« Qu’avons-nous fait, nous, Européens de notre souveraineté » ? Depuis cette déclamation par Emmanuel Macron sur la colline du Pnyx à Athènes en 2017, pas grand-chose.
Le vote sur le rapport parlementaire des marchés publics de Défense ce jeudi 25 mars à Bruxelles aura eu le mérite de baisser le rideau sur une pièce mal jouée.
Les araignées des villes n’ont plus peur de la lumière mais certains politiciens ont peur des débats. Les Maastrichiens, pour reprendre le mot de Michel Onfray, se sont mis d’accord pour voter vendredi sans débat au Parlement européen sur un sujet pourtant stratégique.
Dans cette pièce sans spectateurs, seul les élus du Rassemblement national et leurs alliés défendaient l’autonomie stratégique de l’Europe. Au final, tous ses amendements affirmant cette préférence pour la production européenne ou locale, la nécessité de protéger nos fournisseurs d’éléments critiques ou regrettant les achats d’armes aux pays non européens ont été rejetés par ces groupes politiques soi-disant pro-européens.
Pourquoi la préférence pour la production locale ou européenne fait-elle peur ? Parce que la moitié ou le tiers des achats d’armements des pays européens provient des États-Unis ?
Un exemple : entre 2014 et 2019, la Pologne et la Roumanie ont reçu environ 90 milliards d’euros de Bruxelles. Ce qui leur a permis d’acheter 20 milliards d’euros d’armements américains. Dans le même temps, la France contribuait pour près de 40 milliards nets au budget de l’Union européenne.
Pour simplifier, quand la France donne cent euros à la Roumanie et à la Pologne, « par solidarité », ces deux pays achètent pour cinquante euros d’armes américaines.
Alors comment comprendre que le Parlement « européen » demande « à ceux qui ont une importante industrie de défense de montrer l’exemple. » Les Français devrait montrer l’exemple en achetant leurs armes à l’étranger… À qui ? Aux Roumains qui achètent des missiles américains ? Aux Danois qui achètent des missiles israéliens sans appel d’offre ?
Le collectif Vauban a brillamment décrit les efforts colossaux que la France a consenti au dépend de son industrie dans la Tribune du 23 mars pour fusionner ses programmes de chars ou d’avion du futur. Il faut ici rappeler le contexte explosif des négociations sur l’avion du futur (le SCAF), dont les Allemands essayent de prendre le contrôle aux dépens de Dassault, ou de l’eurodrone dont les socialistes allemands refusent qu’il soit armé. Dans cette affaire, notre Président paraît à la remorque. Un cardinal de Richelieu aurait mis les princes allemands et l’Europe en marche pour nous au lieu de l’inverse.
« Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », disait le général de Gaulle. Aujourd’hui à Bruxelles, les faux « européistes » trahissent l’industrie de défense française et européenne en silence. Nous sommes les seuls vrais Européens, pour qui défendre et protéger l’Europe sont essentiels.