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tradition - Page 118

  • Spiritualité survivaliste : Tolkien et les Centres cachés

    La crise existentielle actuelle nous sensibilise aux plans de survie, aux bunkers de Snyder, aux BAD et aux techniques popularisées par Piero Sangiorgio. On parlera ici des centres cachés. Il faudra donner une dimension spirituelle à nos projets de survie.

    lesalut-tolkien_cov01.noreize-212x300.jpgCe texte reprend le chapitre V de mon livre sur le Salut par Tolkien (disponible chez AVATAR Diffusion).

    On devra Vivre, pas survivre. Peut-être même revivre car on ne vit pas vraiment dans le monde de la démocratie-marché. C’est dans ce sens que j’écris ma bataille des Champs patagoniques. Les chapitres que des milliers de lecteurs lisent sur voxnr.com sont des « essais en vue de mieux », pas une version définitive du roman de survie à paraître.

    Le Seigneur des Anneaux fait souvent allusion à des territoires sacrés, protégés, surprotégés même, mais souvent condamnés. Fondcombe ou la Lorien sont des territoires de ce type, et même la Comté, à un niveau certes modeste. Ce que l’on sait, c’est que les forces obscures progressent sans cesse.

    Catastrophé par notre monde, Tolkien écrit dans une lettre à Amy Ronald le 15 décembre 1956 :

    « En réalité je suis un chrétien, et même un catholique romain ; en ce sens je n’attends pas que l’histoire soit autre chose qu’une longue défaite, quoiqu’elle contienne quelques échantillons ou éclairs de la victoire finale. »

    Les Valar (les entités divines chez Tolkien, à forte connotation païenne tout de même) se barricadent :

    « Les Valar furent pris d’un doute pendant l’attaque contre Tilion, craignant ce que pourraient inventer encore la malveillance et la ruse de Morgoth. S’ils ne voulaient pas le combattre sur les Terres du Milieu ils n’avaient pas oublié la chute d’Almren et décidèrent que Valinor n’aurait pas le même sort. Ils décidèrent alors de fortifier encore plus leur territoire et ils élevèrent pour cela les Pelóri à une hauteur vertigineuse, à l’est, au nord et au sud. Les parois extérieures devinrent comme des murs noirs et glacés, sans prise ni aspérité, qui donnaient sur des précipices aux parois lisses et dures comme du verre et s’élevaient jusqu’à des sommets couronnés de glace.»

    On peut citer Guénon et sa Crise :

    « Il n’en est pas moins vrai que ce mouvement anti-traditionnel peut gagner du terrain, et il faut envisager toutes les éventualités, même les plus défavorables ; déjà, l’esprit traditionnel se replie en quelque sorte sur lui-même, les centres où il se conserve intégralement deviennent de plus en plus fermés et difficilement accessibles

    Valinor redoute les forces qui « gagnent du terrain ». Un passage du Seigneur des Anneaux évoque cet appauvrissement spirituel du monde, qui est la marque de l’univers de Tolkien. On n’a que des échos ou des restes de ces Temps Anciens où abondaient l’Esprit, la Paix, la Beauté. Gandalf s’exprime :

    II règne un air salubre à Houssaye. Il faut qu’un pays soit soumis à beaucoup de mal avant d’oublier entièrement les Elfes quand ils y ont demeuré autrefois.

    Et Legolas ajoute cette note superbe de sensibilité nervalienne :

    – C’est bien vrai, dit Legolas. Mais ceux de cette terre étaient une race différente de nous autres, Elfes des bois, et les arbres et l’herbe ne se souviennent plus d’eux. Mais j’entends les pierres les pleurer: Profondément ils nous ont creusées, bellement ils nous ont travaillées, hautement ils nous ont dressées, mais ils sont partis. Il y a longtemps qu’ils sont partis chercher les Havres».

