Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

tradition - Page 169

  • Anthropologie politique. Une société anti-humaine. La famille

    Depuis une dizaine d'années, plus de la moitié des enfants en France nait d'unions naturelles, c'est-à-dire de parents sans liens matrimoniaux officiels. Ce phénomène est européen et est le dernier en date des changements massifs qui ont signalé l'avènement d'une société anti-humaine.

    Nous entendons par société l'organisation des relations humaines sur le plan matériel, culturel, spirituel, individuel et collectif dans le cadre d'institutions reliées entre elles par des règles conventionnelles ou informelles et des moyens de communication, dans lesquels sont inclus les outils de transport et d'échange.

    Pour préciser notre approche de l'être humain, rappelons tout de suite ces évidences ; tout homme étant né d'un père et d'une mère est le produit d'une famille, avec son héritage culturel, génétique et patrimonial, il est le fruit d'une lignée donc. Cette donnée réaliste vaut autant pour les enfants dont la situation est habituelle que pour les orphelins. En outre, né en un lieu, grandissant en ce lieu, ou un autre, l'homme a un enracinement géographique, territorial, qui contribue, comme sa famille, à le façonner. Cet enracinement peut aussi bien être une campagne bucolique qu'un centre urbain bétonné et hyper actif. Dans les deux cas, il y a enracinement. Tout homme a des relations sociales qui s'expriment dans le monde du travail, celui des échanges économiques, nécessaires à sa vie. On peut dire que ces trois besoins sont des besoins naturels, en ce sens qu'ils sont les conditions nécessaires de la vie même de l'homme, donc de son inscription dans la nature.

    Nous n'avons pas tenu compte du caractère spirituel de l'homme car, à la différence des trois autres besoins énoncés, il n'est pas une part, il est le tout. En effet, l'acte d'intelligence qui rend possible l'union volontaire des hommes en vue de l'engendrement, qui détermine leur installation en un lieu à un moment de leur existence, ou qui préside à leurs relations humaines, cet acte d'intelligence est ce qui caractérise leur nature humaine par rapport aux animaux mus uniquement par l'instinct. L'intelligence est par essence spirituelle et c'est elle qui fait que l'homme est homme. Cet esprit anime tout l'être de manière raisonnable, c'est notre âme spirituelle, différente de la partie sensitive de notre âme. D'après la philosophie antique et médiévale et d'après la théologie chrétienne, c'est cette âme spirituelle qui survit à la mort.

    Une réflexion sociale sur l'homme ne doit pas méconnaître ce tout, mais il s'intéresse d'abord aux parties.

    L'homme étant caractérisé par ces trois apports naturels, il convient de voir si la société leur correspond et donc si elle est un cadre cohérent pour l'homme.

    Il apparaît, tout au contraire, que l'homme, et plus spécialement l'homme occidental, a façonné, ces derniers siècles, un cadre social qui ne lui correspond pas.

    En effet, la famille, dans son expression sociale, s'est désagrégée. Non pas qu'il n'y ait plus de famille, y compris solides, mais pour un nombre croissant d'hommes, la stabilité du cadre familial a disparu. On pourrait mentionner ici les enfants nés par PMA dans les couples féminins, où la part masculine de la filiation et donc la moitié du patrimoine et des racines de l'enfant sont occultées. On pourrait aussi parler des enfants nés de GPA, dans quelque couple que ce soit, où l'enfant est l'objet d'une nouvelle traite négrière indicible, et coupé d'une partie de sa famille, mais aussi souvent de sa terre. Cependant, ces deux cas, pour ignobles qu'ils soient, sont marginaux en proportion des maux devenus courants dans la société comme les unions naturelles ou les divorces. Ces unions naturelles sont majoritaires en Occident. Ce sont, par nature, faute de cadre légal, des unions instables et volatiles. Même lorsqu'un couple dure vingt ans, ou toute la vie, en réalité, sa structure est extrêmement fragile, puisqu'elle n'est tenue par aucune institution. Les membres du couple ne se sont engagés dans aucune démarche de légitimation de leur union, car ils n'en voyaient pas le besoin, pour différents motifs. Il en ressort que l'enfant naît dans une famille fragilisée. Les divorces et séparations sont là pour le montrer, puisque désormais, en France, un couple sur deux divorce ou se sépare. Il y a ici une très grande inégalité sociale. Si les familles les plus aisées pécuniairement et les plus préservées culturellement, demeurent plus stables, les familles pauvres sont victimes de séparations et divorces massifs, à répétition. Ce sont donc les enfants des milieux les plus fragiles socialement qui souffrent le plus de cet effritement du couple humain. La reconnaissance des droits patrimoniaux du concubin en cas de décès, la légitimation des unions naturelles, la création du PACS, l'instauration du divorce pour faute, puis par consentement mutuel, enfin les projets actuels de simplification des procédures de divorce ont accru cette fragilisation de la famille en reconnaissant comme valables tous les modèles extérieurs au cadre le plus sécurisant pour l'union.

    Ce mal a été rendu nécessaire par un autre, plus profond ; l'éducation sentimentale des hommes accroît l'instabilité des couples :

    - par la pratique de relations sexuelles précoces et insensées, c'est-à-dire détournées de l'essence de cet acte créateur d'humanité, qui augmente l'insatisfaction d'êtres humains toujours frustrés tournant leur déception contre leur conjoint, faute d'identifier que le mal est dans le détournement du sens de l'acte ;

    - par la promotion du romantisme qui érige la passion, en fait le règne du sentiment, en absolu ; quand la passion ne peut donner ses plus beaux fruits, jusqu'au don de sa vie, que sous les guides de la raison humaine qui cherche le plus grand bien ;

    - par le vice inverse, désormais largement disparu, qui consistait à faire primer en tout la raison au détriment de la passion, comprimant les cœurs et les désirs ;

    - par le détournement de tout homme de la recherche de son bien souverain, qui est le bonheur parfaitement satisfaisant ; or, nous savons que notre personne étant finie par les bornes de la naissance et de la mort et celles de notre corps, alors que notre intelligence semble ne connaître aucune limite dans la multiplication de ses raisonnements qui se heurtent à ces barrières, il n'y a de bonheur satisfaisant que dans la recherche de ce qui nous dépasse et ne finit pas. Les biens intermédiaires doivent donc être ordonnés vers la recherche du bien toujours supérieur.

    La déviance dans ces quatre points et d'autres plus mineurs a fragilisé les rapports humains et rendu nécessaire l'éclatement du cadre familial légitime afin que les hommes n'y meurent point par étouffement.

    La conséquence de cet éclatement est la création de générations entières d'hommes fragilisés moralement, parce que nés dans le conflit inter-personnel, l'instabilité des relations familiales et sentimentales, voire dans la rupture et le rejet d'une moitié, voire la totalité de leur ascendance. C'est le premier élément foncièrement anti-naturel de nos sociétés actuelles. Il engendre l'affaissement du lien inter-générationnel, la solitude, non pas seulement des personnes âgées mais aussi des hommes et femmes actifs. Il engendre l'incapacité des personnes, trop préoccupées de leur survie morale et sentimentale, à accueillir l'enfant à naître. Enfin, il rend les hommes plus vulnérables à l'oppression en affaiblissant leur premier réseau naturel de solidarités. En somme, cette société fragilisée se coupe de ses vieux, facilite la mort de ses enfants et isole ses êtres mûrs, dans une espèce de suicide généralisé.

