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  • Emmanuel Macron a compris que Philippe de Villiers pesait sur la vie politique française

    Pour la première fois depuis sa création en 1978, un ministre socialiste en activité va visiter le Puy-du-Fou. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron,que l'on dit monarchiste, y rencontrera Philippe de Villiers. Le parc explique :

    "Nous ne recevons pas la personnalité Emmanuel Macron mais bien la fonction de ministre de l'Economie. Peu importe l'éventuelle récupération politique qui pourra être faite de cette visite, ce qui compte, c'est qu'un ministre de l'Economie en fonction vient apporter la reconnaissance de l'Etat au fleuron français qu'est le Puy-du-Fou."

    Le 8 mai dernier, à Orléans, Emmanuel Macron avait présidé les fêtes annuelles d'hommage à Jeanne d'Arc, qui selon lui "incarne l'idéal républicain". Dans son discours, il n'avait pas hésité à comparer le parcours de la pucelle d'Orléans à sa propre trajectoire politique...

    Jeanne "est dans cette France déchirée, coupée en deux, agitée par une guerre sans fin qui l’oppose au royaume d’Angleterre. Elle a su rassembler la France pour la défendre, dans un mouvement que rien n’imposait. Tant d’autres s’étaient habitués à cette guerre qu’ils avaient toujours connue. Elle a rassemblé des soldats de toutes origines. Et alors même que la France n’y croyait pas, se divisait contre elle-même, elle a eu l’intuition de son unité, de son rassemblement".

    Le combat culturel du Puy du Fou influencera-t-il la gauche ?

    Michel Janva

  • Un bloc-notes royaliste, pour quoi faire ?

    Chaque année, la même question se pose à moi : dois-je continuer à nourrir ce bloc-notes sur la toile ou, au contraire, y renoncer pour me consacrer à mes travaux universitaires ou à d’autres formes d’activité politique ? Et chaque année, après quelques hésitations, je reprends, sinon la plume, du moins le clavier pour jeter quelques réflexions et quelques arguments, mais aussi mes émotions et mes opinions sur des événements d’actualité ou sur les institutions de notre pays…

    Après cet été meurtrier qui n’est pas encore fini (et cette année, il y a presque une sorte d’impatience à le voir se terminer…), s’ouvre une année doublement électorale, entre la présidentielle et les législatives, et la politique sera de retour, au moins dans les discours et les promesses, même si la qualité des uns et des autres n’est pas vraiment assurée ! Souvent, en ces périodes de campagnes électorales, démocratie rime malheureusement avec démagogie, au risque d’oublier les vrais enjeux des élections, la nature profonde de la politique même et le souci politique, thème d’un livre du philosophe postmaurrassien Pierre Boutang à relire en ces heures de confusion intellectuelle. Nous n’échapperons pas aux postures des candidats « majeurs » (ceux qui peuvent espérer une place au second tour ou jouer un rôle d’opposant reconnu et crédible) et à leurs déclamations du type « Mon adversaire, c’est la Finance » ou « La sécurité sera assurée », et le royaliste que je suis, tout en les entendant, n’en sera pas dupe car, pour moi, la question n’est pas tant celle de la qualité des candidats ou des élections que celle des institutions et de l’état d’esprit qui les anime ou qu’elles inspirent.

    Je ne suis pas devenu royaliste par hasard, mais par réflexion, et le sentiment est venu compléter et enrichir d’une dimension affective ce processus intellectuel. J’ai déjà évoqué cette « conjonction des planètes », entre lectures croisées de Bertrand de Jouvenel (« Du Pouvoir », livre majeur dans ma formation politique) et de Charles Maurras (dont j’ai au moins gardé la pratique de la « tradition critique », autre nom de l’empirisme organisateur, et la théorie du « Politique d’abord », d’ailleurs souvent incomprise…), et recherche du meilleur moyen de pérenniser et de transmettre ce qui fait notre environnement et enracinement nécessaires à l’épanouissement de ce que nous sommes. En France, pays qui nous semble encore une évidence (qu’elle n’est que par une longue suite d’habitudes et une histoire commune, y compris dans le malheur qui soude parfois encore plus que le bonheur…), la République ne garantit pas ce long terme indispensable à l’efficacité de l’action politique : que cela soit sur le plan de la stratégie énergétique, de la grande diplomatie ou même de la lutte pour le travail français (entre autres), chaque gouvernement de couleur politicienne différente se targue de défaire ce qu’a fait le précédent, au risque d’aggraver la situation. Bien sûr, il y a des lignes de force mais c’est plutôt la dépossession du politique par l’économique et une dépendance accrue des institutions du pays à « l’extérieur », que ce dernier prenne la forme de « directives européennes » ou  de « mondialisation », ou se pare de leurs attributs théorisés par les penseurs libéraux ou « sociaux-démocrates ». 

    Mais s’opposer est vain s’il n’y a pas proposition : d’où ma volonté (qui ne sera pas, seule, suffisante…) de promouvoir et de jeter les fondements d’unenouvelle Monarchie qui reprenne les grands traits de l’ancienne sans s’en contenter ni s’enfermer dans une lecture purement théorique des institutions et de leur rôle. Je prône une Monarchie qui ne soit pas que symbolique, même si je connais et apprécie la valeur et la force du symbole royal chez nos voisins britanniques, néerlandais ou espagnols. Une Monarchie arbitrale, mais aussi « active » et éminemment politique.

    Il serait dommage de ne pas faire de politique au moment où tout le monde en parle en prévision de l’élection présidentielle qui reste, qu’on s’en félicite ou non, « la reine des élections », comme une sorte d’hommage du vice à la vertu… Ainsi, ce bloc-notes va poursuivre son bonhomme de chemin, non pour satisfaire quelque graphomanie immodeste (car, en fait, j’éprouve une certaine difficulté à écrire…), mais pour tenter d’apporter sa pierre à l’édifice d’une politique royaliste nécessaire pour fonder une Monarchie politique. Néanmoins, je ne me contenterai pas de quelques articles sur la toile : il y a encore cent autres manières de faire de la politique, et j’en userai, jusqu’à la centième ! Car la France mérite mieux que la République, elle mérite la Monarchie, celle des « possibles » et des « nécessaires », tout simplement…

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • La Démocratie au Moyen Âge !

    En dépit de la vague romantique qui, au XIXe siècle, va entreprendre une réhabilitation partielle et souvent mythique du récit « historique » de cette longue époque (un millénaire) que les érudits de la renaissance ont reléguée au rang de « moyen-âge », l’imagerie commune en garde encore des idées complètement fausses : le moyen-âge, pour beaucoup, c’est l’époque où le petit peuple, ignorant et analphabète, est soumis au diktat implacable d’un ordre politique militaire monarchique, et d’un ordre spirituel clérical séculaire et dogmatique ; c’est l’époque des seigneurs, de l’inquisition, des sorcières et des bûchers ; c’est l’époque des guerres incessantes, des croisades sanglantes et de la peste ; en résumé, le moyen-âge serait une époque obscure, sombre, « gothique ». Voici ce que nous en dit Michel FRAGONARD :

