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Europe et Union européenne - Page 930

  • Les multinationales au cœur des négociations du marché transatlantique

    Les citoyens n’ont en rien été informés – ce qui n’est pas le cas, en revanche, des « décideurs » appartenant aux grands groupes privés, aux multinationales et aux divers groupes de pression qui sont au contraire régulièrement associés aux discussions. Les multinationales sont en effet depuis le début au cœur des négociations. Elles y sont présentes par l’intermédiaire de différents groupes ou lobbies, comme le Transatlantic Business Council (TBC), organisme issu en 1995 du « Dialogue économique transatlantique », ou encore le Transatlantic Policy Network (TPN), fondé en 1992, qui regroupe une centaine de parlementaires européens et américains en même temps que des firmes transnationales comme Boeing, Siemens, IBM, Microsoft, etc. Sans oublier l’association européenne des patrons Business Europe (dont fait partie le Medef), l’European Business Summit, les représentants des banques, de la chimie, etc. 

         Comme lors de la mise en place en 1994 de l’Alena (zone de libre-échange associant le Canada, les Etats-Unis et le Mexique), l’objectif affiché, est de déréglementer les échanges entre les deux plus grands marchés de la planète. Le projet vise pour cela à la « suppression totale des droits de douane sur les produits industriels et agricoles », mais surtout se propose « d’atteindre les niveaux les plus élevés de libéralisation des investissements ». 

         La suppression des droits de douane n’aura pas d’effets macro-économiques importants. Les Etats-Unis sont déjà les premiers clients de l’Union européenne, et inversement. A l’heure actuelle, quelque 2,7 milliards de dollars de biens et de services sont échangés chaque jour entre les deux continents. Les investissements directs représentent quant à eux 3700 milliards de dollars. Au total, les échanges se sont élevés à 670 milliards de dollars en 2012 – le commerce entre les filiales d’un même groupe représentant plus de la moitié de ces échanges ! 

         Les droits de douane restent cependant importants dans au moins deux domaines, le secteur du textile et le secteur agricole. Leur suppression entraînera une perte de revenu pour les agriculteurs, une chute des exportations agricoles françaises, une industrialisation accrue de l’agriculture européenne, et l’arrivée massive en Europe de soja et de blé américain. Globalement, le démantèlement des droits de douane sera en outre préjudiciable à l’Europe, car le taux moyen de droits de douane est de 5,2% dans l’Union européenne, tandis qu’il n’est que de 3,5% aux Etats-Unis. S’ils sont supprimés, les Etats-Unis en retireront donc un avantage de 40% supérieur à celui de l’UE. Cet avantage sera spécialement marqué dans certains secteurs : les droits de douane sur les matériels de transports sont de 7,8% en Europe, contre 0% aux Etats-Unis. Leur suppression portera donc directement atteinte à l’industrie automobile européenne. Et la faiblesse du dollar par rapport à l’euro profitera également aux Etats-Unis au détriment des productions européennes, qui seront incitées à délocaliser, ce qui aggravera d’autant le chômage. 

         Beaucoup plus importante est l’élimination programmée de ce qu’on appelle les « barrières non tarifaires » (BNT), c’est-à-dire l’ensemble des règles et des réglementations que les négociateurs jugent aussi nuisibles que superflues, parce qu’elles constituent autant « d’entraves » à la liberté du commerce. En clair, les normes constitutionnelles, légales et réglementaires qui, dans chaque pays, seraient susceptibles d’entraver une liberté commerciale érigée en liberté fondamentale : normes de production sociales, salariales, environnementales, sanitaires, financières, économiques, politiques, etc. Pour ce faire, les accords en cours de négociation se proposent d’aboutir à une « harmonisation progressive des réglementations et de la reconnaissance mutuelle des règles et normes en vigueur ». José Manuel Barroso a lui-même précisé que « 80% des gains économiques attendus de l’accord viendront de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie ». L’enjeu normatif est donc énorme. 

