Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

tradition - Page 142

  • Pour en finir avec la Doctrine Sociale de l’Église – Stageiritès

    Pour comprendre que la «DSE» est une expression contemporaine :

    «L’expression doctrine sociale remonte à Pie XI* et désigne le « corpus » doctrinal concernant les thèmes d’importance sociale qui, à partir de l’encyclique Rerum novarum* de Léon XIII, s’est développée dans l’Église à travers le Magistère des Pontifes Romains et des évêques en communion avec lui. La sollicitude sociale n’a certes pas commencé avec ce document, car l’Église ne s’est jamais désintéressée de la société. Néanmoins, l’encyclique Rerum Novarumouvre un nouveau chemin : venant se greffer sur une tradition pluriséculaire, elle marque un nouveau début et un développement substantiel de l’enseignement dans le domaine social.

    * Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931) 179; Pie XII, dans son radiomessage pour le 50ème anniversaire de « Rerum novarum »: AAS 33 (1941) 197, parle de « doctrine sociale catholique » et, dans l’Exhortation apostolique Menti nostrae sur la sainteté de la vie sacerdotale, du 23 septembre 1950: AAS 42 (1950) 657…
    Le Compendium de la doctrine sociale de l’Église – Document rédigé en 2004 par le cardinal moderniste Martino qui vante les mérites des papes successeurs de Vatican II.

    Ci-dessous se trouve un extrait d’article comprenant de bons points, qui se base en partie sur la pensée de Jean Madiran, les deux auteurs de ce qui suit sont quelque peu «tradi-conciliaire», ce en quoi la ligne éditoriale ne les suit pas,  mais il est cependant opéré une critique du positionnement «tradi-pêchu» qui voit dans cette doctrine sociale : le traitement essentiel de tous les éléments politiques possibles, ainsi qu’un enseignement relevant limite d’un magistère infaillible… C’est ainsi que l’auteur souligne ensuite l’incohérence de refuser la néo-DGE post-conciliaire tout en «mangeant» intégralement celle d’avant Vatican II ; sans parler des dégâts précédents dus au «ralliementisme» républicain sous le pontificat de Léon XIII.

    -*-

    (…)

    La DSE [Doctrine Sociale de l’Église] est un cursus d’une ampleur impressionnante et dont la qualité mérite manifestement de retenir l’attention. Ce serait une malhonnêteté intellectuelle de ne pas reconnaitre à la DSE l’importance spéculative d’un tel corpus. Or un problème de premier ordre se pose immédiatement à l’observateur attentif des débats politiques qui animent notre « famille de pensée ». Clercs et laïcs semblent unanimes pour tenir les deux propositions suivantes :

    1° Tous les problèmes politiques importants y sont traités. Elle est exhaustive.
    2° Cette « doctrine » est obligatoire (il s’agit donc ici d’un argument d’autorité)

    Observons que ces deux caractéristiques sont étroitement liées. Quel serait en effet l’intérêt d’un cursus obligatoire s’il ne traitait l’ensemble des problèmes politiques ? Autrement dit à quel titre et comment la DSE ferait-elle la distinction entre les éléments de science politique simplement importants mais réputés facultatifs et ceux qui seraient à la fois importants et obligatoires ?

    Tous les problèmes importants sont-ils effectivement traités dans la DSE ?

    Pierre Martin dans Patrie, Nation, État cite Pie XII écrivant que « les points principaux sont contenus dans les encycliques, les allocutions et les lettres pontificales » et conclut en note : « D’autres points – secondaires – se trouvent dans les écrits des docteurs de l’Église, tels saint Thomas d’Aquin. »1
    Or cette assertion est manifestement fausse.
    Nous prendrons un exemple et non des moindres puisqu’il s’agit du problème de la légitimité politique. Ce thème est d’une importance capitale puisqu’il conditionne toute l’action politique. La moralité des actions politiques dépend directement de de la légitimité de l’État : soit l’État est légitime et la soumission est de mise et tout trouble à l’ordre est un péché grave, soit l’État est illégitime et alors la situation se complique…
    L’ennui c’est que ce thème central de science politique n’est traité dans la DSE que par un membre de phrase – pas même une phrase entière – dans l’enseignement de Léon XIII.

    Nous posons la question aux champions de la DSE : Durant tout le XX° siècle et ses millions de morts, la DSE peut-elle prétendre à l’exhaustivité alors qu’elle s’est révélée incapable de proposer aux citoyens catholiques un enseignement sur la légitimité du pouvoir politique ? Une telle carence dans un tel enseignement est manifestement une preuve d’insuffisance.

    La DSE est-elle une doctrine obligatoire ?

    Le pape Pie XII n’hésite pas à affirmer lors de l’Allocution aux membres du congrès de l’Action catholique italienne du 29 avril 1945 : Cette doctrine « est obligatoire ». Étonnant de ne pas avoir stipulé la chose avant 1945.2
    Nous proposons maintenant une discussion plus serrée du problème.

    La DSE à géométrie variable.

    Très souvent, dès qu’un partisan de la DSE expose un sujet politique quelconque il s’empresse de modifier subrepticement sa propre définition de la DSE. En effet sans être grand clerc, on constate facilement ceci :

    1° L’auteur embauche à son service de nombreux experts qui ne sont pas les papes de la DSE, comme par exemple saint Thomas d’Aquin, saint Augustin, saint Paul, Jean Madiran, mgr Pie, etc.
    2° L’auteur fait un tri dans le cursus de la DSE qui est pourtant sensée être obligatoire dans sa totalité ; soit en passant sous silence l’enseignement de plusieurs papes depuis Léon XIII et le Ralliement3 ou chez Paul VI ou Jean-Paul II ; soit en ramenant de sa propre initiative l’enseignement ponctuel de tel ou tel pontife dont on doit reconnaître qu’il est parfois quelque peu surprenant, à ce qu’il estime devoir être la vérité pratique.4

    Qu’on se le dise, les partisans de la DSE ont manifestement un problème de cohérence interne. Nous ne sommes pas chargés de leur apporter la solution d’un problème dont ils sont eux-mêmes la cause, mais simplement de faire remarquer que lorsqu’une théorie conduit à quelque inconséquence, il faut tenir que certaines prémisses sont fausses.
    Par ailleurs, le problème est bien plus vaste que la simple alternative entre le fait que la DSE soit à la fois exhaustive et obligatoire ou trancher en disant qu’il est inutile désormais de lire Léon XIII.

    En réalité la seule alternative intellectuelle est la suivante :
    Ou s’intéresser véritablement, laborieusement à la vraie politique5, ou cesser de prétendre s’intéresser à la politique.

