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Axel Rokvam - Les Veilleurs
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Le Salon Beige sur BFM TV
Ces derniers jours, votre blog préféré est passé sur plusieurs chaînes, comme M6 dans l'émission déformante Zone Interdite (sur l'euthanasie), le Grand Journal à sens unique de Canal+, ou là encore sur BFM TV cette semaine :
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Ecologie humaine : une société n’est pas une collection d’individus
Le Courant pour une écologie humaine tient ses premières Assises les 6 et 7 décembre à Paris. Tugdual Derville est interrogé par Famille chrétienne. Extraits :
"[...] L’écologie humaine est la prise en compte de l’homme dans son environnement, de tout l’homme dans toutes ses dimensions (physiques, psychiques, spirituelles) et de tous les hommes, du plus fragile au moins fragile, dans son environnement familial, social, culturel, et physique. C’est prendre soin de l’homme dans son écosystème qui le dépasse. De cette écologie humaine, nous avons bénéficié du seul fait de notre survie. [...] Personnellement, le déclic m’est venu au contact des progrès de la biotechnologie. Ces questions fondamentales sont nées : ne sommes-nous pas en train de redéfinir l’homme, par de nouveaux fantasmes prométhéens, avec la négation de l’altérité sexuelle et la quête de l’immortalité ? Ne devons-nous pas léguer aux générations futures les précieux repères anthropologiques hérités de nos ancêtres ? [...]Quatre cents personnes sont déjà engagées dans des équipes, des milliers de personnes sont abonnées à la newsletter.Et nous attendons beaucoup des Assises. Elles sont très préparées et organisées, mais nous serons sans doute surpris. Ce qui va en sortir nous dépassera ! [...] Pour certains, ces solutions sont simples ; pour d’autres, elles sont radicales. Par exemple, certains dans le groupe agriculture réfléchissent à la perspective de quitter la Pac d’ici quinze ans. Pour échapper, par exemple, à ce système qui veut qu’ils pilotent leur tracteur en fonction des primes qui leur sont « imposées ». [...]
La famille est cet écosystème de base qui est le creuset naturel de notre origine, précieux entre tous, quels que soient les ruptures et les deuils qui ont pu nous marquer.La société, comme une famille de familles, porte cette nécessité de protéger l’être humain dans son environnement, à la fois naturel et culturel. Si la nature de l’homme est d’accueillir sa culture, le défi de l’écologie humaine est d’accueillir l’articulation entre nature et culture. [...]Tout part de la famille, rampe de lancement vers la liberté. Chaque personne naît d’abord d’une interdépendance dans l’engendrement, puis se déploie, jusqu’à prendre sa place, unique, dans la société.C’est le parti pris de l’anthropologie du Courant pour une écologie humaine : une société n’est pas une collection d’individus subissant des normes nationales ou supranationales, mais elle est constituée de personnes interdépendantes dans leur environnement personnel, géographique, d’activité ou de métier. Toute personne a le légitime désir politique de participer à l’édification de la société. [...]
La bienveillance, clé des relations interpersonnelles dans la société, s’apprend d’abord dans la famille avec des parents qu’on n’a pas choisis. La première école de la bienveillance est la famille, l’unité de la personne s’y forme. Certes, nous sommes confrontés à deux visions de la société qui sont incompatibles. Soit l’homme est un loup pour l’homme, soit il est fait pour se donner. [...]
L’un des enjeux majeurs de nos Assises est la production d’initiatives. Pour moi, l’avenir, c’est : l’écologie humaine ou rien. Revenir au réel, à l’être humain, à sa beauté, son déploiement, ses forces et ses limites. Il est précieux d’écouter ceux qui théorisent et d’être éclairés par des témoins. [...]
Jean-Paul II disait que l’éclipse du sens de Dieu et l’éclipse du sens de l’homme sont corrélées. Trouver le sens de l’homme est une des belles manières d’ouvrir la société au sens de Dieu.C’est peut-être ce que Paul VI appelait la « pré-évangélisation », pourquoi pas ? [...]
