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social - Page 541

  • Catholicisme et libéralisme économique

    « Le très catholique Mario Monti [1]... ». C’est ainsi que France-Info (mercredi 2 janvier 2013) évoquait le professeur d’économie qui a été mis en place en Italie par le système oligarchique actuel. Pour corriger ce médiamensonge obscène, nous devons rappeler quelques repères à ce sujet.

    Chacun reconnaîtra qu’au XXème siècle, les penseurs catholiques plutôt traditionnels se sont surtout focalisés sur des critiques du marxisme. Cette concentration du discernement s’est traduite par une certaine tolérance idéologique envers le libéralisme économique. C’est ainsi que la réalité sociologique du catholicisme pratiquant manifeste des personnes bien établies dans le monde, plutôt aisées. Le fait que ces catholiques bourgeois se sentent tout à leur aise dans une église trahit l’ignorance doctrinale et religieuse de ce temps.

    Ce constat sociologique n’annule pas les déclarations du magistère dans le domaine. Notre vie quotidienne est formatée par le positivisme et tous ses corollaires (scientisme, relativisme, nihilisme…) dont le libéralisme économique est également un surgeon majeur. Mais l’enseignement de l’Église catholique sur le libéralisme économique est clair et précis.

    Nous connaissons les travaux de Jean-Claude Michéa [2] sur les racines philosophiques [3] de ce libéralisme de marché. Or, il faut savoir que ce libéralisme des échanges a pu se développer sur les bases philosophiques du positivisme issu, d’une manière paradoxale pour certains, du protestantisme. Le fidéisme protestant, en effet, en niant à l’homme sa capacité à définir l’ordre naturel, favorise la réduction des biens humains aux biens utiles. Or, cette réduction du sens de la vie humaine à la gestion utile de ce qui est, de l’existant, est une violence réelle faite aux intelligences qui cherchent la vérité.

    Le travailleur français, à l’origine majoritairement artisan, paysan ou ouvrier, s’est vu progressivement contraint à l’isolement face à la toute- puissance des structures étatiques. La Révolution a ainsi supprimé les anciennes Corporations (institutions de métiers qui protégeaient les affiliés à travers une législation reconnue) et les anciennes Mutuelles. En adoptant la loi « Le Chapelier » [4], cette Révolution a interdit au travailleur de s’associer en lui ouvrant une nouvelle ère : celle d’un esclavage de l’industrie naissante. La course à la productivité et au rendement allait ainsi servir l’éclosion et la pérennité de groupements économiques financièrement puissants et asservissants.

    Le droit au travail consacré par la sainte Déclaration des Droits de l’Homme cachait surtout le nouveau devoir de se faire exploiter par les puissants de ce monde.

    Le fruit de la libéralisation des esprits, dont Voltaire fut un travailleur acharné, a surtout été la légalisation de la loi de la jungle et le triomphe des appétits égoïstes, dans la droite ligne de l’anthropologie protestante [5]. Les hommes et les femmes, enfermés dans leurs appétits narcissiques, sont ainsi « naturellement » en concurrence et la réussite individuelle, l’arrogance, la superbe, la suffisance deviennent des vertus dans ce monde anglo-saxon. Il n’y a pas loin à voir dans la réussite matérielle le signe des vertus humaines les plus hautes… Ne voit-on pas ici l’arrière-plan protestant de la prédestination dont les signes sont la réussite sociale et les richesses matérielles ?

    Il a existé des patrons catholiques [6] conscients de leurs responsabilités et qui humanisaient autant que possible la vie de leur entreprise. Il faut ici rappeler en toute justice que c’est l’Église catholique qui les rappelait à leur devoir. Si la séparation de la foi et de la raison, aujourd’hui majoritaire dans les cerveaux catholiques, est une catastrophe sociale et ecclésiale, la séparation des classes laborieuses et de l’Église catholique en est une autre.

    Le catholicisme social en France : quelques exemples

    Pourtant, et c’est ce que nous voulons rappeler ici, il n’a pas manqué de voix, même parmi les évêques (eh oui, tout arrive !), pour exposer ce qu’on appelle la doctrine sociale de l’Église [7], laquelle explique l’inhumanité de la doctrine libérale. Sans exposer le détail de l’argumentation, il convient de rappeler que la tradition de l’Église n’est pas de soutenir sans discernement les pouvoirs établis, même si certains hommes d’Église y ont succombé. Nous ne dresserons pas ici une liste dont les noms sont maintenant inconnus pour la plupart. Nous pourrions ici rappeler l’engagement des cardinaux Liénart [8] et Guerry [9] contre cette violence économique et sociale, Frédéric Ozanam [10] ou encore Léon Harmel [11]. Le rappel de cette doctrine sociale au regard du libéralisme économique est essentiel en un temps où le surnaturalisme imprègne le catholicisme, ce qui se traduit par la désertion du combat politique authentique.

    Nous citerons le cardinal Richaud (1887-1968), archevêque de Bordeaux :

    « Le travail de l’homme est une réalité voulue par Dieu et sanctifié par le Christ. Le chômage est donc un mal moral avant d’être un mal économique. Ses conséquences sur la valeur personnelle de l’ouvrier, sur la condition de la vie au foyer, sur l’ensemble de la vie sociale, sont à peser avant tout licenciement. Le chômage ne peut être que temporaire et “subi” par les responsables de la Cité, de la profession, de l’entreprise. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour l’éviter ou le réduire [12]. Jamais il ne saurait être envisagé comme un bien pour relancer une affaire ou équilibrer une situation. Même en face de difficultés économiques d’une entreprise ou d’un pays, les dirigeants doivent avoir le souci de sauvegarder une priorité absolue aux salaires vitaux. Un abandon momentané de la rémunération du Capital, une réduction par le haut de la hiérarchie des salaires et des traitements, un engagement des réserves de l’entreprise peuvent apparaître nécessaires dans une période particulièrement difficile. C’est ici que la morale évangélique du renoncement doit dicter à ceux qui sont avantagés ou qui jouissent d’une plus grande sécurité les gestes que les Chrétiens doivent faire et qui entraîneront leurs collègues et leurs compatriotes… Le dirigeant chrétien… évitera de transférer sur d’autres les difficultés qu’il rencontre. Il s’associera à eux pour les partager… Une conscience chrétienne ne peut supporter qu’une certaine catégorie de citoyens exploitent une période de crise pour s’y enrichir tandis que d’autres connaissent des moyens d’austérité [13]. »

    La véritable Église du Christ a ainsi toujours combattu les abus de pouvoir en protégeant les humbles et les petits. Le catholicisme social n’est pas une vue de l’esprit. Ce christianisme authentique a en effet fourni de nombreux résistants.

    Un certain abbé Busson écrivait ainsi en 1819 :

    « Il est un autre socialisme que les peuples doivent accueillir sous peine de retomber, et bientôt, dans la barbarie : c’est le socialisme chrétien. Celui-ci se fonde sur la liberté, l’égalité et la fraternité, telles que la religion du Christ les révèle. Il ne crée pas une humanité fantastique, pour dicter des lois à l’humanité réelle. Il prend les hommes comme ils sont, avec leurs inégalités sans nombre, parce que ces différences dérivent naturellement de la différence même des individualités humaines. Et voilà pourquoi il cherche à faire servir, dans une juste mesure, la plénitude des uns de ressource à l’indigence des autres. »

    Le catholicisme social en Allemagne

    C’est pourtant au XIXème siècle en Allemagne que le catholicisme social va s’incarner de façon significative autour des « lois Ketteler » du nom de l’évêque de Mayence Wilhelm Emmanuel von Ketteler (1811-1877). Cet évêque ne s’est jamais prostitué aux autorités établies, ce qui lui a valu de nombreuses difficultés. Il est cité en exemple par Benoît XVI dans son encyclique sociale Dieu est amour (n° 27). Dans cet élan, Mgr Weis (1796-1869) écrivait : « Le sort des salariés des riches fabriques est plus oppressif que l’ancien esclavage. » Le fruit de ces réflexions est la création d’associations de protection ou encore la modification du droit du travail.

    En 1864, trois ans, donc, avant la parution du Capital de Karl Marx, monseigneur von Ketteler publie La question ouvrière et le christianisme [14].

