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géopolitique - Page 837

  • Thierry Meyssan - " la guerre imminente contre la Syrie?"


    Thierry Meyssan - " la guerre imminente contre... par zapataguevara

  • La Réserve Fédérale des Etats-Unis empêche l’Allemagne de rapatrier son or

    Ex: Telesur
    Les Etats-Unis refusent de rendre l’or que l’Allemagne a mis à l’abri dans la Réserve Fédérale des USA et a, par ailleurs, empêché les représentants allemands de visiter le coffre de la Banque Centrale de ce pays pour vérifier l’état des tonnes d’or entreposées.
    La méfiance par rapport au dollar pourrait s’intensifier après que la Bundesbank allemande ait demandé le rapatriement de son or entreposé dans la Réserve Fédérale des États-Unis, mais que Washington ait refusé de le faire avant 2020.
    L’agence d’information russe, RT, a publié que les représentants allemands se sont vus refuser le permis de visiter le coffre de la Banque Centrale des États-Unis.
    « L’Allemagne, qui y a entreposé près de la moitié de ses réserves en or, a de bonnes raisons de s’inquiéter. En général, les institutions financières des USA sont connues pour vendre ce qui n’existe pas réellement », écrit RT sur la publication de son portail Web.
    Ils citent l’exemple de 2012, lorsque la banque Goldman Sachs vendait des certificats d’or en assurant qu’ils étaient garantis par l’or authentique de ses coffres. Cependant, comme cela s’est su par après, il n’y avait pas d’or dans ces coffres, et la banque travaillait sur base d’un système de réserve fractionnaire, en supposant que peu de dépositaires exigeraient de récupérer leur or.
    Le fondateur et président de l’Association Allemande de Métaux Précieux, Peter Boehringer, considère que ce refus des États-Unis est un mauvais signe.
    « Nous avons exercé beaucoup de pression sur la Bundesbank, nous lui avons envoyé énormément de questions, ainsi que d’autres entités. Nous voulons savoir pourquoi elle n’agit pas en tant qu’audit approprié, pourquoi ils ne font pas pression sur la banque centrale de son partenaire, tout particulièrement sur la Réserve Fédérale, pour qu’elle soit un audit adéquat. Pourquoi n’est-il pas possible de rapatrier cet or ? Il y a donc énormément de questions sans réponses », dit-il.
    « Les USA et la Réserve Fédérale financent actuellement entre 60 et 80% de la dette fédérale récemment publiée, les bons du Trésor. Et son achat libre est une mauvaise nouvelle pour la dette des USA. Cela met en évidence que quelque chose va mal pour la qualité du dollar des États-Unis comme monnaie de réserve. La Chine et l’Inde vont probablement consommer 2.300 tonnes d’or conjointement cette année, ce qui équivaut presque à 100% de la production mondiale », explique-t’il.
    La Réserve Fédérale des États-Unis est une des organisations les plus secrètes au monde. Depuis bien des années, elle entrepose de grandes quantités d’or de différents pays. Si auparavant elle était considérée comme l’endroit le plus sûr pour les réserves de beaucoup de pays, maintenant la situation a changé, puisque l’or qui y est entreposé s’épuise du fait de sa vente, son cautionnement ou son utilisation comme garantie financière.
    En janvier de cette année, la Bundesbank allemande a informé de sa décision de rapatrier 674 tonnes des réserves officielles d’or déposées à l’étranger d’ici 2020.
    Jusqu’au 31 décembre 2012, la banque allemande conservait 31% de son or sur le sol allemand. Avec cette mesure, ils estiment que cette quantité s’élève à 50% avant le 31 décembre 2020.
    « Les réserves d’or d’une banque centrale créent de la confiance », indique l’entité financière dans un communiqué qui assure que cette mesure augmentera la confiance en sa propre économie.
    L’Allemagne possède la seconde plus grande réserve d’or au monde ; 3.396 tonnes. Au cours des prochaines huit années, 674 tonnes vont être rapatriées depuis New-York et Paris, avec pour objectif que 50% de cet or soit entreposé sur le sol allemand. 13% des réserves d’or allemandes sont entreposée à Londres et y resteront entreposées. Les réserves d’or déposées à New-York devraient passer de 45% à 37%. Les 374 tonnes actuellement entreposées à la Banque de France à Paris retourneront sur le sol allemand.
    Source : Telesur
    Traduit par SanFelice pour Investig'Action
    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Isolationnisme par dissolution, au soleil de la NSA

    Ex: http://www.dedefensa.org

    Il n’y a rien que l’establishment américaniste ne craigne et ne dénonce plus que l’isolationnisme. Les administrations successives depuis la fin de la guerre froide ont diabolisé avec véhémence cette tendance alors qu’une politique hyper-interventionniste s’est développée, comme on le sait, et particulièrement depuis l’attaque du 11 septembre 2001. Le poaradoxe de cette évolution par rapport aux craintes d’isolationnisme est que cette politique hyper-interventionniste ajoutée aux diverses crises en cours aux USA ont conduit à la pire des crises, qui est la paralysie du pouvoir, et à une situation qui commence à ressembler à une sorte d’“isolationnisme” par défaut. La crise égyptienne a mis cette situation en évidence, aussi bien par la confusion de la politique US qui se complaît dans une absence complète de décision entraînant une perte à mesure d’influence, voire même de présence dans cette crise majeure du Moyen-Orient (voir le 21 août 2013).

    Cette crise du pouvoir à Washington se ressent même dans les groupes de pression les plus actifs, et notamment chez les fameux neocons. On retrouve chez eux, mais d’une façon aggravée et dans l’occurrence beaucoup plus importante de la crise égyptienne, la division qu’on avait observée lors de la crise libyenne (voir notamment le 29 mars 2011). Cette fois, ce sont deux dirigeants ou inspirateurs majeurs du mouvement qui s’opposent sur la question égyptienne, avec la fracture que cela entraîne à la fois dans le mouvement et pour son influence : William Kristol et Robert Kagan. Jim Lobe a publié un nouvelle à ce propos le 20 août 2013.

    «... Bill Kristol, in a Sunday appearance on ABC’s “This Week With George Stephanopolous”, crystallized (shall we say) the internal split among neoconservatives over how to react to the military coup and subsequent repression against the Muslim Brotherhood in Egypt. Breaking with his fellow-neoconservative princeling, Robert Kagan (with whom he co-founded the Project for the New American Century (PNAC) and its successor, the Foreign Policy Initiative (FPI), Kristol came out against cutting military aid to Egypt... [...]

    »It’s a remarkable moment when the two arguably most influential neocons of their generation disagree so clearly about something as fundamental to US Middle East policy, Israel and democracy promotion. They not only co-founded PNAC and the FPI; in 1996, they also co-authored “Toward a Neo-Reaganite Foreign Policy” in Foreign Affairs, which among other things, advocated “benevolent global hegemony” as the role that Washington should play in the post-Cold War era. But they now appear to have a fundamental disagreement about how that benevolence should be exercised in a strategically significant nation which is also important to Israel’s security.

    »Of course, this disagreement highlights once again the fact that democracy promotion is not a core principle of neoconservatism. It also suggests that the movement itself is becoming increasingly incoherent from an ideological point of view. Granted, Kagan considers himself a strategic thinker on the order of a Kissinger or Brzezinski, while Kristol is much more caught up in day-to-day Republican politics and consistently appears to align his views on the Middle East with those of the Republican Jewish Coalition and the Likud-led Israeli Government. But what is especially interesting at this moment is the fact that Sens. John McCain and Lindsay Graham — both leaders of what could be called the neoconservative faction of the Republican Party — are moving into Kagan’s camp.»

    Cette division dans le groupe le plus actif et le plus extrémiste pour soutenir l’interventionnisme extérieur conforte la thèse d’un “isolationnisme par défaut” en réduisant d’autant les pressions sur l’administration Obama, justement parce que les neocons ne savent plus que recommander comme type d’action du fait de leur division, eux-mêmes victimes de la même paralysie que celle qui touche l’administration Obama. La situation n’est pas meilleure dans le parti républicain, force habituelle poussant à l’hyper-interventionnisme mais elle aussi divisée ou incertaine sur la politique à suivre. On a déjà souligné le paradoxe d’un McCain, qui, après avoir hésité, s’est prononcé pour la suppression de l’aide de à l’Égypte, se retrouvant ainsi sur la même ligne que son ennemi juré Rand Paul, qui s’affiche clairement de tendance neo-isolationniste et veut la fin de l’aide à l’Égypte selon cette logique. McCain est dans un état proche de la sénilité et il est plus que jamais l’inspirateur de la politique extérieure prônée par le parti républicain. Les quelques appréciations concernant l’état du pouvoir washingtonien de “Spengler”, de ATimes.com, déjà cité le même 21 août 2013, valent d’être reproduites ; elles sont très incisives et très justes à la fois... (Notamment cette très juste remarque que la catastrophique politique égyptienne des USA n’est pas le résultat de l’aveuglement mais de l’impuissance du pouvoir ; notamment cette très juste conclusion que le parti républicain est terrorisé par les néo-isolationnistes type-Rand Paul alors que, finalement, McCain se retrouve sur la même ligne que Rand Paul...)

    «America's whimsical attitude towards Egypt is not a blunder but rather a catastrophic institutional failure. President Obama has surrounded himself with a camarilla, with Susan Rice as National Security Advisor, flanked by Valerie Jarrett, the Iranian-born public housing millionaire. Compared to Obama's team, Zbigniew Brzezinski was an intellectual colossus at Jimmy Carter's NSC. These are amateurs, and it is anyone's guess what they will do from one day to the next.

    »By default, Republican policy is defined by Senator John McCain, whom the head of Egypt's ruling National Salvation Party dismissed as a “senile old man” after the senator's last visit to Cairo. [...] It doesn't matter what the Republican experts think. Few elected Republicans will challenge McCain, because the voters are sick of hearing about Egypt and don't trust Republicans after the debacles in Iraq and Afghanistan.

    »Neither party has an institutional capacity for intelligent deliberation about American interests. Among the veterans of the Reagan and Bush administrations, there are many who understand clearly what is afoot in the world, but the Republican Party is incapable of acting on their advice. That is why the institutional failure is so profound. Republican legislators live in terror of a primary challenge from isolationists like Senator Rand Paul (R-KY), and will defer to the Quixotesque McCain.»