    On peut citer encore ce beau monologue de Legolas sur la Nimrodel au début du chapitre sur la Lothlorien :

    « Voici la Nimrodel ! Dit Legolas. Sur cette rivière, les Elfes Sylvestres composèrent de nombreuses chansons il y a longtemps… Tout est sombre à présent, et le Pont de la Nimrodel est rompu. Je vais me baigner les pieds, car on dit que l’eau est bienfaisante aux gens fatigués. »

    Retournons au Silmarillion, à ses efforts désespérés. Après la construction de la forteresse Valar, les elfes retiennent la leçon : dans le Silmarillion la maia Melian, future mère de Luthien, mariée au roi elfe Thingol, tente aussi de s’isoler, de se retirer du monde. :

    « Melian était sa reine, plus sage qu’aucune fille des Terres du Milieu, et leur palais secret s’appelait Menegroth, les Mille Cavernes, à Doriath. Melian donna de grands pouvoirs à Thingol, qui était déjà grand parmi les Elfes… Les amours de Thingol et de Melian donnèrent au monde le plus beau des Enfants d’Ilúvatar qui fut ou qui sera jamais ».

    Melian dote son royaume de murs magiques et protecteurs.

    « Melian utilisa son pouvoir pour encercler ce domaine d’un mur invisible et enchanté : l’Anneau de Melian. Nul ne pouvait le franchir contre son gré ou celui de Thingol, s’il n’avait un pouvoir égal ou supérieur au sien, à celui de Melian la Maia. Et ce royaume intérieur fut longtemps appelé Eglador, puis Doriath, la terre protégée, le Pays de l’Anneau. Il y régnait une paix vigilante mais, au-dehors, c’étaient le danger et la peur ».

    Et tout finit mal :

    « Il arriva donc à ce moment que son pouvoir se retira des forêts de Neldoreth et de Region et Esgalduin, la rivière enchantée, parla d’une voix différente. Doriath était ouverte à ses ennemis ».

    Passons au roi elfe Turgon qui fonde une cité dont nous avons toujours rêvé, Gondolin, une cité dont le nom nous évoque certains lieux de Galice et du Portugal. Nous avons trouvé dans ces beaux parages des lieux nommés Gondomar et… Gondar.

    Turgon crée sa cité sacrée sur les conseils du dieu des eaux :

    « Turgon se mit en route et découvrit, avec l’aide d’Ulmo, une vallée cachée dans un cercle de montagnes, Túmladen, où se dressait une colline rocheuse. Il revint à Nevrast sans parler à personne de sa découverte et là, au plus secret de ses conseils, il commença de faire le plan d’une cité qui ressemblerait à Tirion sur Túna, la ville que pleurait son cœur exilé. »

    Cette cité parfaite, image de la cité divine dont a parlé René Guénon dans un texte surpuissant, est donc une cité sur plan, comme celles dont purent rêver de grands urbanistes.

    Mais c’est surtout une cité interdite.

    Cette belle colonie est décrite ainsi par Tolkien. Elle nous évoque aussi l’île mythique de Buyan dans les contes russes :

    « Ils se mirent à croître et à se multiplier derrière le cercle des montagnes et à mettre tous leurs talents dans un labeur incessant, tant et si bien que Gondolin sur Amon Gwareth devint une ville d’une beauté digne d’être comparée avec la cité des Elfes, Tirion d’au-delà des mers. Hautes et blanches étaient ses murailles et ses marches de marbre, haute et puissante était la Tour du Roi… Il y avait le jeu étincelant des fontaines et dans les palais de Turgon se dressaient des images des Arbres d’autrefois, taillées par le Roi lui-même avec le talent des Elfes».

    Turgon Le Roi se renferme de plus en plus, mais cette décision ne le servira pas ; Tolkien écrit avec une certaine dureté sur la non-réceptivité de son personnage aux malheurs du monde :

    « Alors, il fit bloquer l’entrée de la porte cachée qui donnait sous le Cercle des Montagnes et plus personne, désormais, tant que la ville fut debout, ne sortit de Gondolin pour la paix ou pour la guerre… Il interdit aussi à ses sujets de jamais franchir le Cercle des Montagnes. Tuor resta à Gondolin, ensorcelé par sa beauté, le bonheur et la sagesse de ses habitants».

    Enfin le haut-lieu sera trahi et la dernière cité prise par le Maléfique.