    Il dénonce alors une oppression d’une grande actualité :

    « Il n’y a plus de doute possible aujourd’hui : l’existence matérielle de la classe ouvrière presque tout entière, c’est-à-dire la grande masse des citoyens de tous les États modernes, celle de leur famille, le pain quotidien nécessaire à l’ouvrier, à sa femme et à ses enfants, est soumise à toutes les fluctuations du marché et du prix de la marchandise. Connaissez-vous quelque chose de plus déplorable qu’une telle situation ? Quels sentiments doit-elle éveiller dans le cœur de ces malheureux qui se voient, chaque jour, eux et ceux qui leur sont chers, exposés aux éventualités d’un marché ! C’est le marché aux esclaves de l’Europe libérale, taillé sur le modèle de notre libéralisme et de notre franc-maçonnerie philantropiques, éclairés et antichrétiens »

    Léon XIII (1810-1903) reconnaîtra en von Ketteler son précurseur. Une de ses intuitions de résistance est la création d’associations ouvrières, sortes de syndicats, indépendantes de l’État bien entendu, mais également des réseaux capitalistes. Ce mouvement aboutira à la création d’un parti chrétien qui remportera plusieurs élections. Dans l’œuvre de Mgr von Ketteler se trouve également le projet de création d’un institut de crédit qui permet aux ouvriers de contrôler le capital de leur entreprise et la participation des travailleurs aux bénéfices.

    À la même époque, de nombreuses initiatives fleurissent en Occident. En France particulièrement, Mgr Freppel (1827-1891) et Albert de Mun (1841-1914) vont proposer la création de caisses de sécurité sociale. Ces initiatives annoncent les grandes lignes des encycliques sociales de Léon XIII qui ordonnent en conscience la protection des ouvriers.

    La doctrine sociale et les papes

    Pie XI (1857-1922) dénonça en son temps « le libéralisme immoral » que Pie XII (1876-1958) condamnera de nouveau en 1944 « comme contraire au droit naturel ». Il va sans dire que ces hommes connaissaient les relations étroites entre ce libéralisme et la pratique de l’usure, dénoncée depuis les débuts de l’Église [15].

    Cette doctrine sociale de l’Église se fonde sur ce qu’on appelle le droit naturel [16] et la Révélation : cette dernière n’annulant point le premier, dont les grandes lignes ont été définies par des philosophes grecs [17] et romains. Cette doctrine, issue d’une longue maturation, ne définit pas le travail comme une marchandise ou une simple force productrice dépersonnalisée. Cette doctrine sociale relativise donc le travail mais en lui redonnant ses lettres de noblesse : en l’humanisant.

    Concernant la propriété privée, elle ne la définit pas comme un droit absolu de disposer de ses biens [18]. S’inspirant de saint Thomas, elle précise, ce qui ne va pas sans étonner nos oreilles formées au matérialisme égoïste, que la propriété privée, bien que nécessaire [19] à la satisfaction des besoins vitaux et pour d’autres raisons, est destinée en droit au bien commun. Quand j’use d’un bien matériel (maison, moyen de locomotion, outil, etc), je ne dois pas le faire comme s’il m’appartenait en propre mais comme s’il était à tous, si bien que si je rencontre quelque nécessiteux, je dois lui céder ce bien comme s’il s’agissait d’une restitution. Saint Thomas finit ainsi son argumentation en citant saint Paul (1 Tm 6, 17-18) : « Recommande aux riches de ce monde... de donner de bon cœur et de savoir partager. »

    Cette communauté des biens ou destination universelle des biens [20] est traditionnelle dans l’Église, bien que les catholiques, travaillés par des décennies de bourgeoisie néo-protestante, l’aient oublié pour le plus grand bien de la marche libérale. L’Église parle ainsi de droit naturel, non qu’elle enseigne qu’on ne doit rien posséder en propre [21] mais que l’on ne doit pas oublier que, naturellement, nous naissons nus et sans possessions. Le riche qui, par exemple, s’empare en premier d‘une richesse (un puits d’eau par exemple) pour la partager avec le plus grand nombre agit bien et en justice : il faute par contre quand il empêche la redistribution selon un juste prix ou engrange des bénéfices démesurés. Saint Thomas cite dans cette question saint Ambroise : « Que personne n’appelle son bien propre ce qui est commun [22], car tout ce qui dépasse les besoins, on le détient par la violence. »

    L’Église catholique, à travers tout l’argumentaire de sa doctrine sociale, rejette le libéralisme sauvage et le capitalisme démesuré qui lâchent la bride des prédateurs, ouvriers d’injustice. L’aveuglement de trop nombreux catholiques en ce domaine est le fruit du travail de sape d’idéologies déformantes et déshumanisantes. Cette ignorance [23] grave engendre dans leur mode de vie un contre-témoignage non moins grave et empêche leur entrée dans la résistance efficace au nouvel ordre mondial positiviste.

    En 1937, Pie XI s’insurgeait :

    « Que faut-il penser des manœuvres de quelques patrons catholiques, qui, en certains endroits, ont empêché la lecture de notre encyclique Quadragesimo anno dans leurs églises patronales ? Que dire de ces industriels catholiques qui n’ont cessé jusqu’à présent de se montrer hostiles à un mouvement ouvrier que nous avons-nous-mêmes recommandé ? On combattra cette incohérence, cette discontinuité dans la vie chrétienne, que nous avons déplorée tant de fois, et qui fait que certains hommes [24] , apparemment fidèles à remplir leurs devoirs religieux, mènent, avec cela, par un déplorable dédoublement de conscience, dans le domaine du travail, de l’industrie ou de la profession, dans leur commerce ou leur emploi, une vie trop peu conforme aux exigences de la justice et de la charité chrétienne ; d’où scandale pour les faibles et facile prétexte offert aux méchants de jeter sur l’Église elle-même le discrédit. »

    Divini Redemptoris, 1937.

    Quand une structure se corrompt, elle le fait toujours par le haut. L’Église authentique subsiste dans l’Église catholique. Car de nos jours, il est facile de se dire catholiques, du moins dans les réseaux ecclésiaux, d’aller à l’église, de participer à sa vie liturgique et communautaire, voire même d’accéder à certains « grades ». C’est ainsi que l’Église institutionnelle présente parfois, ponctuellement, le visage d’une auberge de prostituées. Ne voit-on pas certains encourager cette situation indigne en entretenant l’ignorance et le mépris de l’étude : c’est ainsi qu’on confisque les clés de la formation en empêchant le peuple d’y accéder. On le conforte ainsi dans ce dédoublement de conscience qui sert l’ordre établi. Au sein de ces zizanies subsiste un petit reste de fidèles qui résiste aux compromissions inacceptables et prend conscience, par l’étude et la lecture, de la nécessité de la dissidence.

    « L’Église n’est ni à droite, ni à gauche mais au-dessus, non pour dominer mais pour servir. »

    Pie XII

    Nul ne peut juger la conscience d’un autre, mais Mario Monti n’est pas catholique : c’est objectivement un petit agent de groupes de domination privés protestants et juifs dont les buts exclusifs sont l’argent et le pouvoir. Entièrement soumis à ces intérêts au détriment du bien commun des personnes, il œuvre chaque jour contre cette doctrine sociale de l’Église qu’il devrait servir en cohérence. Son évêque devrait vigoureusement rappeler ces vérités au risque d’accentuer des contre-témoignages inadmissibles.

    Conclusion

    La société libérale-libertaire, qui est la finalité de l’idéologie mondialiste (à ne pas confondre avec la mondialisation), consacre le prêt à intérêt de l’individu égoïste, alors que la doctrine sociale de l’Église, tout en reconnaissant la propriété privée comme un bien objectif et humanisant, recommande le don gratuit pour l’autre.

    Historiquement, nous sommes passés de la noblesse au calcul intéressé. Il ne faut pas oublier les intentions des pères du libéralisme économique dominant dont un représentant emblématique est Bernard Mandeville (1670-1733). Dans sa Fable des Abeilles (1714), il manifeste qu’une société fondée sur les vertus ne peut pas être prospère matériellement. Il faut donc libéraliser les vices. Le principe de cette nouvelle société libérale sera l’utilité sociale de l’égoïsme. Il ne s’agit plus ici de combattre les vices mais d’en accepter d’institutionnalisation.