    D’un point de vue d’ordre général

    1° Avant Léon XIII, les Princes connaissaient et pratiquaient, par la prudence politique, la science politique. Ce savoir organisé doit bien être disponible ailleurs que dans la DSE ?

    2° Si nous lisons bien Jean Madiran le domaine prudentiel serait souvent celui de la DSE. Comment peut-on penser que dans ce domaine prudentiel, le citoyen catholique devrait tenir compte non point des jugements historico-prudentiels du Prince (ce qui fut toujours le cas partout et de tout temps) mais des jugements proposés par les papes depuis Léon XIII ?6 L’affirmation par l’Église de l’autorité politique souveraine du Prince ne serait-elle dans ce contexte qu’un mensonge ? L’ordre naturel serait-il dissous dans l’ordre surnaturel de sorte que les papes doivent diriger tous les pays du monde par leur sagesse ?7

    3° On nous présente les papes depuis Léon XIII comme des experts en prudence politique. Mais comment expliquer que ces experts si avisés n’aient pas su conserver leur propre territoire, en l’occurrence les états pontificaux aujourd’hui devenus un des États les plus petits du monde ? On ne s’en tirera pas par un calembour sur « la conjuration anti-chrétienne », la bonne politique se juge in concreto, dans les résultats. Par suite, l’existence d’ennemis n’a pas valeur d’excuse en politique.

    4° Bien plus. Si comme l’explique Jean Madiran l’essentiel de la DSE porte sur des jugements historico-prudentiels, comment la DSE pourrait-elle avoir la qualification d’une science ? Car une science justement doit apporter à ceux qui la connaissent des jugements permanents et universels. Selon Thomas d’Aquin la cité est un tout d’ordre et pour ce motif il existe obligatoirement la science correspondante.8

    5° La DSE ne traite pas de ce qui fait l’objet pour l’essentiel de la science politique de saint Thomas d’Aquin dans ses commentaires sur la Politique et l’Éthique d’Aristote (pour ne citer que ces deux ouvrages). Ni des grands débats qui l’oppose à Suarez par exemple. Comment l’expliquer ? Comment expliquer le silence de l’Église sur le fait de n’avoir pas diffusé largement les bons auteurs, vrais disciples de Thomas d’Aquin : Koninck, Meinvielle, Lachance, Descoq, etc ? Comment ne pas avoir pris part à leurs travaux ? En effet, le personnalisme de J. Maritain, erreur pratique singulièrement pernicieuse, a pu s’étendre au monde entier durant le règne de Pie XII. Aucune mise en garde adressée aux autorités politiques et aux citoyens n’a été faite par la DSE. Les thomistes américains ont lutté seuls contre cette erreur politique. Comment expliquer cette carence ?

    6° La DSE dans sa partie théologie morale9, la partie la plus noble de ce cursus, est aujourd’hui elle-même en débat. Autrement dit, dans ce qui devrait être le plus sûr, l’incertitude morale règne. A quoi peut bien servir en pratique un cursus « obligatoire » de ce type ?

    L’autorité de la DSE

    La DSE relève du magistère pontifical ordinaire, réputé faillible. Dans ce contexte comment peut-on soutenir l’inerrance habituelle de la DSE ? Une exception est précisément celle de la liberté politique en matière religieuse si discutée de nos jours.10
    Mais au niveau des principes, jamais la science politique n’est subalternée à la théologie proprement dite.11 En supposant – dato non concedo – que l’un des papes récents soit un hérétique formel, cette hérésie n’affecterait a priori en rien sa métaphysique ni sa science politique deux éléments d’ordre naturel. On ne peut donc pas rejeter l’apport doctrinal des papes conciliaires à la DSE sous prétexte d’hétérodoxie religieuse. Il y faut d’autres motifs et plus avisés. La position de certains traditionalistes, partisans de la DSE, face à l’enseignement de la doctrine sociale sous les pontificats de Paul VI jusqu’à François est donc singulièrement incohérente.

    (…)

    Conclusion de Marcel de Corte :

    Rappelons-le, la règle fondamentale du politique est l’échelle du Réel. Ne faudrait-il donc pas cesser « de christianiser la politique comme la plupart des clercs ne cessent de le faire depuis plusieurs siècles avec les résultats que nous avons sous les yeux12 ».

    Thomas Audet et Bernard de Midelt pour Stageiritès


    1. Martin Pierre, op cit, p 6
    2. cité par Martin Pierre, op cit, p 6
    3. dès l’origine de la DSE ?
    4. Par la méthode dite de la pieuse interprétation dont la revue Itinéraires jusqu’à Paul VI exclusivement est une véritable anthologie. Les citations sollicitées dans un sens manifestement inacceptable sont légion. Malheureusement, cette détestable habitude perdure de nos jours, tout particulièrement dans notre famille de pensée. Par exemple lorsque Pie XI enseigne matériellement, mot à mot, le contradictoire de la science politique de saint Thomas d’Aquin sur les rapports de l’homme et de la Cité
    5. et par suite à la science politique et pourquoi pas aussi, par voie de conséquence, à la DSE.
    6. et pendant ce temps les non-baptisés, qui en seraient dispensés puisque n’étant pas sous la juridiction de l’Église, obéiraient eux aux jugements historico-prudentiels du Prince ? Autant dire l’anarchie.
    7. Nous renvoyons le lecteur à nos différents articles sur le surnaturalisme
    8. Prooemium des commentaires de la Politique, n 4
    9. La théologie morale, au plan politique, traite de la doctrine du Christ, Roi des nations.
    10. Marcel Clément et Bossuet soutiennent que la science politique est dans la Bible. A noter que l’islam soutient cette même thèse pour le Coran.
    11. Une telle affirmation ce nomme le fidéisme. Le fidéisme au sens large désigne toute doctrine d’après laquelle les vérités fondamentales de l’ordre naturel au plan spéculatif et pratique (i.e. politique) ne peuvent être établies ou justifiées par la raison ; et par conséquent ne peuvent être connues et établies que par la Foi. L’Église a condamné les fidéistes : S. 3, c. 4 ; Denz., 1796
    12. De Corte Marcel, Réflexion sur la nature de la politique, L’ordre français mai 1975 n°191 p 17.* En théologie, l’infaillibilité est une position doctrinale selon laquelle une autorité ne peut pas se tromper et l’inerrance une position selon laquelle un ou plusieurs textes ne contiennent aucune erreur. Ces deux termes sont parfois utilisés de manière interchangeable mais une distinction doit absolument être faite

    -*-

    En complément, la déclaration ONUesque hallucinante de Pie XII qui n’a rien à envier à la «théologie démocratique» de Jean-Paul II :

