Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

géopolitique - Page 377

  • Paris, Berlin et Damas soutiennent les Kurdes contre la Turquie

    erdogan-9327-une.jpg

    INTERNATIONAL (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) :
    Après Emmanuel Macron samedi, Angela Merkel a enjoint hier Recep Tayip Erdogan à cesser son offensive sur le Kurdistan syrien. Pour la chancelière allemande, celle-ci risque de créer « une situation humanitaire insoutenable » et « d’aider” l’Etat Islamique à réémerger dans la région ». La France et l’Allemagne suspendent toute vente d’armes « susceptibles d’être utilisées » par Ankara dans le cadre de son opération militaire.

    Bashar al-Assad envoie des troupes en soutien aux Kurdes

    Malgré des rapports tendus avec la minorité kurde de Syrie, Bashar al-Assad a annoncé hier l’envoi de troupes dans le nord pour « affronter l’agression » turque. Peu après, les Kurdes ont confirmé avoir conclu un accord avec Damas pour un déploiement de l’armée syrienne près de la frontière « en soutien aux Forces démocratiques syriennes (FDS) », une organisation paramilitaire dominée par la milice kurde YPG.

    L’offensive turque risque d’avoir des conséquences graves, non seulement pour la Syrie, mais aussi pour l’Europe

    En effet, avec son offensive, la Turquie cherche à instaurer une « zone de sécurité » de 32 kilomètres de profondeur pour séparer sa frontière des territoires aux mains du YPG, qu’elle qualifiée de « terroriste » en raison de ses liens avec le parti communiste autonomiste kurde PKK. Or les Kurdes, qui ont profité des troubles dans la région pour instaurer une autonomie de fait en Syrie, détiennent près de 12 000 djihadistes de l’État islamique originaires d’une cinquantaine de pays. Près de 800 proches de ces djihadistes auraient déjà profité de l’offensive pour s’échapper, tandis que 130 000 personnes ont fui l’avance de l’armée turque.

    https://fr.novopress.info/215800/paris-berlin-et-damas-soutiennent-les-kurdes-contre-la-turquie/

  • Affrontements entre Turcs et Kurdes : Plus de 10.000 combattants de Daech pourraient reprendre du service

    Affrontements entre Turcs et Kurdes : Plus de 10.000 combattants de Daech pourraient reprendre du service

    D’Antoine de Lacoste sur Boulevard Voltaire :

    La Turquie poursuit son offensive et a pris, comme attendu, la ville frontière de Tal Abyad. C’était un des premiers objectifs de l’armée turque et il a été rempli, avec toutefois quelques difficultés. Le lâchage définitif américain se confirme, puisqu’une couverture aérienne demandée par les Kurdes lors de combats a été refusée. C’est la première fois, en plusieurs années de guerre commune, et l’on attend maintenant le retrait effectif des 1.000 militaires américains encore présents.

    Les milices « rebelles » (en fait islamistes), qui accompagnent et soutiennent l’armée turque, sont accusées de sévices sur la population. Une vidéo qui circule montre des combattants abattre un homme sans que l’on sache de qui il s’agit. Les hommes de cette milice répètent en boucle « Allahou akbar » tandis qu’ils criblent de balles le corps.

    Rappelons que ces hommes viennent de la province d’Idleb, où ils servent de supplétifs à l’armée turque qui les présente comme des non-islamistes supposés lutter contre l’ex-Front al-Nosra, devenu Hayat Tahrir al-Cham. En réalité, Al-Nosra les a battus sans difficultés et, depuis, ils sont relativement désœuvrés, aux frais de la Turquie, dans la partie de la province d’Idleb que celle-ci occupe.

    Cette offensive anti-kurde leur permet d’exister à nouveau. Compte tenu de la haine, réciproque, qui les oppose aux Kurdes, les pires exactions pourraient avoir lieu au fil des conquêtes de ce Kurdistan autonome, appelé Rojava par les Kurdes, qui va probablement disparaître. Précisons, toutefois, que cette haine ne relève pas seulement de l’opposition entre islamistes et non-islamistes mais aussi de celle entre Kurdes et Arabes. La surveillance étroite de la part du régime syrien dont faisaient l’objet les uns et les autres empêchait les règlements de comptes sanglants auxquels nous assistons maintenant depuis 2011.

    Cette journée de dimanche a vu, comme hélas on pouvait l’anticiper, les premières fuites de membres de l’État islamique depuis le camp d’Aïn Issa. Les gardiens kurdes sont partis et, bien sûr, beaucoup en ont déjà profité. Ce ne sont même pas des évasions mais de simples départs. Selon des sources kurdes, ce sont près de 800 personnes, combattants, femmes et enfants, qui sont ainsi parties en une journée, et ce n’est qu’un début.

    Plus de 10.000 combattants de Daech, dont 3.000 étrangers, pourraient ainsi reprendre du service. Avec leurs familles et les très nombreuses veuves et leurs enfants, ce sont près de 100.000 islamistes* qui pourraient se retrouver dans la nature.

    L’armée turque va maintenant tenter de prendre une autre ville frontalière, Ras al-Aïn. Un premier assaut a été repoussé, grâce à la tactique des tunnels (très utilisée par Daech en son temps), qui a permis une contre-attaque surprise au détriment des milices islamistes pro-turques. Mais ce n’est sans doute que partie remise, tant la puissance de l’aviation et de l’artillerie turques font la différence.