    Ces déviances ont toujours existé, et il y a toujours eu des hommes aveuglés ou de petite moralité pour les créer dans leur couple, par le mauvais usage de leur puissance charnelle, ou par l'exacerbation de leurs passions au détriment de la raison, ou l'inverse, alors que passion et raison doivent avancer de concert. En somme, il y a toujours eu des hommes pour se focaliser sur les biens intermédiaires au détriment des biens supérieurs.

    La grande innovation de notre temps est l'érection en modèle social valide de ces déviances destructrices dont sont issus largement nos divorces, nos unions naturelles volatiles, nos unions homosexuelles, nos PMA, nos GPA et sans doute la plupart des autres maux à venir dans le domaine familial.

    A cet affaiblissement de la famille s'est ajouté le déracinement humain.

    A suivre...

    Gabriel Privat

    http://www.vexilla-galliae.fr/points-de-vue/editoriaux/1525-anthropologie-politique-une-societe-anti-humaine-la-famille

  • La Patrie est une société naturelle

     

    "La Patrie est une société naturelle, ou, ce qui revient au même, historique. Son caractère décisif est la naissance. On ne choisit pas plus sa Patrie – la terre de ses pères – que l’on ne choisit son père et sa mère. On naît Français par le hasard de la naissance, comme on peut naître Montmorency ou Bourbon. C’est avant tout un phénomène d’hérédité."

    Charles Maurras, Oeuvres Capitales,1954

     
  • En Pologne, l'extrême-gauche c'est le centre...

    Une petite information est passée inaperçue dans nos deux posts (ici et ici) relayant les élections législatives en Pologne et la nette victoire du PiS : la gauche a totalement disparu du parlement.

    "La gauche sera totalement absente du nouveau Parlement, en raison de la concurrence que se sont livrée ses deux formations. La coalition Gauche unifiée, qui obtient 7,55% des voix, n'atteint pas le seuil d'éligibilité (de 8% pour les coalitions), essentiellement en raison du succès inattendu du jeune parti Razem, qui totalise 3,62%."

    Sans-titre
    En jaune avec 22 sièges, c'est le parti Nowoczesna (Moderne) du néo-libéral Ryszard Petru qui est un parti centriste...

    Philippe Carhon

  • Comment oublier Halloween avec Chrétien de Troyes

    Oublions Halloween sans même polémiquer avec la Bête…

    Je reprends un sujet qui nous tient à cœur, celui du Graal, qui montrait au Moyen âge le mystère fragile de la civilisation française. Nous en sommes loin mais ce n’est pas une raison pour ne pas rappeler un aspect méconnu de l’œuvre de Chrétien de Troyes : son noble hellénisme.

    Cligès est un splendide roman ignoré. Il tente de réconcilier l’orient byzantin et l’occident après le schisme en montrant la grande unité culturelle de la civilisation européenne. Dès le début Chrétien nous donne ses sources. Car tout le monde enfin oublie de qui Chrétien se réclame : « Celui qui traita d’Erec et Enide, mit les commandements d’Ovide et l’Art d’aimer en français, fit le Morsure de l’épaule, traita du roi Marc et d’Yseult la Blonde… se remet à un nouveau conte, d’un jeune homme qui vivait en Grèce et qui vivait sous le règne du roi Arthur ».

    Chrétien, venu à la cour de l’empereur Barberousse vers 1180, y avait rencontré l’ambassadeur byzantin. Les chansons de geste byzantines étaient proches des nôtres, et Chrétien explique les liens entre cette littérature et nos prédécesseurs.

    Voici ce que nous ont appris nos livres ; la Grèce fut, en chevalerie et en savoir, renommée la première, puis la vaillance vint à Rome avec la somme de la science, qui maintenant est venue en France.

    La France avait pris un relais de vaillance et de science. Tout cela s’est fait par une transmission monastique des textes venus des grands auteurs grecs, d’Ovide et de Virgile. Au Moyen âge on fait aussi des « remakes » et des copies bien mimétiques ; ainsi Eneas, ainsi Troie, ainsi Alexandre. Et l’on comprend alors l’omniprésence de l’alchimie grecque dans nos textes bien étudiés par Fulcanelli.

    Edmond Faral publia en 1913 un livre magnifique sur Les sources latines et grecques de nos romans de chevalerie. On peut le lire sur archive.org. Il explique que ces sources ont été négligées et que ce n’est hélas pas fortuit.

    Il donne même les raisons de cet oubli : le préjugé de la Renaissance qui voit l’opinion publique rendue inculte par son école considérer le Moyen âge comme une ère de Zabulon et le seizième siècle de notre bonne vieille Renaissance comme l’âge de la perfection ultime. Or Victor Hugo souligne au début de Notre-Dame l’effondrement (sic) de l’architecture à la Renaissance.

    Edmond Faral :

    Affirmer que les romanciers du XIIème siècle étaient nourris de la lecture de Virgile, d’Ovide et de la plupart des bons poètes de l’ancienne Rome, c’est s’en prendre, à coup sûr, quoique indirectement, aux théories qui expliquent la Renaissance poétique française du XVIème siècle par la découverte de l’Antiquité.

    Le moyen âge a connu l’Antiquité beaucoup mieux qu’on ne le dit d’ordinaire et, au moins sur la poésie des Latins, on n’était guère moins bien renseigné en 1150 qu’en 1550.

    Nous évoquerons avec plaisir les sources celtiques chez Chrétien de Troyes ; mais passé leur Halloween…

    Nicolas Bonnal

    source : Boulevard Voltaire :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuuVZVlVFyEbrWLFpu.shtml

  • L’importance de l’institution de la famille et du mariage

    Discours du Pape en conclusion du synode :

    "Alors que je suivais les travaux du Synode, je me suis demandé:que signifiera pour l’Église de conclure ce Synode consacré à la famille?

    Il ne signifie certainement pas avoir achevé tous les thèmes inhérents à la famille, mais avoir cherché à les éclairer par la lumière de l’Évangile, de la tradition et de l’histoire bimillénaire de l’Église, infusant en eux la joie de l’espérance sans tomber dans la facile répétition de ce qui est indiscutable ou le déjà dit.

    Il ne signifie sûrement pas avoir trouvé des solutions exhaustives à toutes les difficultés et aux doutes qui défient et menacent la famille, mais avoir mis ces difficultés et ces doutes sous la lumière de la Foi, les avoir examinés attentivement, les avoir affrontés sans peur et sans se cacher la tête dans le sable.

    Il signifie avoir incité tout le monde à comprendre l’importance de l’institution de la famille et du mariage entre un homme et une femme, fondée sur l’unité et sur l’indissolubilité et à l’apprécier comme base fondamentale de la société et de la vie humaine.

    Il signifie avoir écouté et fait écouter les voix des familles et des pasteurs de l’Église qui sont venus à Rome en portant sur leurs épaules les poids et les espérances, les richesses et les défis des familles de toutes les parties du monde.

