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tradition - Page 381

  • Nice : lancement du collectif Ahura Basta contre l’insécurité

    Nice : lancement du collectif Ahura Basta contre l’insécurité [MàJ]

    31/01/2013 -12h00
    NICE (NOVOpress) -
    Hier, mercredi 30 janvier dans la soirée, le collectif Ahura Basta, soutenu par les Identitaires, a réuni 80 personnes pour protester contre l’agression de 9 coups de couteau d’un père de famille rue de Orestis. Un père de famille agressé simplement pour son téléphone…

    Le rassemblement s’est déroulé devant l’immeuble où l’homme a été agressé. L’émotion dans le quartier était palpable, et les manifestants ont été applaudis depuis les balcons. Manifestation pendant laquelle Philippe Vardon a notamment pris la parole (photo ci-dessus).

    “Ahura Basta signifie en nissart : ‘Maintenant ça suffit !’, c’est le collectif que nous lançons pour dénoncer l’insécurité grandissante dans les quartiers de Nice et une violence aveugle et lâche qui peut toucher chacun d’entre nous ou nos proches. Ahura Basta, ça signifie aussi, simplement, que nous ne reculons plus !”, a indiqué un de ses membres.

    En effet, malgré les rodomontades et les mensonges de Christian Estrosi, Nice est gravement touchée par l’insécurité puisqu’elle est désormais classée en zone prioritaire de sécurité.

    La vidéo du rassemblement :

    http://fr.novopress.info

  • L'ACTION FRANCAISE EN POINTE, EN PROVENCE : NOTRE PROCHAIN CAFE POLITIQUE DE MARSEILLE AURA LIEU LE SAMEDI 9 FEVRIER

     

    Cafés Politiques de Lafautearousseau

    samedi 9 février 2013., à 18 h 30 précises 

    (Accueil à partir de 18 h)

    ENQUÊTE SUR LA RéPUBLIQUE

    L'EUROPE EN ECHEC :

    QUELLE Europe VOULONS-NOUS ? 

    Nouveau Document Microsoft Office Publisher.jpg

    par Alain BOURRIT 

    Café Simon

    28, cours Honoré d’Estienne d’Orves, Marseille 1er

    Entrée libre. Participation sous forme d'une consommation.

    Renseignements : 06 08 31 54 97

    Possibilité de dîner sur place, après le Café Politique

     

  • [Média] Prospectives Royalistes de l’Ouest

    Le numéro n° 28 du nouveau journal royaliste unitaire centré sur la région ouest BRETAGNE-LOIRE ATLANTIQUE-VENDEE vient de sortir.

    Vous pouvez le télécharger ici

    Vous y retrouverez entre autres, l’intégralité du discours d’Amaury de Perros, délégué du CRAF pour la Loire-Atlantique.

    http://www.actionfrancaise.net

     
  • Quand les députés PS veulent provoquer les catholiques et sont bloqués par les CRS…

    Alors qu’ils avaient, peu après 20 heures, quitté la séance qui se poursuivait à l’Assemblée sur le mariage pour tous, une dizaine de députés PS, accompagnés de leurs assistants et menés par Yann Galut, député du Cher, ont voulu se rendre place du Président Edouard-Herriot (ParisVIIe) où le mouvement Civitas, opposé au projet de loi sur le mariage pour tous, tenait une prière de protestation. Ils ont été stoppés par des CRS assurant l’ordre public autour de la manifestation. Le ton est alors vite monté, les élus prétendant qu’avec leurs badges de députés, ils pouvaient aller partout, et en toutes circonstances…


    Manifestation Civitas : accrochage entre... par leparisien

    http://www.contre-info.com/

  • L'identité française

    Il est souvent dit que s'interroger sur son identité, c'est déjà l'avoir perdue. Dans un contexte de mondialisation et de construction européenne, d'immigration massive que peut encore signifier le fait français ou être Français pour quelqu'un ?

    Samuel Huntington, dans son livre « Le choc des civilisations » écrivait que les deux facteurs les plus importants qui déterminent un individu sont la religion et la race. Pour Marx, c'était la classe sociale donnée par sa position dans le système de production et pour le philosophe Burke, l'identité nationale.

    On constate donc la multiplicité des identités que l'on peut donner à un individu. Dans notre société qui évolue de plus en plus vers un magma de classes moyennes hybrides, la classe sociale semble moins déterminante, d'autant plus qu'on assiste à un allongement de la durée de la scolarité pour tous. Savoir et classes sociales sont moins corrélés. Les autres facteurs (religion, race, identité nationale ou régionale, ... ) se renforcent par contrecoup.

    Cette vision de l'identité est historisante et a changé au cours des siècles et même des quarts de siècle. De Gaulle qui n'est quand même pas si éloigné avait une vision ethnique de son « cher et vieux pays ». Le dénouement de la guerre d'Algérie a en grande partie été lié à son refus de mélanger les Français de métropole et les Arabes d'Algérie.

    L'article de Max Gallo pour définir l'identité nationale est effrayant de politiquement correct et de négation de l'identité française. Toute conception charnelle d'un peuple français millénaire est niée ainsi que toute historicité comme si cela était sale.

    Il fait fi du jus sanginii qui existe pourtant dans le droit français pour considérer comme français ceux nés à l'étranger de parents français (de Giscard en Allemagne à Dominique de Villepin et le général Morillon au Maroc... ). L'idée d'une filiation par le sang semble heurter Max Gallo. La définition de l'identité française dans son article est une définition ad hoc faite pour incorporer tout nouvel immigré avec quand même cette «petite» peur d'un Islam radical en insistant sur l'égalité des femmes et la laïcité.

    Définir un français par l'école comme le répétait à l'envie aussi François Mitterrand revient à dire que l'on devient français par réception d'un savoir aseptisé contrôlé idéologiquement par un Ministère d'Etat. C'est nier tout le savoir et la façon d'être transmis par la vie, la famille, le village ou la petite patrie provinciale. La laïcité n'est que la néantisation de toutes les croyances qui existent «naturellement» chez tout individu. La laïcité n'est pas une valeur, mais un vide créé de façon artificielle pour éviter momentanément des conflits dans un lieu donné. Il ne faut pas «sacraliser» la laïcité comme le font les laïcards. En définissant la laïcité comme un pilier de l'identité, on gomme aussi avec bonne conscience tous les antagonismes religieux qui de développent dans la société française et qui seront un jour source de conflits.