    Dans le Seigneur des Anneaux, lorsque les compagnons de l’anneau arrivent à la Lothlorien, lieu protégé par la bonne dame Galadriel, ils entendent les propos suivants :

    « Nous vivons à présent sur une île au milieu de nombreux périls, et nos mains jouent plus souvent de la corde de l’arc que de celles de la harpe. Les rivières nous ont longtemps protégés, mais elles ne sont plus une défense sûre, car l’Ombre s’est glissée vers le nord tout autour de nous. Certains parlent de partir, mais il semble qu’il soit déjà trop tard pour cela. Les montagnes à l’ouest deviennent mauvaises ».

    Les lieux sacrés sont protégés. On doit bander les yeux de Gimli à l’entrée de la Lothlorien. Ce dernier résiste et on propose de bander les yeux de tout le monde :

    « Si Aragorn et Legolas veulent le garder et répondre de lui, il passera, il ne traversera toutefois la Lothlorien que les yeux bandés… Nous aurons tous les yeux bandés, même Legolas. Ce sera mieux, bien que cela ne puisse que ralentir le voyage et le rendre ennuyeux ».

    Les yeux bandés dans une forêt sacrée ?

    «Tacite déjà (La Germanie, XXXIX) parle d’un bois, au pays des Semnones, où l’on ne pouvait pénétrer que lié, c’est-à-dire enchaîné. Cela concerne un rite magique en relation avec les dieux lieurs dont a parlé mon maître et ami Régis Boyer.

    Et tant que nous y sommes, nous citons cet extrait de Tacite :

    « Ils ont une forêt consacrée dès longtemps par les augures de leurs pères et une pieuse terreur… Une autre pratique atteste encore leur vénération pour ce bois. Personne n’y entre sans être attaché par un lien, symbole de sa dépendance et hommage public à la puissance du dieu. S’il arrive que l’on tombe, il n’est pas permis de se relever ; on sort en se roulant par terre. Tout, dans les superstitions dont ce lieu est l’objet, se rapporte à l’idée que c’est le berceau de la nation, que là réside la divinité souveraine, que hors de là tout est subordonné et fait pour obéir».

    Voilà une vraie survie. Elle n’aura de but qu’initiatique cette survie.

    En latin nos passages soulignés donnent ceci :

    Est et alia luco reverentia Nemo nisi vinculo ligatus ingreditur… per humum evolvuntur…

    On voit que chez Tolkien ces centres cachés censés nous protéger du monde ne durent qu’un temps. La longue défaite que voyait ce génie repose sur ces causes : fatigue, lâcheté, accident, insistance surtout de principes de méchanceté en permanence actif.

    Bibliographie

    • Bonnal, Le Salut par Tolkien (AVATAR Editions) – Lien
    • La Chevalerie hyperboréenne et le Graal (Dualpha) – Lien
    • Guénon – Symboles de la science sacrée ; la Crise du monde moderne
    • Tacite – Germania
    • Tolkien – Le Silmarillion ; Le Seigneur des anneaux ; Lettres.

    Le Salut par Tolkien : Eschatologie Occidentale et Ressourcement Littéraire – Nicolas Bonnal – 22,00€ – AVATAR Editions – 15/10/2016

    http://www.voxnr.com/7656/spiritualite-survivaliste-tolkien-et-les-centres-caches

  • Journée de la fierté parisienne : entretien avec Pierre Larti

    8777-p3-paris-fierte-248x350.jpgLes bénévoles de Paris Fierté organisent comme chaque année depuis 12 ans maintenant la journée de la fierté parisienne. Pierre Larti, un de leurs responsables, nous donne rendez-vous ce samedi à partir de 15 heures, journée qui se terminera par la traditionnelle marche aux flambeaux dans les rues de Paris.

    — Pouvez-vous présenter le programme de la journée ?

    — Cette nouvelle édition de la journée de la fierté parisienne prend un sens très particulier cette année. Nous avons décidé de l’articuler autour du mot d’ordre « Défendons Paris ! » Comme chacun sait, notre continent européen – à Paris, Nice ou Berlin – est attaqué avec férocité. Nous pensons qu’il est temps que les peuples européens prennent conscience de leur héritage, l’affirment et le défendent, d’où cet appel. Nous accueillerons donc le public sur une péniche repensée en bistrot-guinguette à la parisienne, au niveau du Pont des Arts (métro Saint-Germain-des-Prés ou Pont Neuf) entre 15 heures et 17 h 30. Nous invitons tous les lecteurs de Présent à nous rejoindre pour un moment convivial et familial, propice aux discussions, aux danses et aux dégustations de produits exclusivement franciliens. Il y en aura pour tous les goûts ! Salé, sucré, solide ou liquide, il nous appartient de redécouvrir notre patrimoine parisien.

