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Présentation de l’association Eveilleurs d'Espérance
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Résistance des crèches : Wauquiez et la christianophobie
Trépignant de colère et brandissant la menace du tribunal, les enragés de la fausse laïcité (mais authentique christianophobie) se déchaînent depuis mardi contre le nouveau président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. Son « crime » ? Avoir osé installer une crèche de 14 m2 au pied du sapin de Noël, dans le hall d’entrée de l’hôtel de région à Lyon.
On aurait pu penser que le spectacle – véritable ravissement pour les yeux – de cette centaine de petits santons vaquant à leurs occupations au milieu de la reconstitution d’un village provençal typique aurait pu, à lui seul, attendrir un tant soit peu même les plus excités des « bouffeurs de curés ». Mais c’était oublier bien vite que, comme les djihadistes de l’EI dynamitant les symboles chrétiens en Orient, certains héritiers des sans-culottes aimeraient bien en faire autant en France.
Véritable « provocation » pour les élus du groupe socialiste, dont le président Jean-François Debat s’est même exclamé : « Cette crèche n’a rien à faire là » !« Caprice en même temps qu’une provocation à la laïcité et à la loi de 1905 », pour les élus du PRG… Chacun y est allé de sa petite condamnation fielleuse. Et jusqu’au secrétaire d’Etat Juliette Méadel, qui a estimé jeudi que Wauquiez avait « perdu la raison », avant de rappeler que « jusqu’à nouvel ordre, la laïcité fait que dans l’espace public, il n’y a pas de manifestations religieuses ».
Autant de gens qui, étrangement, restent silencieux lorsqu’Anne Hidalgo fête chaque année, à la mairie de Paris et avec l’argent public, le Ramadan ou encore Roch Hachana !
La menace sur la laïcité, c’est le salafisme
Cependant, à trop vouloir démontrer la prétendue illégalité de cette crèche, certains laïcistes se sont ridiculisés eux-mêmes. Comme Sarah Boukaala, la présidente du groupe PRG qui, citant l’arrêt rendu en novembre dernier par le Conseil d’Etat, s’est vue répondre par Laurent Wauquiez : « Le Conseil d’Etat a lui-même indiqué qu’on avait parfaitement la possibilité [d’installer une crèche dans un lieu public] dès lors que c’était dans une dimension culturelle, ce qui est notre cas, dans une dimension historique, ce qui est notre cas, en plongeant dans les racines de notre région, ce qui est notre cas. » Et Wauquiez de demander alors très justement : « Au nom de quoi est-ce qu’on va s’excuser de nos traditions ? »
Mieux : réaffirmant pour ceux qui font mine de l’ignorer que la crèche de Noël ne constitue en rien une « menace pour la laïcité », le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a alors judicieusement rappelé que
« la menace sur la laïcité en France, c’est la burqa, le salafisme, les femmes dans les quartiers qui font l’objet d’oppression. »
Franck Deletraz
Article et dessin parus dans Présent daté du 18 décembre 2016
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[Nantes] L’Action française présente lors de la « Grande Fête de Livre »
L’Action française était de nouveau présente lors de la « Grande Fête de Livre » organisée par les Editions de Chiré.
L’AF (AF de Loire-Atlantique et URBVM) est depuis longtemps partenaire avec Chiré via des actions conjointes avec la Librairie Dobrée sur Nantes, notamment pour l’organisation d’évènements (conférences) ou la tenue de stands où sont exposés nos journaux et diverses publications.
Nous nous retrouvons logiquement sur des combats communs contre la déchristianisation de la France, contre le multiculturalisme idéologique, contre l’immigration qui menace notre identité et pour la défense des valeurs traditionnelles.
La librairie Dobrée est bien connue des nantais et nous sommes heureux d’être à leurs côtés dans ce combat pour la renaissance de la France.
Amaury De Perros
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Tolkien et les idéaux du moyen âge (extraits)
Tolkien a célébré comme personne la monarchie sacrée, les rois thaumaturges (Aragorn est guérisseur), les beaux liens féodaux, la libre paysannerie d’Angleterre (le monde hobbit), ainsi que le rapport à la nature, à la lumière, et au mal. Dans le cadre de la quête de ses récits, nourris par les combats eschatologiques, il a donné une image hiératique de la femme, héritière de nos saintes, de nos reines, de toutes nos dames initiatiques aussi. Tolkien nous fait aimer un autre monde recréé à partir de ce «moyen âge tel qu’il se rêvait » (Taine).