    «Dans une partie toujours croissante de nobles esprits surgissent une pensée, une volonté de plus en plus claire et ferme : faire de cette guerre mondiale, de cet universel bouleversement, le point de départ d’une ère nouvelle pour le renouvellement profond, la réorganisation totale du monde (…) En outre – et ceci est peut-être le point le plus important – à la lueur sinistre de la guerre qui les emporte, dans la chaleur cuisante de la fournaise où ils se trouvent emprisonnés, les peuples se sont comme réveillés d’une longue torpeur. Ils ont pris face de l’État, en face des gouvernants, une attitude nouvelle, interrogative, critique, défiante. Instruits par une amère expérience, ils s’opposent avec plus de véhémences aux monopoles d’un pouvoir dictatorial, incontrôlable et intangible, et ils réclament un système de gouvernement qui soit plus compatible avec la dignité et la liberté des citoyens. Ces multitudes, inquiètes, bouleversées par la guerre jusqu’en leurs assises les plus profondes, ont acquis aujourd’hui l’ultime persuasion – auparavant peut-être vague et confuse, mais désormais incoercible – que, si la possibilité de contrôler et de corriger l’activité des pouvoirs publics n’avait pas fait défaut, le monde n’aurait pas été entraîné dans le tourbillon désastreux de la guerre, et qu’afin d’éviter à l’avenir qu’une pareille catastrophe se répète, il faut créer dans le peuple lui-même des garanties efficaces. Dans cet état d’esprit, faut-il s’étonner que la tendance démocratique envahissent les peuples et obtiennent largement le suffrage et le consentement de ceux qui aspirent à collaborer plus efficacement aux destinées des individus et de la société.»
    Le radiomessage au monde entier du 24 décembre 1944.

    http://reconquetefrancaise.fr/pour-en-finir-avec-la-doctrine-sociale-de-leglise-stageirites/

  • Application des principes «totalité et subsidiarité» – Provinces de France n°5

    Revue Civitas, n°25, septembre 2007 – Provinces de France et fédéralisme.

    Le numéro concerné revendique les principes de subsidiarité et de totalité dans le sens où, la province devient la partie d’un tout, qui est la nation. Et le rédacteur fait sien le principe de fédéralisme, qui entend traiter de ce qui relève de la capacité budgétaire et législative (indépendante et non indépendantiste) des communes et des provinces en général. blasons2

    Le principe de totalité :

    «Le bien commun est toujours et pour tous plus aimable que le bien propre.»
    Saint Thomas – Somme théologique.

    Les biens particuliers sont ordonnés au Bien commun sans être contradictoires avec celui-ci :

    «Le principe de totalité relève de la vertu de justice générale – où sociale -, qui ordonne les actes humains au bien commun. Les documents pontificaux après Pie XII ont remplacé ce terme de totalité par celui plus ambigu de solidarité (…), qui exprime moins bien la dimension verticale dans laquelle doit s’inscrire l’individu et qui a été dénaturé par l’usage qu’en ont fait les radicaux et les francs-maçons, ennemis de l’Église (le terme de solidarité permet à ceux-ci d’évacuer la notion chrétienne de charité, orientée vers Dieu.»

    «Le principe de totalité impose aux membres des corps intermédiaires, eux-mêmes (…) trois devoirs concrets, qui sont : l’observance des lois justes; la contribution de chacun aux charges communes; la défense de la communauté à laquelle on appartient.»

    …En plus de demander un certain esprit de sacrifice.

    Le principe de subsidiarité :

    «Ce principe de subsidiarité est le principe de la fonction subsidiaire de l’autorité publique : cela signifie que l’autorité publique est là pour aider les membres du corps social à accomplir entièrement ce qui relève de leur devoir d’État, à partir du moment seulement où ils n’y parviennent plus seuls : son rôle, d’une certaine façon, est secondaire.»

    «Que les gouvernements en soient bien persuadés : plus parfaitement sera réalisé l’ordre hiérarchique des divers groupements, selon ce principe de la fonction supplétive, de toute collectivité, plus grande selon l’autorité et la puissance sociale, plus heureuse et plus prospère l’état des affaires publiques.»
    Pie XI – Quadragesimo anno, 15 mai 1931.

    Cette dénommée «fonction supplétive» signifie  précisément de remplacer ou de pallier à un manque, c’est-à-dire qu’il devrait y avoir intervention de l’État seulement lorsque l’échelon inférieur n’assume plus une situation donnée.

    d85b70b22773c500e428dd5aba4d2b5d

    Les devoirs de l’autorité :

    «- Respecter les attributions de chacun,
    – Aider éventuellement,
    – Suppléer – c’est-à-dire remplacer – exceptionnellement, donc en principe de manière temporaire (mais éventuellement, en cas de besoin, aussi longtemps que nécessaire).

    C’est en sommes, en haut est l’autorité et en bas se trouvent les libertés. Et à la revue de Civitas d’ajouter sur le fédéralisme :

    «On peut très bien être pour un fédéralisme français et contre un fédéralisme européen [Union européenne], pour une France fédérale dans une Europe confédérale.»

    Les différents concepts sont ainsi bien définis, l’Europe confédérale rappelle même un peu le rôle du Saint-Empire romain germanique, mais pour sortir de ce néo-féodalisme, il faut que l’État élève sa nation à l’universelle, au risque de se limiter à la propagation de nationalismes locaux (provinciaux). S’il est cependant vrai de dire que la subsidiarité à tendance à responsabiliser chacun, encore faut-il que tous puissent assumer ce fait. Il s’agit en somme de principes qui donnent à l’État un simple rôle d’arbitrage, alors que c’est bien là que se trouvent la puissance de gouvernance et le rôle de Justice au sens plein !

    Encore une fois l’Église, dans sa doctrine sociale, a voulu limiter les dégâts de l’oppression jacobine par provincialisme, mais sans les arrêter ; là encore, rien ne dit qu’un État juste, même plus centralisé, transformerait l’activité d’État en un Mal absolu («totalitarisme»).
    Nous partageons en bonne partie ces réflexions, mais sans hostilité aucune, nous ne pourrions laisser trop de liberté administrative aux échelons inférieurs (source de guerre, comme du temps des comtés et duchés). Être plus centralisateur, autour de la nation et sans l’idolâtrer, pour que celle-ci élève la vocation nationale des peuples (provinces comprises), dans la vocation universelle.

    On retrouve un exemple de démocratie chrétienne latente ici :

    «Dans le domaine des corps intermédiaires, cela veut dire que ceux-ci doivent naître à l’initiative de leurs membres; qu’ils doivent être organisés, animés et dirigés de l’intérieur par les intéressés eux-mêmes.»
    [En citant Pie XI – Quadragesimo anno].

