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tradition - Page 166

  • Gabriele D’Annunzio : «Entre la lumière d’Homère et l’ombre de Dante»

    « En quelque sorte, un dialogue d'esprit, une provocation, un appel... »

    Friedrich Nietzsche

    Ex: http://scorpionwind.hautetfort.com/

    Né en 1863, à Pescara, sur les rivages de l'Adriatique, D'Annunzio sera le plus glorieux des jeunes poètes de son temps. Son premier recueil paraît en 1878, inspiré des Odes Barbares de Carducci. Dans L'Enfant de volupté, son premier roman, qu'il publie à l'âge de vingt-quatre ans, l'audace immoraliste affirme le principe d'une guerre sans merci à la médiocrité. Chantre des ardeurs des sens et de l'Intellect, D'Annunzio entre dans la voie royale de l'Art dont l'ambition est de fonder une civilisation neuve et infiniment ancienne.

    Le paradoxe n'est qu'apparent. Ce qui échappe à la logique aristotélicienne rejoint une logique nietzschéenne, toute flamboyante du heurt des contraires. Si l'on discerne les influences de Huysmans, de Baudelaire, de Gautier, de Flaubert ou de Maeterlinck, il n'en faut pas moins lire les romans, tels que Triomphe de la Mort ou Le Feu, comme de vibrants hommages au pressentiment nietzschéen du Surhomme.

    Il n'est point rare que les toutes premières influences d'un auteur témoignent d'une compréhension plus profonde que les savants travaux qui s'ensuivent. Le premier livre consacré à Nietzsche (celui de Daniel Halévy publié en 1909 ) est aussi celui qui d'emblée évite les mésinterprétations où s'embrouilleront des générations de commentateurs. L'écrivain D'Annunzio, à l'instar d'Oscar Wilde ou de Hugues Rebell, demeurera plus proche de la pensée de Nietzsche,- alors même qu'il ignore certains aspects de l'œuvre,- que beaucoup de spécialistes, précisément car il inscrit l'œuvre dans sa propre destinée poétique au lieu d'en faire un objet d'études méthodiques.

    On mesure mal à quel point la rigueur méthodique nuit à l'exactitude de la pensée. Le rigorisme du système explicatif dont usent les universitaires obscurcit leur entendement aux nuances plus subtiles, aux éclats brefs, aux beaux silences. « Les grandes idées viennent sur des pattes de colombe » écrivait Nietzsche qui recommandait aussi à son ami Peter Gast un art de lire bien oublié des adeptes des « méthodes critiques »: « Lorsque l'exemplaire d'Aurores vous arrivera en mains, allez avec celui-ci au Lido, lisez le comme un tout et essayez de vous en faire un tout, c'est-à-dire un état passionnel ».

    L'influence de Nietzsche sur D'Annunzio, pour n'être pas d'ordre scolaire ou scolastique, n'en est pas pour autant superficielle. D'Annunzio ne cherche point à conformer son point de vue à celui de Nietzsche sur telle ou telle question d'historiographie philosophique, il s'exalte, plus simplement, d'une rencontre. D'Annunzio est « nietzschéen » comme le sera plus tard Zorba le Grec. Par les amours glorieuses, les combats, les défis de toutes sortes, D'annunzio poursuit le Songe ensoleillé d'une invitation au voyage victorieuse de la mélancolie baudelairienne.

    L'enlèvement de la jeune duchesse de Gallese, que D'Annunzio épouse en 1883 est du même excellent aloi que les pièces de l'Intermezzo di Rime, qui font scandale auprès des bien-pensants. L'œuvre entière de D'Annunzio, si vaste, si généreuse, sera d'ailleurs frappée d'un interdit épiscopal dont la moderne suspicion, laïque et progressiste est l'exacte continuatrice. Peu importe qu'ils puisent leurs prétextes dans le Dogme ou dans le « Sens de l'Histoire », les clercs demeurent inépuisablement moralisateurs.

    Au-delà des polémiques de circonstance, nous lisons aujourd'hui l'œuvre de D'Annunzio comme un rituel magique, d'inspiration présocratique, destiné à éveiller de son immobilité dormante cette âme odysséenne, principe de la spiritualité européenne en ses aventures et créations. La vie et l'œuvre, disions-nous, obéissent à la même logique nietzschéenne,- au sens ou la logique, désentravée de ses applications subalternes, redevient épreuve du Logos, conquête d'une souveraineté intérieure et non plus soumission au rationalisme. Par l'alternance des formes brèves et de l'ampleur musicale du chant, Nietzsche déjouait l'emprise que la pensée systématique tend à exercer sur l'Intellect.

    De même, D'Annunzio, en alternant formes théâtrales, romanesques et poétiques, en multipliant les modes de réalisation d'une poésie qui est , selon le mot de Rimbaud, « en avant de l'action » va déjouer les complots de l'appesantissement et du consentement aux formes inférieures du destin, que l'on nomme habitude ou résignation.

    Ce que D'Annunzio refuse dans la pensée systématique, ce n'est point tant la volonté de puissance qu'elle manifeste que le déterminisme auquel elle nous soumet. Alors qu'une certaine morale « chrétienne » - ou prétendue telle - n'en finit plus de donner des lettres de noblesse à ce qui, en nous, consent à la pesanteur, la morale d’annunzienne incite aux ruptures, aux arrachements, aux audaces qui nous sauveront de la déréliction et de l'oubli. Le déterminisme est un nihilisme. La « liberté » qu'il nous confère est, selon le mot de Bloy « celle du chien mort coulant au fil du fleuve ».

    Cette façon d’annunzienne de faire sienne la démarche de Nietzsche par une méditation sur le dépassement du nihilisme apparaît rétrospectivement comme infiniment plus féconde que l'étude, à laquelle les universitaires français nous ont habitués, de « l'anti-platonisme » nietzschéen,- lequel se réduit, en l'occurrence, à n'être que le faire valoir théorique d'une sorte de matérialisme darwiniste, comble de cette superstition « scientifique » que l'œuvre de Nietzsche précisément récuse: « Ce qui me surprend le plus lorsque je passe en revue les grandes destinées de l'humanité, c'est d'avoir toujours sous les yeux le contraire de ce que voient ou veulent voir aujourd'hui Darwin et son école. Eux constatent la sélection en faveur des êtres plus forts et mieux venus, le progrès de l'espèce. Mais c'est précisément le contraire qui saute aux yeux: la suppression des cas heureux, l'inutilité des types mieux venus, la domination inévitable des types moyens et même de ceux qui sont au-dessous de la moyenne... Les plus forts et les plus heureux sont faibles lorsqu'ils ont contre eux les instincts de troupeaux organisés, la pusallinimité des faibles et le grand nombre. »

    Le Surhomme que D'Annunzio exalte n'est pas davantage l'aboutissement d'une évolution que le fruit ultime d'un déterminisme heureux. Il est l'exception magnifique à la loi de l'espèce. Les héros duTriomphe de la Mort ou du Feu sont des exceptions magnifiques. Hommes différenciés, selon le mot d'Evola, la vie leur est plus difficile, plus intense et plus inquiétante qu'elle ne l'est au médiocre. Le héros et le poète luttent contre ce qui est, par nature, plus fort qu'eux. Leur art instaure une légitimité nouvelle contre les prodigieuses forces adverses de l'état de fait. Le héros est celui qui comprend l'état de fait sans y consentir. Son bonheur est dans son dessein. Cette puissance créatrice,- qui est une ivresse,- s'oppose aux instincts du troupeau, à la morale de l'homme bénin et utile.