L’écologie fondamentaliste est trop culpabilisatrice. Nous ne sommes pas adeptes de la décroissance : l’homme est fait pour se développer. Mais nous respectons les adeptes d’une juste frugalité… Nous réfléchissons aussi sur la technologie : est-ce que l’usage des progrès technologiques nous aliène ou nous libère ? C’est à chacun de s’en libérer. Faisons en sorte que cette écologie humanise le progrès, qu’il soit au service de l’homme au lieu d’un progrès qui tourne sur lui-même."
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Avortement euthanasie : une marche pour défendre la vie le 25 janvier
La Marche pour la vie lance sa 10ème édition qui aura lieu le dimanche 25 janvier 2015 à Paris.
"Cette semaine, le parlement, le gouvernement et les médias célèbrent en grandes pompes l’anniversaire d’une loi qui autorise depuis 40 ans en France l’élimination d’enfants avant leur naissance.
Le 25 janvier, la Marche pour la vie est l’occasion pour les citoyens d’exprimer leur révolte de voir leur pays glorifier une loi qui a déjà conduit à la mort de 9 millions d’êtres humains, et à la négation de la valeur de la vie humaine fragile.
Dans les jours à venir, le gouvernement va annoncer soit clairement une loi pour légaliser l’euthanasie, soit insidieusement des modifications de la loi Léonetti sur la fin de vie pour autoriser des gestes euthanasiques. Les déclarations politiques et les rapports préparatoires récents annoncent en effet la mise en oeuvre de la proposition 21 de François Hollande pendant la campagne de 2012.
Cécile Edel, présidente de la Marche pour la Vie annonce que cet enjeu sera au coeur de la mobilisation du 25 janvier. Elle rappelle : « la loi Veil de 1975 a initié un mouvement de déshumanisation en légalisant l’avortement. S’en est suivi un dérèglement bioéthique en cascade, qui détruit à la fois les enfants, les femmes, et la société. Depuis des années on constate ce dérèglement, qui s’est accéléré depuis 2012 : industrie procréatique, manipulation de l’embryon humain, marchandisation du vivant, sélection prénatale. En 2015 cette déshumanisation menace les personnes âgées, malades, handicapées. C’est pourquoi la Marche pour la vie du 25 janvier appelle les citoyens à manifester le dimanche 25 janvier, pour dire non à l’euthanasie et rappeler que le respect de toute vie humaine fonde notre civilisation."
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Les jeux vidéo renforcent le patriotisme de la jeunesse russe
Désormais, le patriotisme est également enseigné aux jeunes russes au moyen de jeux vidéo militaro-historiques. Ce type de divertissement électronique participe à l’éducation des enfants, et rapporte également des revenus substantiels aux concepteurs.
Une balle fuse et se loge dans un sac à proximité d’une pièce d’artillerie, un obus explose dans le ciel, forçant l’avion à virer à droite. Un soldat de l’Armée rouge lance au ralenti une grenade en direction d’un tank nazi. Le tout accompagné par la reprise moderne d’une célèbre chanson du front. Ce clip vidéo La victoire est à nous, une promotion du jeu War Thunder produit par Gaijin, totalise près de 4 millions de vues sur YouTube en l’espace d’un mois. Un indicateur parmi d’autres de la popularité croissante des jeux vidéo militaro-historiques en Russie.
Apprendre l’histoire en jouant
Les jeux vidéo militaro-historiques en ligne constituent l’un des outils les plus efficaces pour faire découvrir aux enfants l’histoire de leur pays. Pratiquement tous les jeux liés à l’histoire remplissent déjà une fonction éducative, explique à RBTH Anton Pankov, directeur des relations publiques de la filiale russe de la société Wargaming, développeur du jeu militaro-historique « World of tanks », populaire tant en Russie qu’à l’étranger.