    Il signifie avoir donné la preuve de la vivacité de l’Eglise catholique qui n’a pas peur de secouer les consciences anesthésiées ou de se salir les mains en discutant de la famille d’une façon animée et franche.

    Il signifie avoir cherché à regarder et à lire la réalité, ou plutôt les réalités, d’aujourd’hui avec les yeux de Dieu, pour allumer et pour éclairer avec la flamme de la foi les cœurs des hommes, en un moment historique de découragement et de crise sociale, économique, morale et de négativité dominante.

    Il signifie avoir témoigné à tous que l’Évangile demeure pour l’Église la source vive d’éternelle nouveauté, contre qui veut «l’endoctriner» en pierres mortes à lancer contre les autres.

    Il signifie encore avoir mis à nu les cœurs fermés qui souvent se cachent jusque derrière les enseignements de l’Église ou derrière les bonnes intentions pour s’asseoir sur la cathèdre de Moïse et juger, quelquefois avec supériorité et superficialité, les cas difficiles et les familles blessées.

    Il signifie avoir affirmé que l’Église est Église des pauvres en esprit et des pécheurs en recherche du pardon et pas seulement des justes et des saints, ou plutôt des justes et des saints quand ils se sentent pauvres et pécheurs.

    Il signifie avoir cherché à ouvrir les horizons pour dépasser toute herméneutique de conspiration ou fermeture de perspective pour défendre et pour répandre la liberté des enfants de Dieu, pour transmettre la beauté de la Nouveauté chrétienne, quelquefois recouverte par la rouille d’un langage archaïque ou simplement incompréhensible.

    Sur le chemin de ce Synode les diverses opinions qui se sont exprimées librement – et malheureusement parfois avec des méthodes pas du tout bienveillantes – ont certainement enrichi et animé le dialogue, offrant une image vivante d’une Eglise qui n’utilise pas ‘des formulaires préparés d’avance’, mais qui puise à la source inépuisable de sa foi une eau vive pour désaltérer les cœurs desséchés.

    Et – au-delà des questions dogmatiques bien définies par le Magistère de l’Église – nous avons vu aussi que ce qui semble normal pour un évêque d’un continent, peut se révéler étrange, presque comme un scandale, pour l’évêque d’un autre continent; ce qui est considéré violation d’un droit dans une société, peut être requis évident et intangible dans une autre; ce qui pour certains est liberté de conscience, pour d’autres peut être seulement confusion. En réalité, les cultures sont très diverses entre elles et chaque principe général a besoin d’être inculturé, s’il veut être observé et appliqué. Le Synode de 1985, qui célébrait le vingtième anniversaire de la conclusion du Concile Vatican II, a parlé de l’inculturation comme de l’« intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et l’enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaines»3. L’inculturationn’affaiblit par les vraies valeurs mais démontre leur véritable force et leur authenticité, puisqu’elles s’adaptent sans se transformer, mais au contraire elles transforment pacifiquement et graduellement les différentes cultures.

    Nous avons vu, également à travers la richesse de notre diversité, que le défi que nous avons devant nous est toujours le même: annoncer l’Évangile à l’homme d’aujourd’hui, en défendant la famille de toutes les attaques idéologiques et individualistes.

    Et sans jamais tomber dans le danger du relativisme ou du fait dediaboliser les autres, nous avons cherché à embrasser pleinement et courageusement la bonté et la miséricorde de Dieu qui surpasse nos calculs humains et qui ne désire rien d’autre que «tous les hommes soient sauvés» (1 Tm 2, 4), pour insérer et pour vivre ce Synode dans le contexte de l’Année extraordinaire de la Miséricorde que l’Église est appelée à vivre.

    Lire la suite "L’importance de l’institution de la famille et du mariage"

    Michel Janva

  • Vers l'abrogation du "mariage" LGBT en Slovénie

    SLa cour constitutionnelle de Slovénie a donné aujourd’hui son feu vert à un référendum demandant à annuler la loi sur le mariage homosexueadopté par le parlement Slovène en mars 2015.

    Un groupe conservateur proche du parti d’opposition de centre-droit, le Slovenian Democratic Party (SDS), soutenu par l’Eglise catholique avait réuni les 40 000 signatures nécessaires pour provoquer un référendum sur la question.

    Le parlement slovène (composé de grands démocrates, probablement) avait bloqué l’initiative de ce groupe au motif que ce référendum était inconstitutionnel au motif que « le mariage hétérosexuel ou homosexuel est un droit fondamental ». 

    Cette décision a été invalidée par la cour constitutionnelle.

    Selon la loi Slovène, un groupe qui rassemble 40 000 signatures en un mois peut demander un référendum. La population slovène s’élève à 2 millions d’habitants.

    Si plus de 20 pour cent des inscrits s’exprime, et que le non à la loi sur le mariage homosexuel l’emporte, cette loi sera annulée.

    Michel Janva

  • Pouvoir et politique d’après Hannah Arendt

    Hannah Arendt appartient au petit nombre de penseurs politiques les plus importants du XXe siècle. Après avoir fait des études philosophiques approfondies en Allemagne auprès de Karl Jaspers et de Martin Heidegger, elle émigre en France en 1933, puis se fixe définitivement aux États-Unis à partir de 1941 où elle enseigne la sociologie dans différentes universités.

    L’originalité d’Hannah Arendt est de mêler dans ses analyses une série de remarques nées de l’observation endurante des phénomènes sociaux, culturels, politiques à une réflexion approfondie des écrits des auteurs qui, au fil des siècles, ont pensé la politique. Ce qui lui permet de fixer précisément les limites chronologiques d’une telle réflexion : « Notre tradition de pensée politique a un commencement bien déterminé dans les doctrines de Platon et d’Aristote. Je crois qu’elle a connu une fin non moins déterminée dans les théories de Karl Marx » (La Crise de la culture, p. 28). La faculté politique autorise l’activité humaine la plus noble, la plus généreuse, la plus proche de son humanité et de son essence d’homme. Apte à la parole et à la vie en commun, l’homme se distingue de l’animal, trouvant sa destination et sa valeur dans la vie publique quand il est en rapport avec d’autres hommes à qui il s’adresse librement et sur un pied d’égalité : « La double définition aristotélicienne de l’homme comme zôon politikon (vivant apte à vivre en cité) et comme zôon logikon (être doué de langage), un être accomplissant sa vocation la plus éminente dans la faculté de la parole et dans la vie de la polis, était destinée à distinguer le Grec du barbare et l’homme libre de l’esclave » (La Crise de la culture, p. 35). La véritable liberté politique ne consiste pas à faire retraite dans la sphère de la vie privée mais à participer à l’action publique, menée avec des égaux et reposant sur des choix individuels.

    ***

    La question du pouvoir se définit à partir d’une série d’oppositions.

    Dans le chapitre « Sur la violence » de Du mensonge à la violence : Essais de politique contemporaine (p. 152-156), Hannah Arendt applique la réduction phénoménologique à l’examen du pouvoir, ce qui l’amène à un travail autant méthodologique que linguistique. Il importe de distinguer le pouvoir, qui permet à l’homme d’exercer une activité efficace dans le monde, de la puissance qui ne concerne qu’une personne unique, de la force qui intéresse une énergie individuelle ou collective, de l’autorité qui investit naturellement celui qui la possède de la capacité reconnue et acceptée d’imposer telle ou telle obligation, de la violence enfin qui ne s’applique qu’à une pratique destinée à soumettre physiquement ses opposants.