    8777-20170113.jpgA 18 heures, nous donnons rendez-vous à tous les Parisiens, jeunes et moins jeunes, au Pont de la Tournelle (métro Pont Marie ou Maubert Mutualité) pour une grande manifestation en l’honneur de sainte Geneviève, patronne de Paris et modèle pour notre cité. Notre cortège, bruyant, festif, jeune et familial, arpente les rues de la Montagne Sainte-Geneviève pour finir devant l’église Saint-Etienne du Mont, où repose notre patronne. Nous étions près de 800 l’année dernière et nous sommes certains que nous serons encore plus nombreux cette année !

    — Vous placez votre journée sous le patronage de sainte Geneviève. En quoi son image est-elle d’actualité ?

    — Je voudrais vous raconter une histoire : c’est celle d’une grande ville paisible, où les habitants sont heureux, construisant des bâtiments grandioses, développant son économie et vivant selon une identité forte. Mais cette ville fait des envieux et des combattants de contrées lointaines – dont les chefs sont des barbares sans foi ni loi – se mettent en route pour prendre la ville et tuer ou soumettre son peuple. Cette histoire – toute ressemblance avec des événements actuels est purement fortuite –, c’est celle de Paris au temps de sainte Geneviève. Sainte Geneviève qui, devant les craintes et le découragement des Parisiens, a fait preuve d’une force morale et combative extraordinaire, motivant et rassemblant les habitants, ce qui a eu pour effet d’effrayer suffisamment Attila et les Huns pour ne pas attaquer Paris.

    C’est l’esprit de Geneviève que nous voulons perpétuer : celui de la force morale, de la droiture, du courage et de la prise en main de son destin.

    Propos recueillis par Louis Lorphelin

    Entretien paru dans Présent daté du 13 janvier 2017

  • La pensée politique de Charles Péguy

    pensée-politique-charles-péguy.jpgNous sommes toujours dans les commémorations du centenaire de la Première guerre mondiale. Parmi les centaines de milliers d’hommes morts au combat en l’année 1914 figure Charles Péguy, tué d’une balle en pleine tête le 5 septembre 1914. « L’actualité de la pensée politique de Charles Péguy » fut le thème d’un colloque organisé au Sénat les 17 et 18 janvier 1914, dont le succès a encouragé à publier ce livre.

    La dénonciation du règne de l’argent est un axe permanent de la pensée politique de Charles Péguy qui, sur d’autres sujets, évolua sensiblement. Et ce livre évoque inévitablement le cheminement d’un Péguy socialiste à un Péguy patriote, voire nationaliste. Par ailleurs, il n’est pas possible de parler de Péguy sans évoquer sa foi chrétienne. Avec Charles Péguy, c’est le couple mystique et politique qui suscite la curiosité de nombreux intellectuels.

    On ne peut néanmoins s’empêcher de penser que certains des intervenants dont les textes se retrouvent dans ce livre consacré à la pensée politique de Charles Péguy ont une fâcheuse tendance à interpréter ses propos de façon anachronique et politiquement correcte. C’est hélas un peu la loi du genre. 

    La pensée politique de Charles Péguy, éditions Privat, 263 pages, 12 euros

    Le site de l’éditeur

    http://www.medias-presse.info/la-pensee-politique-de-charles-peguy/67359/

  • LA SPIRITUALITÉ ORIGINELLE DES EUROPÉENS

    « La vérité appartient à ceux qui la cherchent et non à ceux qui prétendent la détenir » Nicolas de Condorcet.