    C’est là un des fruits du protestantisme, tel que l’a manifesté Max Weber dans son Éthique protestante et l’esprit du capitalisme. L’Église reconnaît par ailleurs le rôle pertinent du profit comme le rappelle Jean-Paul II dans Centesimus Annus. La difficulté vient quand les âmes sont à ce point absorbées par la Cité temporelle que les soucis propres à cette Cité ont envahi l’esprit des citoyens. Peut-on encore combattre à la suite du Christ dans ces circonstances ? Le souci de la vérité apparaît alors comme une recherche désincarnée : mais dans cette logique, le plus désincarné se trouve être le Christ incarné…

    Un autre sociologue, Werner Sombrart (1863-1941), plus connu en son temps que Max Weber, a fait le lien entre l’économie capitaliste sauvage et la religion juive. Aujourd’hui, deux principes bancaires coexistent dans le monde occidental : l’un, issu du monde protestant, de tendance ascétique ; l’autre provenant du monde juif, de tendance plus spéculative, (cf. Alain Soral, Comprendre l’Empire). Ces deux principes bancaires co-gèrent la capacité qu’ils se sont donnée de créer de l’argent à partir de rien et de tirer profit de l’emprunt. C’est là le mode de fonctionnement de la religion mamonnique. Il apparaît que le positivisme philosophique est un des piliers de l’esprit du monde : logique de domination temporelle.

    Pour une analyse du prêt à intérêt chez saint Thomas : Somme Théologique, IIa-IIae, qu. 78.

    En rappelant le passage du Livre de l’Exode (22, 25), saint Thomas se situe dans la lignée des Pères de l’Église en affirmant le caractère peccamineux de l’usure. On peut dire que jusqu’à la Renaissance, travailler pour accroître ses richesses étaient considéré comme un péché : la finance était immorale. Il fallait trouver le juste prix. L’authentique catholicisme recommandait le prêt gratuit. On sait par ailleurs que deux Conciles (Latran 1315 et Paris 1532) ont solennellement condamné le prêt à intérêt.

    Pour une analyse globale de la question : Pamphile Akplogan, L’enseignement de l’Église catholique sur l’usure et le prêt à intérêt, L’Harmattan, 2010.

    Keroas http://www.egaliteetreconciliation.fr

    Notes

    [1] Né en 1943, après avoir fait le va-et-vient entre la Commission Européenne et la banque Goldman Sachs, il est nommé en novembre 2011 Président du Conseil des Ministres italien et démissionne en décembre 2012. Le technocrate œuvre pour le racket légal des italiens au service des banques privées. Candidat aux prochaines élections, il annonce vouloir poursuivre sur la même voie : libéralisations, mesures de compétitivité, etc.

    [2] Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l’impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche (Climats, 2002. Réédition Paris, Champs-Flammarion, 2006) et La double pensée. Retour sur la question libérale (Paris, Champs-Flammarion, 2008) dont Alain Soral nous a recommandé la lecture.

    [3] Le raisonnement est toujours le même : notre connaissance ne touche jamais la vérité des choses mais son aspect sensible seulement. Et par conséquent comme l’appétit suit la connaissance, mon désir sera borné à un calcul d’intérêt singulier. Suivront les utilitaristes anglo-saxons : Adam Smith (1723-1790), Jeremy Bentham (1748-1832), Bernard Mandeville (1670-1733), son disciple Ricardo (1772-1823), John Stuart Mill (1806-1873), Malthus (1766-1834), et plus tard Keynes (1883-1946). Ces auteurs positivistes peuvent s’opposer ici ou là mais leurs points de départs sont les mêmes. Il est intéressant de noter que pour Keynes, influencé par Moore (1873-1958), le bien ne peut être défini adéquatement de façon universel et nécessaire. Il nous faut donc nous en tenir aux institutions établies qui ont fait leur preuve dans l’histoire des hommes pour guider nos actions. L’aboutissement contemporain de cette filiation est Milton Friedman (1912-2006), prix Nobel d’économie (1976), dont la doctrine économique est devenue dominante dans la marche vers le Nouvel Ordre Mondial.

    [4] La Loi Le Chapelier (juin 1791, du nom de Isaac Le Chapelier, avocat au Parlement de Bretagne, et abrogée progressivement en 1864 et 1884) proscrit légalement : les organisations ouvrières, dont les corporations des métiers, mais aussi les rassemblements paysans et ouvriers et le compagnonnage. Étrangement, elle épargne les clubs patronaux, les trusts et ententes à caractère monopolistique.

    « Enfin, à ceux qui verraient encore dans la Révolution la naissance de l’égalité et de la fraternité réelles, nous rappelons la loi “Le Chapelier”. Soit l’avènement aussi dans le dos des “droits de l’homme”, mais sur le dos du petit peuple du travail, du plus brutal libéralisme économique ! La loi Le Chapelier, promulguée en France deux ans seulement après la prise de la Bastille, proscrivant les organisations ouvrières et les rassemblements de paysans. Interdisant, de fait, les grèves et la constitution des syndicats, ainsi que les entreprises non lucrative comme les mutuelles. Ne visant ni les club patronaux, ni les trust, ni les ententes monopolistiques qui ne furent jamais inquiétés, elle provoque, dès 1800 chez les ouvriers charpentiers, la formation de ligues privées de défense et de grèves sauvages, qu’elle (la loi) permet de réprimer jusqu’à Napoléon III » (voir loi Ollivier).

    Alain Soral, Comprendre l’Empire.

    [5] Pour la théologie protestante, avec bien-sûr des nuances chez les auteurs et les filiations, le péché originel a détruit (complètement obscurci) la nature humaine si bien que non seulement l’intelligence ne peut plus connaître le vrai mais la volonté est incapable de bien objectif. On verra ainsi une certaine forme d’anti-intellectualisme chez Luther lorsqu’il refuse de donner à l’intelligence la capacité d’accéder à la vérité. Sa définition de la nature humaine est telle qu’il l’estime incapable de connaître naturellement des vérités premières et d’aimer objectivement un bien. Sa formation nominaliste occamiste a fondé ce postulat. Dés lors, l’usage de la raison dans les matières de la foi, et donc la prétention d’exposer une théologie scientifique du donné révélé, est non seulement invalidée par cette orientation protestante mais lui est insupportable. L’usage de la raison humaine, avec sa logique naturelle, dans les matières de la foi, est un abominable scandale. Nous rappelons ici le texte bien connu : "dans les choses spirituelles la raison est non seulement aveugle et ténèbres, elle est vraiment la putain du diable, elle ne peut que blasphémer, déshonorer tout ce que Dieu a dit ou fait". Notre intelligence totalement détruite ne peut plus définir des vérItés naturelles et les vérités révélées de la foi ne sont pas rationnelles mais s’adressent uniquement à notre cœur, compris comme siège des sentiments. Ce sera le Dieu sensible au cœur de Pascal. Luther repoussait ainsi toute philosophie, et invalidait toute logique en théologie. "La logique n’est nulle part nécessaire en théologie, dit-il, parce que le Christ n’a pas besoin des inventions humaines". Et par conséquent Aristote devient pour lui le rempart impie des papistes. Son éthique est la pire ennemie de la grâce. Saint Thomas est rejeté, la Sorbonne est la mère de toutes les erreurs et Jacques Maritain peut conclure :"Luther en somme apportait à l’humanité 230 ans avant J.J. Rousseau une délivrance, un immense soulagement : il délivrait l’homme de l’intelligence, de cette fatigante et obsédante contrainte de penser toujours et de penser logiquement. La grande oeuvre révolutionnaire, à partir du protestantisme en descendant jusqu’à nos jours, c’est de ne permettre de repos à la raison que dans la contradiction. Elle met en nous une guerre universelle." Luther et ses disciples protestants de tous les temps mettent en oeuvre le programme philosophie de Guillaume d’Occam (franciscain anglais mort en 1347) : abandon de la philosophie réaliste jugée inutile et incertaine, séparation de la philosophie et de la théologie, prédominance du sentiment au détriment de la raison. Plus tard, quand la foi disparaîtra : réduction des biens humains aux biens utiles. Et comme le souligne Jean-Paul II dans Fides et Ratio (n° 48) : « la foi, ainsi privée de la raison, a mis l’accent sur le sentiment et l’expérience, en courant le risque de ne plus être une proposition universelle. Il est illusoire de penser que la foi, face à une raison faible, puisse avoir une force plus grande ; au contraire, elle tombe dans le grand danger d’être réduite à un mythe ou à une superstition. De la même manière, une raison qui n’a plus une foi adulte en face d’elle n’est pas incitée à s’intéresser à la nouveauté et à la radicalité de l’être ».

