Pour se donner bonne conscience, les élites du monde occidental font semblant de se demander si les talibans ont changé depuis 2001. Depuis l’abandon de l’Afghanistan entre leurs mains, ce pays est redevenu la proie de la barbarie à travers notamment les massacres des opposants et l’extermination des derniers vestiges des minorités religieuses, ou la fermeture des écoles de filles.
géopolitique - Page 375
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Talibans, l’esprit de Munich, par Maxime Tandonnet
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Le Panshir : refuge et fief de résistance tout à la fois
C’est une province au Nord Est de Kaboul, une sorte de vallée très enclavée et difficile à conquérir. Là se sont réfugiés tous ceux qui ont pu, lors de la prise de Kaboul, ainsi que quelques milliers de militaires, équipés de matériel, viscéralement anti-talibans. Ils constituent la résistance afghane et se préparent, disent-ils, “à un conflit de longue durée”.
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Afghanistan : un scénario écrit d’avance (Présent)
Entretien avec Marc Charuel
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KABOUL EST L’HEURE DE VÉRITÉ DES DÉMOCRATES AMÉRICAINS, SINON DE LA DÉMOCRATIE !
Pour parler le langage d’Audiard, les citoyens ne seraient-ils que des “caves”, les militaires que des “canards sauvages”, et les politiciens que des “malfaisants” ? Le choeur de la bienpensance hurle au complot dès que ce genre d’hypothèse se pointe dans les esprits, mais si le complot est difficile à établir, le soupçon, lui, s’enfle à vue d’oeil. La politique américaine et sa lecture à travers nos médias justifie plus qu’un doute sur la capacité des gouvernants à servir l’intérêt supérieur des nations qu’ils conduisent et sur la qualité des informations qui sont diffusées. Les Chefs d’Etat et de gouvernement, ceux qui sont élus par leurs peuples d’une manière relativement transparente dans nos “démocraties” en particulier, sont-ils moralement et intellectuellement à la hauteur des enjeux ?
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Biden nie le désastre et ment à tout le monde, par Antoine de Lacoste.
Il faut tout de même oser. Non content de nier la défaite américaine, Biden tente de la transformer en victoire et se félicite de la réussite de l’évacuation des Américains et des Afghans alliés : « Faire sortir 30.000 personnes en un peu plus d’une semaine est un grand succès pour nos forces armées », a-t-il déclaré, le 23 août, depuis la Maison-Blanche.
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Kaboul : embarquement immédiat, par Francis Bergeron
C’est le plus catastrophique des scénarios : sont coincés dans l’aéroport de Kaboul et à ses abords des centaines d’Occidentaux, essentiellement des soldats américains, mais aussi des dizaines de milliers d’Afghans qui tentent de fuir les talibans. Les routes vers l’aéroport sont désormais contrôlées par les fondamentalistes islamistes. Tous ceux qui espéraient pouvoir rejoindre encore l’aéroport ont rebroussé chemin, et des témoins ont vu les corps de femmes, assassinées parce que portant un jean et étant sorties de chez elles sans être accompagnées par un homme. Les talibans offrent beaucoup de similitudes avec les Khmers rouges quant à leurs méthodes. Ce qui ramène les Etats-Unis 45 ans en arrière.
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Drame afghan : les nouveaux enjeux
Spécialiste des conflits, auteur de nombreux ouvrages sur la stratégie, Gérard Chaliand connaît bien l’Afghanistan. Il fut l’un des premiers Occidentaux à s’y rendre après l’invasion soviétique de 1979. De 2004 à 2011, il y a passé près d’un an au total, enseignant à Kaboul et parcourant le pays.
Entretien mené par Jean-Dominique Merchet pour l’Opinion.
Comment réagissez-vous à ce qui se passe en Afghanistan et aux polémiques en France sur l’accueil des réfugiés ?
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Retour de bâton Afghanistan : cet accord « secret » avec les Talibans que les Occidentaux risquent de payer très très cher, avec Yves Roucaute.
Les talibans ont promis d’être plus tolérants qu’avant, en particulier envers les femmes et leurs opposants, de ne pas servir de refuge aux djihadistes, de préférer la coopération à la subversion. Des promesses qui dureront le temps de leurs intérêts.
Atlantico : Professeur Yves Roucaute, vous avez été le seul intellectuel au monde invité pour fêter la victoire contre les talibans, à Kaboul, en novembre 2001, et vous aviez noué des relations d’amitié avec Ahmed Chah Massoud dans les combats en Afghanistan, quel regard portez-vous, en philosophe et en spécialiste des questions internationales, sur la situation actuelle ?
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AFGHANISTAN : LA DÉROUTE DES DÉMOCRATIES ! (V)
Certains évoquent l’idée que le désastre afghan n’est qu’une fâcheuse apparence créée par la rapidité inattendue du scénario, que tout était prévu, négocié, que les Américains lâchaient tout contre la promesse des Talibans d’être gentils. Cette idée est puérile car ceux qui détiendront un pouvoir absolu se moqueront de pressions évidemment impuissantes. Même si certains “dirigeants” islamistes sont sincères dans leur modération, on sait que les Talibans “de base” feront ce qu’ils veulent dans leurs villages, leurs montagnes et leurs vallées, dans les villes conquises où les journalistes n’oseront plus se rendre. Les Occidentaux ne pourront pas protéger leurs victimes. Quelles sont les options ? Comme d’habitude, il y a ceux qui considèrent qu’au nom de leurs grands principes, l’Occident, la France en particulier, devraient accueillir tous les migrants afghans.
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« Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski 4/4
Brzezinski vante la Chine du passé, « pays qui [ au XVIIème siècle ] dominait le monde en termes de productivité agricole, d’innovation industrielle et par son niveau de vie ». Puis, il compatit avec les « cent cinquante années d’humiliation qu’elle a subies »; la Chine doit être « lavée de l’outrage causé à chaque chinois », et « les auteurs doivent être châtiés ». Parmi les auteurs, la Grande-Bretagne a été dépossédée de son Empire, la Russie a perdu son prestige et une partie de son territoire; restent les Etats-Unis et le Japon qui sont le principal souci de la Chine aujourd’hui. Selon l’auteur, la Chine refuserait « une véritable alliance sino-russe à long terme, car elle aurait pour conséquence de renforcer l’alliance nippo-américaine » et car « cette alliance empêcherait la Chine d’accéder à des technologies modernes et à des capitaux, indispensables à son développement ».