    Cette situation est l’objet de critiques à l’intérieur même des bureaucraties de sécurité nationale, notamment du département d’État, notamment de fonctionnaires marquées par leur engagement interventionniste mais aussi par leur position pro-israélienne. C’est ce que détaille un article de Gayle Tzemach Lemmon, senior fellow au Council Foreign Relations, et donc marquant une position approuvée par le puissant CFR. (L’article, sur DefenseOne.com, le 21 août 2013.) Curieusement, l’article ne vaut guère que par l’idée qu’il exprime dans son titre, qui est celle de l’isolationnisme («Whispers in the Ranks that Iraq Has Turned Obama Isolationist to a Fault»). L'analyse, qui porte sur la Syrie, développe des arguments oiseux dans la mesure où les critiques, comme l’ultra-pro-israélien Dennis Ross, voire comme le CFR lui-même, ont eu la même attitude erratique sur la Syrie que celle qu'ils dénoncent dans la politique de l’administration Obama ; la politique de “prudence” US en Syrie est beaucoup plus défendable, du point de vue du système de l’américanisme, que la confusion extraordinaire de Washington dans la crise égyptienne, cette dernière crises avec des enjeux bien plus décisifs pour les USA. La référence à l’Irak (et l’Afghanistan) est également oiseuse («In a recent interview with National Public Radio, a Syrian rebel commander, formerly a Syrian Army colonel, said what many in Washington have whispered: It is “our bad luck” that Syria “has come after Afghanistan and after Iraq.”»). L’Irak (et l’Afghanistan) ne sont pas une cause de l’actuelle paralysie, mais une étape dans la dégradation du pouvoir menant à l’actuelle situation catastrophique du pouvoir washingtonien. Le résultat tel qu’il est présenté est aussi bien catastrophique : cet “isolationnisme par défaut”, qui est certainement une perspective proche de la réalité, n’a aucune des vertus de l’isolationnisme puisqu’il se fait alors que l’“Empire” est engagé partout, désormais sans effets bénéfiques, et qu’il perd son sang (son fric, ses budgets pentagonesques, etc.) dans cet étalage de puissance impuissante...

    Cela (“l’actuelle situation catastrophique du pouvoir washingtonien”) étant fixé, nous passons à ce qui semblerait être un tout autre domaine ; pourtant, qui figure dans notre volonté de l'intégrer dans notre analyse comme un prolongement du précédent, et qui pourrait et même devrait être considéré en fait comme une cause fondamentale de l’accélération du précédent. Il s’agit de la grande autre crise de l’été, la crise Snowden/NSA. Un article de Dan Roberts, dans le Guardian de ce 22 août 2013, développe un sentiment profond d’amertume du fait de l’absence de débat, sinon même d’information à la lumière de l’“incident d’Heathrow” (le cas David Miranda, voir le 20 août 2013), de la part de la presse britannique, dans cette crise Snowden/NSA qui est aussi une “crise GCHQ” (“partner” à temps complet et britannique de la NSA) impliquant le Royaume-Uni. Dan Roberts a son explication, qui concerne la différence de mentalité et de goût du débat politique entre les USA, – dont la vertu démocratique reste ainsi sauvegardée, – et le Royaume-Uni. Voici quelques citations de l’article de Roberts, qui relève par ailleurs la stricte vérité quant à l’étonnante faiblesse, sinon quasi-absence, de réactions de la presse britannique essentiellement à l’incident qui est survenu au Guardian de devoir détruire des disques durs du fonds Snowden sous la pression des autorités, – cette violation de la liberté de la presse qui aurait dû conduire à une réaction de solidarité...

    «From the moment the first story revealing sweeping surveillance of domestic phone records by the National Security Agency appeared in early June, the Guardian ignited a storm of public and political debate in the US that has been noticeably absent in the UK response to similar revelations about GCHQ spying. Within hours, former vice-president Al Gore declared this "secret blanket surveillance [was] obscenely outrageous", setting the tone for weeks of mounting criticism from both left and right and a series of follow-up investigations that have forced the administration to consider major reforms. [...]

    »As saturation media coverage across US television networks, newspapers and websites dominated the news agenda through June and July, the White House was forced to modify its defence of the programmes and Congress prepared to act. On 24 July, more than 200 Congressmen voted in favour of legislation to ban the bulk collection of US telephone records, a narrowly-defeated bill that shocked defenders of the NSA and united libertarians on the right with liberals on the left. Michigan Republican Justin Amash, said he introduced his amendment to the annual Defence Department appropriations bill to "defend the fourth amendment, to defend the privacy of each and every American". A further 11 legislative attempts at reform and improved oversight are expected to dominate Capitol Hill when lawmakers return in September, with some sort of united response seen as inevitable. [...]

    »[...I]n contrast to US politicians and officials, there has been very little official acknowledgement that there is a public interest in holding a debate, and much less any sign that something might need to change as a result. Instead home secretary Theresa May has sought to justify the use of draconian laws to detain David Miranda for assisting Guardian journalists in reporting the story by claiming he was carrying “stolen information that could help terrorists”. Former foreign secretary Malcolm Rifkind made similar claims that the Guardian had been “helping terrorists” when defending a decision to force the newspaper to destroy certain computers containing Snowden's leaks. The decision was backed by a former civil libertarian deputy prime minister Nick Clegg. [...]

    »A so-called D notice was even issued by authorities in London to deter reporting of the original leaks on Fleet Street — something hard to imagine in a US media and political community that has been consumed by the story for three months. In Germany, there was initially more reporting of Miranda's detention at Heathrow and news of Guardian computers being destroyed than where they happened in London. On Tuesday morning it made the lead story on Spiegel, Zeit, Sueddeutsche, Frankfurter Allgemeine websites before anything had appeared on the Telegraph, Times, Mail or BBC websites. A columnist for Speigel suggested it caused less soul-searching at home than in the US or Germany because “Britons blindly and uncritically trust their secret service”»

    En dépit de l’apparente différence de champ de réflexion et d’action entre ces deux événements, la politique US dans la crise égyptienne et la crise Snowden/NSA – l’“isolationnisme par défaut” de Washington et l’activisme échevelé autour de la question de la NSA respectivement, – nous allons au contraire établir un lien direct entre les deux événements. Certes, nous suggérions déjà cette idée dans notre texte du 21 août 2013 : «Quant au bloc BAO, finalement, tout s’explique dans le chef de sa paralysie, outre son état chronique qu'on observe : il se trouve plongé si profondément dans un débat sur l’état de lui-même, avec la crise Snowden/NSA, qu’il n’est pas loin d’être, d’une autre façon certes, dans une situation de confusion proche de la situation égyptienne. D’une certaine façon, il en est l’équivalent, encore une fois à sa manière, par rapport à la “décrépitude extraordinaire” de sa propre architecture.» (Et, certes, nous maintenons le cas du bloc BAO, et non pas seulement des USA comme l’article du Guardian le suggère : l’effet de la crise Snowden/USA sur la psychologie américaniste, et la crise qu’enfante cet effet, se répandent nécessairement à tout le bloc BAO ; quant à la “décrépitude extraordinaire”, on admet sans trop de difficultés que c’est celle du bloc dans son ensemble.)

    Les spectres épuisent la psychologie

    Bien entendu, en bon anglo-saxon qui n’oublie jamais ses dévotions à l’American Dream version-Fleet Street, Dan Roberts attribue in fine le débat extraordinaire que la crise Snowden/NSA a provoqué et ne cesse d’alimenter aux USA à la vertu propre à ce même American Dream : démocratie, transparence, Premier Amendement de la Constitution, We, The People et ainsi de suite. Cela, bien entendu, par contraste avec les aspects quasi-médiévaux dans l’obscurantisme de l’establishment britannique, qui ne peut être fustigé par les Anglo-Saxons que lorsqu’il permet de valoriser d’autant l’American Dream. L’air est connu, la chanson aussi.

    Ce n’est pas du tout notre appréciation, même si nous acceptons l’idée que cette supposée “vertu” de l’American Dream a son utilité, mais comme moyen et comme outil de circonstance offerts par le conformisme américaniste, nullement comme fin. Le fond du débat extraordinaire qu’a ouvert la crise Snowden/NSA, c’est la réalisation extrêmement concrète, extrêmement réaliste, de ce qu’est exactement la NSA (et, plus, par extension, on le verra plus loin en retrouvant la crise égyptienne). Nous avons souvent épilogué là-dessus et ne manquons jamais d’y revenir, en faisant de la NSA (et du reste) cette entité qui n’est pas loin d’être une égrégore, qui est hors de tout contrôle humain, et dont on découvre qu’elle est sur une pente à la fois catastrophique et eschatologique qui met en cause le Système lui-même, ou bien qui fait douter inconsciemment du Système lui-même. Cette prise de conscience, c’est l’important, touche d’abord l’establishment lui-même, cet outil du Système, comme on le voit par la vigueur du débat qui est le fait de cet establishment et nullement du public, de la question des 99% contre les 1% à l’occurrence du vote de la Chambre. L’idée de cette dangerosité ultime de l’évolution de ce qui est le produit du Système (la NSA et le reste), de sa perversité qui le fait évoluer entre surpuissance et autodestruction hors de tout contrôle possible, se répand et est exprimée sans ambages. On peut le lire, par exemple, dans le chef de Simon Jenkins qui, s’il a une plume parfois alerte et audacieuse, n’en est pas moins un commentateur-Système au sein de la presse-Système. (Le 21 août 2013, dans le Guardian.)

    «Last week in Washington, Congressional investigators discovered that the America's foreign intelligence surveillance court, a body set up specifically to oversee the NSA, had itself been defied by the agency “thousands of times”. It was victim to "a culture of misinformation" as orders to destroy intercepts, emails and files were simply disregarded; an intelligence community that seems neither intelligent nor a community commanding a global empire that could suborn the world's largest corporations, draw up targets for drone assassination, blackmail US Muslims into becoming spies and haul passengers off planes.

    »Yet like all empires, this one has bred its own antibodies. The American (or Anglo-American?) surveillance industry has grown so big by exploiting laws to combat terrorism that it is as impossible to manage internally as it is to control externally. It cannot sustain its own security. Some two million people were reported to have had access to the WikiLeaks material disseminated by Bradley Manning from his Baghdad cell. Snowden himself was a mere employee of a subcontractor to the NSA, yet had full access to its data. The thousands, millions, billions of messages now being devoured daily by US data storage centres may be beyond the dreams of Space Odyssey's HAL 9000...»

