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géopolitique - Page 709

  • La Victoire de 1918, les Kurdes et le pétrole

     

    On continue en France de célébrer chaque année comme une fête nationale l'anniversaire de l'armistice de 1918.

    Or, le respect que nous devons et, pour certains d'entre nous, la fidélité que nous avons porté, aux anciens de la Grande Guerre devraient nous imposer, aujourd’hui encore, une certaine réserve du fait du gaspillage de cette si coûteuse victoire.

    Les erreurs monstrueuses du traité de Versailles ont été largement analysées : à la fois trop fragile, du point de vue des puissances supposées bénéficiaires, et trop dur pour être accepté de façon durable par l'Allemagne vaincue, qui, d'ailleurs se sentait trahie et n'eut aucune latitude pour le négocier.

    En relisant les examens critiques de cette "sortie de guerre", aussi bien celui d'un Bainville, que celui d'un Keynes, et leurs thèses supposées contradictoires, il me semble en fait, renforcés par le recul du temps, que leurs travaux se complètent.

    Aussi bien les conséquences économiques, vues par Keynes, que les conséquences politiques de cette paix, vues par Bainville, ne pouvaient se révéler que catastrophiques. Et les prévisions de l'historien nationaliste français comme celles de l'économiste britannique, – si souvent dans l'erreur pourtant par ailleurs, – se sont vérifiées. Ceci prouve qu'il était aberrant de ne pas écouter leurs arguments. Ils nous paraissent aujourd'hui évidents. À l’époque malheureusement on les considérait comme des esprits polémiques, purement marginaux. Des insolents, en quelque sorte.

    Or, l'architecte de cette mauvaise paix porte un nom : il s'appelait Clemenceau. Et, il a été glorifié, plus que jamais cette année par Hollande, et sans doute par Valls qui se croit la réincarnation du "Tigre". On continue à l'encenser malgré la somme invraisemblable de fautes qu'il aura commises pendant toute sa carrière. On s'efforce d'oublier son rôle belliciste tout particulièrement à la fin de la guerre. On veut effacer des mémoires son incompétence lors de la négociation des traités de Versailles, imposé à l'Allemagne, de Saint-Germain-en-Laye infligé à l'Autriche, de Trianon à la Hongrie, de Neuilly à la Bulgarie, et celui de Sèvres enfin supposé soumettre, de façon définitive, la Sublime Porte.

    Or, signé en 1920, cet instrument diplomatique ne fut pratiquement pas exécuté. Le gouvernement d'Athènes commit la folie de croire, pratiquement seul, les promesses de ce qu'on n'appelait pas encore la communauté internationale. Le peuple grec paya cette naïve confiance du prix de la catastrophe d'Asie mineure de 1922. Celle-ci se solda par l'élimination des autochtones chrétiens, de Smyrne à Trébizonde, et la fin d'une présence plusieurs fois millénaire. Cette cruelle leçon de l'histoire n'a pas été retenue.

    En janvier 1918 avait été affirmée la doctrine du président Wilson. Sans son intervention, et sans ses financements, les Alliés n'auraient pu ni continuer, ni encore moins gagner la guerre.

    Ses 14 points allaient donc s'imposer, du moins en tant que théorie.

    Ainsi la carte du démantèlement de l'empire Ottoman fut d'abord dessinée sur une base plus ou moins ethnographique au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

    Ainsi imaginait-on, notamment, de faire une petite place pour les chrétiens sur les terres où le christianisme est apparu.

    Ainsi fut-il prévu à Sèvres en 1920 que le peuple kurde se verrait reconnaître le droit à l'existence d'un Kurdistan indépendant.

    Il se trouve qu'entre 1920 et 1926 les frontières prévues ont été redécoupées, au gré des insouciances parisiennes et des intérêts pétroliers : l'hypothèse chrétienne fut rayée de la carte. Quant aux Kurdes, ils furent alors artificiellement divisés entre quatre États (principaux) : Turquie, Irak, Iran et Syrie. Ils constituent de ce fait, aujourd'hui encore, la plus importante population dans le monde dont l'existence nationale n'est pas reconnue.

