-combat/

  • Comment le désir d'émancipation libérale est porteur d'un système post-totalitaire

    Entretien avec Chantal Delsol

    Ex: http://www.atlantico.fr

    Dans son dernier livre, la Haine du monde, Chantal Delsol explique comment l'Occident postmoderne mène une croisade contre la réalité du monde au nom de l'émancipation totale.

    Chantal Delsol, philosophe, membre de l'Institut, poursuit une oeuvre majeure à la croisée de la métaphysique et du politique. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages aux éditions du Cerf dont "Le Nouvel âge des pères" (2015), "Les pierres d'angles" (2014) et "L'âge de renoncement" (2011).

    Atlantico : Selon vous, la volonté d'émancipation par le communisme, ou celle de la période de la Terreur, venait d'en haut. Elle était imposée par l'Etat, alors qu'aujourd'hui elle est individualisée. Cette nouvelle forme de l'émancipation est-elle meilleure ou pire ? Pour quelles raisons ?

    Chantal Delsol : Meilleure ou pire tout dépend selon quels critères. La terreur est ce qu’il y a de pire, et quand on pense à ce qu’ont subi les sujets des totalitarismes on aurait honte de comparer à quoi que ce soit. Cependant il faut préciser une chose : la terreur détruit les vies et les existences, mais en semant des martyrs elle sème aussi la résistance et la ferveur : les militants des droits de l’homme écrivent en cachette, les prêtres disent la messe dans les caves. Mais la dérision détruit beaucoup plus surement, ce peut être une sorte d’acide sur lequel l’herbe ne repousse plus.

    Pour lutter contre la terreur il faut être courageux, pour lutter contre la dérision il faut être intelligent et profond : il faut carrément retourner aux racines – c’est plus difficile et cela confère à la dérision une plus grande force de frappe.

    Cette recherche d'une émancipation plus personnelle n'est-elle pas due au fait que les "simples" citoyens ne croient plus au politique et aux élites, dont ils se sentent déconnectés?

    C’est dû à l’individualisme en général. Et au dégoût de l’oppression étatique et idéologique après ce qui s’est passé au XX° siècle. Personne n’acceptera plus de devenir le pion d’un système. Mais les mêmes finalités doivent être obtenues individuellement. L’un des exemples les plus intéressants est l’ « eugénisme libéral », qui nous montre que finalement ce que l’on reprochait à Hitler ce n’était pas l’eugénisme, mais le fait que cet eugénisme venait de l’Etat – puisque nous le justifions aujourd'hui quand il est individuel. Ce raisonnement date d’ailleurs de la période révolutionnaire. Par exemple, on le trouve chez Sade (dans Français encore un effort…) quand il délégitime la peine de mort parce qu’elle vient de l’Etat, et la justifie quand elle est le fruit du désir individuel…

    Notre volonté d'émancipation est-elle finalement plus destructrice que créatrice ? Dans certains cas, n'exprime-t-elle pas une forme de négation coupable, ou en tout cas dangereuse, de la réalité ? Lesquels ?

    L’émancipation est évidemment constructrice : comment peut-on nier par exemple que l’abolition de l’esclavage par les sociétés occidentales était constructrice de civilisation ? Mais l’émancipation commence à engager des destructions quand elle récuse la notion même de limite, quand elle se déploie sans réfléchir. Je pense qu’il y a là une négation de la réalité parce qu’une réalité résiste : une réalité anthropologique et morale que nous ne pouvons pas évincer. L’être humain ne peut pas devenir n’importe quoi, la différenciation du bien et du mal, non plus (sinon nous ne serions pas si horrifiés devant les destructions totalitaires). Tout n’est pas possible !

    Sans pointer bêtement du doigt une catégorie de la population en particulier, qui est à l'origine de cette négation de la réalité ?

    D'une manière générale, les courants qui récusent l’existence d’une anthropologie et d’une morale qui nous précèdent et nous dépassent. C’est à dire les pensées de la déconstruction en philosophie, en littérature, en art, et en politique une grande partie des courants de gauche. C’est extraordinaire de détester la réalité à ce point. Nous avons vu tout le long du XXe siècle les désastres humains qui se produisent quand on dit « tout est possible », et il y a des courants qui continuent à croire que tout est possible.