    Le seul élément qui possède une historicité donné par Max Gallo est la langue. Tous les autres points pourraient être appliqués Ii tout le monde et à personne. Le Français est devenu un fantôme juridique.

    Créer un arrière monde constitué d'abstractions est certes une maladie bien française. L'identité française est avant tout liée à son Histoire. La France a été la jonction du monde celte, gréco-latin et du monde germanique. Dans le christianisme, il y a aussi la Grèce et Rome. Toute notre culture a été façonnée et transmise de génération en génération et nous en sommes les porteurs, parfois malgré nous.

    Le plus grand porteur de cette culture est bien sûr ce peuple français qui a traversé les siècles et les guerres. Il n'y a certes pas de «race» française. Même Maurras, ce penseur du nationalisme français en convenait dans son honnêteté et sa rigueur intellectuelles. « Ce pays n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines ». Il écrit bien les races et non la race à la différence des nationalistes allemands qui se sont pensés comme une race.

    Le professeur Dupâquier soutenait la thèse que la population française jusqu'au XXème siècle n'avait guère changé depuis le néolithique, les invasions celtiques et germaniques n'auraient été dans le fond qu'assez minimes (le type physique français serait donc plus Poulidor (ou Pompidou) qu'Anquetil !).

    Barrès insistait aussi sur l'historicité d'une nation ou d'un peuple : « Aux sources les plus intimes du « moi », ce sont les grandes forces issues du passé que l'on se trouve contraint de reconnaître ».

    En termes heideggériens, l'identité nationale est celle d'un être jeté dans une nation et dans le même temps la volonté affirmée d'un être-au-monde-ensemble. Il y a à la fois un déterminisme à la Barrès et/ou un volontarisme à la Renan. L'identité française ne se réduit pas à une définition juridique qui ne fait en fin de compte que la néantiser.

    Patrice GROS-SUAUDEAU
    Statisticien - économiste

  • Les rassemblements du 2 février

    Au lendemain de la manifestion ouvertement catophobe des partisants du "mariage pour tous" et du refus du président "normal" d’écouter la voix du "pays réel" , l’association "La manif pour tous" a décidé de continuer la mobilisation et apelle les français à se rassembler dans tous les grande villes de France le samedi 2 fevrier à 15h00.

    L’Action française apelle ses sympathisants et adhérants a rejoindre ces rassemblements. Pour les parisiens, rendez-vous à 15h00 près de l’Assemblée Nationale - Place Edouard Herriot

    Pour voir les lieux de rassemblement.

    http://www.actionfrancaise.net

     
  • Prières de rue : la gauche s’offusque…contre Civitas

    blog+-mariage+pour+tous-civitas.priere+de+rue.jpgL’Institut Civitas a appelé à une veillée de prières devant l’Assemblée nationale, à l’occasion du premier jour de débat sur le texte de loi proposant le « mariage » homosexuel. Civitas juge en effet que « la prière est l’arme la plus puissante contre les forces du mal » et ce projet « contre-nature« .

    De quoi susciter l’ire des professionnels de l’indignation : « Cette action est illégale car elle va à l’encontre de la loi visant à faire interdire les cérémonies religieuses dans les rues. Elle est antirépublicaine car en venant prier devant l’Assemblée Nationale, maison de la République, les organisateurs heurtent de plein fouet la laïcité« , expliquent effectivement, dans un communiqué, la Gauche forte menée par le député PS Yann Galut et la sénatrice PS Patricia Schillinger.

    Ah, cette sacro-sainte laïcité qui devient paradoxalement une religion, avec ses prêtres, ses thuriféraires, ses dogmes, et son Inquisition… Au dessus de la République, aucun ciel métaphysique, aucun principe supérieur : le législateur, voilà la nouvelle divinité qui fixe les limites du bien et le mal ! « La loi est l’expression de la volonté générale » nous expliquait déjà Rousseau en enracinant ainsi la légitimité de la loi dans l’arbitraire de la volonté humaine. Tout ce qui est légal devient alors légitime.

    Ainsi, s’adressant à l’État, l’extrême gauche poursuit son communiqué et demande alors « au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, de prendre toutes les initiatives nécessaires afin d’interdire ce rassemblement qui n’est pas conforme à la loi« . Curieusement, il est tout de même des prières de rue que la gauche veut absolument abolir : mais seulement lorsqu’elles sont faites dans la religion de leurs ancêtres. Les religions de substitution, étrangères à notre histoire et à notre culture, sont en revanche les bienvenues. Tout ce qui permet en effet d’effacer le passé, de confisquer la mémoire et d’occulter l’histoire en se substituant à l’héritage reçu, est facteur d’émancipation… et donc de progrès. Débarrassez-nous donc de nos racines, nous voulons venir de nulle part ! Pôv’gens ! Des orphelins…

    JdR http://www.contre-info.com/

  • Pour en finir avec l’occident

    « Cette Europe qui, dans un incalculable aveuglement, se trouve toujours sur le point de se poignarder elle-même, écrit Martin Heidegger dans son Introduction à la métaphysique, est prise aujourd’hui dans un étau entre la Russie d’une part et l’Amérique de l’autre. La Russie et l’Amérique sont, toutes deux, au point de vue métaphysique la même chose : la même frénésie de l’organisation sans racine de l’homme normalisé. Lorsque le dernier petit coin du globe terrestre est devenu exploitable économiquement (…) et que le temps comme provenance a disparu de l’être-là de tous les peuples, alors la question : “Pour quel but ? Où allons nous ? et quoi ensuite ?” est toujours présente et, à la façon d’un spectre, traverse toute cette sorcellerie ».