    C’est là où le bât blesse…, c’est pourtant bien l’autorité d’État qui peut mettre en place les corporations, et qui sont ensuite, et ensuite seulement (!), laissée à disposition de la population, qui elle-même, les développent… L’articulation entre autonomie et autorité doit toujours se faire dans le cadre du Bien commun.

    Il est bon de dénoncer l’étatisme socialiste comme tout étatisme, ce qui est toujours trop prégnant et délétère puisqu’il envahit chaque filière de paperasse à n’en plus finir, en plus de demander systématiquement à l’État de régler tout type de problème : même au fin fond d’un bourg pour une histoire de route mal bitumée… !

    Partisan d’un centralisme «modéré» dans le sens où, parce que l’État est fort il peut se permettre de déléguer à volonté ; et parce que le pouvoir central nomme ses représentants (ou intendants) il peut ensuite les laisser faire localement au mieux, dans la mesure du possible.

    Pour une déconcentration :

    «Le pouvoir politique central garde la mainmise sur les affaires locales et se contente simplement de transférer leur gestion à des services situés en province.»

    La ligne mistralienne, essentiellement poétique, linguistique et littéraire est vue comme modéré chez les séparatistes zélés (occitans dans le sud) ; mais elle déroge pas à notre ligne qui donne l’autorité politique première à l’État.

    Les exemples de centralisme (ou centralisation) dans l’histoire peuvent être : le cardinal de Richelieu (et ses intendants du royaume), Napoléon Bonaparte (suite du jacobinisme), le Maréchal Pétain (tout était national : police, radio…), le «colonel» de Gaulle (sorte de république monarchique, mais laïciste). Voilà une palette d’hommes politiques très différents, et plutôt franchement opposés en principe.

    Aujourd’hui l’Allemagne, la Suisse, la structure d’Union européenne et les EUA sont des États fédéraux, cependant, dire que ces pays respectent plus une quelconque vertu de justice que les totalitarismes serait une vaste blague, en sachant qu’ils sont maçonniques, ou tout au plus démocrates-(anti)chrétiens et pratiquent une décentralisation, dévoyée qui plus est.

    Phalange

    José-Antonio par exemple, était bien plus centralisateur et donc, non fédéral :

    «La Patrie est ce qui donne corps à un grand dessin collectif. Sans ce dessein, il n’y a pas de Patrie ; sans l’existence de cette foi en un destin commun, tout se résout à la province natale, aux saveurs et aux couleurs locales.»
    La cornemuse et la lyre, 11 janvier 1934.
    «Un rêve d’unité et de tâche commune en face des particularismes étroits et un retour aux fragmentations qui pousse la Nation au suicide.»
    Exhortation à la Catalogne.

    Tout comme Stepinac, qui n’hésite pas à reprendre ce principe, en le philosophant profondément, là où chez José-Antonio la chose était plus spontanée (ou instinctive), poétique et militante.

    Pierre Martin – Le fédéralisme, une application des principes de totalité et de subsidiarité.

    http://reconquetefrancaise.fr/application-des-principes-totalite-et-subsidiarite-provinces-de-france-n5/

  • L'été indien du camp Maxime Real Del Sarte

    Chacun sait que Dieu a créé HONDA pour que les socialistes ne salissent pas une HARLEY DAVIDSON. Mais qu'en est-il de INDIAN MOTORCYCLE® ? Peu connues en France bien qu'il y ait maintenant une vingtaine de concessions actives en métropole, les Indian classiques avaient, outre un design très rapide, une réputation d'innovation (leur premier moteur de 1000cc date de 1922 !) et surtout une qualité reconnue des assemblages, due à la féminisation des chaînes de montage. Une fois la recapitalisation de la production achevée par le groupe Polaris Industries (3 milliards de dollars en chiffre d'affaires, ouf !), la relance du mythe aux Etats-Unis a été relativement facile tant l'histoire de la marque est chargée de gloire. Des amateurs de belles motos ont suivi partout ailleurs dans le monde pour sortir du dilemme Japonaises ou Harley/Ducati. Une Indian n'est pas qu'une moto. Heureux dénouement !
    L'Action française a la même histoire que la Indian Motorcycle !

    Heureux dénouement parce que la marque (fondée en 1901) faillit disparaître après la Seconde Guerre mondiale pour la même raison que disparut chez nous la belle automobile à la même époque. Indian ne put faire le dos rond en attendant la reprise et se mit à produire des motos légères que l'on disait mieux adaptées à l'air du temps. Les grosses Indian rapides avaient un bloc d'acheteurs inconditionnels que les Indian légères n'intéressaient pas, et la nouvelle clientèle se dispersa sur d'autres marques qui fabriquaient des modèles populaires plus ou moins équivalents, en ne regardant que leur prix. En 1953, la marque coula et voulut survivre en rebadgeant des Royal Enfield anglaises plus musclées que la production courante, mais il n'y suffit pas. Reprise plusieurs fois par des capitalistes voulant monnayer la légende, Indian eut la chance d'intéresser Polaris Industries qui fabrique les fameux bikes et trikes VICTORY. Mais pourquoi le Piéton du roi vous bassine-t-il avec l'Indian ?

    Fondée au tournant du siècle (à quelques années près), elle traversa la Première Guerre mondiale en s'y vouant corps et âme, traversa la grande crise dans l'honneur, survécut à la Seconde Guerre mondiale et par des choix contestables de sa direction fut incapable de se redresser après la Libération. Les tentatives de réanimation furent nombreuses mais ne purent déborder largement d'un noyau dur de fidèles malgré quelques embellies passagères comme la Génération Maurras des années soixante. Si la Indian Motorcycle est aujourd'hui ressuscitée, elle le doit à la rencontre d'un pourvoyeur de moyens, puissant et passionné par l'histoire de la marque et par ses exigences d'innovation qui lui feraient à nouveau sa place dans le monde des bikers.
    L'Action française organise son université d'été dans un mois près de Roanne. Elle veut faire réfléchir sur les voies et moyens nécessaires pour arracher le pays à son déclin qui semble inexorable, surtout dans son incapacité chronique à se défendre. Elle va proposer dix axes de salut national et on ne peut que souhaiter le succès affirmé de ce camp 2016 avant les échéances politiques de fin d'année. L'excellence reconnue de l'école de pensée d'Action française, similaire à la finition légendaire des Indian, peut produire des solutions institutionnelles innovantes et de pleine application dans le monde complexe qui nous entoure.
    Mais il faut que parallèlement à cette phosphoration intellectuelle, les cadres dirigeants se mettent sérieusement en quête des moyens financiers abondants et pérennes pour soutenir la diffusion la plus large de ces solutions, comme le fit Indian avec Polaris, car il ne sert à rien de nos jours d'avoir raison en petit comité. Dans nos sociétés démocratiques, un mouvement quel qu'il soit ne progresse plus que par grandes masses et il faut maintenant beaucoup de nerf à la guerre idéologique. Que ça nous plaise ou non.