    [6] Voir plus bas, Léon Harmel.

    [7] Une synthèse de cette doctrine a été publiée en 2006 aux éditions du Cerf.

    [8] 1884-1973 : peu apprécié des traditionnalistes pour son progressisme, il développa cependant le syndicalisme chrétien.

    [9] 1891-1969 : figure du catholicisme social en France après-guerre.

    [10] 1813-1853 : professeur d’histoire de la littérature à la Sorbonne, béatifié en 1997.

    [11] 1829-1915 : industriel français, tertiaire de saint François. Le patronat catholique l’appréciait peu. Harmel rappelait la nécessaire autonomie de l’organisation ouvrière face au patronat.

    [12] L’indice N.A.I.R.U. est ainsi le taux de chômage nécessaire et suffisant pour limiter l’inflation. Équation économétrique essentielle dans le système libéral actuel et dénoncée par Etienne Chouard.

    [13] Le Figaro, 13-02-1959.

    [14] Disponible au téléchargement sur gallica.fr.

    [15] Cf ; Pamphile Akplogan : L’enseignement de l’Église catholique sur l’usure et le prêt a intérêt. L’Harmattan, 2010. L’auteur béninois s’étonne par ailleurs que le nouveau Code de Droit Canonique (1983) ne parle plus de l’usure. Le Compendium de la Doctrine Sociale de de l’Église (Cerf, 2006) rappelle cependant cette condamnation dans son n° 341 : « Si dans l’activité économique et financière la recherche d’un profit équitable est acceptable, le recours à l’usure est moralement condamné : « Les trafiquants, dont les pratiques usurières et mercantiles provoquent la faim et la mort de leurs frères en humanité, commettent indirectement un homicide. Celui-ci leur est imputable » (Catéchisme Église Catholique, n° 2269). Cette condamnation s’étend aussi aux rapports économiques internationaux, en particulier en ce qui concerne la situation des pays moins avancés, auxquels ne peuvent pas être appliqués « des systèmes financiers abusifs sinon usuraires » (CEC, n° 2438). Le Magistère plus récent a eu des paroles fortes et claires contre une pratique dramatiquement répandue aujourd’hui encore : « Ne pas pratiquer l’usure, une plaie qui à notre époque également, constitue une réalité abjecte, capable de détruire la vie de nombreuses personnes » (Jean-Paul II : Discours à l’Audience générale du 4 février 2004).

    [16] Pas celui de Hugo Grotius qui conserve l’expression mais en détourne le sens vers la subjectivité.

    [17] Dont le principal est Aristote, auteur indépassable dans l’ordre naturel.

    [18] Comme c’est le cas chez Grotius. Alors que chez Thomas d’Aquin, tout usage de la richesse doit avoir une destination communautaire (Somme Théologique, IIa-IIae, question 66, a.2).

    [19] Saint Thomas donne trois raisons qui justifie cette nécessité : 1° on prend davantage soin de ce qui nous appartient, 2° l’efficacité dans la gestion est plus assurée quand chacun s’occupe de son office et non quand chacun veut s’occuper de tout, 3° la paix sociale est plus garantie quand chacun est relativement satisfait vis-à-vis des biens extérieurs. Dans le cas des biens partagés ou indivis, il se rencontre beaucoup de conflits.

    [20] La destination universelle des biens de ce monde est rappelée dans le Compendium (Cerf, 2006) à partir du n° 171.

    [21] Sauf dans le cas de vocation particulière, avec des degrés selon les constitutions religieuses.

    [22] Ici, il parle de la propriété au point de vue de l’usage.

    [23] La prise de conscience ne suffit pas : il faut y ajouter la réforme de vie, en un mot sortir de la prostitution à l’ordre établi bourgeois et mercantile avec ses corollaires de consommation continue et avilissante.

    [24] La mixité récente a accentué cette dérive : l’accent mis en effet sur la communion relationnelle au détriment de la raison et de la vérité est une caractéristique de la vie ecclésiale catholique actuelle.

  • Génération identitaire lance des tournées pour aider des SDF « Français de souche »

    Peut-on interdire les maraudes xénophobes des identitaires auprès des SDF ?

    Rue89 Lyon

    Addendum 23/01/13 :

    - Le « Collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite » demande l’interdiction de la distribution de nourriture par GI

    « La préfecture du Rhône n’aura de toute façon pas d’autre choix que de faire interdire cette distribution illégale qui risque, de plus, de provoquer des troubles à l’ordre public ». Jean-François Carenco a pourtant annoncé mardi qu’il ne prendrait aucun arrêté sur ce sujet. Lyon Capitale

    - Le Progrès du 23/01/12

    NB : Contactés par Fdesouche.com, les responsables de GI précisent que les rations alimentaires présentées comme « halal » dans le reportage de TLM sont en fait des rations de l’armée française (sans viande), très souvent estampillées « halal ». Il s’agit d’un don d’un militaire français.

    Le mouvement d’extrême droite Génération identitaire a annoncé lundi qu’il allait lancer des maraudes et des tournées de « solidarité » pour aider des sans-abri « Français de souche » à Lyon.

    Génération identitaire Lyon a prévu de présenter ce projet mardi à la presse.

    « On a en réalité commencé dimanche soir, on va livrer de la nourriture et du matériel à des sans-abri, mais c’est une opération que nous lançons dans toute la France », a affirmé à l’AFP Damien Rieu, porte-parole du mouvement.

    A la question de savoir comment ces militants reconnaîtraient un « Français de souche », celui-ci a seulement indiqué: « on aide tout le monde, on ne va pas faire demi-tour (face à un sans-abri qui aurait l’air étranger, ndlr), mais il y aura cette préférence ».
    Ce groupe utilisera ses fonds et des dons privés pour financer cette opération.

    Le Parisien – Lire aussi l’article plus détaillé de Lyon Capitale

    Le collectif de vigilance 69 dénonce « la soupe aux cochons » de Rebeyne. Lyon Mag

    http://www.fdesouche.com/

     

  • Zemmour : « Montebourg est tout miel avec Renault »

    Chronique d’Eric Zemmour du 18 janvier 2013 : la curieuse mansuétude de Montebourg sur le dossier Renault.


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : la curieuse... par rtl-fr

  • « Trop Français pour être logé »

    Affiches de la campagne en faveur des SDF Français de souche, lancée par Génération Solidaire.