    « (…) l’histoire représente, au XIXe siècle, un enjeu « politique » essentiel (en témoigne d’ailleurs l’attention des gouvernements, dont l’action d’un Guizot, lui-même historien, est le meilleur exemple) : sa promotion est inséparable de l’affirmation du sentiment national, fruit à la fois de la Révolution française et des courants romantiques allemands ; et l’un des enjeux essentiels est la question des origines nationales. On comprend alors l’intérêt des historiens, initiateurs et propagateurs de cette conscience nationale, pour le Moyen Age, aux fondements de la nation. Intérêt non dépourvu de considérations idéologiques : au moment où, en France, conscience nationale et aspiration démocratique sont intimement liées dans une mystique du « peuple » (notion combien ambiguë), l’œuvre d’Augustin Thierry (Récits des temps mérovingiens, Essais sur la formation et les progrès de l’histoire du Tiers État) est sous-tendue par une thèse historico-ethnique (les origines proprement « gauloises » du peuple français, à contre-pied d’une historiographie « aristocratique » insistant sur les origines franques). Dans cette quête historique d’un Moyen Age où se trouvent les sources de la nation, l’exemple le plus illustre, en France, est celui de Michelet, qui consacre six volumes de sa monumentale Histoire de France (inachevée) au Moyen Age et qui, dans ses autres ouvrages, revient régulièrement sur la période (voir la Sorcière). »

    Il nous suffit de voir à quoi ressemble ce mouvement culturel « gothique » né dans les années 1990, qui mêle à la fois l’imagerie mythique de ce moyen-âge du XIXe siècle et les idées les plus noires que le quidam se fait de cette ère. Vêtus et maquillé de noir ou de sombre, visages tristes ou désespérés, véhicules « morts-vivants » d’un romantisme lui-même sombre, noir et désenchanté.

    Que dire alors de l’idée que l’on se fait au sujet de la politique au moyen-âge ? A l’évocation d’une démocratie au moyen-âge, la plupart vont faire les yeux ronds et se dire « mais de quoi parle-t-il ? ». Moyen-âge et démocratie sont deux termes que la plupart considèrent antinomiques. Or, la réalité est bien différente. La démocratie était plus vivace durant la majeure partie du moyen-âge et de la renaissance, qu’elle ne le fut depuis la Révolution. En fait, c’est la Révolution qui va éteindre un ensemble de pratiques démocratiques populaires qui perdurera jusqu’au XVIIIe siècle.

    Ce que je découvre, en parcourant l’excellent livre de Francis Dupuis-Déri « Démocratie. Histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France », est entre autre une déconstruction radicale de ce moyen-âge obscurantiste que l’élite contre révolutionnaire et le « siècle des Lumières » a durablement imprimé dans nos esprits. Permettez-moi de partager avec vous les quelques passages de ce livre qui nous éclairent sur cette activité démocratique vivace au moyen-âge.

    « Au Moyen Age et pendant la Renaissance européenne, des milliers de villages disposaient d’une assemblée d’habitants où se prenaient en commun les décisions au sujet de la collectivité. Les « communautés d’habitants », qui disposaient même d’un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l’autogestion pendant des siècles. Les rois et les nobles se contentaient de gérer les affaires liées à la guerre ou à leurs domaines privés, d’administrer la justice et de mobiliser leurs sujets par des corvées. Les autorités monarchiques ou aristocratiques ne s’ingéraient pas dans les affaires de la communauté, qui se réunissait en assemblée pour délibérer au sujet d’enjeux politiques, communaux, financiers, judiciaires et paroissiaux[1]. »

    Voilà déjà qui tranche avec les images d’une monarchie omnipotente et omniprésente, gérant, en collaboration avec l’Église, tous les faits et gestes de leurs sujets. En réalité, l’aristocratie nobiliaire avait bien d’autres chats à fouetter que de s’occuper des affaires du peuple, et elle laissait donc volontiers à ses gens le soin de s’occuper de leurs propres affaires. Le peuple disposait donc de fait d’une large autonomie, autrement plus grande que nous n’en disposons actuellement sous le régime prétendument représentatif. Et cette autonomie s’étendait sur des domaines importants et essentiels, comme nous allons le voir.

    « On discutait ainsi des moissons, du partage de la récolte commune ou de sa mise en vente, de la coupe de bois en terre communale, de la réfection des ponts, puits et moulins, de l’embauche de l’instituteur, des bergers, de l’horloger, des gardes-forestiers, parfois même du curé, des gardiens lorsque sévissaient les brigands, les loups ou les épidémies. On y désignait ceux qui serviraient dans la milice, on débattait de l’obligation d’héberger la troupe royale ou de l’utilité de dépêcher un notable pour aller soumettre à la cour des doléances au nom de la communauté. »

    Imaginez que, dans votre ville ou votre commune, de nos jours, vous puissiez, par le biais d’une assemblée communale publique, décider en commun de la répartition de la récolte commune ou de sa mise en vente (alors qu’aujourd’hui, les paysans – souvent les « serfs » modernes de l’industrie agro-alimentaire – se voient imposer leur cotât de production, les prix de vente, le cahier des charges et jusqu’aux semences qu’ils peuvent utiliser), la réfections ou l’édification des ouvrages d’art (routes, voiries communales, ponts, éoliennes, barrages, écluses, etc.), de qui, parmi les habitants, servira dans la police municipale (qui est maintenant un corps centralisé au service de l’Etat, et non du peuple). Impensable, n’est-ce pas ? Pourtant, les assemblées d’habitants étaient dynamiques.

    « Il y avait environ dix assemblées par an, parfois une quinzaine. Elles se déroulaient sous les arbres (le chêne), au cimetière, devant ou dans l’église, ou encore dans un champ. Bref, dans un lieu public, car il était interdit de tenir l’assemblée dans un lieu privé, pour éviter les magouilles. Une étude statistique de quelque 1500 procès-verbaux indique que ces assemblées comptaient en moyenne 27 participants, soit une représentation d’environ 60% des foyers des communautés, et pouvaient même accueillir jusqu’à quelques centaines d’individus, dont 10 à 20% de femmes. Mais à l’époque, dix personnes suffisaient pour former « un peuple » et tenir une assemblée. La participation à l’assemblée était obligatoire et une amende était imposée aux absents quand l’enjeu était important. Un quorum des deux tiers devait alors être respecté pour que la décision collective soit valide, par exemple celle d’aliéner une partie des biens communs de la communauté (bois ou pâturage). Il était si important que la communauté s’exprime que même lorsque la peste a frappé dans la région de Nîmes, en 1649, l’assemblée a été convoquée dans la campagne sur les deux rives d’une rivière, pour permettre de réunir à la fois les personnes ayant fui la ville et celles qui y étaient restées. En général, le vote était rapide, à main levée, par acclamation ou selon le système des « ballote » distinguant les « pour » des « contre » par des boules noires et blanches. Lorsque la décision était importante, les noms des personnes votantes étaient portés au procès-verbal. »

    Ainsi, le peuple, au moyen-âge, parvenait à s’autogérer sur tout un ensemble de domaines considérés non comme « privés », mais comme publiques, car à l’inverse de nous, les « modernes » atomisés par une culture du chacun pour soi (la culture individualiste que nous devons à l’origine aux physiocrates du XVIIIe siècle et à leurs successeurs libéraux et capitalistes du XIXe et du XXe siècle), nos ancêtres « médiévaux » avaient conscience de l’interdépendance mutuelle dans laquelle ils étaient, et la majeure partie des ressources produites par la terre étaient considérées comme un ensemble de richesses communes, non comme des richesses privées. Cela n’empêchait pas le commerce, l’artisanat, ni même une certaine forme d’industrie. Ils parvenaient, en dépit de leurs intérêts individuels, à s’entendre et à gérer eux-mêmes ces ressources en commun, chose qui nous semblent aujourd’hui hors de portée – il suffit, pour s’en convaincre, de voir les commentaires récurrents qui décrient l’apathie populaire et considère, aujourd’hui, la masse comme incapable de débattre et de décider communément de ses propres intérêts. Ainsi, il serait impossible aux hommes « modernes » de ce XXIe siècle de faire ce que les paysans « incultes » du moyen-âge faisaient couramment ? Si cela est vrai, pouvons-nous encore parler de « progrès de la modernité » ? Ne devrions-nous pas plutôt faire le terrible constat de la régression imposée par cette « modernité » ?