    Ces dernières années, les progrès techniques de l’archéologie ont fait progresser notre connaissance des peuples « barbares » réunis sous le vocable de « Celtes » (les populations dites celtiques connaissaient peu l’écriture, étaient répartis en différentes tribus et tout en partageant une culture et une langue communes n’avaient aucun qualificatif pour se distinguer des autres civilisations : celtes ou « kèltoï » est un mot exogène d’origine grecque). Ces populations sises au-delà des Alpes et dans les îles britanniques ont fait l’objet d’observations directes par des auteurs antiques, tels les Grecs Pythéas de Massilia (Ive siècle av. JC) et Posidonius (IIe siècle av. JC), puis par les conquérants romains à partir du IIe siècle avant notre ère, et en particulier César (Ier siècle av. JC).

    Les écrits de ces hommes qui ont côtoyé les « Celtes », et pas toujours objectifs en ce qui concerne les auteurs romains, ont été ensuite exploités par d’autres historiens antiques qui ont repris ces témoignages et se sont copiés les uns sur les autres. La culture celtique a été en partie conservée par les auteurs chrétiens qui ont fossilisé une riche tradition et se sont appropriés (faute de pouvoir éradiquer intégralement le paganisme) les divinités païennes en les canonisant. L’archéologie nous donne une image plus objective de cette culture, riche et ouverte aux échanges culturels et commerciaux, même si au Ive et IIIe siècle av. JC les Celtes (en particulier les Sénons conduits par leur chef Brennos qui s’emparent de Rome en 390 av. JC) interviennent au sud des Alpes et dans le bassin méditerranéen ou s’enrôlent dans les armées grecques ou romaines comme mercenaires, on ne peut réduire les populations celtiques à des tribus guerrières avides de sang et de conquête.

    L’élite intellectuelle de ces peuples appartenait à un groupe d’individus : les druides. Les druides étaient honnis des Romains, en raison de leur capacité à mobiliser les tribus contre l’envahisseur (en particulier sur les îles britanniques). Il est avéré que les druides étaient en activité en Europe de l’Ouest à partir du IVe siècle av. JC, mais il est également certain que ceux-ci sont les héritiers d’une tradition religieuse européenne plus ancienne, issue des croyances préhistoriques. Il est probable également qu’avec le développement des sociétés complexes de chasseurs cueilleurs, puis la sédentarisation, les fonctions originelles du druide ont été dévolues à d’autres agents de la communauté, appartenant probablement tous à la classe sacerdotale : les bardes (poètes véhiculant les traditions et dont la fonction politique et sociale était de faire ou de défaire les réputations), les vates (devins) et les druides (philosophes et intermédiaires entre le monde des hommes et des dieux).

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    http://suavelos.eu/la-spiritualite-originelle-des-europeens

  • L’identité chrétienne de la France : on y tient, par l’abbé Guillaume de Tanoüarn

    Sur l’identité chrétienne de la France, deux livres paraissent le même 12 janvier, ce ne peut être un hasard dans le Landernau parisien : il va s’en parler.

    Dandrieu-Eglise-Immigration-218x350.jpgL’un est signé par le rédacteur en chef Culture de Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu. L’autre est le fait d’un blogueur bien connu, Koz, de son vrai nom Erwan Le Morhedec. J’ai eu quelques bonnes feuilles du second et le livre du premier, livre intitulé tout simplement Église et immigration : le grand malaise et sous-titré Le pape et le suicide de la civilisation européenne. Le travail de Dandrieu est à son image, précis, charpenté, bien écrit. Et sur un tel sujet, on voit l’âme affleurer ici ou là ce qui ne gâte rien. Je ne peux pas me prononcer définitivement sur le travail de Koz, puisque, pour l’instant, je n’en ai eu que les bonnes feuilles, publiées dans La Vie. Le titre est tout un programme : Identitaire, le mauvais génie du christianisme.

    Dans les textes que nous tenons en main, rien n’est fait pour définir l’adjectif « identitaire ». On a l’impression simplement qu’« identitaire » signifie « d’extrême droite » (pouah !), raciste (beurk) ou racialiste. Comme si l’identité était une question de couleur de peau ou d’engagement politique. Autant appeler les racistes… des racistes, et les « fascistes »… des diables !