  • Le modèle social français selon Ayrault

    La tribune de Jean-Marc Ayrault, publiée dans Le Monde du 3 janvier et intitulée sobrement « Pour un nouveau modèle français », respecte les canons du genre. Pourtant derrière le texte politique se dévoilent en creux des contradictions stratégiques, idéologiques et économiques.
    La qualité stylistique du texte est indéniable, l'enchaînement est clair et propose une vision voulue comme neuve et de gauche « pour un nouveau modèle français ». Pourtant, la tribune du premier ministre ne manque pas de susciter l'étonnement. D'emblée, le manque de dimension réellement politique contraste avec l'ambition affichée. La notion de « modèle français » renvoie naturellement au souvenir du Programme du Conseil national de la résistance du 14 mars 1944, compromis historique passé entre les communistes et les gaullistes à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, et in fine à l'idée de consensus national sur les contours de ce modèle, au-delà des clivages et des familles politiques. Dans cette perspective, on comprend mal le réflexe partisan qui consiste à désigner dès l'entame du texte, l'adversaire de « droite ». Adversaire d'ailleurs plus fantasmé que réel ; c'est notamment sur le terrain de la gestion économique que l'œcuménisme est le plus abouti.
    Notre modèle français, réduit à l'économique et à la laïcité (sic), serait principalement menacé par le chômage, la croissance de l'endettement public et la mondialisation. Tardif et réducteur, le constat manque surtout d'un mea culpa : le PS partage avec l'UMP la responsabilité de la situation des finances publiques qu'ils ont tous les deux contribué à dégrader, puisque aucune loi de finances votée n'a présenté un budget à l'équilibre depuis 1974.
    Sur la situation du marché de l'emploi, quel gouvernement depuis la montée du chômage de masse dans les années 1970 n'en a-t-il pas fait sa priorité, sans pourtant jamais réussir à inverser durablement la tendance? L'urgence est pourtant criante alors que la France est désormais dans une configuration inédite en Europe : en dépit de l'accroissement du taux de chômage depuis 2008, les salaires réels continuent de progresser (+0,6 % sur l'année 2012). De quelle lutte des classes parle-t-on ?
    Quant à la mondialisation, la redécouverte par un gouvernement socialiste de la notion de frontière est piquante, mais terriblement partielle puisqu'elle s'applique manifestement avec plus de sévérité à l'impôt du riche qui part, qu'au pauvre qui rentre.
    Toute la saveur de la social-démocratie à la française
    Tribune programmatique, cet oecuménisme économique s'accompagne de la traditionnelle réconciliation des contraires propres aux propos rassembleurs (par exemple, compétitivité et solidarité) et permise par l'usage de concepts un peu creux, qui suscitent l'adhésion de tous tant qu'ils ne sont pas définis (modernisation de l’État, dialogue et coopération, rénovation de l'action publique). En somme, c'est toute la saveur de la social-démocratie à la française : atteindre des objectifs confisqués par la gauche (comme la justice, la solidarité, la sécurisation de l'emploi) en incorporant des recettes, certes de droite, mais légitimée par la morale dont la gauche a le monopole. La belle affaire.
    Sur l'ensemble des sujets évoqués, le gouvernement Ayrault ne se distingue en définitive ni par le lyrisme des incantations, ni par les solutions innovantes. Cette stratégie, comme les précédentes, restera vouée à l'échec puisqu'elle s'expose à deux écueils de taille. Comment concilier, par exemple, politique industrielle ambitieuse et engagement européen inconditionnel ? Il semble que, sur ce sujet comme sur bien d'autres, il faille s'engager sur le terrain de la compromission dont sont coutumières les élites administratives et politiques françaises ; en témoigne l'absence totale de renégociation du fameux « pacte budgétaire européen », qui incarne désormais la trahison la plus éclatante des promesses économiques du candidat Hollande.
    L'autre écueil réside dans la composition des forces de la majorité présidentielle. Au chapitre des urgences économiques figure en bonne place la flexibilisation du marché du travail. Comment mener à bien ces réformes structurelles nécessaires et ne pas se mettre à dos la gauche de la gauche qui a largement contribué à paver le chemin vers la présidence du candidat Hollande ?
    Le changement, ce n'est pas pour maintenant.
    Antoine Michel monde & vie . 15 janvier 2013

  • DEPENDANCE : LA DOUBLE CATASTROPHE

    Nous savons tous que la dépendance éventuelle, si elle se produit, est une catastrophe personnelle et familiale. Nous n'allons, cependant, pas encombrer ce flash de chiffres et de prévisions qui se trouvent dans tous les journaux. En dehors de la catastrophe propre à la dépendance elle-même, il se prépare une autre catastrophe qui est l'intervention de l'État dans ce problème. Sous la pression ardente du pouvoir, la France s'apprête à la création malheureuse d'un cinquième pilier de la sécurité sociale consacré à cette dépendance. Comme toute intervention publique dans un problème important elle générera le désordre et la ruine sans jamais du tout atteindre ses objectifs prétendus. Certains lecteurs de ces flashs remarquent parfois que nous ne positivons pas assez. C'est sans doute qu'ils lisent mal ce que nous écrivons : dans toute situation même désespérée il y a toujours des solutions que nous ne manquons pas de signaler. Dans le cas particulier, nous allons positiver très ouvertement car nous allons indiquer justement ce qu'il ne faut pas faire si l'on veut éviter de créer de grandes et futures calamités.

    LA SECURITE SOCIALE
    Un petit détour par la « sécu » est nécessaire. Le 22 mai 1946, un gouvernement communiste à créé ce véritable mammouth qu'est devenu la sécu. Les médecins de famille, qui existaient alors encore, annonçaient que ce serait une grande escroquerie ; d'autres voyaient avec plaisir cet argent qui « tombait du ciel ». Plus de 60 ans après, ce sont les médecins qui ont raison. La sécurité sociale comprend quatre piliers : famille, accidents du travail, maladie, retraite. Elle est devenue au fil du temps un monstre par ses dimensions titanesques qui, après des extensions successives, absorbe une large part de l'activité nationale ; le monstre, quels que soient les changements de statut depuis sa création, reste étroitement soumis à la dictature de syndicats dont la légitimité est plus que douteuse. Les résultats sont pitoyables. Depuis sa création il traine un déséquilibre financier que l'on appelle maintenant couramment le « trou de la sécu » et qui, à lui seul, explique une large partie de la paupérisation du peuple français.

    L'EXEMPLE DE L'ASSURANCE-MALADIE
    Prenons en exemple, celui de l'assurance-maladie, mais celui de la retraite serait tout aussi valable. La prétendue assurance maladie publique n’est pas une véritable assurance laquelle supposerait une liberté de choix et de montant, alors que nous avons un simple impôt décoré abusivement du terme d'assurance. Jusqu'en 1940, la liberté régnait dans le domaine de la médecine, de la pharmacie et des assurances. Tout le monde était soigné dans le cadre de contrats privés. Des assurances maladie étaient apparues avec un début de réglementation en 1930, sous le nom d’assurances sociales, ces réglementations ne concernant que les salariés de l'industrie et du commerce.
    Il n'y avait au départ de la sécu et il n'y a encore aujourd'hui aucune gestion, l'argent étant rassemblé par la force dans une sorte de grand réservoir et dépensé au jour le jour et au fil des années, selon la volonté changeante des politiques, des syndicats et autres gérants de fait. C'est en 1960 que sont apparus les « URSSAF » dont le sigle est lui-même significatif et qui n’ont pas de statut légal ayant été créées à l'époque à l'image du parti communiste. Progressivement le monopole a été étendu bien au-delà des salariés pour toucher l’ensemble de la population. La Cour des Comptes a écrit publiquement qu'elle ne pouvait rien contrôler car il n'y avait pas de gestion.
    La dérive financière fut permanente ; en 2002 le déficit était de 3,50 milliards d'euros et les prévisions de 2010 sont de 33 milliards d'euros. Il fallut finalement taxer : d'où en 1990 l'introduction de la C.S.G. qui fut complétée ensuite par la C.R.D.S. Ces impôts sont si « commodes » qu'il est question de les augmenter.

    LES RAISONS DE LA RUINE
    C'est sur plusieurs générations que l'erreur initiale a répandu l'effet de ruine dans tout le corps social. Le coût des assurances maladie sur le marché international est connu ; des exemples montrent qu'une famille nombreuse peut s'assurer pour 30 % du coût que la sécu lui inflige et avec d'excellentes garanties. La différence est de l'argent détruit.
    Ce désastre n'est pas du tout du au hasard mais à la nature du système. Pour résumer, énonçons quelques facteurs de ruine qu'il contient comme du poison : système obligatoire donc totalitaire, carriérisme politique, suppression de la responsabilité personnelle, soumission au bon plaisir des gérants de fait, inondation de lois et réglementations avec l'effet destructeur habituel à toute règlementation, interdiction pratique de créer du capital pour préparer l'avenir, intervention illégitime de syndicats eux-mêmes illégitimes.
    Singapour, cité-État d’environ 5 millions d’habitants, brille par les performances de son système de santé. Les dépenses y sont modérées (3,5% du PIB contre 11,4% en Suisse) tandis que l’espérance de vie y est parmi les plus élevées de la planète (78 à 83 ans selon le sexe, contre 79 à 84 en Suisse et 75 à 80 aux États-Unis). La densité médicale y est faible, mais le pays ne connait pas de pénurie de soins : il accueille chaque année 400 000 patients étrangers, venus d’Asie ou d’Océanie. Le compte épargne santé fut introduit en 1984. Chaque personne doit épargner chaque mois une somme représentant 6 à 8% de son salaire. Les versements sont capitalisés et rapportent un intérêt annuel. Les comptes servent à payer les dépenses médicales de toutes sortes. La sur-consommation est évitée et les comportements responsables encouragés puisque l'argent non dépensé enrichit son propriétaire. Il y a par exemple très peu d’obésité à Singapour. Tout est également fait pour renforcer les incitations à offrir des soins de qualité et bon marché. Depuis 2002, les soins publics sont scindés en deux réseaux qui se font concurrence et dont les performances sont publiques. Le système génère un avantage essentiel : l’épargne abondante qui y est accumulée sert à financer l’économie et Singapour y doit une partie de sa grande prospérité.