    En fait « d’harmonisation », une formidable régression 

    Pour libéraliser l’accès aux marchés, l’Union européenne et les Etats-Unis sont censés faire « converger » leurs réglementations dans tous les secteurs. Le problème est que les Etats-Unis sont aujourd’hui en dehors des cadres du droit internationale en matière écologique, sociale et culturelle, qu’ils refusent d’appliquer les principales conventions sur le travail, le protocole de Kyoto sur le réchauffement climatique, la convention pour la biodiversité, les conventions de l’Unesco sur la diversité culturelle, etc. Dans presque tous les cas, leurs règlements sont moins contraignants que ceux qui existent en Europe. Comme ils n’envisagent évidemment pas un instant de durcir leur législation, et que l’objectif est de s’aligner sur le « plus haut niveau de libéralisation existant », la « convergence » se fera par l’alignement des normes européennes sur les leurs. En fait « d’harmonisation », ce sont les Etats-Unis qui vont imposer à l’Europe leurs règles commerciales. « En réalité, dans cette négociation, on ne discute que de ce qui pourrait être concédé par les Européens, jamais de ce que détiennent les Etats-Unis » (Jean-Michel Quatrepoint). 

         Or, ces règles différentes des deux côtés de l’Atlantique sont le reflet de choix de société différents. Sous des apparences techniques, les normes et les règlements correspondent à des préférences collectives qui reflètent l’idée que l’on se fait de la protection des citoyens, à des choix socioculturels, à des réalités historiques, parfois même constitutionnelles, à des traditions régionales, à des rapports de forces sociales. Ce sont des choix de société qu’il s’agit d’éliminer au profit d’un modèle unique, en réduisant les normes au plus petit dénominateur commun. Leur suppression équivaudrait par conséquent à une transformation générale des sociétés allant bien au-delà du simple commerce. Si les normes américaines s’imposent, les pays européens connaîtront une formidable régression. 

    Les délocalisations protégées 

    Dans le domaine agricole, l’ouverture marchée européen devrait entraîner l’arrivée massive des produits à bas coûts de l’agrobusiness américain : bœuf aux hormones, carcasses de viande aspergées à l’acide lactique, volailles lavées à la chlorine, viandes additionnées de chlorhydrate de ractopamine, OG, animaux nourris avec des farines animales, produits comportant des pesticides dont l’utilisation est aujourd’hui interdite, additifs toxiques, etc. Jugées depuis longtemps « trop contraignantes » par les Américains, toutes les normes sanitaires européennes pourraient ainsi être condamnées comme « barrières commerciales illégales ». En matière environnementale, la réglementation encadrant l’industrie agroalimentaire serait démantelée. Les groupes pharmaceutiques pourraient bloquer la distribution des génériques. Les services d’urgence pourraient être contraints de se privatiser. Il pourrait en aller de même de l’eau et de l’énergie. Concernant le gaz de schiste, la fracturation hydraulique deviendrait un droit intangible. En outre, comme aux Etats-Unis les « indications géographiques protégées » ne sont pas reconnues, les « appellations d’origine contrôlée » (AOC) françaises seraient directement menacées.

         La création culturelle et audiovisuelle est protégée en Europe par divers mécanismes d’aide publique, mais aussi de réglementation de la diffusion (quotas), que les Américains voudraient faire sauter pour inonder plus massivement encore l’Europe de leurs produits. Une libéralisation du secteur audiovisuel se ferait au profit des géants américains du numérique. C’est la raison pour laquelle la France a fait admettre que l’audiovisuel – mais non le culturel au sens large (théâtres, opéras, musées, archives, bibliothèques, patrimoine, etc.) – soit pour l’instant exclu de l’accord, position qui a reçu l’appui de treize autres pays européens. 