    Mais un livre ou une pensée qui parle d’identité, qui essaie de la définir, c’est tout simplement un livre qui s’enquiert du fond de notre cœur, un livre qui parle de tout ce qui était en nous avant nous. Faudra-t-il dire que cette démarche « identitaire » participe au « mauvais génie du christianisme » ? Koz ne distingue pas diverses formes d’attachement identitaire. Pour lui, au-delà du racisme ou du racialisme, l’expression « France chrétienne » semble ne plus avoir de sens. Je cite : « Est-il donc vraiment manifeste, dans ses débats, ses positions, sa culture contemporaine, que la France soit chrétienne ? » Et je réponds à la mise en question de Koz : mais oui, dans ses débats, aujourd’hui, la France est chrétienne. Elle est sans doute chrétienne sans le vouloir. Son christianisme est dévoyé. Elle mélange la justice sociale et la miséricorde spirituelle. Elle dit aux homosexuels qui se marient : « Qui suis-je pour juger ? » Je ne sais pas ce que sera la France dans un siècle, musulmane peut-être. Mais aujourd’hui, la politique de la France est faite des « vertus chrétiennes devenues folles ».

    Le Morhedec continue : « À la vérité, cette affirmation ne tient que par référence à une France fictive, théorique, entité séparée des Français, susceptible de rester chrétienne, quelles que soient l’évolution effective du pays et la politique menée ». Et là encore, il se trompe : cette France fictive qu’il veut dézinguer, cette France idéologique, elle n’existe plus depuis longtemps. Ce qui existe, avant nous et en nous que nous le voulions ou non, c’est une France qui nous a donné des réflexes chrétiens. Allons, citons un nom que l’on trouve dans la topographie de beaucoup de villes françaises : Jean Jaurès. Le socialisme de Jaurès, c’est du christianisme laïcisé, comme celui de Mélenchon !

    N’allons pas plus vite que la musique, pour ne pas en oublier nos responsabilités présentes : la France aujourd’hui demeure chrétienne, elle ne l’est pas forcément comme nous voudrions peut-être qu’elle le soit, de façon confessionnelle. Mais la vague identitaire qui retrouve, au cœur des Français, ces fondamentaux, peut en mener beaucoup (et plus qu’on ne l’imagine) devant l’autel, j’en suis, en tant que prêtre, le témoin.

    C’est au fond de ce point de vue, foncièrement raisonnable et simplement réaliste, que se place Laurent Dandrieu. C’est en tant que chrétien, qu’il s’élève contre les vertus chrétiennes devenues folles. Pour lui, comme pour Pascal, comme pour Descartes, comme pour Montaigne, si l’on veut bien se souvenir des grands esprits français, il y a deux ordres différents : l’ordre de la gestion et du calcul, qui est intrinsèquement raisonnable et au nom duquel on mène une politique, et l’ordre de la charité, qui procède de la foi.

    Dans un très beau prologue, il pose, au nom de l’immigration sans frein, la question de la survie d’une civilisation européenne qui pourrait se détruire à force d’ouverture à l’autre : « Cet universalisme-là, qui pousse l’amour de l’autre jusqu’au mépris des siens, n’est pas plus conforme au véritable esprit catholique qu’il ne l’est à la nature humaine. Comme les êtres humains, les civilisations ont un légitime instinct de survie ; s’il leur arrive de prendre conscience qu’elles aussi sont mortelles, elles savent également qu’elles représentent un apport unique et irremplaçable au trésor de l’humanité, et qu’il est de leur devoir de le faire vivre aussi longtemps qu’il est en leur pouvoir. L’Europe, qui inventa l’idée même de civilisation et qui est la société particulière dans laquelle s’est incarné le judéo-christianisme, par laquelle il a accédé concrètement à l’universalité en se répandant dans le monde entier, le sait plus que toute autre civilisation ».

    Abbé Guillaume de Tanoüarn

    Laurent Dandrieu, Église et Immigration : le grand malaise, Le pape et le suicide de la civilisation européenne, Presses de la Renaissance 288 p., 17,90 €.

    Erwan Le Morhedec, Identitaire, le mauvais génie du christianisme, éd. du Cerf 167 p., 14 €.

    Texte repris du blog du magazine Monde & Vie

    http://fr.novopress.info/

  • Société • Panique au royaume de Danemark, après que la Reine ait déclaré refuser le modèle multiculturel

    Les débats ne se sont pas vraiment éteints au Danemark depuis l'interview accordée à la presse par Sa Majesté la Reine Margrethe II, chef de l'Etat danois, pour son 75e anniversaire le 16 avril 2015. Une interview qui a provoqué une certaine panique dans le monde du politiquement correct. Qu’a déclaré de si grave la souveraine de ce royaume scandinave de six millions d'âmes, toujours attaché à son indépendance et à sa tradition ? 