    Or, le vent a repris ses tours.

    Le partage du pétrole de l'État irakien, accorde aux Kurdes une réserve constitutionnelle de 17 %. Jusqu'ici elle était soumise au monopole d'exportation de l'État central. Mais cet archaïsme est en train d'exploser. Certes un contentieux opposer bien entendu les autorités locales kurdes au gouvernement de Bagdad. Mais, si le Premier ministre est un chiite du sud, Haïder al-Abadi, la présidence de la république est attribuée à un kurde, en l'occurrence Fouad Massoum. Le contrôle complet sur les ressources du sous-sol ne pourra plus longtemps demeurer sous le contrôle des chiites. Et cela va servira à l'embryon d'un nouvel État qui se développe à Erbil, a déjà repris Kirkouk et pourrait bien viser la reconquête de l'ancien vilayet de Mossoul.

    Le 7 novembre, Ashti Hawrami, ministre des Ressources naturelles annonçait que les exportations de pétrole brut par oléoduc avaient atteint dès cette année le niveau de 34,5 millions de barils pour une valeur de quelque 3 milliards de dollars. Cette quantité dépasse de quelque 60 % les estimations précédentes. Et les perspectives des cinq prochaines années semblent dès maintenant très favorable, avec l'appui des Occidentaux. Les réserves de la région autonome kurde sont estimées à 45 milliards de barils. Les plus grosses compagnies mondiales, Exxon, Total, Chevron et Gazprom viennent donc de signer des accords d'exploration. Ici, d'ailleurs, pétrole et droits de l'Homme paraissent faire bon ménage.

    Le quotidien catholique "Présent" rappelle à ce sujet : "Naguère le ' sultan rouge' Abd-ül Hamid II se servit des chefs de certaines tribus kurdes, qu'il incorpora dans sa sinistre milice 'Hamidiyé' pour massacrer les Arméniens et prendre leurs terres dans l'est anatolien, autour de 1895, prélude au génocide organisé par les jeunes-turcs en 1915. Aujourd'hui les Kurdes apparaissent comme le dernier rempart de la survie des chrétiens." (1)⇓

    Ce retournement dialectique de l'Histoire ne doit être considéré ni comme le premier, ni comme le dernier. Face aux crimes de l'islamo-terrorisme en général, et ceux commis au nom du Néo Califat en particulier, on ne pourra que s'en féliciter.

    JG Malliarakis       

    Apostilles

    cf. sur Présent N° 8228 du 11 novembre 2014.

    http://www.insolent.fr/page/2/

  • Israël sanctionne le médecin norvégien qui soignait à Gaza lors du massacre de cet été

    Mads Gilbert, l’urgentiste norvégien de 67 ans, considéré comme un héros dans son pays et par un grand nombre de Palestiniens, ne pourra plus jamais se rendre à Gaza pour sauver des vies, comme il l’a fait cet été durant plus de 50 jours à l’hôpital d’Al-Shifa.

    Le médecin Gilbert a été empêché de s’y rendre le 1er octobre dernier, alors qu’il rejoignait l’équipe médicale de l’hôpital pour apporter de nouveau son aide, comme il le rapporte sur le site norvégien The Local :

    « Quand nous sommes arrivés à la gare frontière d’Erez, des soldats israéliens m’ont dit que je ne pouvais pas rejoindre la bande de Gaza »

    L’urgentiste possédait pourtant des permis d’entrées et de sorties multiples, invité par le Ministre palestinien de la santé, et sur recommandation de son hôpital norvégien.

    Pour justifier cette interdiction d’entrer dans la bande de Gaza, les autorités israéliennes invoquent des « raisons de sécurité ».