         Mais pour combien de temps ? Dans un entretien accordé à l’International Herald Tribune, José Manuel Barroso a déjà violemment critiqué la volonté de la France d’exclure le secteur audiovisuel du mandat de négociations commerciales avec les Etats-Unis, qualifiant cette position de « totalement réactionnaire ». Le rapport du 17 juin 2013 précise par ailleurs que la Commission européenne pourra soumettre de nouveau la question pendant les négociations, ce qui laisse la porte ouverte à une évolution. « Il est dit très clairement, a déclaré Karel De Gucht, que nous pouvons faire de nouvelles propositions au Conseil sur un mandat additionnel, sur n’importe quelle question y compris l’audiovisuel ». De Gucht a également indiqué qu’il se réservait le droit de « discuter » des questions culturelles si les Américains en faisant la demande. Or, pour les Américains, l’enjeu des industries culturelles comprend aussi le patrimoine et tout ce qui est « googleisable ». En matière culturelle, les musées nationaux pourraient ainsi perdre leur droit de préemption sur les trésors artistiques nationaux au profit des collectionneurs privés. Dans le domaine de la propriété intellectuelle, les enjeux sont également considérables, en particulier dans le domaine de l’armement et de l’aéronautique. 

         En matière sociale, ce sont toutes les protections liées au droit du travail qui pourraient être remises en cause. Concernent les règlements relatifs à la main-d’œuvre et au travail, il est dit dans le rapport du 17 juin qu’ils devront être respectés « pourvu que ce faisant, ils n’annulent ou ne compromettent pas les avantages découlant de l’accord », ce qui revient à proclamer un principe en le vidant immédiatement de son contenu ! En fait, comme l’a rappelé la Confédération européenne des syndicats, « il n’y a aucune garantie quant à la création d’emplois plutôt que de bénéfices qui seront versés aux actionnaires sous forme de dividendes, diminuant encore la part des salaires ». Et bien entendu, les délocalisations seront protégées. 

    Contrôle des populations 

    En ce qui concerne les services publics, il est indiqué que l’accord « concernera les monopoles publics, les entreprises publiques et les entreprises à droits spécifiques ou exclusifs », afin de parvenir à « l’ouverture des marchés publics à tous les niveaux : administratif, national, régionale et local ». Les hôpitaux, les écoles, les Universités, la Sécurité sociale sont bien entendu concernés eux aussi. A terme, le régime des aides d’Etat existant en Europe devra s’aligner sur le modèle américain. Les Etats-Unis, eux, sont bien décidés à protéger leurs marchés publics, dont seuls 30% sont aujourd’hui ouverts aux entreprises étrangères (en vertu du Buy American Act de 1993), contre 95% pour les marchés publics européens. 

         Sur le plan financier, l’accord se prononce pour la « libéralisation totale des paiements courants et des mouvements de capitaux », alors même qu’il ne concerne pas moins de 60% des activités bancaires mondiales. Mais que peut signifier un accord de libre-échange dont les termes peuvent être constamment faussés par la sous-évaluation du dollar par rapport à l’euro ? Au colloque sur « Le projet de marché transatlantique » organisé le 16 septembre 2013 à Paris, par la Fondation Res Publica, l’économiste Jean-Luc Gréau a souligné l’importance du cadre monétaire dans cette affaire : « Peut-on faire un marché commun transatlantique sans avoir au moins un cadre monétaire stable, avec des monnaies américaines et des monnaies européennes stabilisées les unes par rapport aux autres ? Autrement dit, peut-on évoquer l’hypothèse d’un SMA (système monétaire atlantique) ? Je crois que non ». 

         Il est aussi prévu une coopération transatlantique dans le domaine du contrôle des populations (surveillance des données personnelles sur Facebook, puces RFID, cartes de crédit, caméras, biométrie, etc.). Ricardo Cherenti et Bruno Poncelet résument ainsi le programme : « Détricotage des conquêtes sociales, réduction des salaires, flexibilisation du travail, attaque contre les solidarités sociales, obtention de privilèges fiscaux, endettement croissant des Etats justifiant une gouvernance par le haut ». 