    ◊ La puissance

    La puissance est le phénomène le plus évident du pouvoir. Elle dégénère souvent dans une violence qui apparaît dans les moments paroxystiques de la vie politique. Une ère politique nouvelle suppose un mouvement de table rase qui s’accompagne nécessairement de violence car « la violence est le commencement, aucun commencement ne pourrait se passer de violence ni de violation » (Essai sur la révolution, p. 23). Ainsi se comprend la terreur révolutionnaire qui, pour fonder une nouvelle façon de penser et de vivre, une nouvelle organisation de la hiérarchie sociale, n’hésite pas à user de méthodes radicales pour exterminer les réfractaires.

    Or, les révolutions, comme les guerres, correspondent à un moment de trouble et d’indécision où la vie en commun, la vie politique disparaît en tant que telle au profit de la libération de forces bestiales, animales, où les hommes sont gouvernés plus par leurs instincts que par leur raison. La violence, en effet, apparaît quand le pouvoir s’affaiblit et « dans la mesure où la violence joue un rôle dominant dans la guerre et la révolution, l’une comme l’autre agissent,stricto sensu, en dehors du domaine politique » (Essai sur la révolution, p. 12). Celui qui use de la violence dans le but d’imposer son autorité refuse sa condition d’homme comme être de langage : « La violence […] est incapable de parole» (Essai sur la révolution, p. 21).

    Ainsi apparaît la différence essentielle entre pouvoir et violence. Alors que le premier use de persuasion et de sages précautions, « le pouvoir, mais non la violence, est l’élément essentiel de toute forme de gouvernement. La violence est, par nature, instrumentale ; comme tous les instruments, elle doit toujours être dirigée et justifiée par les fins qu’elle entend servir » (Du mensonge à la violence, p. 161).

    ◊ Le pouvoir

    De fait, la marque la plus certaine d’un pouvoir authentique et sûr de lui est la non-violence : « la polis, l’État-cité, se définit de manière explicite comme le mode de vie fondé sur la persuasion exclusivement et non sur la violence » (Essai sur la révolution, p. 11). Le pouvoir est le fonds qui donne leurs assises aux pensées et aux actions humaines. Alors que la violence exhibe son caractère instrumental, le pouvoir transcende les affaires de tous les jours en leur donnant un sens et une mesure : « loin d’être un moyen en vue d’une fin, le pouvoir est en fait la condition même qui peut permettre à un groupe de personnes de penser et d’agir en termes de fins et de moyens » (Du mensonge à la violence, p. 161).

    La polis grecque est le lieu où les égaux confrontent librement leurs opinions et usent d’arguments solidement étayés et présentés à l’aide d’un art rhétorique soigneusement travaillé afin de mieux persuader l’autre. Le pouvoir suppose donc un monde commun où chacun peut recevoir par la parole de l’autre le dévoilement d’une vérité jusqu’alors cachée et peut à son tour agir pour le bien de tous : « La grammaire de l’action — l’action est la seule faculté humaine qui demande une pluralité d’homme — et la syntaxe du pouvoir — le pouvoir est le seul attribut humain qui ne s’applique qu’à l’espace matériel intermédiaire par lequel les hommes sont en rapport les uns avec les autres — se combinent dans l’acte de fondation grâce à la faculté de faire des promesses et de les tenir qui, dans le domaine de la politique, pourrait bien être la plus haute faculté humaine » (Essai sur la révolution, p. 258).

    ◊ Le pouvoir totalitaire

    Selon Hannah Arendt, le système totalitaire combine les caractères suivants :

    • Une idéologie officielle qui coiffe tous les aspects de la vie individuelle et collective, et qui explique l’humanité d’après une trajectoire qui d’un présent rejeté radicalement se dirige vers un état parfait.
    • Un parti unique de masse, dirigé par le seul dictateur.
    • Une terreur, organisée par la police politique, dirigée non seulement contre les opposants, mais contre des portions entières de la population et de la société, et aboutissant à ce que David Rousset a appelé l’univers concentrationnaire.
    • L’atomisation systématique de la société, l’isolement de l’individu. D’une part, on détruit les anciennes structures (famille, églises, corps intermédiaires). D’autre part, on mobilise la population dès l’enfance (jeunesses hitlériennes, komsomols staliniens) au sein du parti et de ses organisations satellites qui quadrillent l’ensemble de la vie sociale et professionnelle.
    • La mainmise sur tous les moyens d’information et de propagande.

    Comme le montre Hannah Arendt dans Eichmamm à Jérusalem (1966), l’homme du totalitarisme n’est pas un monstre. Il est même désespérément banal dans le mesure où il n’est qu’un fonctionnaire méticuleux et consciencieux, un subalterne discipliné. « La terreur, écrit l’auteur par ailleurs, produisit un phénomène étonnant, elle fit que le peuple allemand participa aux crimes des chefs. Ceux qui étaient asservis devinrent des complices… des hommes dont on ne l’eût jamais cru possible, des pères de famille, des citoyens qui exerçaient consciencieusement leur métier, quel qu’il fût, se mirent avec la même conscience à assassiner et à commettre, si l’ordre leur en était donné, d’autres forfaits dans les camps de concentration » (article sur La Culpabilité allemande, 1945). L’homme du totalitarisme, à l’instar d’Eichmann, considère qu’il fait son devoir, et rien de plus. Hannah Arendt maintient qu’Eichmann n’a fait qu’obéir aux ordres donnés par le pouvoir nazi, ce qui marque de suspicion le bien-fondé du procès intenté contre lui par les autorités israéliennes plus de quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    ◊ L’autorité

    Chronologiquement, la violence précède le pouvoir. Le commencement de tout pouvoir politique s’opère, pratiquement toujours, dans le sang. C’est même par la révolution que le commencement a lieu et « les révolutions sont les seuls événements politiques qui nous placent directement, inéluctablement, devant le problème du commencement » (Essai sur la révolution, p. 25).

    Mais, de même qu’à l’origine du pouvoir on trouve la violence, avant l’instauration de l’autorité il y a la liberté : « La liberté en tant que phénomène politique date de l’essor des États-cités grecs. Depuis Hérodote, elle a été conçue en tant qu’organisation politique dans laquelle les citoyens vivaient ensemble en dehors de l’autorité, sans division entre gouvernés et gouvernant » (Essai sur la révolution, p. 39). Or, cette liberté n’a rien à voir avec l’égalité qui n’a pas, avant la Révolution française, accédé à la dignité de valeur suprême : « l’idée même l’égalité telle que nous la comprenons, au sens que toute personne est née égale à toutes les autres du fait même de sa naissance et que l’égalité est un droit de naissance, était totalement inconnue antérieurement à l’époque moderne » (Essai sur la révolution, p. 54).