    Dans les campagnes françaises, on ne danse plus la gigue ou la sardane les jours de fête. Le juke-box et le flipper ont colonisé les derniers refuges de la culture populaire. Dans un collège allemand, un garçon de dix-huit ans achève de crever d’overdose, recroquevillé au fond d’une pissotière. Dans la banlieue de Lille, trente Maliens vivent entassés dans une cave. À Bangkok ou à Honolulu, vous pouvez, pour cinq dollars, vous envoyer une fillette de quinze ans. « Ce n’est pas de la prostitution puisque toute la population le pratique », précise une brochure touristique américaine. Dans la banlieue de Mexico, une firme américaine de production de skate-board licencie une centaine d’ouvrières. Houston estime qu’il est plus rentable de s’installer à Bogota…

    Tel est le visage hideux de la civilisation qui, avec une logique implacable, s’impose à tous les continents, arasant les cultures sous un même mode de vie planétaire et digérant les contestations socio-politiques des peuples qui lui sont soumis dans les mêmes habitudes de mœurs (standard habits). À quoi sert, en effet, de crier « US go home ! » si on porte des jeans ? Pour Konrad Lorenz, cette civilisation a trouvé pire que l’asservissement ou l’oppression : elle a inventé la « domestication physiologique ». Et plus efficacement que le marxisme soviétique, elle réalise une expérience sociale de fin de l’histoire. Avec pour objectif d’assurer partout le triomphe du type bourgeois, au terme d’une dynamique homogénéisante et d’un processus d’involution culturelle.

    Cette civilisation dans laquelle les peuples d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine sont aujourd’hui englués, il nous faut bien la désigner par son nom : c’est la civilisation occidentale.

    La civilisation occidentale n’est pas la civilisation européenne. Elle est le fruit monstrueux de la culture européenne, à laquelle elle a emprunté son dynamisme et son esprit d’entreprise, mais à laquelle elle s’oppose fondamentalement, et des idéologies égalitaires issues du monothéisme judéo-chrétien. Elle s’accomplit dans l’Amérique qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale, lui a donné son impulsion décisive. La composante monothéiste de la civilisation occidentale est d’ailleurs clairement reconnaissable à son projet, identique en substance à celui de la société soviétique : imposer une civilisation universelle fondée sur la domination de l’économie comme classe-de-vie et dépolitiser les peuples au profit d’une « gestion » mondiale.

    Il convient dès lors de distinguer la civilisation occidentale du système occidental, celui-ci désignant la puissance qui entraîne l’expansion de celle-là. Le système occidental ne peut en outre être décrit sous les traits d’un pouvoir homogène et constitué en tant que tel. Il s’organise en un réseau mondial de microdécisions, cohérent mais inorganique, ce qui le rend relativement insaisissable et, partant, d’autant plus redoutable. Il regroupe notamment les milieux d’affaires de l’OCDE, les états-majors d’une centaine de firmes transnationales, un fort pourcentage du personnel politique des nations « occidentales », les sphères dirigeantes des « élites » conservatrices des pays pauvres, une partie des cadres des institutions internationales, et la plupart des rouages supérieurs des institutions bancaires du monde « développé ».

    Le système occidental tient son épicentre aux États-Unis. Il n’est pas d’essence politique ou étatique, mais procède par mobilisation de l’économie. Négligeant les États, les frontières, les religions, sa « théorie de la praxis » repose moins sur la diffusion d’un corpus idéologique ou sur la contrainte que sur une modification radicale des comportements culturels, orientés vers le modèle américain.

    Mais qui pense « Occident » pense aussitôt « Tiers-Monde ». On dit que c’est Alfred Sauvy qui a créé ce terme, peu après la conférence des pays non-alignés à Bandoeng, en 1955. Mais le Tiers-Monde existe-t-il ?

    Le léninisme soviétique a en réalité conçu le concept de Tiers-Monde bien avant que le terme n’existât. Dans L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916) Lénine fonde la doctrine qui inspire plus que jamais la politique étrangère de l’Union soviétique : utiliser les pays pauvres comme masse de manœuvre contre le capitalisme mondial, les rendre objets de l’histoire de la révolution. Identique en cela au libéralisme occidental, l’idéologie léniniste subordonne l’indépendance des peuples à son projet universaliste. Le léninisme, qui est un occidentalisme en creux, n’envisage pas l’altérité nationale et ne conçoit le nationalisme des peuples non-européens que comme un instrument provisoire au service du même projet que celui de l’occidentalisme : une civilisation mondiale homogène et fondée sur l’économie.

    Karl Marx lui-même annonce du reste cette parenté entre le léninisme et le libéralisme occidental. Dans The British Rule in India et dans The Future Results of British Rule in India (1853), il se félicite de ce que « la domination britannique ait complètement démoli le cadre de la société indienne » et que « cette partie du monde, jusque là restée inférieure, soit désormais annexée au monde occidental ». Car il n’est de pire obstacle pour le « socialisme », que les sociétés traditionnelles. Georges Marchais n’a-t-il pas dit que c’était pour abolir le droit de cuissage que l’armée soviétique avait envahi l’Afghanistan ?

    Le Tiers-Monde engloberait-il alors tous les peuples qui, renonçant à leur identité culturelle propre, porteraient leur candidature à l’occidentalisation, comme les prolétaires à l’embourgeoisement ? Au besoin en nourrissant un ressentiment contre leur modèle ? La force du système occidental, objectivement complice en cela du projet léniniste, c’est de savoir que le désir d’assimilation l’emporte toujours sur le ressentiment : le Tiers-Monde ne le menace pas.

    Pour le Vénézuélien Carlos Rangel, « l’essence du tiers-mondisme n’est ni la pauvreté ni le sous-développement », mais « un mécontentement qui n’empêche ni un mode de vie à l’occidentale, ni même une richesse tapageuse » (« Pourquoi l’Occident est en train de perdre le Tiers-Monde », in Politique internationale, printemps 1979). Pour Carlos Rangel, « appartiennent au Tiers-Monde les peuples qui, quoique très dissemblables, partagent le même sentiment profond d’aliénation et d’antagonisme envers les pays non-communistes ayant réussi, et qui se trouvent par rapport à ces derniers dans une position analogue à celle de populations de couleur dans une société où le pouvoir est entre les mains des Blancs ».

    Ces peuples, poursuit Carlos Rangel, ne se sentent pas « membres fondateurs du club qui s’appelle civilisation occidentale ». Même le Japon ou l’Espagne, et à la limite la France, « ne seront jamais aussi intégrés dans la société capitaliste occidentale que la Nouvelle-Zélande qui appartient culturellement à la source où le capitalisme a puisé son impulsion », à savoir « l’hégémonie anglo-saxonne instaurée par l’Angleterre et dont les États-Unis ont pris le relais ». Carlos Rangel ajoute : « Le moindre défaut d’identification à la source première des idées et au siège actuel du pouvoir est inexorablement cause d’anxiété et d’insatisfaction nationales ».