    Les livres de D'Annunzio sont l'éloge des hautes flammes des ivresses. D'Annunzio s'enivre de désir, de vitesse, de musique et de courage car l'ivresse est la seule arme dont nous disposions contre le nihilisme. Le mouvement tournoyant de la phrase évoque la solennité, les lumières de Venise la nuit, l'échange d'un regard ou la vitesse physique du pilote d'une machine (encore parée, alors, des prestiges mythologiques de la nouveauté). Ce qui, aux natures bénignes, paraît outrance devient juste accord si l'on se hausse à ces autres états de conscience qui furent de tous temps la principale source d'inspiration des poètes. Filles de Zeus et de Mnémosyne, c'est-à-dire du Feu et de la Mémoire, les Muses Héliconiennes, amies d'Hésiode, éveillent en nous le ressouvenir de la race d'ordont les pensées s'approfondissent dans les transparences pures de l'Ether !

    « Veut-on, écrit Nietzsche, la preuve la plus éclatante qui démontre jusqu'où va la force transfiguratrice de l'ivresse ?- L'amour fournit cette preuve, ce qu'on appelle l'amour dans tous les langages, dans tous les silences du monde. L'ivresse s'accommode de la réalité à tel point que dans la conscience de celui qui aime la cause est effacée et que quelque chose d'autre semble se trouver à la place de celle-ci,- un scintillement et un éclat de tous les miroirs magiques de Circé... »

    Cette persistante mémoire du monde grec, à travers les œuvres de Nietzsche et de D'Annunzio nous donne l'idée de cette connaissance enivrée que fut, peut-être, la toute première herméneutique homérique dont les œuvres hélas disparurent avec la bibliothèque d'Alexandrie. L'Ame est tout ce qui nous importe. Mais est-elle l'otage de quelque réglementation morale édictée par des envieux ou bien le pressentiment d'un accord profond avec l'Ame du monde ? « Il s'entend, écrit Nietzsche, que seuls les hommes les plus rares et les mieux venus arrivent aux joies humaines les plus hautes et les plus altières, alors que l'existence célèbre sa propre transfiguration: et cela aussi seulement après que leurs ancêtres ont mené une longue vie préparatoire en vue de ce but qu'ils ignoraient même. Alors une richesse débordante de forces multiples, et la puissance la plus agile d'une volonté libre et d'un crédit souverains habitent affectueusement chez un même homme; l'esprit se sent alors à l'aise et chez lui dans les sens, tout aussi bien que les sens sont à l'aise et chez eux dans l'esprit. » Que nous importerait une Ame qui ne serait point le principe du bonheur le plus grand, le plus intense et le plus profond ? Evoquant Goethe, Nietzsche précise : « Il est probable que chez de pareils hommes parfaits, et bien venus, les jeux les plus sensuels sont transfigurés par une ivresse des symboles propres à l'intellectualité la plus haute. »

    La connaissance heureuse, enivrée, telle est la voie élue de l'âme odysséenne. Nous donnons ce nom d'âme odysséenne, et nous y reviendrons, à ce dessein secret qui est le cœur lucide et immémorial des œuvres qui nous guident, et dont, à notre tour, nous ferons des romans et des poèmes. Cette Ame est l'aurore boréale de notre mémoire. Un hommage à Nietzsche et à D'Annunzio a pour nous le sens d'une fidélité à cette tradition qui fait de nous à la fois des héritiers et deshommes libres. Maurras souligne avec pertinence que « le vrai caractère de toute civilisation consiste dans un fait et un seul fait, très frappant et très général. L'individu qui vient au monde dans une civilisation trouve incomparablement davantage qu'il n'apporte. »

    Ecrivain français, je dois tout à cet immémorial privilège de la franchise, qui n'est lui-même que la conquête d'autres individus, également libres. Toute véritable civilisation accomplit ce mouvement circulaire de renouvellement où l'individu ni la communauté ne sont les finalités du Politique. Un échange s'établit, qui est sans fin, car en perpétuel recommencement, à l'exemple du cycle des saisons.

    La philosophie et la philologie nous enseignent qu'il n'est point de mouvement, ni de renouvellement sans âme. L'Ame elle-même n'a point de fin, car elle n'a point de limites, étant le principe, l'élan, la légèreté du don, le rire des dieux. Un monde sans âme est un monde où les individus ne savent plus recevoir ni donner. L'individualisme radical est absurde car l'individu qui ne veut plus être responsable de rien se réduit lui-même à n'être qu'une unité quantitative,- cela même à quoi tendrait à le contraindre un collectivisme excessif. Or, l'âme odysséenne est ce qui nous anime dans l'œuvre plus vaste d'une civilisation. Si cette Ame fait défaut, ou plutôt si nous faisons défaut à cette âme, la tradition ne se renouvelle plus: ce qui nous laisse comprendre pourquoi nos temps profanés sont à la fois si individualistes et si uniformisateurs. La liberté nietzschéenne qu'exigent les héros des romans de D’annunzio n'est autre que la liberté supérieure de servir magnifiquement la Tradition. Ce pourquoi, surtout en des époques cléricales et bourgeoises, il importe de bousculer quelque peu les morales et les moralisateurs.

    L'âme odysséenne nomme cette quête d'une connaissance qui refuse de se heurter à des finalités sommaires. Odysséenne est l'Ame de l'interprétation infinie,- que nulle explication « totale » ne saurait jamais satisfaire car la finalité du « tout » est toujours un crime contre l'esprit d'aventure, ainsi que nous incite à le croire le Laus Vitae:

    « Entre la lumière d'Homère

    et l'ombre de Dante

    semblaient vivre et rêver

    en discordante concorde

    ces jeunes héros de la pensée

    balancés entre le certitude

    et le mystère, entre l'acte présent

    et l'acte futur... »

    Victorieuse de la lassitude qui veut nous soumettre aux convictions unilatérales, l'âme odysséenne, dont vivent et rêvent les « jeunes héros de la pensée », nous requiert comme un appel divin, une fulgurance de l'Intellect pur, à la lisière des choses connues ou inconnues.

    Luc-Olivier d'Algange

    source: Le cygne noir numéro 1

    http://vouloir.hautetfort.com/archive/2015/11/13/gabriele-d-annunzio-entre-la-lumiere-d-homere-et-l-ombre-de-5715529.html

  • Action Française [Lille] Cercle

    Après la vente devant Science-Po à midi, une dizaine de jeunes se sont réunis pour réfléchir sur la police politique.

     

  • 28 novembre : 113 veillées pour la vie

    Il est toujours temps d'en organiser pour le renouveau de la culture de Vie.