    Source : Itélé

    http://www.contre-info.com/

  • Poutine passe à l’offensive: interview concernant l’économie mondiale en préalable au sommet du G7 En Australie

    Vladimir Poutine passe à l’offensive, une franchise apparente qui détonne dans le paysage de la politique internationale actuelle.

     l’Interview de Vladimir Poutine à l’Agence Tass dévoile les véritables enjeux d’une guerre économique mondiale ouvertement déclarée. Ces déclarations très ciblées sont une façon de confirmer les orientations de sa politique générale mondiale qu’il a développées au forum Valdaï fin octobre, de façon très concrète cette fois-ci, pour un ordre mondial différent et multipolaire face à l’ordre mondial unipolaire et dominant des USA et de leurs alliés.

    Des déclarations qui montrent que le président de Russie continue de monter le ton, et qui peuvent certainement être prises comme des avertissements au monde occidental:
    « Nous sommes pour la suppression des déséquilibres, pour travailler ensemble, mais cette tâche est réalisable seulement par des efforts conjoints, Il est essentiel de présenter un front commun pour aborder toutes ces questions qui émergent sur le chemin. Si nous prenons un chemin différent … Les Etats-Unis envisagent la création de deux alliances: une trans-atlantique, et l’autre, trans-Pacifique. Si celles-ci doivent être deux groupes isolés l’un de l’autre, le résultat final ne sera pas l’élimination des déséquilibres de l’économie mondiale, mais leur exacerbation. Bien sûr, nous sommes pour la suppression de ces déséquilibres, pour travailler ensemble, mais cette tâche est réalisable seulement par des efforts conjoints. »

    Lire la suite

  • Le soutien américain aux « rebelles modérés » profite… aux djihadistes !

     

    Les « rebelles modérés »supposés s’opposer aux djihadistes en Syrie refusent désormais de se battre, abandonnant le terrain à cause du manque d’armes et de soutien promis par l’Occident, ont récemment déclaré certains leaders.

    « L’inconsistance » de la stratégie américaine …

    Malgré la stratégie d’Obama, révélée le mois dernier, qui consistait à armer et entraîner des rebelles pour lutter contre l’Etat Islamique puis contre Bachar el Assad, ces rebelles affirment ne rien recevoir qui leur permettent de combattre convenablement.

    « Nous décidons d’une mission. Ensuite nous nous adressons à l’Etat-major pour recevoir des armes. S’ils acceptent notre plan, les armes arrivent » raconte le commandant Abu Ahmed avant de poursuivre : « Si nous recevons des missiles TOW, nous devons filmer chaque utilisation pour prouver que nous ne les avons pas vendus ».

    Cette défiance engendre de nombreux problèmes, dont celui d’être attaqué par les groupes djihadistes sans recevoir ensuite à temps le soutien nécessaire. Si bien que Jabhat al Nosra, qui se battait aux côtés de rebelles « modérés » jusqu’à ce que les Etats-Unis le bombardent comme l’Etat Islamique s’est retourné contre les premiers, récupérant ensuite les quelques armes distribuées par les Américains …

     

    La nomination récente d’un chef de l’opposition modérée a également été un échec sur le terrain, révélant les illusions de l’Ouest : trouver des rebelles « pro-démocratie », détruire l’Etat Islamique, se battre contre Bachar el Assad et se rapprocher de l’Iran, principal soutien du précédent, tout cela est parfaitement contradictoire.

    …profite aux djihadistes…

    D’autres leaders rebelles prétendent que leurs combattants perdent massivement confiance dans ce combat à cause du manque de soutien occidental et partant donc rejoindre l’Etat Islamique.

    …et non aux prétendus « rebelles modérés »

    « Le niveau de soutien militaire ne nous permet pas d’avancer » a confié l’un d’entre eux. Et si la réalité plus prosaïque était que, dès le début, à part quelques minoritaires, les rebelles, étiquetés modérés ou non, ont toujours été du côté des islamistes.

    Mahmoud, un ancien prisonnier du gouvernement syrien qui travaillait pour l’Armée Syrienne Libre gère désormais deux maisons en Turquie qui accueillent les djihadistes désirant rejoindre Jahbat al Nosra ou l’Etat Islamique.