    RECOMMENCER L'ERREUR ANCIENNE
    Le pouvoir, donc en France, envisage abusivement aujourd'hui de recommencer l’erreur ancienne en étendant à nouveau les tentacules du mammouth. Cela revient à jeter les bases d'une nouvelle et future paupérisation du pays comme la sécu l'a fait et exactement de la même façon énoncée ci-dessus. Bien entendu les prétendus partenaires sociaux, qui sont illégitimes et surtout partenaires dans la rapine publique, sont invités à discuter du problème et s'y engagent avec délectation. Le plus surprenant est que le patronat suit au lieu d’en profiter pour prendre une position complètement négative et ne discute guère le projet en cherchant seulement des aménagements : en fait les représentants du Medef espèrent, selon l'usage « fraternellement » établi, s'asseoir comme tant d'autres à la table du banquet républicain. Le tout se passe sur fond d'une générosité mensongère pratiquée avec l'argent des autres. L'habitude bien acquise dans un pays quasi collectiviste d'attendre tout de la puissance publique facilite l'opération.

    LES BIENFAITS DE LA LIBERTE
    Que ferait-on si les politiques n'intervenaient pas ?
    En face de ce risque nouveau de multiples comportements personnels sont possibles avec évidemment d'innombrables positions intermédiaires qu’aucune loi ne peut résoudre. Le premier comportement est de le préparer par l'épargne bien gérée et des solutions familiales adaptées ; il est évident que l'épargne accumulée pour préparer l'avenir irriguerait l'économie toute entière avec un effet richesse indiscutable. Le deuxième comportement complémentaire ou non du premier est de s'assurer au maximum ; la création de capital interviendrait aussi par le truchement des assurances. Les assureurs sont habitués à la gestion des risques y compris les plus considérables comme le risque automobile ou la responsabilité civile. Une assurance privée est un contrat que chacun ajuste suivant ses nécessités et suivant ses prévisions pour l'avenir, une fois le risque défini et en accord avec la compagnie. Les primes correspondent au profil du contrat. Chacun gère son précieux capital santé dans l'optique dépendance selon ses possibilités et ses désirs.
    Plusieurs objections peuvent être faites à cet usage enrichissant de la liberté. Le facteur familial est affecté par le recul la famille stable et unie, cette véritable colonne vertébrale de la société dans tous les domaines. Les pouvoirs publics depuis des décennies se sont acharnés contre cette forme de la famille jusqu'à glorifier les familles recomposées qui ne sont que des familles décomposées. En fait si la liberté régnait l'on pourrait s'en accommoder, car la liberté économique arrive finalement à bout de tous les problèmes.
    Une autre objection est qu'il y aura toujours des personnes qui seront laissées sur le bord de la route. À Singapour et dans d'autres pays appliquant les mêmes méthodes il y a des filets de sécurité pour la maladie et il n'y a pas de raison de ne pas imaginer des filets de sécurité pour ce problème.

    LE CHOIX
    Ces réflexions sont une contribution positive au problème aigu de la dépendance éventuelle. Elles informent sur les erreurs à ne pas commettre et les diffuser au maximum est utile pour informer les gens sur ce qui les menace. Le choix est entre une ruine certaine et des difficultés gérables.
    La difficulté, la seule est que les prédateurs publics ont bien aperçu le formidable butin que le cinquième pilier mettrait à leur disposition ce qui explique le déclenchement de leur inlassable voracité.
    Michel de Poncins  http://www.libeco.net

  • SYNDICATS OU LE MAMMOUTH À PLUSIEURS TÊTES

    Les syndicats sont habituellement et abusivement partout dans la vie nationale. Ils se prétendent comme les forces vives de la nation, alors qu'ils en sont les branches mortes. Les voici récemment en pleine lumière à la faveur de la négociation voulue par François Hollande entre les partenaires sociaux, qui a abouti le 11 janvier.
    Le titre même de l'accord est une cacophonie interne ; il organise la flexi-sécurité, à savoir un mélange de flexibilité du travail et de sécurité pour les travailleurs. La meilleure sécurité pour les travailleurs est bien la flexibilité du travail qui permet aux employeurs de traverser les risques et les chances des conjonctures variables ; ce raisonnement n'est pas admis par les syndicats, prisonniers de leur idéologie anti patronale.
    Le résultat de la négociation est édifiant. Assouplissement des plans de sauvegarde de l'emploi (PSE), accélération de la solution des litiges liés à un licenciement, mobilité interne, progrès dans l'organisation du temps partiel. Le patronat fait mine de se réjouir sur tous ces sujets ; en fait ce sont des coups d’épée dans l’eau avec rien de fondamental ; personne ne s'inquiète vraiment de l'extension généralisée des complémentaires santé qui va alourdir les PME et TPE : il est vrai que Laurence Parisot et le Medef s'intéressent plus aux grandes entreprises qu'à la myriade de très petites sans qui, pourtant, la France serait moribonde !

    ALOURDISSEMENT DES CDD
    Côté syndicats, la joie est grande de constater la taxation des CDD. Certains de ces CDD verront leurs cotisations d'assurance chômage majorées de 7 %. L'argument avancé est que des patrons abuseraient de ces CDD dont le nombre augmente constamment. C'est explicable, car le risque pour un chef d'entreprise de l'engagement d'un CDI est considérable ; en cas de licenciement et même avec les améliorations prévues, il risque de subir des coûts insupportables et de perdre un temps précieux avec ses avocats : c'est pourquoi beaucoup se rabattent sur les CDD. Veut-on étouffer les entreprises et créer davantage de chômage. Michel Sapin va intégrer l'accord dans le code du travail, ce monstre qui paralyse l'économie par son millier de pages.
    Un exemple de paralysie, qui est peu connu comme tel, est l'encadrement des procédures de recrutement par un grand nombre de règles visant à éviter les discriminations. Or, il est clair que le bon choix ne peut reposer que sur une bonne discrimination. Si la compétence suffit pour serrer des boulons, à mesure que l'on va vers d'autres fonctions bien d'autres facteurs que la compétence interviennent. Il est scandaleux que sous la pression des syndicats le législateur se soit préoccupé des procédures de recrutement.

    DES SYNDICATS ILLÉGITIMES
    Il faut savoir que par la volonté des communistes très puissants à la fin de la deuxième guerre mondiale, seuls sont jugés représentatifs les syndicats ayant eu par hypothèse une attitude patriotique pendant cette guerre. Ce principe est insupportable. Ces syndicats par leur comportement avant la guerre ont largement contribué à la défaite. Après la défaite la CGT agrégée au parti communiste a suivi ce dernier dans son attitude inadmissible vis à vis de l'occupant. En fait, ces syndicats abusivement représentatifs sont illégitimes et les conséquences sont nombreuses.
    Leur monopole barre la route à tout nouveau syndicat. Le nombre de leurs adhérents étant faible, les cotisations ne les font vivre que dans une infime partie, le reste étant opaque avec beaucoup d'argent public ; leur richesse et celle de leurs dirigeants est célèbre. François Chérêque vient de quitter la direction de la CFDT : le voici Inspecteur Général de l'IGAS avec un salaire de 8 000 euros par mois. Ayant seuls droit à la parole et plein d'argent pour le faire ils inondent les médias de leur propagande contre les entreprises. Enfin, par leur gréviculture permanente, ils assassinent l'économie, ceci contre l'intérêt évident des salariés qu'ils sont censés protéger.
    Dans beaucoup de pays, il existe des syndicats représentant effectivement les salariés et de ce fait ayant une culture leur permettant de comprendre les entreprises ce qui est conforme au bien de tous.
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • Des comptes très opaques : La paix sociale a un prix un milliard d'euros archive 2008