    De Paris, prendre la N7, c'est tout droit.
    Roulez bolides !

    Postscriptum du 22 juillet

    Les chapitres suivants seront ouverts au camp :

    - Défendre l’intérêt national
    - Environnement / agriculture
    - Politique étrangère, défense et diplomatie
    - Economie
    - Question sociale
    - Immigration
    - Justice et sécurité
    - Enseignement et éducation
    - Politique familiale ...

    http://royalartillerie.blogspot.fr/2016/07/lete-indien-du-camp-maxime-real-del.html

     

  • Où va l’histoire (de l’homme) ? La réponse de Rémi Brague

    Il n’y a qu’une chose qui ne soit pas très pertinente dans le livre d’entretiens du professeur Rémi Brague avec Giulio Brotti, c’est le titre. Il ne s’agit pas de savoir « où va l’histoire ».

    Car l’histoire n’est pas un véhicule, c’est le réseau même des routes possibles. C’est la carte. Il s’agit de savoir, non où va l’histoire, mais où va l’homme.


    ou-va-lhistoire.jpgIl s’agit de savoir où nous allons, juchés sur le véhicule que nous avons nous-mêmes construit, et sur lequel nous avons décidé de nous arrimer, et qui est la modernité : une modernité « tardive », comme disait Friedrich Schiller, mais qui tarde en tout cas à se terminer. Elle se retourne sur elle-même pour mieux reprendre de l’élan, et ne cesse de détruire ses propres fondements : la croyance en l’homme, au progrès, en l’universalisme. La modernité, tardive ou hyper, est une machine en apparence folle. Mais est-elle si folle ? Elle a sa logique. Elle est en fait autophage.

    Dans les lignes qui suivent, nous serons moins dans la digestion, c’est-à-dire la paraphrase, que dans l’inclusion, c’est à dire le commentaire – que Rémi Brague qualifie comme « le modèle européen de l’appropriation culturelle ».

    L’entretien avec Rémi Brague porte sur l’esprit de notre temps. Il déroule la question : pouvons-nous continuer l’homme si nous ne croyons plus en l’homme ? En d’autres termes, si nous ne savons plus quelle est la place que nous avons à tenir sur terre, si nous ne croyons plus à notre part de responsabilité, si notre présence au monde ne relève plus que du ludique, à quoi bon poursuivre l’homme ? On objectera que, justement, les hommes sont de plus en plus nombreux. Mais l’humanité est par là même de plus en plus fragile, et de plus en plus menacée de perdre son humanité. Il y a de plus en plus d’hommes ? Mais ne seront-ils pas de moins en moins humains ?

    On peut appeler cela « oubli de l’être ». Il ne s’agit pas d’un énième « c’était mieux avant » ou de quelque chose comme « l’oubli de son parapluie », comme dit plaisamment R. Brague. Il s’agit de l’oubli de ce que l’être peut manifester. De ce qu’il peut dévoiler. D’abord lui-même. La question est : qu’est-ce que nous avons oublié ? Et nous pouvons déjà avancer quelques éléments de réponse. Que l’historicité de l’homme n’est pas seulement le « tout passe ». Qu’il y a des permanences, celles que les religions et les philosophies explorent, chacune à sa façon.

    Pour comprendre la place de l’homme dans le monde, il faut tenter de comprendre le sens de l’histoire humaine. Le Sens de l’histoire est le titre d’un livre de Nicolas Berdiaev. Cela ne veut pas dire que l’histoire n’a qu’une direction mais cela signifie qu’elle n’est pas absurde, insensée. Il nous arrive ce qui nous ressemble. Comprendre le sens de l’histoire nécessite de comprendre l’histoire de la pensée. Rémi Brague souligne que nous avons longtemps sous-estimé intellectuellement le Moyen Age. Nous sommes passés des Antiques aux Renaissants, directement. Or, comprendre la pensée nécessite de comprendre le moment central du Moyen Age. Au moins dix siècles. Car, comme le remarquait Etienne Gilson, la Renaissance est tout entière dans la continuité du Moyen Age. C’est « le Moyen Age sans Dieu », disait encore Gilson. Ce qui, à la manière de Hegel, doit, du reste, être compris non comme un manque mais comme l’intégration d’une négativité.

    Justement, sans Dieu, comment fonder la morale ? « Que dois-je faire ? » s’interroge Rémi Brague à la suite de Kant. L’idée du « bien faisable », idée d’Aristote, suffit pour cela. Mais comment hisser les hommes au niveau nécessaire pour que l’humanité ait un sens ? En d’autres termes, la morale n’est pas qu’une question de pratique. Il est besoin de ce que Kant appelait une raison pure pratique. Sa forme moderne pourrait sans doute être définie comme une esthétique de la morale, telle qu’on la trouva chez Nietzsche, ou encore, très récemment, avec Dominique Venner. Pour cela, c’est l’idée platonicienne du Bien (difficile ici d’éviter la majuscule) qui est nécessaire. Cette idée du Bien rejoint celle du Vrai, du Beau et celle de l’Un : c’est la convertibilité des transcendances, expliquée par Philippe Le Chancelier et d’autres théologiens du Moyen Age. C’est leur équivalence, qui n’est pas leur identité mais est leur correspondance (l’analogie avec les correspondances de métro serait ici à la fois triviale et parfaitement adaptée). Le Bien, le Beau, le Vrai sont différentes formes d’une même hypostase, telle est l’idée néo-platonicienne que l’on trouve chez Flavius Saloustios, un des « intellectuels d’Etat » de Julien l’Apostat, le rénovateur du paganisme. N’ayant précisément pas eu lieu durablement, la restauration du paganisme laisse dissociés le beau, le vrai, le bien (ou encore le bon). D’où un malaise dans l’homme.

    * * *

    On rencontre parfois l’idée que la genèse de la modernité vient, avec Copernic, de la fin de la position centrale de l’homme. Ce n’est pourtant pas la même chose que la fin du géocentrisme et la fin de l’anthropocentrisme. Mais Brague soutient qu’il n’y a pas eu de fin de l’anthropocentrisme car il n’y avait pas d’anthropocentrisme. L’homme antique ne se voyait pas dans une position centrale, mais au sein d’un système du vivant. Voilà la thèse de Brague.