    Michel Janva

  • Des hymnes orphiques aux prières druidiques

    Aucun texte ne nous est parvenu des Druides qui considéraient que l’écrit était une parole morte. Les prières qui sont dites aujourd’hui par les suivants de la Voie des hommes du Chêne ont donc été inventées, avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins récemment. Les plus anciennes remontent à Iolo Morganwng (1747-1826), personnage controversé qui est l’auteur notamment de la Grande prière des druides qu’on retrouve dans la rituélie de la plupart des groupes (néo) druidiques.Il en est de même pour les rituels proprement dits.
    Pourtant le druidisme n’est pas une tradition isolée. Il est l’aspect celtique d’une tradition et d’une religion qui s’étendaient toutes deux sur la totalité du domaine indo-européen. C’est pourquoi notre tradition est parente de la tradition germanique, de la tradition slave de la tradition grecque, de la tradition romaine et encore de la tradition védique.
    La comparaison de ces traditions soeurs permet de trouver des éléments identiques entre elles et sans problème nous autorise, nous druides d’aujourd’hui, à des emprunts légitimes aux prières védiques qui, elles, nous sont parvenues dans leur état originel. Même remarque en ce qui concerne les prières grecques avec, notamment, ce très bel hymne Orphique adressé à Nature :

    O Nature, déesse qui enfantes toutes choses,
    mère inventive,
    céleste, vénérable, divinité fondatrice, ô souveraine!
    Indomptable, tu domptes tout, et splendide
    tu gouvernes,
    maîtresse universelle, à jamais honorée, la suprême,
    impérissable, née la première, célébrée
    depuis toujours, illustre,
    nocturne, habile, porte-lumière, irrépressible.
    Tu tournes, laissant la trace silencieuse de tes pas,
    pure ordonnatrice des dieux, fin qui n’a pas de fin.
    Commune à tous mais seule incommunicable,
    sans père, par toi même enfantée,désirable,
    délicieuse, grande et fleurie,
    amoureusement tu tresses et mélanges, ô savante !
    Conductrice et maîtresse, jeune fille qui donnes la vie
    et nourris tout,
    tu te suffis à toi-même, tu es Justice et des Grâces
    la persuasion aux mille noms
    régnant sur la mer, le ciel et la terre
    amère aux mauvais, douce à ceux qui t’obéissent.
    Tu es toute sagesse, don, sollicitude, ô reine absolue !
    Opulente, tu fais croître et tu dissous ce qui a mûri.
    Père et mère de toutes choses, tu élèves, tu nourris,
    et tu hâtes les naissances, ô Bienheureuse, riche
    en semences, élan des saisons !
    Utile à tous les arts, ouvrière universelle, fondatrice,
    divinité souveraine !
    Eternelle, habile et très sage, tu meus tout,
    et roules dans un tourbillon inépuisable le torrent
    rapide;
    tu coules en toutes choses, ronde, nouvelle
    sous des formes changeantes.
    Honorée sur ton beau trône, et, seule accomplissant
    ton dessein
    grondant au-dessus des porte-sceptres,
    la plus puissante,
    intrépide, dompteuse de tout, destin inéluctable,
    souffle de feu,
    tu es la vie éternelle et la providence immortelle.
    À toi tout appartient, car toi seule as tout fait.
    Je te supplie, ô déesse, d’amener avec les saisons
    heureuses
    la paix, la santé et la croissance de toutes choses.

    https://lecheminsouslesbuis.wordpress.com/

  • Marion Maréchal Le Pen : Le poison islamiste s'est aussi répandu par la faiblesse de notre système immunitaire

    Dans une tribune publiée dans Valeurs Actuelles, Marion Maréchal Le Pen écrit :

    Il ne sera plus possible non plus de faire glisser la responsabilité des bourreaux vers les victimes. Le temps du "les départs au djihâd sont la conséquence de l'islamophobie" est fini. Le retour en force de l'islamisme est un phénomène mondial, soutenu et financé d'ailleurs par un certains nombres de pays "partenaires", comme l'Arabie saoudite, auprès desquels François Hollande et Nicolas Sarkozy aiment tant s'afficher. Et ce poison de l'islamisme a gravement contaminé notre pays, en particulier nos banlieues et une partie de ceux qui y vivent.

    L'ennemi n'a pas de visage, pas de frontière, pas de nationalité. Il est partout, il est chez nous, il est nous. Prospérant sur le terreau favorable de l'immigration de masse, du communautarisme, de la fracture sociale. Mais aussi et surtout, sur l'adhésion béate de la gauche et de la fausse droite au modèle multiculturel. Celui du droit à la différence contre le droit de la France de rester elle-même.

    Un poison qui s'est aussi répandu par la faiblesse de notre système immunitaire. La honte de nous-même, l'auto-culpabilisation, la rupture de la chaîne du temps par la confiscation de notre héritage historique, spirituel et culturel empêchent ce système d'assurer notre survie. 

    Alors je le dis simplement, je ne serai pas de la génération qui s'excuse. Mais de celle qui revendique son héritage et le défend. 

    Les mots ne suffisent plus, des mesures d'ordre public s'imposent: un contrôle effectif des frontières, le désarmement des banlieues, la fermeture des mosquées radicales et des organisations islamistes, l'interdiction du financement des mosquées par des Etats étrangers, une charte publique de points non négociables imposés aux imams qui souhaitent prêcher en France. Mais aussi, l'expulsion des imams radicaux, la déchéance de nationalité et l’expulsion des étrangers radicalisés liés de près ou de loin à un projet terroriste, l'arrêt des négociations en vue de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Mais surtout, l'arrêt de l'immigration de peuplement et le retour de l’amour de la France dans les manuels scolaires. Nous avons rendez-vous avec l'histoire, elle nous offre le choix: le suicide ou le sursaut. Tâchons de répondre présents."

    Michel Janva  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Action française [Angers] Hommage aux morts du 13 novembre

    La section AFE d’Angers adresse ses hommages aux familles des défunts touchées par ce drame concernant Paris, la France et l’Europe.

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    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Angers-Hommage-aux-morts-du-13

  • L'identité européenne

    L’européanité est attestée par l’histoire et le caractère transnational des grands faits de culture. Au-delà d’un art rupestre spécifique à toute l’Europe voici déjà 30.000 ans, au-delà des pierres levées et des grands poèmes fondateurs, ceux des Hellènes, des Germains ou des Celtes, il n’y a pas une seule grande création collective qui, ayant été vécue par l’un des peuples de l’ancien espace carolingien, n’a pas été vécue également par tous les autres. Tout grand mouvement né dans un pays d’Europe a trouvé aussitôt son équivalent chez les peuples frères et nulle part ailleurs. (…)

    Comme tous les peuples unis par une même culture, les Européens sont les dépositaires d’une très ancienne tradition, mais ils ne le savent pas. La perception leur en a toujours été refusée. En dehors des poèmes homériques, ils n’ont pas d’écriture sainte, bien que la matière en soit offerte par leurs légendes, leur littérature épique et la philosophie antique. (…)

    Tout grand peuple a une histoire sacrée qui révèle ses valeurs propres, celles qui donnent un sens à la vie de chacun des siens. Mais la longue histoire des Européens ne leur a jamais été contée. Elle n’a jamais été montrée ni perçue pour ce qu’elle est, un flux continu, comme si un même être, porteur des mêmes significations, avait traversé le temps (…).

    L’Europe n’est pas née des traités de la fin du XXe siècle. Elle est issue de peuples frères qui, entre la Baltique et l’Egée, sur quelques milliers d’année, donnèrent naissance à une communauté de culture sans égal. L’Europe peut donc se définir comme une tradition très ancienne, tirant sa richesse et son unicité de ses peuples constitutifs et de leur héritage spirituel. (…)

    [On doit constater] la vigoureuse unité de culture des Européens de l’âge du bronze, de la Baltique à l’Egée, de la Cornouaille à la Volga, voici quatre ou cinq mille ans. [Il s’agit de] l’une de nos civilisations premières, [avec] ses dieux solaires, ses déesses-mères, ses héros invaincus, ses légers chars de guerre, les trésors somptueux de ses palais, ses longues barques audacieuses. (…) Découvertes sous un tumulus du Danemark ou dans une tombe de Mycènes, les épées semblaient toutes sortir d’un même moule, affichant l’unité esthétique d’un même monde.

