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international - Page 1176

  • Répression contre l’Aube dorée : un militant témoigne en direct – Traduction Novopress

     

    Répression contre l’Aube dorée : un militant témoigne en direct – Traduction Novopress

     

    Ci-dessus. Sondage sur les intentions de votes : Aube dorée (à droite) troisième parti de Grèce et deuxième chez les moins de 45 ans.

    ATHÈNES (NOVOpress) – À moins de savoir assez bien le grec moderne pour pouvoir consulter le site officiel d’Aube dorée, il est extrêmement difficile d’avoir sur les événements en cours une autre version que celle des grands médias. Le site Golden Dawn International tenu par des militants américains de l’Aube dorée, n’a pas été mis à jour depuis plus d’une semaine.

    Radio Bandiera Nera, la webradio du mouvement italien Casapound, a donc réalisé un entretien par Skype avec Costantino (Kostas), militant historique de l’Aube dorée et animateur de l’émission hebdomadaire hellénophone, RBN Hellas. Costantino a fait ses études en Italie et est parfaitement bilingue. Diffusé en direct mardi à 18 heures, l’entretien est désormais disponible à la réécoute (*). Pour tous ceux qui, sans nécessairement partager toute l’idéologie ou approuver toutes les manières de faire du parti le plus honni d’Europe, veulent entendre une autre voix voici le texte de cet entretien traduit en français pour Novopress.
    Flavien Blanchon

     

     

     

    « Que s’est-il réellement passé ?

     

    Après l’assassinat d’un jeune antifasciste, il y a deux semaines, à la suite d’un affrontement entre supporters de football dans la banlieue d’Athènes, la gauche, le centre, les socialistes et aussi la droite grecque ont commencé à attaquer Aube dorée. Les sondages nous attribuaient désormais plus de 15% au niveau national. Le numéro 3 de notre mouvement était donné par les sondages comme probable prochain maire d’Athènes, avec plus de 60% des intentions de vote. Vous pouvez imaginer ce que pouvait signifier conquérir la ville la plus importante de Grèce.

     

    Et il a été arrêté lui aussi ?

     

    Tout à fait. Il a été arrêté en même temps que notre premier secrétaire, que le secrétaire adjoint du parti, et que quatre autres députés qui faisaient partie du noyau historique d’Aube dorée – ce n’étaient pas des nouveaux venus. Ils savaient parfaitement qui arrêter. S’est alors ouverte une chasse au “fasciste” avec plus de 30 arrestations. Et ils n’ont pas encore terminé.

     

    Les accusations sont terribles : la principale est l’association de malfaiteurs. Désormais tous les militants, et les électeurs, qui sont plus de cinq cent mille, sont traités de délinquants par les journaux télévisés et les radios. Et puis extorsion de fonds, détention d’armes. Ils découvriront sûrement des avions, des porte-avions, des chars d’assaut. Nous les avions pourtant bien cachés, tous les chars d’assaut que nous possédions.

     

    Je dois ajouter que, la semaine dernière, ils ont fait arrêter quatre haut-gradés de la police pour liens présumés avec notre mouvement, ainsi que des agents des forces spéciales grecques. Vous pouvez voir qu’il s’est agi d’une attaque bien étudiée.

     

    Ils ont en outre arrêté les nôtres un samedi, quand le parlement grec ne siégeait pas, et donc sans attendre un vote pour lever l’immunité de nos députés. C’est la première fois, non seulement en Grèce mais, je crois, dans toute l’Europe, que le premier secrétaire d’un parti, et qui est député, est arrêté sans vote du parlement.

     

    Peux-tu nous expliquer comment fonctionnent exactement en Grèce les dispositions sur l’immunité parlementaire? Existe-t-il une loi du même genre qu’en Italie [et qu’en France, NdT] ?

     

    Oui, il y a une loi du même genre. Si l’on veut arrêter un parlementaire, il faut aller au parlement et les députés doivent voter la levée de l’immunité. C’est ce que prévoiraient les normes démocratiques. Mais elles ne nous ont pas été appliquées à nous.

     

    Voilà donc la situation judiciaire. Peux-tu nous parler à présent de la situation politique ? Est-ce que le mouvement est en train de réagir ? Dis-nous bien sûr seulement ce qu’il est opportun de dire en public.

     

    Oui, même si notre leader est en prison, sa femme, qui est elle aussi députée, lui sert de porte-parole et est en contact avec lui. D’ici 3 ou 4 jours, nous verrons les développements, y compris judiciaires, mais nous sommes là.

     

    Mais savez-vous comment ils font? Ils entrent dans les maisons des militants, ils trouvent des tee-shirts d’Aube dorée et des drapeaux grecs. À ce propos, le ministre de la justice a déclaré officiellement que la police avait le droit d’arrêter et de fouiller toute personne qui porte un drapeau grec dans la rue. Aujourd’hui donc, le drapeau grec est quelque chose de criminel. Pour le reste, ils ont tout au plus trouvé des armes-jouets à air comprimé.

     

    Et puis cette semaine, le parlement votera une nouvelle loi “antiraciste” et vous pouvez imaginer quelles seront les règles.

     

    Quelles sont les dispositions actuelles en Grèce ? Existe-t-il une loi analogue à la loi Mancino [loi italienne de 1993, qui est l’équivalent, en beaucoup moins rigoureux, des lois Pleven et Gayssot en France, NdT] ?

     

    Il existe une loi mais plutôt “douce”. Par exemple, il est permis d’utiliser le symbole du faisceau ou de faire le salut romain. La nouvelle loi que le parlement est sur le point d’approuver, en revanche, sera peut-être encore plus dure que la loi allemande.

     

    Quelle a été la réaction des gens ordinaires ?

     

    Dans toute cette affaire, c’est là que je peux dire quelque chose de positif: les gens ordinaires n’ont pas gobé ces mensonges. Je parle avec les gens et ils sont tous avec nous. Même des gens qui n’ont pas voté Aube dorée jusqu’ici, mais qui disent “à présent, je voterai pour elle!” La Grèce est un État qui traverse en ce moment une crise terrible, elle est probablement déjà en faillite, les banques nous ont tout pris, il y a le nouveau mémorandum [le nouveau plan d’austérité] qu’ils ont déjà voté et personne ne le sait, et pendant ce temps la presse parle d’Aube dorée.

     

    Vous autres Italiens, du reste, vous avez vécu les années 1970, et vous savez ce qu’est le mensonge d’Etat. Mais cette fois, probablement, ils ont exagéré.

     

    […] Nous avons bon moral et ceux qui le peuvent vont tous les jours protester devant le Palais de Justice, même au risque d’être arrêté. »

     

    * Sur RBN pour écouter l’entretien sans être gêné par la musique, cocher la case sous “Diretta – Stoppala quando ascolti un Podcast”.

     

    Crédit image : Sondage de la société Pulse pour le journal 6Μέρες. en Novembre 2012. DR.

    http://fr.novopress.info/141886/repression-contre-laube-doree-un-militant-temoigne-en-direct-traduction-novopress/#more-141886

     

  • Solidarité Kosovo : Inauguration de la ferme alpine au Kosovo !

    Solidarité Kosovo : Inauguration de la ferme alpine au Kosovo !

    NOVO BRDO (NOVOpress) – L’heure était aux réjouissances avant-hier dans le village de Novo Brdo situé au cœur du Kosovo-Métochie. Au beau milieu de ses champs, une centaine de personnes s’était réunie aux côtés des bénévoles de l’association humanitaire française Solidarité Kosovo pour assister à l’inauguration de la ferme alpine. Une coupure de ruban qui symbolise l’aboutissement d’un projet inédit de développement économique local pour les minorités chrétiennes persécutées.