    Il raconte n’être pas extrémiste mais pragmatique. Comme de nombreux autres, il rejoint donc « les plus forts » contre le « régime de Bachar el Assad ». Quoi d’étonnant ?

    Lu sur Réinformation.tv

    http://www.contre-info.com/le-soutien-americain-aux-rebelles-moderes-profite-aux-djihadistes#more-35460

  • Le ministère des finances n'honore pas les soldats morts pour la France

    En pleine commémoration du 11 novembre, le ministère des finances a publié une communication sur les annulations de crédits, en raison, notamment, des dérapages dans la défense... Les Finances expliquaient que la dérive des finances publiques serait le fait d'une mauvaises maîtrise des opérations extérieures. Au moment où les noms des sept soldats français morts au combat durant l'année écoulée étaient cités, sous l'Arc de Triomphe et en présence de leurs familles.

    En réaction, le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian publie un "message" - un acte solennel et rare pour rappeler que

    "les opérations extérieures de nos armées sont un investissement de la Nation pour sa sécurité, la défense de ses valeurs et de ses responsabilités dans le monde". 

    "Ces engagements représentent une dépense nette supérieure de 605 millions d’euros à la dotation inscrite à l’automne 2013 dans le budget 2014 de la Défense. D’une part, 450 millions d’euros ont été inscrits dans le budget dont j’ai la charge, en stricte conformité avec la loi de programmation militaire. D’une autre, la dépense supplémentaire de la France pour sa sécurité et la défense de ses valeurs se voit intégralement compensée par le budget général de l’État, là aussi, comme le prévoit la loi de programmation militaire en son article 4.

    Ce montant de 605 millions d’euros sera intégralement ouvert par décret d’avance sur le programme « Préparation et emploi des forces » qui a supporté cette dépense, dans le cadre du schéma de fin de gestion 2014 prochainement examiné par le Parlement.

    Chacun connaît les périls qui menacent la paix et notre sécurité. Les Français consentent chaque année un investissement important, 31,4 milliards d’euros, au profit de la Défense nationale. Mon ministère délivre régulièrement les informations opérationnelles et politiques nécessaires à l’appréciation de l’effort engagé par nos forces.

    Notre implication militaire sur plusieurs théâtres ne nous exonère évidemment pas d’un examen rigoureux de leur financement. Que celui-ci se fasse dans un esprit constructif, serein, conscient de l’urgence qui détermine souvent l’engagement de nos soldats à plusieurs milliers de kilomètres de nos terres."

    L'intervention en Centrafrique (Sangaris) et en Irak (Chammal) ont été décidé après le vote de la loi de finances initiale 2014, à l'automne 2013.

    Michel Janva

  • L'oeuvre géopolitique de Sir Halford John Mackinder (1861-1947)

    Qui était le géopoliticien britannique Mackinder, génial concepteur de l'opposition entre thalassocraties et puissances océaniques? Un livre a tenté de répondre à cette question: Mackinder, Geography as an Aid to Statecraft, par W.H. Parker. Né dans le Lincolnshire en 1861, Sir Halford John Mackinder s'est interessé aux voyages, à l'histoire et aux grands événements internationaux dès son enfance. Plus tard, à Oxford, il étudiera l'histoire et la géologie. Ensuite, il entamera une brillante carrière universitaire au cours de laquelle il deviendra l'impulseur principal d'institutions d'enseignement de la géographie. De 1900 à 1947, il vivra à Londres, au coeur de l'Empire Britannique. Sa préoccupation essentielle était le salut et la préservation de cet Empire face à la montée de l'Allemagne, de la Russie et des Etats-Unis. Au cours de ces cinq décennies, Mackinder sera très proche du monde politique britannique; il dispensera ses conseils d'abord aux "Libéraux-Impérialistes" (les "Limps") de Rosebery, Haldane, Grey et Asquith, ensuite aux Conservateurs regroupés derrière Chamberlain et décidés à abandonner le principe du libre échange au profit des tarifs préférentiels au sein de l'Empire. La Grande-Bretagne choisissait une économie en circuit fermé, tentait de construire une économie autarcique à l'échelle de l'Empire. Dès 1903, Mackinder classe ses notes de cours, fait confectionner des cartes historiques et stratégiques sur verre destinées à être projetées sur écran. Une oeuvre magistrale naissait. 