    Notre appréciation et notre hypothèse sont que la puissance du débat est telle aux USA, et le bouleversement qu’il implique par conséquent, que l'un et l'autre affectent profondément les psychologies et donnent ainsi aux jugements une aire nouvelle où se former. (Cette sorte de démarche privilégiant l'importance de la psychologie n’est certes pas conforme aux capacités planificatrices et rationnelles que certains prêtent au Système, mais elle permet d’éviter le piège de la naïveté de croire que cet artefact de surpuissance puisse accorder quelque attention que ce soit aux vertus subtiles de la raison et de l’organisation théorique des événements.) Dans cette circonstance, le cas de la NSA n’est plus exceptionnel, il devient exemplaire. Il devient le cas beaucoup plus général de la communauté de sécurité nationale ou de la communauté sécuritaire, du complexe militaro-industriel, du National Security State ou du Global Surveillance/Security System, c’est-à-dire de tout ce qui fait la substance même à la fois du Système, du système de l’américanisme, et de tout ce qui en découle. Le débat met en avant des spectres aussi terrifiants que celui de la destruction de la NSA, avec des effets irréparables sur le complexe-militaro-industriel, ou bien au contraire, et ceci et cela dans une même appréhension, dans un même jugement, le spectre de la destruction du système de l’américanisme par le Système, ou de la destruction des deux par les monstres qu’ils ont enfantés.

    Tout cela, perçu par une psychologie déjà épuisée par une continuité crisique sans précédent, de thème en thème avec aucun qui ne soit résolu, au moins depuis 2008, et notamment avec la crise centrale du pouvoir washingtonien, tout cela qui fait craindre désormais une issue fatale épuise encore plus cette psychologie déjà épuisée. L’effet se fait alors sentir sur les politiques, et notamment, pour ce qui nous intéresse, sur la politique égyptienne des USA (du bloc BAO), qui représente si parfaitement la complexités, les contradictions, la production systématique d’effets antagonistes, de tout ce qui a été conduit depuis des années dans cette région, alors que l’enjeu égyptien est d’une si considérable importance d’un point de vue US (bien plus que l‘enjeu syrien, répétons-le). Le désordre engendré par la politique qui se prétendait maîtresse du désordre qu’elle provoquait et continue à provoquer, jusqu’à affirmer qu’il s’agissait d’une stratégie dissimulée pleine de génie (“le désordre créateur”), finit par toucher la substance de la politique elle-même et la psychologie de ceux qui osent à peine prétendre encore la conduire, – le désordre paralysant de la politique, et l’épuisement de la psychologie par le désordre paralysant de la politique. On comprend que la crise Snowden/NSA telle qu’on l’a décrite vienne là-dessus comme le coup de grâce.

    Cette perception d’une psychologie épuisée face à des événements qu’on ne comprend plus, face aux outils de la surpuissance qu’on ne contrôle plus et qui semblent vivre de leur propre vie en menaçant de devenir autodestruction pure, cette perception conduit directement à la paralysie des volontés, à l’atonie des décisions. Le substitut se trouve dans le discours verbeux d’un vieillard en visite au Caire ou dans l’enquête sans fin menée autour du concept de “coup”, dans une réflexion du type “to be or not to be a coup”. L’attitude d’un Obama, celle d’un McCain, le désarroi des neocons, le désordre complet des classements selon les circonstances (McCain au côté d’un Rand Paul, en néo-isolationniste de circonstance !), conduisent à des extensions de non-politiques paralysées productrices de situations qui ne peuvent être décrites que comme des anathèmes pour le Système, – l’isolationnisme par défaut, dans ce cas... Désormais, tout est dans tout et inversement comme diraient les Dupond-Dupont (bonne orthographe), ce qui facilite l’évaluation de la situation ; aucune crise n’échappe aux effets de chaque autre crise, et ainsi s’avance majestueusement la structuration décisive de la crise d’effondrement du Système.

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  • La première guerre civile mondiale

    Chaque jour qui passe apporte son lot de confirmation sur une vérité que beaucoup voudraient ignorer : nous sommes en guerre. Une guerre larvée, relativement calme mais une guerre tout de même.

    Contrairement à une guerre traditionnelle, une guerre civile n’a pas de front bien tracé, de belligérants clairement identifiables à la couleur de leur uniforme. Chaque camp est partout, au sein d’une même ville, d’un même quartier, d’une même famille.

    D’un côté, nous avons une classe de pouvoir. Riches, puissants, ils ont l’habitude de contrôler, ils ne connaissent pas le doute. Ils décident et sont intimement persuadés de le faire dans l’intérêt général. Beaucoup, ni riches ni puissants, les soutiennent. Par peur du changement. Par habitude. Par intérêt personnel. Par crainte de perdre certains acquis. Ou par incapacité intellectuelle de comprendre la révolution à l’œuvre.

    De l’autre, voici la génération numérique. Issus de tous les sexes, tous les âges, toutes les cultures, tous les emplacements géographiques. Ils discutent entre eux, s’échangent des expériences. Découvrant leurs différences, ils se cherchent des points communs en remettant tout en question, jusqu’à la foi et aux valeurs profondes de leurs parents.

     

    Cette population a développé des valeurs qui lui sont propres mais également une intelligence analytique hors du commun. Les outils dont ils disposent leur permettent de pointer très vite les contradictions, de poser les questions pertinentes, de soulever le voile des apparences. À travers des milliers de kilomètres de distance, ils ressentent de l’empathie pour les autres.

    Un fossé grandissant

    Longtemps, j’ai été persuadé qu’il ne s’agissait que d’une question de temps. Que la culture numérique imprégnerait de plus en plus chaque individu et que les plus réfractaires finiraient par disparaître, au fil des générations et du renouvellement naturel.

    Malgré la popularisation des outils tels que le smartphone ou Twitter, cette fracture ne s’est pas résorbée. Au contraire, elle n’a fait que s’empirer. L’ancienne génération n’a pas adopté la culture numérique. Elle s’est contenté de manipuler aveuglement les outils sans les comprendre, en une parodie désespérée du culte du cargo. Résultats : des musiciens qui insultent leurs propres fans, des journaux dont le site web, envahi de publicités, semble être une copie conforme de la version papier, des jeunes politiciens qui utilisent Facebook ou Twitter comme une machine à publier des communiqués de presse sans jamais tenter de communiquer avec leur électorat.

    Il y a 40 ans, deux journalistes révélaient au monde que le président de la nation la plus puissante utilisait les services secrets pour mettre sur écoute ses adversaires politiques. Ce travail d’investigation leur vaudra le prix Pulitzer et mènera à la démission du président.

    Aujourd’hui, des acteurs imprégnés de culture numérique révèle au monde que le président à mis le monde entier sur écoute ! Qu’il envoie des hommes massacrer cyniquement des civils. Ces révélations leur vaudront 35 ans de prison pour l’un et une traque à travers le monde entier pour l’autre. Le président en question est, quand à lui, titulaire d’un prix Nobel de la paix.

    La mort du journalisme

    Contrairement au Watergate, il n’est plus possible de compter sur la presse. Une grand partie des journalistes ont tout simplement cessé tout travail de fond ou d’analyse. Les journaux sont devenus des organes de divertissement ou de propagande. Un esprit un peu critique est capable de démonter la majorité des articles en quelques minutes de recherches sur le web.

    Et lorsque certains journalistes commencent à creuser, ils voient leur famille se faire arrêter et détenir sans raison, ils reçoivent des menaces politiques et sont forcés de détruire leur matériel. Le site Groklaw, qui fut un site déterminant dans la publication d’actualités liées à des grands procès industriels, vient de fermer car sa créatrice a pris peur.

    La classe dirigeant a décidé que le journalisme devait se contenter de deux choses : faire craindre le terrorisme, afin de justifier le contrôle total, et agiter le spectre de la perte d’emplois, afin de donner une impression d’inéluctabilité face aux choix personnels.

    Bien sûr, tout cela n’a pas été mis en place consciemment. La plupart des acteurs sont intiment persuadés d’œuvrer pour le bien collectif, de savoir ce qui est bon pour l’humanité.

    On vous fera croire que l’espionnage des mails ou l’affaire Wikileaks sont des détails, que les questions importantes sont l’économie, l’emploi ou les résultats sportifs. Mais ces questions dépendent directement de l’issue du combat qui est en train de se jouer. Les grandes crises financières et les guerres actuelles ont été crées de toutes pièces par la classe actuellement au pouvoir. La génération numérique, porteuse de propositions nouvelles, est bâillonnée, étouffée, moquée ou persécutée.

    L’état de panique

    En 1974, pour la classe dirigeante il est plus facile de sacrifier Nixon et de faire tomber quelques têtes avec lui.

    Le parallèle avec la situation actuelle est troublant. La classe dirigeante a peur, elle est dans un état de panique et n’agit plus de manière rationnelle. Elle cherche à faire des exemples à tout prix, à colmater les fuites en espérant qu’il ne s’agit que de quelque cas isolés.

    Ils n’hésitent plus à utiliser les lois anti-terroristes de manière inique, contre les journalistes eux-mêmes. Ceux qui prédisaient de telles choses il y a un an étaient traités de paranoïaques. Mais les plus pessimistes n’avait probablement pas imaginer aussi rapidement, aussi directement.

    La destruction des disques durs du Guardian est certainement l’événement le plus emblématique. Son inutilité, son absurdité totale ne peuvent masquer la violence politique d’un gouvernement qui impose sa volonté par la menace à un organe de presse reconnu et réputé.

    Cet épisode illustre la totale incompréhension du monde moderne dont fait preuve la classe dirigeante. Un monde qu’elle pense diriger mais qui échappe à son contrôle. Se drapant dans la ridicule autorité de son ignorance, elle déclare ouvertement la guerre aux citoyens du monde entier.

    Une guerre qu’elle ne peut pas gagner, qui est déjà perdue. Mais qu’elle va tenter de faire durer en entraînant dans leur chute de nombreuses victimes qui seront injustement emprisonnées pendant des années, torturées, arrêtées, harcelées, détruites moralement, poussées au suicide, traquées à travers le monde.

    C’est déjà le cas aujourd’hui. Et parce que vous aurez eu le malheur d’être sur le mauvais avion ou d’avoir envoyé un email à la mauvaise personne, vous pourriez être le prochain sur la liste. Il n’y a pas de neutralité possible. Nous sommes en guerre.

    Création Monétaire   http://fortune.fdesouche.com/318621-la-premiere-guerre-civile-mondiale

  • Iran-USA : une pause dans l’escalade

    Depuis la Révolution islamique de 1979, l’Iran considère les Anglo-Saxons comme ses pires ennemis. En réponse, Tel-Aviv et Washington n’ont cessé de bruisser de rumeurs de guerre contre Téhéran, jamais suivies d’effet. Vernon Sullivan analyse ici les intérêts et l’idéologie des deux camps dans les contextes régionaux et internationaux. L’élection de cheikh Hasan Rohani pourrait n’être qu’une pause dans l’affrontement.