    L’appartenance au Tiers-Monde ou à la civilisation occidentale demeure donc un fait culturel.

    C’est la planète entière qui vit donc un complexe d’identification. Comme l’égalité toujours proclamée et jamais atteinte, le modèle occidental recèle une logique de l’aliénation. La civilisation occidentale se présente explicitement comme un ensemble purement économique dont le principal critère d’appartenance serait le niveau de vie, mais implicitement, cette civilisation se donne une structure hiérarchisée à deux niveaux culturels : les membres du « club » et les « autres », qui ne seront jamais que des demi-occidentaux et qui n’entreront jamais dans le « club ». Pourquoi ? Parce qu’ils n’appartiennent pas au monde anglo-américain, qui se pense lui-même comme l’épicentre de l’Occident.

    Aussi la civilisation occidentale, du fait de sa dominante anglo-américaine, rejette elle-même toute identification à la culture européenne, notamment en raison des composantes latines, germaniques, celtiques ou slaves de cette dernière. Mais cette dichotomie peut être poussée plus loin encore : dans la mesure où la civilisation occidentale exprime pleinement le projet américain et où l’Amérique s’est construite sur un refus de l’Europe, l’essence de la civilisation occidentale, c’est la rupture avec la culture européenne, dont elle se venge d’ailleurs en la digérant par ethnocide culturel et par neutralisation politique.

    Le néo-colonialisme occidental, tel qu’il se manifeste dans toutes les parties du monde, de l’Irlande à l’Indonésie, s’appuie essentiellement sur l’idéologie libérale américaine, laquelle s’est imposée aux organisations internationales. On n’en finirait pas de citer les peuples dont les formes propres de souveraineté ont été détruites au profit d’une « démocratie » destinée à intégrer ces peuples à l’ordre économique occidental et marchand. Le néo-colonialisme a institué la pire des dépendances et assassiné la première de libertés, celle qui consiste, pour un peuple, à se gouverner selon sa propre conception du monde. Et ce sont les bourgeoisies locales, formées par l’Occident, qui se font l’instrument de cette dépossession politico-culturelle1.

    C’est sur l’idée même de développement économique du Tiers-Monde qu’il convient enfin de porter le soupçon. Cette notion présuppose en effet que les peuples du Tiers-Monde doivent nécessairement suivre le chemin de l’industrialisation occidentale. Or cela concorde singulièrement avec le souhait libéral de division internationale du travail et de spécialisation économique des zones, indispensable au capitalisme moderne de libre-échange planétaire. Et qui, sous des camouflages doctrinaux et humanitaires (le « droit au développement ») prône ainsi l’industrialisation du Tiers-Monde ? Ceux qui défendent les intérêts d’un système économique auquel un commerce industriel mondial en croissance est aussi nécessaire que l’eau de mer tiède pour les bancs de maquereaux2.

    À plusieurs reprises, François Perroux a montré que le « niveau de vie global » des pays « en voie de développement » que l’on considère comme étant déjà presque développés, était moins élevé que celui qui était atteint dans les sociétés traditionnelles. Inversement, les pays les plus pauvres ou les zones les moins industrialisées connaissent un « niveau de vie » réel supérieur à ce que les chiffres de l’OCDE peuvent laisser croire3. Et jusqu’à présent, les États-Unis ont été les seuls véritables bénéficiaires de l’industrialisation de l’Asie, de l’Afrique ou de l’Amérique du Sud.

    Mais il ne faut pas se leurrer, l’industrialisation de la planète est irréversible. La part de consommation de l’Asie ou de l’Amérique latine ne cesse de croître. En revanche, c’est la forme de cette industrialisation, libre-échangiste et soumise au modèle de développement occidental, qui doit être critiquée. Dans la mesure où toutes les structures industrielles se ressemblent, les modes de consommation s’uniformisent et s’américanisent. En outre, si cette forme d’industrialisation est un facteur de « développement » pour certains pays, elle est la cause de déséquilibres graves et de sous-développements pour beaucoup d’autres : « Les quatre cinquièmes des exportations industrielles des pays neufs, écrit Jean Lemperière, proviennent de neuf pays : les quatre pays ateliers d’Extrême-Orient, l’Inde, les trois grands pays d’Amérique latine et Israël » (Le Monde, 22 janvier 1980).

    Enfin, une économie industrielle mondialisée s’avèrera d’une extrême fragilité face aux crises par le réseau de dépendances qu’elle tisse entre les nations.

    En regard, les idéologies « ethno-nationales » peuvent parfaitement aider certains peuples à se libérer du néo-colonialisme occidental. Ces idéologies sont apparues en Europe dès le début du XIVe siècle4 et s’opposaient déjà à un universalisme redoutable, celui du pouvoir ecclésiastique. Elles appelaient à la constitution d’un État laïc coïncidant avec la nation et se référaient au mythe mobilisateur de l’imperium romain antique. Reprises par Fichte et Herder au XVIIIe siècle, les idées ethno-nationales aboutirent à une contestation radicale des idéologies universalistes et individualistes, et elles jouèrent un rôle important dans les mouvements de libération nationale, au XIXe et au XXe siècles.

    C’est du reste grâce à l’idéologie nationaliste que les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique ont pu se mobiliser contre le colonialisme. Aujourd’hui, c’est encore l’ethno-nationalisme qui, seul, pourra briser le carcan du néo-colonialisme occidental (ou soviétique). « Il y a eu adaptation, écrit Marcel Rouvier, du modèle idéologique européen ethno-national parce qu’il correspondait aux exigences de la situation du Tiers-Monde au XXe siècle », et le succès de cette idéologie est prévisible « avec le déclin de l’universalisme marxiste qui était resté son seul concurrent sérieux ». Pour Rouvier, le thème majeur du combat ethno-national est « le développement des idées de quête essentielle de l’identité comme ressort principal de l’histoire, de permanence d’un fondement qui est la transmutation du Volksgeist romantique, de légitimité profonde d’un nationalitarisme sain ».