    Jamais les syndicats n'ont eu aussi peu d'adhérents et jamais ... ils n'ont eu autant d'argent : ils dépenseraient chaque année un milliard d'euros ! Dont les trois quarts ne proviennent évidemment pas des cotisations. L'État, comme les entreprises, alimentent les caisses, libèrent du temps syndical. Les salariés y gagnent peu. La paix sociale beaucoup ...
    Le numéro 2 du Medef, patron de la très puissante Union des industries et métiers de la métallurgie (UlMM) pris la main dans le sac, retirant des fonds en liquide pour les verser... aux syndicats ! L'affaire Gauthier-Sauvagnac, débutée au mois d'octobre dernier et en cours d'instruction, est tombée à point pour tempérer quelque peu leurs ardeurs belliqueuses. Et pour cause ! Il est assez difficile de prétendre à l'indépendance, quand on se laisse graisser la patte par son interlocuteur privilégié... Certes, les responsables confédéraux ont nié ; mais combien de Français les croient-ils ? Le bon peuple y trouve, au contraire, une confirmation de ce qu'il savait déjà : les syndicats font partie intégrante du système et en « croquent » en veux-tu, en voilà !
    Dispensés de payer l'impôt et de publier leurs comptes !
    La question récurrente de leur financement est, du coup, redevenue d'une brûlante actualité. Philippe Cochet, député UMP du Rhône, a déposé une proposition de loi visant à imposer plus de transparence ; et la commission Attali s'est aussi emparée du sujet. Le parlementaire et la commission s'accordent sur la nécessité d'obliger les syndicats à tenir une comptabilité précise. Si elle aboutissait, cette réforme introduirait une révolution dans le Landerneau social : car la loi Waldeck-Rousseau de 1884, qui régit encore ces organisations professionnelles, les dispense à la fois de payer l'impôt et de publier leurs comptes !
    Comme le confirmait, dans un rapport remis au gouvernement en mai 2006, Raphaël Hadas-Lebel, président de section au Conseil d'État : « Le financement des organisations syndicales est caractérisé par une grande opacité : aucun document public ou administratif porté à notre connaissance ne présente de synthèse des ressources financières des syndicats en France, ni même des mécanismes de financement. » Dès lors, il est impossible de connaître exactement l'ensemble des fonds que perçoivent les syndicats, ni leur origine.
    Reste une certitude, déjà soulignée par une enquête du Nouvel Observateur publiée en février 2002 : « En vingt ans, le syndicalisme français a perdu la moitié de ses troupes. Et pourtant jamais les centrales n'ont été aussi riches. » En effet, le taux de syndicalisation parmi les salariés français est aujourd'hui inférieur à 8 %. En regard, selon Dominique Labbé, chercheur, spécialiste du syndicalisme, la CGT disposerait de 10 000 permanents ; la CFDT de 8 000 à 10 000 ; Force ouvrière, de 7 000 ; la CGC et la CFTC de 3 000 chacune. Au total, une trentaine de milliers d'emplois à temps plein. Qui paie ?
    Certainement pas les cotisations des adhérents. La CFDT, seule centrale à publier des comptes sur internet, avance le chiffre de 65,11 millions d'euros de cotisations perçues et prétend, comme chaque année, qu'« en 2006, cotisations et autres ressources internes assurent près des trois quarts du budget confédéral ». Des affirmations battues en brèche par les experts : pour Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail (IST), les cotisations des syndiqués couvrent au maximum 20 % des ressources des syndicats.
    Le trou de la Sécu n'est pas perdu pour tout le monde
    Pour le reste, les organisations font leur miel dans des champs très différents : à la manne qu'elles recueillent contribuent l'État, les collectivités territoriales, le Conseil économique et social, les organismes sociaux, les organismes de formation professionnelle, les entreprises privées...
    Tout est bon pour remplir la gamelle syndicale ! « Les subventions publiques, les prélèvements sur les organismes paritaires et les avantages tirés des "droits syndicaux" constituent les trois sources principales auxquelles s'abreuvent les syndicats », écrivait Guillaume Desanges dans un article paru clans Valeurs actuelles le 19 octobre dernier. Exemples à l'appui : au chapitre des subventions, en 2005, le ministère du Travail a octroyé quelque 29 millions d'euros à l'ensemble des centrales. Le ministère de l'Agriculture distribue une dizaine de millions aux syndicats agricoles. Le ministère du Budget octroie aux organisations professionnelles quelque 300 millions d'euros, sous forme d'abattements fiscaux, exonérations d'impôt et déductions des cotisations syndicales du revenu imposable...
    Au total, combien l'État met-il au pot ? « Si l'on met bout à bout toutes ses subventions, c'est au bas minimum 472 millions d'euros qui passent chaque année de la poche des contribuables aux caisses des syndicats, » estimait en mai 2002 le mensuel Capital, dans un dossier consacré à « L'Argent secret des syndicats ». Il n'y a guère de chance que ce chiffre ait diminué.
    Côté Sécu, retraites et formation professionnelle, le gâteau est d'autant plus tentant que la gestion paritaire permet d'y accéder facilement. À elle seule, la Direction générale du Travail attribue chaque année 30 millions d'euros aux centrales, au titre de la formation des syndicalistes. Et Capital constatait déjà en 2002 que « les caisses de retraite et la Sécu prélèvent sur les cotisations une bonne cinquantaine de millions d'euros pour les syndicats. » Le fameux « trou » n'est pas perdu pour tout le monde... Encore ne s'agit-il sans doute là que de la partie émergée de l'iceberg.
    Organismes de droit privé cogérés par les centrales et le patronat, les caisses de retraite complémentaires ont besoin de l'accord des syndicats pour prélever des cotisations sur les feuilles de paye des salariés. Elles font donc assaut de séduction pour s'attirer les bonnes grâces des organisations : subventions couvrant les « frais de paritarisme », achat de pages de publicité dans la presse syndicale ou de stands dans les congrès, rémunération de « conseillers techniques » ou de permanents syndicaux, fourniture de matériel informatique, etc.
    Les organisations syndicales (et patronales... ) complètent ces gains en recourant à quelques « trucs » : par exemple en trafiquant les justificatifs ouvrant droit aux subventions octroyées par les caisses de retraite au titre de la formation de leurs administrateurs, ou en ponctionnant les cotisations salariales...
    Les avantages liés aux « droits syndicaux » concernent en particulier les locaux et moyen matériels qu'entreprises et administrations sont tenues de mettre à la disposition des syndicats, mais aussi et surtout les délégations de personnel, les emplois détachés, décharges de service et autres autorisations d'absence. Selon l'Institut supérieur du Travail, 20 000 emplois équivalent temps plein sont payés par le secteur public, ce qui représenterait une « aide » de plus de 500 millions d'euros par an ! La SNCF mettrait à la disposition des syndicats quelque 1700 cheminots, l'Éducation nationale 2 500 personnes, et le ministère de l'Intérieur, pas moins de 1 400 agents, soit un policier sur cent. Parmi les « stars », Jean-Claude Mailly, le patron de FO, est payé par la Sécu, et Bernard Thibaut salarié par la SNCF.
    Pour 750 millions d'euros, t'as la paix sociale !
    Les entreprises privées ne sont pas en reste. Mise à disposition des syndicalistes de Laguna (Renault), gains d'ancienneté, congés supplémentaires et heures sup (Véolia), fournitures de véhicules de fonction, avec cartes d'essence et de péage (Eiffage) : les exemples cités par Capital dans une « Enquête sur l'argent noir des syndicats » publiée en décembre 2007 ne laissent entrevoir qu'une faible partie de la réalité. L'affaire Gauthier-Sauvagnac permet de mieux l'appréhender : une caisse noire de 600 millions destinée aux bonnes œuvres en faveur des salariés grévistes et des entreprises victimes de conflits sociaux, 18 à 20 millions d'euros en liquide tirés entre 2000 et 2007 pour servir « au financement de différents organismes qui font partie de notre vie sociale », a indiqué l'ancien patron de l'UIMM. Qui dit mieux ?
    D'autres sources de financement viennent encore gonfler la tirelire. Au Conseil économique et social, par exemple, siègent 67 syndicalistes (CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC et Unsa) qui abandonnent leur indemnité (entre 2 838 et 3 129 euros nets mensuels) à leur syndicat. Par ce biais, les six organisations concernées se partagent, au prorata du nombre de leurs conseillers, une manne comprise entre 2 282 000 et 2 516 000 euros par an. Les Comités interprofessionnels du logement (CIL), cogérés par le patronat et les syndicats, et financés par le 1 % logement, absorbent en « frais de fonctionnement » un tiers du 1,3 millions d'euros qu'ils récoltent annuellement. Une partie de cette somme alimente les caisses des syndicats et du patronat.
    Les Comités d'entreprise apportent aussi leur écot au financement des fédérations. L'affaire de la Caisse centrale d'activités sociales (CCAS) d'EDF, en 2003, a illustré les dysfonctionnements auxquels donne prise ce système. Totalement contrôlé par la CGT, le comité d'entreprise d'EDF est financé sur les factures payées par les consommateurs. Disposant d'un budget de 400 millions d'euros, il emploie 3 500 permanents. L'enquête diligentée après la révélation des tripatouillages de la CGT et du PCF par le nouveau directeur de la CCAS a fait état d'emplois fictifs, de surfacturations de contrats passés avec des sociétés complices, de subventions distribuées à des organismes amis, du financement de la sono de la campagne présidentielle de Robert Hue en 2002, etc.
    Et la liste est loin d'être exhaustive. Capital pose le problème de fond : les dépenses totales des syndicats sont estimées à un milliard d'euros ! Leurs ressources officielles, entre les cotisations, les subventions et la vente des produits dérivés, ne dépassent pas 250 millions. Il faut bien trouver le reste (750 millions d'euros donc !) quelque part...
    Or. l'écart entre les ressources considérables des syndicats et la minceur de celles provenant des cotisations des adhérents a des conséquences sur l'esprit même du syndicalisme. « Cela a conduit à une professionnalisation des activités syndicales, à la multiplication des postes de permanent (alors même que le nombre des adhérents s'effondrait), à la perception d'aides, de subventions, d'indemnités de nature diverse, de mises à disposition de personnels, rendant en fin de compte le recrutement de nouveaux adhérents moins important pour l'équilibre des recettes et des dépenses », analysent les chercheurs Dominique Labbé et Dominique Andolfatto sur le site de l'Institut supérieur du travail. « Au passage, les nouvelles tâches institutionnelles ont pu sembler plus nobles que la "rencontre" exigeante avec les salariés de base. Cela a creusé une certaine distance doublée de méfiance réciproque entre les salariés et les syndicats. » Le syndicalisme français mourra-t-il de subventionnite ?
    Pierre-Jean Rivière Le Choc du Mois  Février 2008