    L’important, cependant, est que l’autorité transcende tout pouvoir : « la crise de l’autorité dans un gouvernement autoritaire est toujours une force extérieure et supérieure au pouvoir qui est le sien » (La Crise de la culture).Étymologiquement, auctoritas vient de augere, “augmenter”, « et ce que l’autorité ou ceux qui commandent augmentent constamment, c’est la fondation » (La crise de la culture, p. 129). L’autorité n’a donc besoin ni de violence ni de persuasion pour s’imposer: elle tire d’elle-même, c’est-à-dire du passé, sa propre justification. Quand on cesse de respecter l’autorité, c’est qu’on a perdu le lien religieux avec le passé. Un père de famille ou un professeur qui accepte de parler d’égal à égal avec son fils ou son élève renie son autorité de fait en refusant de maintenir intact le lien de supériorité entre le passé et le présent (1).

    ◊ Le primat du politique et de la vie en commun

    Le Mit-sein

    C’est dans les paragraphes 25 à 27 de Être et Temps que Heidegger développe l’analyse du Mit-sein, de l’être-ensemble. Il remarque (§ 25) qu’autrui est un a priori de la condition humaine, une donnée première au même titre que l’espace et le temps par exemple : « le Dasein n’est jamais donné sans les autres » et « les autres sont toujours « là-avec ». Ce qui lui permet d’avancer au § 26 que « l’être-avec est un existential », c’est-à-dire une structure première de l’homme compris comme Dasein, au même titre que le langage ou le souci. Ainsi, « le monde du Dasein est monde-commun (Mitwelt).L’être-au est être-avec (Mitsein) en commun avec d’autres. L’être-en-soi à l’intérieur du monde est coexistence (Mitdasein). Se trouvant d’emblée, dès qu’il est jeté dans le monde, en compagnie d’autres hommes, « le Dasein est essentiellement en lui-même être-avec ».

    Dans l’être-avec, il est offert à l’homme d’avoir un rapport authentique et libre à lui-même. Il éprouve sa propre liberté quand, avec d’autres, il travaille à une tâche qui libère chacun du poids de l’égoïsme et de l’inauthenticité : « l’être-en-compagnie de ceux qui sont employés à la même tâche ne se nourrit souvent que de méfiance. Au contraire l’engagement dans la même tâche se détermine à partir du Dasein qui se prend chaque fois proprement en main. Cette façon d’être authentiquement liés ensemble permet seule un rapport direct à la tâche entreprise, elle met l’autre face à sa liberté pour lui-même » (§ 26). C’est dire que dans l’être-avec authentique, le Dasein est libre. Il fonde son être sur la reconnaissance de la présence d’autres Dasein ; c’est-à-dire des êtres intimement concernés par le problème de l’être. Évoluant dans un monde commun, les hommes s’offrent chacun l’un à l’autre leur liberté.

    C’est sur cette liberté que se fonde l’établissement du pouvoir. Mais depuis les temps chrétiens, tels que le Moyen Âge les a vécus, la vie humaine est devenue la valeur suprême et la vie privée l’emporte sur la vie publique. Or, faire œuvre politique, c’est s’engager dans un espace et dans un temps qui transcendent l’espace et le temps humains : « pour les Grecs et pour les Romains aussi bien, malgré toutes leurs différences, la fondation d’un corps politique était engendrée par le besoin qu’avait l’homme de dépasser la mortalité de la vie humaine et la fugacité des actes humains » (La Crise de la culture, p. 94).

    Le monde est chaque fois renouvelé quand un homme agit librement dans un monde commun: « le courage libère les hommes de leur souci concernant la vie, au bénéfice de la liberté du monde. Le courage est indispensable parce qu’en politique, ce n’est pas la vie mais le monde qui est en jeu » (La Crise de la culture, p. 203). C’est pourquoi vivre en domaine politique revient à dire la vérité : parce que Lessing était un homme intégralement politique, il a soutenu que la vérité ne peut exister que là où elle est humanisée par le parler, là où chacun dit, non pas ce qui lui vient à l’esprit, mais ce qui lui « semble vérité » (Vies politiques, p. 41).

    Ainsi se définit la vérité : « Conceptuellement, nous pouvons appeler la vérité ce que l’on ne peut pas changer ; métaphoriquement, elle est le sol sur lequel nous nous tenons et le ciel qui s’étend au-dessus de nous » (La Crise de la culture, p. 336). Accepter que le pouvoir existe, agir librement pour ou contre lui, c’est donc mettre à jour la vérité.

    ► Gilles Vannier, in : Analyses & Réflexions sur le pouvoir, ouvrage coll., ellipses, 1994.

    Note en sus :

    1) « Affranchi de l’autorité des adultes, l'enfant n'a donc pas été libéré, mais soumis à une autorité bien plus effrayante et vraiment tyrannique : la tyrannie de la majorité. En tout cas, il en résulte que les enfants ont été pour ainsi dire bannis du monde des adultes. Ils sont soit livrés à eux-mêmes, soit livrés à la tyrannie de leur groupe, contre lequel, du fait de sa supériorité numérique, ils ne peuvent se révolter, avec lequel, étant enfants, ils ne peuvent discuter, et duquel ils ne peuvent s'échapper pour aucun autre monde, car le monde des adultes leur est fermé. Les enfants ont tendance à réagir à cette contrainte soit par le conformisme, soit par la délinquance juvénile, et souvent par un mélange des deux », H. Arendt, La Crise de la culture, Gal., 1972.

    http://www.archiveseroe.eu/recent/9

  • Hannah Arendt : l’âge sombre, le paria et le parvenu

    Recension : Agnes HELLER, « Eine Frau in finsteren Zeiten », in :Studienreihe der Alten Synagoge, Band 5 : Hannah Arendt, “Lebensgeschichteeiner deutschen Jüdin”, Klartext Verlag, Essen, 1995-96, 127 p.

    Dans un volume publié par le centre d’études juives Alte Synagoge, Agnes Heller se penche sur la vision du monde et des hommes qu’a développéeHannah Arendt, au cours de sa longue et mouvementée quête de philosophe. Cette vision évoque tout à la fois un âge sombre (finster) et un âge de Lumière, mais les périodes sombres sont plus fréquentes et plus durables que les périodes de Lumière, qui sont, elles, éphémères, marquées par la fulgurance de l’instant et la force de l’intensité. Les périodes sombres, dont la modernité, sont celles où l’homme ne peut plus agir politiquement, ne peut plus façonner la réalité politique : Hannah Arendt se montre là disciple de Hegel, pour qui le zôon politikon grec était justement l’homme qui s’était hissé au-dessus de la banalité existentielle du vécu pré-urbain pour accéder à l’ère lumineuse des cités antiques. Urbaine et non ruraliste (au contraire de Heidegger), Hannah Arendt conçoit l’oikos primordial (laHeimat ou la glèbe / Die Scholle) comme une zone anté-historique d’obscurité tandis que la ville ou la cité est lumière parce qu’elle permet une action politique, permet le plongeon dans l’histoire. Pour cette raison, le totalitarisme est assombrissement total, car il empêche l’accès des citoyens/des hommes à l’agora de la Cité qui est Lumière. L’action politique, tension des hommes vers la Lumière, exige effort, décision, responsabilité, courage, mais la Lumière dans sa plénitude ne survient qu’au moment furtif mais très intense de la libération, moment toujours imprévisible et éphémère. Agnes Heller signale que la philosophie politique de Hannah Arendt réside tout entière dans son ouvrageVita activa ; Hannah Arendt y perçoit l’histoire, à l’instar d’Alfred Schuler, comme un long processus de dépérissement des forces vitales et d’assombrissement ; Walter Benjamin, à la suite de Schuler qu’il avait entendu quelques fois à Munich, parlait d’un “déclin de l'aura”. Hannah Arendt est très clairement tributaire, ici, et via Benjamin, des Cosmiques de Schwabing (le quartier de la bohème littéraire de Munich de 1885 à 1919), dont l’impulseur le plus original fut sans conteste Alfred Schuler. Agnes Heller ne signale pas cette filiation, mais explicite très bien la démarche de Hannah Arendt.