Durant la période soviétique, cette fonction était remplie par les clubs de modélisme aériens et nautiques DOSAAF (Société volontaire d’assistance à l’armée, l’aviation et la flotte), ainsi que d’autres sports militaro-techniques, explique Sergueï, lieutenant-colonel à la retraite et père d’un jeune de 12 ans passionné de jeux vidéo. Dans ces clubs, les enfants apprenaient à connaître la structure des avions, des navires, apprenaient également à les construire par eux-mêmes, étudiaient l’histoire de l’aviation et de la flotte, en premier lieu celle de leur pays. C’est de cette façon que le patriotisme était enseigné aux jeunes.
Ces derniers peuvent désormais obtenir toutes ces informations grâce aux jeux vidéo. « Nous fournissons aux joueurs des informations uniques sur les équipements miliaires utilisés durant les conflits. Au cours du jeu, nos joueurs se familiarisent avec les véhicules ainsi qu’avec les détails historiques à travers notre site, les réseaux sociaux, les chaînes vidéo », indique Anton Pankov.
Ce dernier reconnaît la présence d’éléments pédagogiques et patriotiques dans les jeux et les initiatives offlines de la société, mais précise toutefois que dans le cadre de ses projets, l’entreprise s’efforce de ne pas se limiter à une vision unilatérale des conflits historiques les plus célèbres (par exemple, la Seconde Guerre mondiale).
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Allemagne : Manif pour tous contre le gender à Hanovre
1 200 personnes ont défilé pour la première fois à Hanovre hier, à l'appel de Demo für alle, la Manif pour tous allemande, contre un programme d'éducation sexuelle dans la droite ligne de la théorie du genre.
La coalition rouge-verte (socialiste et écologiste) du gouvernement fédéral de Basse-Saxe estime en effet que 5 à 10% de la population est homosexuelle, bi, trans ou que sais-je encore, et que par conséquent, elle doit considérer que 5 à 10% des élèves du Land le sont aussi. Aussi envisage-t-elle de ne valider les nouveaux manuels scolaires qu'à condition que ceux-ci prennent en compte "la diversité des identités sexuelles et de genre" et ce, quelle que soit la matière. Elle veut également obliger les écoles à laisser intervenir des militants LGBT devant les élèves. Le Parlement fédéral doit voter la résolution en question mi-décembre.
Comme on peut le voir sur cette photo, la mairie d'Hanovre a jugé bon d'afficher les couleurs LGBT tout autour de la Steintorplatz, où s'est terminée la manifestation :
Il s'agit de la sixième manifestation de ce type en Allemagne, d'autres Länder comme le Baden-Wurtemberg et la Rhénanie du Nord-Westphalie ayant déjà présenté des projets similaires.
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Le Congrès Mondial des Familles
En octobre, les AFC ont organisé une table ronde internationale dans les locaux de l’Église de Notre-Dame de Passy, avec Alexey Komov, ambassadeur du Congrès Mondial des Familles (WCF – world congress of Families) auprès de l’ONU, Jean-Marie Andrès, président des AFC, Guillaume d’Alançon, délégué à la pastorale familiale et en charge de l’académie diocésaine pour la vie du diocèse de Bayonne. Extraits d'un entretien avec Alexey Komov :
"Comment est née l’idée du Congrès mondial des familles ?
Le Congrès existe depuis 1995. Il est intéressant de noter que l’idée d’organiser des rassemblements réguliers des forces saines de la planète a vu le jour à Moscou. En 1995 deux professeurs se donnaient régulièrement rendez-vous dans un appartement à Moscou. Il s’agissait d’Anatoly Antonov, coryphée de démographie russe et familiste, c’est-à-dire défenseur des valeurs familiales, et d’Alan Carlson, professeur américain. Selon eux, après l’effondrement du rideau de fer, les pays occidentaux tout comme les pays de l’Est devraient reconnaître l’existence de problèmes dans les domaines de la protection des valeurs familiales et de la démographie. Depuis lors, le Congrès mondial de la famille s’est déjà réuni sept fois : à Genève, à Prague, au Mexique, en Australie, à Madrid, en Varsovie et à Amsterdam. Et récemment, à Moscou, le congrès s’est réuni le 10 septembre pour la huitième fois au Palais des Congrès du Kremlin. Le soir, un magnifique concert a eu lieu sur la Place des Cathédrales du Kremlin et il me semble qu’il est permis d’y organiser de tels événements seulement une fois tous les dix ans ! Jeudi 11 septembre, des représentants de 45 pays, plus de mille personnes venues de toute la Russie et des pays de l’ex-URSS, se sont réunis dans la cathédrale du Christ-Sauveur. J’estime que tout s’est déroulé à merveille. Nous en sommes très heureux.
