Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Philosophie : un nouveau livre bienvenu

    encart-web
    Celui qui s’intéresse aux changements de notre monde, qui nous affectent tous, doit s’intéresser à la politique.
    Celui qui s’intéresse à la politique doit s’intéresser à la philosophie car de celle-ci découle celle-là.
    Cet ouvrage d’initiation, complet et synthétique, mérite donc d’être signalé et sa sortie est une heureuse nouvelle.
    254 p. 20 €, Ed. des Cimes, disponible ici.

    4e de couverture :

    Lire la suite

  • Renaud Camus n’a pas le droit de ne pas aimer l’islam. Vous non plus.

    C'est en conformité avec toutes les prévisions que Renaud Camus a été condamné hier pour quelques mots prononcés en 2010 lors des Assises sur l'islamisation.   

    « Je venais d’apprendre que mon frère était promu chevalier de la Légion d’honneur, quand ma garde à vue commença. »

    Ainsi commence Un roman français, de Frédéric Beigbeder.

    Hier, à l’instant précis de l’élection d’Alain Finkielkraut à l’Académie française, Renaud Camus apprenait qu’il était, lui, condamné pour « provocation à la haine ou à la violence ».

    C’est en conformité avec toutes les prévisions – les siennes y compris – que Renaud Camus a donc été condamné hier en première instance pour quelques mots de son discours prononcé le 18 décembre 2010 lors des Assises internationales sur l’islamisation, à Paris.

    On ne reviendra pas ici sur les propos en question (une simple recherche sur YouTube vous permettra de les retrouver), mais cette condamnation qui vient s’ajouter à un arsenal sans cesse grandissant de jurisprudences liberticides nous donne l’occasion de regarder en face le régime dans lequel nous vivons, et d’imaginer les moyens de le mettre à bas.

    Alors que partout sur les réseaux sociaux pullulent les injures devenues communes contre les chrétiens (au hasard : « catholique = pédophile »), il semble que la seule attitude légalement possible désormais face à l’islam soit l’amour, l’admiration, la quasi-fascination ! Que ce soit clair dans les chaumières : il n’est plus permis de ne pas aimer les disciples de Mahomet, chef de guerre et fondateur politique de l’oumma. Quant à « l’incitation à ne pas aimer », n’en parlons même pas !

    Mahomet : interdit de l’interdire !

    Lire la suite 

  • Pourquoi Cambadélis à la tête du PS ?

    Harlem Désir, c'est fini ! Avant même l'exfiltration du premier secrétaire, l'ex-lieutenant de DSK a reçu les soutiens nécessaires pour lui succéder.

    C'était il y a un mois à peine. Pour la première fois depuis l'automne 2012, date à laquelle Harlem Désir lui avait été préféré pour le poste de premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis avait fait mine de rendre les armes. Jusque-là, il n'était que fiel pour son ex-rival, et voilà que, soudain, il prenait la tangente.

    Objectif affiché : la présidence du Parti socialiste européen. Plus grand que Solférino, mais pour quelle influence réelle ? Depuis, le désastre des municipales a rebattu les cartes. "Camba" est revenu dare-dare à ses premières ambitions.

    Dans le jeu compliqué du remaniement et autres changements dans le système hollandais, il a surtout compris que les jours de Désir à la tête du parti étaient comptés. "Avec cette déroute historique, le PS a été touché au coeur", décrypte l'ex-trésorier Régis Juanico. "Il tirait sa force de son réseau d'élus locaux. Or certaines fédérations ont perdu jusqu'à 30% de leurs ressources avec la défaite de maires qui ne verseront plus leur part d'indemnités." Critiqué en haut lieu, le premier secrétaire est désormais contesté par la base. Une situation intenable !

    Hamon, Bachelay et Peillon évoqués

    Dès que Hollande a entrepris de remanier son gouvernement, il a mesuré l'urgence d'une relève à la tête du parti qu'il a dirigé onze années durant. Le premier nom qui sort alors du chapeau, sous l'impulsion de Valls, est celui de Benoît Hamon, patron autoproclamé de l'aile gauche du PS, recentré en diable depuis sa nomination à l'Economie solidaire, en mai 2012.