Dans la Civilisation de l’Occident médiéval, voici ce que Jacques Le Goff écrivait, à propos de ses symboles si abondants (l’anneau, les silmarils, les arbres) dans l’œuvre de Tolkien :
« Le symbole est signe de contrat. Il est la référence à une unité perdue, il rappelle et appelle une réalité supérieure et cachée. Or, dans la pensée médiévale, « chaque objet matériel était considéré comme la figuration de quelque chose qui lui correspondait sur un plan plus élevé et devenait ainsi son symbole ‘ » Le symbolisme était universel, et penser était une perpétuelle découverte de significations cachées, une constante « hiérophanie ». Car le monde caché était un monde sacré, et la pensée symbolique n’était que la forme élaborée, décantée, au niveau des doctes, de la pensée magique dans laquelle baignait la mentalité commune. »
Ensuite Le Goff explique le rapport magique à la nature :
« Le grand réservoir des symboles, c’est la nature. Les éléments des différents ordres naturels sont les arbres de cette forêt de symboles. Minéraux, végétaux, animaux sont tous symboliques, la tradition se contentant d’en privilégier certains : parmi les minéraux les pierres précieuses qui frappent la sensibilité à la couleur et évoquent les mythes de richesse, parmi les végétaux les plantes et les fleurs citées dans la Bible, parmi les animaux les bêtes exotiques, légendaires et monstrueuses qui flattent le goût médiéval pour l’extravagant. »
Le Goff évoque ensuite le pouvoir guérisseur et purificateur des pierres et des fleurs :
« Pierres et fleurs cumulent leur sens symbolique avec leurs vertus bienfaisantes ou néfastes. Les pierres jaunes ou vertes, par homéopathie colorée, guérissent la jaunisse et les maladies du foie ; les rouges les hémorragies et les flux de sang. La sardoine rouge signifie le Christ répandant son sang sur la Croix pour l’humanité, le béryl transparent traversé par le soleil figure le chrétien illuminé par le Christ. »
On le rapprochera de ces lignes sublimes du Seigneur des Anneaux :
« II est heureux que j’aie pu la trouver, car c’est une plante cicatrisante que les Hommes de l’Ouest ont apportée en »erre du Milieu. Ils l’appelèrent Athelas, et elle croît à présent de façon très clairsemée et seulement près des endroits où ils résidèrent ou campèrent dans les temps anciens, et elle est inconnue dans le Nord, sauf de quelques-uns de ceux qui vagabondent dans les terres sauvages. Elle a de grandes vertus, mais, sur une blessure telle que celle-ci, ses pouvoirs de cicatrisation peuvent être maigres ».
Parlons des animaux. Un des plus beaux personnages du Silmarillion est celui du chien de meute (hound en anglais : pas question de le comparer au dog) Huan. C’est le chef de meute de Valar qui l’ont donné à un elfe.
Tolkien lui prête des traits humains, chevaleresques même :
« Mais Huan, le chien de meute avait le cœur pur, il s’était pris d’amour pour Lúthien dès la première heure qu’il l’avait vue et souffrait de sa captivité. Il rabaissa son orgueil et permit à Lúthien de le monter comme s’il était un cheval, comme font parfois les Orcs avec les loups, et ils allèrent très vite, car Huan était un coureur rapide et infatigable. »
Et voici comment Le Goff explique ce rapport d’un maître avec un animal :
« Le symbolisme du chien est tiraillé entre deux directions, la tradition antique qui en fait une représentation de l’impureté, et la tendance de la société féodale à le réhabiliter comme animal noble, indispensable compagnon du seigneur à la chasse, symbole de la fidélité, la plus élevée des vertus féodales. Mais les animaux fabuleux sont tous sataniques, vraies images du Diable : aspic, basilic, dragon, griffon. »
Passons au thème de la lumière, si essentiel dans le Silmarillion. Les Valar, les dames elfes comme Galadriel, une maia comme Melian produisent, irradient plutôt la lumière protectrice.