    Une idée fondamentale traversera toute l'oeuvre de Mackinder: celle de la confrontation permanente entre la "Terre du Milieu" (Heartland) et l'"Ile du Monde" (World Island). Cette confrontation incessante est en fait la toile de fond de tous les événements politiques, stratégiques, militaires et économiques majeurs de ce siècle. Pour son biographe Parker, Mackinder, souvent cité avec les autres géopoliticiens américains et européens tels Mahan, Kjellen, Ratzel, Spykman et de Seversky, a, comme eux, appliqué les théories darwiniennes à la géographie politique. Doit-on de ce fait rejeter les thèses géopolitiques parce que "fatalistes"? Pour Parker, elles ne sont nullement fatalistes car elles détiennent un aspect franchement subjectif: en effet, elles justifient des actions précises ou attaquent des prises de position adverses en proposant des alternatives. Elles appellent ainsi les volontés à modifier les statu quo et à refuser les déterminismes.

    L'intérêt qu'a porté Mackinder aux questions géopolitiques date de 1887, année où il pro-nonça une allocution devant un auditoire de la Royal Geographical Society qui contenait notamment la phrase prémonitoire suivante: "Il y a aujourd'hui deux types de conquérants: les loups de terre et les loups de mer". Cette allégorie avait pour arrière-plan historique concret la rivalité anglo-russe en Asie Centrale. Mais le théoricien de l'antagonisme Terre/Mer se révélera pleinement en 1904, lors de la parution d'un papier intitulé "The Geographical Pivot of History" (= le pivot géographique de l'histoire). Pour Mackinder, à cette époque, l'Europe vivait la fin de l'Age Colombien, qui avait vu l'expansion européenne généralisée sans résistance de la part des autres peuples. A cette ère d'expansion succédera l'Age Postcolombien, caractérisé par un monde fait d'un système politique fermé dans lequel "chaque explosion de forces sociales, au lieu d'être dissipée dans un circuit périphérique d'espaces inconnus, marqués du chaos du barbarisme, se répercutera avec violence depuis les coins les plus reculés du globe et les éléments les plus faibles au sein des organismes politiques du monde seront ébranlés en conséquence". Ce jugement de Mackinder est proche finalement des prophéties énoncées par Toynbee dans sa monumentale "Study of History". Comme Toynbee et Spengler, Mackinder demandait à ses lecteurs de se débarrasser de leur européocentrisme et de considérer que toute l'histoire européenne dépendait de l'histoire des immensités continentales asiatiques. La perspective historique de demain, écrivait-il, sera "eurasienne" et non plus confinée à la seule histoire des espaces carolingien et britannique. 

    Pour étayer son argumentation, Mackinder esquisse une géographie physique de la Russie et raisonne une fois de plus comme Toynbee: l'histoire russe est déterminée, écrit-il, par deux types de végétations, la steppe et la forêt. Les Slaves ont élu domicile dans les forêts tandis que des peuples de cavaliers nomades régnaient sur les espaces déboisés des steppes centre-asiatiques. A cette mobilité des cavaliers, se déployant sur un axe est-ouest, s'ajoute une mobilité nord-sud, prenant pour pivots les fleuves de la Russie dite d'Europe. Ces fleuves seront empruntés par les guerriers et les marchands scandinaves qui créeront l'Empire russe et donneront leur nom au pays. La steppe centre-asiatique, matrice des mouvements des peuples-cavaliers, est la "terre du milieu", entourée de deux zones en "croissant": le croissant intérieur qui la jouxte territorialement et le croissant extérieur, constitué d'îles de diverses grandeurs. Ces "croissants" sont caractérisés par une forte densité de population, au contraire de la Terre du Milieu. L'Inde, la Chine, le Japon et l'Europe sont des parties du croissant intérieur qui, à certains moments de l'histoire, subissent la pression des nomades cavaliers venus des steppes de la Terre du Milieu. Telle a été la dynamique de l'histoire eurasienne à l'ère pré-colombienne et partiellement aussi à l'ère colombienne où les Russes ont progressé en Asie Centrale. 