         Mais il y a pire encore. L’un des dossiers les plus explosifs de la négociation concerne la mise en place d’un mécanisme « d’arbitrage des différends » entre Etats et investisseurs privés. Ce mécanisme dit de « protection des investissements » (Investor State Dispute Settlement, ISDS) doit permettre aux entreprises multinationales et aux sociétés privées de traîner devant un tribunal ad hoc les Etats ou les collectivités territoriales qui feraient évoluer leur législation dans un sens jugé nuisible à leurs intérêts ou de nature à restreindre leurs bénéfices, c’est-à-dire chaque fois que leurs politiques d’investissement seraient mises en cause par les politiques publiques, afin d’obtenir des dommages et intérêts. Le différend serait arbitré de façon discrétionnaire par des juges ou des experts privés, en dehors des juridictions publiques nationales ou régionales. Le montant des dommages et intérêts serait potentiellement illimité (c’est-à-dire qu’il n’y aurait pas de limite aux pénalités qu’un tribunal pourrait infliger à un Etat au bénéfice d’une multinationale), et le jugement rendu ne serait susceptible d’aucun appel. 

    Eléments n°151, Alain de Benoist

    http://www.oragesdacier.info/2014/11/les-multinationales-au-cur-des.html

  • Sivens : l’Europe fait barrage

    La France, ta souveraineté fout le camp ! Et avec elle ton honneur, ton intégrité, ta liberté…

    Il ne se passe plus de jour que, morceau par morceau, lambeau par lambeau, ne se défasse, ne se détricote ou ne se décompose le lent ouvrage des siècles qui avait fait de la France un mot, puis un État, puis une nation, la « grande nation ».

    Avant-hier, c’est le président de la République qui, après avoir pris ses consignes à Washington, laisse entendre que Paris pourrait ne pas tenir la parole donnée à Moscou. Hier, nous apprenons qu’un consortium sino-canadien va prendre le contrôle de l’aéroport de Toulouse, pourtant prospère, rentable et symbolique de l’excellence française dans le domaine de l’aéronautique, mais notre gouvernement aux abois, à l’image de certains rois réduits à rogner sur l’aloi des monnaies ou à bazarder les joyaux de la couronne, est prêt à toutes les bassesses pour remplir ses caisses vides, à n’importe quelle condition. Aujourd’hui, enfin, c’est la Commission européenne qui informe sans ménagement les autorités française (« autorités » est-il le mot qui convient ?) qu’elle s’opposera à la réalisation de la retenue d’eau de Sivens.

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  • La Ligue du Nord s'inspire du FN et a le vent en poupe en Italie

    Les deux élections régionales italiennes de dimanche ont montré un paysage politique encore marqué par la crise : forte abstention et montée d'une ligue du nord désormais copie italienne du FN.

    Les deux élections régionales en Italie qui étaient organisées ce dimanche 23 novembre sont apparues comme une victoire de plus pour Matteo Renzi. Et c'est ainsi que le président du conseil italien a voulu le comprendre. En visite à Vienne, il a déclaré devant la presse que son parti avait « gagné 5 à 0 » lors de ce scrutin. Et les chiffres semblent lui donner raison : les alliances de centre-gauche ont remporté 49,1 % des voix, soit 8,8 points de plus que lors du scrutin des élections législatives de février 2013, en Emilie-Romagne, son bastion traditionnel. Mieux même, en Calabre, terre plutôt à droite où le centre-gauche n'avait récolté que 28,3 % des suffrages en 2013, l'alliance pro-Renzi a obtenu cette fois 61,4 % des voix, un record ! Matteo Renzi semble donc avoir transformé l'essai des Européennes de mai dernier, où le parti démocrate avait gagné 40 % des suffrages.