    Au Mexique, pays mis en coupe réglée par les États-Unis, c’est ainsi que l’on assiste à l’édification, par l’État et par le peuple, d’un nationalisme original, fondé sur la régénération d’une conscience historique qui retrouve ses fondements spécifiques dans les cultures indiennes. Un peuple nouveau se crée ainsi, libéré de l’histoire « occidentale » et pensant son destin à partir d’une re-création de son passé. Belle leçon pour nous, Européens, qui, au-delà de cet « occident chrétien » dans lequel nous ne pouvons plus nous reconnaître, devons aussi repenser notre destin en retrouvant les fondements spécifiques de notre culture, en édifiant un mythe indo-européen.

    En Afrique, l’adaptation de l’idéologie ethno-nationale a également réussi, mais sous une forme moins politique et historique que tribale et communautaire : « La valeur de la culture africaine n’est pas liée à certains fantasmes ou à des complexes refoulés devant les canons de la beauté grecque », dit, non sans malice, le cinéaste sénégalais Sembène Ousmane (Jeune Afrique, 19 septembre 1979). La recherche de l’authenticité, le choix des patronymes et le retour aux coutumes patriarcales traditionnelles, combattues par le christianisme et les Nations Unies, ne peuvent faire sourire que les imbéciles et les salauds.

    Quant au nationalisme islamique, il constitue le plus heureux camouflet jamais infligé à l’utopie civilisatrice du modèle américain. Il remet en cause l’idée occidentale de croissance marchande et de primat du développement économique, tout en rejetant le marxisme, justement considéré comme facteur de déculturation et, accessoirement, comme instrument du néo-colonialisme soviétique.

    C’est également grâce à l’éveil d’une conscience nationale que la Chine a pu atténuer l’effet massificateur du marxisme, et opérer ainsi un syncrétisme probablement positif entre les idées venues de l’Ouest et la poursuite de son destin de peuple-continent. Elle a su adapter ses structures culturelles ancestrales de souveraineté et constituer, « en comptant sur ses propres forces », une puissance historique indépendante du magma occidental comme du bloc soviétique. Ce n’est pas sans bonnes raisons que la Chine ressent le besoin de ne plus mener seule le rôle d’acteur de l’histoire, face aux deux grands universalismes, l’Occident américain et le « soviétisme » russe. Dans ce jeu à trois où elle ne peut s’allier qu’à son contraire – hier l’Union soviétique, aujourd’hui les États-Unis – elle a besoin que lui vienne un acteur-partenaire. C’est pourquoi, elle en appelle à l’Europe, l’incitant à sortir de sa léthargie, à rentrer dans l’histoire, à reconquérir sa liberté.

    Comme la Chine s’est libérée du « soviétisme », l’Europe doit en effet se libérer de l’Occident et se réapproprier les idéologies ethno-nationales qu’elle a suscitées.

    Se libérer de la civilisation occidentale, c’est commencer par douter de l’idée de solidarité du bloc occidental imposée à l’Afrique comme à l’Europe ou au Japon. Car il faut bien distinguer, en géopolitique, les solidarités factuelles et les solidarités réelles, c’est-à-dire à la fois souhaitables et conformes aux intérêts historiques des peuples mis en cause. L’Occident et le bloc soviétique ne constituent que des ensembles de solidarité factuelle. La Pologne ou l’Allemagne fédérale, comme le Chili ou l’Afghanistan, ne sont pas insérés à des ensembles de solidarité réelle.

    Or la gauche « tiers-mondiste » et la droite « occidentaliste » renforcent, par les concepts institués par leur vocabulaire idéologique, ce statu quo mondial de blocs de solidarité factuelle. Une nouvelle géopolitique commence par de nouvelles définitions.

    L’Occident ou le Tiers-Monde doivent disparaître en tant que concepts géopolitiques. Parlons de l’Europe, des États-Unis, de l’Amérique Latine, de l’Union soviétique ou de l’Inde. Il faut repenser le monde en termes d’ensemble organiques de solidarité réelle : des communautés de destin continentales, des groupes de peuples cohérents et « optimalement » homogènes de par leurs traditions, leur géographie, leurs composantes ethno-culturelles.

    « La nation, écrit François Perroux, réalité vivante et dynamique, devient l’une des sources d’énergie essentielle pour restructurer la société mondiale et son économie (…). Les terriens se coagulent en nations armées, en empires, en communautés hésitantes et tentent économiquement de former des régions de nations (Bertrand Russel). Ces rassemblements s’en trouvent – ni clos, ce qui est impossible, ni accueillants sans réserve (…). Dans ces associations de nations, il faudra des projets collectifs d’infrastructure, d’investissement, de diffusion des produits et des revenus. C’est dans la mesure où les nations, témoins et défenseurs des peuples, favoriseront cette déconcentration des pouvoirs économiques et cette décentralisation de leurs effets, que s’ébauchera une certaine réciprocité dans le développement qui ne se construit pas spontanément par le jeu des intérêts privés » (Le Monde de l’économie, 9 octobre 1979).

    Ces associations de nations sont géopolitiquement possibles, et elles briseraient le cadre économico-stratégique actuel. Chaque grande région planétaire pourrait ainsi voir coïncider dans son espace de vie une relative parenté culturelle, une communauté d’intérêts politiques, une certaine homogénéité ethnique et historique, et des facteurs macro-économiques qui rendent possibles à terme un développement autonome sans recours à la mendicité internationale5. Un nouveau nomos de la terre, pour reprendre l’expression de Carl Schmitt, pourrait ainsi voir le jour, fondé sur une société de communautés et non plus sur une pseudo communauté de sociétés.

    Mais les cultures, dira-t-on, ne pourront plus communiquer entre elles. C’est exactement l’inverse qui est vrai. En communiquant entre elles par le référent commun qu’est la civilisation occidentale, les cultures établissent en réalité une pseudo communication. Ce référent commun aliène en effet la personnalité de celui qui l’utilise. Le signifiant (le langage culturel occidental) se substitue au signifié (la culture locale qui tente de s’expliquer par le langage occidental). Bref, les peuples se connaissent de plus en plus mal, les cultures ne communiquent plus et ne parviennent plus à s’enrichir parce qu’elles utilisent un espéranto infra culturel qui appartient à tout le monde et à personne.