    « La démocratie médiévale, bien vivante alors, mais aujourd’hui si méconnue, permettait au peuple de traverser de longs mois sans contact direct avec des représentants de la monarchie, une institution qui offrait finalement très peu de services à sa population composée de sujets, non de citoyens. En d’autres termes : un territoire et une population pouvaient être soumis à plusieurs types de régimes politiques simultanément, soit un régime autoritaire (monarchie pour le royaume, aristocratie pour la région) et un régime égalitaire (démocratie locale ou professionnelle). »

    On rêverait, de nos jours, de disposer de cette autonomie et de ce régime égalitaire, rien qu’au niveau local de nos villes ou de nos communes. Or, même cela nous est refusé, et cette simple idée fait se dresser un mur de défit et de mépris qui, au moyen-âge ou à la renaissance, aurait donné lieu à une « jacquerie », une révolte justifiée du peuple contre l’oppression d’un pouvoir par trop dictatorial et jugé tyrannique. En Espagne, les autorités gouvernementales ont mis leurs institutions judiciaires en marche pour détruire cette expérience unique d’autogestion réussie dans la petite ville andalouse deMarinaleda, dont le succès jette une lumière crue sur l’échec de la politique libérale nationale. Décidément, les « élites » libérales, de gauche comme de droite, n’aiment pas la démocratie, et ils le montrent de façon brutale. Cet événement récent montre ce qui se produisit à la Révolution et qui signa durablement le glas de l’expérience démocratique populaire.

    « Les communautés d’habitants et les guildes de métiers perdent peu à peu de leur autonomie politique non pas en raison d’un dysfonctionnement de leurs pratiques démocratiques, qui se poursuivent dans certains cas jusqu’au XVIIIe siècle, mais plutôt en raison de la montée en puissance de l’État, de plus en plus autoritaire et centralisateur. [...] Or, si la démocratie locale peut bien s’accommoder d’un roi et même l’honorer, c’est dans la mesure où il se contente de rendre justice et de vivre surtout des revenus de ses domaines. De nouveaux prélèvements fiscaux et l’élargissement de la conscription militaire sont perçus dans les communautés comme le résultat de mauvaises décisions du roi ou de ses conseillers, et comme une transgression inacceptable et révoltante des coutumes et des droits acquis. L’assemblée d’habitants est alors un espace où s’organise la résistance face à cette montée en puissance de l’État. »

    Voilà ce que l’élite contre-révolutionnaire – les « patriotes » et les « pères fondateurs » du XVIIIe siècle, ont très bien compris, et voilà pourquoi ils se sont attaché à décrier cette population agissante. Jugeons donc de cette sentence de ce procureur de la république qui este contre Babeuf dans un procès en trahison – et l’accuse par ailleurs d’être un « anarchiste » :

    « Qui oserait calculer tous les terribles effets de la chute de cette masse effrayante de prolétaires, multipliée par la débauche, par la fainéantise, par toutes les passions, et par tous les vices qui pullulent dans une nation corrompue, se précipitant tout à coup sur la classe des propriétaires et des citoyens sages, industrieux et économes ? Quel horrible bouleversement que l’anéantissement de ce droit de propriété, base universelle et principale d’ordre social ! Plus de propriété ! Que deviennent à l’instant les arts ? Que devient l’industrie ?[2] »

    Que voulait Babeuf ? Selon lui, la société était divisée en deux classes aux intérêts opposés, soit l’élite et le peuple. Chacune voulait la république, mais l’une la voulait bourgeoise et aristocratique, tandis que l’autre entendais l’avoir faite populaire et démocratique. Populaire et démocratique ? Vous n’y pensez pas !

    L’interdiction de s’assembler est alors justifiée par un discours qui relève de l’agoraphobie politique : on présente les assemblées comme tumultueuses et contrôlées par les pauvres. En 1784, l’intendant de Bourgogne explique ainsi que : « ces assemblées où tout le monde est admis, où les gens les moins dociles font taire les citoyens sages et instruits, ne peuvent être qu’une source de désordre ». Le ton est donné. Ce genre de discours, nous ne le connaissons que trop, encore aujourd’hui. Pourtant, l’historien Antoine Follian écrit qu’il « n’y a probablement pas plus de  »tumultes » au XVIIIe siècle qu’au XVIe siècle. Soit les autorités s’offusquent de choses qui n’en vallent pas la peine, soit ce n’est qu’un prétexte pour servir une politique de resserrement des assemblées sur les  »notables » ».

    Parfois, le rejet des principes démocratiques sont moins virulents, tout en étant pourtant suffisamment catégoriques pour en rejeter l’idée même. Ainsi Bresson écrit dans ses Réflexions sur les bases d’une constitution, par le citoyen[3] :

    « Je sais fort bien ce qu’est une république démocratique ; mais je ne peux concevoir une constitution démocratique pour un pays qui ne peut être une république démocratique. Dans une république démocratique, le peuple en corps a le débat des lois, adopte ou rejette la loi proposée, décide la paix ou la guerre, juge même dans certaines circonstances. Cela est impossible, physiquement impossible en France ; ainsi la France ne peut être une république démocratique : c’est mentir à la nature même des choses que de la nommer ainsi[4]. »

    De l’autre côté de l’Atlantique, dans les États-Unis émergeant de leur propre révolution, d’autres expriment la même idée, pour les mêmes raisons, ainsi par exemple le fédéraliste Noah Webster qui explique :

    « Dans un gouvernement parfait, tous les membres d’une société devraient être présents, et chacun devrait donner son suffrage dans les actes législatifs, par lesquels il sera lié. Cela est impraticable dans les grands États ; et même si cela l’était, il est très peu probable qu’il s’agisse du meilleur mode de législation. Cela a d’ailleurs été pratiqué dans les États libres de l’Antiquité ; et ce fut la cause de malédictions innombrables. Pour éviter ces malédictions, les modernes ont inventé la doctrine de la représentation, qui semble être la perfection du gouvernement humain. »

    On voit bien, aujourd’hui, la damnation à laquelle nous a mené, en un peu plus de deux siècles de « perfection du gouvernement humain », la représentation ! son bilan à lui seul réduit en miette les sophismes des pères fondateurs et révèle surtout que leur dialectique avait essentiellement pour vocation le service de leurs intérêts de classe sociale dominante, et que ces arguments étaient très certainement fondés… pour décrier l’aristocratie bourgeoise !

    De  nos jours, les mêmes sophismes et les mêmes raisonnements antidémocratiques, exprimant une agoraphobie politique(détestation de la démocratie dite « directe ») culturellement imposée depuis deux siècles à l’inconscient collectif, se retrouvent jusque dans la conception populaire qui, comme par une sorte de syndrome de Stockholm collectif, se fait elle-même, parfois, défenseur de cette rhétorique qui peut se résumer en quatre points, comme le synthétise Francis Dupuis-Déri dans son livre :

    « 1) le « peuple », poussé par ses passions, serait déraisonnable en matière politique et ne saurait gouverner pour le bien commun. »

    > Je ne dirais pas les choses autrement au sujet des gouvernements prétendument représentatif et de cette « élite » oligarchique qui nous gouverne depuis deux siècles. Pour le dire autrement : « c’est c’ui qui dit qui est » (désolé, mais c’est vraiment là qu’on en est !).