    Le poste l'a longtemps fait rêver mais, désormais, son ambition est d'obtenir un plus gros portefeuille. Hamon sait surtout que son arrivée au premier secrétariat ne se ferait pas sans difficulté. Au PS, c'est une litote, il n'a pas que des amis. Le ministère de l'Education lui tend les bras. C'est la chance de Cambadélis. Si ce n'est pas lui, qui d'autre ? Guillaume Bachelay ? Le jeune fabiusien, numéro deux du parti, paraît un peu trop tendre, surtout dans un moment aussi rude. Vincent Peillon ? Le prédécesseur de Hamon à l'Education a fait savoir qu'il vogue désormais vers d'autres horizons, plus intellectuels. La voie est libre. 

    Soutenu par Valls

    La semaine dernière, Cambadélis a reçu un soutien de poids : celui de Stéphane Le Foll. Le solide ministre de l'Agriculture, lesté du porte-parolat du gouvernement, l'a appelé jeudi 3 avril. Pour le premier des hollandais, le candidat idéal, c'est lui. A Matignon aussi, Manuel Valls joue la carte "Camba".

    Le raisonnement du nouveau Premier ministre est simple : le temps de l'amateurisme, incarné par Ayrault et Désir, est révolu. Place aux professionnels ! Ceux-là mêmes qui avaient barré la route du député de Paris en promouvant Désir, il y a un an et demi, le poussent en avant aujourd'hui ! Entretemps, il est vrai, Cambadélis a su donner des gages. Son affection pour Aubry qu'il avait faite première secrétaire s'est singulièrement refroidie. Pas de rupture, mais une vraie distance. "Martine" est à Lille, dans son fief écorné. Lui joue à Paris et, pour cela, il n'a pas l'intention de demander de permission.

    Instaurer de vrais débats à gauche

    Cambadélis, lorsqu'il se morfondait dans l'ombre de Désir, a eu le temps de peaufiner ses projets. Lui qui fut le grand mécanicien de la gauche plurielle chère à Lionel Jospin entend rejouer demain une partie comparable. Il a déjà posé une option sur le salon du Bistrot de Paris, là où se réunissaient autrefois les représentants des différentes sensibilités de la gauche. Cambadélis l'assure : des personnalités écologistes et communistes sont prêtes à reprendre ces discussions informelles. Dialogue et libre confrontation : voilà pour le menu.

    Une initiative d'autant plus appréciée au sommet de l'Etat que le périmètre politique du gouvernement s'est réduit comme peau de chagrin depuis l'arrivée de Valls à Matignon. Même l'aile gauche du parti n'oppose pas de fin de non-recevoir à la désignation de l'ancien strauss-kahnien. "Au moins possède-t-il cette capacité d'émettre un message, d'avoir du poids dans le débat politique", avance un hamoniste. Les oreilles de Désir peuvent siffler un peu plus encore...

    Hollande et Valls tiennent leur poulain. En attendant qu'il dirige Solférino à l'issue d'un prochain conseil national extraordinaire, consigne a été donnée aux contempteurs de Désir de se taire. Surtout ne pas le braquer alors qu'on tentait encore de l'exfiltrer au début de la semaine avec un secrétariat d'Etat aux Affaires européennes. A l'Elysée comme à Matignon, les récentes critiques d'Henri Emmanuelli ("Le parti est plongé dans un coma profond"), de Frédéric Cuvillier ("Le PS n'a eu aucune stratégie") ou de Julien Dray ("Il faut refabriquer ce qu'est un parti") ont été jugées fondées mais inopportunes. Dans l'histoire du PS, en tout cas, c'est bien la première fois qu'on devine le nom du successeur avant de savoir ce que deviendra le titulaire du poste.

    Julien Martin

    Source : Le nouvel observateur : 

    http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20140409.OBS3145/pourquoi-cambadelis-a-la-tete-du-ps.html

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EFAZkZyApyZLMfmEeA.shtml

  • A Nantes, les Sentinelles contre l'idéologie du gender

    Ce vendredi 11 avril, les Sentinelles de Nantes organisaient une action de 12H30 à 13H30, devant la préfecture pour dénoncer la "convention égalité garçons-filles" signée cette après-midi par le préfet et et le recteur de l'académie de Nantes au lycée professionnel Louis-Armand de Machecoul.