    Si l’on en croit les agences de presse réputées bien informées, les analyses internes des États-uniens sont actuellement très divergentes quant à l’opportunité d’aider Israël dans son projet de refouler l’Iran et le contenir dans ses frontières. Pour les uns, il faut s’y atteler aussitôt que possible et donc poursuivre la guerre syrienne qui n’est que le stade inférieur d’un conflit qu’il est nécessaire d’élargir. Pour d’autres, la guerre comporte des risques trop importants : la destruction du potentiel militaire iranien va entraîner un déséquilibre des forces dans le Golfe au profits des Émirats sunnites, dont la politique ultérieure n’est pas prévisible et qu’il faut envisager de combattre sur le pourtour méditerranéen, dans un délai moins éloigné qu’on ne l’a espéré, à quinze ou vingt ans d’ici. Le lobby pacifiste et temporisateur de Washington s’inquiète principalement des objectifs de certains groupes de pression d’inspiration religieuse, qui se sont montrés souvent bien plus bellicistes que le régime de Téhéran et prêts à soutenir sur certains théâtres des fanatiques qui nuisent franchement aux intérêts de l’Occident.

    Cette inquiétude diffuse explique les atermoiements de l’administration démocrate, qui veut inscrire la diplomatie et l’action militaire des États-Unis dans la continuité des politiques poursuivies sur quatre décennies en même temps qu’elle en sent les défauts et s’effraie d’une possible émancipation militaire des puissances financières sunnites. Le débat fait rage dans le microcosme des experts anglo-saxons du monde arabe et l’absence de ligne unique apparaît nettement dans les publications relatives à la poursuite de la guerre globale engagée en 2001. Pour certains, il urge d’accorder à Israël une licence illimitée pour punir tout agresseur et même prévenir toute possibilité d’attaquer. Pour d’autres, il faut aider l’émergence de nouveaux protagonistes et par exemple donner le maximum d’espace aux menées du Qatar, dont les générosités ont pour principal but de gommer les impacts des aides que l’Iran distribue à certains mouvements rebelles au nom d’un islam réunifié – le vœu irréaliste de l’imam Khomeiny.

    Des observateurs plus fins démontrent que les visées des émirs du Golfe sont changeantes et pas toujours identiques à celles du royaume saoudien. Que le monde sunnite paraît ainsi plus divisé que l’arc chiite qui, malgré les vieilles rivalités politiques et de profonds désaccords d’obédiences, se conduit ces temps-ci comme une forteresse assiégée. La politique intérieure du régime irakien témoigne ainsi de la volonté de s’opposer à toute reprise en mains par les clans sunnites que les Ottomans avaient choisis et l’Angleterre confortés, et que soutiennent aujourd’hui les princes du Golfe. La récente décision d’interdire la diffusion d’une dizaine de chaînes de télévision appartenant aux grandes familles régnantes sunnites est un symptôme : Al-Jazeera, Al-Sharqiyah, Al-Sharqiyah News, Babylonian, Salah Al-Din, Anwar 2, Al-Tagheer, etc. sont désormais incriminées d’incitation à la haine interconfessionnelle et donc de répandre le ferment de la guerre civile. L’Irak se donne les moyens d’en limiter la réception, les chancelleries occidentales ne sont pas en mesure de s’opposer à cette entorse flagrante à liberté d’information.

    États-uniens et Européens sont toujours plus confrontés à ce genre de déconvenues, qui motivent une sorte de repli psychologique sur Israël, seule alliée régionale aux idéaux d’inspiration occidentale. C’est ce qui explique le retour en grâce du régime belliqueux de Netanyahou. Désormais, bien que ce choix ne plaise pas aux Démocrates et à la majeure partie de leur électorat, le Pentagone va s’accommoder de débours importants, et tant pis pour les économies budgétaires ! Le ministère US de la Défense est invité à réfléchir aux modalités d’un rabais de dix milliards de dollars sur la vente de matériel de précision à Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis. Selon le New York Times, il s’agit de renforcer la ligne de défense contre le potentiel d’agression iranien. Mais le même journal constate que le rabais permet d’abord d’offrir à Israël un Boeing KC-135 Stratotanker pour le ravitaillement en vol de chasseurs bombardiers, des radars Osprey V-22 dont aucun pays de l’OTAN ne dispose à part les USA, et 26 chasseurs F-16. Ces matériels cumulés font d’Israël, de l’aveu même des officiels états-uniens, un agresseur potentiel de l’Iran.

    Dans le même temps, le nouveau ministre US de la Défense s’affirme pour la première fois, le 2 mai, en accord avec son homologue britannique sur la nécessité de fournir enfin des lots d’armes létales aux rebelles de l’Armée syrienne libre. On a donc compris que commençait une phase nouvelle du conflit proche-oriental, dont l’objectif ultime est la chute du régime iranien. Il s’agirait d’accélérer la conclusion du conflit syrien pour entrer dans la dernière phase de l’entreprise conduite depuis 2002. Pourquoi faut-il presser le pas ? pour une raison immédiate : l’Iran n’est pas encore en mesure de porter des coups majeurs. Pour une raison plus lointaine : il ne reste que dix ans pour
    - priver la Chine de cet allié potentiel encombrant et
    - précipiter le repli de la Russie vers le nord.
    Selon l’institut CSIS, la ligne rouge peut être franchie par l’Iran si des fusées de type S-300, dont la Russie lui avait refusé la vente, sont fabriquées et lancées par l’Iran lui-même. Car ce sont les seuls projectiles en mesure d’atteindre Israël. Le même institut états-unien suppose qu’Israël a de son coté réussi à augmenter la portée de ses propres fusées et se trouve pour la première fois en mesure de frapper l’Iran avec des charges à hydrogène qui causeraient des centaines de milliers de victimes.

    La guerre devenait pour certains une question de semaines. Le couronnement de tous les efforts entrepris depuis 2001 interviendrait vers la fin de l’été 2013. Certains des cercles religieux conservateurs de Téhéran l’ont compris, de même que les Iraniens fortunés et modernes que les gesticulations du populiste Ahmadinejad tenaient un peu en lisière. Un danger bien réel, concrétisé désormais par le plan de modernisation de l’armée israélienne et la livraison d’armes US modernes pour un montant de 10 milliards de dollars, a motivé la subite volte-face du Guide de la révolution islamique Ali Khamenei en faveur d’un conservatisme moins offensif. Khamenei a compris qu’il fallait tout faire pour éviter l’affrontement et que le meilleur moyen serait de proposer un nouveau partage régional. En ce sens, Rouhani est l’homme providentiel car son programme permet deux choses :
    - tenter l’ajournement du programme états-unien de reconquête et
    - mobiliser la société en redonnant aux classes dominantes et moyennes l’espoir d’une sortie du marasme économique.
    Le message de Khamenei a été clair durant la campagne : « Je souhaite que tous les Iraniens aillent voter, ceux qui veulent sauver notre système autant que ceux qui n’en veulent plus, car les uns et les autres doivent garder confiance en l’institution de la République islamique elle-même ». Entendue comme le rejet des manipulations de 2009 et donc le désaveu public des choix d’Ahmadinejad, cette phrase a fait voter des millions d’abstentionnistes potentiels en faveur d’un homme qui aura pour objectif la consolidation des acquis par la négociation.

    Soudain, les conditions imposent aux Occidentaux de mesurer plus précisément de quelle manière et à quel prix on parviendra à faire plier l’Iran : d’un coté, l’embargo est un succès, la catastrophe monétaire interne et la baisse de l’approvisionnement en denrées de base ont été des facteurs déterminants de la défaite électorale des intransigeants. Mais en même temps, cet embargo n’arrange aucun des voisins de l’Iran. L’Irak le contourne sans cesse, la Turquie par à-coups et en cachette, l’Inde ne renonce pas à un certain volume d’échanges non monétaires, le Pakistan rejoint ce club en mettant en service un pipeline. Par ailleurs, l’endiguement n’est pas une vraie réussite car Téhéran consolide une influence réelle sur l’Irak, l’Arménie et des populations chiites autrefois très peu perméables à son discours — au Yémen, en Afghanistan et Syrie —. L’Axe du mal a donc tendance à s’étendre. La généralisation des guerres lui offre de préciser un discours de plus en plus clairement dirigé contre l’Arabie Saoudite, pays et régime que la propagande iranienne assimile désormais aux assassins des Imams martyrs.

    L’Iran joue à présent la carte d’une réorientation confessionnelle du messianisme révolutionnaire qui peut justifier le projet inavoué d’abandonner les Palestiniens sunnites à des « Frères » plus proches d’une conception de l’islam que les Iraniens ne veulent plus se forcer à partager. Cet abandon revient à relâcher la pression contre Israël. Le débat est ancien au sein du pouvoir iranien. Mir Hossein Moussavi disait en 2009 : « Dépensons notre argent pour nous et pas pour les Arabes ». Même des partisans de la guerre sainte endurcis comme Mohammad Ghalibaf, le maire conservateur de Téhéran, candidat malheureux à la dernière présidentielle, ont dressé durant la campagne un tableau affligeant de la politique palestinienne d’Ahmadinejad. Qalibaf a même estimé que la négation du génocide des Juifs d’Europe avait été une erreur magistrale du régime, nuisible à la cause palestinienne, et qu’aucun politique sérieux ne pouvait continuer à faire du conflit avec Israël une bannière de ralliement. Il serait en effet temps de rappeler que la République islamique n’a jamais introduit de mesures discriminant les juifs dans la vie sociale. Du coté des Pasdarans, garde prétorienne devenue le nœud du pouvoir économique aussi bien que policier, on entretient sans doute les illusions nécessaires à la mobilisation des énergies, sur les moyens de l’armée iranienne, sa capacité à résister à toute intervention étrangère. On veut justifier un train exorbitant de dépenses d’armement par une forte volonté de venir en aide aux chiites libanais comme au régime syrien. Mais de là à croiser le fer pour l’avenir de sunnites en fin de compte toujours prêts à répondre à d’autres appels...