    Est-ce si sûr ? « Mais que l’homme soit un animal politique à un plus haut degré qu’une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l’état grégaire, cela est évident. La nature en effet, selon nous, ne fait rien en vain, et l’homme, de tous les animaux, possède la parole. Or tandis que la voix sert à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce motif aux autres animaux également (car leur nature va jusqu’à éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours sert à exprimer l’utile et le nuisible et, par suite aussi, le juste et l’injuste. Car c’est le caractère propre de l’homme par rapport aux autres animaux d’être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, et des autres notions morales, et c’est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité » (Politiques I, 2).

    A partir d’Aristote, n’y a-t-il pas anthropocentrisme même si l’homme n’est pas en surplomb, même s’il ne lui est pas demandé d’agir « comme maître et possesseur de la nature », comme régisseur du vivant, mais bien plutôt de le ménager, d’en prendre soin ? (le christianisme de François d’Assise ne sera d’ailleurs pas loin de cette vision). L’anthropocentrisme n’est pas la dévoration du monde par l’homme, tant que la modernité ne se déchaîne pas. Tant qu’elle reste « modérément moderne ».

    Le contraire de l’anthropocentrisme, c’est l’homme dans le flux du vivant. Nous sommes d’ailleurs revenus à cela avec Michel Foucault et la fin de la sacralisation de l’homme et de sa centralité. Le paradoxe est que nous sommes dans une société du contrat au moment où notre sociologie et le structuralisme tardif nous expliquent que le sujet n’en est pas vraiment un et que, somme toute, l’homme n’existe pas mais est « agi » par des forces et structures qui le dépassent.

    Dès lors, nous quittons la modernité classique pour autre chose. Ce que met à mal la culture postmoderne (ne faudrait-il pas plutôt parler d’idéologie, terme nullement dépréciateur du reste ?) c’est, nous dit Rémi Brague, trois choses : l’historicité, la subjectivité de l’homme, la vérité.

    Nous avons aboli le monde vrai et la distinction entre vrai et faux, nous avons aboli le sujet et nous avons aboli le propre de l’homme qui est d’être un être historique. En d’autres termes, « l’homme est mort » – et pas seulement « Dieu est mort » (ce que Nietzsche constatait avec déploration, craignant que nous ne soyons pas à la hauteur du défi). Dieu est mort et l’homme est mort. Et l’un est peut-être la conséquence de l’autre, suggère Rémi Brague. La sociobiologie a pris la place de l’histoire, la sociologie a pris la place du sujet (« les sciences humaines naturalisent l’histoire », explique Brague), la sophistique postmoderne a pris la place de la vérité, ou tout du moins de sa recherche. Les Anciens (on est Anciens jusqu’à la Révolution française, hantée elle-même par l’Antiquité) voulaient améliorer l’homme. Nous voulons maintenant le changer. Nous oscillons entre le rêve transhumaniste, qui n’est autre qu’un posthumanisme, et une postmodernité liquide qui relève d’un pur vitalisme dont l’une des formes fut, disons-le sans tomber dans le point Godwin ou reductio ad hitlerum, le national-socialisme (*).

    Face à ce double risque de liquéfaction ou de fuite en avant transhumaniste, Rémi Brague rappelle le besoin de fondements qu’il nomme métaphysiques mais qui ne viennent pas forcément « après » la physique, dans la mesure où ils donnent sens à l’horizon même du monde physique. Rémi Brague appelle cela des « ancres dans le ciel » (titre d’un de ses précédents ouvrages). L’image est belle. Elle contient par là-même une vérité. Elle va au-delà de la révélation chrétienne, qui peut sans doute en être une des formes. Mais certainement pas la seule. Heidegger parlait de « marcher à l’étoile ». Une autre façon d’avoir une ancre dans le ciel.

    Pierre Le Vigan, 4/07/2016

    Rémi Brague, Où va l’histoire ? Entretiens avec Giulio Brotti, éditions Salvator, 184 pages.

    (*) Comme le montre très bien la confrontation des textes de Werner Best, doctrinaire nazi du droit, et de Carl Schmitt, in Carl Schmitt, Guerre discriminatoire et logique des grands espaces, éditions Krisis, 2011, préface de Danilo Zolo, notes et commentaires de Günter Maschke, traduction de François Poncet. On y voit que Best critique Schmitt au nom d’un vitalisme que Schmitt refuse d’adopter. Dont acte.

    http://www.polemia.com/ou-va-lhistoire-de-lhomme-la-reponse-de-remi-brague/

  • Amouretti, fédéraliste, provençal et meilleur ami de jeunesse de Charles Maurras

    Repris des éphémérides de Lafautearousseau au 18 juillet. Actuelisé le 22.07 

    Frédéric Amouretti est né le 18 juillet 1863 à Toulon, et mort le 29 août 1903, tout juste âgé de 40 ans...  Qui était-il ?

    S’il est vrai que la pensée régionaliste trouva son véritable maître en Charles Maurras, de nombreux auteurs en bâtirent les premières fondations : des plus connus comme Frédéric Mistral à de plus méconnus comme Frédéric Amouretti, ces auteurs ont, apporté les premières pierres essentielles à l’édification de la véritable pensée régionaliste.

    Parti à Paris pour décrocher sa licence ès lettre Amouretti rencontra à Paris Frédéric Mistral et fut reçu félibre en 1882. Revenu en Provence, il entama une carrière de journaliste et de publiciste. Dès 1890, à peine âgé de 27 ans, il lança son premier journal avec son ami Bérenger, Le réveil du Provençal : Organe des revendications autonomistes de la Provence.

    Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrira, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras : 

    « En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...». 

    Pour Amouretti, au contraire, et pour les « fédéralistes », il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon « sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...», ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête « uno assemblado soubeirano, a Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, a Marsiho o a-z-Ais ». Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistesdu 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme « lou paire e lou redatour de la declaracioun », les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait : 

    « Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile ».  

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération :  

    « Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue. » 

    Rappelons encore que dans les années 1890, en leur tout jeune âge, Frédéric Amouretti est le meilleur ami de Charles Maurras. Ils se rencontrent, notamment à Martigues, et Maurras, dans sa longue et belle préface, lui dédie son premier livre, Le Chemin de Paradis. Les passionnés d'études maurrasiennes, écouteront ici, Hilaire de Crémiers en parler en fin connaisseur de l'ouvre et de la pensée de Charles Maurras. [35 minutes] LFAR

     

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/07/22/frederic-amouretti-5829106.html

  • Dans le nouveau numéro de Terre et peuple magazine : un entretien entre Pierre Vial et Roland Hélie

    9 jni 8.jpg

    Pierre Vial : Roland, nous nous connaissons depuis longtemps et nous travaillons ensemble d’une façon qui me paraît exemplaire car basée sur la confiance et une communauté de pensée. Tu diriges, entre autres activités, la revue Synthèse nationale, dont le titre est tout un programme puisqu’elle accueille divers rédacteurs qui, au-delà de leur profil spécifique, ont en commun leur attachement viscéral à ce que Saint-Loup appelait « les patries charnelles ». Peux-tu nous en dire plus ?