    (…)

    Les peuples de l’ancienne Europe étaient réfractaires à l’écriture, bien que celle-ci leur fut connue, comme en témoignent les signes logographiques de la préhistoire, ancêtres sans doute de l’écriture runique. Plusieurs siècles après Homère, en Gaule et dans les îles Britanniques, les druides refusaient encore de transcrire par écrit leur enseignement qui, de ce fait, est perdu. Les Grecs avaient, eux aussi, privilégié l’oralité et divinisé la Mémoire. (…) Jusqu’à Homère, la mémoire avait été mythique et nullement historique. Les Grecs avaient donc perdu le souvenir de leurs origines et de leur histoire ancienne, celle qui avait précédé l’arrivée de leurs ancêtres sur les rives de l’Egée. Ils en avaient cependant conservé le souvenir mythique, celui d’une origine septentrionale associée à la légende des Hyperboréens.

    (…)

    Pourquoi appelle-t-on « indo-européenne », et pas simplement « européenne », la famille des langues parlées aujourd’hui presque partout en Europe ? Tout simplement parce que cette famille de langues s’étendait jadis de la Cornouaille au Penjab, sur d’immenses distances correspondant à l’aire d’expansion des différents locuteurs. (…) Le fait indo-européen est d’abord d’ordre linguistique (…)

    Chez tous les peuples indo-européens, que l’on devrait plutôt appeler « boréens », la société aristocratique élargie, celle des hommes libres, à la fois guerriers et propriétaires du sol, anticipe sur ce que sera la cité grecque à partir du VIe siècle avant notre ère. On en voit l’expression dans l’assemblée des guerriers de l’Iliade, très semblable au Thing germanique et scandinave décrit par Snorri Sturluson. Les Celtes participent du même ordre politique, dont témoignera plus tard la Table Ronde. En revanche, nulle part dans le monde européen on ne verra des roi-prêtres à la tête de castes sacerdotales de type babylonien ou égyptien. A l’époque médiévale et classique les monarchies et les noblesses européennes continueront de résister aux prétentions théocratiques du Saint-Siège, tout en maintenant l’équilibre entre les trois ordres.

    (…) Depuis la « révolution » du carbone 14, on a fortement reculé dans le temps, au-delà du Ve millénaire, l’époque du dernier habitat commun des Indo-Européens. (…) A une époque très ancienne, remontant vraisemblablement à plus de 10.000 ans, quelque part dans le vaste espace entre Rhin et Volga, au sein d’une population spécifique et nécessairement homogène, s’est cristallisée la langue que les linguistes appellent pré-indo-européenne (…) l’analyse linguistique permet de penser qu’une première dispersion s’est produite vers le Ve millénaire, par la migration de peuples indo-européens vers le sud-est, l’Asie Mineure et au-delà. (…) La plupart de ces peuples pensaient que leur berceau primordial se trouvait dans un « nord » mythique et imprécis. L’Inde védique, l’Iran ancien, la Grèce, le monde celtique et germanique ont conservé le souvenir légendaire d’un habitat nordique désigné comme les « Iles au nord du monde », le « Pays des dieux » ou le « pays des Hyperboréens ». (…)

    On ne saura jamais avec certitude où, quand et comment s’est produite l’ethnogenèse des Indo-Européens, que l’on devrait plutôt appeler Boréens afin d’éviter une confusion entre la langue et l’ethnie dont elle est bien entendu l’une des manifestations essentielles. Une langue voyage avec ses locuteurs, elle peut conquérir aussi des populations sans rapport précis avec le peuple originel … C’est pourquoi la distinction entre langues indo-européennes et peuples boréens paraît souhaitable.

    Dès la préhistoire ou la très haute Antiquité, les Boréens, porteurs initiaux des langues indo-européennes, se sont imposés sur de nouveaux territoires à des populations qui n’avaient pas exactement la même origine, ne sacrifiaient pas aux mêmes dieux ni n’avaient la même vision du monde. Les mythes grecs, latins, celtes et germaniques des guerres de fondation rappellent les conquêtes anciennes de nouveaux territoires, mais aussi, comme le pense Jean Haudry, la projection mythique d’une préoccupation de concorde civile.

    Le souvenir des guerres de fondation se décrypte dans la légende historisée de Rome et l’enlèvement des Sabines. Elle s’exprime aussi dans l’Edda scandinave qui décrit deux races divines (…) Le même schéma peut se lire dans la théogonie grecque. (…) Voilà ce qui est en gestation dès le IIIe millénaire, époque du bronze européen, beaucoup mieux connue que les précédentes en raison d’une grande richesse archéologique et des réminiscences conservées par les poèmes homériques. Partout en Europe, de la Baltique à l’Egée, de l’Atlantique à la Caspienne, on voit s’affirmer la nouvelle religion solaire et de nouvelles valeurs, l’héroïsme tragique devant le Destin, la souffrance et la mort, l’individualité et la verticalité du héros opposées à l’horizontalité indistincte de la multitude. La vaillance, vertu masculine essentielle, est récompensée par l’éternisation des meilleurs, très présente dans l’Edda, et la féminité est reconnue, respectée et admirée. Simultanément, on voit s’établir des royautés féodales reposant sur des aristocraties guerrières et terriennes. C’est alors que se façonne la physionomie spirituelle qui restera celle de l’Europe.

    Dominique Venner

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    « Notre monde [européen] ne sera pas sauvé par des savants aveugles
    ou des érudits blasés. Il sera sauvé par des poètes et des combattants,
    par ceux qui auront forgé ‘l’épée magique’ dont parlait Ernst Jünger,
    l’épée spirituelle qui fait pâlir les monstres et les tyrans. »

    - Dominique Venner
    notes

    Ce texte est extrait du livre de Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens, éditions du Rocher 2002. Le titre de cette sélection est éditorial.

    Le nom de « Boréens » (ou de « race boréenne ») semble avoir été utilisé pour la première fois par l’ésotériste Fabre d’Olivet, dans son Histoire philosophique du genre humain, publiée en 1822.

    Pour la question de l’identité et de l’autodénomination des Européens, voir aussi l’article « Les Aryens et le nationalisme racial » sur le site library.flawlesslogic.com

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    Dominique Venner était directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire. (http://www.n-r-h.net/)

    Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont les principaux sont :

    - Baltikum, le combat des Corps-francs (Robert Laffont, 1974). (refondu et réédité sous le titre : Histoire d’un fascisme allemand, Pygmalion, 1996)

    - Le blanc soleil des vaincus (La Table Ronde, 1975). (refondu et réédité sous le titre de Gettysburg, éditions du Rocher, 1995)

    - Histoire de l’Armée rouge (Plon, 1981, Grand Prix de l’Académie Française)

    - Le cœur rebelle (Les Belles Lettres, 1994)

    - Histoire critique de la résistance (Pygmalion, 1995)

    - Les Blancs et les Rouges, histoire de la guerre civile russe (Pygmalion, 1998)

    - Histoire de la collaboration (Pygmalion, 2000)

    - Histoire du terrorisme (Pygmalion, 2002)

    - De Gaulle, la grandeur et le néant (Rocher, 2004)