    « 2) conséquemment, des démagogues prendraient inévitablement le contrôle de l’assemblée par la manipulation. »

    > En conséquence, des lobbys financiers et industriels prennent inévitablement le contrôle de l’assemblée par la corruption et la manipulation, tandis que les démagogues divisent les peuples dans de faux enjeux politiques de façade, laissant libre court en coulisses aux magouilles politiques les plus scandaleuses.

    « 3) l’agora deviendrait inévitablement un lieu où les factions s’affrontent et la majorité impose sa tyrannie à la minorité, ce qui signifie généralement qu’en démocratie (directe), les pauvres, presque toujours majoritaires, opprimeraient les riches, presque toujours minoritaires. »

    > L’agora devient le lieu où des factions s’affrontent sur des enjeux factices (au travers les affrontement des partis politiques pour accéder ou conserver le pouvoir), permettant toujours aux minorités (généralement les plus riches) de l’emporter sur la majorité (généralement les plus pauvres ou les moins bien nantis).

    « 4) enfin, la démocratie directe peut être bien adaptée au monde antique et à une cité, mais elle n’est pas adaptée au monde moderne, où l’unité de base est la nation, trop nombreuse et dispersée pour permettre une assemblée délibérante. »

    > Dès lors, l’oligarchie (travestie en pseudo démocratie « moderne ») est bien adaptée au gouvernement des États modernes libéraux, et toute forme de démocratie, même locale, est une entrave inacceptable à la main mise des marchés sur les ressources et à l’exploitation des travailleurs actifs, toujours majoritaires, par la minorité rentière passive, toujours minoritaire. Francis Dupuis-Déri est très clair sur un point essentiel :

    « L’idée et l’idéal de « république » a déterminé en grande partie la formation du régime électoral libéral que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « démocratie ». Donc, l’idée de « démocratie » n’a pas joué de rôle déterminant dans l’instauration des démocraties modernes libérales pour la simple et bonne raison que les patriotes les plus influents et leurs partisans étaient animés par un idéal républicain. La république représentait le régime modèle de patriotes notoires [...]. »

    C’est donc dire – et là je m’adresse tout spécialement à vous, amis français (je suis Belge) – que la république fut, a toujours été, et est encore l’enterrement définitif de tout projet de (vraie) démocratie. En ne cessant, comme une antienne, de vous référer à « la République »[5], vous vous faites défenseur d’un régime qui dès l’origine et à toutes les époques fut instauré pour empêcher la démocratie et imposer le dictat d’une minorité possédante et dominante sur une majorité dépossédée et dominée. Si j’étais français, je ne militerais donc certainement pas pour une « VIème République », mais bien pour une « Première Démocratie ».

    Au minimum, il nous faut reconquérir cette précieuse et vitale autonomie communale que même la vile engeance monarchique accordait aux gueux que furent nos ancêtres, et que nous refusent avec force et obstination nos prétendus représentants « démocratiquement élus » (cherchez l’erreur). Si nous ne nous en montrons pas capable, alors que la malédiction de la tyrannie oligarchique et ploutocratique continue à s’abattre implacablement sur nous et qu’elle étouffe à jamais nos plaintes et nos cris !

    Nous pourrons alors à nouveau aller crever dans les tranchées en chantant avec Jacques Brel « Oui not’ Monsieur, oui not’ bon Maître ».

    Comme en ’14…

    Morpheus


    [1] Henry Bardeau, « De l’origine des assemblées d’habitants », Droit romain : du mandatum pecuniae – Droit français : les assemblées générales des communautés d’habitants en France du XIIIe siècle à la Révolution, Paris, Arthur Rousseau, 1893, p. 63.

    [2] Gérard Walter, op. cit., p. 230-231.

    [3] Où l’on peut voir que l’idée de Étienne Chouard n’a rien de neuf et fut bel et bien menée – et tuée dans l’œuf – au moment de la Révolution.

    [4] Jean-Baptiste Marie-François Bresson, op. cit., p. 2-3.

    [5] Prenez donc, s’il vous plaît, un peu de recul et montrez-vous, juste un moment, autocritique, et vous verrez à quel point ce mot de « république » vous empoisonne l’esprit et obscurcit ce que votre discernement pourrait éclairer : les républiques n’ont jamais été des démocraties, mais au contraire, furent toujours des oligarchies.

    http://vouloir.hautetfort.com/archives/category/tradition/index-20.html

  • Les Cahiers de l'université d'été de l'Union des Cercles Légitimistes de France

    Les Cahiers de l'université d'été de l'UCLF de la session 2016 sont désormais en ligne sur Vive le Roy à cette adresse (pdf, 167 pages). Table des matières :

    • Le roi sous l’Ancien régime, par François BLUCHE
    • De la souveraineté, par Louis de BONALD
    • Mgr de Ségur, l’autorité politique et la démocratie
    • Machiavel, le pape Alexandre VI et Louis XIV, Modernité ou Tradition ?
    • Projet de Charte de la légitimité
    • Petit catéchisme des révélations privées
    • Christine de Pisan
    • Dante, Jean de La Fontaine et Emmanuel Macron : pour le roi
    • Principe du moteur de la Révolution
    • Leçon de démocratie par Aristophane et un fondateur du Parti Socialiste
    • Le combat légitimiste

    Michel Janva

  • Défendre la ruralité

    Chers amis,

    Depuis quelques semaines notre Premier ministre ne sait plus où donner de la tête, non pas pour gouverner la France, mais pour faire face au Front national, un simple parti politique, en vue d'un scrutin auquel plus de la moitié des électeurs ont, de toute manière, prévu de s'abstenir… Quelle farce !

    Notamment, emmenant avec lui une partie du gouvernement dans l'Aisne, il a déployé son plan pour les campagnes. Que souhaite-t-il ?

    - Régler le problème des déserts médicaux en promouvant les maisons de santé, sorte de dispensaires qui ne disent pas leur nom, sans doute parce que ceux-ci évoquent le tiers monde. On oublie un peu vite qu'il y en a dans Paris.

    - Renforcer la présence administrative défaillante de l’État, en créant dans les anciens bureaux de poste des maisons du service public. (C'était bien la peine de fermer toutes ces administrations pendant vingt ans, pour les rouvrir maintenant et ainsi multiplier les coûts.)

    - Donner un parfait accès au téléphone portable et à la connexion internet pour tous les coins de France.

    Tout cela est bien beau et bien utile.

    Mais d'une part nous peinons à voir la nouveauté de ces mesures, qui occupent les gouvernements depuis une quinzaine d'années sans qu'ils n'aient réussi à enrayer la désertification des campagnes françaises. Par ailleurs, Monsieur Valls, comme ses prédécesseurs, est sans doute atteint de troubles de la mémoire, car il semble ignorer que lui comme les anciens premiers ministres en faisant fermer des tribunaux et des hôpitaux, en regroupant les services des impôts ou de l'assurance maladie, en ne faisant rien contre la fermeture de bureaux de poste, ont largement contribué à l'accentuation de ce désastre, pour des raisons d'économie budgétaire.

