Aujourd’hui encore, la Sainte-Alliance et le prince de Metternich gardent en France une réputation sulfureuse. Toute une historiographie républicaine, laïque, nationaliste ou jacobine, a tissé autour d’eux une « légende noire » bien excessive. « Metternich paraît avoir été particulièrement négligé ou maltraité par l’historiographie française, remarque son excellent biographe Guillaume de Bertin de Sauvigny. [...] Pourquoi cette carence ou cet ostracisme ? Cela ne tient pas tellement, semble-t-il, au tabou qui a longtemps régné dans l’histoire universitaire à l’encontre du genre biographique. Plus probablement, le personnage était profondément antipathique à l’esprit français, au nationalisme français. »
Il serait temps maintenant de reconsidérer l’apport que Metternich et la Sainte-Alliance ont eu sur une Europe meurtrie par un quart de siècle de conflits ravageurs. Oui, Metternich et la Sainte-Alliance ont exercé sur notre continent un rôle bénéfique incommensurable, car réparateur. Sans trop exagérer et en ne craignant pas non plus l’anachronisme véniel, on peut même considérer l’Europe post-napoléonienne (ou metternichienne) sortie du congrès de Vienne (1814-1815) - et qui va se maintenir deux générations ! - comme une anticipation juste et clairvoyante d’une construction européenne raisonnable et pragmatique, totalement délaissée au profit de l’idéologie séculière subversive. Ils ont œuvré indirectement afin de réparer et le martyre trinitaire de la famille royale de France et le lâche assassinat du malheureux duc d’Enghien commis par Napoléon à la veille de son sacre dispendieux et vulgaire pour satisfaire le camp révolutionnaire inquiet de la restauration monarchique.