    Cette redoutable habileté à négocier des virages politiques très aigus n’est pas nouvelle dans l’histoire iranienne. Prenant la mesure de l’expérience millénaire d’un empire régional décidément roué, l’administration démocrate demande conseil et reçoit des messages opposés de la part de think tanks rivaux : tantôt l’Iran reste le grand déstabilisateur de l’édifice consolidé après 1956 (alliance avec Israël en même temps qu’avec les Saoudiens) et donc il doit être vaincu et démembré, tantôt l’Iran serait en partie un facteur d’équilibre, notamment sur sa frontière orientale parce que son rôle en Afghanistan a été moins négatif qu’on ne l’a craint : il contribue à l’émiettement, nourrit le désordre, mais coopère également avec toutes les parties et ne semble pas vouloir agresser l’OTAN. Enfin, une nouvelle génération de stratèges US se souvient du poids relatif de l’islam non arabe dans le monde, notant l’indifférence des masses musulmanes asiatiques à la question très arabe du statut de la Palestine. Ils se demandent si l’on peut résoudre la question israélo-palestinienne sans faire occuper les territoires arabes par des troupes occidentales garantes d’une évacuation par Tsahal, pour aussitôt démontrer l’absurdité de cette solution : encore une aventure dont le bénéfice est improbable. En clair, se battre pour un monde arabe pacifié et modernisé, vivant en symbiose avec un Israël pacifique ? buts chimériques, coût faramineux ! on ne dispose pas d’alliés suffisamment forts pour faire le travail que les États-Unis ne veulent plus prendre en charge. Les moyens militaires de la Turquie s’avèrent limités, les arabes n’ont pas d’objectifs communs.

    Reste l’Iran, un régime solide qui s’attache à placer l’Irak dans son orbite et peut le faire basculer avec lui dans une alliance russo-chinoise. Avant de se désengager de l’ornière proche-orientale, il faut peut-être reprendre le dialogue et faire une offre à l’Iran, afin d’être plus à l’aise pour opérer le redéploiement annoncé vers le Pacifique. Car l’Amérique se demande quel sera son intérêt dans la guerre. Ne peut-elle pas en faire l’économie sans pour autant dévier de son objectif premier qui a toujours été de reprendre pied en Iran ? Que gagnera Israël en favorisant une grande coalition contre l’Iran ? Et si elles obtiennent une victoire décisive, les puissances sunnites consolidées resteront-elles des alliées ? Faut-il s’associer aux alliances que Français et Britanniques mettent en place ? [1] Et si ces alliances semblent solides, le projet ultérieur des petits Émirats n’est-il pas de s’émanciper de la tutelle saoudienne, avec ou sans le soutien des Occidentaux ?

    En face, bien qu’il sache parfaitement tenir son rôle de loup garou, l’Iran peut aisément faire figure de partenaire plus fiable sur la durée. Pas plus qu’avec les Turcs, le commerce avec les Iraniens ne réserve de mauvaises surprises. Jusqu’à la toute dernière décennie, l’Iran s’est toujours efforcé de rester dans la sphère commerciale européenne. Coûte que coûte, en dépit des embargos, le volume de son commerce avec l’Union européenne est resté bien supérieur à celui des échanges avec l’Asie. Durant les quinze années qui suivent l’armistice avec l’Irak, les quatre principaux partenaires commerciaux de l’Iran ont été, par ordre d’importance, l’Allemagne, le Japon, l’Italie et la France. L’essentiel des véhicules construits sur place relèvent d’un approvisionnement en pièces détachées importées de l’UE. La maintenance des puits de gaz et pétrole en dépend aussi. Ce n’est qu’en 2009 que la balance penche pour la première fois du coté de l’Asie. Une tendance qui s’accélère très vite pour aboutir en 2012 à une baisse de moitié du volume d’échanges avec l’Europe tandis que les puissances asiatiques prennent toute la place au travers de leurs achats de pétrole brut : Chine, Inde, mais aussi Japon et Corée du Sud. D’une certaine manière, cet embargo imposé par les États-Unis nuit plus aux alliés européens qu’à quiconque. Le blocus est bancaire et donc monétaire, sans effet sur les échanges marchandises particulièrement denses avec les EAU, l’Inde et la Turquie. Quelques transactions ont été faites sur la base de l’étalon or, ce qui met en cause le monopole de fait du pétrodollar et constitue donc presque un acte de guerre contre les États-Unis. Qui plus est, l’Iran exporte désormais des produits autres que les hydrocarbures, des minerais et des pierres de construction – par ex. du marbre maquillé sur les marchés, du bitume... renforçant ses relations commerciales avec de nouveaux émergents islamiques d’Asie comme la Malaisie et même avec le Brésil.

    Pour mettre l’Iran à genoux, il faut faire des efforts démesurés, non seulement bloquer les échanges avec la France, l’Italie et l’Allemagne, mais déstabiliser des circuits traditionnels de contrebande : depuis 18 mois, on a invité le Qatar et Dubaï à expulser les hommes d’affaires iraniens qui entretenaient un commerce côtier séculaire, à présent illégal. On les renvoie, mais c’est peine perdue car les Iraniens trouveront pour ce commerce des mandataires indiens ou pakistanais. Les prix monteront, mais les biens continueront de transiter. La société iranienne est mal en point, mais le nerf du nationalisme n’est pas atteint. La croissance démographique des sunnites ne met pas en cause le leadership chiite et les clivages claniques continuent d’empêcher la structuration de partis politiques exprimant les revendications nationales des minorités ethniques. On peut bien jouer les cartes de l’indépendantisme baloutche et de la guerre civile au Kurdistan, on peut inciter l’Azerbaïdjan à une rhétorique guerrière de libération des turcophones, mais les effets de ces jeux se sont avérés très limités. Il serait plus payant de se trouver des alliés au sein des élites persanes.

    D’autant que la bourgeoisie commerçante iranienne ne peut se faire à l’idée que la situation doive s’éterniser. Dans son ensemble, elle a peu d’appétit pour des produits asiatiques réputés moins durables que les produits européens. Elle tient à garantir un volume d’achats de biens de luxe qui s’écoulent très bien. Les Iraniens payent et ne mettent pas en cause le principe du marché, ils ne se réclament pas d’une économie de rapines. Se croyant moins immoraux que des systèmes politiques plus fermés que le leur, les Iraniens ne parviennent pas à se persuader qu’ils font figures d’ennemis idéologiques des États-Unis. La préférence pour les Saoudiens et le soutien au Pakistan font ricaner ou grincer à Téhéran. On la comprend comme une déclaration de guerre à l’indépendance du pays, un désir de détruire l’État-nation dont la politique ne suit pas l’injonction de libre-échange intégral et de « gouvernance mondiale ». Khamenei fait valoir que cette agressivité US est dans la continuité d’une politique de la canonnière pratiquée en continu par les Russes et les Anglais, de 1828 à 1953, annihilant toute tentative d’instaurer une démocratie parlementaire. Il fait aussi valoir que les ressources gazières seront à très brève échéance plus importantes que les ressources pétrolières et que l’objective de mainmise sur l’Iran s’explique par le fait que ce pays est le troisième détenteur de réserves prouvées... Enfin, et comme d’ailleurs beaucoup d’observateurs du monde arabe, les idéologues iraniens soulignent que le morcellement est un principe d’action que les États-Unis ont toujours privilégié parce que la division est une garantie de leur hégémonie. L’éclatement de l’URSS, de la Yougoslavie, la destruction de l’État irakien sont autant d’exemples ; les conciliabules engagés sur une possible partition de la Syrie en sont la confirmation.

    On peut aisément objecter que cette partition n’est pas l’objectif premier des Occidentaux et que l’OTAN n’est jamais, sous toutes les latitudes, favorable qu’en dernière instance à la révision des frontières existantes. Mais cette objection n’est pas reçue dans un pays qui se considère comme le « morceau le plus juteux » de toutes les parts du gâteau moyen-oriental. À intervalles réguliers, la presse iranienne montre des cartes imaginaires d’un Iran dépecé par les Arabes et les Turcs pour le plus grand profit des Anglo-Saxons. Dans cette optique de résistance, l’Iran se présente souvent comme l’un des seuls bastions de résistance à la pénétration destructrice par les lois dissolvantes du marché. Inspiré par Chavez, Ahmadinejad faisait de leur négation un axe majeur de sa politique, justifiant un vaste réseau de prébendes et de redistributions au profit des défavorisés. Mais la réalité de la société de classes contredit totalement ce discours collectiviste, car l’Iran n’est jamais sorti de l’Économie-Monde, il n’a jamais eu de programme autarcique, et la teneur du discours dominant dans les cercles décideurs est exactement inverse : pour les élites locales il est temps de renverser la vapeur, d’embrasser avec ferveur une « Amérique » toujours admirée, temps de voir revenir les exilés qui ont si bien réussi en Californie, de faire avec eux de bonnes affaires, de restaurer la capacité industrielle, d’adopter le modèle turc.

    Pour les marchands comme pour beaucoup de dignitaires religieux iraniens, il y a une opportunité à saisir : montrer aux États-uniens qu’ils sont bienvenus, que le peuple iranien est en adoration devant leur modèle de civilisation, et obtenir en retour de cet indéniable amour une marge de manœuvre diplomatique et commerciale dans tout le Proche-Orient, au Pakistan et en Afghanistan. Mais il est peu probable que les Yankees sachent répondre à cette crise d’affects débordants d’Orientaux excessifs, un peu perturbés, visionnaires. Parce qu’ils n’oseront pas franchir le pas, qu’ils ne voudront pas tourner le dos aux Saoudiens, respecter le désir d’hégémonie régionale, ne comprendront pas l’intérêt qu’il y aurait à faire des Iraniens leurs factotums aux marches de la Chine. Cette incapacité vient d’être démontrée vis-à-vis de la Turquie : sa puissance retrouvée a été ébranlée et la personne d’Erdogan vouée aux gémonies. Gageons que Khamenei en tirera argument et que les voix hostiles aux US vont dominer, disant : « Ne cédons sur rien, on ne peut pas leur faire confiance ! » ce qui conduira les faucons de Washington à marteler de plus belle : « Persia delenda est ! »... À moins que le goût de la nouveauté ne l’emporte au Département d’État et que de jeunes ambitieux n’accompagnent quelques enturbannés finauds dans une méditation à laquelle le fondement religieux de leur pensée les invite ensemble. Une excentricité vraiment novatrice qui se baserait sur une réflexion digne de celles des théologiens de l’âge baroque. L’élection d’un pape jésuite suggère que le temps en est venu. Kerry pourrait se souvenir de Bossuet : « Car, Messieurs, vous n’ignorez pas que l’artifice le plus ordinaire de la Sagesse céleste est de cacher ses ouvrages et que le dessein de couvrir ce qu’elle a de plus précieux est ce qui lui fait déployer une si grande variété de conseils profonds. »

    [1] « Armement : Paris ouvre une nouvelle ère de coopération avec Abou Dhabi », par Alain Ruello, Les Échos, 23 juillet 2013.

  • Le régime syrien est en train de gagner contre les terroristes islamistes

    D'Aymeric Chauprade sur la Syrie :

    "Une nouvelle fois, après l’Irak, la Yougoslavie et la Libye, l’Occident a recours au mensonge le plus grossier qui puisse être : l’accusation d’usage d’armes de destruction massive.