    Après trois jours de combats, les pertes sont d’une centaine de combattants kurdes, quatre soldats turcs, une cinquantaine de civils. Curieusement, aucune information ne filtre sur celles des miliciens islamistes pro-turcs, mais logiquement, elles devraient être non négligeables car ce sont eux qui sont les fantassins de l’armée turque.

    Les Syriens, après une période d’observation, commencent à faire mouvement vers le nord, dans une zone de peuplement arabe, à Manbij notamment. Les Kurdes ont déclaré qu’un accord avait été conclu avec Damas « pour que l’armée se déploie le long de la frontière syrienne ».

    Selon les Kurdes, les Américains ont tenté d’empêcher cet accord, mais ils ne sont bien sûr plus en position d’arbitrer quoi que ce soit.

    Que va-t-il se passer lorsque les Syriens et les Turcs seront face à face ? Nul doute que Poutine et Erdogan vont beaucoup se parler dans les heures qui viennent.

    * Chiffres avancés par L’Express et l’AFP dans un article du 27 septembre dernier.

    https://www.lesalonbeige.fr/affrontements-entre-turcs-et-kurdes-plus-de-10-000-combattants-de-daech-pourraient-reprendre-du-service/

  • Syrie : les Kurdes retournent finalement du côté de Damas – Journal du lundi 14 octobre 2019

     

    Syrie : les Kurdes retournent finalement du côté de Damas

    Le grand jeu de poker menteur qui se joue actuellement au nord de la Syrie prend un nouveau tournant… Les Kurdes, soutenus par l’Occident après l’attaque de leurs positions par la Turquie, vont à présent être appuyés par l’armée syrienne de Bachar al-Assad face à la Turquie… de quoi donner du fil à retordre aux détracteurs du président syrien.

    Affaire Dupont de Ligonnès : l’échec de tout un système

    Après 8 ans de cavale, les médias annoncent vendredi soir que Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné d’avoir assassiné sa femme et ses 4 enfants à Nantes en 2011, a été interpellé à l’aéroport de Glasgow, en Ecosse. Après près de 24h, l’homme arrêté est disculpé… Retour sur un fiasco policier, médiatique et européen.

    Christian Jacob, nouveau chef des Républicains

    6 mois après la débâcle des européennes et la démission de Laurent Wauquiez, Les Républicains se sont choisis un nouveau chef dimanche. Le favori et patron du groupe à l’Assemblée, Christian Jacob, l’a emporté face à Julien Aubert et Guillaume Larrivé. Le début d’une route toujours aussi sinueuse.

    L’actualité en bref

    https://www.tvlibertes.com/syrie-les-kurdes-retournent-finalement-du-cote-de-damas-journal-du-lundi-14-octobre-2019

  • L’offensive turque se déploie en Syrie, par Antoine de Lacoste

    1898520046.2.jpgErdogan a mis sa menace à exécution. Les territoires du nord de la Syrie d’où les Américains se sont retirés, font l’objet depuis deux jours de pilonnages de l’artillerie et de l’aviation.

    Dans le même temps des chars et des troupes ont pénétré en territoire syrien. Selon le journaliste du Figaro Georges Malbrunot, 4 chars turcs ont été détruits par les kurdes qui opposent une farouche résistance.Les premiers morts sont annoncés par les belligérants eux-mêmes : 4 soldats turcs, une vingtaine de civils turcs tués dans des villages frontaliers par l’artillerie kurde ; du côté des YPG (nom du mouvement combattant kurde), une vingtaine de morts ainsi qu’une dizaine de civils.

    Cette offensive, attendue malgré les très nombreuses pressions internationales, a pour but de couper en deux le territoire autonome que les kurdes se sont attribué au nord de la Syrie sous protection américaine. Le gouvernement syrien a toujours protesté contre cette occupation étrangère doublée d’une autonomie à laquelle il n’a jamais consenti.

    Certains villages conquis par l’armée turque et ses supplétifs syriens en quelques heures, n’ont opposé aucune résistance. Ce sont ceux de peuplement arabe et non kurde. Le contentieux est lourd dans cette région entre arabes et kurdes : ces derniers sont honnis en raison de leur brutalité ; ils n’ont pas hésité à déplacer plusieurs milliers d’habitants de leurs villages pour y installer des kurdes à leur place. Ces méthodes, en vigueur depuis que l’armée syrienne n’est plus là, ont souvent été soulignées par des observateurs et des journalistes, mais les pays occidentaux ont toujours feint d’ignorer ce que tout le monde sait.

    C'est le résultat d’un manichéisme devenu, dans ce conflit comme dans bien d’autres (les Serbes le savent bien), le mode de raisonnement de nos dirigeants. Il y a les gentils et les méchants, sans nuance. Depuis le début de la guerre en Syrie, les « rebelles » sont gentils (sauf Daech) tout comme les kurdes. Les méchants sont les Syriens qui ne veulent pas devenir islamistes et les Russes, principe de base.

    On ne sait pas encore jusqu’où veulent aller les Turcs. L’idée consisterait à se ménager une bande de territoire de quelques kilomètres de profondeur tout le long de la frontière, d’y installer une partie des 3 millions de réfugiés qui encombrent la Turquie et de repousser les kurdes au-delà. Un tel scénario, c’est en tout cas celui annoncé par Erdogan depuis longtemps, impliquerait là aussi des déplacements de population.