    L'histoire : un long processus d’assombrissement

    L'histoire, depuis les Cités grecques et depuis Rome, est donc un processus continu d’assombrissement. Les cités antiques laissaient à leurs citoyens un vaste espace de liberté pour leur action politique Depuis lors, depuis l’époque d’Eschyle, ce champ n’a cessé de se restreindre. La liberté d’action a fait place au travail (à la production, à la fabrication sérielle d’objets). Notre époque des jobs, des boulots, du salariat infécond est donc une époque d’assombrissement total pour Hannah Arendt. Son pessimisme ne relève pas de l’idéologie des Lumières ni de la tradition messianique. L’histoire n’est pas, chez Hannah Arendt, progrès mais régression unilinéaires et déclin. La plénitude de la Lumière ne reviendra pas, sauf en quelques instants surprises, inattendus. Ces moments lumineux de libération impliquent un “retournement” (Umkehr) et un “retour” bref à cette fusion originelle de l’action et de la pensée, incarnée par le politique, qui ne se déploie qu’en toute clarté et toute luminosité. Mais dans cette succession ininterrompue de périodes sombres, inintéressantes et inauthentiques, triviales, la pensée agit, se prépare aux rares irruptions de lumière, est quasiment le seul travail préparatoire possible qui permettra la réception de la lumière. Seuls ceux qui pensent se rendent compte de cet assombrissement. Ceux qui ne pensent pas participent, renforcent ou accélèrent l’assombrissement et l’acceptent comme fait accompli. Mais toute forme de pensée n’est pas préparation à la réception de la Lumière. Une pensée obnubilée par la vérité toute faite ou recherchant fébrilement à accumuler du savoir participe aussi au processus d'assombrissement. Le totalitarisme repose et sur cette non-pensée et sur cette pensée accumulante et obsessionnellement “véritiste”.

    L’homme ou la femme, pendant un âge sombre, peuvent se profiler sur le plan culturel, comme Rahel Varnhagen, femme de lettres et d’art dans la communauté israélite de Berlin, ou sur le plan historique, comme Benjamin Disraeli, qui a forgé l’empire britannique, écrit Hannah Arendt. Mais, dans un tel contexte de “sombritude”, quel est le sort de l’homme et de la femme dans sa propre communauté juive ? Il ou elle s’assimile. Mais cette assimilation est assimilation à la “sombritude”. Les assimilés en souffrent davantage que les non-assimilés. Dans ce processus d’assimilisation-assombrissement, deux figures idéal-typiques apparaissent dans l’œuvre de Hannah Arendt : le paria(1) et le parvenu, deux pistes proposées à suivre pour le Juif en voie d’assimilation à l’ère sombre. À ce propos, Agnes Heller écrit :

    « Le paria émet d’interminables réflexions et interprète le monde en noir ; il s’isole. Par ailleurs, le parvenu cesse de réfléchir, car il ne pense pas ce qu’il fait ; au lieu de cela, il tente de fusionner avec la masse. La première de ces attitudes est authentique, mais impuissante ; la seconde n’est pas authentique, mais puissante. Mais aucune de ces deux attitudes est féconde ».

    Ni paria ni parvenu

    Dès lors, si on ne veut être ni paria (par ex. dans la bohème littéraire ou artistique) ni parvenu (dans le monde inauthentique des jobs et des boulots), y a-t-il une troisième option ? “Oui”, répond Hannah Arendt. Il faut, dit-elle, construire sa propre personnalité, la façonner dans l’originalité, l’imposer en dépit des conformismes et des routines. Ainsi, Rahel Varnhagen (2) a exprimé sa personnalité en organisant un salon littéraire et artistique très original où se côtoyaient des talents et des individualités exceptionnelles. Pour sa part, Benjamin Disraeli a réalisé une œuvre politique selon les règles d’une mise en scène théâtrale. Enfin, Rosa Luxemburg, dont Hannah Arendt dit ne pas partager les opinions politiques si ce n'est un intérêt pour la démocratie directe, a, elle aussi, représenté une réelle authenticité, car elle est restée fidèle à ses options, a toujours refusé compromissions, corruptions et démissions, ne s’est jamais adaptée aux circonstances, est restée en marge de la “sombritude” routinière, comme sa judéité d’Europe orientale était déjà d’emblée marginale dans les réalités allemandes, y compris dans la diaspora germanisée. L’esthétique de Rahel Varnhagen, le travail politique de Disraeli, la radicalité sans compromission de Rosa Luxemburg, qu’ils aient été succès ou échec, constituent autant de refus de la non-pensée, de la capitulation devant l’assombrissement général du monde, autant de volontés de laisser une trace de soi dans le monde. Hannah Arendt méprisait la recherche du succès à tout prix, tout autant que la capitulation trop rapide devant les combats qu’exige la vie. Ni le geste du paria ni la suffisance du parvenu…

    S’élire soi-même

    Agnes Heller écrit :

    « Paria ou parvenu : tels sont les choix pertinents possibles dans la société pour les Juifs émancipés au temps de l’assimilation. Hannah Arendt indique que ces Juifs avaient une troisième option, l’option que Rahel Varnhagen et Disraeli ont prise : s’élire soi-même. Le temps de l’émancipation juive était le temps où a démarré la modernité. Nous vivons aujourd'hui dans une ère moderne (postmoderne), dans une société de masse, dans un monde que Hannah Arendt décrivait comme un monde de détenteurs de jobs ou un monde du labeur. Mais l’assimilation n’est-elle pas devenue une tendance sociale générale ? Après la dissolution des classes, après la tendance inexorable vers l’universalisation de l’ordre social moderne, qui a pris de l’ampleur au cours de ces dernières décennies, n’est-il pas vrai que tous, que chaque personne ou chaque groupe de personnes, doit s’assimiler ? N’y a-t-il pas d’autres choix sociaux pertinents pour les individus que d'être soit paria soit parvenu ? S’insérer dans un monde sans se demander pourquoi ? Pour connaître le succès, pour obtenir des revenus, pour atteindre le bien-être, pour être reconnu comme “modernes” entre les nations et les peuples, la recette n'est-elle pas de prendre l’attitude du parvenu, ce que réclame la modernité aujourd'hui ? Quant à l'attitude qui consiste à refuser l’assimilation, tout en se soûlant de rêves et d’activismes fondamentalistes ou en grognant dans son coin contre la marche de ce monde (moderne) qui ne respecte par nos talents et où nous n’aboutissons à rien, n’est-ce pas l’attitude du paria ? ».

