II. Causes politiques
À la nouvelle de l'atroce tuerie de Draveil, on crie un peu partout que c'est la guerre sociale. Ce n'est pas la guerre sociale, c'est la guerre civile. La cause première de ces massacres est politique. Si le travailleur et le soldat se sont rués l'un contre l'autre, c'est en vertu de la cause profonde qui égare à la fois l'ouvrier et le bourgeois, mais le bourgeois plus que l'ouvrier, celui-ci ne pouvant que s'agiter dans cette impasse, tandis que le bourgeois pourrait, s'il y voyait, découvrir une issue qui délivrerait tout le monde. On a mis sur les yeux de la bourgeoisie un obturateur.
Une condition absurde et inhumaine ne peut que provoquer des actes déraisonnables et inhumains : l'ouvrier, qui n'a que son travail et son salaire, doit naturellement appliquer son effort à gagner beaucoup en travaillant peu, sans souci d'épuiser l'industrie qui l'emploie. Pourquoi se soucierait-il de l'avenir des choses, dans un monde qui ne se soucie pas de l'avenir des gens ? Tout dans sa destinée le ramène au présent : il en tire ce que le présent peut donner. Qu'il le pressure, c'est possible. Il est le premier pressuré.
— Mais il n'en tue pas moins la poule aux œufs d'or, ce qui n'en est pas moins d'un pur idiot.