    Conscients du danger auquel ils sont maintenant confrontés, les kurdes ont pris contact avec les Russes afin qu’ils leur servent d’intermédiaire auprès des Syriens, dont ils demandent maintenant la protection. Une telle offre avait déjà été faite par la Russie. Les Syriens avaient donné leur accord pour une négociation qui impliquait évidemment la fin de l’autonomie kurde et le retour de l’armée syrienne. Sous la pression américaine les kurdes avaient refusé.

    Abandonnés maintenant par leur protecteur, comme c’était prévisible, les kurdes se tournent vers ceux qui ont gagné la guerre et qui, eux, ne partiront pas.

    Quelle que soit son issue, cet affrontement turco-kurde risque fort de profiter à la Russie et, au-delà, à la Syrie qui n’a qu’un objectif : reconquérir l’intégralité de son territoire.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/10/13/antoine-de-lacoste-nouveau-texte-6182632.html

  • Afrique du Sud : les Afrikaners s’organisent

    1200px-afriforum_-_standerton-betoging-845x475.jpg

    Devant la situation qui ne cesse de se dégrader sur les plans de leur sécurité et de la gabegie qui s’empare du pays, les Afrikaners ont décidé de se structurer afin de faire entendre leur voix. C’est pour cette raison qu’ils ont mis sur pied AfriForum, une ONG dont le but est de lutter contre la déliquescence structurelle du pays et les discours de haine à l’encontre des Afrikaners, premiers développeurs et architectes de l’Afrique du Sud moderne mais aussi premiers habitants d’une partie de celle-ci.

    Fondée en 2006, AfriForum est actuellement dirigée par Kallie Kriel ancien professeur d’université qui a décidé de se consacrer à la défense des Afrikaners. Afrikaner est le nom hollandais d’Africain car peu de temps après leur arrivée en 1652, les 90 pionniers, dont huit femmes, débarqués au Cap par un bateau de la VOC (sigle hollandais de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales) se donnent ce nom qui va ainsi pérenniser leur présence à l’extrême sud de l’Afrique.

    Aujourd’hui, environ 60 % des Blancs d’Afrique du Sud sont des Afrikaners, le reste étant essentiellement composé de Britanniques. Premiers stigmatisés par l’arrivée d’un premier gouvernement noir en 1995, ces Afrikaners voient aujourd’hui partir en lambeaux cette Afrique du Sud moderne bâtie au fil des siècles par leurs ancêtres. Malgré les déclarations d’intention du premier président noir Nelson Mandela, ce pays, qu’il a voulu arc en ciel, est aujourd’hui à la merci d’une corruption et d’une gabegie galopantes mais aussi menacé par une haine croissante pour l’homme blanc et les métis.

    Devant cette situation AfriForum a récemment retrouvé une nouvelle vie en se donnant pour mission de défendre les droits des minorités de plus en plus attaquées depuis deux ans et de pointer du doigt les scandales financiers qui font le lit de la corruption dans ce pays. La sécurité des fermiers victimes d’attaques, de meurtres et de viols de plus en plus courants fait aussi partie des priorités d’un département d’Afriforum spécialisé en la matière. La censure ambiante, la décomposition d’un secteur de santé, jadis d’une exemplaire efficacité, la situation de banqueroute des municipalités et des secteurs para étatiques (aviation, mines, électricité, eau, etc.) sont aussi systématiquement dénoncées par cette ONG.

    Sur le plan juridique AfriForum s’est adjoint les services de Gerie Nel ancien pilier du ministère public en Afrique du Sud. Cet homme de loi surnommé “le bouledogue” par ses pairs avait représenté la poursuite dans la célèbre affaire du meurtre de Reeva Steenkamp par l’athlète Oscar Pistorius. Nel est aujourd’hui la cheville ouvrière d’Afriforum dans tous les procès faits aux discoureurs de haine dans le pays et a notamment traîné en justice le député Julius Malema pour ses nombreuses incitations au meurtre des fermiers blancs à travers le pays.

    Jean-Pierre Lenoir

    https://www.bvoltaire.fr/afrique-du-sud-les-afrikaners-sorganisent/

  • Affaire ukrainienne : Destitution ou Bidengate ?

    Donald-Trump-Onu.jpg

    INTERNATIONAL (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) :
    Inconsolables depuis l’échec du rapport Mueller à démontrer toute collusion Russe dans l’élection en 2016, les Démocrates américains ont lancé une procédure de destitution du président Trump, ce dont ils rêvaient depuis le jour noir de son élection. L’affaire du coup de fil ukrainien vient de leur en fournir le prétexte.

    Selon le narratif propagé par les media, Trump conspire avec le président ukrainien pour ternir l’image de l’ancien vice-président d’Obama Joe Biden, son principal adversaire pour 2020. Il se fonde sur les dires d’un sonneur d’alerte anonyme selon lequel, lors d’un échange téléphonique avec son homologue ukrainien Zelensky, Trump aurait demandé à celui-ci de rechercher des éléments de nature à compromettre M. Biden en appuyant sa demande d’une menace de rétention de l’aide militaire américaine à l’Ukraine.

    Or, ce narratif médiatique repris devant le Congrès par Adam Schiff, ne cesse de prendre l’eau depuis la publication par la Maison Blanche du verbatim de l’appel dépourvu de tout élément pouvant fonder une incrimination. De plus le président ukrainien vient de déclarer qu’il n’avait subi aucune forme de chantage et même qu’il n’avait appris la rétention de l’aide américaine qu’après le fameux appel du 25 juillet.