    D'autre part, nous souhaitons bon courage aux futurs responsables de ces maisons du service public, qui auront à jouer le rôle de conseiller fiscal, d'assistante sociale, de postier, de para-pharmacien et pourquoi pas aussi d'épicier et de pompiste en même temps que de cafetier ? Ce sera un peu l'arlequin des campagnes, et il nous demandera, en guise de bonjour :

    - Est-ce à votre percepteur ou à votre premier adjoint au maire, au pompiste ou au postier que vous voulez parler ?

    Mieux vaut rire !

    Quelle que soit l'utilité de ces mesures, elles ne régleront en fait presque rien, puisqu'elles ne s'attaqueront pas aux causes. On aura beau donner des primes aux médecins généralistes, ils n'iront pas s'installer dans un désert humain. On aura beau financer à pertes des maisons de je ne sais quoi, viendra le moment où elles fermeront faute de revenus. On aura beau demander aux opérateurs téléphoniques et internet de relier chaque hameau, les antennes émettront pour les troupeaux de moutons et des compagnies de sangliers…

    Ce qu'il faut avant tout tenter de faire, c'est de repeupler ces contrées en leur rendant de l'attractivité économique.

    Parler de ruralité est une sottise de ministre parisien. Toutes ces petites campagnes délaissées sont irriguées par des villes moyennes, elles-mêmes en déshérence. C'est ici que l'on peut commencer. Regardons quelles sont les clefs du succès des provinces rurales en croissance. Dans le grand ouest les campagnes, dans l'ensemble, malgré la crise et les difficultés, se portent bien. La population y est croissante, l'accès aux services publics y reste relativement aisée, on y parle peu d'isolement, en comparaison des grandes provinces du Nord-Est du pays, en Champagne, en Lorraine, dans les Ardennes, ou de celles du centre-est et centre-sud, avec le Nivernais, le Morvan, le Bourbonnais, l'Auvergne, les Cévennes, le Larzac, des pans entiers du Limousin et du Périgord. Dans ces territoires, en effet, le monde rural meurt et les petites villes agonisent.

    Dans les provinces de l'ouest de nombreux atouts semblent jouer ; le maillage des villes moyennes est dense, il n'y a pas d'espaces ruraux complètement hors du champ d'une zone urbaine, les routes et les voies de chemin de fer irriguent parfaitement les régions, reliant aisément chaque point, la population est souvent bien formée, enfin, si les services dominent, l'agriculture et l'industrie conservent là un poids important grâce à un système d'organisation propre au grand ouest, avec des structures d'entreprises très familiales, mais reliées à des grands groupes qui leur donnent une solide ouverture sur l'international. C'est grâce à cette alchimie que la Mayenne est devenue un des premiers départements industriels de France, que l'agroalimentaire breton s'exporte si bien, même avec la crise, que les industries du sud Bretagne fabriquent des coques d'avion et des armatures d'éoliennes marines, à force d'avoir travaillé l'acier des navires.

    Ce grand ouest pourrait devenir un modèle économique pour les espaces ruraux français. Il dispose d'avantages spécifiques, comme le littoral. Mais le réseau des petites villes se retrouve partout, et d'autres provinces ont des privilèges que n'ont ni la Normandie, ni la Bretagne. Ainsi, de Nantes à Nevers coule la Loire, traversant des régions prospères comme la Touraine, mais aussi d'autres en plus grande difficulté comme la Nièvre et l'Allier.

    Que pourrait faire l’État, ici ? Accompagner les acteurs locaux, notamment les entreprises, en jouant son rôle d'aménageur du territoire. Il n'a pas à être l'animateur à la petite semaine des maisons du service public. Cela, n'importe quel buraliste franchisé peut le faire en vendant carnets de timbres et formulaires administratifs à côté des cigarettes et des alcools. Par contre, ce que nul autre que lui ne peut faire, ce serait réunir les groupes industriels nécessaires pour rendre de nouveau navigable la Loire, ou encore rénover les voies de chemin de fer du cœur du pays, en somme désenclaver ces provinces. De même il pourrait soutenir la création d'universités privées dans ces régions, en lien avec les chambres de commerce et d'industrie, pour former une jeunesse en parfaite adéquation avec les besoins économiques et ainsi recréer l'emploi qui manque, attirer les investissements et les cadres… Faire refleurir ces déserts.

    Depuis quelques mois des investisseurs chinois aménagent à Châteauroux, sur l'ancienne base de l'OTAN, le plus grand complexe d'entreprises du centre de la France. Mais tiendront-ils longtemps le choc si les infrastructures suffisantes ne sont pas mises en place et les instituts de formation idoines développés directement dans le Berry ?

    L’État doit être pilote de la France, dans la tradition capétienne. C'est la voie du bon sens, me semble-t-il, pour rendre la vie aux zones rurales et ainsi rééquilibrer le peuplement de la France, concentré à plus de 70 % dans les grandes villes et leurs périphéries immédiates.

    Chers amis, voici un dernier exemple pour la route. L'exemple parfait de ce qui n'a pas été fait et aurait dû l’être… Récemment des industriels laitiers ont été épinglés pour entente illégale sur les prix et contraints à une forte amende. Cette amende sera répercutée, certainement, sur les prix. Les consommateurs avaient déjà été pénalisés, ils le seront de nouveau, et l’État, lui, après avoir tiré un premier bénéfice des hausses de prix via la TVA, en tirera un deuxième avec l'amende et un troisième avec le maintien de prix hauts pour que les entreprises compensent l'amende. Les perdants sont, une fois de plus, les consommateurs et les exploitants agricoles qui eux n'ont jamais bénéficié de ces hausses entendus de prix à la vente. Ces exploitants sont pourtant les premiers aménageurs du territoire rural et des actifs essentiels à la vie de ces provinces. Si M. Valls voulait vraiment redynamiser les espaces ruraux,  trois voies s'offriraient à lui : utiliser l'amende pour soutenir le monde agricole, ou, au lieu d'une amende, exiger que la hausse de prix soit traduite par une renégociation des contrats avec les exploitants, ou enfin que les prix publics baissent substantiellement par rapport au trop payé par les consommateurs durant le temps de l'entente illégale et ce pendant une période équivalente à la durée de cette entente, en veillant bien à ce que les exploitants n'en pâtissent point par des diminutions de leurs prix de vente.

    Hélas ! Notre Premier ministre est occupé à des affaires plus pressantes… Il est plus aisé de gesticuler face au FN avec des arguments politico-partisans que de trouver des solutions à la déliquescence de notre France…

    Charles

    Ndlr : Article initialement publié le 19 mars 2015

    Durant le mois d’août, et comme chaque année, nous proposons à la lecture quelques articles sélectionnés par la rédaction de Vexilla Galliae et déjà publiés en 2015 sur le site. Toute la rédaction de Vexilla Galliae vous souhaite un excellent été.  

    http://www.vexilla-galliae.fr/actualites/politique/2093-defendre-la-ruralite-2

  • ACTION FRANCAISE • CHANTS

    Voici donc, sous forme numérique, le carnet de chants dont l'introduction a pour titre : Vers un Folk-Song traditionaliste ? 

    Les anciens, des années 1970 et suivantes, y retrouveront, simplement, la matière de leurs veillées, de leurs repas, de leurs rencontres d’autrefois. Et, bien-sûr, des Camps Maxime Real del Sarte. Souvent, ils connaissaient ce vaste répertoire – le connaissent encore - presque entièrement par cœur.

    Mais, aussi, ce carnet peut sans-doute être utile à la génération d’Action française d’aujourd’hui. Il n'est pas indifférent, nous semble-t-il, que la connaissance, la pratique de ces chants, du moins les plus beaux, soient transmises et maintenues.