    La presse était là, visiblement étonnée.

    P1000424

    P1000426

    Michel Janva

     
  • Les intellos les plus myopes du monde

    Le Figaro Magazine - 29/10/2005

    L’affaire Battisti, sur laquelle paraît un livre polémique, le confirme : nos penseurs continuent à voir le monde avec des oeillères.

    La scène se passe au Théâtre de l’OEuvre, le 26 juin 2004. Le cas Battisti défraye alors la chronique. Cet Italien est fixé en France depuis treize ans. S’étant fait un nom avec ses romans policiers, il est lié avec ce qu’il y a de plus à gauche dans le petit monde des lettres parisiennes. Mais il vient d’être rattrapé par son passé : ancien militant marxiste, il se trouve sous le coup d’une demande d’extradition que l’Italie a présentée pour deux crimes de sang qu’il a perpétrés au cours des années de plomb du terrorisme transalpin, et pour complicité dans deux autres assassinats. En 1981, alors qu’il était en prison, il avait été libéré par ses amis des PAC (Prolétaires armés pour le communisme). Sa cavale l’avait emmené jusqu’au Mexique, avant qu’il ne rejoigne la France où le pouvoir mitterrandien était réputé refuser les demandes d’extradition émanant de Rome. En 2004, son dossier ayant été relancé, l’écrivain - condamné à la prison à vie - est à nouveau réclamé par la justice de son pays. Du côté de Saint-Germain-des-Prés, c’est le branle-bas de combat : il faut sauver le soldat Battisti, généreux combattant anticapitaliste.

    Au Théâtre de l’OEuvre, donc, un lieu pourtant habitué à toutes sortes de spectacles, la comédie jouée ce soir de juin 2004 vaut le détour. Sous une photo géante du héros, et sous le slogan « Résistances », Fred Vargas, Philippe Sollers et Bernard-Henri Lévy se succèdent à la tribune afin de proclamer leur solidarité avec Cesare Battisti. Mais il n’y a pas que des écrivains : Guy Bedos, Lio, Jacques Higelin, Miou-Miou et Georges Moustaki sont là aussi. Tandis que les orateurs stigmatisent le système pénal italien et ses lois « scélérates », les chanteurs, dans une ambiance Sorbonne-Mai 68, entonnent le grand air de la « révolution permanente ».

    Guillaume Perrault, un journaliste du Figaro, raconte l’épisode dans un livre à paraître le 3 novembre (*). De son enquête, il ressort que ceux qui se sont engagés derrière Battisti l’ont fait parce qu’ils se sont « sentis mis en cause personnellement ». « La plupart de ses défenseurs, remarque l’auteur, étaient prêts à cautionner tous les mensonges pour préserver leurs croyances et leurs souvenirs. La génération Battisti existe : ses membres ont “fait Mai 68″, sont aujourd’hui aux commandes - dans les milieux intellectuels, les médias, la politique -, et ils ne voulaient pas savoir. »

    Ils ne voulaient pas savoir. Ces oeillères, le travail de Perrault apporte les preuves de leur existence. Et permet de ranger l’affaire Battisti parmi les grands moments où des intellectuels français, saisis par le prurit révolutionnaire, ont manifesté leur aveuglement face à la réalité. Depuis les années d’après-guerre où, comme un serpent fascine sa proie, la toute-puissance du Parti communiste fascinait la rive gauche, elle est longue la liste de ces manifestations d’hystérie collective où l’on a vu les mêmes méthodes se mettre en branle. Une campagne étant d’abord lancée afin de faire aboutir telle ou telle revendication, un bouc émissaire est désigné parmi les institutions : l’État, la police, la justice, l’armée, le patronat, etc. Pendant que les opposants éventuels - assimilés aux pires figures du mal, selon la technique de la reductio ad hitlerum analysée par Leo Strauss - sont délégitimés et voués à la vindicte générale, les défilés et les pétitions se succèdent. But : intimider l’opinion, impressionner le pouvoir. Quand l’autorité politique est forte, elle tient le coup. Quand elle est faible, elle cède devant l’assaut conjugué des marcheurs de la Bastille à la Nation et des pétitionnaires du VIe arrondissement.