    On trouve réponse à cette question dans Riposte laïque, sous la signature de Sylvie Bourdon. Qui rapporte et commente ici les propos de la reine de Danemark. Des propos en fort contraste avec la pensée postnationale et le multiculturalisme, dominants chez nous ... 

    « Celui qui s’installe au Danemark doit se conformer au normes et valeurs danoises » déclare-t-elle. « Nous pouvons les accueillir, mais nous devons aussi leur dire ce que nous attendons. Car il s’agit de notre société, dans laquelle ils se rendent. Ils doivent comprendre dans quel monde ils sont venus. » Et la Reine de devenir plus précise encore : « Nous faisons volontiers de la place. Cependant, ils sont venus dans notre société et ne peuvent pas attendre pouvoir perpétuer leur modèle de société chez nous. Ils peuvent se rendre dans les mosquées, s’ils le veulent, mais s’ils font des choses incompatibles avec le modèle de la société danoise, ils doivent reconnaître que cela n’ira pas. » La Reine désigne bien entendu une certaine immigration qui se forme en société parallèle. Elle a aussi fait passer un message sur la liberté d’expression, qui n’est pas seulement menacée par les terroristes : « Je sais bien que certains disent, qu’il faut être prudent, qu’il faut réfléchir, cependant, nous devons absolument pouvoir nommer les choses et comment celles-ci doivent être selon nous. Ils veulent nous effrayer, nous ne devons pas nous laisser intimider. » Ceci est un message on ne peut plus clair à ceux qui ne cessent de relativiser, de minimiser nos valeurs fondamentales, afin de ne pas heurter les musulmans. (...).

    Les cris d’orfraies ne se sont pas fait attendre après ces déclarations politiquement incorrectes. L’ancien communiste, Johannes Andersen, un sociologue de l’Université de Aalborg a estimé que la Reine se mêle politiquement dans les débats sur l’immigration et fait savoir aux immigrants que le Danemark ne doit pas être un pays multiculturel. D’autres l’accusent de diviser le pays. Exemple, l’imam Fatih Alev, du Centre Islamique Danois : « Ce ne sont même plus les partis de droite maintenant ! Même la Reine est désormais influencée par cette tendance. Peut-être ressentait-elle le besoin d’exprimer ses critiques, afin de ne pas paraitre naïve. Les musulmans auraient-ils perdu leur Reine ? » Et, le jour de la venue de Geert Wilders, la Reine a donné une conférence de presse pour souligner ses propos : « La plupart savent bien sur ce quoi ils doivent se priver, lorsqu’ils arrivent dans un pays étranger, ils ne doivent pour autant changer leur religion ou manger différemment. Il ne s’agit pas de fricadelles. Il s’agit de s’adapter au pays dans lequel on est venu. » 

    [

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Le royalisme sans la nostalgie.

    Dans le cadre de la nouvelle enquête sur la Monarchie, il me semble important de répondre aux objections faites à la Monarchie, ne serait-ce que pour dissiper les malentendus sur la Monarchie elle-même et préciser ce que nous entendons par Monarchie « à la française », ce qui nous semble en faire une nécessité dans ce monde-ci et pour la nation française, si particulière et si diverse à la fois.

    Les objections, effectivement, ne manquent pas et cela sur tous les terrains : historique, politique ou social, moral parfois, etc. Mais il faut aussi une part d'humilité dans les réponses à celles-ci : être royaliste ne signifie pas avoir réponse à tout, mais chercher celles-ci quand des questions se posent ou nous sont posées ; cela signifie aussi actualiser certaines idées, les accommoder, non pour les amenuiser, mais pour les rendre plus efficaces en notre temps qui, qu'on le regrette ou non, n'est pas celui d'hier ou d'il y a deux siècles. Le royaliste que je suis refuse que la nostalgie prenne le pas sur les réalités, et c'est en politique qu'il faut aborder les défis contemporains : la Monarchie n'est pas et n'a jamais été figée dans le temps, car elle est un axe et non un carcan ! 