« Au commencement Eru, l’Unique, que dans le langage des Elfes on appelle Ilúvatar, de son esprit, créa les Ainur, et devant lui ils firent une Grande Musique. Le Monde est issu de cette Musique, car Ilúvatar rendit visible le chant des Ainur et ils purent le voir comme une lumière dans les ténèbres. »
Tolkien ajoute :
« Sa beauté est trop forte pour être chantée par les mots des Humains ou des Elfes, car l’éclat d’Ilúvatar est encore sur son visage. Dans la lumière réside son pouvoir et sa joie. »
Et Jacques Le Goff va nous expliquer ce rapport magique et spirituel à la lumière :
« Derrière tout cela, il y a ce que l’on a appelé la « métaphysique médiévale de la lumière», disons plus généralement et plus modestement la quête de sécurité lumineuse. La beauté est lumière, elle rassure, elle est signe de noblesse. Le saint médiéval est à cet égard exemplaire : « Le saint est un être de lumière». »
Dans les récits lumineux du début du Silmarillion, Tolkien décrit avec émotion :
« À Valinor, il y avait ainsi deux fois par jour une heure paisible de lumière plus douce où l’éclat pâli des deux arbres mêlait les rayons d’or et d’argent. Telperion, l’aîné, fut le premier à grandir et à fleurir : la première heure qu’il répandit sa lumière, une blanche lueur d’aurore argentée, les Valar ne la comptèrent point dans la suite des heures mais l’appelèrent l’Heure Inaugurale».
On a souvent souligné le caractère racial des récits de Tolkien. En réalité ils ont plutôt une touche médiévale. Tolkien oppose comme Chrétien le noble au vilain, le chevalier à l’homme des bois ! La blondeur a une connotation vite alchimique ou solaire. Or le moyen âge célèbre la beauté physique. Le Goff encore :
« Le prestige de la beauté physique est tel que la beauté est un attribut obligatoire de la sainteté. Le Bon Dieu, c’est d’abord le Beau Dieu, et les sculpteurs gothiques réalisent l’idéal des hommes du Moyen Age. Les saints médiévaux possèdent non seulement les sept dons de l’âme (amitié, sagesse, concorde, honneur, puissance, sécurité et joie) mais aussi les sept dons du corps : beauté, agilité, force, liberté, santé, volupté, longévité… »
Enfin sur la grande peur et ce sentiment d’inquiétude perpétuelle, qui est la marque du monde de Tolkien, Le Goff ajoute :
« Cette annonce de la fin des temps par les guerres, les épidémies, les famines, elle semble proche aux hommes du Haut Moyen Age : les massacres des invasions barbares, la grande peste du vie siècle, les terribles famines se répétant de loin en loin entretiennent l’attente angoissée : crainte et espoir mêlés, mais d’abord et de plus en plus peur, peur panique, peur collective. L’Occident médiéval c’est, dans l’attente d’un salut espéré, le monde de la peur certaine. »
Le retour du roi ? Voici ce qu’en dit encore Jacques le Goff :
« La plupart des légendes forgées autour d’un personnage historique relèvent du mythe de « l’empereur assoupi », écho du mythe oriental de « l’émir caché ». Barberousse, Baudouin, Frédéric II dorment dans une caverne ou vivent déguisés en mendiants, attendant le moment de se réveiller ou de se révéler et de conduire l’humanité au bonheur. »
Un beau chapitre du Silmarillion est celui de la révolte des Noldor conduits par Feanor. Il a des connotations nettement millénaristes. Le Goff :
« Ainsi le temps médiéval devient un temps de la crainte et de l’espoir. Temps de l’espoir ; car le mythe millénariste se précise et se charge de rêves révolutionnaires. On l’a vu, il anime des mouvements populaires plus ou moins éphémères. »
Tolkien :
« Le cœur de Fëanor brûla d’une flamme nouvelle, un désir de liberté, de grands espaces… Fëanor déjà parlait ouvertement de révolte contre les Valar, criant très haut qu’il quitterait Valinor pour le monde extérieur et délivrerait les Noldor de la servitude s’ils voulaient bien le suivre. »
Le monde de Tolkien est aussi marqué par le déclin et la dégradation. L’historien Michel Baschet, disciple de le Goff, écrit de Constantinople :
« Malgré des succès temporaires, en particulier sous les premiers empereurs de la dynastie des Comnènes, le territoire byzantin se réduit comme une peau de chagrin. »
Le culte du passé, caractéristique du monde nostalgique de Tolkien ? Une tendance médiévale. Baschet encore :
« C’est dans le passé, jugé meilleur que le présent, que le Moyen Âge cherche son idéal… c’est l’ensemble du passé qui semble préférable au présent… Le passé est en effet le temps de la tradition, supérieur aux nouveautés dangereuses qu’apporte le présent. »
Le Salut par Tolkien
Eschatologie Occidentale et Ressourcement Littéraire
Auteur : Nicolas Bonnal
Prix : 22,00€
Editeur : AVATAR Editions
Date : 15/10/2016
Collection : Les Inactuels
Pages : 258
Dimensions (cm) : 14,85 x 21
ISBN : 9781907847370
Format : Livre ImpriméCet ouvrage est disponible ici : cliquer
http://www.voxnr.com/7032/tolkien-et-les-ideaux-du-moyen-age-extraits
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PARIS : OLIVIER DARD AU CERCLE DE FLORE, DEMAIN VENDREDI 16 DECEMBRE
A Paris, demain, vendredi 16 décembre à 19h30, ne manquez pas le prochain Cercle de Flore.