    En vertu du « sinistrisme immanent » naguère analysé par Albert Thibaudet, ce mécanisme est typique du tropisme à gauche de la vie politique française. Le phénomène connaît cependant des variables, qui tiennent à l’idéologie dominante du moment. La fin des années 40 et les années 50, on l’a dit plus haut, sont sous influence communiste. C’est l’époque où Aragon chante les louanges de Staline et où Emmanuel Mounier affirme que « l’anticommunisme est la force de cristallisation nécessaire et suffisante d’une reprise du fascisme ». Pendant les années 60, l’heure est à l’anticolonialisme. « Abattre un Européen, écrit Jean-Paul Sartre, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé. »

    Viennent Mai 68 et ses suites immédiates, où l’on entend ou lit un nombre incalculable de sottises. « Le fascisme d’aujourd’hui ne signifie plus la prise du ministère de l’Intérieur par des groupes d’extrême droite, mais la prise de la France par le ministère de l’Intérieur » : cette phrase de 1971 est signée d’André Glucksmann (qui ne tient plus le même discours). Dans une atmosphère fiévreuse et enfumée par le cannabis, Saint-Germain-des-Prés guette la révolution qui viendra du tiers-monde. Quelques années après la Révolution culturelle (5 millions de morts), Sollers assure que la Chine de Mao représente « espoir et confirmation pour les révolutionnaires du monde entier ». En 1975, quand les Khmers rouges évacuent de force la population de Phnom Penh, Jean Lacouture y voit une « audacieuse transfusion de peuple ».

    Mais au début des années 80, les désillusions sont cruelles : le socialisme ayant partout apporté dictature ou pauvreté, les intellectuels de gauche se replient vers une sorte de protestation morale qui érige les droits de l’homme en critère absolu de jugement politique. C’est le temps de l’antiracisme triomphant, où il convient de s’afficher dans les cocktails en ayant épinglé sur son vêtement la petite main jaune des amis de Harlem Désir. « Tout ce qui est terroir, bourrées, binious, bref franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux », clament Pierre Bergé, Georges-Marc Benamou et Bernard-Henri Lévy, dans le premier numéro de Globe, en 1985. Dix ans plus tard, le gouvernement  de Jacques Chirac tente de prendre des mesures - pourtant timides - destinées à juguler l’immigration illégale. En 1996, lors de l’évacuation des clandestins enfermés dans l’église Saint-Bernard, Léon Schwartzenberg soutient que « les camions stationnés devant l’église rappellent ceux qui partaient pour les camps de concentration ». C’est également à cette époque que Robert Badinter dénonce la « lepénisation des esprits », expression qui permet de diaboliser n’importe qui.

    Concernant les guerres qui déchirent le monde, que ce soit dans les Balkans, en Afrique ou en Orient, c’est encore au nom de la morale que certains déterminent leurs jugements. Reste à savoir si les droits de l’homme font une politique extérieure, et si l’antibushisme suffit à concevoir une géopolitique cohérente.

    Le multiculturalisme et le différentialisme post-soixante-huitards ont aussi conduit certains à nier qu’il pût exister un danger islamiste. « Ses positions méritent d’être débattues, explique en 2003 Michel Tubiana, le président de la Ligue des droits de l’homme, mais Tariq Ramadan avait tout à fait sa place au Forum social européen. » Le leader fondamentaliste et José Bové venaient de se donner l’accolade à Paris. L’« altermondialisme », nébuleuse apparue avec les années 2000, non contente d’ouvrir des passerelles avec l’islamisme, recycle les thèmes qui furent ceux, il y a trente ans, du gauchisme, du pacifisme, de l’écologisme ou du féminisme. « Un vrai Mai 68 à l’échelle mondiale », se réjouit Bernard Kouchner.