    Victoire du centre-gauche

    Sauf que le triomphalisme de Matteo Renzi n'est que de façade. D'abord, parce qu'il oublie volontairement la chute vertigineuse de la participation électorale. Surtout en Emilie-Romagne, où elle est passée de 70 % à 37,7 %. En Calabre, la chute est moindre : de 45,8 % à 44,1 %. Résultat : en nombre de voix, la « victoire » du centre-gauche est moins brillante. Le gain par rapport aux européennes est certes de 14,1 % en Calabre, mais c'est une chute de 55,9 % qui est enregistrée en Emilie Romagne, soit pas moins de 120.000 voix de moins qu'en mai. Et par rapport aux régionales de 2010, le centre gauche est en chute dans les deux régions en termes de nombre de voix. Matteo Renzi a balayé d'un revers de main cette question en estimant que « l'abstention était secondaire. »

    Forte abstention

    Sans doute, mais cette désertion des urnes est particulièrement forte en Emilie Romagne et elle a touché une région fortement ancrée à gauche, c'est donc le signe d'une certaine déception vis-à-vis de l'action du jeune premier ministre italien qui n'a pas pu mobiliser une partie de son électorat. Mais c'est aussi et surtout le signe d'un désenchantement vis-à-vis du politique. De ce point de vue, l'échec du Mouvement 5 Etoile de Beppe Grillo, parti qui entendait renouveler la politique italienne et fédérer les déçus de la politique traditionnelle et de l'austérité est un des enseignements les plus intéressants de ce scrutin.

    Baisse du Mouvement 5 Etoiles

    En 2012, l'Emilie Romagne avait été un des berceaux du succès électoral du Mouvement 5 Etoiles qui avait surpris tout le monde en emportant la mairie de Parme. Un an plus tard, aux élections législatives de 2013, le parti de Beppe Grillo gagnait 23,7 % des voix. Ce dimanche, seuls 13,2 % des électeurs qui se sont exprimés ont voté pour le candidat d'un mouvement qui, dans la région, a perdu 500.000 électeurs entre février 2013 et novembre 2014. Sans doute faudra-t-il attendre d'autres scrutins pour avoir confirmation de cette tendance, car les sondages nationaux lui accordent toujours près de 20 % des intentions de vote. Mais son alliance avec les souverainistes du UKIP au parlement européen, ses positions ambiguës sur l'immigration, ses difficultés à proposer une alternative économique et, surtout, les luttes internes qui l'ont déchiré lui auront fait perdre beaucoup d'électeurs venus de gauche ou de l'abstention. Du coup, la progression électorale de Beppe Grillo appartient peut-être au passé.

    La Ligue, grande gagnante

    Ce n'est pas en revanche le cas de la Ligue du Nord. Le mouvement séparatiste apparaît comme le grand gagnant du scrutin de dimanche. Absent évidemment du scrutin calabrais, la Ligue a frôlé les 20 % en Emilie Romagne, alors qu'elle avait glané dans la région 2,6 % des voix lors des élections législatives de 2013 et 5,04 % lors des européennes du 25 mai dernier. Fait significatif, la Ligue devance largement Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi qui n'obtient que 8,3 % des voix. 233.000 électeurs ont voté pour la Ligue dimanche en Emilie-Romagne, soit 117.000 de plus qu'aux européennes et 164.000 de plus qu'aux législatives.

    Une Ligue copie du FN et désormais conquérante dans le sud...

    Cette progression traduit également le positionnement très à droite du leader de la Ligue, Matteo Salvini, qui a repositionné politiquement la Ligue du nord sur une ligne moins régionaliste. Son modèle est clairement le Front National français. Matteo Salvini va, du reste, rencontrer Marine Le Pen ce week-end à Lyon. La Ligue, entend à présent capitaliser sur un programme de réindustrialisation, de rejet de l'immigration, de protectionnisme et de sortie de l'euro. Elle séduit ainsi de plus en plus de victimes de la crise et de personnes inquiètes pour l'avenir. Plus question, comme au temps du « Senatùr » Umberto Bossi, l'ancien chef charismatique de la Ligue, de fustiger les paresseux méridionaux et proclamer l'indépendance de la « Padanie. »

    Désormais, la Ligue entend gagner des voix dans le centre et le sud du pays sur ce terrain. Dans une interview accordée à La Repubblica, Matteo Salvini promet de près de 40.000 personnes sont prêtes à s'engager dans le sud du pays dans une campagne de la Ligue. Certes, le chemin est encore loin pour la Ligue pour s'imposer au sud. Mais dans une Italie ravagée par la crise, tout semble possible. Les derniers sondages donnent un score au niveau national inédit de la Ligue : 11,4 %, non loin de Forza Italia (14,9 %), preuve que ses idées semblent prendre pied au niveau national...