    Pour cette ferme le choix s’est porté sur la chèvre alpine, une variété rustique originaire de France qui présente l’avantage de bien résister aux conditions climatiques extrêmes des Balkans et de prospérer sur des terrains difficiles où même le mouton a du mal à vivre. Les 150 chèvres ont été fournies par Solidarité Kosovo

    Solidarité Kosovo : Inauguration de la ferme alpine au Kosovo !

    Lors de l’inauguration de la ferme alpine, Svetlana, représentante de la Soupe Populaire est entourée du Père Serdjan et d’Arnaud Gouillon, directeur de Solidarité Kosovo

    Au cours de la visite inaugurale, les invités ont pu découvrir la ferme alpine de 1 hectare et demi, composée d’un bâtiment de stockage et d’une chèvrerie abritant 150 bêtes tout récemment installées.

    Ce fut également l’occasion pour Arnaud Gouillon, Directeur de Solidarité Kosovo, de rappeler les objectifs du nouveau site agricole. «Grâce à la ferme alpine, la Soupe Populaire ne dépendra plus uniquement de l’aide humanitaire puisque la production issue des activités d’élevage de la ferme sera réservée à la confection de ses repas dont dépendent directement 3000 foyers chrétiens de la région. En plus de renforcer la sécurité alimentaire en faveur des plus démunis, la ferme alpine sera également génératrice de huit emplois et de revenus complémentaires liés à la vente du surplus de production dans les réseaux monastiques».

    La cérémonie s’est achevée par la bénédiction de la ferme alpine par Monseigneur Théodose, évêque du Kosovo-Métochie qui, lors de son interlocution de clôture, a souhaité souligner la portée du chantier humanitaire achevé. « La ferme alpine constitue un outil pour favoriser notre autonomie fonctionnant sur la base de la solidarité».

    Solidarité Kosovo : Inauguration de la ferme alpine au Kosovo !

    Aranud Gouillon interviewé par la presse lors de la visite inaugurale.

    Fraîchement sorti de terre, l’ouvrage a été achevé en moins de quatre mois sous l’impulsion conjointe de Solidarité Kosovo et de ses partenaires au premier rang desquels les représentants de l’Église, de la Soupe Populaire et du fond humanitaire serbe B92. La mutualisation de leurs moyens a permis la création de la ferme alpine reposant sur un triptyque d’objectifs emplois-production-ressources.

    Pour aider Solidarité Kosovo à poursuivre ses actions, c’est ici.

    Crédit photos : Solidarité Kosovo.

    http://fr.novopress.info/141880/solidarite-kosovo-inauguration-de-la-ferme-alpine-au-kosovo/

  • Le grand tabou US : de ce que l’on (ne) dit (pas) quand on parle de crimes de guerre

    Le grand tabou US : de ce que l’on (ne) dit (pas) quand on parle de crimes de guerre
    « Quand on s’engage à servir son pays et qu’on prête serment, on s’y tient. Ce n’est pas une option. » Steven Bussi de la Fondation Néoconservatrice Heritage, à propos de Chelsea Manning, (anciennement connu sous le nom de Bradley). Vraiment ? Peu importe ce que l’on demande à un individu qui s’est engagé ? Peu importe ce qu’il voit ou ce qu’il sait, il doit ignorer sa conscience et obéir aux ordres ? Mais Steven, mon ami, vous n’êtes pas sans savoir qu’après la Seconde Guerre Mondiale de nombreux Allemands utilisèrent, bien évidemment, l’excuse d’avoir obéi aux ordres. Les alliés victorieux exécutèrent pourtant beaucoup d’entre eux.
    Les condamnations à mort furent prononcées par le Tribunal Militaire International de Nuremberg, en Allemagne, qui déclara que les individus ont des devoirs internationaux qui surpassent les obligations nationales d’obéissance. C’est pour cela que les citoyens, en tant qu’individus, ont le devoir d’enfreindre les lois nationales pour empêcher que des crimes contre la paix et contre l’humanité n’aient lieu.
    En outre, le Principe IV de Nuremberg stipule : le fait qu’une personne agisse selon les ordres de son Gouvernement ou d’un supérieur ne l’exonère pas de sa responsabilité au regard des lois internationales, pour peu qu’on parvienne à démontrer qu’il avait la possibilité d’agir autrement.
    Manning, mais aussi Edward Snowden, avaient des alternatives d’ordre moral et ils les ont saisies.
    Il convient de dire que Barack Obama a refusé de présenter à la justice ceux qui, sous l’ère Bush, étaient impliqués dans les actes de torture car, affirme-t-il, ils ne faisaient qu’obéir aux ordres. Cet homme instruit, n’a-t-il jamais entendu parler du Tribunal de Nuremberg ? Pourquoi n’est-il pas gêné de répéter encore et toujours le même argument ?
    Durant les trois dernières années d’incarcération, de torture et d’humiliation que Manning a vécues et qui ont augmenté considérablement ses difficultés personnelles déjà existantes, j’imagine que l’idée du suicide lui a traversé l’esprit à bien des reprises. Cela aurait été le cas si j’avais été à sa place. Au cours des milliers de jours et de longues nuits d’incarcération à venir, ces pensées habiteront peut-être Manning. Si les pensées se transforment en désir et si le désir devient insupportable, j’espère que cette jeune femme courageuse trouvera le moyen de le réaliser. Toute personne possède ce droit, même les héros.
    Les Etats-Unis et leurs petits caniches européens sont peut-être allés trop loin, pour leur propre bien, dans leurs tentatives de contrôler toute communication dissidente en exigeant toutes les données de la part des sociétés impliquées dans la messagerie codée, en mettant la pression pour fermer plusieurs d’entre elles, en obligeant l’avion du président bolivien à atterrir, en détruisant les ordinateurs d’un journal important, en arrêtant la conjoint d’un journaliste pendant plus de neuf heures dans un aéroport, en s’appropriant les conversations téléphoniques de journalistes de l’Associated Press, en menaçant d’emprisonnement un journaliste du New York Times s’il ne révélait pas sa source lors d’une opération d’infiltration, en mentant de manière éhontée au plus haut niveau, en dissimulant des micros au sein du Parlement Européen et des Nations Unies, en organisant des surveillances sans limites. Où tout cela s’arrêtera-t-il ? A quel moment cela sera-t-il contreproductif et permettra aux Etats-Unis de revenir à un niveau de surveillance normal ? Le 24 Juillet, une loi limitant le pouvoir de la NSA a été retoquée par seulement 217 votes contre 205 à la Chambre des Représentants.
    Et combien de temps encore Amnistie Internationale continuera-t-elle à salir son image en niant l’évidence ? A savoir que Manning rentre dans la catégorie des Prisonniers d’Opinion. Quiconque visite le site d’Amnistie Internationale à la recherche de Prisonniers d’Opinion en trouvera un grand nombre, dont plusieurs cubains. Existe-il un lien entre l’oubli de Manning et le fait que la Directrice Exécutive d’Amnistie Internationale, Suzanne Nossel, ait pris ses fonctions actuelles tout de suite après son départ du Département d’Etat Américain, où elle occupait le poste de Vice-Secrétaire Adjointe en charge des Organisations Internationales ?
    Un coup de fil au siège d’Amnistie Internationale à New York ne m’a pas permis d’obtenir une quelconque explication sur l’oubli de Manning. Je suggère que les lecteurs essaient de l’obtenir en contactant le bureau d’Amnistie Internationale de leur pays.
    En attendant, l’autre grande organisation internationale de défense des droits de l’homme, HRW, a vu le Directeur du bureau de Washington, Tom Malinowski, être nommé par Obama, Secrétaire d’Etat Adjoint en charge de la Démocratie, des Droits de l’Homme et du Droit du Travail. Est-il vraiment exagéré d’attendre d’un haut fonctionnaire à la tête d’une organisation de défense des Droits de l’Homme qu’il refuse de travailler pour un gouvernement qui a le plus enfreint les Droits de l’Homme au cours des cinquante dernières années ? Et si cette nomination vous semble écœurante, il vous faut considérer la torture comme le meilleur exemple de la cruauté humaine. Qui d’autre que les Etats-Unis a été le plus impliqué dans cette horreur ? Allant même jusqu’à l’enseigner, fournissant manuels et équipements, créant des centres de torture un peu partout dans le monde, séquestrant des personnes pour les conduire vers ces lieux, incarcération, alimentation forcée, Guantanamo, Abu Ghraib, Bagram, Chili, brésil, Argentine, Chicago…
    Que Dieu nous pardonne !
    source : Counterpunch