    Pourtant, certains media comme ABC ou CNN n’ont pas hésité à publier des citations tronquées, en omettant même de citer la phrase de Trump disant « Biden s’est vanté un peu partout qu’il était parvenu à arrêter l’enquête donc si vous pouviez y jeter un œil… Cela semble horrible à mes yeux. ». Or, cette phrase renvoie à la nomination en mai 2014, sous la présidence Obama, de Hunter Biden, le propre fils de Joe Biden, au Conseil d’Administration de la société gazière Ukrainienne Burisma, pour un salaire annuel de 600.000 dollars. Le président Poroshenko avait alors nommé le procureur Shokin pour enquêter sur les soupçons pesant corruption de cette société,. Or, celui-ci fut révoqué suite à des pressions intenses exercées par Joe Biden avec l’aide de l’administration américaine. Joe Biden lui-même s’en est vanté en 2018 dans une intervention filmée où il déclare : « Je les ai regardés et je leur ai dit : Je m’en vais dans six heures. Si le procureur n’est pas viré, vous n’aurez pas l’argent. ».

    En d’autres termes, les Démocrates reprochent à Trump exactement ce qu’ils ont fait en Ukraine, mais en pire.

    https://fr.novopress.info/215782/affaire-ukrainienne-destitution-ou-bidengate/

  • Les Américains en Syrie : partiront ? partiront pas ?... par Antoine de Lacoste

    Rien n’est simple et rien n’est sûr avec Donald Trump.

    Dimanche soir, à la suite d’un entretien téléphonique avec Erdogan, il créait la surprise en annonçant le retrait des troupes américaines du nord de la Syrie : « Il est temps pour nous de sortir de ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales, et de ramener nos soldats à la maison. »

    Le mot tribal est sans doute inadéquat mais on pouvait espérer qu’au moins, cette fois, l’Amérique mettait un terme à son intervention et à l’occupation, parfaitement illégale, du nord et de l’est de la Syrie.

    D’ailleurs, dès le lundi matin, entre 50 et 100 (le chiffre varie selon les sources) soldats américains, membres des forces spéciales, quittaient Tal Abyad et Ras al-Aïn, deux positions situées le long de la frontière turque.

    Les réactions furent violentes, dans le monde entier certes, mais surtout dans le camp républicain qui considère que l’abandon des kurdes à la vengeance turque est inacceptable. En outre, cela revient à laisser le champ libre à la Russie qui reste, pour la majorité de la classe politique américaine, l’ennemi numéro 1.

    Or, Trump est fragilisé par une offensive sans précédent des démocrates qui rêvent de déclencher la fameuse procédure « d’impeachment ». La raison invoquée est l’existence de pressions supposées de Trump sur son homologue ukrainien pour qu’il enquête sur les activités délictuelles du fils d’un concurrent démocrate ayant des intérêts en Ukraine. Le président américain a, dans ce contexte, bien mal choisi son moment pour cette annonce de retrait qui ne peut que crisper une partie importante de son propre camp.

    Pourtant, en cherchant à se retirer de Syrie pour la seconde fois (une première annonce avait été faite à la fin de l’année dernière), Trump ne fait que tenir une promesse de campagne : fin des aventures extérieures coûteuses et inutiles voire nocives.

    Sous la pression, il a opéré un spectaculaire rétropédalage. Erdogan ayant aussitôt déclaré que la Turquie était prête pour une offensive contre les kurdes dans le nord de la Syrie, Trump, tout en finesse, a tweeté : « Si la Turquie fait quoi que ce soit dont j’estime, dans ma grande et inégalable sagesse, que cela dépasse les bornes, je détruirai et anéantirai complètement l’économie de la Turquie. » L’homme n’est tout de même pas très facile à suivre. Inquiet d’un rapprochement récent de la Russie et de la Turquie, il veut se rapprocher de cette dernière en lui laissant le champ libre en Syrie, puis, dès le lendemain, la menace de destruction économique si elle fait ce qu’elle a toujours dit qu’elle ferait : attaquer les kurdes.

    L’imbroglio est aujourd’hui complet et plus personne ne sait ce qui va se passer. Pour l’instant, les Américains semblent avoir interrompu leur retrait ce qui, par définition, gèle toute intervention turque. Les kurdes sont naturellement furieux de l’attitude américaine et rappelle qu’ils détiennent en Syrie plus de 10 000 combattants de l’Etat islamique, ainsi que leurs familles, à quoi s’ajoutent de nombreuses veuves et orphelins de combattants soit plus de 100 000 personnes. S’ils sont attaqués, le risque est qu’ils ne les surveillent plus.

    La guerre n’est hélas pas finie en Syrie.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/10/10/les-americains-en-syrie-partiront-partiront-pas-par-antoine-6181607.html#more

  • «Les raisons cachées du désordre mondial»