Le professeur Olivier Dard, historien français, agrégé, docteur en histoire contemporaine et professeur à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV), parlera des dissidents de l’Action française à l’occasion de la réédition des « dissidents de l’Action française » de Paul Sérant.
Vendredi 16 décembre 2016, à 19h30
10 rue Croix des Petits Champs 75001 Paris, Escalier A, 2 ème étage
M° Palais-Royal
PAF : 3€ , gratuité pour les adhérents.
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La guerre des mondes
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Avortement : Marion Maréchal Le Pen ne lâche rien
Invitée d'Europe 1, Marion Maréchal-Le Pen est revenue sur la question du remboursement de l'avortement, qui provoque l'hystérie du système politico-médiatique et de Florian Philippot.
"Je m’en tiens à la position qui était celle du Front national en 2012. Et à partir de là, c’est l’occasion pour Marine Le Pen de rappeler qu’elle ne souhaitait pas intégrer cette partie-là à son programme, voulant éviter, je pense, et probablement à juste titre, un sujet qui est malheureusement profondément tabou en France". "J’ai des convictions, je n’en changerai pas, même si elles ne sont pas forcément majoritaires en France". "Je ne pense pas que Marine Le Pen ait changé de position".
Marion Maréchal-Le Pen : "Je ne pense pas que... par Europe1fr -
Edmund Burke : Retour d’un prophète contre-révolutionnaire
Le visiteur de passage à Dublin ne manque jamais de pousser la porte de « Trinity Collège ». Si l'on s'y émerveille devant le Livre de Kells, la plupart des touristes oublient de saluer un autre monument irlandais : Edmund Burke, dont une belle statue de bronze garde l'entrée de l'université. Son maître ouvrage, Réflexions sur la Révolution en France (publié en 1790), fut un véritable best-seller, réédité onze fois en un an et écoulé à 30 000 exemplaires du vivant de l'auteur. Dans cette œuvre majeure, Burke, politique et homme de lettres, explique à un correspondant français son horreur des idées nouvelles. Pour lui, aucune analogie n'est possible entre la « Glorieuse » révolution anglaise de 1688 et les événements parisiens de 1789. Le livre est une bombe : Burke porte haut la torche de la contre-révolution, alertant ses compatriotes tentés par les sirènes parisiennes.
Les Belles Lettres ont eu la bonne idée d'en rééditer cet automne la version française, accompagnée de six autres textes contre-révolutionnaires du même auteur. Une belle préface de P. Raynaud, originellement écrite pour le bicentenaire de la Révolution, fournit les clefs de lecture de ce fort volume (près de 800 pages !).
Un Irlandais en croisade
Edmund Burke est né à Dublin en 1729. Si, comme son père, il est protestant, sa mère et ses sœurs sont demeurées fidèles à Rome ; lui-même n'hésitera pas à batailler pour les droits des catholiques irlandais. Si Burke n'oublie jamais le sort de son île natale, c'est bien en Angleterre qu'il fait ses armes. Dans les lettres d'abord, puis en politique au sein du parti Whig - traditionnellement libéral. Burke s'oppose à la Compagnie des Indes et soutient les Insurgeants des colonies américaines. Mais Te combat de sa vie sera l'opposition aux idées révolutionnaires ; combat qui le verra croiser le fer avec certains de ses anciens amis. Disons-le tout net : les Réflexions sont avant tout un ouvrage de prévention contre-révolutionnaire.
