
Richard Millet est romancier, mais pour lui, le roman, c'est la vérité toute nue. Dans cette perspective, dans cette inquiétude pour la vérité sur notre monde, dans cette angoisse devant un non-dit qui apparaît toujours à la fois comme le symptôme essentiel du mal et comme la cause… perdue, il vient de publier deux livres qui sont deux lectures du « désespoir contemporain ». Quel est ce mal être que nous sentons, mais auquel nous ne savons pas donner de nom, que nous échouons à décrire ? En bon analyste, c'est à travers le refoulé de la conscience contemporaine - l'immigration comme phénomène toujours latent mais toujours évité voire censuré - que Richard Millet tente d'argumenter son diagnostic. Peut-on encore s'exprimer sur l'immigration ? Le seul fait de parler de ce dont il ne faut pas parler représente plus qu'un livre; cette libération de la parole est un acte qui marque, avec le désespoir et l'impression de « toucher le fond », une espérance infracassable, qui est sans doute le dernier legs de la culture chrétienne lorsqu'elle semble disparaître. Dans Arguments pour un désespoir contemporain, Richard Millet donne un cours en cinq leçons. Dans Fatigue du sens, deuxième petit opus à la portée de tous, il laisse partir des fusées de mots pour décrire, pour tenter de définir le mal contemporain. Il nomme la guerre civile et l'exorcise en la nommant. GT
Entretien Propos recueillis par l'abbé G. de Tanoüarn
Richard Millet, vous êtes un des rares romancier d'aujourd'hui dont on puisse dire d'ores et déjà qu'il est à la tête d'une œuvre. Et vous vous mêlez d'écrire sur les dysfonctionnements de notre société. N'y a-t-il pas contradiction ?
Lire la suite