    valeriebugaultt.jpg

    Valérie Bugault : Conférence Newhorizon au Liban
    Présentation du livre « les raisons cachées du désordre mondial »
    Chers organisateurs, chers auditeurs, Mesdames et Messieurs,
    Je suis très honorée d’être invitée à présenter mon livre « Les raisons cachées du désordre mondial » devant vous, qui cherchez des solutions politiques pour sortir de la nasse économico-monétaire dans laquelle la finance anglo-saxonne projette l’avenir politique planétaire.
    Le mouvement de globalisation, tant et souvent décrié, est, à mon sens, mal compris, pour ne pas dire « très mal compris ». Or, pour combattre utilement, il est nécessaire d’identifier clairement non seulement l’ennemi qui est en face mais encore et surtout les armes et les méthodes qu’il utilise. Or si les techniques financières de la globalisation à la mode anglo-saxonne sont parfaitement identifiables, et de plus en plus souvent identifiées, les méthodes utilisées par l’ennemi sont trop peu souvent, pour ne pas dire jamais, évoquées ; elles sont pourtant intéressantes à plus d’un titre.
    Parmi les méthodes utilisées pour développer la globalisation économique et financière, se trouve un point de référence qui, à lui seul, explique l’extrême efficacité des processus mis en œuvre. Les partisans de la globalisation planétaire ont réussi le tour de force de dissocier le pouvoir politique de la responsabilité qui, dans un ordre politique naturel, accompagne immanquablement le pouvoir. Alors que le terme de « politique » suppose un pouvoir identifié qui va, en conséquence, de pair avec une responsabilité identifiée, les financiers à la manœuvre dans le processus de globalisation mondiale ont instauré, par le double mécanisme :
    • du parlementarisme anglais dominé par des « partis politiques » et des « banques centrales indépendantes »,
    • un système permettant, au sein de chaque État, l’irresponsabilité politique totale des véritables donneurs d’ordre, qui sont les « tenanciers du système économique ». Dans cet « ordre politique » nouveau, issu des Révolutions occidentales du XVIIIème siècle – les premières Révolutions colorées de l’histoire –, les « hommes politiques » ne sont que des hommes de paille, des courroies de transmission des véritables donneurs d’ordre anonymes qui sont les principaux détenteurs de capitaux.
    Après avoir organisé, par l’instauration de réformes politiques ad hoc, leur irresponsabilité politique, les principaux propriétaires de capitaux ont pu organiser les règles du jeu économiques et monétaires dans un sens qui leur soit totalement et irrémédiablement favorable. Dans ce contexte, le capitalisme, loin d’être l’idéologie dont on le pare volontiers, est en réalité une arme de guerre permettant de générer encore plus d’anonymat au profit de ceux qui en contrôlent, et édictent, les règles du jeu. Cet anonymat permettant, en retour, l’organisation « spontanée » c’est-à-dire mécanique, de la plus vaste concentration des richesses qui ait jamais eu lieu sur cette terre ; concentration des richesses qui se fait en toute impunité sans aucun compte à rendre à personne.
    Le régime parlementaire de type anglais est une organisation sociale perverse
    La perversité de ces mécanismes a pour principale raison d’être de supprimer la possibilité de l’existence de contrepouvoir. Plus précisément, les contrepouvoirs apparents, hautement claironnées comme étant la quintessence de la démocratie, sont en réalité tout à fait, et structurellement, inefficaces.
    En particulier, le principe de « séparation des pouvoirs » théorisé par Montesquieu est, en régime parlementaire de type anglais, inopérant, neutralisé par le fait que les partis politiques qui gagnent les élections occupent en réalité toutes les places au sein des pouvoirs législatif et exécutif.
    Quant au pouvoir judiciaire – troisième pouvoir identifié par Montesquieu – il n’existe tout simplement pas pour la simple raison que les instances juridictionnelles sont techniquement chargées de la mise en œuvre du pouvoir législatif, qui leur échappe, et que la force nécessaire pour faire appliquer une décision de justice appartient au pouvoir exécutif, qui leur échappe tout autant. Le prétendu « pouvoir judiciaire » est en réalité étroitement dépendant des pouvoirs législatif et exécutif. Il ne peut, d’ailleurs, pas en être autrement tant il est vrai que le concept de « justice » est au cœur de l’émergence du « pouvoir politique ». Autrement dit : le pouvoir politique, qui consiste à organiser la vie de la Cité, est, par essence, doté de la capacité de « rendre justice ».
    Par ailleurs, si le pouvoir politique nécessite évidemment, pour ne pas être tyrannique, des contrepouvoirs, dissocier de façon autoritaire les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire tout en ignorant le pouvoir monétaire revient à faire disparaître la réalité du pouvoir politique. Ou plutôt, la nature ayant horreur du vide, cela revient à transformer le pouvoir politique en un théâtre d’ombres occupé par des pantins avec, derrière la scène les véritables acteurs qui œuvrent en secret – c’est-à-dire de façon anonyme. Ces acteurs politiques réels sont représentés par la caste des « banquiers commerçants » dont les intérêts, de nature privé, sont uniformes.

    valbug.jpg

    Or, d’un point de vue méthodologique, « les intérêts privés » s’opposent de façon mécanique aux « intérêts publics » qui sont justement à l’origine du pouvoir politique. Car il faut revenir à la substance des choses et des idées. Le « pouvoir politique » correspond à la nécessité d’organiser la vie de la « Cité » ; ce qui suppose la prise en compte institutionnelle des différents intérêts qui traversent ladite « Cité ». Organiser la vie de la Cité consiste à faire de choix, à opérer des arbitrages entre les différents intérêts qui existent dans la Société ; or, en régime parlementaire de type anglais, ces intérêts ne sont tout simplement pas politiquement représentés. Par ailleurs, les arbitrages politiques n’ont, à terme, de réelles efficacités, de capacités propres, que s’ils sont perçus par l’ensemble des membres de la collectivité comme relevant d’un sacrifice nécessaire de certains intérêts privés catégoriels au profit de l’intérêt général, collectif, du groupe. Encore faut-il que le sacrifice consenti soit identifié, ce qui n’est pas le cas lorsque les intérêts privés qui dirigent restent dans l’ombre.
  • Trump, l’Iran et le détroit d’Ormuz, par Antoine de Lacoste

    (article rédigé pour Politique magazine, publié ici avec l'aimable autorisation et du journal et d'Antoine de Lacoste)

    Depuis que Donald Trump a choisi de se retirer de l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les principales puissances de la planète, la tension est à son comble au Proche-Orient.