    La vérité est que le régime syrien est en train de gagner la bataille contre les terroristes islamistes et qu’il n’a pas besoin d’armes chimiques pour cela. Fort du soutien de l’Iran, du Hezbollah libanais et de la Russie (soutien politique sans failles), il est en train d’écraser son opposition islamiste, minoritaire dans le pays (bien que les sunnites soient majoritaires) et cela face à une rébellion islamiste internationale qui n’a plus d’autre issue que de tenter d’impliquer la France, le Royaume-Uni et les États-Unis dans la guerre.

    Il faut dénoncer avec la plus grande fermeté ce mensonge de la rébellion islamiste et son soutien par le gouvernement français, soutien qui s’apparente autant à une trahison des intérêts de la France qu’à un crime contre la paix internationale.

    [...] En Syrie comme en Égypte, il faut choisir les gouvernements patriotiques contre les islamistes. Certes ces gouvernements patriotiques répriment violemment, mais lorsqu’un pays sombre dans le chaos, c’est violence contre violence. Il suffit d’ailleurs de voir comment le Ministre Valls a fait récemment usage de la violence, de manière totalement disproportionnée, contre des familles catholiques qui manifestaient pacifiquement, pour imaginer ce qui pourrait se passer en France si l’État sombrait dans le chaos ! Mais nous savons qu’en France, depuis longtemps et bien avant le retour des socialistes, nous avons quitté l’État de droit pour entrer dans l’État du “deux poids deux mesures” (aux anciens Français, surtout quand ils sont catholiques, la sévérité implacable, aux nouveaux, l’excuse et l’impunité permanentes…).

    En France, ces barrières idéologiques qui séparent encore partisans d’une économie libre sans dirigisme et partisans d’une économie libre avec dirigisme, partisans de la laïcité républicaine orthodoxe et partisans de l’identité chrétienne, devront tomber au profit de la seule réalité charnelle qui vaille le combat et l’unité : la France, sa civilisation menacée par l’islamisation et l’africanisation, son État menacé par la banqueroute, sa place dans le monde effacée par le mondialisme, sa prospérité fragilisée par la montée des économies asiatiques. Le principe de réalité devra s’imposer : sacrifier son petit parti “pur”, sa petite mouvance “idéalement conforme” à ce dont on rêve, au profit de la seule dynamique politique capable, autour d’une personnalité forte et légitime, héritière d’un demi-siècle de combat national et d’annonces visionnaires, de coaliser des forces venant d’horizons différents, de sensibilités variées, mais mues par un seul impératif : empêcher la disparition de la France dans ce qu’elle est (son identité) et dans ce qu’elle a (sa puissance économique, géopolitique, culturelle…). [...]"

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Vladimir Poutine, sur les minorités en Russie.

    Le 4 Février 2013, Vladimir Poutine, le président russe, s'est adressé à la Douma, (Parlement russe), et a prononcé un discours sur les tensions avec les minorités en Russie:

    "En Russie, vivons Russes. Toute minorité, de n'importe où, si elle veut vivre en Russie, travailler et manger en Russie, doit parler le russe, et doit respecter les lois russes. S'ils préfèrent la Charia, alors nous leur conseillons d'aller aux endroits où c'est la loi du pays. La Russie n'a pas besoin de minorités. Les minorités ont besoin de la Russie, et nous ne leur accorderons pas de privilèges spéciaux, ou n'essaierons de modifier nos lois pour répondre à leurs désirs, peu importe la force avec laquelle ils crient à la « discrimination ».

    On ferait mieux d'apprendre du suicide de l'Amérique, de l'Angleterre, de la Hollande et de la France, si nous voulons survivre en tant que nation. Les coutumes et les traditions russes ne sont pas compatibles avec l'absence de culture ou les moyens primitifs de la plupart des minorités. Quand ce corps législatif honorable pense à la création de nouvelles lois, il faut avoir à l'esprit l'intérêt national, en gardant à l'esprit que les minorités ne sont pas les Russes.”

    Les hommes politiques de la Douma lui ont donné une ovation debout pendant cinq minutes !

  • La Résistance défend le Levant, face au gang de Bandar

    L’attentat terroriste de la banlieue sud de Beyrouth, jeudi 15 août 2013, qui a fait 25 morts et 335 blessés, tous des civils innocents, porte l’empreinte de l’alliance entre Israël, les États-Unis et les takfiristes, ainsi que le gang de criminels conduits par Bandar ben Sultan au Mashreq arabe.
    L’explosion a pris pour cible des gens ordinaires qui vaquaient à leurs occupations, et ressemble en tout point aux massacres commis par l’aviation israélienne lors de la guerre de juillet 2006, alors que sur le terrain les résistants infligeaient des défaites cuisantes aux forces terrestres israéliennes.
    Le but de ce crime barbare est de briser la volonté de résistance populaire, tout comme les raids meurtriers d’Israël pendant la guerre. Les gens ont rapidement répondu en réaffirmant leur attachement à la Résistance en tant que choix national transcommunautaire, englobant toutes les régions libanaises. Les propos touchant des familles des victimes juste après l’attentat de la banlieue sud en sont la preuve la plus éclatante. Cela a d’ailleurs toujours été le cas depuis le massacre de Bir el-Abed, commis par le renseignement états-unien pour tenter de briser la volonté du peuple qui s’est révolté contre l’accord du 17 mai 1983. La banlieue sud a résisté et a fait tomber l’accord de la honte et de l’humiliation, pavant la voie à la libération de l’an 2000.
    L’agression israélienne contre le Liban a pris une autre forme, avec l’entrée en scène des gangs de Bandar. L’Arabie saoudite se comporte aujourd’hui en tant que direction régionale de l’alliance américano-israélo-takfiriste et Bandar est le chef des opérations de cet axe en Syrie, en Irak et au Liban. Le royaume wahhabite a ainsi acheté la décision européenne de placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, participe activement au financement des campagnes politiques et médiatiques contre la Résistance et alimente les projets de discorde au Liban et l’agression colonialiste contre la Syrie. Les gangs de Bandar jouent un rôle essentiel dans les tueries et les exterminations pratiquées dans l’espoir de briser la Résistance de la Syrie et de son leader Bachar al-Assad.
    Ce crime terroriste a été unanimement condamné et les Libanais ont pointé un doigt accusateur vers Israël. Mais certains ont omis de souligner la responsabilité directe de ces gangs takfiristes, à qui ils accordent une couverture sécuritaire, politique et médiatique, pour servir les intérêts d’Israël. Leur outil préféré est la discorde.
    Mais cette discorde n’a pas lieu grâce à l’éveil de la population et à son sens de la responsabilité. Elle a échoué au Liban et en Syrie ces deux dernières et a été enterrée en Égypte, après que la résistance de l’État syrien eut permis de dévoiler le vrai projet d’hégémonie colonialiste, qui vise à effriter les sociétés arabes pour les affaiblir Israël.
    Le partenariat entre la Résistance libanaise, conduite par sayyed Nasrallah et la Syrie, a été un des principaux facteurs qui ont fait échouer ce plan.
    Ce partenariat a encore une fois été réaffirmé par sayyed Nasrallah, qui a révélé que le président Assad lui avait dit, lors de la guerre de juillet 2006, qu’il était disposé à déclarer la guerre à Israël et que l’armée syrienne était prête à participer aux combats.
    Aujourd’hui, ce partenariat s’illustre par la guerre menée conjointement contre les terroristes takfiriste en Syrie où l’engagement du Hezbollah a eu les conséquences suivantes :
    - 1. La consécration de l’équation de la force libanaise face à Israël, grâce à la coopération et la coordination entre la Résistance et l’armée syrienne. Damas à livré au Hezbollah des armes susceptibles de briser l’équilibre.
    - 2. La présence du Hezbollah en Syrie signifie que le front lors de toute prochain guerre avec Israël s’étendra de Naquoura, au Liban, jusqu’aux frontières syriennes et jordaniennes.
    - 3. Le Hezbollah a introduit en Israël son expérience dans la guérilla, ce qui constitue une contribution de taille dans l’effort de restructuration de l’armée syrienne, entamé par le leadership syrien. Cette restructuration, qui est un mélange entre les technique de la guerre classique et la guérilla, est la raison du changement stratégique sur le terrain.
    Après l’attentat terroriste de la banlieue sud, sayyed Nasrallah a promis à la population une nouvelle victoire face au projet criminel et destructeur. Cette promesse se base sur des vérités solides, sur des capacités réelles, sur une volonté inébranlable et sur un soutien populaire sans faille.
    Sayyed Nasrallah a parlé en tant que leader d’une résistance qui lutte pour libérer la Palestine et les peuples de la région des gangs takfiristes. Ces derniers ne sont qu’un outil entre les mains de l’Occident et de ses agents régionaux, notamment de l’Arabie saoudite. Ce projet est voué à un échec certain.