    Nous avons conservé à ces pages militantes leurs imperfections d’origine, caractéristiques des techniques de l’époque (1972) : maquettes papier, stencils électroniques, tirage à la ronéo … Traits tordus, lettres baveuses, transparences : on ne s’en étonnera pas. Mais par delà tout cela, de très anciens refrains se sont trouvés ainsi ressuscités ; les illustrations sont choisies avec goût ; les textes sont beaux, parfois superbes ; l’ensemble à l’image des multiples talents de l’auteur de ce travail.

    Les chants eux-mêmes sont de qualité inégale ; certains s’expriment avec la violence propre à leur époque ; nous n’en reprendrions pas aujourd’hui tous les termes, toutes les outrances ; mais ils reflètent une histoire, des luttes et, même, des illusions passées ; d’autres sont purement de circonstance, sans valeur pérenne : sauf pour l'anecdote, leur intérêt est passé ; il reste les très beaux chants puisés aux sources de la Tradition, celle qui ne passe pas. « La fuente permanece » disent nos amis espagnols. La source demeure. Chacun, dans ce très grand nombre de chants (autour de 80), fera le tri de ceux qui ressortent de cette permanence française.   

    Signalons, enfin, que cet épais carnet de 115 pages est bourré de citations qui ajoutent à l'épaisseur historique, politique, française des plus beaux de ces chants et les relient, précisément, à notre tradition. On aura grand intérêt à les lire, à les graver dans nos mémoires.  

     Liens

    Vers un Folk-Song traditionaliste ?

    C H A N T S 

    (Peut être téléchargé et imprimé)

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • TRADITION • VERS UN FOLK-SONG TRADITIONALISTE ?

    Séance de travail de la nouvelle jeunesse d'Action française au Camp Maxime Real Del Sarte

    Voici quelle était l'introduction - de 1972 - du « carnet de chants » que plusieurs générations de militants d’Action française ont tenu dans leurs mains, lors de leurs repas ou de leurs veillées. Et, comme dit Brasillach, « nos feux de camp parmi la nuit », dont voici la saison revenue, ce weekend d'août ...  Mais les jeunes d’Action française d’aujourd’hui chantent aussi, beaucoup et plutôt bien. Et le « créneau » que nous signalait l’auteur de ces lignes - qui était aussi l'auteur de ce carnet de chants - demeure ouvert et libre. Après tout, un véritable « printemps français » aura aussi besoin de chants puisés à notre Tradition … Une fois faites les actualisations nécessaires, ce qui est proposé ici nous semble aussi pertinent qu’il y a quarante ans.  Réfléchissons-y !   LFAR

     « NARCISSISME » de la boue (Koestler) ou toxicomanie musicale, l'éthique pop ne prend pas en France. Le hululement électronique des orchestres livides et chevelus nous laisse froids : l'échec des festivals de l'été démontre le fossé culturel qui sépare l'underground américain du malaise français. Seuls se sentiront concernés par les valeurs de Woodstock les chrétiens-progressistes et les bourgeois d'âge mûr qui se bousculaient à Hair. De fait, le refus d'une certaine société de consommation s'exprime des deux côtés de l'océan selon des structures différentes. Nous sommes trop enracinés pour nous réfugier dans les « arrières-mondes consolateurs » et les paradis artificiels ; trop occidentaux pour sombrer avec les clochards hippies dans un dévergondage du bouddhisme. Contrairement aux jeunes « contestants » américains, nous ne combattons pas cette société mercantile comme l'aboutissement logique de nos valeurs héritées (nos « préjugés » en langage maelstrom mais comme leur despotique contraire. Là ou les radicaux d'outre-Atlantique, coupés de tout capital séculaire, sautent dans l'informe et l'indéfini, l’instinct national guide notre révolte vers un retour aux sources françaises.

    Ceci pour en arriver au succès des « folk-singers » à la française qui recèle, dans le cas d'Ogeret, Rocheman ou Kerval, un contenu politique implicite. Ceux-là sont gauchistes ou gauchisants, par mode ou conviction, et s'efforcent de raccorder leur sélection musicale au folklore de mai 68, clause sine qua non d'une honnête diffusion commerciale par les capitalistes du disque. Mais le phénomène est en lui-même ambigu, voire contradictoire : l'écho, la vibration profonde éveillée par les mélodies frustes ou raffinées de l'ancienne France, submergent les méticulosités doctrinaires de la rive gauche.

    C'est une adhésion de la sensibilité, un sentiment de « déjà vécu » traduisant l'inconsciente fidélité au passe national comme l'attachement quasi-biologique, à la particularité française. Ceci est infiniment plus fort que d'artificieux parallèles entre l'histoire et les comédies barbares de Nanterre. Les refrains des grenadiers de Montcalm, les complaintes acadiennes, les ritournelles en l'honneur du roi, les malédictions paysannes contre le « maître de la guerre » ou le prince-évêque de Montbéliard, ou les gracieux couplets parisiens de « la Bataille de Fontenoy », sont irréductibles aux vivisections marxistes. La chanson traditionnelle en France est par nature engagée dans le nationalisme, et résiste au nivellement cosmopolite.

    Le fait se vérifie autour des brasiers nocturnes de Carnac, dans les bistrots rochelais ou les campings méridionaux, quand les vacanciers se muent en auditeurs et bissent ces jeunes inattendus qui chantent sur des rythmes familiers la gloire et la douceur anciennes...

    La chanson populaire est, à l'échelon culturel, un appréciable véhicule de propagande « tous azimuts » : la communication entre classes d'âge différentes, entre parisiens et régionalistes, entre jeunes d'obédiences politiques antagonistes, devient possible et fructueuse le temps d'une rencontre, quand se recompose au hasard d'un refrain cette « joie Ancien Régime » dont parle La Varende (les Manants du roi) comme d'une rare étincelle dans l'orage moderne. Au-delà des démonstrations objectives de la science politique, le mode d'expression du « folk-song » repré­sente à la fois le cri d'un traditionalisme et la manifestation d'une large « amitié française ».

    Les jeunes d'A.F. sentent l'occasion payante d'intervenir sur un terrain à peu près inoccupé pour l'instant. Il s'agit de récupérer le courant qui se dessine et de lui rendre son contexte politique normal. Un train vient déjà d'être manqué avec la résurrection musicale bretonne, trop souvent contrôlée par des noyauteurs qui lui insufflent un contenu européo­séparatiste ; d'autres trains s'é­branlent vers de fausses directions, particulièrement en terre occitane où s'évertuent les gauchistes sur consignes parisiennes. Le moment est opportun d'entamer sur ce terrain nouveau l’action qui ajoutera au travail d'Ac­tion française, une antenne supplémentaire, et qui soustraira aux adversaires de l'unité nationale le monopole de fait dont ils jouissaient jusqu'a présent. L'affaire est sérieuse et intéressante.  

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • JULIUS EVOLA : « LES LIMITES DE LA JUSTICE SOCIALE »

    « Tel que Lénine le voyait, le genre humain se trouvait divisé en deux espèces par un plan horizontal : les exploiteurs ou repus et les exploités ou déshérités. Le seul motif de cette séparation résidait dans le ventre et il n’y avait pas de place pour l’esprit, pas plus d’inspiration divine que satanique (…) L’erreur spécifiquement matérialiste et darwiniste de Lénine fut d’avoir ignoré que si le corps humain est le frère des bêtes, l’âme, dont il ne voulait rien savoir, est la sœur des anges bons ou mauvais. A cause de cela, en opposition à ce qui se passe dans le monde animal et conformément à ce que l’Écriture laisse sous-entendre, l’élément spirituel a la primauté, et ce qui divise véritablement la postérité d’Adam depuis Caïn et Abel, ce n’est pas la lutte pour la vie ou la lutte des classes, mais c’est la guerre des bons et des mauvais anges qui se poursuit depuis le commencement et qui se poursuivra inlassablement jusqu’à la consommation des siècles ».