    Trump avait d’ailleurs annoncé la couleur tout au long de sa campagne électorale. Pour lui, ce traité signé en 2015 faisait la part trop belle à l’Iran et il convenait de le renégocier. C’était bien sûr un argument électoral pour contrer le camp démocrate, mais pas seulement. Cet engagement de retrait relevait également de la ferme volonté de contenir la montée en puissance iranienne afin de protéger Israël et l’Arabie Saoudite, piliers des alliances américaines au Proche-Orient.

    Le retrait fut décidé en mai 2018, assorti de sanctions économiques destinées à mettre l’Iran à genoux. La manœuvre, dite de « pression maximum », devait obliger le régime des mollahs à négocier un nouvel accord en échange de la levée des sanctions. Cet accord serait naturellement plus contraignant pour l’Iran, allant au-delà du problème nucléaire, englobant en particulier les missiles balistiques. Bien évidemment, le noyau dur des sanctions concernait le pétrole dont les exportations seraient rendues impossibles. Privé de cette ressource vitale, l’Iran ne pouvait que demander grâce.

    La lutte pour le pétrole

    Ce que Trump n’avait pas suffisamment anticipé, ce sont les luttes de pouvoir au sein du régime iranien. Le clan des conciliants, emmené par le Président Rohani, était farouchement pour cet accord nucléaire, premier pas vers un apaisement des relations avec le monde occidental qui serait suivi d’une relance des investissements et du tourisme. Le clan des durs, symbolisé par les gardiens de la révolution, perdit de l’influence après la signature solennelle du traité à Vienne. Naturellement, la décision de Trump les remit en selle et, aujourd’hui, ce sont eux qui organisent la résistance au diktat américain.

    Cette résistance, l’Iran a décidé de la faire porter principalement sur le terrain du pétrole, tout en poursuivant sa politique d’implantation en Irak et en Syrie. A cela s’ajoute un soutien actif aux rebelles houthis en guerre contre le régime yéménite et l’Arabie Saoudite.

    Ainsi des pétroliers de diverses nationalités naviguant dans le Golfe persique ont subi des attaques non revendiquées. Les Américains ont accusé l’Iran haut et fort et ont fait procéder à Gibraltar par son allié anglais à l’arraisonnement d’un pétrolier iranien soupçonné de vouloir ravitailler la Syrie en pétrole. De provocations en rodomontades réciproques, la tension est allée croissante. Le point d’orgue fut atteint lorsqu’un drone américain fut abattu par un missile iranien. A cent millions de dollars le drone, le monde attendait une réaction américaine violente.

    Elle n’eut pas lieu et Trump affirma dans un de ses fameux tweets (quelle époque étrange…) qu’il avait, à la dernière minute, rappelé ses avions partis bombarder l’Iran afin d’éviter de nombreux morts. Personne ne croit à cette thèse et, au fond, il apparaît bien que Trump veuille éviter la guerre à tout prix.

    Sa grande idée était plutôt de convaincre les Européens de participer à l’escorte militaire des pétroliers franchissant le détroit d’Ormuz.

    Bloquer le détroit Ormuz ?

    Depuis 1945 et le début de la grande alliance américano-saoudienne, pétrole contre protection, le détroit d’Ormuz est considéré comme le lieu stratégique de l’approvisionnement du monde en pétrole. Chaque jour, ce sont 18 millions de barils qui y transitent, assurant ainsi 20% de la consommation mondiale. Large de seulement 50 kilomètres il constituerait un point de fragilité majeur en cas d’aggravation du conflit. C’est pourquoi Trump a eu cette idée de coalition internationale.

    Mais les Européens n’ont guère montré d’enthousiasme. Outre le coût considérable de telles patrouilles, leur utilité n’est pas apparue comme évidente. En fait, personne ne croit que l’Iran tentera de bloquer le détroit d’Ormuz. Ce serait un défi absurde, complexe à mettre en œuvre et suicidaire. Même les Européens seraient obligés de forcer l’Iran à ne pas menacer la libre circulation du pétrole et du gaz.

    Le détroit d’Ormuz aujourd’hui, s’il reste très important, n’est plus vital pour l’économie mondiale. Depuis que les Américains ont ouvert la voie du pétrole et du gaz de schiste, leur production s’est considérablement accrue au point d’en faire maintenant le premier producteur mondial de pétrole. L’Europe, pour des raisons purement idéologiques, s’est interdit d’explorer cette voie et l’on reste accablé par un tel aveuglement doublé d’une telle veulerie face aux « khmers verts ».

    La dépendance américaine vis-à-vis de l’Arabie Saoudite et donc du détroit d’Ormuz a disparu, ce qui rebat les cartes de ses alliances et de son interventionnisme potentiel. L’Europe est également moins dépendante : la Russie, les pays du Caucase, l’Algérie sont des fournisseurs stables et, en cas de besoin, les énormes ressources du Venezuela (les plus importantes de la planète) sont potentiellement disponibles.

    Ce qui se passe au Proche-Orient relève donc d’avantage d’une lutte idéologique que d’une guerre du pétrole. Et cette lutte idéologique, Trump a décidé de ne pas en faire un conflit armé. Le début de sa campagne électorale préparatoire à un éventuel deuxième mandat, y est pour beaucoup bien sûr. Ses engagements avant son élection ont été entendus par le peuple américain et une aventure militaire en Iran pourrait sonner le glas d’une réélection.