    Déclarations et prises de positions

    Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
    « À chaque fois que l’ennemi se trouvait dans l’incapacité de vaincre la Résistance, il frappe ses partisans. L’ennemi considère que c’est notre point de faiblesse et ceci est un facteur dont nous devons être fiers. Ceci démontre que la relation est très intime entre la Résistance et son peuple. Ce n’est pas le cas des combattants importés des quatre coins du monde. L’entente d’avril 1996 a réussi à imposer une nouvelle équation efficace pour protéger la population libanaise. Celui qui a commis l’attentat d’hier planifiait de faire le plus grand nombre de victimes parmi les civils. La charge explosive pesait beaucoup plus que 50 kg. Tant qu’il existe un groupe qui refuse de se soumettre aux diktats, il va payer le prix de ses choix. Certes, le Hezbollah ne va pas laisser les sinistrés, tout comme doit le faire l’État. Ce qui a eu lieu est une chaine dans le maillon des incidents sécuritaires dans le pays. Ces derniers mois, des roquettes se sont abattues sur des régions dans la Békaa. Des groupes syriens ont revendiqué les attaques. Donc, les auteurs étaient connus, pas besoin de faire des investigations pour en dévoiler l’identité. Comme le Hezbollah a-t-il réagi ? Nous n’avons pas eu recours à des réactions instantanées et nous saluons la prise de conscience de la population. Lors de l’attentat de Bir el-Abed, d’aucuns ont accusé le Hezbollah d’avoir commis cet attentat pour renverser la table dessus-dessous et changer la donne au Liban. Ce sont vos services de renseignement qui agissent de la sorte. Mais vous n’allez trouver personne qui chérisse cette population plus que le Hezbollah. Selon les données disponibles, nous avons réalisé que l’auteur n’était pas Israël. La deuxième hypothèse est celle des groupes takfiris qui ont déclaré la guerre contre les chiites dès les premiers jours de la crise en Syrie. Mais là encore, nous avons trouvé cette hypothèse peu plausible. Quant à la troisième hypothèse, on a avancé qu’il s’agirait d’une partie tierce qui voudrait profiter de la conjoncture actuelle pour semer la discorde dans le pays. Tous les indices montrent que l’explosion d’hier est en relation avec ces groupes takfiris. Certains services de sécurité libanais nous ont informés que ces groupes préparent des voitures piégées en grand nombre pour les faire exploser dans la banlieue Sud. Actuellement, nous devons réaliser un objectif national pour empêcher que de telles explosions ne se reproduisent dans d’autres régions libanaises. Les explosions ne visent pas seulement la banlieue Sud de Beyrouth ni les régions chiites. Je m’adresse à tous les responsables pour leur dire que le Liban est au bord du gouffre en cas de poursuite de ces explosions. Nous avons besoin de la coopération de tout le monde, de l’État et de la population. Il faut œuvrer sur deux axes :
    - 1. prendre des mesures préventives conventionnelles comme les barrages, les fouilles. Toutefois, ces mesures sont loin d’être suffisantes pour mettre un terme aux attentats suicides ou aux explosions.
    - 2. le deuxième axe : Il s’agit d’œuvrer pour dévoiler, démanteler, arrêter et lutter contre ces groupes. En politique, nous pouvons poursuivre notre bataille.
    Mais laissons de côté les haines confessionnelles entre sunnites et chiites pour ne pas provoquer une discorde (...) Les auteurs ne sont ni sunnites, ni syriens, ni Libanais, ni arabes, ce sont des criminels. Ceux-ci ont tué des sunnites beaucoup plus de chiites. Dans l’attentat, il existe un martyr palestinien, des blessés syriens. Les criminels qui ont tué les fils de la famille Jaafar et Amhaz sont désormais connus par le nom et leur identité. Il est prohibé de tuer quiconque n’est pas responsable de ce meurtre, et toute réaction contraire provoquerait un problème plus compliqué dans la région de la Békaa-Hermel. Quant aux auteurs des attentats, je leur dis : Nous vous connaissons très bien, nos mains vous rattraperons certainement. Certes il revient à l’État de le faire mais là où l’État échoue, nous allons assumer nos responsabilités. Vous, les groupes takfiris, prétendez défendre le peuple syrien, mais vous êtes responsables en premier du meurtre de ce peuple syrien. Le Hezbollah n’a point commis de massacres en Syrie comme vous le prétendez. Aux meurtriers je dis : Sachez que les attentats contre nous ne nous ferons jamais fléchir. Espèce d’imbéciles, revoyez notre expérience pendant 30 ans avec les Israéliens. Si nous déployons actuellement 1 000 combattants en Syrie, ils seront 2 000 en riposte à vos attentats. Si nous avons 5 000 combattants en Syrie, ils seront 10 000. Vous frappez dans l’endroit inapproprié. Sachez que si la bataille contre ces terroristes nécessite que nous aillions tous, moi et tout le Hezbollah en Syrie, nous le ferons pour la Syrie et son peuple, pour le Liban et son peuple, pour la Palestine et sa cause primordiale. Soyez sûrs que vous êtes incapables de trancher la guerre avec nous. Nous trancherons la guerre. Cette guerre sera couteuse, oui, mais elle sera moins couteuse que d’attendre les takfiris arriver à nos portes pour tuer nos familles et nous égorger comme les moutons
    . »

    Michel Sleiman, président de la République libanaise
    « Le Liban respecte strictement le principe des relations privilégiées avec la Syrie prévues par l’accord de Taëf, en empêchant que son territoire ne se transforme en zone tampon par laquelle des armes ou des combattants transitent vers la Syrie, ou bien en asile pour les combattants rebelles. L’accord de Taëf prévoit que nous ne portons pas atteinte à la sécurité de la Syrie et que la Syrie ne porte pas atteinte à la nôtre. La déclaration de Baabda protège le Liban et son unité, tandis que l’engagement du Liban dans une stratégie de défense le protège d’Israël. L’équation armée-peuple-résistance doit être gérée, et qui mieux que l’État est habilité à le faire, à condition que cette gestion ne soit pas unilatérale. Au nom de cette équation, je demande à toutes les parties de revenir à elles-mêmes et à la patrie. Appuyons l’armée, ne la trahissons pas. Ne lui compliquons pas la tâche en multipliant les groupes armés se conduisant à leur gré. Le potentiel national de l’armée, de l’État, de la résistance n’appartient pas à une faction ou une communauté ; ils sont propriété de la patrie, et c’est à elle de décider de l’usage de ce potentiel national. »

    Tammam Salam, Premier ministre désigné du Liban
    « À un moment donné, nous devons faire face à la réalité et former un gouvernement réaliste et non de fait accompli. Nous devons former un gouvernement d’intérêt national. Le vide au niveau du pouvoir exécutif est inutile. L’opinion publique a l’impression que le gouvernement sera formé entre aujourd’hui et demain. Cette idée manque de précision. Nous refusons le tiers de blocage et soutenons la rotation au niveau des ministères. Tous les Cabinets sont à caractère politique. Toutefois, certaines parties ont recourt à des classifications et descriptions du gouvernement. Je ne vois que l’utilité de la formation d’un Cabinet d’intérêt national. Les forces politiques ont le droit de penser à leurs intérêts. En contrepartie et en tant que Premier ministre désigné, je suis persuadé que l’intérêt national occupe la première place. Je ne profite certainement pas de l’absence du président de la Chambre des députés, Nabih Berry qui est un pilier fondamental de l’intérêt national. Ce dernier n’a jamais arrêté ses pourparlers et n’admet pas l’isolement. »

    Ali Abdel Karim Ali, ambassadeur de Syrie au Liban
    « Les informations sur l’utilisation par l’armée syrienne des armes chimiques sont un gros mensonge. Le camp adverse a fait le maximum de ses moyens. Et la dernière chance accordée à Bandar ben Sultan vise à conserver un peu d’influence, à limiter les pertes et à améliorer les conditions des négociations. Les outils de Bandar se limitent à l’exacerbation des tensions sectaires en Syrie, en Irak et au Liban. Les hésitations à provoquer une discorde sectaire au Liban sont principalement due au fait que les pertes du camp adverse seraient très grosses. Les pressions sur le Hezbollah ne s’arrêteront pas et ne se sont jamais arrêtée. Le Hezbollah est comme la prunelle des yeux pour l’axe de la Résistance. S’il est pris pour cible, c’est comme si la Syrie était visée et vice versa. La décision européenne d’inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations terroriste a pour but de priver graduellement la Résistance de sa légitimité, en prévision d’une attaque militaire contre elle. Mais cette décision a perdu sa valeur dès le premier instant. »

    Événements

    • L’armée libanaise encercle deux quartiers dans la région de Naamé et perquisitionne plusieurs maisons, rapporte l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). Les voitures garées dans les quartiers d’al-Zaatari et d’al-Mrah sont également fouillées, ajoute la source. Deux jours après l’attentat de Roueiss, dans la banlieue-sud de Beyrouth, les forces de sécurité ont découvert dans la nuit de vendredi à samedi à Naameh, dans le Chouf, un véhicule rempli de 250 Kg de matières explosives. Selon l’ANI, la voiture était garée depuis trois jours dans le dépôt d’un immeuble près de la municipalité de Naameh et ce sont les habitants de cet immeuble qui ont signalé sa présence aux autorités. Le véhicule en question est de type "Audi" et contenait 5 boîtes de matières explosives, une grande quantité de nitrate (une matière hautement inflammable), ainsi que des fusibles et des détonateurs. Les explosifs étaient plantés dans le coffre et les portes de la voiture, qui aurait été volée et avait une fausse plaque d’immatriculation.

    • Une équipe de dix experts en armes chimiques des Nations unies est arrivée ce dimanche à Damas. Les enquêteurs, conduits par le Suédois Ake Sellstrom, doivent rester en Syrie pour une période de quatorze jours, qui peut être prolongée par consentement mutuel, selon l’accord conclu entre les Nations unies et le gouvernement syrien. L’Onu affirme que Damas a accepté les modalités qu’elle a proposées et qui assurent, selon l’organisation internationale, la sécurité et l’efficacité de la mission. Les experts enquêteront, lors de ce voyage, sur trois sites où l’utilisation d’armes chimiques a été rapportée par l’une ou l’autre des parties en conflit. L’un des sites est Khan al-Assal, près d’Alep dans le nord. Damas affirme que les rebelles y ont fait usage d’armes chimiques le 19 mars dernier, tuant au moins 26 personnes dont 16 soldats syriens.

    • Les autorités russes ont estimé mardi que la conférence internationale sur la Syrie ne se tiendrait probablement pas avant le mois d’octobre. La conférence de Genève 2, dont la tenue a été proposée conjointement par la Russie et les États-Unis au début du mois de mai, est censée réunir autour d’une même table représentants du gouvernement de Bachar el-Assad et de la rébellion. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a expliqué que de nouvelles discussions préparatoires, prévues fin août, puis l’agenda diplomatique international en septembre ne permettraient pas sa tenue avant octobre au plus tôt. « Il est improbable qu’elle ait lieu en septembre du fait de différents événements dont la ’semaine ministérielle’ à l’Assemblée générale des Nations unies », a déclaré mardi le diplomate à l’agence de presse Interfax. « Nous sommes favorables à ce qu’elle ait lieu le plus tôt possible, mais nous devons être réalistes sur les circonstances à même d’aboutir à ce forum », a-t-il ajouté. La semaine dernière, les ministres américains et russes des Affaires étrangères et la Défense se sont entendus sur la nécessité d’une relance de ces efforts diplomatiques sans pour autant préciser comment ils comptaient amener les belligérants à la table des négociations.

    • Le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a affirmé dans un communiqué que les services de renseignement militaires ont identifié au moins sept Libanais soupçonnés d’avoir piégé « plusieurs voitures pour les faire exploser dans la banlieue sud de Beyrouth et dans d’autres régions libanaises ». M. Ghosn a précisé que ce groupe avait préparé un premier attentat le 9 juillet dans la banlieue sud de Beyrouth, à Bir el-Abed. Les renseignements de l’armée, qui a arrêté un membre de ce groupe, ont permis d’identifier le cerveau de ce réseau, Omar al-Atrache. L’armée a identifié par ailleurs d’autres membres, dont des Syriens, qui ont tué trois soldats à un barrage en mai, tué trois chiites en juin et fait exploser une bombe au passage d’une patrouille de l’armée en juillet. Le ministre Ghosn a précisé que l’armée avait « des indications précises concernant les parties derrière ces personnes, leur appartenance et leur nationalité (…) J’avais parlé dans le passé de l’infiltration d’éléments terroristes au Liban (....) et aujourd’hui, cela s’avère », a ajouté le ministre. « Le Liban commence à tomber dans les griffes du terrorisme et tout le monde doit être conscient de la gravité de la situation », a-t-il dit.