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EEFypVAyulAmiZjNRM.shtml

  • René Girard, un homme admirable

    D’excellents articles de presse ont salué la mort de René Girard. Leurs auteurs se sont concentrés, comme il est normal pour un personnage de sa dimension, sur son œuvre et sa pensée. J’aimerais m’attarder d’abord sur sa personnalité, qui est, d’ailleurs, en rapport direct avec son grand labeur d’anthropologue. René Girard n’a été si profond détecteur des abîmes de l’âme humaine qu’en vertu de sa rare humanité. Spontanément, alors que mon fils venait de m’apprendre son décès, je lui ai répondu par un tout petit message : « Sa mort me touche beaucoup. C’était un homme admirable. » Plus je me souviens, mieux je le revois. Simple, cordial, souriant, foncièrement bon. Je l’avais rencontré dès les années soixante-dix, peu de temps après la publication Des choses cachées depuis la fondation du monde. Celui que Jean-Marie Domenach a pu surnommer « le Hegel du christianisme » n’affichait pas la figure austère d’un grand bâtisseur de système. Et s’il y avait des accents prophétiques dans certains de ses écrits, il ne jouait pas au prophète. Ses yeux pétillaient de malice.
    Je n’ai jamais ressenti chez lui la moindre once d’orgueil intellectuel. Cela ne voulait pas dire qu’il n’était pas pénétré de l’importance singulière du travail qu’il avait entrepris, il lui avait consacré toutes ses forces. Mais c’est sa véracité qui lui importait avant tout. Une véracité qui correspondait à son propre cheminement intérieur, à la vérité qui éclairait sa vie. Certains lui ont reproché d’être en somme un apologète du christianisme, ce qu’ils considéraient contraire à la démarche scientifique. Certes, il ne pouvait se défendre d’être chrétien et ce n’était pas sa faute si le christianisme était venu répondre exactement aux questions qu’il se posait. Était-il vraiment rédhibitoire de tenir en même temps un discours complètement rationnel sur l’objet de sa foi et de prononcer le credo du croyant ? Il y avait eu concomitance de la recherche universitaire et de la conversion du cœur. Cette conversion signifiait une adhésion pleine et entière à l’Église catholique, à ses dogmes et à ses lois. Il le dira plus tard sans détour : l’affadissement de la foi, ce n’était pas son genre ! Il fuyait « comme la peste les liturgies filandreuses, les catéchismes émasculés et les théologies désarticulées ».
    C’est à Jean-Claude Guillebaud que nous devons le récit de sa conversion. Il l’a confié, en effet, à un livre qui se situe un peu en marge de son œuvre, mais qui n’en est pas moins solidaire. Je ne sais s’il est encore disponible, mais il sera indispensable à la connaissance approfondie de l’homme ainsi qu’à l’histoire de son œuvre. Cette œuvre n’étant pas étrangère à la notion de conversion, y compris dans sa section consacrée à la critique littéraire.
    Personnellement, c’est la revue Esprit, alors sous la direction de Domenach, qui m’a fait connaître René Girard, grâce à un numéro spécial consacré à La violence et le sacré. Mais je n’ai vraiment subi le choc d’une pensée, au point de devenir franchement girardien, qu’à la lecture Des choses cachées depuis la fondation du monde. C’était l’aboutissement de la recherche, son couronnement. Après la mise en valeur de la méthode d’analyse mimétique (Mensonge romantique et vérité romanesque) et de la théorie du bouc émissaire (La violence et le sacré), nous étions parvenus à un grand moment de révélation, tout à fait saisissant. Car l’auteur nous faisait redécouvrir la Bible avec un regard neuf, et spécialement les Évangiles, pour atteindre le cœur nucléaire que constituait la Passion de Jésus. Impossible de se dérober, de prendre des chemins de traverse, comme trop de contemporains qui pensent que le message passera mieux si l’on esquive la question centrale de la Rédemption.
    À ce propos, mon cas n’est nullement singulier. Je n’ai pas été le seul à avoir été remué, et même profondément troublé par la façon dont René Girard établissait une distinction définitive entre les sacrifices de tous les rituels religieux et la rédemption par la Croix. Mon sentiment est que l’intéressé lui-même a mis un certain temps à trouver les correspondances exactes entre son décapage impitoyable de la violence sacrificielle et la théologie traditionnelle. Il avait quand même de grosses difficultés avec saint Anselme et sa conception très juridique du rachat. Impossible de nier en même temps que cette notion de rachat était énoncée par les trois synoptiques, sans qu’on puisse l’adoucir. Pourtant, Girard était le dernier à vouloir nier que le Christ avait donné sa vie pour le Salut du monde. En aucun cas, il ne désirait amoindrir la réalité de la Rédemption.
    Il me semble qu’il a rendu de grands services à la théologie, même si des objections continuent à lui être opposées. Il m’est arrivé de le défendre face à des opposants assez coriaces. J’avais pour moi le renfort inappréciable du cardinal de Lubac, qui m’avait confié le grand intérêt qu’il avait eu à lire un auteur, qui purifiait la théologie de certaines déviations parfois outrancières. Par ailleurs, l’anthropologue a suscité des disciples parmi les théologiens, voire les biblistes, qui ont éprouvé la valeur de son discernement. Un Raymond Schwagen, par exemple, a pu faire, grâce à lui, le parcours complet de l’affinement et même de l’éclaircissement des relations divines avec la violence. Il y a dans la Bible des traces archaïques, attestant le souvenir d’une divinité violente et vengeresse. Il importe donc de discerner l’évolution qui conduira jusqu’à la figure du serviteur souffrant d’Isaïe. L’originalité spécifique de la Bible consiste précisément dans cette conversion. De même, l’essence de la violence apparaît avec la lumière projetée sur la perversité des persécuteurs, qui projettent sur la victime le reflet de leurs propres crimes. René Girard était conforté dans son intuition initiale : « À tous les sacrifices imparfaits d’une efficacité temporaire et limitée, s’oppose le sacrifice parfait qui met fin à tous les autres » (Schwagen, Avons-nous besoin d’un bouc émissaire ?, Flammarion).
    On a reproché à l’anthropologue de rationaliser à l’extrême, à travers une théorisation scientifique, l’ensemble de la doctrine chrétienne. De là l’idée d’un Hegel du christianisme. Mais René Girard n’a jamais eu la prétention d’épuiser à lui seul le contenu de la Révélation. Il est vrai qu’il est l’homme d’une intuition fondamentale qui lui a permis de se munir d’un fil directeur pour saisir l’originalité et la nouveauté du christianisme. Mais il était, par ailleurs, le fidèle pratiquant, recevant la parole prononcée par l’Église. Dans l’histoire des idées, on trouverait d’autres exemples de penseurs qui ont donné d’autres fils directeurs dont ils avaient comme l’exclusivité. Celui de René Girard n’était-il pas d’une rare pertinence ? Il n’avait pas pour fonction d’abolir d’autres tentatives d’élucidations anthropologiques ou théologiques. Même la notion de sacrifice en ethnologie est susceptible d’autres développements, comme ceux auxquels était attentif un Louis Bouyer. Par exemple, on peut y voir l’action divine dans sa fonction bienfaisante parmi les hommes et à la source de la vie. À mon sens, cela n’enlève nullement sa véracité à la découverte girardienne qui concerne spécifiquement la violence, c’est-à-dire la blessure profonde dont est affectée l’humanité, et dont seule la Rédemption par la Croix peut nous sauver.
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  • L'impact de Nietzsche dans les milieux politiques de gauche et de droite