    Cette dynamique perd de sa vigueur au moment où les peuples européens se dotent d'une mobilité navale, inaugurant ainsi la période proprement "colombienne". Les terres des peuples insulaires comme les Anglais et les Japonais et celles des peuples des "nouvelles Europes" d'Amérique, d'Afrique Australe et d'Australie deviennent des bastions de la puissance navale inaccessibles aux coups des cavaliers de la steppe. Deux mobilités vont dès lors s'affronter, mais pas immédiatement: en effet, au moment où l'Angleterre, sous les Tudor, amorce la con-quête des océans, la Russie s'étend inexorablement en Sibérie. A cause des différences entre ces deux mouvements, un fossé idéologique et technologique va se creuser entre l'Est et l'Ouest, dit Mackinder. Son jugement rejoint sous bien des aspects celui de Dostoïevsky, de Niekisch et de Moeller van den Bruck. Il écrit: "C'est sans doute l'une des coïncidences les plus frappantes de l'histoire européenne, que la double expansion continentale et maritime de cette Europe recoupe, en un certain sens, l'antique opposition entre Rome et la Grèce... Le Germain a été civilisé et christianisé par le Romain; le Slave l'a été principalement par le Grec. Le Romano-Germain, plus tard, s'est embarqué sur l'océan; le Greco-Slave, lui, a parcouru les steppes à cheval et a conquis le pays touranien. En conséquence, la puissance continentale moderne diffère de la puissance maritime non seulement sur le plan de ses idéaux mais aussi sur le plan matériel, celui des moyens de mobilité". 

    Pour Mackinder, l'histoire européenne est bel et bien un avatar du schisme entre l'Empire d'Occident et l'Empire d'Orient (an 395), répété en 1054 lors du Grand Schisme op-posant Rome et Byzance. La dernière croisade fut menée contre Constantinople et non contre le Turc. Quand celui-ci s'empare en 1453 de Constantinople, Moscou reprend le flambeau de la chrétienté orthodoxe. De là, l'anti-occidentalisme des Russes. Dès le XVIIème siècle, un certain Kridjanitch glorifie l'âme russe supérieure à l'âme cor-rompue des Occidentaux et rappelle avec beaucoup d'insistance que jamais la Russie n'a courbé le chef devant les aigles romaines. Cet antagonisme religieux fera place, au XXème siècle, à l'antagonisme entre capitalisme et communisme. La Russie opte-ra pour le communisme car cette doctrine correspond à la notion orthodoxe de fraternité qui s'est exprimée dans le "mir", la communauté villageoise du paysannat slave. L'Occident était prédestiné, ajoute Mackinder, à choisir le capitalisme car ses religions évoquent sans cesse le salut individuel (un autre Britannique, Tawney, présentera également une typologie semblable). 