    Une bonne ou une mauvaise nouvelle pour Matteo Renzi ?

    Pour Matteo Renzi, l'émergence de la Ligue du Nord, qui, à l'image de son modèle Marine Le Pen, réclame des élections anticipées, est une bonne et une mauvaise nouvelle. C'est une bonne nouvelle, car elle renforce l'unité du centre-gauche et de son électorat contre un parti qui s'inspire ouvertement du FN français. Mais l'envers de la médaille, c'est la radicalisation de l'opposition à l'euro. Sans compter que la montée de la Ligue vient déstabiliser le centre-droit et surtout le parti de Silvio Berlusconi. Le Cavaliere est de plus en plus contesté à la tête de Forza Italia et sa stratégie d'entente avec Matteo Renzi sur la réforme électorale pourrait bien être contestée par la droite du parti. Ce serait alors une défaite pour le président du conseil.

    source : La Tribune :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuEZpyuFuARIlKsvLS.shtml

  • Le pape François a aussi parlé d’une Europe « envahie », stérile et coupée de ses racines

    Les deux discours que le pape François a prononcé aujourd’hui à Strasbourg n’étaient pas les premiers qu’il adressait au vieux Continent.

    Le 3 octobre dernier, en effet, le pape recevait en audience à Rome les participants à l’assemblée plénière du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) qui avait pour thème : “Famille et avenir de l’Europe”. Ce jour-là, le pape avait choisi de ne pas lire le texte qui avait été préparé mais d’improviser un discours…

    Très peu politiquement correct et très intéressant. Voici sa retranscription.

    ————————

    Chers frères dans l’épiscopat,

    Je vous salue tous avec affection à l’occasion de cette assemblée plénière du Conseil des conférences épiscopales d’Europe. Et je remercie le cardinal Peter Erdõ de l’allocution par laquelle il a ouvert cette rencontre. Je vais vous faire remettre le discours que j’ai ici et, à sa place, je vais me permettre de vous communiquer quelques idées que j’ai dans le cœur et qui m’ont été inspirées par les propos de Son Éminence.

    Que se passe-t-il, aujourd’hui, en Europe ? Qu’y a-t-il dans le cœur de notre mère l’Europe ? Est-ce qu’elle continue à être notre mère l’Europe ou bien est-elle devenue notre grand-mère l’Europe ? Est-elle encore féconde ? Est-elle tombée dans la stérilité ? Est-ce qu’elle ne parvient plus à faire naître de nouvelles vies ? D’autre part, cette Europe a commis quelques péchés. Il faut bien le dire, avec amour : il y a une de ses racines qu’elle n’a pas voulu reconnaître. Voilà pourquoi elle se sent chrétienne sans se sentir chrétienne. Ou alors, elle se sent chrétienne un peu en cachette, mais elle ne veut pas la reconnaître, cette racine européenne.

    Aujourd’hui l’Europe est envahie. Est-ce la seconde invasion des barbares ? Je n’en sais rien. Mais ses portes sont ouvertes en premier lieu au profit des travaux. Mais maintenant elle ressent cette « invasion », entre guillemets, de gens qui viennent chercher du travail, qui fuient leur patrie et recherchent la liberté et une vie un peu meilleure.

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  • Euro : bientôt la fin ?

     

    L’Italie pourrait ouvrir le bal. En panne de croissance pour le treizième trimestre consécutif, elle s’embourbe dans la récession et affiche au compteur une dette de près de 2.200 milliards d’euros. D’après l’économiste Jacques Sapir, les conseillers de Matteo Renzi jugent inéluctable une sortie de l’eurozone au printemps 2015, à moins que l’Allemagne accepte le déploiement d’un plan d’investissement de grande envergure.