  • Retraite : Parisot veut reculer l’âge de départ

    La présidente du Medef met encore une fois sur la table la question d’une nouvelle réforme des ­retraites, mais dans un sens ­différent de l’exécutif.

    Bien qu’empêtrée dans sa tentative de modifier les statuts pour rester à son poste deux ans de plus, Laurence Parisotn’a rien perdu de sa détermination à faire «bouger les lignes», pour reprendre le slogan du programme présidentiel du Medef en 2007. Lors de sa conférence de presse mensuelle mardi, où elle est apparue fatiguée et les traits tirés, la présidente de l’organisation patronale a mis encore une fois sur la table la question d’une nouvelle réforme des ­retraites, mais dans un sens ­différent de l’exécutif. «Il est ­illusoire de croire que les difficultés sont derrière nous après la ­réforme de 2010», a ­martelé la ­patronne des ­patrons.

    Pour Laurence Parisot, les choses sont même presque aussi simples qu’en 2008 lorsqu’elle avait été la première à préconiser un recul de l’âge de départ à la retraite pour équilibrer à terme les régimes de retraite. Elle avait proposé de repousser le curseur jusqu’à 63 ou 65 ans, s’attirant alors les foudres de Nicolas Sarkozy au prétexte qu’une telle mesure ne figurait pas dans son programme de campagne. «Tous nos voisins ont choisi, à l’horizon 2035 ou 2040, de reculer l’âge légal de départ à 66 ou 67 ans, a-t-elle expliqué. On ne pourra pas résoudre les problèmes que nous connaissons avec des mesures du type de désindexation des pensions. Nous devons lancer le débat sur des orientations claires à moyen terme et la question de l’âge légal devra être reposée.»

     

    Un trou de 20 milliards

    Les mesures conservatoires à court terme, qui doivent être arrêtées par les partenaires sociaux pour sauver les régimes complémentaires de la banqueroute, ne suffiront pas. Le mal est plus global. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) l’a d’ailleurs clairement indiqué en décembre en chiffrant à 20 milliards d’euros le besoin de financement de l’ensemble des régimes en 2020. Et il devrait le refaire le 23 janvier en publiant un nouveau rapport, bien plus complet, sur «l’état des lieux du système français».

    La réforme à venir, en tout cas, ne pourra être que globale. Pour la présidente du Medef, l’âge de départ ne devra pas être la seule variable d’ajustement. «C’est une combinaison optimale entre recul de l’âge de départ et allongement de la durée de cotisation qu’il convient de trouver», assure-t-elle. Non sans souffler quelques orientations plus générales sur les dépenses sociales qui lui tiennent à cœur et qu’elle répète à l’envi dès que l’occasion se présente.

    «Je suis frappée de voir que le gouvernement n’aborde jamais la question, a-t-elle donc fustigé. François Hollande nous dit qu’il va devoir baisser de 60 milliards d’euros les dépenses publiques sur le quinquennat mais ne donne jamais les modalités ni les pistes pour y parvenir.» Pour elle, c’est pourtant on ne peut plus clair, la solution passe aussi par «une réforme du financement de la protection sociale, de l’Assurance-maladie».

    Le Figaro  http://fortune.fdesouche.com

  • En Europe, l’entrepreneuriat n’a plus la cote

    Alors que le coup d’envoi des Assises de l’entrepreneuriat a été donné par la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Innovation et de l’Economie numérique Fleur Pellerin ce lundi, une étude européenne met en lumière la frilosité des Européens à l’égard de la création d’entreprise.

    La création d’entreprise n’a pas le vent en poupe. C’est en tout cas ce que met en lumière une étude européenne, alors que les Assises de l’entrepreneuriat viennent d’être lancées lundi par Fleur Pellerin. Selon l’Eurobaromètre “Entrepreneuriat en Europe et au-delà”, publié par Bruxelles le 9 janvier dernier, la proportion des actifs qui souhaitent devenir leur propre patron irait decrescendo. En 2012, la part des Européens désireux d’entreprendre a ainsi perdu 8 points en 3 ans. Cette proportion est passée de 45% en 2009 (contre 49% préférant la situation d’employé) à 37% en 2012 (contre 58%).

    2/3 des Etats membres

    Dans plus de deux tiers des Etats membres de l’Union européenne (très exactement 19 sur 27), les sondés penchent majoritairement pour la situation d’employé à celle de travailleur indépendant. L’exemple est d’autant plus frappant en Scandinavie. Cette proportion flirte avec des sommets en Suède et en Finlande, où respectivement 74% et 73% des sondés préfèrent être employés. Il semblerait que les pays hors Union européenne soient quant à eux plus enclins à se lancer dans la création d’entreprise, si l’on observe les chiffres publiés dans cette étude. Notamment en Turquie où 82% des actifs y sont favorables quand seuls 15% préfèrent la situation d’employé, mais aussi au Brésil (63% contre 33%) et en Chine (56% contre 32%).

    Une tendance plus large

    L’enquête note toutefois que certains pays présentent des résultats comparables à ceux de l’Union européenne. Ainsi, en Norvège, 73% des sondés répondent en faveur du salariat contre 23% qui assurent préférer être leur propre patron. Une proportion que l’on retrouve également en Suisse et en Israël où 58% des personnes interrogées disent se conforter d’une situation d’employé (contre respectivement 39% et 34%). Aux Etats-Unis, enfin, cette préférence a également sensiblement augmenté, passant de 37% à 46% entre 2009 et 2012.

    Risque de faillite et revenus irréguliers

    Une tendance qui semble refléter la situation économique actuelle, à savoir une propension à rechercher un emploi stable plutôt qu’à se lancer dans l’aventure, plus hasardeuse, de l’entrepreneuriat. En effet, l’aversion au risque de faillite ainsi que l’irrégularité induite des revenus ressortent comme les deux principaux freins à la création d’entreprise. Le risque de faillite effraie ainsi 43% des sondés, tandis que les revenus irréguliers en rebutent 33%. Des craintes qui sont toutefois en baisse par rapport à 2009, chacune ayant respectivement perdu 6 et 7 points. Les contraintes administratives et financières ayant pris le pas sur les premières.

    Et justement, en France – où près de 550.000 entreprises en 2012 ont fleuri en 2012, soit un peu plus qu’en 2011 – un site participatif dédié à l’entrepreneuriat hébergé par Bercy doit être lancé ce mardi afin de favoriser l’information et donc l’esprit d’entreprise. Les internautes pourront y déposer leurs contributions pendant un mois.

    La Tribune  http://fortune.fdesouche.com