    Cela n'est donc pas cette attitude « de feuille morte » qui consiste à suivre sans réagir le cours du ruisseau et du temps. Au contraire, l'attitude royaliste « active » consiste à vouloir agir dans et sur ce monde ou, du moins, dans et sur celui qui nous est proche, qui est nôtre avant que d'être celui des autres, à l'échelle de la commune, de la profession, de la région et de la nation, ce « plus vaste et complet cercle communautaire existant réellement », pourrait-on dire en paraphrasant Maurras. Alors que la nostalgie est trop souvent la marque d'un renoncement politique, le royalisme politique se veut le moyen de relier Tradition et Actualité en des institutions « traditionnelles dans leurs principes, modernes dans leurs pratiques », tout simplement.

    Aussi, nous nous intéresserons à répondre aux objections d'abord politiques plus encore qu'historiques, sans négliger néanmoins le fait que l'histoire est le champ privilégié d'un « empirisme organisateur » qui se doit d'être réaliste sans pour autant céder à l'idéologie du « réalisme » vantée par certains et dénoncée par Bernanos comme la marque d'un conformisme fataliste : les réalités sont aussi le résultat de l'action des hommes et de leur politique, et elles ne sont pas condamnées à être absolument figées dans un « présentisme » insupportable et oublieux de la mémoire des peuples et des familles. « Toute vraie tradition est critique », affirmait l'écrivain de Martigues : il est important de ne pas confondre la transmission avec la seule conservation idéologique... Si je peux me définir comme traditionaliste (politiquement et civiquement parlant), je ne peux que me défier du conservatisme qui, aujourd'hui, est d'abord républicain, faute d'oser penser « autre chose que ce qui existe en ce moment-même »...

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Défendre prioritairement la structure naturelle de la famille n'est pas une "incohérence d'ultras"

    Trouvée dans un long article d'Henri Hude consacré à Marion Maréchal Le Pen, cette phrase :

    "Les incohérences de certains catholiques ultras en politique.

    Peut-on d’abord les caractériser ? 

    Ils ont souci de la famille et de la vie, mais ils n’ont pas assez souci du travail, ni surtout conscience qu’il y a là un seul problème à deux dimensions : une de justice sociale / familiale et une de justice économique."

    Cette dialectique, que l'on peut retrouver dans un certain nombre de publications, révèle une méconnaissance profonde de la nature des principes non négociables, que le pape Benoît XVI avait pris soin de définir :

    • "la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle;
    • la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille - comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage - et sa défense contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d'union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et contribuent  à  sa  déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et son rôle social irremplaçable;
    • la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants."

    Ces principes sont les piliers sans lesquels toute société s'écroule. Et c'est pourquoi, avoir le souci de la famille, première cellule vitale de la société, c'est aussi avoir le souci de l'équilibre social. Car l'homme n'est pas un individu isolé, et les problèmes sociaux actuels, comme le mal-logement, la pauvreté, la violence des jeunes, la drogue, etc. ne se résoudront pas avec des pansements artificiels ou étatistes. Les familles monoparentales, dont les mères isolées constituent la très grande majorité représentent la plus grande part des ménages les plus vulnérables à la pauvreté extrême. Et ce n'est pas la nouvelle facilitation du divorce qui va arranger les choses. Les problèmes économiques que connait notre pays ne se réduisent pas à leur aspect matérialiste.

    Dans le dernier numéro de L'Homme Nouveau, Marie-Pauline Deswarte, commentant la devise républicaine et ses contradictions, écrit notamment :

    "Ainsi la destruction de la morale familiale qui est entreprise depuis des décennies et, actuellement réactivée, entraîne une série de maux catastrophiques pour l’ensemble du corps social. On dépense beaucoup d’argent pour venir en aide à des enfants, des étudiants isolés, démunis. Mais on ne recherchera pas à renforcer la structure familiale traditionnelle qui a fait ses preuves au long des siècles, à lui laisser les moyens d’entretenir elle-même ses enfants et ses anciens. La société se substitue à autrui et pratique l’assistance et la distribution des revenus. Substitué à la famille, l’État devient totalitaire."

    Michel Janva

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