Quel est votre mode de fonctionnement ?
Nous travaillons à Genève et à New York pour protéger les valeurs familiales traditionnelles. Heureusement, la Russie est sans doute le seul pays parmi les plus grandes puissances du monde à avoir le courage, la détermination et la rigueur nécessaires pour protéger les valeurs de la famille. Comme vous le savez, les pays occidentaux se dressent unanimement contre ces valeurs, alors que la Russie a notamment contribué à l’adoption de la résolution relative à la nécessité de protéger les valeurs traditionnelles. Elle a d’ailleurs été soutenue par le Proche-Orient, l’Afrique et l’Amérique Latine. Ainsi, la Russie et les pays du tiers monde plaident en faveur des valeurs familiales, alors que les pays occidentaux, européens et l’Amérique du Nord y sont totalement opposés. Voilà une sorte de paradoxe que connaît le monde actuellement.
En France, cela fait déjà deux ans qu’ont lieu les manifestations contre le mariage gay. Qu’en pensez-vous ? Ces manifestations, déboucheront-elles sur des résultats ?
J’ai entendu parler de la « Manif pour tous ». [...] J’espère qu’au bout du compte le bon sens finira par l’emporter, le peuple français se réveillera et comprendra qu’il n’est plus possible de rester serein face aux attaques envers les fondements de l’existence, de la famille, de l’essence même de l’homme. On assiste à des tentatives de destruction de l’homme tel qu’il est créé conformément à l’image de Dieu, et de la famille en tant qu’unité sociale. Tout ceci s’inscrit dans le sillage des idées marxistes, alliées aux idées de Freud. Ce mouvement a donné libre cours aux révolutions sexuelles et aux révolutions de consommation de stupéfiants, qui connaissent une nouvelle forme de développement aujourd’hui.
En Russie, déjà dans les années 1920, nous avons pressenti mieux que d’autres les « plaisirs » qu’apportent ces expériences socio-révolutionnaires, et nous avons développé une certaine immunité à celles-ci. Elle manque à l’Occident d’aujourd’hui et nous aimerions donc partager notre expérience, parler des dangers que représentent les idéologies radicales qui tentent de s’imposer à la société. [...]"
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Le discours conservateur en France est particulièrement dynamique
Gaël Brustier, docteur en sciences politiques, se penche sur La Manif pour tous dans « Le Mai 68 conservateur ». Il répond au Journal de Saône et Loire. Extraits :
"Ceux qui ont manifesté en 2013, et tous les mouvements qui se sont créés, avaient dans l’envie de faire leur contre-mai 68, de combattre son idéologie tout en réutilisant ses codes. On a vu des jeunes qui faisaient des partis de cache-cache avec la police et des rassemblements plutôt joyeux. Mais tout cela s’est fait sur fond d’idéologie conservatrice alors que mai 68 était marqué par le marxisme et un esprit libertaire.
Vous parlez de droitisation de la société et de retour au premier plan de la frange catholique de la population. La Manif pour tous a-t-elle déclenché ce phénomène, ou bien celui-ci était-il déjà présent ?
C’est un phénomène de reconfiguration de long terme. D’abord il y a ce qui s’est passé depuis une quarantaine d’années au sein de la France la plus catholique avec l’émergence des communautés charismatiques : un rapport différent à l’engagement et à la foi est né. Il est très présent chez les jeunes militants de la Manif pour tous.
L’autre phénomène c’est la chute des identités politiques traditionnelles à droite, que ce soit la démocratie chrétienne ou le gaullisme. On note une crise des partis de droite qui peinent à avoir le monopole de la représentation du peuple de droite et plus largement de la France conservatrice. [...]