    • Le ministre des Affaires étrangères, Adnan Mansour, a déposé une plainte contre Israël pour avoir violé la ligne bleue le 7 août 2013 et s’être infiltré en territoire libanais à travers un champ de mines. « Cela constitue une violation flagrante de la souveraineté libanaise, de la résolution 1701, de la loi internationale et de la charte des Nations unies, sans oublier que cette violation menace la paix et la stabilité internationales », a-t-il soulevé dans la plainte. Le ministre Mansour a demandé à la délégation libanaise permanente à New York de remettre la plainte au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et à la présidence du Conseil de sécurité afin que cette dernière la distribue aux pays membres et la publie en tant que document officiel.

    Revue de presse

    As-Safir (Quotidien libanais proche du 8-Mars)
    Mohammad Ballout, Paris (14 août 2013)
    Selon des sources concordantes, les évêques grec-orthodoxe d’Alep, Youssef Yazigi, et syriaque-orthodoxe de la même ville, Youhanna Ibrahim, auraient été tués vers la fin du mois de mai, un mois après leur enlèvement près de la grande métropole du Nord de la Syrie. Ces informations proviennent d’une enquête menée par des milieux de l’Armée syrienne libre proches de la 9ème division, active dans le secteur, et d’informations recueillies par des sources sécuritaires arabes auprès des services de renseignements turcs.
    Selon des milieux de l’opposition syrienne, les ravisseurs ont exécuté l’un des deux évêques quelques jours après son enlèvement, alors que le deuxième prélat a été tué dans le courant du mois de mai.
    La source sécuritaire arabe affirme que lors d’une réunion avec des responsables du renseignement turc, il y a deux mois, consacrée à l’affaire des neuf otages libanais détenus en Syrie, une question a été posée sur le sort des deux évêques. La réponse succincte du haut responsable était : « Ils ont été tués. »
    Ces dernières heures, le débat sur le sort des deux prélats s’est exacerbé à un tel point que le ministère turc des Affaires étrangères s’est vu obligé de démentir leur présence sur le sol de la Turquie. Ce démenti est intervenu après une lettre publiée la semaine dernière par le patriarcat syriaque à Damas, demandant à tous les protagonistes de clarifier leur position au sujet de l’affaire des deux évêques.
    Les yeux sont rivés sur les services de renseignement turcs du fait qu’ils ne sont pas loin de tous les enlèvements qui ont eu lieu à quelques kilomètres du lieu de passage de Libanais, de Syriens et d’Européens de différentes nationalités, enlevés sur le territoire syrien non loin de la frontière avec la Turquie.
    Des informations recoupées indiquent que les deux évêques ont été enlevés par le groupe des « Partisans du califat », dirigé par Abou Omar le Koweïtien. Les ravisseurs étaient composés de huit jihadistes tchétchènes. Les « Partisans du califat » ont changé de nom, il y a quelques temps, pour prendre celui de la « Brigade de l’islam ». Abou Omar le Koweïtien dirige un groupe de Mouhajirine (combattants étrangers) composé essentiellement de 200 Tchétchènes. Il est d’origine chiite (son père s’est converti au sunnisme) et son vrai nom est Hussein lari. Il a prêté serment d’allégeance à Mohammad Rifaï, un ancien du jihad en Afghanistan, qui se trouve aujourd’hui à Londres, et qu’il considère comme le calife des musulmans.

    An-Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    (14 août 2013)
    Selon des sources bien informées, le dossier du rapt des deux pilotes turcs est plus compliqué que prévu, car il constitue une réponse aux événements de Syrie, et la partie turque n’ayant pas tenu les promesses faites à l’État libanais par le biais du ministre de l’Intérieur et du directeur général de la Sûreté générale. Des démarches ont été entreprises par le responsable du comité de coordination et de liaison du Hezbollah Wafiq Safa et le responsable du mouvement Amal, Hussein Ajami, auprès de la justice, concernant la détention de Mohammad Saleh, arrêté dans le cadre de l’enquête. Ces démarches ont été couplées d’une campagne médiatique visant à mettre la pression sur les services de renseignements des FSI, afin de saboter leur travail, ce qui susciterait des suspicions quant à l’implication de ces deux parties dans le rapt des ressortissants turcs.

    Al-Akhbar (Quotidien libanais proche de la Résistance)
    Nasser Charara (14 août 2013)
    Ces dernières semaines, il a été plusieurs fois répété que la mise en œuvre de l’agenda du directeur des services de renseignement saoudiens, Bandar Ben Sultan, est coûteuse. Il a été dit que l’exécution des ordres du prince équivaut à une entrée, financée, au club de la destruction du Liban. La razzia des périphéries de Lattaquié, planifiée par Bandar pour montrer qu’il avait encore dans sa besace des surprises lui permettant de reprendre l’initiative militaire contre le régime syrien, a donné des résultats contraire. La base sociale sunnite, pour laquelle il prétend combattre, à été la plus touchée par cette offensive.
    Ces dernières heures, les catastrophes qui ont ponctué la biographie de Bandar sont revenues en force dans la mémoire libanaise, à travers les contacts entrepris par de hauts responsables du 8-Mars avec plusieurs personnalités politiques. Ils leur ont conseillé de ne pas s’engager dans l’aventure de Bandar, qui a confié à Tammam Salam la mission de former un gouvernement de fait accompli.
    Un tel gouvernement nécessite deux types de signatures. La signature constitutionnelle est apposée par le président de la République Michel Sleiman, et la signature politique par le député Walid Joumblatt.
    Au sein du 8-Mars, l’impression est que Sleiman signerait le décret d’un tel cabinet. Mais concernant l’attitude de Joumblatt, il règne une confusion, même si l’on a tendance à croire que le chef du Parti socialiste progressiste fera preuve de « sagesse ». M. Joumblatt a reçu un certain nombre de messages lui conseillant de ne pas s’embarquer dans l’agenda de Bandar quelles que soient les récompenses qu’il promet. Ces messages se basent sur le principe que le conflit actuel est indivisible. Les critères doivent être clairs lors de la prise des décisions, car « Qoussair est plus grands que le Chouf et Aley réunis et ses sentiers politiques sont plus escarpés et plus dangereux ».
    Il est à noter que les messages vont dans plusieurs directions. L’incursion israélienne et la riposte de la Résistance inaugure un nouveau type de message brûlants, en parallèle aux préparatifs saoudiens à la bataille d’Alep, et aux préparatifs de l’axe de la résistance à y faire face sur le terrain et sur le champ régional.
    La réponse au rôle indirect de la Turquie dans l’affaire des otages d’Aazaz fait également partie des messages brûlants.
    Mais en dépit des « conseils sérieux » délivrés par ces messages, l’ambassadeur des États-Unis, Maura Conelly, a déclaré, devant des amis Libanais, que la décision de la formation du gouvernement a été prise et que la fumée blanche va bientôt sortir du palais de Beiteddine.
    Ceci dit, il n’y a pas de garanties que le Parlement ouvrira ses portes pour accorder la confiance à un tel cabinet, partant du principe que toute séance d’où serait absente un des composantes essentielles du pays n’est pas conforme au pacte national. C’est exactement le même argument que celui qui a été invoqué par le 14-Mars ces derniers temps. Dans ce cas, Tammam Salam s’installerait au Grand sérail, car il est peu probable que Najib Mikati oserait s’opposer à la volonté saoudienne, mais les ministres, eux, ne pourront pas occuper leurs ministères. Le Liban sera alors face à deux gouvernement : le premier constitutionnel mais ne jouissant pas de la confiance du Parlement, le second politique.

    Al-Joumhouria (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    Tarek Tarchichi (15 août 2013)
    Le Hezbollah a le sentiment d’être la cible de campagnes et d’attaques visant à l’encercler et à l’isoler, et peut-être à l’anéantir, pour le punir d’avoir infligé des défaites à Israël en 2000, lorsqu’il a libéré le Liban-Sud de l’occupation israélienne, ou de l’avoir battu lors de la guerre de 2006. Son inscription sur la liste terroriste européenne et les appels à l’exclure de tout prochain gouvernement au Liban s’inscrivent dans ce cadre.
    Partant de ces données, les connaisseurs du Hezbollah assurent que le parti fait face à ces campagnes qui devraient s’intensifier dans les jours, les semaines et les mois à venir. Le Hezbollah s’attend à ce que les pays du Golfe s’emploient à renforcer la campagne locale, régionale et internationale contre lui. Ils seraient même disposés à un « marchandage secret » avec le régime syrien à ses dépens. Mais le commandement du parti est convaincu que le pouvoir à Damas ne l’abandonnera pas, surtout depuis la bataille de Qoussair, à laquelle le Hezbollah a participé activement, et qui a donné les résultats que l’on sait.
    Dans le cadre de la campagne qui le cible, le Hezbollah est déterminé à participer au prochain gouvernement conformément à la taille de la représentation des différentes forces au Parlement. Il refuse les équipes ministérielles sous les appellations « cabinet neutre » ou de « fait accompli », car il estime que ceux qui réclament son exclusion du gouvernement en cette période participent à la campagne qui le cible.
    Les connaisseurs du Hezbollah indiquent que le parti a préparé des scénarios pour faire face à tout gouvernement formé par le président de la République et le Premier ministre désigné d’où ses représentants seraient exclus. Selon les mêmes sources, le Hezbollah n’accepterait pas un cabinet au sein duquel la représentation chiite ne serait pas significative, quelle que soit la compétence des ministres qui auront été nommés. S’il s’agit de technocrates ou de ministre non partisans, lui et ses alliés leur demanderont de démissionner immédiatement. S’ils sont membres du 14-Mars, il est évident qu’’ils ne démissionneront pas. Alors le Hezbollah, le Mouvement Amal et leurs alliés considèreront que ce gouvernement ne correspond pas à l’esprit de l’entente et du pacte national, car les chiites, et d’autres ministre peut-être, ne sont pas représentatifs de leurs communautés. Dans ce cas, il sera impossible à ce gouvernement de se présenter devant le Parlement pour obtenir la confiance. Le Hezbollah et ses alliés prendront comme prétexte des précédents lorsque la Chambre, présidée par Nabih Berry, n’a pas pu se réunir pour non respect du pacte national.
    Malgré tout cela, les proches du Hezbollah ne s’attendent pas à une prochaine naissance du gouvernement, même s’ils ne l’excluent pas totalement.

    Source  : New Orient News (Liban)