  • Du nouveau au Moyen-Orient

     

    Ex: http://www.europesolidaire.eu

     

    La résolution de l'ONU votée vendredi 27 septembre réduit à néant tout l'argumentaire de la politique dite occidentale (Etats-Unis, France et Grande Bretagne, Israël) à l'encontre du gouvernement de la Syrie.
    Non seulement elle remet au premier plan le rôle incontestablement stabilisateur de la Russie, mais elle représente une “re-légitimation” de Bachar Al Assad, puisque celui-ci est nécessairement impliqué comme président de la Syrie dans une résolution portant sur l'armement chimique qu'il contrôle. Son existence légitime est actée pour toutes les opérations concernant cet armement chimique, y compris la présence de ses représentants à Genève-II qui devrait suivre. Pour les pays qui, il y a quelques temps encore, ne pouvaient concevoir une démarche officielle sur la Syrie qu'après la liquidation d'Assad, il s'agit d'une véritable gifle. Elle marque heureusement un retour à la raison, y compris au sein de ces pays. Même si Assad n'a rien d'un « dictateur doux », lui et les intérêts tribaux qu'il représente (y compris ceux des chrétiens d'Orient) sont autrement préférables à ce qui menace encore la Syrie, c'est-à-dire l'établissement d'un califat islamique à Damas, voire au Liban et à Amman.

    L'espèce de déroute diplomatique occidentale se trouve renforcée par le début de rapprochement entre l'Iran et les Etats-Unis. Là encore ce rapprochement, s'il se concrétisait, serait au bénéfice des nécessaires relations avec un axe chiite représenté en ce moment par Téhéran, avec lequel l'Occident ne saurait sans risques accepter d'être en état de guerre larvée. Les grands alliés sunnites « officiels » des Etats-Unis et de l'Europe s'en indigneront: Arabie Saoudite, Qatar. Ils y verront à juste titre une perte d'influence sur les politiques « occidentales ». Mais qui en Europe ne s'en réjouirait, à part ceux qui seraient prêts à se vendre au diable pour récupérer des participations financières à leurs opérations suspectes. Le rôle de ces deux pays dans le soutien au djihad tant en Europe qu'au Moyen-Orient devrait être une raison suffisante pour cesser de s'inféoder à eux.

    Le résultat le plus évident de ces virages diplomatique est l'isolement d'Israël, ou plus exactement de Benjamin Netanyahou, qui s'était imprudemment impliqué contre Assad et contre l'Iran depuis plusieurs mois. Sa position diplomatique et politique devient très précaire. On peut se demander, connaissant la prudence proverbiale des organes de sécurité nationale israéliens, pourquoi Israël s'était engagé officiellement dans ce maximalisme interventionniste. Ceux pour qui la présence d'Israël au Moyen-Orient reste une condition indispensable à l'équilibre du monde peuvent espérer que l'Etat juif est en train de reconsidérer sa position afin de s'adapter à un environnement changé. La connaissance de cette évolution discrète pourrait peut être expliquer la soudaine mansuétude manifestée par le chef de la diplomatie française à l'égard d'un accord possible entre Washington, Damas et...Téhéran.

     

    Jean Paul Baquiast  http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • ALCATEL-LUCENT, UN ÉCHEC DE LA MONDIALISATION (arch 2008)

    À l'horloge de la mondialisation, les heures ne sonnent pas pareil au même endroit. Une entreprise, afin d'être efficace, se doit de posséder une direction cohérente, qui ne soit pas tiraillée entre deux univers par trop distants. Cette nécessité est niée, du moins en public, par les "managers" globaux. Lesquels se gardent bien d'appliquer dans leurs affaires les axiomes du métissage des cultures de gestion, car ils savent que cela mène à la catastrophe. Chez Alcatel-Lucent, il n'y a pas si longtemps, en tant qu'Alcatel tout court, une gloire de l'industrie française, on a décidé de marier carpe française et lapin américain. Le résultat s'avère aberrant. Au grand dam de notre économie et des emplois.
    Des marques françaises qui réussissent aux États-Unis, il en existe dès lors qu'elles restent dans leurs traditions nationales. Idem pour les « compagnies » américaines en France. Le mixage forcé des deux modes de gestion et de fabrication produit des hybrides chaotiques, à double commande. En décembre 2006 surgissait, après de longues et laborieuses négociations, Alcatel-Lucent, couple franco-américain équipementier de la télécommunication. Le champagne coula à flots. Aujourd'hui, on observe un champ de ruines.

    Le mariage de la carpe et du lapin
    La nouvelle société fonctionne à double commande. À l' Américaine Pat Russo la direction générale, au Français Serge Tchuruk, président, la direction stratégique. Deux fonctions qui se recoupent, et supposent une harmonie permanente. Il n'en a rien été. Chacun agit, ou n'agit pas, dans son coin. La coordination figure sur le papier. Affaire de personnalités ? Entre l'Amérique et la France, il y a plus que l'Atlantique. On attendait de grands choix. On n'a vu que 14000 "dégraissages", et une perte de 3,5 milliards d'euros. Pour qui se souvient d'Alcatel et de ses 325 000 salariés de 1995, la chute est vertigineuse. Il ne subsiste que 70 000 salariés. Certes, toute la dégringolade ne provient pas de la fusion. Mais celle-ci devait l'arrêter. Il n'en a rien été.
    Les mauvaises langues disent que l'attelage Russo-Tchuruk est celui d'une nulle et d'un malfaisant. Pat Russo a contre elle Wall Street, qui l'accuse d'incompétence. Elle ne chercherait à briller que dans les médias! Serge Tchuruk est réputé pour sa vision d'une entreprise sans salariés et sans usines. Pas de quoi enthousiasmer le personnel de ce côté-ci de la Grande Mare. Dès le départ, on démarra mal. Le prix payé par Alcatel pour Lucent fut démesuré.