    Communiant dans les mêmes mœurs linguistiques, vestimentaires, alimentaires, etc., les hommes ne peuvent plus percevoir les spécificités des autres hommes, quand celles-ci existent encore. Un Italien en Thaïlande va utiliser l’anglais, descendre dans un hôtel international et ne verra des mœurs thaïlandaises qu’un folklore marginalisé. S’il se rend en Afrique, les Africains qu’il côtoiera seront des « costards-trois-pièces-attaché-case », selon la savoureuse expression du juriste ivoirien Badibanga. Que connaîtra-t-il de l’homme africain ?

    À l’inverse, quand Marco Polo vint en Chine, la communication fut réelle et féconde malgré l’absence de référent commun, et l’influence de la culture chinoise notable par la suite en Europe. Les cultures sont incommensurables, elles ne peuvent se comprendre de l’intérieur, mais elles peuvent s’influencer « sur les franges » et tirer profit des contacts, non des mélanges. L’idée d’interpénétration des cultures, ou l’illusion mécaniste d’une somme universelle du « meilleur » des cultures, idée défendue notamment par Léopold Senghor, ne peut aboutir qu’à l’appauvrissement de toutes les cultures, qu’au renforcement du langage infra culturel occidental. Langage aliénant parce qu’il ne repose sur le support anthropologique d’aucun peuple, et qu’à ce titre, il ne véhicule aucun sens.

    Pour Martin Heidegger, le terme d’occidental ne traduit pas l’essence de l’Europe. Il préfère employer ce mot énigmatique, l’hespérial, pour qualifier l’essence de la modernité européenne ou, plus exactement, son possible devenir, sa virtualité. L’avènement de l’hespérial suppose alors, en Europe, la mort de l’Occidental.

    1. Il n’y a pas de « monde blanc »
    Toutes les idéologies dominantes opposent, dans leur discours, le Tiers-Monde et l’Occident. Quels que soient les critères pris en compte, les définitions fonctionnent toutes selon le même principe d’exclusion.

    Le christianisme fut ainsi le premier à opposer infidèles et croyants, perpétuant pendant des siècles cette vision manichéenne du monde. Au XVIIIe siècle, le bon sauvage a beau connaître une existence paradisiaque, il n’en demeure pas moins un « sauvage » que les philosophes opposent cette fois au civilisé. Inversant cette proposition, le rationalisme distingue à son tour les peuples occidentaux civilisés des peuples non-civilisés. Dans leur analyse de la croissance économique, les théories libérales ne font, elles aussi, qu’opposer l’Occident développé au Tiers-Monde en voie de développement.

    Qu’elles soient de droite ou de gauche, progressistes ou réactionnaires, les idéologies occidentalistes restent soumises à cette logique manichéenne. L’occidentalisme nie l’identité de l’Autre, qu’il perçoit d’abord comme un non-chrétien, non-civilisé ou non-développé… Sans s’imaginer que cet Autre puisse être tout simplement lui-même.

    Ce refus de l’altérité relève d’une démarche essentiellement raciste. Implicitement c’est toujours le monde blanc que l’on oppose au monde de couleur.

    La notion même d’Occident est en fait le produit d’une idéologie et ne recouvre aucune réalité géopolitique, culturelle et même économique (où classer l’Argentine, pays blanc en voie de sous-développement, ou le Japon, pays de couleur hyper développé ?).

    Les mots ne sont pas neutres. Le concept d’Occident piège celui qui l’emploie. Parler d’Occident, c’est à la limite reconnaître son existence et admettre la logique qu’il véhicule. C’est adopter implicitement l’idéologie dont il est le produit.

    2. La décolonisation est à refaire
    L’occidentalisation de la planète est-elle, comme on l’affirme généralement, la conséquence historique du colonialisme européen ? Très répandue dans les milieux progressistes, cette thèse n’apparaît que partiellement vraie. Le colonialisme européen, tel qu’il s’est manifesté du XVIe au XXe siècle, doit être, en effet, clairement distingué du néo-colonialisme occidental qui lui a succédé.

    Le colonialisme européen traditionnel traduisait une volonté hégémonique et impériale, qui n’impliquait pas nécessairement la destruction des valeurs du colonisé. Mais à partir du XIXe siècle, le colonialisme européen fut également l’expression d’une volonté « civilisatrice » issue de l’universalisme philosophique du siècle des Lumières et d’un égalitarisme qui devait pousser le colonisateur à assimiler le colonisé et à le déposséder de ses valeurs.

    En condamnant, au nom d’une morale humaniste et messianique, la volonté hégémonique et impériale des puissances européennes, les États-Unis contribuèrent de façon décisive au démantèlement des empires coloniaux. Non pour libérer les peuples colonisés, mais pour substituer à l’ordre colonial traditionnel, d’essence politique, un néo-colonialisme qui n’aurait retenu du colonialisme que la volonté « civilisatrice ». Ainsi, « occidentalisé », le néo-colonialisme n’a fait que radicaliser les menaces que faisait peser l’ancien colonialisme européen sur l’identité des peuples colonisés.

    C’est ainsi que des peuples qui avaient jusqu’alors échappé à l’influence coloniale européenne se trouvèrent irrésistiblement soumis au néo-colonialisme occidental, sans que ces peuples pussent réagir.

    Comment, en effet, se révolter contre un réseau d’influence qui englobe les bourgeoisies locales, les multinationales, les milieux d’affaires, etc. ? Quand un maître est visible, on peut le désigner comme ennemi et s’en affranchir, mais le néo-colonialisme soumet les peuples à un « système de vie », et non plus au pouvoir politique d’une autre nation, comme dans le colonialisme européen traditionnel. Comment combattre un colonisateur fantôme ? La réponse s’impose : la « néo-décolonisation » sera métapolitique et culturelle.

    3. Quand l’Occident a oublié la Grèce
    C’est dans « La Parole d’Anaximandre », texte exégétique d’un fragment du philosophe présocratique, que Martin Heidegger introduit le concept d’Abend-Land. Il l’oppose à Abendland (Occident) et, dans la traduction de Wolfgang Brockmeir, Abend-Land a été très heureusement rendu par « Hespérie » et « hespérial ».

    L’Hespérie, c’est, comme l’indique la racine grecque, la terre du couchant. Mais il ne désigne pas l’Ouest, ni les régions occidentales du monde, mais bien plutôt un projet d’organisation du monde qui marquerait le couchant, c’est-à-dire l’accomplissement d’une vue-du-monde aurorale exprimée au VIIe siècle avant notre ère par le premier penseur européen.