    Nous devons tous nous assimiler…

    Si les Juifs en voie d'assimilation au XIXe siècle ont été confrontés à ce dilemme — vais-je opter pour la voie du paria ou pour la voie du parvenu ? — aujourd'hui tous les hommes, indépendamment de leur ethnie ou de leur religion sont face à la même problématique : se noyer dans le flux de la modernité ou se marginaliser. Hannah Arendt, en proposant les portraits de Rahel Varnhagen, Benjamin Disraeli ou Rosa Luxemburg, opte pour le “Deviens ce que tu es !” de nietzschéenne mémoire [maxime reprise à Pindare]. Les figures, que Hannah Arendt met en exergue, refusent de choisir l’un ou l’autre des modèles que propose (et impose subrepticement) la modernité. Ils choisissent d’être eux-mêmes, ce qui exige d’eux une forte détermination (Entschlossenheit). Ces hommes et ces femmes restent fidèles à leur option première, une option qu’ils ont librement choisie et déterminée. Mais ils ne tournent pas le dos au monde (le paria !) et n’acceptent pas les carrières dites “normales” (le parvenu !). Ils refusent d’appartenir à une école, à un “isme” (comme Hannah Arendt, par ex., ne se fera jamais “féministe”). En indiquant cette voie, Hannah Arendt reconnaît sa dette envers son maître Heidegger, et l’exprime dans sa laudatio, prononcée pour le 80ème anniversaire du philosophe de la Forêt Noire. Heidegger, dit-elle, n’a jamais eu d’école (à sa dévotion) et n'a jamais été le gourou d’un “isme”. Ce dégagement des meilleurs hors de la cangue des ismes permet de maintenir, en jachère ou sous le boisseau, la “Lumière de la liberté”.

    ► Robert Steuckers, Nouvelles de Synergies Européennes n°42, 1999.

    1 : La Tradition cachée : Le juif comme paria, HA, trad. S. Courtine-Denamy, C. Bourgois, 1987 ; rééd. 10/18, 1997.

    2 : Rahel Varnhagen : La vie d'une Juive allemande à l'époque du romantisme, HA, trad. H. Plard, Paris, Tierce, 1986 ; rééd. Presses-Pocket, 1994 (Rahel Varnhagen : The Life of a Jewess, 1958).

     Courte bibliographie :

    • Les Origines du Totalitarisme (1951) suivi de Eichmann à Jérusalem (1963), Gallimard / Quarto, 2002
    • La Crise de la culture (1961), trad. P. Lévy (dir.), Gallimard / Folio, 1989 [recension]
    • Essai sur la révolution (1963), trad. M. Chrestien, Gallimard / Tel, 1985 [recension]
    • Condition de l’homme moderne (1958), trad. G. Fradier, Presses-Pocket, 1988
    • Qu’est-ce que la politique ?, trad. S. Courtine-Denamy, Seuil, 1995
    • La vie de l’esprit, trad. L. Lotringer, PUF, 2005
    • Juger, trad. M. Revault d'Allonnes, Seuil, 2003

    http://www.archiveseroe.eu/recent/9

  • "Ernst Jünger : un autre destin européen", par Dominique Venner

    Les temps sont durs ? Ce n’est pas l’heure des idées molles ! Tous les deux mois, Dominique Venner (www.dominiquevenner.fr) l’illustre brillamment en livrant à ses lecteurs une « Nouvelle Revue d’Histoire » aussi tonique que riche en contenus et perspectives. Son dernier ouvrage est dans la même veine. Consacré à Ernst Jünger, ce géant européen, marqué tout comme Venner par une jeunesse pugnace et « maurétanienne » qui seule peut justifier la posture définitive de l’anarque, il est l’occasion d’une réflexion stimulante sur l’identité et le devenir de l’Europe. « En ce personnage singulier s’incarne en effet une figure ultime, celle d’un archétype européen provisoirement disparu, dont subsiste peut-être une secrète nostalgie. Que l’un des plus grands écrivains de ce siècle et l’un des plus cultivés ait été aussi un jeune officier des troupes d’assaut qui chanta la Guerre notre mère, voilà une rareté qui porte en elle l’unité perdue de natures arbitrairement opposées : le poète et le guerrier, l’homme de méditation et l’homme d’action »…
    Jaugeant Jünger à l’aune de l’histoire, des événements tragiques qu’il aura traversé, il l’utilise aussi pour éclairer cette histoire, et imaginer à partir de son exemple, de ses engagements comme de ses doutes, « un autre destin européen ».
    Au fil des pages, la vie et l’œuvre de Jünger sont autant de clefs de lecture de son époque. Elles sont décryptées et discutées, avec cette absence totale de complaisance qu’autorise la véritable empathie, et pour tout dire l’admiration. La force de l’analyse de Dominique Venner est de pouvoir s’adresser aussi bien aux spécialistes de Jünger qu’aux lecteurs souhaitant une introduction éclairante à son œuvre vaste, touffue et parfois déroutante, servie par une langue « tour à tour limpide et mystérieuse ».
    Mais l’originalité profonde de cette étude tient au traitement du sujet : « sismographe » de son époque, acteur engagé puis distancié, soldat, militant, poète et naturaliste, Ernst Jünger est sous la plume de Venner bien plus que le témoin de l’histoire de l’Europe au XXe siècle : le prophète de son nécessaire retour dans l’histoire, de la sortie de sa « dormition », de la rupture, tranquille mais totale, avec les chimères d’une société repue. « Et le lecteur méditatif songera que la tentation est forte pour l'Européen lucide de se réfugier dans la posture de l'anarque. Ayant été privé de son rôle d'acteur historique, il s'est replié sur la position du spectateur froid et distancié. [...] L’immense catastrophe des deux guerres mondiales a rejeté les Européens hors de l’histoire pour plusieurs générations. Les excès de la brutalité les ont brisés pour longtemps. Comme les Achéens après la guerre de Troie, un certain nihilisme de la volonté, grandeur et malédiction des Européens, les a fait entrer en dormition. A la façon d'Ulysse, il leur faudra longtemps naviguer, souffrir et beaucoup apprendre avant de reconquérir leur patrie perdue, celle de leur âme et de leur tradition ».
    C’est pourquoi Jünger reste un modèle.
    Son « éthique de la tenue » est un reflet de l’âme européenne, faite de réalisme héroïque et de stoïcisme tragique, de cette tension permanente et féconde entre Apollon et Dionysos. Et son exigence – « Viser plus haut que le but » - celle de tout Européen qui n’aurait pas renoncé à lui-même.
    Et c’est ainsi qu’avec Dominique Venner la vie et l’œuvre d’Ernst Jünger deviennent « feuille de route » pour tous ceux qui entendent « résister aux démons ou aux lâchetés de l’époque » (Bruno de Cessole) et allumer des feux de bivouac, et de veillée, pour l’Europe à venir.
    ©Polémia , 26/07/2009
    Note : http://www.dominiquevenner.fr/
    Dominique Venner, Ernst Jünger : Un autre destin européen , Editions du Rocher, mai 2009, 234 p., 18 euros
    http://www.amazon.fr/Ernst-J%C3%BCnger-autre-destin-europ%C3%A9en/dp/2268068153/ref=

    sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1248577119&sr=1-1

    http://archives.polemia.com/article.php?id=2290

  • L’Âge du Bronze européen

     Recension : Britta Verhagen, Götter am Morgenhimmel, Grabert-Verlag, Tübingen, 1983, 319 p.