    Cours boursier divisé par trois
    Des achats malheureux se succédèrent. L'incapacité à diversifier les technologies a coûté cher. Le cours boursier a été divisé par trois, passant de  € à 3,50 €. Le conseil d'administration est cassé en deux, les pro Russo d'un côté, les pro Tchuruk, de l'autre. La langue de l’entreprise - 40 nationalités différentes ! - est devenue l'anglais, ce qui n'a pas vraiment dynamisé le personnel.
    Aujourd'hui, Alcatel-Lucent est une bombe à retardement. Devant le malaise qui enfle, Serge Tchuruk a sorti sa recette magique : licencier, licencier. Le gouvernement s'inquiète, il ne tient pas à voir la crise s' accroître, quand Sarkozy lance des tirades sur l'industrie, nécessaire au pays. Des syndicalistes de la société réclament une entrée de l'Etat  au capital. Les réalistes savent que le seul remède consiste à remercier et Pat Russo, et Serge Tchuruk, et à bien compartimenter domaines américain et français. Vaste programme, urgent et indispensable, certes, mais difficile à concrétiser. En attendant, la situation se détériore. Il est urgent d'agir !
    Alexandre MARTIN National Hebdo du 10 au 16 avril 2008

  • Valdaï et la question de l’identité de la Russie

     

    Valdaï et la question de l’identité de la Russie
    La semaine dernière j’ai eu le plaisir de participer à un débat télévisé, c'était une table ronde sur la question de l’image de la Russie à l’étranger. La question était de savoir si les russes méritaient leur mauvaise image à l’étranger ou s’ils étaient victimes d’une image négative fabriquée et véhiculée par les médias notamment.
    Le débat à très rapidement dévié sur le fait de savoir s’il fallait ou non se préoccuper de l’image de la Russie et des russes à l’étranger et surtout sur ce que sont les russes et la Russie. La question de l’identité nationale reste, dans la Russie de 2013, une question essentielle et les nombreuses discussions du club Valdaï à ce sujet viennent de le prouver.
    La Russie est un pays dans lequel se côtoient énormément de peuples et de religions et des cultures totalement différentes. La Russie est européenne, slave et orthodoxe mais également asiatique, touranienne et musulmane. Elle est un pays tout à la fois nordique et méridional, et de l’Ouest comme de l’Est de l'Eurasie.
    A cette immense variété culturelle et géographique, il faut ajouter qu'en Russie se côtoient tant le 19ième, que le 20ième ou le 21ième siècle. Il est donc bien difficile de définir ce qu’est aujourd’hui un russe moyen et le regard que l’étranger porte sur un russe ou un russien, ou peut être sur les russes et les russiens.
    La Russie sort de trois épreuves historiques fort différentes n’ayant en commun que leur violence et la destruction de la morale et de l’identité qu’elles ont généré: la période monarchiste autoritaire (le tsarisme qui toléra l’esclavage jusqu’au début du siècle dernier), la période soviétique qui contribua a la création d'un homme nouveau (l’homo soviéticus) au prix de la destruction de l’identité religieuse et nationale et enfin la période postsoviétique et libérale, qui en une grosse décennie seulement, est arrivée à détruire la Russie sur le plan moral, sanitaire et démographique.
    Le réveil russe auquel nous assistons depuis 2000 sur le plan économique et politique pose deux questions essentielles : qu’est ce qu’être russe aujourd’hui, et comment fonder une identité russe saine pour le siècle. La Russie Tsariste ne différenciait les citoyens que selon leurs rangs, pendant que l’Union Soviétique jouait la carte transnationale et citoyenne. Dans les années 90, la Russie faisait face à une situation complexe: assurer une pacifique transition du modèle politique (de l’URSS à la fédération de Russie) tout en évitant que l’éclatement territorial ne crée des conflits sur des bases territoriales, ethniques, religieuses ou simplement identitaires.
    Les stratèges de l’époque ont alors conçu un terme lexical pour définir les habitants de la Russie: le terme Rossianin, que l’on pourrait traduire par Russien en français. Utilisé par Boris Eltsine lorsqu’il s’adressait au peuple, ce terme était censé regrouper et mettre sur un pied d’égalité tous sous ensembles de la fédération de Russie. Mais en réalité, il contribua à créer une différence fondamentale entre les Russes ethniques, les Russkie, et les autres. Une décennie plus tard, le retour en force de l’identité religieuse au sein de tous les peuples de la fédération se retrouve sans doute troublé par cette distinction de fait et qui dans l’inconscient collectif est la suivante: le russe est orthodoxe pendant que le rossianin serait autre et plutôt musulman ou bouddhiste.
    Cette distinction s’accentue dans un climat ou la tendance profonde en Russie est une tendance au renforcement des identités, puisque le très sérieux Kommersant constatait il y a quelques jours que "La Russie connaît une montée de sentiments nationalistes, tandis que certaines républiques du pays peuvent déjà être qualifiées d'islamiques (...) Pour certains experts la Russie se trouve au seuil d'une grave crise nationale". Cette crise potentielle pourrait menacer la stabilité voire l’intégrité territoriale du pays et le président russe s’est montré très offensif à ce sujet lors du discours de clôture du forum Valdaï qui s'est tenu comme chaque année. Le chef de l’Etat russe a en effet appelé à ouvrir un débat sur la question de l’identité nationale et à la définition d’une identité culturelle et spirituelle. Pour lui, les frontières à ne pas franchir pendant ce débat sont tout ce qui pourrait porter atteinte à la souveraineté, l’indépendance et l'intégrité du pays.
    Le président russe a rappelé que "l’idée nationale ne pouvait apparaître par des règles mondiales et communes et qu’était révolu le temps ou l’on pouvait copier et appliquer une identité dans un pays comme on installe un logiciel dans un ordinateur". Il a martelé que la Russie était un: "Etat-civilisation fondé sur la langue russe, la culture russe, l'Eglise orthodoxe russe et les autres religions traditionnelles de la Russie" ou encore que: "ce modèle avait toujours fait preuve d’une certaine flexibilité face aux spécificités locales, permettant l’unité dans la diversité".
    En 2007 à Munich, lors d’un discours qui a fait date (en version française ici), Vladimir Poutine avait clairement prévenu que la Russie ne tolérerait plus le modèle mondial unipolaire qui était en fin de cycle et que la Russie allait affirmer sa condition d’état souverain et de puissance avec laquelle il allait falloir compter. Les cinq années qui suivirent lui donnèrent raison. L’épisode de la guerre en Géorgie en 2008 puis celui de la situation actuelle en Syrie prouvent que la Russie est inexorablement passée du statut de puissance régionale à celui de puissance mondiale.
    A la différence du discours de Munich en 2007, ou le président russe avait fait clairement apparaître la volonté russe d’activement participer à l’élaboration d’un monde multipolaire, le discours de Valdaï 2013 est apparu comme une critique beaucoup plus précise et affirmée des modèles de développements "euro-occidentaux" au sens large. Le président russe a par exemple vanté le traditionalisme comme étant le cœur de l'identité de la Russie, tout en déplorant les menaces telles que la "mondialisation, le multiculturalisme et l'érosion des valeurs chrétiennes – via notamment une focalisation exagérée sur les droits des minorités sexuelles".
    Ce faisant il a clairement opposé le modèle russe en gestation fondé sur la tradition au modèle euro-atlantique incapable d’influer sur la Russie et en perdition selon lui notamment car, par exemple, "il rejette les identités et met sur un pied d’égalité les familles traditionnelles avec beaucoup d’enfants et les familles de même sexe (homoparentales), soit la foi en dieu ou en Satan". Vladimir Poutine a énormément insisté sur le point démographique et la disparition en cours des peuples européens du continent.
    La Russie semble avoir clairement décidé de ne pas sacrifier son modèle civilisationnel pour rejoindre la communauté-atlantique, affirmant au contraire désormais que c’est "l’Europe qui n’avait pas d’avenir sans la Russie" mais rappelant qu’elle était bien évidemment prête à collaborer avec tout pays européen ne souhaitant pas imposer ses valeurs a la Russie. Comme les lecteurs de RIA-Novosti le savent, le dialogue entre Russie et Occident bute en effet sur un malentendu profond qui est celui de la morale et des valeurs et il semble que sur ce point on s’approche d’un nouveau rideau de fer.
    Le président russe a aussi réaffirmé que l’objectif prioritaire de la Russie était l’intégration avec ses voisins proches et le développement de l’Union Eurasiatique pour permettre à la Russie d’occuper une place stratégique centrale et ne pas se retrouver en périphérie de blocs européens ou asiatiques.
    Cette nette réorientation stratégique et eurasiatique de la Russie ne concerne pas que la politique extérieure mais visiblement aussi et bien plus largement l’esprit des réformes en cours et du devenir de la Russie. Vladimir Poutine a dans cet esprit redéfini l’Union Eurasiatique non comme une simple coopération entre pays mais comme le seul “projet viable de préservation de l’identité et la diversité des peuples de l’espace eurasiatique dans le nouveau siècle et le nouveau monde“. Parlant de la nature de l’Etat civilisation russe, Vladimir Poutine l’a qualifié de “complexité florissante” (цветущая сложность), une expression particulière créée par l’un des pères de l’Eurasisme politique et philosophique, Constantin Leontiev.
    Constantin Leontiev avait en effet déjà développé ces conceptions eurasiatiques qui définissaient l’Eurasisme comme la “multiplicité florissante du monde”, et comme l’essence du monde multiple et multipolaire face à l’unilatéralisme occidental et ce… Au milieu du 19ième siècle. Alexandre Latsa