    Heidegger écrit : « Commence l’événement le plus vaste, l’oubli de l’être, celui dans lequel l’Histoire hespériale du monde advient et se décide ». Pour Heidegger, l’homme européen a été tour à tour « grec », « chrétien », « moderne », « planétaire » ou encore « occidental » ou « américain ». Il peut aujourd’hui devenir « hespérial ».

    « L’antiquité qui détermine la parole d’Anaximandre, écrit encore Heidegger, appartient au matin de l’aurore de l’Hespérie (…) Si nous persistons si obstinément à penser la pensée des grecs comme les Grecs ont su la penser, ce n’est pas pour l’amour des Grecs ; c’est pour retrouver ce Même qui en des guises diverses concerne les Grecs et nous concerne historialement. C’est cela, qui porte l’aurore de la pensée dans le destin de l’hespérial. C’est conformément à ce destin que les Grecs deviennent seulement les Grecs, au sens historial. Le destin attend ce que devient sa semence ».

    L’hespérial représente en même temps la fin, le couchant de la tradition métaphysique grecque, et le début virtuel d’un autre cycle qui accomplirait la pensée grecque à un autre niveau, celui de la volonté-de-puissance auto-consciente. L’hespérial est donc à la fois un recommencement, un retour profond à l’aurore, c’est-à-dire à la conception grecque du monde, et une rupture avec l’occidental qui, lui, a oublié la Grèce.

    Revenir en Hespérie, pour nous Européens, consisterait alors à accomplir notre volonté-de-puissance en tant qu’Européens, conscients de notre filiation grecque, et non plus en tant qu’Occidentaux oublieux de cette filiation. L’Hespérial, c’est l’Européen qui redevient conscient qu’il est Grec, et qui pour cela rejette l’Occident comme non-grec, en finit avec l’oubli de lui-même, aura « médité le désarroi du destin présent du monde », et voudra consciemment accomplir la vue-du-monde grecque.

    1980. http://grece-fr.com

    1. Cf. les études réalisées par l’africanologue Hubert Deschamp sur la destruction des formes culturelles de souveraineté africaines par la « démocratie », notamment les systèmes d’anarchie équilibrée et de chefferies propres à certains peuples américains.

    2. Il est intéressant de noter qu’en dépit des positions théoriques des économistes marxistes, les pays socialistes ont pratiqué vis-à-vis du Tiers-Monde le même mercantilisme économique que les pays capitalistes. La pratique économique extérieure du socialisme est capitaliste et marchande.

    3. Cf. « La faim n’est qu’une conséquence » de Daniel Joussen (Le Monde, 29 décembre 1979).

    4. Vers 1300, Pierre Dubon, légiste de Philippe Le Bel, préconise l’abolition du pouvoir papal et ecclésiastique. Au XIVe siècle, en France et en Italie, des intellectuels envisagent une nation étatique comme cadre politique des peuples européens et exaltent l’idée de puissance nationale. Ces thèmes seront repris par Pétrarque et Machiavel, qui s’inspireront aussi de Marsile de Padoue, théoricien, dès 1342, de l’État laïque autonome et de la substitution du nationalisme politique à l’idée théocratique.

    5. Pour certains économistes libéraux, l’aide au pays sous-développés devrait, il est vrai, se limiter à une aide aux firmes investissant dans ces pays. « En faisant bénéficier l’industrie de l’aide au Tiers-Monde, disait un haut fonctionnaire français, on fera finalement bénéficier le Tiers-Monde de l’aide à l’industrie… ».

  • Mariage gay : que faire maintenant ?