    En décembre 1995, la grande grève des cheminots illustrait le renouveau de l’extrême gauche. Les professionnels de la pétition ressortirent leur stylo : « Nous nous reconnaissons pleinement dans ce mouvement qui n’a rien d’une défense des intérêts particuliers. En se battant pour leurs droits sociaux, les grévistes se battent pour l’égalité des droits de toutes et de tous : femmes et hommes, jeunes et vieux, chômeurs et salariés, salariés du public et salariés du privé, immigrés et Français. » Parmi les signataires de ce texte, on relevait le nom de Pierre Bourdieu. Mort en 2002, ce sociologue atrabilaire, néo-théoricien de la lutte des classes, a laissé des disciples. A Paris, il est toujours des idéologues qui cherchent à plier la vie intellectuelle et politique à leurs désirs. Le combat pour la liberté de l’esprit n’est donc pas - et ne sera sans doute jamais - terminé.

    Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com

    * Guillaume Perrault, Génération Battisti, Plon.

  • La gauche guidant le peuple

    Le Figaro Hors-Série, « 8 mai 1945, la victoire finale » - 01/05/2005

    Quand les communistes français profitent du rôle joué par l’URSS dans la victoire contre le nazisme pour développer un véritable terrorisme intellectuel.

    Le 6 juin 1944, les Anglo-américains débarquent en Normandie. Le 15 août, c’est en Provence que les Alliés prennent pied sur le continent. Le 25 août, Paris est libéré. Au même moment, sur le front Est, les troupes du Reich reculent. Le 1er août, alors que les Allemands commencent à évacuer Varsovie, l’armée secrète polonaise se soulève. Ce sont les SS qui sont chargés de réprimer l’insurrection. L’armée rouge n’est qu’à 20 km de la ville, mais elle ne bouge pas. Les plans de Staline sont formels : il faut laisser les nazis écraser les patriotes polonais, ce qui épargnera aux Soviétiques de le faire. Le 28 août, les derniers résistants se réfugient dans les égouts de Varsovie, où ils tiendront un mois encore. À Paris, à la mi-septembre, l’IFOP (institut de sondage fondé juste avant la guerre) reprend ses activités. Une de ses premières enquêtes, publiée dans le courant du mois, révèle que pour 61 % des Français, l’URSS est la puissance qui a le plus contribué à la défaite allemande, 29 % attribuant ce mérite aux États-Unis…

    Un an plus tard, en octobre 1945, lors des premières élections législatives d’après-guerre, le parti communiste remporte plus de 26 % des suffrages, devançant les démocrates-chrétiens du MRP et les socialistes de la SFIO. En 1946, ce score monte à 28 % des voix. De 1945 à 1947, les communistes siègent au gouvernement. Le PCF, auréolé de sa participation à la Résistance (« le parti des 75 000 fusillés », chiffre mythologique, supérieur au nombre total des fusillés sous l’Occupation), atteint alors son apogée. Son prestige s’augmente du crédit accordé à l’URSS, ce pays ami dont l’opinion pense qu’il a joué le plus grand rôle dans la défaite de Hitler.

    Un trou de mémoire collectif engloutit ce qui s’est passé quelques années auparavant. En août 1939, les communistes français ont approuvé le pacte germano-soviétique, et pendant que Maurice Thorez, le secrétaire général du PCF, désertait son régiment pour rejoindre l’URSS, le gouvernement Daladier a interdit le Parti et l’Humanité. Six jours après l’entrée des Allemands dans Paris, les communistes ont sollicité l’autorisation de faire reparaître leur quotidien auprès de la Propagandastaffel. C’est en 1941 seulement, quand Hitler a attaqué l’URSS, qu’ils sont entrés dans la Résistance. À la Libération, qui oserait rappeler ces faits ? Thorez a été amnistié, l’entente Hitler-Staline est occultée, et les 4 500 officiers polonais dont les dépouilles ont été exhumées par les Russes à Katyn, selon la version officielle, ont été tués par les nazis.