    322495870.jpgLa revue Synthèse nationale a été créée en 2006. Cela fait donc dix ans que nous nous battons pour que les différents courants nationalistes et identitaires marchent dans le même sens. Au début, ce n'était pas évident. Surtout lorsque l'on se souvient des divisions "historiques" qui existaient entre les uns et les autres. Et pourtant, lors de nos nombreux colloques et réunions, nous avons invité la plupart des organisations a se retrouver sur les mêmes tribunes et, petit à petit, les querelles du passé se sont estompées. Il en a été de même dans les colonnes de la revue. Nous ne demandons pas aux nationalistes et aux identitaires de s'unir, ni même de se rassembler, nous les invitons seulement à coordonner leurs actions. Ce qui serait déjà pas mal.

    Vu la situation dramatique dans laquelle la France et l'Europe sont plongées, pour notre camp l'heure ne doit plus être celle de la discorde mais bel et bien celle de l'offensive. "Pour une offensive nationaliste et identitaire" sera d'ailleurs le thème de notre Xe journée annuelle qui doit se tenir à Rungis, près de Paris, le dimanche 2 octobre prochain.

    Je profite de l'occasion que tu me donnes, Mon Cher Pierre, pour remercier l'association Terre et peuple, qui dès le début a compris le sens de notre démarche, pour l'aide efficace qu'elle nous a toujours apportée.

    PV : Quand je parle de Front des Patriotes, je souhaite inciter tous ceux pour qui la patrie, la « terre des pères », est la meilleure des causes, à regrouper, autant que faire se peut, leurs efforts, leurs énergies, leurs espérances. Qu’en penses-tu ?

    C'est exactement le sens de notre démarche. Jamais nos idées ont été aussi "dans le vent". Depuis des décennies les nationalistes répètent inlassablement que la politique menée par les partis du Système devait mener immanquablement à la catastrophe. Pendant longtemps, nous n'avons pas été entendus. Et aujourd'hui, alors que la situation dégénère à grande vitesse, nos compatriotes se rendent compte de la véracité de nos dires. Nous ne pouvons que nous en réjouir.

    Cela étant dit, la poussée de nos idées est beaucoup plus due à la radicalisation d'une partie de plus en plus importante des Français qu'à une quelconque dédiabolisation. Ce n'est donc pas le moment de flancher. Plus que jamais un Front des patriotes tel que tu le préconises est nécessaire. Un Front ne signifie pas une fusion mais une unité d'action.

    PV : Quelles sont, selon toi, dans le monde où nous sommes, les principales urgences ?

    Le choix est simple. D'un côté nous avons le mondialisme qui consiste à vouloir détruire toutes les identités, nationales, civilisationnelles et même sexuelles (comme on l'a vu avec la théorie du genre) afin de transformer le monde en un vaste marché aux dimensions planétaires dans lequel l'homme ne serait plus qu'un consommateur servile juste bon à enrichir les multinationales apatrides. De l'autre, nous avons les peuples qui veulent garder leurs libertés et leurs identités.

    Bien sûr, l'immigration et l'islamisation qui en découle peuvent apparaitre comme le principal danger qui menace notre civilisation. Mais il ne faut pas oublier que celles-ci ne sont que la résultante du brassage de populations orchestré par les mondialistes. Il ne suffit pas de s'attaquer au effet, il faut détruire les causes. Or, si l'on veut arrêter le grand remplacement auquel nous assistons, il faut abattre le Système qui le suscite. Le combat contre le mondialisme est, à mon avis, la priorité absolue.

    PV : Comment vois-tu l’avenir ?

    Si nous continuons le combat, c'est que nous sommes animés par l'optimisme. Nous devons en permanence éloigner de nous le désespoir qui est, en substance, le pire de nos ennemis...

    Je ne prendrai qu'un seul exemple : cette année, 2016, marque le soixantième anniversaire de l'insurrection patriotique de Budapest en 1956 contre le régime communiste qui accablait alors la Hongrie. Cette insurrection héroïque fut impitoyablement écrasée par les soviétiques en quelques semaines. Croyez-vous que les nationalistes hongrois, alors que leur mouvement était en pleine débâcle et que leur pays subissait une répression épouvantable, s'imaginaient un seul instant que, soixante ans plus tard, la Hongrie serait à l'avant garde du combat pour la résurgence européenne ? Certainement pas. Et pourtant, c'est ce qui arrive aujourd'hui.

    Dominique Venner nous a enseigné que l'inattendu était une constante en politique et Charles Maurras que le désespoir était la pire des sottises. Voilà une belle synthèse...

    PV : Merci Roland. Il est clair que nous allons continuer le combat côte à côte.  

    Le n°68 de Terre et peuple magazine

    Pour le commander cliquez ici Solstice d'été, 52 pages, 8 €

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2016/07/19/dans-le-nouveau-numero-de-terre-et-peuple-magazine-un-entret-5827834.html

  • Isabelle Collin - Propositions en faveur de la liberté scolaire

  • L’école : un droit des parents

    D’où vient la liberté de l’enseignement ? La question paraît évidente, il faut tout de même remonter aux principes.

    Dans la perspective libérale, on insiste effectivement sur la liberté de conscience,que les parents doivent respecter autant que l'État. C'est très clair dans le premier article de la loi Debré (1958). L'Église, elle, va plus loin, elle revendique pour les parents un droit de nature, qui est une application particulière des droits naturels de l'homme à la relation parents/enfants. Il ne s'agit pas d'un droit que l'homme se donnerait à lui-même, comme les droits révolutionnaires que l'homme s'octroie, mais d'un droit que l'on reconnaît communément comme un fait de nature, en tant que tel supérieur à tous les autres droits humains. Pie XI, dans Divini illius magistri (1929), distingue en premier lieu, non pas l'individu qui n'existe pas en lui-même, mais, première des sociétés humaines, la famille :

    « En premier lieu, la famille, instituée immédiatement par Dieu, pour sa fin propre, qui est la procréation et V éducation des enfants. Elle a pour cette raison une priorité de nature et par suite une priorité de droits, par rapporta la société civile... Ce droit de donner l'éducation à l'enfant est inaliénable parce qu'inséparablement uni au strict devoir corrélatif... [il est] inviolable par quelque puissance terrestre que ce soit...». Pourquoi ce droit est-il inviolable ? Parce qu'il recouvre en même temps un devoir. C'est la nature elle-même, c'est le Créateur de la nature qui fait un devoir aux familles d'élever elles-mêmes leurs enfants et qui leur donne ce privilège de pouvoir choisir le type d'éducation qu'elles veulent donner à leur progéniture. Les successeurs de Pie XI retrouveront cette théorie naturelle des droits de la famille. Le principe de subsidiarité joue ici à plein : tout ce qu'une petite société naturelle peut faire, il importe qu'elle l'accomplisse, sans s'en remettre à la société politique elle-même, symbolisée ou représentée par l'État.