    Britta Verhagen s’efforce, dans son nouvel ouvrage, de comprendre, de retracer les grandes lignes de la religiosité propre aux hommes de l’Âge du Bronze nord-européen. Cette “civilisation” préhistorique sans villes et sans constructions de pierre a été, affirme Britta Verhagen, une ère où la richesse matérielle était abondante. Les fouilles prouvent que, dans le Nord de l’Europe, régnait, dans les mœurs, une sorte de bon goût, un sens aigu pour les formes épurées, pour une sorte de noble simplicité, pour l’harmonie et l’équilibre des formes. Le mode de vie était manifestement “acculturé”. Les soins corporels mobilisaient beaucoup d’attention : les tombes, qui contenaient sans nul doute des biens périssables, nous ont révélé des objets d’usage quotidien qui ne sont réapparus que beaucoup plus tard : vêtements cousus et brodés, chaussures de cuir, boutons avec boutonnières, épingles de sûreté, étuis peints ou “pyrogravés”, boîtes de métal contenant des bijoux ou du matériel de couture. La décoration de ces objets était sobre, jamais surchargée.

    Comme le prouvent les travaux les plus récents de l’archéologie (Colin Renfrew, etc.), l’Europe du Nord-Ouest constitue le berceau territorial des Pré-Indo-Européens. Ceux-ci se sont par la suite divisés entre Indo-Européens de l’Ouest et Indo-Européens de l’Est. Britta Verhagen analyse les cycles mythologiques, interprète les représentations rupestres dans une vaste zone géographique qui part de l’Europe Occidentale et s’étend jusqu’en Asie centrale. Elle cherche ainsi à distinguer les acquis culturels et religieux provenant de l’Âge de la Pierre de ceux qui remontent à l’Âge du Bronze et de ceux qui sont plus récents. Pour l’Âge du Bronze, les résultats de ses recherches bouleversent les idées établies : on ne trouve ni ce monothéisme solaire qui se passe d’images anthropomorphiques du divin ni le Valhalla des Vikings avec ses Ases et ses Vanes. L’image centrale de cette religiosité est celle d’un homme jeune, debout sur un char solaire ou dans un esquif dont la figure de proue est un cygne ; il est entouré de femmes vêtues de blanc, ses habits sont bleus, il porte une couronne de rayons lumineux, des boucles d’oreilles en trois éléments, des spirales de bronze sur la poitrine. Cette figure semble faire rayonner autour d’elle une puissante lumière. Elle doit avoir été le symbole, non seulement de l’Europe septentrionale de l’Âge du Bronze mais aussi de contrées plus vastes et d’âges plus proches de nous.

    Le dieu grec Hermès était, à l’origine, un dieu chargé de soutenir le monde comme plus tard en Germanie l’arbre Irminsul ou, ailleurs, les Menhir. Dans un guide pour l’église de Fulda en Allemagne, on lit qu’un type particulier de colonne symbolise le Christ qui porte le cosmos. Britta Verhagen pense pouvoir trouver des analogies entre la religiosité de cet âge immémorial et celle qui subsiste encore de nos jours.

    Le “père sacré” des origines, figure commune à tous les peuples indo-européens, apparaît souvent, en tant que “père tutélaire”, chez de nombreux peuples : c’est Mannus chez les Germains, Manu chez les Arya des Indes, Manes chez les Phrygiens et chez les Égyptiens ; Narmer-Menses, quant à lui, était l’unificateur de la Haute et de la Basse Égypte ; il y avait en outre Minos en Crète. Quant au Christ, dans la Wessobrunner Gebet, il est appelé manno.

    À plusieurs reprises, Britta Verhagen critique la vision conventionnelle de l’ex oriente lux. Elle écrit : « Cette Europe Septentrionale est la seule région où l’on voit surgir les tombes mégalithiques à partir de coutumes funéraires plus archaïques. C’est très vraisemblablement le résultat d’une évolution ininterrompue depuis les pratiques funéraires de l’Âge de la Pierre moyen ». L’archéologue allemande, pour prouver sa thèse, se penche sur les seules cultures mégalithiques encore subsistantes (du moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale) d’Asie du Sud-Est et de Polynésie.

    Le sens, qui préside à l’érection de ces pierres gigantesques, est dérivé d’un culte des morts et des ancêtres. Le mégalithe assure la vie éternelle du défunt. Il est son souvenir tout en étant le mort lui-même, présent dans le paysage sous la forme d’une masse de pierre. Là, très souvent, il reçoit des offrandes de la part de ses descendants. Nous avons hérité de cette pratique d’ériger des pierres tombales. Britta Verhagen scrute attentivement le monde des récits mythologiques : « Un grand nombre de chants de l’Edda sont les restes de drames très anciens qui se lisent comme la structure dramatique d’un texte moderne. Ces textes ont sûrement, jadis, été joués. Ultérieurement, ils sont devenus les “mystères” évoquant la vie, la geste des héros solaires ».

    L’Âge du Bronze Nordique ne connaissait ni le culte d’Odin-Wotan ni celui de Thor. Les signes solaires de Posides (le dieu jeune, cf. supra), avec ses chevaux et ses cygnes, dominent incontestablement la scène. Nulle part, on ne repère la trace des loups et des corbeaux d’Odin. À la suite des migrations successives des Indo-Européens, c’est ce culte du jeune dieu de la lumière et de la justice qui essaime de par le monde.

    Et non celui d’Odin, dieu-loup borgne, chevauchant son coursier à huit pattes, coiffé de son chapeau mou. Odin-Wotan est en fait une divinité hivernale qui fit son apparition, en Europe du Nord, après un formidable bouleversement climatique : quand les hivers rudes et les tempêtes violentes ont houspillé le temps ensoleillé qui régnait auparavant sur le Royaume d’Atlas (un des noms que la figure divine primordiale a reçu dans la mythologie grecque).

    Comment le Nord de l’Europe est-il passé du culte de l’Âge du Bronze à celui des Germains et des Vikings ? Britta Verhagen pense que la transition s’est opérée au moment du retour des Cimmériens (fixés sur les rives de la Mer Noire) vers 500 av. notre ère. Ce retour vers l’Europe Centrale s’est effectué lors d’une détérioration du climat et a provoqué, peut-être, une première mutation consonantique des langues germaniques (ou, plutôt, pré-germaniques). Ainsi, Odin vieillit de 1.000 ans, comme le croit aussi le mythologue danois Dan Hemming, qui voit en Odin la figure divinisée d’Attila, roi des Huns.

    ► Dr. Wollatz, Vouloir n°5, 1984.

    http://www.archiveseroe.eu/age-du-bronze-a118582482