    L'objet de mon exposé n'est pas de faire de la philosophie, d'entrer dans un débat philosophique, de chercher quelle critique adresse Nietzsche, par le biais d'un aphorisme cinglant ou subtil, à Aristote, à Descartes ou à Kant, mais de faire beaucoup plus simplement de l'histoire des idées, de constater qu'il n'existe pas seulement une droite ou un pré-fascisme ou un fascisme tout court qui dérivent de Nietzsche, mais que celui-ci a fécondé tout le discours de la sociale-démocratie allemande, puis des radicaux issus de cette gauche et, enfin, des animateurs de l'Ecole de Francfort. De nos jours, c'est la political correctness qui opère par dichotomies simplètes, cherche à cisailler à l'intérieur même des discours pour trier ce qu'il est licite de penser pour le séparer pudiquement, bigotement, de ce qui serait illicite pour nos cerveaux. C'est à notre sens peine perdue: Nietzsche est présent partout, dans tous les corpus, chez les socialistes, les communistes, les fascistes et les nationaux-socialistes, et, même, certains arguments nietzschéens se retrouvent simultanément sous une forme dans les théories communistes et sous une autre dans les théories fascistes.
    La political correctness, dans sa mesquinerie, cherche justement à morceler le nietzschéisme, à opposer ses morceaux les uns aux autres, alors que la fusion de toutes les contestations à assises nietzschéennes est un impératif pour le XXIième siècle. La fusion de tous les nietzschéismes est déjà là, dans quelques cerveaux non encore politisés: elle attend son heure pour balayer les résidus d'un monde vétuste et sans foi. Mais pour balayer aussi ceux qui sont incapables de penser, à gauche comme à droite, sans ces vilaines béquilles conventionnelles que sont les manichéismes et les dualismes, opposant binairement, répétitivement, une droite figée à une gauche toute aussi figée.
    La caractéristique majeure de cet impact ubiquitaire du nietzschéisme est justement d'être extrêmement diversifiée, très plurielle. L'œuvre de Nietzsche a tout compénétré. Méthodologiquement, l'impact de la pensée de Nietzsche n'est donc pas simple à étudier, car il faut connaître à fond l'histoire culturelle de l'Allemagne en ce XXième siècle; il faut cesser de parler d'un impact au singulier mais plutôt d'une immense variété d'impulsions nietzschéennes. D'abord Nietzsche lui-même est un personnage qui a évolué, changé, de multiples strates se superposent dans son œuvre et en sa personne même. Le Dr. Christian Lannoy, philosophe néerlandais d'avant-guerre, a énuméré les différents stades de la pensée nietzschéenne:
    1er stade: Le pessimisme esthétique, comprenant quatre phases qui sont autant de passages: a) du piétisme (familial) au modernisme d'Emerson; b) du modernisme à Schopenhauer; c) de Schopenhauer au pessimisme esthétique proprement dit; d) du pessimisme esthétique à l'humanisme athée (tragédies grecques + Wagner).
    2ième stade: Le positivisme intellectuel, comprenant deux phases: a) le rejet du pessimisme esthétique et de Wagner; b) l'adhésion au positivisme intellectuel (phase d'égocentrisme).
    3ième stade: Le positivisme anti-intellectuel, comprenant trois phases: a) la phase poétique (Zarathoustra); b) la phase consistant à démasquer l'égocentrisme; c) la phase de la Volonté de Puissance (consistant à se soustraire aux limites des constructions et des constats intellectuels).
    4ième stade: Le stade de l'Antéchrist qui est purement existentiel, selon la terminologie catholique de Lannoy; cette phase terminale consiste à se jeter dans le fleuve de la Vie, en abandonnant toute référence à des arrière-mondes, en abandonnant tous les discours consolateurs, en délaissant tout Code (moral, intellectuel, etc.).
    Plus récemment, le philosophe allemand Kaulbach, exégète de Nietzsche, voit six types de langage différents se succéder dans l’œuvre de Nietzsche: 1. Le langage de la puissance plastique; 2. Le langage de la critique démasquante; 3. Le style du langage expérimental; 4. L'autarcie de la raison perspectiviste; 5. La conjugaison de ces quatre premiers langages nietzschéens (1+2+3+4), contribuant à forger l'instrument pour dépasser le nihilisme (soit le fixisme ou le psittacisme) pour affronter les multiples facettes, surprises, imprévus et impondérables du devenir; 6. L'insistance sur le rôle du Maître et sur le langage dionysiaque.
    Ces classifications valent ce qu'elles valent. D'autres philosophes pourront déceler d'autres étapes ou d'autres strates mais les classifications de Lannoy et Kaulbach ont le mérite de la clarté, d'orienter l'étudiant qui fait face à la complexité de l'œuvre de Nietzsche. L'intérêt didactique de telles classifications est de montrer que chacune de ces strates a pu influencer une école, un philosophe particulier, etc. De par la multiplicité des approches nietzschéennes, de multiples catégories d'individus vont recevoir l'influence de Nietzsche ou d'une partie seulement de Nietzsche (au détriment de tous les autres possibles). Aujourd'hui, on constate en effet que la philosophie, la philologie, les sciences sociales, les idéologies politiques ont receptionné des bribes ou des pans entiers de l'œuvre nietzschéenne, ce qui oblige les chercheurs contemporains à dresser une taxinomie des influences et à écrire une histoire des réceptions, comme l'affirme, à juste titre, Steven E. Aschheim, un historien américain des idées européennes.
    Nietzsche: mauvais génie ou héraut impavide ?
    Aschheim énumère les erreurs de l'historiographie des idées jusqu'à présent:
    - Ou bien cette historiographie est moraliste et considère Nietzsche comme le « mauvais génie » de l'Allemagne et de l'Europe, « mauvais génie » qui est tour à tour « athée » pour les catholiques ou les chrétiens, « pré-fasciste ou pré-nazi » pour les marxistes, etc.
    - Ou bien cette historiographie est statique, dans ses variantes apologétiques (où Nietzsche apparaît comme le « héraut » du national-socialisme ou du fascisme ou du germanisme) comme dans ses variantes démonisantes (où Nietzsche reste constamment le mauvais génie, sans qu'il ne soit tenu compte des variations dans son œuvre ou de la diversité de ses réceptions).
    Or pour juger la dissémination de Nietzsche dans la culture allemande et européenne, il faut: 1. Saisir des processus donc 2. avoir une approche dynamique de son œuvre.

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  • Pierre Sidos : « Le nationalisme est notre doctrine et notre espérance »

    Vétéran du nationalisme français (il aura 89 ans le 6 janvier prochain), acteur de premier plan depuis plus de soixante ans du mouvement nationaliste en France, fondateur de Jeune Nation, du Parti nationaliste et de l'Œuvre française, parrain du mouvement Occident, Pierre Sidos nous livre son analyse de la situation politique nationale et internationale et nous donne son point de vue sur l'avenir du nationalisme dans notre pays.

    RIVAROL : Comment analysez-vous l'invasion en cours et en voie d'accélération de la France et de l'Europe et l'attitude des dirigeants français face à cette submersion migratoire ?

    Pierre SIDOS : Ce phénomène était prévisible politiquement du fait de l'action délétère de gens qui usurpent le pouvoir en prétextant qu'ils ont été élus. Ils ont accaparé les places et ils veulent les garder. Il y a à répudier une forme de racialisme qui déclare que l'histoire de l'humanité c'est la lutte des races. Il faut répudier également  le  marxisme qui dit que l'histoire de l'humanité c'est la lutte des classes. La démocratie c'est la lutte des places. À partir de ce moment-là tout est bon pour parvenir aux, places rentables à tout point de vue, sur le plan pécuniaire comme sur le plan de la glorification personnelle. Sarkozy a ainsi fait des promesses pour parvenir à l'Elysée et une fois au pouvoir il a fait une politique de gauche. Pourquoi ? Pour garder la place. Quand il dit qu'il a changé, c’est forcément en pire. Tous ces gens-là sont identiques : il s'agit d'avoir des places et d'en profiter. Dans les élections à venir le mieux est de refuser de jouer le jeu d'accorder des places à tel ou tel.

    L’invasion de notre pays était prévisible du fait de l'a volonté farouche de voir modifié le fond populaire français et chrétien, qui est de race blanche. Aujourd'hui, lorsqu'on prend le métro à Paris, on cherche les Blancs !