    Mais l'État n'est pas seul en cause. Certes il peut et il a pu prendre la responsabilité non seulement de l'instruction publique mais même revendiquer pour lui l'éducation nationale. De nos jours, c'est courant : l'État devient enseignant. À la fin du Moyen Âge et jusqu'au XVIIIe siècle, à travers l'Université, ce n'est pas l'État qui enseigne, c'est l'Église. Contrairement à l'État, essentiellement chargé de la prospérité temporelle et de la paix entre les citoyens, l'Église, elle, trouve dans sa mission fondamentale, un droit et un devoir imprescriptible à s'occuper des âmes et de ce que l'homme peut apprendre. Voici comment elle le revendique, toujours sous la plume de Pie XI, dans Divini illius Magistri :

    « Société d'ordre surnaturel et universel, société parfaite, car elle a en elle tous les moyens requis pour sa fin qui est le salut éternel des hommes (...) l'Église a la suprématie dans son ordre... [L'éducation lui] appartient d'une manière suréminente à deux titres d'ordre surnaturel... Le premier se trouve dans la mission expresse et l'autorité suprême du magistère que son divin fondateur lui a données ; Allez, enseignez toutes les nations (...). Le second est la maternité surnaturelle par laquelle l'Église, épouse immaculée du Christ, engendre, nourrit et élève les âmes dans la vie divine de la grâce par ses sacrements et son enseignement... »

    Des formules comme celles-là peuvent entraîner les hommes d'Église vers un cléricalisme trop facile. Elles donnent à l'Église un droit sur la culture des esprits qui est lui aussi imprescriptible. Qu'en penser ? Dans une société chrétienne, l'Église peut et doit utiliser son droit imprescriptible à l'éducation. Parce qu'elle possède la vérité sur la nature humaine, elle jouit de plein droit de la liberté d'enseignement. Encore faut-il ajouter que du point de vue thomiste, en tout cas, le droit de l'Église sur l'éducation morale et spirituelle des êtres humain est moins grand que l'autorité des familles. On trouve cela au début de la Ilallae, dans la Somme théologique. Le commentaire de Cajétan est particulièrement explicite : face à Duns Scot, qui, au nom du droit de l'Église reconnaissait un droit à faire baptiser les enfants indépendamment des parents et de leur volonté ou de leur interdiction, Cajétan affirme et défend le droit naturel des parents, qui est antérieur et plus contraignant encore que le droit surnaturel de l'Église.

    Edgar Mortara : un cas théo-illogique

    Ce pilpoul scolastique vous paraît dépassé ? Il y eut au XIXe siècle une affaire terrible, sorte d'affaire Dreyfus avant l'heure au sein même de l'Église. À sa naissance, le petit Edgar Mortara, appartenant à une famille juive des États pontificaux, fut baptisé par sa gouvernante, une jeune chrétienne, parce qu'elle pensait qu'il ne survivrait pas à sa venue au monde. L'enfant finalement survécut malgré sa faiblesse. La jeune femme soumis la question à son confesseur : ce jeune baptisé pouvait-il être laissé à sa famille juive ? Le confesseur, qui avait appris le droit de l'Église, mais pas dans sa version thomiste, recourut au pape, qui ordonna qu'on enlève l'enfant à sa famille et se proposa d'être son parrain. L'Europe entière s'enflamma contre le mal heureux Pie IX, qui tint bon. Edgar Mortara devint prêtre et respecta toujours profondément son parrain. Mais du point de vue de Thomas d'Aquin et de Cajétan, une telle affaire n'aurait jamais dû arriver. L'un et l'autre enseignent que le droit de nature que la famille a sur l'enfant est plus important que le droit même de l'Église Rassurant !

    Abbé G. de Tanoüarn monde&vie 1er juillet 2016

  • Très grand succès de la 25e Université d'été de Renaissance Catholique

    20160717_124646

    "Lancée en 1992, l'Université d'été de Renaissance Catholique a fêté son 25e anniversaire à Saint-Laurent-sur-Sèvre du 14 au 17 juillet en réunissant 500 personnes (la moitié ayant moins de 30 ans) autour du thème "À quoi sert la Culture ? "

    20160717_124659

    Ouvertes par une brillante leçon inaugurale de Michel de Jaeghere qui a bien replacé dans les esprits le vrai sens de la Culture qui prépare l'âme à la contemplation du divin, les quatre journées ont vu se succéder des intervenants de renom (Francois-Xavier Bellamy, Axel Rokvam, Laurent Dandrieu, Alain Lanavère entre autres) tandis que de larges moments permettaient aux participants de parcourir le Grand Parc du Puy-du-Fou ou de pèleriner sur la tombe de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
    Après la messe célébrée en présence de l'anneau de sainte Jeanne d'Arc, Philippe de Villiers a conclu ces journées sous le signe de l'Espérance : "Tout va se retourner ! On est tout prêt !" 

    Il a annoncé que le British Museum venait de révéler que l'anneau de Jeanne avait été authentifié par un comité de scientifiques britanniques dès 1955.

    Il a également indiqué le titre de son prochain ouvrage à paraître le 1er octobre : "Les cloches sonneront-elles encore demain ?" Il y décrit le drame de la France déchirée entre un Occident épuisé et un Islam conquérant. Pour sa part il a confié : "Je ne suis pas un migrant, je suis un sédentaire !" Pour lutter contre l'islamisme, il n'y a qu'une solution, c'est d'avoir un antidote, fondé sur l'amour de la "Douce France", pays de la courtoisie, de la littérature, et surtout de naissance et de tradition chrétiennes, tout ce que le consumérisme et le terrorisme veulent annihiler.
    Au lendemain des manifestations contre le mariage pour tous et des débats cherchant mille solutions pour réinvestir les énergies de la jeunesse, Renaissance Catholique, "mouvement de laïcs investi dans la Cité afin d'oeuvrer au rétablissement du règne social du Christ", semble prendre un nouvel essor pour fédérer les initiatives dans la durée, retisser un univers catholique sans sombrer dans l'arène politique."

    Marie Bethanie  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html