    L’économiste Claudio Borghi est lui aussi un partisan convaincu du retour à la lire, de même que l’Américain Edward Luttwak, qui estime que l’Italie n’a plus le choix. The Guardian pronostique que les Transalpins auront abandonné l’euro dans les deux ans – près de la moitié y seraient d’ailleurs favorables. L’ineffable Beppe Grillo a publiquement réclamé un référendum sur la question lors d’un discours au Parlement européen mi-novembre.

    De leur côté, les médias italiens, tels Libero Quotidiano ou Affaritaliani, tablent, eux, sur une sortie de… l’Allemagne. Le parti d’Angela Merkel, anticipant un probable effondrement de l’euro, envisagerait en coulisses de ressusciter le bon vieux deutsche mark, échaudé par la stagnation de son économie, la montée des partis souverainistes européens, l’incapacité de la France à respecter les 3 % de déficits publics et le rejet de plus en plus marqué des politiques d’austérité par les populations saignées à blanc.

    En Espagne, la timide reprise de la croissance à 1,3 % ne console guère les 24 % de chômeurs, ni les 34 % de salariés qui touchent moins de 753 euros par mois. En Grèce, où le chômage tutoie les 27 % et où treize ans seront nécessaires pour revenir au niveau d’avant-crise, se profile une crise sociale majeure. Au Portugal, où 20 % des habitants survivent avec moins de 409 euros mensuels, le Parti communiste milite pour une sortie de la monnaie unique. En France, si les mesures suggérées par le rapport franco-allemand présenté à Emmanuel Macron sont adoptées, le gel des salaires pendant trois ans, la flexibilité du marché du travail et l’assouplissement des 35 heures auront un effet dévastateur sur le pouvoir d’achat et la consommation, et aggraveront encore le chômage.

    Selon une récente étude du cabinet d’audit PwC, 20 % des dirigeants européens pensent que l’eurozone pourrait imploser. L’agence de notation Standard & Poor’s craint un risque de triple dip recession (troisième récession d’affilée) en Europe. Un constat relayé par David Cameron, qui n’exclut pas une nouvelle crise mondiale. « La situation de l’inflation en zone euro devient de plus en plus difficile et l’élan en faveur de la croissance reste faible », reconnaît Mario Draghi, le président de la BCE, prêt à investir pour racheter de la dette des États membres. Combien de centaines de milliards seront encore dilapidés pour sauver une monnaie qui ne marche pas ?

    Des calculs effectués par Jacques Sapir et ses collègues (à consulter sur son site RussEurope) démontrent qu’une sortie de la France de l’eurozone se traduirait dans les cinq ans par une croissance du PIB de 22 % à 25 %, une création de 1,3 à 2,5 millions d’emplois et une légère baisse du pouvoir d’achat d’environ 5 % qui remonterait dans les trois ans. Des chiffres à méditer…

    Eloïse Gloria

    source Boulevard Voltaire 

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuEyApuVApgpmkGnCq.shtml

     

  • Venue du Pape François au Parlement européen : la réaction de Bruno Gollnisch

     

    Communiqué de Bruno Gollnisch

    Député européen et membre du bureau politique du FN

    Le Pape François a tenu ce jour un discours riche et élevé devant les parlementaires européens réunis en session à Strasbourg. Il a exposé les causes de la désaffection d’une part croissante des peuples à l’égard de l’Union Européenne. Il a rappelé que les droits humains, que l’on invoque ici à tout instant, ne sauraient être l’expression d’une revendication individualiste et hédoniste, mais qu’ils découlaient de la nature et de la destinée spirituelle de l’Homme. Il s’est élevé contre ce que son prédécesseur Jean-Paul II appelait la culture de mort, et a réaffirmé la nécessité du respect de la vie humaine de son origine à son terme naturel. Pour lui, de même, la véritable écologie ne se conçoit que comme le respect de la Création. Il a pareillement rappelé l’importance de la famille comme cellule de base de la société, protection des faibles et remède contre le drame de la solitude. Il a stigmatisé à juste titre les effets dévastateurs d’une économie mondialisée purement matérialiste. Sur l’immigration, qui ne souscrirait à l’affirmation selon laquelle nous ne pouvons nous résigner à ce que la Méditerranée devienne un cimetière ? Mais là encore le message, ferme sur le devoir d’accueil, est extrêmement équilibré : plus encore qu’aux effets, a-t-il dit, il faut s’attaquer aux causes, dont le sous-développement, et les conflits en méditerranée, qui ont (avec hélas notre concours) déstabilisé les États d’origine.