    Ces phrases du comte Emmanuel Malynski, si l’on met à part leur côté mystique, mériteraient d’être méditées, non seulement pour pénétrer l’essence du matérialisme judéo-communiste, mais pour « rectifier » des tendances qui, opportunément masquées, apparaissent souvent dans des théories et mouvements pourtant d’un tout autre type.

    On parle trop, par exemple, de la « justice sociale », et rares sont ceux qui ont le courage de mettre en lumière le contenu disparate et souvent de contrebande, que possède cette formule dans les différents cas. Que la « justice sociale », avec la « liberté », soit un des termes dont abuse le plus le jargon démocratique, à des fins, et à des fins seulement, de subversion et d’instauration de formes de tyrannie nouvelles et pires que les précédentes (comme l’enseigne la « dictature » du prolétariat), tout le monde le sait, et c’est une chose qui déjà devrait faire réfléchir. Qu’on ne s’illusionne pas : depuis longtemps, partout où l’on parle de « justice », ce n’est pas l’aequitas, mais l’aequalitas qu’on entend : non la vraie justice, exprimée par le principe classique et romain suum cuique, à chacun son dû ─ naturellement, selon les différences de nature, de dignité, de fonction, mais l’opposé, la prétention prévaricatrice que tout soit mis dans une mesure égale à la disposition de tous.

    Or, nous l’avons déjà dit, l’égalitarisme n’est qu’une phase transitoire et un instrument de subversion : il sert à aplanir les voies. Une fois détruits au nom de la « justice » les fondements d’un ordre hiérarchique précédent, une fois éliminées les barrières, se forme un autre ordre, qui est la contrefaçon et l’inversion du premier, comme une pyramide dont la pointe serait en bas. Outre ce qu’on a déjà indiqué sur la « dictature du prolétariat », exprimant un pouvoir qui ne s’est en rien « socialisé » mais qui est devenu le monopole des couches les plus basses, le cas du judaïsme est éloquent. Le Juif a demandé et obtenu l’émancipation ─ lui aussi ─ au nom de la « justice » et de l’« égalité ». Une fois devenu libre, loin de s’assimiler et de travailler « d’égal à égal » à côté du non-Juif, il est passé sur son dos et a occupé, dans de nombreux pays, fût-ce sous une forme parfois invisible, les postes de commande sociaux, politiques et culturels les plus importants.

    De toute façon, il est aisé de se convaincre que, même dans les cas les plus favorables, la formule de la « justice sociale » a d’indéniables relations avec les prémisses matérialistes marxistes dénoncées par Malynski dans l’extrait cité plus haut. Naturellement, il est juste ─ juste au sens humain et sous le mode le plus élémentaire ─ que personne ne souffre de la faim, tandis que d’autres seraient nourris et rassasiés par le produit de leur travail. Mais il est difficile que ceux qui visent à la réalisation de telles exigences n’aient pas en propre une autre idéologie, inavouée et d’autant plus importante pour eux : la volonté de la masse de conquérir des positions enviées, de s’emparer des mêmes biens, méprisés dans la personne d’une autre classe, mais convoités, considérés comme tout aussi essentiels et décisifs.

    On a beaucoup parlé, en relation précisément avec la formule de la « justice sociale », de « déprolétariser » l’ouvrier et le paysan. Mais, dans ce domaine, on fait presque toujours fausse route. La véritable « déprolétarisation » consisterait à reconduire l’ouvrier et le paysan à eux-mêmes, à les désintoxiquer de l’envie, de la soif, des ambitions et des besoins artificiels et antinaturels excités en eux par l’idéologie classiste. Cela reviendrait à les aider à retrouver leurs voies et la dignité de leurs fonctions dans le tout d’un organisme hiérarchique bien différencié. Au contraire, dans de nombreux cas, la justice sociale consiste à accueillir ─ tantôt par peur, tantôt par inconscience, parfois encore par compromis ─ les aspirations antinaturelles et « modernes », inoculées dans les masses par le socialisme et par des idéologies subversives analogues : la « déprolétarisation » signifie alors aider les masses ouvrières à « s’embourgeoiser », à atteindre le plus possible un niveau de vie « bourgeois », avec ses commodités, ses distractions, sa médiocrité ─ pour ne pas dire carrément sa platitude spirituelle. On fait le procès de la bourgeoisie, mais c’est pour que le prolétariat puisse devenir lui-même bourgeoisie, pour qu’il adopte, fatalement, les défauts et les vices mêmes de la bourgeoisie.

    Le facteur spirituel n’entre pas le moins du monde dans tout cela. Salaires, estomacs vides ou estomacs pleins, « droits » ou non droits sur le plan, toujours, de la matière et de l’économie, tels sont les seuls facteurs de la question. Et l’on arrive très difficilement, aujourd’hui, à concevoir ce que l’on considérait comme normal en des temps précédents : à savoir que la richesse et la puissance n’ont rien à voir avec les valeurs et la supériorité ; et puisque les premières ne créent pas les secondes, elles ne les détruisent ou ne les compromettent pas non plus. C’est un fait, d’ailleurs, que l’élément « déprolétarisé », embourgeoisé et urbain de l’Europe centrale, malgré son vernis extérieur « civil », son impertinence envahissante, la conscience de ses « droits » et de sa « fonction sociale », représente un type humain nettement inférieur, du point de vue du caractère et des valeurs intérieures, à l’artisan tyrolien, au paysan calabrais, au berger sarde ou hongrois, quelles que soient l’indigence et les conditions de vie et de culture souvent tristes de ces derniers, quel que soit aussi leur faible désir de « s’élever ». Ceux-là sont encore des hommes et se trompent rarement dans le jugement qu’ils portent sur qui est différent d’eux et vraiment supérieur à eux. Les autres sont de la sciure humaine, un élément informe, tout à la fois impertinent et encombrant.

    Il serait donc opportun de ne pas jouer avec des formules ambiguës et d’appeler chaque chose par son juste nom. Même dans le cadre de la polémique contre la bourgeoisie, on a presque toujours négligé l’essentiel, à savoir la référence aux valeurs et aux motivations qui transcendent le domaine de l’économie et en faveur desquelles le fascisme s’est déclaré explicitement. Le fait d’aller vers le peuple, la justice sociale, l’antibourgeoisie, etc., ne doivent pas servir à une circulation des élites au sens parétien le plus banal, celui d’une classe qui passe sur le dos d’une autre, la remplace, tout en perdant ses qualités originelles et naturelles pour acquérir toutes les caractéristiques et tous les vices de l’autre classe.

    Et il faudrait être encore plus prudent lorsqu’on parle de « justice sociale » sur le plan international, afin que la même équivoque ne se reproduise pas et afin, que une fois, que la motivation matérialiste n’en vienne pas à constituer l’ultima ratio. Le droit des peuples qui « n’ont pas d’espace » est un droit humain. Mais qu’on ne confonde pas les choses, qu’on ne confonde pas un droit avec un autre et qu’on ne ramène pas la dialectique des nations à un échange, mutatis mutandis, de rôles. Ni le fait d’avoir plus, ni a fortiori le fait de ne pas avoir ou d’avoir peu, tant dans l’ordre d’une race particulière que dans l’ordre d’un groupe de races.