    Le chemin de fer accélerera le transport sur terre, écrit Mackinder, et permettra à la Russie, maîtresse de la Terre du Milieu sibérienne, de développer un empire industriel entièrement autonome, fermé au commerce des nations thalassocratiques. L'antagonisme Terre/Mer, héritier de l'antagonisme religieux et philosophique entre Rome et Byzance, risque alors de basculer en faveur de la Terre, russe en l'occurence. Quand Staline annonce la mise en chantier de son plan quinquennal en 1928, Mackinder croit voir que sa prédiction se réalise. Depuis la Révolution d'Octobre, les Soviétiques ont en effet construit plus de 70.000 km de voies ferrées et ont en projet la construction du BAM, train à voie large et à grande vitesse. Depuis 70 ans, la problématique reste identique. Les diplomaties occidentales (et surtout anglo-saxonnes) savent pertinemment bien que toute autonomisation économique de l'espace centre-asiatique impliquerait automatiquement une fermeture de cet espace au commerce américain et susciterait une réorganisation des flux d'échanges, le "croissant interne" ou "rimland" constitué de la Chine, de l'Inde et de l'Europe ayant intérêt alors à maximiser ses relations commerciales avec le centre (la "Terre du Milieu" proprement dite). Le monde assisterait à un quasi retour de la situation pré-colombienne, avec une mise entre parenthèses du Nouveau Monde. 

    Pour Mackinder, cette évolution historique était inéluctable. Si Russes et Allemands conjuguaient leurs efforts d'une part, Chinois et Japonais les leurs d'autre part, cela signifierait la fin de l'Empire Britannique et la marginalisation politique des Etats-Unis. Pourtant, Mackinder agira politiquement dans le sens contraire de ce qu'il croyait être la fatalité historique. Pendant la guerre civile russe et au moment de Rapallo (1922), il soutiendra Denikine et l'obligera à concéder l'indépendance aux marges occidentales de l'Empire des Tsars en pleine dissolution; puis, avec Lord Curzon, il tentera de construire un cordon sanitaire, regroupé au-tour de la Pologne qui, avec l'aide française (Weygand), venait de repousser les armées de Trotsky. Ce cordon sanitaire poursuivait deux objectifs: séparer au maximum les Allemands des Russes, de façon à ce qu'ils ne puissent unir leurs efforts et limiter la puissance de l'URSS, détentrice incontestée des masses continentales centre-asiatiques. Corollaire de ce second projet: affaiblir le potentiel russe de façon à ce qu'il ne puisse pas exercer une trop forte pression sur la Perse et sur les Indes, clef de voûte du système impérial britannique. Cette stratégie d'affaiblissement envisageait l'indépendance de l'Ukraine, de manière à soustraire les zones industrielles du Don et du Donetz et les greniers à blé au nouveau pouvoir bolchévique, résolument anti-occidental. 

    Plus tard, Mackinder se rendra compte que le cordon sanitaire ne constituait nullement un barrage contre l'URSS ou contre l'expansion économique allemande et que son idée première, l'inéluctabilité de l'unité eurasienne (sous n'importe quel régime ou mode juridique, centralisé ou confédératif), était la bonne. Le cordon sanitaire polono-centré ne fut finalement qu'un vide, où Allemands et Russes se sont engouffrés en septembre 1939, avant de s'en disputer les reliefs. Les Russes ont eu le dessus et ont absorbé le cordon pour en faire un glacis protecteur. Mackinder est incontestablement l'artisan d'une diplomatie occidentale et conservatrice, mais il a toujours agi sans illusions. Ses successeurs reprendront ses catégories pour élaborer la stratégie du "containment", concrétisée par la constitution d'alliances sur les "rimlands" (OTAN, OTASE, CENTO, ANZUS). 

    En Allemagne, Haushofer, contre la volonté d'Hitler, avait suggéré inlassablement le rapprochement entre Japonais, Chinois, Russes et Allemands, de façon à faire pièce aux thalassocraties anglo-saxonnes. Pour étayer son plaidoyer, Haushofer avait repris les arguments de Mackinder mais avait inversé sa praxis. La postérité intellectuelle de Mackinder, décédé en 1947, n'a guère été "médiatisée". Si la stratégie du "containment", reprise depuis 1980 par Reagan avec davantage de publicité, est directement inspirée de ses écrits, de ceux de l'Amiral Mahan et de son disciple Spykman, les journaux, revues, radios et télévision n'ont guère honoré sa mémoire et le grand public cultivé ignore largement son nom... C'est là une situation orwellienne: on semble tenir les évidences sous le boisseau. La vérité serait-elle l'erreur?

    Robert STEUCKERS.