    Tragique ambiguïté de 1945. La victoire sur l’Allemagne nationale-socialiste, victoire indispensable, victoire vitale, a été remportée grâce au concours de l’Union soviétique. Stratégiquement, il n’existait pas d’autre solution. Mais voilà l’URSS rangée dans le camp de la liberté, et le silence de se faire sur la nature totalitaire de son régime. Comparer le nazisme et le communisme est interdit : s’y risquer, c’est être suspecté de sympathie rétrospective pour Hitler.

    Le résistant Jean Paulhan est un des premiers à en faire l’expérience. Membre du Conseil national des écrivains, il en démissionne, effrayé par la tournure prise par l’épuration. Dès février 1945, le journal communiste Le patriote lance l’accusation : « Monsieur Jean Paulhan, trahissant les Lettres françaises qu’il avait servies durant l’occupation nazie, se met au service de la pensée fascisante. »

    « L’antifascisme : avec ce mot, tout est dit de ce qui va faire le rayonnement du communisme dans l’après-guerre », écrira François Furet dans Le passé d’une illusion. La technique, pour autant, date de l’avant-guerre. Dans les années 30, l’anticléricalisme étant passé de mode, l’antifascisme est le creuset de toutes les gauches. Il sert de dénominateur commun à l’alliance ébauchée, le 12 février 1934, lors de la première manifestation réunissant communistes et socialistes, alliance concrétisée, en juillet 1934, par la signature d’un pacte d’unité d’action entre le parti communiste et la SFIO. C’est aussi l’antifascisme qui prépare la coalition formée entre communistes, socialistes et radicaux, un an plus tard, en vue des élections de 1936 qui donneront la victoire au Front populaire.

    Pour les communistes, ces retrouvailles avec les socialistes obéissent à un choix tactique opéré à Moscou. Après l’écrasement des communistes allemands par les nazis, échec d’une stratégie qui consistait, pour Staline, à laisser Hitler démolir la République de Weimar dans l’espoir que les communistes ramassent le pouvoir, le Kremlin, abandonnant la ligne « classe contre classe », donne consigne aux partis affiliés à la IIIe Internationale de s’allier aux socialistes, afin de former, au nom de la défense de la paix, un front commun contre le fascisme. À Paris, Willi Münzenberg, un agent du Komintern, chef d’orchestre de la propagande pour l’Europe de l’Ouest et l’Allemagne, met cette tactique en oeuvre, pendant qu’Eugen Fried, un Tchèque qui est le véritable chef clandestin du PCF, veille à son application. Il s’agit de faire passer la cause de la paix par la défense de l’URSS, donc du communisme : être pour la paix, c’est être contre Hitler ; être contre Hitler, c’est être pour Staline ; a contrario, être contre Staline, c’est donc être pour Hitler.

    Après-guerre, les communistes resservent cette thématique antifasciste. Le communisme incarne le bien absolu, et le nazisme le mal absolu. À gauche, ceux qui veulent servir la « classe ouvrière » doivent suivre les communistes (le Bien). A droite, l’hostilité à l’encontre du Bien (le communisme) trahit une connivence implicite avec le Mal (le nazisme). La droite libérale et la droite nationale sont complices dans l’anticommunisme ; la droite nationale est en réalité fasciste ; or le paradigme du fascisme est le nazisme. Donc un libéral peut glisser vers le fascisme, car l’anticommunisme conduit au nazisme.

    Immense sophisme, mais d’une puissance d’attraction considérable : qui ne serait pas révulsé par Hitler ? Afin de donner consistance au danger fasciste, il faut donc inventer des fascistes. De Gaulle fonde le Rassemblement du peuple français ? C’est un fasciste. Certains prétendent que l’URSS abrite des camps de concentration ? Ce sont des fascistes. Raymond Aron dénonce le communisme international ? C’est un fasciste.

    Les accords de Yalta, en 1945, ont prévu en Europe de l’Est des élections libres qui n’auront  jamais lieu : la nuit du stalinisme tombe sur les démocraties populaires. « De Stettin, dans la Baltique, à Trieste, dans l’Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent », constate Churchill le 5 mars 1946. La guerre froide commence, mais la propagande communiste invente un ennemi fictif : l’impérialisme américain. Et ceux qui se hasardent à mettre en garde contre l’adversaire réel tombent sous le coup de l’accusation suprême, colportée non seulement par les communistes mais par leurs compagnons de route : « L’anticommunisme est la force de cristallisation nécessaire et suffisante d’une reprise du fascisme », affirme Emmanuel Mounier en 1946.

