À l'heure où les États-nations se délitent et où le pseudo-fédéralisme bruxellois apparaît plus en plus comme un simple relais du marché mondial, l'œuvre de Denis de Rougemont (1906-1985) ouvre des perspectives audacieuses. Une moisson d'ouvrages récents qui lui sont consacrés nous incite à redécouvrir les idées et les engagements de ce pionnier du personnalisme et du fédéralisme.
Qui connaît vraiment Denis de Rougemont ? Quelques-uns ont lu L’amour et l'Occident, et certains universitaires ou historiens des institutions se sont intéressés, d'assez loin, au militant fédéraliste européen. Peu l'ont approché avec circonspection à la lumière de sa vocation existentielle et politique. DDR a pourtant publié une trentaine d'ouvrages, plus de 500 essais parus dans des revues ou volumes collectifs et plusieurs centaines d'articles embrassant des thèmes fort différents (théologie, personnalisme, fédéralisme, amour, poésie, écologie, engagement, psychanalyse, linguistique, musique, etc.), mais avec une préoccupation constante : la construction d'une Europe continentale où la personne s'affirme spirituellement et culturellement dans une communauté de base dont l'Amour doit être le vecteur décisif.