Le mot diabolisation sonne étrangement à nos oreilles. C’est un terme péjoratif, mais la société utilise sans cesse ce mécanisme pour se protéger, validé des comportements collectifs, en excluant ceux qui ne partagent pas, ou protéger l’idée républicaine, qui ne peut être une idée forte que moyennant la diabolisation de ceux qui ne la reçoivent pas. Par l'Abbé G. de Tanoüarn
On peut difficilement majorer l'importance de la diabolisation comme comportement social. Elle est partout, autour de nous et en nous. Pour le comprendre, on peut d'abord remonter à la suggestion de Jean-Jacques Rousseau dans le Contrat social réaliser l'unanimité des citoyens autour du projet républicain, et exclure de la cité, par l'exil ou par la mort, ceux qui ne partagent pas la même conception de l'État. Jean-Jacques, en rêvant tout seul à un parfait édifice de bonheur politique, a créé les conditions théoriques de la terreur. À travers ses réflexions, on a fondé non pas une démocratie exprimant la volonté de la majorité des électeurs, mais une « république » représentant l'unanimité présumée des citoyens, une unanimité qui par définition est devenue incontestable, diabolisant tous ceux qui revendiqueraient une autre pensée ou d'autres convictions que les siennes. C'est ainsi que le diable est devenu moderne il s'est agi de transformer en diable (diaboliser) tout ce qui n'était pas progressiste. Résultats ? On a compté les morts par dizaines de millions, sur tous les continents. Le XXe siècle a été le siècle le plus sanglant, au nom de la diabolisation des opposants.
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