    Le terrorisme intellectuel culmine en 1949, lors du procès Kravchenko. Dans son livre J’ai choisi la liberté, ce citoyen soviétique, réfugié politique aux États-Unis, a exposé la nature totalitaire du régime soviétique. À Paris, un procès l’oppose aux dirigeants des Lettres françaises, hebdomadaire communiste qui l’accuse d’être un faussaire. Kravchenko produit des témoins qui sont tous des rescapés des camps soviétiques, et parfois, comme Marguerite Buber-Neumann, doublement rescapés, puisque cette dernière est passée directement du goulag à Ravensbrück, livrée par Staline à Hitler après le pacte germano-soviétique. Devant le récit de leurs souffrances, l’avocat des Lettres françaises n’a qu’un commentaire : « La propagande nazie continue ». « Un anticommuniste est un chien », s’écriera encore Jean-Paul Sartre en 1961.

    Pour que la vérité sur le système soviétique se fasse jour, il faudra attendre longtemps encore. Mais d’ailleurs, a-t-elle jamais été vraiment faite ?

    Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com/

  • La grande manip antifasciste de Münzenberg

    Willi Münzenberg, né en 1889, milita dans sa jeunesse au sein du vieux parti social-démocrate. En contact avec Lénine et les bolcheviks à Zurich dès 1916, il se ralliera en 1918 au mouvement que l'on appelle alors spartakiste.

    En 1920 il représente les jeunesses internationales au Deuxième Congrès de l'IC.

    En 1921, alors âgé de 32 ans, il se rend à Moscou. (1)

    Dès 1922, lors du Quatrième congrès de l'IC il est en mesure de quantifier à hauteur de 40 millions les “êtres humains exposés directement” et de 3 millions de morts les conséquences de la famine en URSS. Le nombre réel de décès semble plus proche de 5 millions. Mais son rôle de propagandiste habile et acharné consistera à s'impliquer dans une “commission internationale de secours aux affamés”, dissimulant les responsabilités et entravant la mise en cause du système affameur.

    À partir de 1924 et jusqu'en 1933, de retour en Allemagne, il siège au Reichstag élu sur les listes du KPD, parti communiste allemand.

    Lorsque le brillant essayiste Philippe Muray le décrit comme un “compagnon de route du bolchevisme”, et le plus talentueux de l'espèce, une telle litote introduit donc un grave contresens. Simple et naïf “compagnon de route” ? Non : agent du Komintern stalinien et du NKVD.

    Plus réaliste, Stephen Koch souligne au contraire (2) que Münzenberg met tout simplement en œuvre les directives de Staline : “Son objectif était de susciter chez les Occidentaux non communistes et bien pensants le préjugé politique qui allait dominer toute l’époque : la conviction que toute opinion favorable à la politique étrangère de l’union soviétique était fondée sur les principes de l’honnêteté la plus élémentaire.”

    Créateur de multiples organisations, comme la “ligue contre l'Impérialisme” il apparaît dès 1926 comme l'inspirateur de la fameuse campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. Mais divers témoignages permettent de le situer, comme apparatchik stalinien, au centre de la manipulation d'ensemble.

    L'écrivain alors communiste Manès Sperber qui collabora avec lui de 1927 à 1937 décrit de la sorte son rôle : “Münzenberg poussait des écrivains, des philosophes, des artistes de tout genre à témoigner, par leur signature, qu'ils se plaçaient au premier rang de combattants radicaux […] constituant ainsi des caravanes d'intellectuels qui n'attendaient qu'un signe de lui pour se mettre en route; il choisissait aussi la direction.” (3)

     

     

    Comme on ne prête qu'aux riches on lui a aussi attribué l'inspiration de l'école de Francfort, le recrutement de Kim Philby, le traitement d'André Breton pape infaillible du surréalisme, etc.