    L’opinion exprimée dans cet article ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction, l'auteur étant extérieur à RIA Novosti.

    Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie".

    http://fr.rian.ru/blogs/20130925/199390251.html

  • Le système tue tout le monde, pas seulement les pauvres - Par Massimo Fini

    En Suisse, en l'espace de quelques semaines, deux grands managers se sont suicidés : Pierre Wauthier, 53 ans, directeur financier de Zurich, un colosse de l'assurance, et Carsten Schloter, 49 ans, leader de Swisscomm Telecomunications. Wauthier était tendu, stressé par son chef qui le pressait d'atteindre des objectifs toujours plus élevés, jusqu'à ce que, n'y tenant plus, il se suicide. Le cas de Schloter est encore plus significatif, il a en effet laissé le mot suivant : « On ne peut pas rester connecté au travail 24h sur 24, rayer totalement la famille, les enfants, on ne peut pas oublier de vivre. »

    Le modèle de développement actuel a réussi la misérable prouesse de faire se sentir mal même ceux qui vont bien. Alors, imaginons ce que c'est pour les autres. Tout part de la compétition économique, un concept hérité de la Révolution industrielle, parfaitement inconnu auparavant, et dont les effets dévastateurs ont été amplifiés par le phénomène de la globalisation. Ce dernier a lui aussi débuté vers le milieu du XVIIIe siècle, et est arrivé à pleine maturation aujourd'hui avec l'adoption du modèle de développement occidental par presque tous les pays dans le monde.

    Compétition entre individus, compétition entre entreprises, compétition entre États, tout cela en massacrant la personne humaine. Nous admirons et redoutons la croissance chinoise, mais depuis que le boom économique a commencé sur les terres de Confucius, le suicide est devenu la première cause de mortalité parmi les jeunes, et la troisième parmi les adultes. Dans les usines chinoises, où l'on assemble les composants des produits Apple et où les ouvriers travaillent 16 heures par jour, ils ont dû tendre des filets de sauvetage pour empêcher les pauvres bougres de se jeter du toit et de se tuer. Peut-être vivaient-ils mieux lorsqu'ils se contentaient de leur bol de riz.

    Les auteurs classiques de l'économie libériste, Adam Smith et David Ricardo, soutenaient que la compétition est une bonne chose, car elle faire baisser les prix et profite donc au consommateur (ce personnage sinistre qui a émergé lui aussi à notre époque moderne). Il ne me semble pas que cela se soit produit. Les prix des biens essentiels, la nourriture, l'habillement, le logement n'ont fait qu'augmenter, même en tenant compte de l'augmentation des salaires ; les seules choses dont le prix a diminué sont les objets inutiles, dont personne n'avait jamais ressenti le besoin avant. Mais il y a surtout cette innovation psychologique qui est étroitement liée à la compétition économique, et que Ludwig von Mises, renversant 20 siècles de pensée occidentale et orientale a parfaitement résumée par cette phrase : « Ce n'est pas bien de se contenter de ce que l'on a. » Et cela a jeté les bases, comme s'il y en avait besoin, de l'insatisfaction et du malheur de l'homme. Car ce que l'on ne possède pas est sans limites ; une fois atteint un objectif, il faut un autre – contraints que nous sommes par ce mécanisme inéluctable qui nous domine et sur lequel s'appuie le système -, et encore un autre, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'on éclate, et que l'on suit remplacé par quelqu'un d'autre.

    En fait, les chômeurs se trouveraient dans la position idéale s'ils n'étaient pas taraudés par le besoin d'avoir ce qu'ils n'ont pas et que les autres possèdent. Vivre sans travailler a toujours été le rêve de tout homme, tant qu'il a eu un cerveau pour réfléchir.

    Voilà quelques années, par une sombre journée d'octobre, je me trouvais sur l'une des splendides plages d'Agrigento (dommage qu'à 100 m de là se trouve la sortie des égouts). La plage était déserte. Il y avait seulement un garçon à quelques mètres de moi. J'engageai la conversation. Il me raconta qu'il avait travaillé les quatre mois d'hiver comme maçon à Turin, et le reste du temps il le passait dans sa ville natale à vivre de ce qu'il avait gagné en pouvant compter sur la partie de sa famille qui était restée dans le Sud. « Bien-sûr, disait-il, je ne peux pas m'acheter une Porsche, mais ce que j'ai, c'est le temps ». Je lui répondis : « cher jeune homme, tu ne le sais peut-être pas, mais tu es un philosophe. » Et nous au contraire, nous sommes tous de savants crétins.

    Massimo Fini.

    Il Fatto Quotidiano, 7 septembre 2013

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    Antony Drumel http://www.scriptoblog.com/index.php/blog/actu-site-et-amis-du-site/1118-le-systeme-tue-tout-le-monde-pas-seulement-les-pauvres-par-massimo-fini

  • Faits et Documents n°363 du 1er au 15 octobre 2013 : “Portrait : Pascal Lamy”

    Le nouveau numéro de Faits & Documents du 1er au 15 octobre 2013 vient de paraître, avec (entre autres) un portrait de Pascal Lamy. Extrait.

    Parfaite incarnation des élites socialistes mondialisées, Pascal Lamy est pressenti au poste de premier ministre (ou de ministre des Finances) en remplacement de Jean-Marc Ayrault, dès que, comme avec François Mitterrand en 1983, il faudra véritablement pratiquer une politique de rigueur. Libéré de sa fonction de président de l’OMC (2005-2013) ce « haut fonctionnaire international, archétype de la tête d’œuf hyperdiplômé » (Libération du 19 décembre 2005) appartient à ce que Jean-Claude Michéa appelle la « Gauche Kérosène ». En effet, en 8 ans, il a parcouru chaque année 450 000 km, soit 10 fois le tour du monde.

     

    Faits et Documents n°363 du 1er au 15 octobre 2013 : "Portrait : Pascal Lamy"

    Faits et Documents n°363 du 1er au 15 octobre 2013 : “Portrait : Pascal Lamy”

    Ce « Torquemada du libre-échange », affilié au Siècle, au CFR, au Forum économique de Davos et invité récurrent du Groupe Bilderberg, est, comme François Hollande, un disciple de Jacques Delors. Alain Minc résume: « Pour Lamy, Hollande c’est le gamin qui portait le café dans les groupes Delors (rapporté par LeLab Europe1, 14 juin 2013). » Le « camarade Lamy » a déjà prévenu les Français et mis en garde Arnaud Montebourg : « la démondialisation est une thèse réactionnaire » (Europe 1, le 25 juin 2013). Bref, Lamy est le socialiste providentiel pour s’entendre avec le grand patronat sur le dos de la classe moyenne, la classe ouvrière étant déjà liquidée.