    Le mariage gay, c'est plié.
    Il ne pouvait en être autrement, faute de savoir exactement pourquoi on se battait.
    La seule victoire envisageable était une prise de conscience que quelque chose ne tournait vraiment pas rond dans notre monde. Voilà qui est fait. La chute a paru ralentir un moment, parce que l’on a affermi le pied sur quelque roc. Mais c’est toute la pente qui chasse. Cet éboulement que les progressistes nomment le mouvement, les avancées, l’avenir. Ce qui a vocation à être dérégulé, mœurs, morale, marché, code du travail, justice, Ecole, fonction publique, à peu près tout, car legs du passé, donc honni comme « tabou », tout ce qui existe, en somme, condamné à passer à la moulinette du progrès illimité. J’avance, donc je suis. Même dans l’abîme. Un jour viendra où le mariage homo sera lui-même jugé comme un archaïsme insupportable, parce qu’encore sexué…
    Pour quoi s’est-on donc battu
    Non pour la "nature" (concept fluctuant et fuyant), ni même pour la "société" (concept non moins modulable), mais pour l'Ordre. Faute d'avoir oublié ce qu'est le sacré et la divinité du cosmos, on ne fait qu'entériner le désordre.
    Car rien de moins « naturel » que le mariage. Son ravalement à la fonction procréative est une dégénérescence, un alignement sur le biologique. Défendre ce mariage-là, c’est se réclamer d’un statut qui était déjà, par rapport à la conception traditionnelle du mariage, une dérégulation moderniste.
    Tout ce qui est valable chez l’homme, admirable et véritablement institution de l’humain, c’est ce qui n’est pas naturel, ou qui tend à la dominer la nature. Toutes les religions, les morales, les structures politiques, même celles que l’on dit « païennes », et que l’on prétend proches de la nature, sont actes de la volonté, des tentatives de rationaliser, de maîtriser l’instinct social de l’homme, partant de le dénaturer. Le mariage n’est pas la condition sine qua non de la procréation. Il est un peu naïf de le rappeler. Il est bien plutôt ce qui transcende le diktat brut et massif de l’animalité en nous, la reconnaissance d’abord de l’humanité de l’enfant par un rituel, sa consécration religieuse par un culte quotidien aux dieux, qui inclut la famille dans un Ordre, sa mise à la disposition totale au service d’un clan ou d’une cité.
    Si l’on ne saisit pas cette donnée anthropologique fondamentale de toute société traditionnelle, que nul ne dispose de son corps, que celui-là soit ravi par la communauté, les dieux ou le Dieu, l’on n’a aucune chance de comprendre ce qui est en jeu dans les essais de sortir des apories d’une société qui liquéfie tout, si l’on n’a pas la conviction que l’on n’est pas propriétaire de soi. Les féministes savaient bien ce qu’elles faisaient, ces viragos haineuses. Les Anciens n’avaient leur corps qu’en usufruit, et devaient rendre compte à autrui, dans une relation hiérarchique, du bon usage qu’ils en faisaient. Le plaisir lui-même, venant des dieux, rendait grâce aux dieux.
    Maintenant, la parole est laissée aux vendus. L'UMP essaie, contre la conviction de la plupart de ses élus, de se rabibocher stratégiquement, sinon électoralement, avec le "peuple de droite", qui, comme cette dernière terminologie l'indique, n'a rien compris, pour peu qu’il se réclame de cette terminologique. Qui ne voit que le projet de mariage gay, bien qu’il faille en chercher loin les racines dans les fonds avoués ou inavoués d’un Nouvel Ordre utopique destiné à créer un homme nouveau, ne consiste pas, selon un calcul de Machiavels aux petits pieds, qu'à éluder les échec de la Gauche, mais aussi à cacher, à rendre invisible et inaudible, la médiocrité grotesque de la « droite », qui reprend des forces en buvant le sang du bouc qu’on égorge, comme le peuple d’ombres sans force qu’Ulysse rend momentanément à la vie dans le palais moisi d’Hadès.
    Dans la cage au folles où les députés vont s’en donner à leurres joie, ragaillardissant leurs cordes vocales, l’empoignade entre deux camps, qui se prétendent ennemis, va encore donner l’illusion que la démocratie existerait, et qu’un choix de société soit possible. On nous annonce un projet de loi sur le vote des étrangers. Voilà de quoi donner du grain à moudre aux plumitifs et aux idéologues de la télé. La droite, qui n’a pas cru bon revenir sur la PACS, bien qu’elle l’ait combattue, sait très bien à quel théâtre d’ombres elle s’adonne, dans la mesure même où, dans d’autres domaines comme l’Ecole, l’Europe, la question sociale, la gestion économique, elle est à tel point sur la même ligne que le gouvernement, que les responsables de l’UMP et du PS sont à peu près interchangeables.
    Le « débat » pipé autour du mariage gay n’a, au fond, touché que les classes moyennes assez mobilisées pour aller battre le pavé à Paris. Les bobos affriolés par la culture californienne ont mimé, comme dans un immense théâtre de rue, la guerre civile contre une « réaction » fantasmatique, qui représente la partie de la population élevée encore dans le cadre catholique, et appartenant elle aussi à la portion aisée de la population. Le peuple d’en bas, quoiqu’il n’ait pas pour les homosexuels les yeux de Chimène, regarde cette mêlée d’assez loin.
    On devrait s’inquiéter qu’un référendum ne donne pas entièrement satisfaction aux adversaires du projet gouvernemental. Qu’une partie considérable de l’opinion accepte à peu près n’importe quoi, sous prétexte que la « réalité » sociale le rend possible, si l’on compare l’état des esprits il y a seulement quelques lustres, en dit long sur la situation de déliquescence de notre civilisation. Une certaine crédulité, proche de l’ingénuité, pourrait laisser croire que le peuple existe encore.
    Néanmoins, comme la nature humaine (ce terme, utilisé par convention, désigne une permanence de condition humaine) est surtout sensible, hélas ! à son intérêt, l’endroit où le cuir lui cuit, où son déplumage en règle la rend vulnérable, c’est sa sécurité, sa subsistance et, éventuellement, ses instruments de plaisirs qu’il faut toucher. Un monde farci d’économisme ne peut crever que par là.
    Après avoir labouré la terre, fabriqué dans des ateliers des produits artisanaux, avoir transformé le monde dans d’immenses manufactures, l’homo faber, fier de sa puissance, de sa maîtrise et de l’attachement à son métier, malgré l’exploitation qu’il a pu subir, devient enfin un prolétaire, c’est-à-dire un être démuni de tout, sauf de sa force de travail.
    Pour la première fois, la condition de travailleur va être réduite à une pure potentialité, à ce que l’on nomme l’ « employabilité ». Toutes les réformes récentes du code du travail, du marché du travail, et bientôt des règles du chômage, vont dans le sens d’un détachement complet de l’humain des conditions concrètes de la production, donc de la maîtrise. Le travailleur, s’il a la chance de travailler, va être totalement soumis aux caprices et aux pressions. Il ne sera plus qu’un flux, comme celui des marchandises.
    On perçoit l’analogie entre cet état, et ce que l’on est en train de faire dans l’Ecole, où l’on n’évaluera que les « compétences », et le mariage, où le désir narcissique seul est pris en considération. La même comparaison serait à effectuer avec le destin de Nations qui ne seront plus que des agglomérats de consommateurs ou d’êtres noyés dans la « diversité », et le sort de la culture, qui n’est plus qu’un marché où Johnny vaut Mozart. C’est ce que, de toute façon, voilera la « droite » du système.
    Heurter un bout, n’importe lequel, c’est ébranler la machine. Quel que soit l’angle, on va au cœur. Toutefois, les masses populaires ne seront vraiment touchées que si elles ont l’impression qu’il vaut le coup de se battre à mort pour leur intérêt économique, leur statut social, et même leur simple survie. Il s’agit là d’un enjeu encore plus important que ceux de l’immigration ou de l’islam, devenus peu ou prou des pièges à appâter l’électeur de droite. En somme, il s’agit de ramasser de manière franche, loyale et crâne, le bien qu’a laissé choir la gauche. La vraie révolution passe par là.
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • Défaut de comptage : un policier témoigne

    Témoignage : devant l’Elysée

    devant-lElysée.png

    “Un policier en civil qui m’a dit avoir été patron d’une équipe en charge de comptabiliser les manifestants du 13 janvier sur le trajet Denfert / Champs de Mars. Il a comptabilisé 470 000 personnes uniquement sur ce trajet en fin de journée. Il confirme que les chiffres donnés ne sont pas sortis de la préfecture de Police mais viennent du ministère de l’intérieur. Le policier m’a demandé pardon au nom de la police, il m’a confié avoir honte de ne pas dire cela au grand jour. Il m’a confié que son épouse était dans la manif avec leurs enfants.

     

    Concernant la manif de dimanche, il m’a dit que les chiffres étaient déjà sortis pour la préfecture de police et qu’il y aurait 500 000 manifestants.”

     

    source Michel Janva dans le Salon Beige

    http://fr.altermedia.info