    R. : Que pensez-vous de l'affaire Morano ?

    P. S. ; Elle est révélatrice d'une évolution de notre société vis-à-vis des mensonges officiels. Et que cela émane d'un membre de l'UMP et qu'il soit sanctionné à cause de cela est également exemplaire. On nous explique que citer De Gaulle concernant des propos authentifiés, c'est coupable. Dans un mouvement qui se prévaut du gaullisme mettre à l'écart quelqu'un qui défend cette opinion, et ce d'une manière publique, c'est révélateur. Ce qui l'est également, c'est la publication dans l'Humanité ces jours-ci d'un article de M. Pierre Weil disant qu'il ne faut surtout pas laisser la nation à l'extrême droite.

    Or que la France soit historiquement un pays de race blanche est une évidence. Quand j'étais lycéen, on m'apprenait qu'il y avait quatre races principales. On parle couramment de races pour les chevaux, pour les chiens. Or on nous déclare que l'usage de ce mot à notre époque n'est pas à prendre dans l'usage d'autrefois. Tout cela est délirant. On veut même supprimer le mot race de la Constitution arguant que les races n'existent pas. Mais cela n'empêche pas de poursuivre et de condamner des Français pour incitation à la haine raciale. Ces gens-là se moquent de la vérité, de la logique et du bon sens !

    R. : Quel regard portez-vous sur l’actuel Front national et sur sa présidente ?

    P. S. : Marine Le Pen est l'équivalent français de l'Italien Fini qui a trahi. Elle bénéficie actuellement de la vague de retour à un certain patriotisme, sinon à un nationalisme,mais à mon sens, comme pour Fini, tout cela sera sans lendemain.

    R. : Que pensez-vous de l'attitude de François Hollande par rapport à la Syrie ?

    P. S. : C'est invraisemblable. Hollande a une telle hostilité à l'égard de l'actuel gouvernement syrien qu'il envisage de faire inculper le président syrien pour crimes contre l'humanité. C'est stupéfiant ! Nous ne pouvons pas intervenir militairement à telle enseigne que l'on a suspendu sans, le dire le plan Vigipirate car on ne trouvait pas les militaires nécessaires pour garder les différents bâtiments. Le plan Vigipirate était une façon de pratiquer la guéguerre, cela n'avait pas de sens. Les militaires gardaient ainsi les lieux de culte juifs. Or je me rappelle que les synagogues étaient ouvertes sous l’occupation allemande en France et qu'elles n'avaient pas besoin de gardes. Personne ne songeait à s'en prendre à elles. Le grand rabbin était reçu par le maréchal de France et les synagogues étaient ouvertes. Ce n'étaient pas des Français de tendance nationale ni les militaires allemands qui les fréquentaient. Il y avait donc une population affectée à ces endroits qui n'avait pas besoin de lieux protégés comme maintenant.

    R. : Vous ne vous êtes pas encore exprimé publiquement dans la presse depuis la dis solution de l'Œuvre française que vous avez fondée en 1968 et présidée pendant 44 ans. Que vous inspire cette interdiction?

    P. S. : La dissolution de l'Œuvre française avait été tentée sous François Mitterrand par Pierre Joxe, alors ministre de l'Intérieur, tentée à nouveau par Dominique de Villepin, alors place Beauvau sous Chirac, et cela n'avait pas abouti. Mitterrand, membre du comité directeur de la Licra avait reçu la visite d'un huissier au palais de l'Elysée qui demandait par écrit la dissolution de l'Œuvre française. Le président de la République avait répondu : cela ne me concerne pas, je renvoie l'affaire au ministère de l'Intérieur.

    L'Œuvre française n'était pas susceptible d'avoir entrepris des actions hostiles à l'ordre public, de surcroît elle n'est pas hostile en principe à l'institution républicaine mais à la pratique qui en est faite actuellement. Il a donc fallu qu'un naturalisé franc-maçon, Manuel Valls, prenne la décision, en affirmant que l'Œuvre avait été « la matrice de l'extrême droite pendant trente ans » à l'université d'été du PS à la Rochelle. Or cette dissolution en juillet 2013 n'avait aucune espèce de justification. Le recours devant le Conseil d'Etat a été rejeté en décembre 2014 pour la bonne raison que cette juridiction n'est plus un Conseil de l'Etat comme l'avait pensé Bonaparte mais elle est composée de trois cents personnes, un fourre-tout de non élus, d'individus nommés pour toucher 6 à 10 000 euros par mois à ne rien faire. La plus haute institution administrative française est devenue une chambre d'enregistrement sur le plan politique.

    R. : Que pensez-vous de l’actuel projet visant à regrouper au sein d'une même structure les nationalistes français ?

    P. S. : Cela excède le problème de l'Œuvre française elle-même en ce sens qu'énormément de gens sont dans la nature, ne sont inscrits nulle part et, compte tenu de l'évolution de la politique en France, souhaitent s'engager, participer à un mouvement politique cohérent et organisé. D'aucuns ont pensé à un regroupement d'appellation nationaliste, en particulier en utilisant un vocable utilisé en 1983, celui de Parti nationaliste français, qui a toujours une existence légale et de s'agréger à ce groupement.

    Il est en effet nécessaire qu'il y ait une organisation, en plus des publications hebdomadaires et mensuelles qui expriment des positions nationalistes. J'en approuve entièrement le projet et j'en favoriserai le développement même si je n 'y participerai pas directement.

    R. : Sur quels fondements doit reposer selon vous un mouvement nationaliste en France aujourd'hui ?

    P. S. : Sans cohérence, rien ne se fonde et rien ne dure. Donc s'impose dans la pensée et l'action d'être à la fois dans la cohérence, la cohésion, la clarté ; d'avoir de la politesse, de la propreté, de la probité ; d'agir pour le bien, le bon, le beau : lesquels, dans leurs définitions réelles et profondes, sont liés à un style politique, toujours et partout.

    Le nationalisme donne à la réflexion politique la charpente intellectuelle et doctrinale nécessaire et suffisante. En France il a été élaboré par Drumont, Barres, Maurras, Carrel, Brasillach, Jacques Ploncard. Son expression générale peut se résumer de la sorte : l'Etat, c'est la souveraineté, la Patrie, c'est le sol ; la Nation, c'est l'histoire ; le Peuple, c'est le corps naturel.

    Par conséquent pour qui se proclame nationaliste, il est vain d'établir une prétendue hiérarchie avec option particulière, soit régionale, soit nationale, soit européenne, soit chrétienne. Pour un nationaliste authentique c'est l'occupation d'une totalité indissociable. Sans cela le discours "dissident", "unitaire", "identitaire", si sincère soit-il, est inopérant.

    R. : Vous êtes connu pour avoir redonné ses lettres de noblesse à la croix celtique en en faisant l'emblème de plusieurs mouvements successifs que vous avez fondes et diriges. Souhaitez-vous toujours que la croix celtique reste l'emblème du mouvement nationaliste en France au XXIe siècle ?