    C’est le sujet de mon livre.

    Pourtant nous souffrons d'une vacuité du symbolique. Alors comment ré-enchanter le monde sans tomber dans l'écueil du progressisme aveugle que vous dénoncez ? 

    Il ne faut pas croire que la vacuité du symbolique dont vous parlez peut trouver une réponse dans je ne sais quelle nouvelle construction. On ne ré-enchante pas le monde parce qu’on le décide ! D'ailleurs je ne vois pas en quoi « ré-enchanter le monde » nous ferait tomber dans le progressisme aveugle… Le phénomène de refus de la réalité que je décris, est à la fois vide de symbolique (dans son matérialisme par exemple), et aussi créateur de certains ré-enchantements (par le retour aux mythes, dans j’ai parlé dans L’âge du renoncement)…

    Peut-on parler d'une nouvelle génération plus "rebelle" et défiante, ou d'un contexte qui rend cette demande de rupture plus forte ?

    Les générations qui viennent sont capables de répondre à ces destructions dont je parle. Elles ont compris qu’il fallait retourner aux fondements pour lutter contre la dérision. Je suis frappée par leur courage et leur détermination. Ma génération, qui est celle de Mai 68, n’est pas aussi sympathique ! Elle est tombée tout entière dans les idéologies les plus violentes et n’a jamais assumé ses convictions meurtrières. Nous avons des enfants qui ne nous ressemblent pas et c’est une bonne chose.
    Les générations qui viennent sont capables de répondre à ces destructions dont je parle. Elles ont compris qu’il fallait retourner aux fondements pour lutter contre la dérision. Je suis frappée par leur courage et leur détermination. Ma génération, qui est celle de Mai 68, n’est pas aussi sympathique ! Elle est tombée tout entière dans les idéologies les plus violentes et n’a jamais assumé ses convictions meurtrières. Nous avons des enfants qui ne nous ressemblent pas et c’est une bonne chose.
  • Charlotte d’Ornellas – journaliste : « pour éviter la désinformation, il faut une fois de plus être honnête.» [interview]

    13/02/2016 – 06h00 Paris (Breizh-info.com) – Depuis quelques années, une jeune femme occupe une place de plus en plus importante dans le journalisme de réinformation ; il s’agit de Charlotte d’Ornellas, qui travaille aujourd’hui pour Boulevard Voltaire, mais aussi occasionnellement pour de nombreux autres médias. Nous l’avons d’ailleurs retrouvée très récemment sur TV Libertés, comme nous l’avions présentée.

    Afin de mieux découvrir Charlotte D’Ornellas, qui est aussi par ailleurs une bénévole très engagée sur le front humanitaire du Proche-Orient, aux côtés de Chrétiens d’Orient, nous l’avons interrogée. Elle nous parle à coeur ouvert de son métier, de ses idéaux, de son engagement caritarif.

    Breizh-info.com : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?

    Charlotte d’Ornellas : Orléanaise, j’ai rejoins Paris à 17 ans pour y étudier la philosophie, avant de partir pour l’Australie un an, et d’entrer en école de journalisme dès mon retour.

    J’ai effectué mon stage de fin d’études au Liban, à L’Orient le Jour, avant de me lancer dans ce métier difficile mais passionnant de journaliste. J’ai gardé le goût de l’Orient, et j’ai continué à m’y rendre très régulièrement.

    En France, je me suis mise à traiter toutes les questions de société, par intérêt de la chose politique bien plus que de la vie politique !

    Breizh-info.com : Qu’est ce qui fait un bon journaliste pour vous ? Qu’est-ce qui vous a donné cette passion du reportage ?

    Charlotte d’Ornellas : Tous les journalistes du monde ont des idées, une histoire, une éducation, des convictions, il est assez ridicule de faire semblant de ne pas être influencé par toutes ces choses. En revanche, cela n’empêche pas nécessairement d’être honnête !

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