    « Aussi antigaulois que possible, pour un Français. »
    The Guardian, juillet 1999.

    « Un homme qui possède un aplomb peu commun pour dire, avec un cynisme absolu, la chose qui n’est pas. La social-démocratie française a trouvé en lui le parfait Janus pour faire triompher le libéralisme intégral. » L’économiste Raoul-Marc Jennar.

    « Le camarade Lamy n’a rien contre le niveau des prélèvements sociaux obligatoires en France, après tout sensiblement égal voire inférieur à ce qu’il est au Danemark, en Suède, en Finlande. » « Le cas franco-français est unique. Il est intéressant, fascinant même, mais aussi préoccupant. Ce qui se passe en France est sans équivalent ailleurs [...] Ce qui frappe en France, c’est que les préoccupations protectionnistes traversent tout le spectre politique de l’extrême droite à l’extrême gauche. Et que le débat occupe davantage la classe politique que les milieux d’affaires. Les discussions en France sont de la même nature que la controverse de Valladolid (NDA: pour savoir si les Indiens avaient une âme) [...] En France, on refait le monde. Ce sont des discussions abstraites, étonnamment éloignées de la réalité. »
    Réponse à une question sur le rejet de la mondialisation par les Français, Le Point, 19 janvier 2012.

    Pascal Lamy est né le 8 avril 1947 à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ses grands-parents étaient d’anciens agriculteurs devenus quincailliers rue Montorgueil. L’un de ses grands-pères fut officier de liaison avec les Alliés. Il est le fils de pharmaciens conservateurs de Saint-Denis. Sa mère, Lucienne Dujardin, fut vice-présidente dans les années 70 de la Chambre de commerce de Paris. Il serait venu, selon la plupart des articles qui lui ont été consacrés, à la gauche par la Jeunesse étudiante chrétienne (il se revendique toujours comme catholique pratiquant) mais il semble qu’en réalité, au lycée Carnot où il en fut le responsable durant dix ans, l’aumônier d’alors, l’abbé Manet, était nettement traditionaliste et la JEC y était conservatrice. Il passera un bac sans éclat avant d’intégrer HEC au bout de deux ans, dans un rang modeste (où il se liera avec l’un des principaux « intellectuels » français, Pierre Rosanvallon, futur patron de la Fondation Saint-Simon, dont il sera membre). Il assure, sans doute pour « gauchir » son profil, avoir fréquenté l’Union des grandes écoles (alors sous contrôle communiste) ainsi que le Comité Vietnam d’obédience trotskiste (mais nul ne s’en souvient comme l’indique Le Nouvel observateur du 5 mars 1992, d’autant (…)

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    http://fr.novopress.info/141825/faits-et-documents-n363-du-1er-au-15-octobre-2013-portrait-pascal-lamy/

  • Afrique du Sud, un cauchemar arc-en-ciel

     Saint laïc, icône des apôtres de la société « arc-en-ciel » que la Caste souhaite étendre à la planète entière, l’ex premier président noir de la  République d’Afrique du Sud (RSA),  Nelson Rolihlahla Mandela,  est à l’article de la mort à l’heure ou nous écrivons ces lignes. Un personnage complexe, qui a eu ses faces d’ombre et ses faces de lumière, dont l’engagement d’une vie toute entière ne peut faire oublier le chaos, l’accroissement des violences, de la misère et des inégalités depuis la fin officielle de la politique dite de  développement séparé ( « apartheid ») voici près de vingt ans.

    Né en 1918,  issu d’une famille de la noblesse Xhosa (la principale ethnie sud africaine avec celle des Zoulous),  Mandela  est le symbole mondial de la lutte contre l’apartheid.

    C’est à l’âge de 24 ans, tout jute licencié en droit, que les choses sérieuses commencent pour  Mandela avec son engagement militant  après sa rencontre avec  deux militants du Congrès National Africain (ANC, membre de l’Internationale Socialiste),  noyauté en profondeur par  le parti communiste sud africain (SACP).

    Mandela sera inculpé à l’âge de 45 ans pour  sabotage et haute trahison,  à un moment  ou la RSA bénéficie  du soutien plus ou moins implicite  des chancelleries occidentales. La priorité est alors de faire contrepoids à  une internationale communiste poussant ses pions et  bien décidée à déstabiliser  le continent africain.

     

    Nelson Mandela restera en prison pendant 26 ans. Il  bénéficia d’un régime d’incarcération plutôt bienveillant puisque le gouvernement afrikaner estimait qu’il était un  interlocuteur valable et moins extrémiste que ses autres compagnons de lutte.

     

    Il refusera en 1985 la  libération  que lui proposa le premier ministre  P. W. Botha, en échange d’une déclaration par laquelle il rejetterait  « de façon inconditionnelle la violence politique ».

     

     Cela explique, petite parenthèse,  que quand  Mandela fut accueilli  en juin 1990 dans l’hémicycle à Strasbourg,  Bruno Gollnisch s’étonna  que «le Parlement européen reçoive officiellement un homme qui refuse jusqu’ici d’abandonner la violence terroriste».

     

    Devenu au fil des années l’incarnation de la lutte contre les discriminations, le racisme blanc et la domination colonialiste de l’occident sur les peuples du tiers monde, Mandela sera le chouchou du camp progressiste, des idiots utiles du show biz et des « intellectuels  » éclairés  relayant plus ou moins consciemment la propagande communiste.

     

     C’est d’ailleurs au nom de la lutte contre la subversion communiste, du refus des mensonges sur la réalité de l’Afrique du Sud de l’époque, que le groupe FN à l’assemblée  nationale dénonça en novembre 1987, par la voix de Jean-Pierre Stirbois,   l’embargo contre  ce pays qui pénalisait  notamment  à l’époque notre avionneur  Dassault.

     

    Une nation  ou les ethnies noires jouissaient  alors d’un  niveau de développement et de prospérité largement inégalé en Afrique noire. C’est aussi  au nom de cette réalité que  Jean-Marie Le Pen et  le FN estimèrent que le régime afrikaner  était de loin un moindre mal,   un facteur de stabilité et de richesses entouré par  un océan de misère. La comparaison avec l’Afrique du Sud actuel, nous allons nous y arrêter, permet difficilement d’affirmer le contraire

     

     Lorsque Frederik de Klerk succéda à M. Botha, en 1989, le mur de Berlin s’apprêtait à tomber et avec lui un régime dont la pérennité aux yeux des Etats-Unis et de leurs alliés n’étaient fondés que sur une politique d’endiguement de la menace soviétique. Le soutien  certainement  le plus fidèle de la  RSA « blanche »  sera jusqu’à la fin l’Etat d’Israël qui entretient d’ailleurs   toujours des relations suivies avec l’Afrique du Sud, pays  comptant une  forte communauté  juive notamment dans l’économie et le marché du diamant.

     

    Libéré en 1990, Mandela prend la tête de l’ANC qui est de nouveau autorisé et entame des négociations qui déboucheront sur la fin d’un apartheid  asseyant  l’hégémonie politique de la minorité  blanche

     

     De Klerk et Mandela recevront alors  tous deux le  le Prix Nobel de la  Paix en 1993. Elu l’année suivante  président  après la victoire de l’ANC ( 62,65% des voix), Nelson Mandela proclame haut et fort  sa volonté de créer des  relations inter-ethniques harmonieuses, son souhait de  bâtir une « nation arc-en- ciel en paix avec elle-même et le monde ».