    Le pape a aussi défini la culture des peuples d’Europe en rappelant l’héritage de Rome et d’Athènes, l’influence du christianisme, en mentionnant la diversité des nations slaves, latines, germaniques, etc., et en appelant au maintien des identités diverses. Que les promoteurs de la culture de mort, les immigrationistes ou les fossoyeurs des nations, trop souvent majoritaires dans ce Parlement ne se méprennent pas. Les appels du Pape à un juste équilibre cherchent avant tout à remettre l’homme et sa nature au centre de nos débats politiques. Ces réalités tranchent avec la destruction méthodique des valeurs traditionnelles ou les vœux pieux utopistes, trop souvent dominants dans cet hémicycle.

    Il a été entendu. Souhaitons qu’il soit écouté.

    http://gollnisch.com/2014/11/25/venue-du-pape-francois-au-parlement-europeen-reaction-de-bruno-gollnisch/

     

  • Jean-Michel Vernochet sur l’Ukraine et la dynamique de guerre occidentale (video)

  • La crise que traversent les nations européennes est d'abord existentielle

    A l'occasion de la venue du pape à Strasbourg, le philosophe Thibaud Collins'interroge sur la place de Dieu, de l'Eglise et de la prière dans les sociétés européennes. Extraits :

    S"[...] Jean-Paul II, dans un discours magistral, un an jour pour jour avant la chute du mur de Berlin dressait la carte de ce que serait un ordre politique juste pour une Europe des nations libres. Le pape philosophe affirmait ainsi avec force: «La vie publique, le bon ordre de l'Etat reposent sur la vertu des citoyens, qui invite à subordonner les intérêts individuels au bien commun, à ne se donner et à ne reconnaître pour loi que ce qui est objectivement juste et bon. Déjà les anciens Grecs avaient découvert qu'il n'y a pas de démocratie sans assujettissement de tous à la loi, et pas de loi qui ne soit fondée sur une norme transcendante du vrai et du juste. Dire qu'il revient à la communauté religieuse, et non à l'Etat, de gérer «ce qui est à Dieu», revient à poser une limite salutaire au pouvoir des hommes, et cette limite est celle du domaine de la conscience, des fins dernières, du sens ultime de l'existence, de l'ouverture sur l'absolu, de la tension vers un achèvement jamais atteint, qui stimule les efforts et inspire les choix justes. Toutes les familles de pensée de notre vieux continent devraient réfléchir à quelles sombres perspectives pourrait conduire l'exclusion de Dieu de la vie publique, de Dieu comme ultime instance de l'éthique et garantie suprême contre tous les abus du pouvoir de l'homme sur l'homme.» Jean-Paul II parlait donc l'Europe à partir de son expérience des deux totalitarismes et des défis inédits que la démocratie avait à relever dans une époque marquée par «la mort de Dieu».

    [...] Les nations européennes sont traversées par le doute. Doute sur leur identité, c'est-à-dire sur leurs racines mais peut-être plus encore sur leur finalité. [...] La crise que traversent les nations européennes est d'abord existentielle et les institutions de l'UE n'ont pas les moyens de les aider à en sortir car leur critère de diagnostic est fermé à la vie de l'esprit. Que peut donc signifier la venue du Pape dans une telle enceinte? Elle est en elle-même la révélation que l'Europe a encore quelque chose à recevoir de cette vieille religion dont elle est issue [...]".

    Michel Janva