    Les Emirats arabes unis ont également joué un rôle dans cette retenue américaine. Situés juste en face de l’Iran, de l’autre côté de du détroit, ils seraient en première ligne en cas de conflit. Peu désireux d’y participer, ce très fidèle allié des Américains a pris du champ. Il s’est permis de signaler qu’un peu de prudence dans cette région explosive serait de bon aloi et des échanges courtois ont eu lieu avec le voisin iranien, initiative bien osée de la part d’une puissance sunnite envers l’hérétique chiite.

    De plus les Emirats sont les seuls à disposer d’une armée à peu près fiable parmi les pays sunnites et ils sont las de pallier, au Yemen, l’invraisemblable incurie de l’armée saoudienne. Leurs pertes augmentent face aux rebelles houthis (d’obédience chiite) et leur sortie progressive de ce conflit calamiteux déclenché par les Saoudiens n’est plus à exclure.

    Une attaque surprise de drones

    Trump n’ignore rien de la faiblesse de son allié saoudien. Les frasques de son nouveau dirigeant Mohamed ben Salman (MBS pour les intimes), en particulier la séquestration du Premier ministre libanais Hariri et l’assassinat d’un journaliste d’opposition dans les locaux de son consulat en Turquie, ont durablement dégradé son image. D’allié stratégique, l’Arabie Saoudite devient progressivement un allié nécessaire mais parfois encombrant.

    Dans ce contexte, la retenue américaine prend tout son sens ainsi que le renvoi du pire faucon, John Bolton, l’homme qui ne regrette même pas l’intervention en Irak.

    Mais les gardiens de la révolution iraniens ne l’entendent pas ainsi et, eux aussi, appliquent la méthode de la pression maximum.

    La récente attaque de drones contre deux installations pétrolières stratégiques de l’Arabie Saoudite a surpris tout le monde. On ne sait pas encore très bien d’où sont partis ces missiles mais la main iranienne semble évidente. Là aussi, l’absence (pour l’instant) de réaction américaine est très frappante alors que les dégâts sont tout de même très importants pour l’économie pétrolière saoudienne. Accessoirement, la vulnérabilité de ses installations est apparue criante. Les Américains viennent d’ailleurs d’envoyer quelques renforts en urgence pour protéger les-dites installations.

    La doctrine américaine évolue donc et pression maximum semble se substituer à « changement de régime hostile ». Sauf nouvelle escalade imprévue (et tout est possible), il n’y aura sans doute pas de guerre pour le détroit d’Ormuz.  

    Par Antoine de Lacoste

    19800351.png-1024x576.jpg

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/10/03/trump-l-iran-et-le-detroit-d-ormuz-6180086.html

  • Donald Trump, l’Iran et le détroit d’Ormuz

    Donald Trump, l’Iran et le détroit d’Ormuz

    D’Antoine de Lacoste sur Politique Magazine :

    Depuis que Donald Trump a choisi de se retirer de l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les principales puissances de la planète, la tension est à son comble au Proche-Orient. Trump avait d’ailleurs annoncé la couleur tout au long de sa campagne électorale. Pour lui, ce traité signé en 2015 faisait la part trop belle à l’Iran et il convenait de le renégocier. C’était bien sûr un argument électoral pour contrer le camp démocrate, mais pas seulement. Cet engagement de retrait relevait également de la ferme volonté de contenir la montée en puissance iranienne afin de protéger Israël et l’Arabie Saoudite, piliers des alliances américaines au Proche-Orient.

    Le retrait fut décidé en mai 2018, assorti de sanctions économiques destinées à mettre l’Iran à genoux. La manœuvre, dite de « pression maximum », devait obliger le régime des mollahs à négocier un nouvel accord en échange de la levée des sanctions. Cet accord serait naturellement plus contraignant pour l’Iran, allant au-delà du problème nucléaire, englobant en particulier les missiles balistiques. Bien évidemment, le noyau dur des sanctions concernait le pétrole dont les exportations seraient rendues impossibles. Privé de cette ressource vitale, l’Iran ne pouvait que demander grâce.

    Ce que Trump n’avait pas suffisamment anticipé, ce sont les luttes de pouvoir au sein du régime iranien. Le clan des conciliants, emmené par le Président Rohani, était farouchement pour cet accord nucléaire, premier pas vers un apaisement des relations avec le monde occidental qui serait suivi d’une relance des investissements et du tourisme. Le clan des durs, symbolisé par les gardiens de la révolution, perdit de l’influence après la signature solennelle du traité à Vienne. Naturellement, la décision de Trump les remit en selle et, aujourd’hui, ce sont eux qui organisent la résistance au diktat américain.

    Cette résistance, l’Iran a décidé de la faire porter principalement sur le terrain du pétrole, tout en poursuivant sa politique d’implantation en Irak et en Syrie. A cela s’ajoute un soutien actif aux rebelles houthis en guerre contre le régime yéménite et l’Arabie Saoudite.

    Ainsi des pétroliers de diverses nationalités naviguant dans le Golfe persique ont subi des attaques non revendiquées. Les Américains ont accusé l’Iran haut et fort et ont fait procéder à Gibraltar par son allié anglais à l’arraisonnement d’un pétrolier iranien soupçonné de vouloir ravitailler la Syrie en pétrole. De provocations en rodomontades réciproques, la tension est allée croissante. Le point d’orgue fut atteint lorsqu’un drone américain fut abattu par un missile iranien. A cent millions de dollars le drone, le monde attendait une réaction américaine violente.