     

     Il occupera ce poste jusqu’en 1999 (avec deux vice-présidents à ses côtés, lThabo Mbeki et  Frederik de Klerk) , à la tête d’ un gouvernement d’union nationale composé de l’ANC, du Parti National Afrikaner et du parti zoulou Inkhata.

     

     Trois ans avant le fin de son mandat, il divorcera de sa femme  de sinistre mémoire, Winnie, connue pour son racisme délirant, ses prévarications multiples, son  gout pour la torture dans son fief de Soweto. Notamment  le terrible « supplice  du  collier », un pneu enflammé passé autour du corps de ses « opposants »

     

     En 1998, Mandela épousera en seconde noces  Graça Machel, veuve de l’ancien président mozambicain Samora Machel.

     

     Thabo Mbeki (alors président de l’ANC)  lui succédera à la tête de la RSA puis  Jacob Zuma, actuel président qui se veut avant tout le président des Noirs,   sous la conduite duquel un apartheid à l’envers et les tensions raciales  se sont exacerbées.

     

     Peut-on douter de la sincérité de Mandela dans son souhait  de voir l’avènement d’une société plus juste -actée par l’antiracialisme officiel  de la constitution-, plus  pacifiée ?  Lors de son premier procès très médiatisé au début des années 60, il proclamera : « Au cours de ma vie, je me suis entièrement consacré à la lutte du peuple africain. J’ai lutté contre la domination blanche, et j’ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J’espère vivre assez longtemps pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

     

    Force est de constater que Mandela président a multiplié les discours d’apaisements et d’ailleurs en janvier 2002, Jean-Marie Le Pen  avait affirmé  tenir «en estime» Mandela pour sa «grande capacité à établir la paix et la réconciliation entre les Africains du Sud». Il avait même manifesté le souhait  de  rencontrer  l’ex-président sud-africain, ce qui n’avait pu se faire du fait des pressions exercées par un certain Jacques Chirac.

     

    Le 26 juin, sur Radio Bolcho, alias France Inter, Marine Le Pen a également salué une «figure d’apaisement», qui a mis fin a-t-elle estimé à «un système évidemment profondément contestable, condamnable et injuste».

     

     Certes, même victime d’une politique  d’épuration ethnique, de meurtres sauvages, soumis à  la loi de discrimination positive  sur l’embauche équitable (Employment Equity Act) d’avril 1999 et celle sur la promotion des Noirs dans le secteur économique (Broadbased Black Economic Empowerment Act) de 2003, la minorité blanche reste de très loin la plus prospère.

     

    Mais elle ne représente plus qu’environ 10 % de la population  totale contre 20% il y a vingt cinq ans. Et une partie des blancs chassés de leurs emplois ont plongé dans la misère. D’autres prennent le chemin de l’exil, comme les Pieds-Noirs en leur temps…

     

     Le grand  photographe blanc sud africain Graeme Williams a affirmé dernièrement que  « Sans Mandela nous aurions connu un bain de sang en 1990. Il a vraiment porté le pays vers la démocratie. Avec lui, nous avons rêvé d’une transition parfaite, où les ennemis d’hier deviennent frères. Mais peut-être que cela n’était pas réaliste et que nous payons aujourd’hui le prix de ce rêve. »

     

    Le prix de ce rêve est exorbitant. Bruno Gollnisch évoquait sur son blog un article du site congolais  Inzocongo.net : « assiste-t-on aujourd’hui à une élimination massive des Blancs via des meurtres ciblés ? Chose tue par les médias traditionnels ? »,  dans une  République sud-africaine qui est désormais « la capitale mondiale du viol et du meurtre », avec dans les seuls anneées 90, 250 000 assassinats!

     

    « Si dans les années 1990, la Commission Vérité et Réconciliation avait été un exercice de catharsis extrêmement important pour baliser un chemin futur de paix et de cohabitation pacifique entre les différentes composantes sociales et ethniques de l’Afrique du Sud, la vérité est qu’aujourd’hui une frange de la population vit dans un mode de vengeance. Cela passe par des meurtres nombreux contre les Blancs sud-africains. Meurtres dont l’ampleur est très peu connue du commun des mortels car les médias internationaux sont très silencieux sur ce sujet comme si on ne pouvait pas critiquer le pays de Nelson Mandela. »

     

    D’après les statistiques établies par Netbank, 85% des fermes attaquées dans ce pays n’ont pas été volées, le vol n’est donc pas la motivation première des attaques. Professeur de droit à la retraite, à la tête de « L’observatoire du génocide », le docteur Grégory Stanton, indique qu’il ya « un mobile de haine, dans ces meurtres de fermiers, ce sont des crimes de haine, des gens assassinés, violés, torturés de façons déshumanisés ».

     

    L’étude de Netbank affirme encore de son côté que « le taux de tués chez les fermiers blancs est le plus haut de tous les groupes de la planète ! », taux quatre fois plus important que pour le reste de la population. « D’après une estimation 35 000 blancs ont été tués sur les routes dans leurs maisons et au travail en Afrique du Sud. »

     

    L’Afrique du Sud ravagée par les haines inter-ethniques et le sida, c’est annuellement environ 240 000 cambriolages chez les particuliers, 60 000 vols dans les magasins, les usines et les bureaux, 140 000 cas de dégradation lourde de matériel, aux alentours de 50 000 viols, 19 000 assassinats et autant de tentatives de meurtre. Le taux d’homicide dépasse les 40 pour 100 000 habitants, vingt fois plus que dans n’importe quel pays occidental. Seule la Colombie et le Salvador font pire.

     

    Une situation qui découle directement de la corruption des forces de police mais aussi et surtout de la désorganisation des structures de l’Etat et de la société sud-africaine, consécutive à la discrimination positive mise en place par l’ANC qui a eu pour effet de faire fuir des dizaines de milliers de cadres compétents.

     

    Si 79 % des 50 millions de Sud-Africains sont noirs, 9,5 % blancs, 9 % métis et 2,6 % asiatiques, le déclin de la population blanche dans la décennie 1995-2005 est estimé à 16,1%. En octobre 2006, l’Institut Sud-Africain des Relations Raciales (SAIRR) révéla que près de 900 000 Sud-africains blancs, représentant un quart des Blancs, avaient quitté le pays depuis 1994.

     

    Quant aux  villes encore majoritairement blanches  comme PrétoriaBloemfonteinSwellendam, plus vieille ville d’Afrique du Sud avec Le Cap et Stellenboch, ou encore  Potchefstroom, ancienne capitale des  Boers (dont  les rues portant les noms des héros Boers ont été débaptisées…) elles font  les frais d’un redécoupage territorial.

     

    Concrètement, celui-ci a eu pour objet  de systématiquement noyer ces communes blanches dans une entité administrative plus vaste comptant au minimum 70% de noirs. Celles-ci  sont alors  livrées à des gestions beaucoup plus chaotiques et corrompues…

     

    Comme l’affirmait l’africaniste reconnu  Bernard Lugan sur le plateau de I-télé, interrogé par Robert Ménard le 11 juin 2010, la situation ne cesse de ses dégrader depuis l’arrivée de l’ANC au pouvoir.

     

    « Le chômage a doublé depuis la fin de l’apartheid (de 20 % à 40 %) et à cette époque au moins la criminalité était jugulée, l’électricité fonctionnait et les noirs des différentes ethnies étaient des citoyens à part entière dans les Bantoustans (les Etats noirs indépendants) ».