Sur la question du Mariage, la Manif pour tous a perdu politiquement. Le camp conservateur ne parviendra pas à revenir dessus. Néanmoins, cet objet politique lui a permis de se cristalliser, d’apparaître au grand jour comme un grand mouvement conservateur qui s’occupe de tous les aspects de la vie, de la naissance à la mort. En passant par les sujets de « l’écologie humaine », de l’alimentation, de la fin de vie, de la PMA de la GPA, ou de l’éducation via la théorie du « gender ».
Ce courant peut-il avoir une existence réelle dans les urnes ? Aux Européennes les listes Force vie n’ont fait que des scores confidentiels…
La question de la traduction de la Manif pour tous en partis politiques est caduque. En revanche, l’émergence d’une génération de cadres politiques, de personnes investis dans les champs culturels, intellectuels et médiatiques, qui portent ce message est une réalité. Certains des anciens de La Manif pour tous vont à l’UDI, à l’UMP ou au Front National, où ils diffusent cette pensée conservatrice. Cette tendance était la même après mai 68 mais avec une idéologie inverse.
La communauté de l’Emmanuel et Paray-le-Monial ont selon vous joué un rôle majeur dans l’émergence d’une génération Manif pour tous ?
Il est indéniable que beaucoup des jeunes qui se sont mobilisés pour la Manif pour tous sont passés par Paray-le-Monial. C’est une expérience fondatrice pour eux. La communauté de l’Emmanuel est un important centre de formation et diffuse une pensée authentiquement conservatrice sur la bioéthique. Nombre d’activistes chez les Homen, les Veilleurs, ou autres de ces mouvements, sont passés par Paray-le-Monial. La communauté de l’Emmanuel, comme toutes les communautés postconciliaires charismatiques, est un des moteurs actuels de l’Église de France. C’est d’ailleurs un ancien chapelain de Paray, Monseigneur Rey, qui a le plus travaillé à faire des synthèses qui ont préparé le terrain à la mobilisation des catholiques contre le mariage pour tous. Il y a aussi eu à Paray-le-Monial cette fameuse rencontre de la Toussaint 2012 sur les chrétiens engagés en politique. Sans oublier la figure de Jean-Marc Nesme qui est certes discrète mais qui est très respectée et compte beaucoup chez ces conservateurs. D’une certaine manière, Paray-le-Monial est la capitale de la Manif pour tous.
Peut-on dire aujourd’hui que les idées défendues par la Manif pour tous sont majoritaires dans l’opinion ?
Il faut distinguer l’idée de « majorité dans l’opinion » et les dynamiques culturelles. Aujourd’hui, le discours conservateur en France est particulièrement dynamique. La question c’est : quelle est la capacité de ce mouvement à imposer ces thèmes, à en faire le socle de la discussion de la société française ? Incontestablement depuis deux ans, l’avantage est au côté conservateur. C’est en ça qu’ils ont gagné une victoire culturelle, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont majoritaires dans l’opinion."
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Journal Présent : la révolution
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Cardinal Barbarin : la loi Taubira finira pas être abolie
Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, parraine la neuvaine de prière pour la France, neuf mois à partir du 15 novembre 2014. Il répond à Famille chrétienne :
"Pourquoi est-il important de prier pour la France ? La situation est-elle particulièrement grave ?
N’inversons pas les choses : la prière n’est pas un dernier recours, mais le premier devoir du chrétien. Vous connaissez le passage où Jésus « dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut prier sans cesse et sans jamais se décourager »(Luc 18, 1). Dans les demandes que nous adressons à Dieu, il y a d’abord ce qui est de première nécessité : « le pain de chaque jour », puis l’essentiel (un toit, la santé, le travail…), puis ce à quoi nous sommes le plus attachés (la famille, notre pays, la paix dans le monde…). Nous ne prions pas parce que la situation serait catastrophique, mais par amour pour cette terre, pour cette culture dont nous avons tant reçu.