    Elle n’eut pas lieu et Trump affirma dans un de ses fameux tweets (quelle époque étrange…) qu’il avait, à la dernière minute, rappelé ses avions partis bombarder l’Iran afin d’éviter de nombreux morts. Personne ne croit à cette thèse et, au fond, il apparaît bien que Trump veuille éviter la guerre à tout prix.

    Sa grande idée était plutôt de convaincre les Européens de participer à l’escorte militaire des pétroliers franchissant le détroit d’Ormuz.

    Depuis 1945 et le début de la grande alliance américano-saoudienne, pétrole contre protection, le détroit d’Ormuz est considéré comme le lieu stratégique de l’approvisionnement du monde en pétrole. Chaque jour, ce sont 18 millions de barils qui y transitent, assurant ainsi 20% de la consommation mondiale. Large de seulement 50 kilomètres il constituerait un point de fragilité majeur en cas d’aggravation du conflit. C’est pourquoi Trump a eu cette idée de coalition internationale.

    Mais les Européens n’ont guère montré d’enthousiasme. Outre le coût considérable de telles patrouilles, leur utilité n’est pas apparue comme évidente. En fait, personne ne croit que l’Iran tentera de bloquer le détroit d’Ormuz. Ce serait un défi absurde, complexe à mettre en œuvre et suicidaire. Même les Européens seraient obligés de forcer l’Iran à ne pas menacer la libre circulation du pétrole et du gaz.

    Le détroit d’Ormuz aujourd’hui, s’il reste très important, n’est plus vital pour l’économie mondiale. Depuis que les Américains ont ouvert la voie du pétrole et du gaz de schiste, leur production s’est considérablement accrue au point d’en faire maintenant le premier producteur mondial de pétrole. L’Europe, pour des raisons purement idéologiques, s’est interdit d’explorer cette voie et l’on reste accablé par un tel aveuglement doublé d’une telle veulerie face aux « khmers verts ».

    La dépendance américaine vis-à-vis de l’Arabie Saoudite et donc du détroit d’Ormuz a disparu, ce qui rebat les cartes de ses alliances et de son interventionnisme potentiel. L’Europe est également moins dépendante : la Russie, les pays du Caucase, l’Algérie sont des fournisseurs stables et, en cas de besoin, les énormes ressources du Venezuela (les plus importantes de la planète) sont potentiellement disponibles.

    Ce qui se passe au Proche-Orient relève donc d’avantage d’une lutte idéologique que d’une guerre du pétrole. Et cette lutte idéologique, Trump a décidé de ne pas en faire un conflit armé. Le début de sa campagne électorale préparatoire à un éventuel deuxième mandat, y est pour beaucoup bien sûr. Ses engagements avant son élection ont été entendus par le peuple américain et une aventure militaire en Iran pourrait sonner le glas d’une réélection.

    Les Emirats arabes unis ont également joué un rôle dans cette retenue américaine. Situés juste en face de l’Iran, de l’autre côté de du détroit, ils seraient en première ligne en cas de conflit. Peu désireux d’y participer, ce très fidèle allié des Américains a pris du champ. Il s’est permis de signaler qu’un peu de prudence dans cette région explosive serait de bon aloi et des échanges courtois ont eu lieu avec le voisin iranien, initiative bien osée de la part d’une puissance sunnite envers l’hérétique chiite.

    De plus les Emirats sont les seuls à disposer d’une armée à peu près fiable parmi les pays sunnites et ils sont las de pallier, au Yemen, l’invraisemblable incurie de l’armée saoudienne. Leurs pertes augmentent face aux rebelles houthis (d’obédience chiite) et leur sortie progressive de ce conflit calamiteux déclenché par les Saoudiens n’est plus à exclure.

    Trump n’ignore rien de la faiblesse de son allié saoudien. Les frasques de son nouveau dirigeant Mohamed ben Salman (MBS pour les intimes), en particulier la séquestration du Premier ministre libanais Hariri et l’assassinat d’un journaliste d’opposition dans les locaux de son consulat en Turquie, ont durablement dégradé son image. D’allié stratégique, l’Arabie Saoudite devient progressivement un allié nécessaire mais parfois encombrant.

    Dans ce contexte, la retenue américaine prend tout son sens ainsi que le renvoi du pire faucon, John Bolton, l’homme qui ne regrette même pas l’intervention en Irak.

    Mais les gardiens de la révolution iraniens ne l’entendent pas ainsi et, eux aussi, appliquent la méthode de la pression maximum.

    La récente attaque de drones contre deux installations pétrolières stratégiques de l’Arabie Saoudite a surpris tout le monde. On ne sait pas encore très bien d’où sont partis ces missiles mais la main iranienne semble évidente. Là aussi, l’absence (pour l’instant) de réaction américaine est très frappante alors que les dégâts sont tout de même très importants pour l’économie pétrolière saoudienne. Accessoirement, la vulnérabilité de ses installations est apparue criante. Les Américains viennent d’ailleurs d’envoyer quelques renforts en urgence pour protéger les-dites installations.

    La doctrine américaine évolue donc et pression maximum semble se substituer à « changement de régime hostile ». Sauf nouvelle escalade imprévue (et tout est possible), il n’y aura sans doute pas de guerre pour le détroit d’Ormuz.

    https://www.lesalonbeige.fr/donald-trump-liran-et-le-detroit-dormuz/