Une dénonciation prémonitoire
Si ce dense ouvrage fourmille d'anecdotes, fil rouge est clair : définir l'essence de la Révolution, son plan, son projet, pour mieux combattre le phénomène. Ce plan, c'est la régénération, la tabula rasa, que Burke nomme également carte blanche (en français dans le texte original). L'auteur ne vise pas les seuls députés, mais aussi les philosophes et surtout Rousseau, « l'instituteur de la régénération ». Partisan de la sociabilité naturelle, Burke ne peut adhérer aux théories du contrat social. Si pour lui, la société est une association, c'est « non seulement entre les vivants, mais entre les vivants et les morts et tous ceux qui vont naître ». Alors qu'en 1790 la Révolution séduit outre-Manche, Burke, lui, en voit clairement la nature terroriste.
Cette régénération passe aussi par la Déclaration des droits de l'homme, ces droits abstraits que Burke oppose sans cesse aux « droits des Anglais », libertés concrètes issues de l'histoire. Les Français ont « découvert » des droits métaphysiques ; il ne peut se résoudre à un tel « manuel ou digeste d'anarchie ». Mais au-delà des Droits de l'homme, c'est toute la logique révolutionnaire que combat Burke : toute-puissance de l'Assemblée, prééminence écrasante de la ville de Paris, création ex nihilo d'une Constitution, disparition des anciennes provinces. Plein d'humour, il ironise sur la création toute géométrique des départements : « On ne connaîtra plus, nous dit-on, ni Gascons ni Picards, ni Bretons ni Normands, mais seulement des Français [...] mais il est beaucoup plus vraisemblable que votre pays sera habité non par des Français mais par des hommes sans patrie. [...] Personne ne se fera jamais gloire d'être originaire du carré 71. »
La table rase n'épargne pas la religion. Quelques mois après la promulgation de la Constitution civile du clergé, Burke discerne dans l'agenda révolutionnaire la volonté de « déconsidérer l'Eglise pour détruire le christianisme ». Il écrit ces lignes plus de deux ans avant que la Terreur ne soit officiellement à l'ordre du jour... Il y a du prophétisme chez Burke.
Hommage à l'Ancienne France
L'Irlandais, fin observateur, distingue le sens caché des événements. Ainsi de la journée du 6 octobre 1789, qui voit une foule haineuse attaquer les appartements versaillais de la reine. « J'aurais cru que dix mille épées bondiraient hors de leurs fourreaux pour la venger ne fut-ce que d'un regard qui aurait pu l'insulter. Mais l'âge de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé ; et la gloire de l'Europe est éteinte à jamais. » Voilà, de la part d'un étranger, un bel hommage posthume à l'Ancienne France. Contre le nouveau régime, Burke préconise une guerre sans merci. « La guerre des partisans de l'antique ordre civil, moral et politique de l'Europe contre une secte d'athées fanatiques et ambitieux qui en ont juré la ruine », écrit-il en 1796. Il faut contenir la contagion, car « c'est contre une doctrine armée que nous luttons. Cette doctrine par sa nature a, dans tous les pays, une faction qui lui est dévouée par opinion, par intérêt, par enthousiasme ».
Un ouvrage fondateur
Les Réflexions sont immédiatement au cœur des débats politiques anglais. Elles dépassent largement les frontières de l’Île, en formant non seulement une aile originale de la contre-révolution européenne mais aussi en constituant le socle du conservatisme anglo-saxon. Les maîtres mots de la pensée burkienne ? Tradition, histoire, prescription, coutume, ordre, prudence. Aux Etats-Unis, la figure d'Edmund Burke est révérée par certains libéraux classiques (Hayek) mais surtout par les paléoconservateurs et les traditionalistes depuis que Russel Kirk, dans les années 50, a dépoussiéré cette pensée authentiquement conservatrice, coutumière et antitotalitaire. Une pensée étonnamment d'actualité, 220 ans après la mort de Burke.
Tugdual Fréhel Présent du 3 décembre 2016
Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution en France, Les Belles Lettres, 798 p.
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La Corporation ou la Patrie du travailleur
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Jean Haudry : La tradition Indo-Européenne