     

    La « seule solution » pour éviter le chaos actuel aurait résidé dans « un partage territorial équitable », ce que le pouvoir blanc de l’époque n’a pas su ou voulu faire, en lieu et place du « projet mondialiste de melting pot » actuellement en vigueur avec les conséquences dramatiques que l’on sait pour tous les sud-africains. »

     

    Si un arbre se juge à ses fruits, et une doctrine à ses réalisations pratiques,  le rêve arc-en-ciel  de Nelson Mandela est en miette.

    http://aemn.eu/fr/2013/06/28/afrique-du-sud-un-cauchemar-arc-en-ciel/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=afrique-du-sud-un-cauchemar-arc-en-ciel

  • La Bulgarie sous pression

    Réfugiés syriens : nouvelle vague de fuyards vers l’Europe.
    C’est par Goliam Dervent, à quelques kilomètres de la Turquie, que passent la plupart des réfugiés syriens qui entrent illégalement dans l’UE à un rythme croissant. La population est plutôt bienveillante à leur égard, mais les autorités sont débordées et craignent une crise humanitaire.
    Gina [prononcer « Djina »] est assise devant une sorte de cabane bleue, qui est en fait un magasin et un bar. Elle est assise sur une chaise, son menton posé dans sa main, et croise les jambes. Elle a une vue sur l’ancien hôtel de ville, un vestige du « temps passé » du communisme, et sur partie de sa maison : une façade en briques, une porte en bois blanc, un jardin.
    Gina nous la pointe du doigt. Elle l’a depuis 20 ans. Elle n’est pas du coin mais c’est comme ça. Elle a un appartement en ville mais préfère passer ses hivers ici, en se chauffant au bois.
    Elle est retraitée à Goliam Dervent, à 20 km d’Elhovo et à 3 km de la frontière turque. Le nom du village signifie « La longue marche ». C’est le premier endroit en Bulgarie que les réfugiés syriens atteignent au cours de leur longue fuite.
    Gina est une sorte de porte-parole des habitants de Goliam Dervent, qui n’ont rien contre les réfugiés, parce qu’ils ne restent pas longtemps. Les protagonistes, ce sont les milliers de réfugiés qui passent par le village.
    « Police, police, Sofia, Sofia »
    « Quand ils arrivent à la source d’eau, ils disent “Police, police, Sofia, Sofia“, et on attend avec eux », raconte Gina. « Ils boivent de l’eau, mais ils ne mangent jamais. Ils ont peut-être peur de se faire empoisonner. On reste avec eux, les pauvres, ils fuient. Il y avait un homme qui est passé dans une chaise roulante. Ils sont gentils. Une fois, il a plu, alors on les a laissé entrer dans le magasin. »
    Le village ne compte plus que 50 habitants, alors qu’il y en avait 1.600 à l’époque communiste. Les jeunes faisaient du troc de bois avec la Turquie. Il n’y a plus de jeunes maintenant, et plus personne ne va en Turquie. Un Russe visite de temps en temps. La plupart des maisons sont délabrées et désertes.
    Au-delà du village, sur le chemin qui mène à la frontière, se trouve une ancienne caserne. La porte y est ouverte. Vesselina Dimova est maire du village. Les drapeaux de la Bulgarie et de l’Union européenne sont à sa fenêtre. Un calendrier avec le portrait de l’ancien premier ministre Boïko Borissov est sur une table, à côté de son bureau, de même qu’un passage de la Bible. Elle montre une pancarte que la police des frontières l’a obligée à mettre : « Fermez en entrant et en sortant ». Elle rit quand on la prend en photo, elle l’appelle « ma petite pancarte ». Elle sourit quand elle regarde le trou dans la clôture.
    « Ils viennent par ici. Si quelqu’un les voit, il appelle la police. Si elle ne les trouve pas, c’est parce qu’elle est trop occupée à les chercher ailleurs (avec des caméras infrarouges, ndlr). Douze personnes sont venues l’autre jour, deux familles avec des petits enfants. »
    Selon Dimova, « ils ne sont pas dangereux, ils ne posent aucun problème. On leur donne de la nourriture et de l’eau » et les gens du village les aident. Pendant qu’elle parle, on aperçoit une voiture de la police des frontières à travers la fenêtre.
    Tout comme le ministre de l’intérieur et les autorités nationales, elle utilise le terme de « vague » à propos des réfugiés. D’après la police, il s’agit de près de 4.500 personnes.. On ne sait plus où les mettre.
    Le chemin des réfugiés
    La plupart des réfugiés arrivent à Goliam Dervent le matin. Il faut qu’ils y attendent la police des frontières, qui les emmène en garde-à-vue à Elhovo. Ils sont alors inscrits dans un registre, ils y passent des examens médicaux, avant d’être relocalisés dans des centres d’accueil temporaire. Ceux de Pastrogor et de Liubimets sont à proximité. Une de ces institutions dépend de l’Agence nationale pour les réfugiés, l’autre de la direction pour la migration. Les centres sont différents : l’un est de type ouvert, l’autre de type fermé.
    Presque tous les réfugiés syriens ont des papiers d’identité. Cela simplifie la tâche aux autorités. D’autres n’en ont pas : ils les ont dû les laisser aux trafiquants pour les racheter plus tard, ou alors ils les ont perdus, racontent les policiers.
    Avant, le point de passage par excellence était le poste de Kapitan Andréevo. Depuis qu’il est équipé d’un système de surveillance intégré qui peut surveiller même le côté turc, les réfugiés ne peuvent même plus atteindre la frontière. Ils sont arrêtés par les autorités turques. Ils préfèrent maintenant passer par Elhovo, qui est au milieu d’une forêt.
    « Pas de problèmes »
    Gina entre dans sa cabane bleue. Elle nous demande si on veut quelque chose pour la troisième fois. « On est content de voir des étrangers » dit-elle. La voiture de la police des frontières était garée devant le magasin, il y a quelques instants. Les agents ne se prononcent pas sans autorisation officielle. Alors officieusement, ils disent qu’il y pas de problèmes. Pas de quoi se plaindre. Ils nous demandent si on sait quelque chose sur le nouveau centre de coordination d’Elhovo. Son ouverture aurait été annoncée le 17 septembre par le ministre de l’Intérieur. Ils sourient quand on leur dit que les travaux devaient prendre 10 jours.
    Gina se penche contre la porte du magasin. Nous lui souhaitons bonne chance. Elle sourit. Elle a envie de parler : « J’espère bien, mais je doute », dit-elle. En partant en voiture, nous la voyons se rasseoir sur sa chaise, et poser son menton dans sa main.
    Lora Fileva, DNEVNIK SOFIA, 26 septembre 2013
    Traduction : Damian Vodenitcharov, http://www.presseurop.eu/fr
    Article originalDnevnik.bg
    Titre original : Дългият проход, или за срещата на едно погранично село с бежанци
     Réactions :
    La Bulgarie ne fermera pas sa frontière
    Le premier ministre Plamen Orecharski a réfuté l’idée de fermer la frontière entre la Bulgarie et la Turquie en raison de l’afflux de réfugiés syriens, écrit le site d’actualité bulgare Mediapool.bg 370 personnes ont passé la frontière entre le 20 et le 23 septembre. Ils sont plus de 4.000 à être installés dans les centres d’accueil dans le pays, alors que plus de 500.000 réfugiés se trouvent actuellement en Turquie. Les autorités s’attendent à ce que le nombre de réfugiés en Bulgarie atteigne 10.000 personnes d’ici la fin de l’année. Le gouvernement compte solliciter l’assistance de l’Union européenne pour y faire face. Selon le premier ministre, Sofia a déjà fait une demande d’aide technique, avant de faire appel à l’aide financière. Celle-ci est estimée à 10 millions de léva (5 millions d’euros) par mois pour les seules aides directes aux réfugiés.
    http://www.polemia.com/la-bulgarie-sous-pression/