    Le seul titre légitime pour le pouvoir et la suprématie, c’est la supériorité.

    Julius Evola

    Essais politiques

    Deuxième partie : Économie et critique sociale

    Article IV : Les limites de la « justice sociale » (1940)

    Édition Pardès, 1988, p. 195-199

    Source : Front de la Contre-Subversion

    https://la-dissidence.org/2016/08/12/julius-evola-les-limites-de-la-justice-sociale/

  • Anthropologie politique. Une société anti-humaine. La nécessité de l’État royal

    Le roi vient, pour ainsi dire, couronner la société, en plaçant l’État au-dessus des querelles politiques inhérentes à la vie humaine. Dans une société atomisée comme la nôtre comme dans une société plus organique comportant une dose égale de démocratie et d'aristocratie, l’État républicain étant composé uniquement des citoyens membres de ces corps, il en vient, même lorsqu'il est de tendance libérale, à s'immiscer partout, avec un esprit partisan qui est celui de ses agents et de ses maîtres. S'occupant d'un nombre sans cesse croissant de tâches, sans jamais abandonner de terrain d'action, au nom du compromis entre les partis qui nécessite de contenter toujours un minimum les groupes minoritaires pour faire tenir ensemble les parts du corps social, l’État croule sur lui-même et, ne parvenant plus à assumer ses missions, entraîne à sa suite la société qu'il irrigue complètement. En outre, les partis se battant pour la tête de l’État et s'en emparant à tour de rôle, leur légitimité pour gouverner la nation est réduite d'autant plus qu'ils n'en représentent qu'une fraction et que leur pouvoir est amoindri dans toutes les portions de l’État qui obéissent à leurs opposants. On le voit bien dans les administrations modernes où, souvent, les agents publics du camp opposé au pouvoir en place obéissent toujours, certes, mais de mauvais gré en accomplissant leurs tâches avec lenteur, parfois en faisant la sourde oreille aux ordres de leurs chefs dans certaines administrations. La tête de l’État, incroyablement affaiblie et sujet des querelles publiques, compense cette faiblesse par une administration de plus en plus tatillonne à la base de la société, sans laquelle l'édifice entier s'effondrerait. La faiblesse est toujours compensée quelque part.

    L'incarnation de l’État par le roi ne permet pas de tout à fait annuler ces querelles, propres à la conscience même des agents publics, et naturellement présentes dans le mécanisme électoral, mais elle en atténue considérablement les effets et rend leur indépendance aux corps qui ont besoin de l'être pour le bien commun, comme la justice, la sécurité intérieure, la diplomatie, etc.

    En effet, le roi ne doit son pouvoir à aucun clan, aucun parti, il est non pas au-dessus mais à part des querelles. Étant la tête de l’État, il la fait échapper à la bataille politicienne et cet esprit irrigue le reste de l'administration. Entendons-nous bien, le roi n'est que la tête d'une société extrêmement composite. Mais justement, il rend possible la conservation de cet organisme complexe, car s'il a autorité pour assurer son gouvernement général, il est à part d'elle et n'a pas de pouvoir pour s'occuper de toutes ses affaires. Le pouvoir étatique étant parfaitement distinct des pouvoirs des corps constitués de la nation, les uns ne se mêlent pas inconsidérément des affaires des autres. Si le roi est le garant de l'unité de la nation, nul autre que lui et son administration ne sont légitimes pour assurer cette mission, mais eux-mêmes ne sont pas légitimes pour se mêler des maints détails de la vie des Français.

    Dans la société présentée lors des articles précédents, il n'était question nulle part d'hérédité. Or, voici justement que celle-ci fait son apparition. En l'occurrence, elle est la condition nécessaire de l'indépendance de l’État. Un roi élu, même pour la durée de son existence, devrait toujours son pouvoir à un groupe, qui exercerait, d'une manière ou d'une autre, son influence sur l’État, ce dont il faut bien se garder. Certes, les partis sont toujours à l'œuvre partout, jusqu'au sommet des structures politiques. Cela fut toujours et on ne voit pas pourquoi cela disparaîtrait. C'est le jeu normal des influences. Mais une chose est de devoir faire avec les comportements inévitables des hommes, une autre est d'institutionnaliser ces comportements et tout ce qu'ils contiennent de luttes, de haines, d'énervement du pays contre lui-même. Le roi héréditaire n'appartient à personne, pas même à lui puisqu'il n'a pas choisi sa place. Il est l'unique personnage exerçant une fonction héréditaire dans le pays, il est cette dose de royauté qui permet une respiration entre la démocratie et l'aristocratie, qui couronne la nation.

    Bien sûr, ses pouvoirs doivent faire l'objet d'une réflexion, car si la royauté est tout à fait à part de la société, alors son pouvoir sera appelé à devenir purement théorique, et le vide créé sera remplacé par l'irruption des partis politiques jusqu'au sommet d'un nouvel État, parallèle à l’État royal, aristocratique d'abord sans doute, puis de plus en démocratique, provoquant en royauté les déboires des républiques démocratiques, comme le montrent fort bien les couronnes actuelles.

    Il convient donc que la royauté dispose d'un véritable pouvoir d'action politique légitime, c'est-à-dire limité à sa sphère, et que cependant le dialogue demeure toujours entre les autres composantes de la nation, pour éviter qu'une séparation trop stricte ne provoque un affrontement entre les trois pouvoirs démocratiques, aristocratiques et royaux, avec à l'issue la disparition de l'un ou de deux sur les trois.

    Le dialogue doit donc toujours demeurer dans l’État, ce qui implique une participation des autres composantes de la société à son fonctionnement, mais en distinguant, sans séparer, ce qui relève de la participation légitime du peuple à l’État, et ce qui, au nom du bien commun, doit rester purement et uniquement royal.

    A suivre…

    Gabriel Privat

    Du même auteur :

    -          Publié le jeudi 17 septembre 2015 : Anthropologie politique. Une société anti humaine. La Famille

    -          Publié le vendredi 16 octobre 2015 : Anthropologie politique. Une société anti humaine. L'enracinement territorial

    -          Publié le 18 novembre 2015 : Anthropologie politique. Une société anti humaine. Le lien professionnel

    -         Publié le 28 décembre 2015 : Anthropologie politique. Une-société anti humaine. Promouvoir une famille humaine

    -          Publié le 27 janvier 2016 : Anthropologie politique. Une société anti humaine. Promouvoir un enracinement territorial.

    -          Publié le 20 février 2016 : Anthropologie politique. Une société anti humaine. Créer un monde du travail.

    -          Publié le 15 mars 2016 : Anthropologie politique. Une société anti-humaine. Faut-il une aristocratie à la société humaine.

    -           Publié le 14 avril 2016 : Anthropologie politique. Une société anti-humaine. Comment rétablir le prestige social et visible de l'aristocratie ?

    -           Publié le 11 mai 2016 : Anthropologie politique. Une société anti-humaine. Vers des corps civils aristocratiques.

    -          Publié le 16 juin 2016 : Anthropologie politique. Une société anti-humaine. Le pouvoir naturel de l'Etat

    http://www.vexilla-galliae.fr/royaute/idees/2057-anthropologie-politique-une-societe-anti-humaine-la-necessite-de-l-etat-royal