    P. S. : Dans ce regroupement nationaliste assez large mais répondant à des convictions bien précises, la recherche d'un emblème général est en effet susceptible de se poser. Et je m'en rapporte au propos de l'héraldiste Pierre Joubert qui insistait pour que le scoutisme dont il était un célèbre dessinateur conservât la fleur de lys. Il écrivait en 1950 : « C'est un des plus beaux motifs héraldiques. Il est particulier à la France. Chaque époque a créé une fleur de lys ». Par conséquent je souhaiterais que notre époque, s'inspirant des exemples de Pierre Joubert, choisisse le modèle qui lui corresponde. Il est remarquable que la fleur de lys française ait été choisie comme emblème de notre nation pendant 1 500 ans alors que les nations étrangères avaient des animaux : le léopard, le lion, l'aigle. La France, elle, a pris une fleur, et une fleur blanche. Il est remarquable que dans les lieux où la francité s'est exprimée, au Québec où elle est de mise et en Louisiane, en souvenir de la dernière grande inondation, elle ait été mise en évidence. Pierre Joubert avait écrit en 1950 : « Tous les pays du monde, y compris l'URSS et l'Etat de Zanzibar, ont leur blason. Seule la France actuelle n'en a pas. On l’a privé du vieil écu national d'azur aux lys d'or ou du semis de lys plus ancien encore, qui la représentait aux yeux du monde entier avec tant de grandeur et de simplicité. »

    Il est remarquable qu'à une jeune chrétienne, une jeune paysanne, Jeanne d'Arc ayant grâce à la Providence sauvé la France, le roi de France Charles VII ait donné en 1429 en anoblissant sa famille le nom du Lys. Jeanne n'ayant pas eu de descendance physique, ce nom du Lys s'est éteint. Je propose donc que ce nom soit en quelque sorte donné par procuration à tous les Français parle choix d'un emblème à inspiration florale pour le mouvement nationaliste. Le lys est en effet présent dans les blasons de villes et de provinces de France, dans le drapeau du Québec. Le Lys, antique symbole du royaume de France, doit être considéré comme valeur historique nationale et non comme la marque distinctive des organisations royalisantes actuelles. N'oublions pas que le coq gaulois n'a été officialisé par le roi Louis-Philippe 1er qu'après la destruction des lys en 1831. C'est donc une monarchie de raccroc qui a mis fin au lys. Si l'on pouvait envisager un emblème nationaliste pour ce regroupement, la fleur de lys serait assurément l'emblème le plus approprié.

    R. : Vous qui avez connu trois Républiques et le régime du maréchal Pétain, quelle serait votre définition de la France ?

    P. S. : La France est un Etat national constitué dans l'universalité du genre humain comme un résumé sans analogie du génie européen, au cours de l'histoire incomparable de la famille capétienne incarnant la pérennité d'un destin commun à tous les éléments du peuple de France, afin de parvenir à l'aboutissement d'un grand dessein territorial pratiquement achevé et d'oeuvrer à l'accomplissement d'un haut idéal intellectuel et moral toujours à poursuivre. « Moi, je ne connais qu'une France, celle de toujours, celle dont l'âme persiste à travers les vicissitudes depuis la profondeur des siècles jusqu'à nos jours » doit-on répéter après le maréchal Lyautey.

    La France c'est un peuple de souche européenne, de tradition catholique, de formation classique, de nationalité millénaire. Elle doit faire face depuis un demi-siècle à une formidable invasion cosmopolite de ses mœurs et de ses cités. Une réaction patriotique de légitime défense est plus que jamais indispensable. Il faut convenir avec Charles Péguy que : « La plus dangereuse des invasions, l'invasion de la vie intérieure, est infiniment plus dangereuse pour un peuple qu'une occupation territoriale »

    La France est un territoire, un visage, un drapeau. Un territoire, pas un terrain de camping ; un visage, pas un masque de carnaval ; un drapeau, pas un pavillon de complaisance. Une France dépossédée, défigurée, dénaturée, ce n'est plus la France. La meilleure définition de la santé physique et morale de la France, c'est la netteté de son territoire, l'identité de son visage, la pureté de son drapeau. Ernest Renan avait raison d'affirmer : « L'étranger toléré peut être utile à un pays, mais à la condition que ce pays ne se laisse pas envahir par lui. Il n'est pas juste de réclamer des droits de membres de la famille dans une maison qu'on n'a pas bâtie, comme le font les oiseaux qui viennent s'installer dans un nid qui n'est pas le leur, ou comme les crustacées qui prennent la coquille d'une autre espèce. »

    La France est la plus européenne des nations d'Europe. Son nom est germanique ; sa langue latine ; le fond de son peuple celte ; son sens de l’Etat romain, ; sa rigueur intellectuelle et artistique grecque ancienne. C'est la seule qui accède directement à la mer du Nord, à l'océan Atlantique, à la Méditerranée ; et dont les provinces frontières peuvent servir d'intermédiaires par leur parler et leur peuplement. Ainsi, elle n'a rien à attendre d'une Europe idéologique quelconque. La prétendue construction européenne actuelle n'est que l'Europe des partis d'une partie de l'Europe. C'est la réalisation partielle du mythe insensé de la tour de Babel, rapporté dans l'Ancien Testament. L'Union européenne, du Groenland esquimau aux îles polynésiennes de Wallis et Futuna, n'est pas l'Europe de Gibraltar jusqu'au-delà de Moscou. L'Union européenne, du mythe égalitaire, n'est pas l'Europe de la diversité des caractères humains, des manières d'être, des conditions. L'Union européenne, d'une soixantaine d'années de mercantilisme, n'est pas l'Europe de l'Esprit vieille de 2 400 ans. Il y a un continent européen, une race européenne, un génie européen. L'Europe est une des cinq parties du monde, berceau de la race blanche, terre d'élection du génie d'Occident. De l'Atlantique à l'Oural, incarnée dans un type humain, porteuse d'une civilisation, l'Europe est parfaitement définie par sa géographie, sa biologie, son génie.

    Le seul danger est de s'imaginer que la France n'a plus d'avenir. La véritable catastrophe serait de renier notre nationalité ; de ne plus admettre que l'ordre du monde, par excellence celui de notre civilisation, repose sur la permanence de nations souveraines : la dénationalisation étant à un pays ce que la dépersonnalisation est à l'in­dividu. « France, France, sans toi le monde se­rait seul ! » proclamait l'écrivain italien Gabriel d'Annunzio. « O France, chère à toute âme éprise du genre humain » disait le poète anglais Rudyard Kipling. « La France mourir ? Mais par quoi voudriez-vous qu'on la remplace ? » s'inquiétait le pape saint Pie X.

    Il ne peut pas y avoir d'accommodement entre la France et l'Anti-France ; pas plus qu'entre la santé et la maladie, la vérité et le mensonge. C'est une erreur de vouloir respecter également toutes les idées, les vraies et les fausses. C'est un égarement de prétendre mettre sur le même plan toutes les opinions, les bonnes comme les mau­vaises. Car, en ce cas, à l'exception d'un nombre restreint d'individualités qui réagissent comme il faut, et se trouvent alors accusées de tous les noms et de tous les maux, plus personne ne sait vraiment où il en est, et où en sont les autres. Permettre à n'importe qui, de dire n'importe quoi, sur n'importe quel sujet, à n'importe quel moment, c'est vouloir entretenir un maximum de désordre dans les idées et de dispersion dans les opinions. De la discussion sur tout et sur rien ne jaillit pas la lumière, mais en ressort généra­lement le doute banal, lequel est inconciliable avec les grandes réalisations. Il convient de de­mander leur avis aux gens sur les sujets qu'ils connaissent et surtout de ne pas solliciter leur jugement sur les problèmes qu'ils ignorent. Je ne suis pas démocrate. On voit en effet où nous a conduits la démocratie dont Maurras disait avec raison qu'elle était la mort, qu'elle était le mal.

    R. : Dans les ténèbres actuelles y a-t-il selon vous des motifs d'espérance ?

    P. S. : Je crois en la Providence. Dans l'histoire de France elle s'est manifestée quand tout sem­blait désespéré. Il n'y a pas de raison qu'elle ne se manifeste pas à nouveau.

    Propos recueillis par Jérôme BOURBON Rivarol du 22 octobre 2015.