    W.H. PARKER, Mackinder. Geography as an Aid to Statecraft, Clarendon Press, Oxford, 1982, 295 p., £ 17.50.

     http://robertsteuckers.blogspot.fr/2014/11/loeuvre-geopolitique-de-sir-halford.html

  • Tartempion a tué Ben Laden...

    Explosion d’égos dans les forces spéciales américaines

    Le spectacle est affligeant. « C’est moi qui ai tué Ben Laden ! – Non, c’est moi ! » Matt Bissonnette avait, si l’on ose dire, dégainé le premier en publiant dès 2012 un livre (sous le pseudonyme de Mark Owen) dans lequel cet ancien Navy Seals racontait l’exécution d’Oussama Ben Laden, le 2 mai 2011. Robert O’Neill, un autre ancien des commandos-marine américains revendique aujourd’hui cette action d’éclat. La chaîne Fox TV doit diffuser son témoignage, mardi et mercredi, mais son nom a largement filtré dans la presse. L’an passé, il avait déjà témoigné dans le magazine Esquire, sous le pseudonyme de The Shooter (le tireur).

    L’auteur de ce blog a écrit un (petit) livre sur la mort de Ben Laden, autant dire qu’il scrute avec attention toutes les informations nouvelles sur ce raid. Force est de constater que ce nouveau témoignage ne nous en apporte guère... mais il en dit beaucoup sur la « starisation » des forces spéciales.

    Les conditions exactes des derniers instants de Ben Laden restent entourées d’un certain mystère. On sait qu’il se trouvait dans sa chambre à coucher, au deuxième étage de sa maison d’Abbotabad au Pakistan, en compagnie de deux de ses épouses. Dans l’obscurité totale, le groupe de tête des Seals (trois hommes, dont Bissonnette et O’Neill) monte les escaliers et tue Khalid, l’un des fils d’Oussama. Lorsqu’ils arrivent au deuxième étage, les récits divergent. Ben Laden est-il retourné précipitamment dans sa chambre ou n’a-t-il pas eu le temps d’en sortir ? On l’ignore. Quoi qu’il en soit, les trois commandos défoncent la porte et se trouvent face au chef d’Al Qaïda. L’un d’entre eux se jette sur ses deux femmes, pour les écarter – et encaisser l’explosion au cas où elles auraient des ceintures explosives. Ben Laden n’est pas armé. On retrouvera son revolver Makarov et sa Kalachnikov sur une étagère. Les commandos ouvrent le feu et lui mettent au moins une (sans doute deux) balles dans la tête. Qui, des deux commandos, a tiré le premier ? Tartempion ou Barbanchu (1) ? [....]

    La suite sur Secret Defense

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Tartempion-a-tue-Ben-Laden

  • De jeunes enfants français armés, djihadistes en Syrie

    La scène se passe dans la ville de Racca (Syrie) qui est aux mains de l’Etat Islamique.

    Un homme parlant français s’adresse à deux enfants. L’un répond en français qu’il vient de “Strasbourg 6-7″. L’autre enfant déclare, avec un accent de la Ville Rose, venir “de Toulouse, de la Reynerie”, un quartier sensible ; à la question “tu représentes Mohamed Merah ?  Allah Ou-akbar !” il répond “oui”.

    Plus tard le “Strasbourgeois” déclare “Vaux mieux venir ici car là où vous êtes [en France] vous avez pas de chance. Parce que là-bas, vous êtes dans un pays de «koufars» (infidèles). Ici on est des «moudjahidines», on est en Syrie, on est à Racca ici, c’est la guerre ici !”

    Par le droit du sol ils sont français “comvouzémoi”.

    La vidéo est hébergée par Daily Military Defense & War Archive dont le but est de présenter des documents sur la guerre vue des deux cotés. L’organisme indique que la vidéo a probablement été filmée entre octobre et novembre 2014.

    http://fr.novopress.info/178213/jeunes-enfants-francais-armes-djihadistes-en-syrie/