La foi chrétienne y est présente depuis si longtemps : la France a donné tant de saints, a envoyé tant de missionnaires dans le monde… C’est un pays que de nombreux étrangers admirent. Jean-Paul II au Bourget avait parlé de « la France éducatrice des peuples ». [...] Mais il est vrai que cette prière redouble en période de guerre, de violence ou, aujourd’hui, de grande fragilité. [...]
Revenons à l’urgence de la situation. La comparaison avec les apparitions de L’Île-Bouchard, en 1947, vous semble-t-elle pertinente ?
Depuis 1947, les circonstances ont changé, certes, mais la réaction spirituelle n’est peut-être pas si différente. À l’époque, le pays était bloqué par les communistes. Aujourd’hui, nous sommes face au bouleversement introduit par des lois dites « sociétales ». Nous avons été heureusement surpris du ressort spirituel de la France. Quand la loi autorisant le mariage entre deux personnes de même sexe s’est annoncée en Espagne, nous avons vu un million de personnes rassemblées pour une messe sur une place de Madrid. Nous savions bien que cela n’aurait pas lieu à Paris. Mais nous espérions que ce ne serait pas comme au Portugal, au Canada ou en Belgique… où il n’y a rien eu ! [...]
Ce sursaut est donc d’ordre spirituel ?
Oui, et ce fut, je crois, un sursaut typiquement français. Nous avions beaucoup travaillé sur le plan intellectuel, rassemblant juristes et pédagogues, politiques et médecins, représentants des différentes religions… Le nonce me disait que ça n’avait rien à voir avec ce qu’il avait vu quelques années plus tôt, au Canada. Et tout à coup ont surgi des manifestations gigantesques. On a fait semblant d’ignorer leur impact, mais ce fut une surprise pour tous, pour nous comme pour beaucoup d’autres pays qui regardent la France. Au conclave de mars 2013, les cardinaux de Boston, Munich ou Madrid, me demandaient : « Mais que vous est-il arrivé, en France ? » Ils avaient sans doute l’image d’un pays spirituellement assoupi… Tout le monde alors a pris conscience qu’il y avait, en France, un ressort incroyable !
Même si la loi Taubira est passée, tout n’est pas perdu pour autant. D’ailleurs, le Seigneur ne nous a pas dit que nous gagnerions ; il nous a simplement laissé comme dernière consigne : « Vous serez mes témoins » (Ac 1, 8). Nous avons donné un témoignage, et le message a été bien compris : « Il ne faut pas cette loi pour la France. Vous en avez le pouvoir, mais vous n’en avez pas le droit. C’est un mensonge dont les conséquences seront graves ». C’est le signe que ce pays n’est pas si endormi que cela. Spirituellement, il est bien vivant. Plus qu’on ne l’imaginait !
Est-ce véritablement un témoignage chrétien ? La Manif pour tous se dit aconfessionnelle…
Tout le monde sait que les catholiques étaient la cheville ouvrière de ce mouvement. [...] L’Église, toujours brocardée, reste regardée et, en un certain sens, respectée, qu’elle agisse pour sauver le mariage et la famille ou qu’elle s’occupe des Roms, des SDF et, intensément depuis l’été, des chrétiens d’Orient. Les gens voient la cohérence de son témoignage et de ses engagements. [...] Faut-il se décourager maintenant que la loi Taubira est passée ? Certainement pas ! Notre mission continue. Je ne vais pas m’arrêter d’évangéliser ni de célébrer la messe. Il faut arrêter de penser en termes de stratégie. Jésus ne nous assure pas la victoire. Aux yeux des hommes, sa vie s’est terminée par un échec… Il nous demande de témoigner de la vérité avec amour. [...]
En ce qui concerne la loi autorisant le mariage de deux personnes du même sexe, je ne doute pas que la vérité sera reconnue, et qu’un jour ou l’autre, elle finira par être abolie.Car c’est un mensonge qui en entraîne d’autres, comme de faire croire qu’un enfant peut avoir deux papas ou deux mamans ! Cela s’appelle même un mensonge d’État. [...]"