    Mais son indiscutable et majeure invention s'identifie à “l'antifascisme”. Non qu'en Italie les militants communistes ne se soient trouvés en opposition au gouvernement de Mussolini et souvent en prison ou en exil. Mais d'une part les relations inter-étatiques entre Rome et Moscou ont parfaitement fonctionné jusqu'en 1941. D'autre part jamais jusqu'au milieu des années 1930 les communistes n'ont accepté d'opérer de différence entre leurs adversaires, leurs rivaux, et les “sociaux-traîtres”. “Feu sur le Blum” écrit le poète Aragon. Et surtout la confusion entre les diverses formes de ce qu'on désigne du terme générique de “fascismes” n'a été mise en œuvre que très tardivement, et artificiellement, par la propagande soviétique. Que M. Poutine affuble, aujourd'hui encore l'Allemagne hitlérienne de cette épithète, (4) qui devient, dans le cas précis dérisoire, en dit long sur cette imprégnation.

    L'idée géniale d'un front commun antifasciste va fonctionner à plein régime à l'occasion de la guerre d'Espagne, entre 1936 et 1938, lorsque les relations germano-soviétiques paraissent glaciales.

    En réalité, le point essentiel découle de la ligne définie en 1920. Celle-ci dominera presque constamment la politique extérieure de Moscou. Elle inspire donc sans mystère la conduite du Komintern, en vertu de l'obligation statutaire de “solidarité internationale”. Vis-à-vis de l'Allemagne, elle avait donné naissance au traité de Rapallo de 1922, par lequel la Reichswehr allait recevoir un soutien permanent de l'Urss, en matériel et en formation de ses cadres. Cet accord sera complété en 1926 par un traité d'amitié. Or à partir de 1933 le gouvernement de Berlin prendra, seul, et de manière provisoire, l'initiative d'un  relatif refroidissement de ces relations. Jamais le Kremlin, de son côté n'a varié dans sa remise en cause du traité de Versailles, ce que ses stratèges appellent “la paix des Alliés” et ce que les hitlériens et les nationalistes allemands dénoncent comme le “diktat”.

    En 1933 le procès de Leipzig consécutif à l'incendie du Reichstag avait donné à Münzenberg l'opportunité d'exprimer tout son talent. Il orchestre une campagne  visant à décrédibiliser l'enquête menée de façon expéditive sous la houlette de Goering, ministre de l'Intérieur de Prusse. L'incendiaire Van der Lubbe, militant d'extrême gauche hollandais, est ainsi présenté tour à tour comme un “nazi puisqu'homosexuel” ou malheureux fantoche conduit sur les lieux de son forfait par des provocateurs policiers. Le procès tournera à la confusion de la dictature allemande, et permettra au dirigeant communiste bulgare Dimitrov, accusé de complicité, de quitter le pays. En fait, protégé par le Guépéou, il sait que sa propre libération a été négociée en coulisse avec la Gestapo, et il se montre étonnamment combattif lors des audiences. (5)

    En 1935 à Paris, Münzenberg organise encore “en sous-main” (6) à la demande d'André Malraux le “Congrès des écrivains pour la défense de la culture”. Il fait venir de Moscou, le temps d'une intervention, Isaac Babel. Celui-ci sera arrêté après son retour, et assassiné par la police en 1940.

    Durant la guerre civile espagnole, à partir de 1936, certes l'Internationale communiste s'engage aux côtés des républicains. Mais en fait elle soutient les Rouges comme la corde soutient le pendu. Et la grande épuration des “antifascistes” commence dès cette époque. Elle se prolongera pendant 15 ans, selon les pays, à partir de la guerre, pendant les luttes secrètes au sein de la résistance ou après le partage de Yalta et Potsdam de 1945, qui transforment la libération en occupation soviétique de l'Europe centrale et orientale.

    À partir de 1939 l'activité de propagande en direction des bonnes consciences ne sert donc plus à rien. Dès le mémorandum de Lord Halifax, lui-même consécutif à la délimitation de la frontière des Sudètes, en octobre 1938 la Grande-Bretagne se prépare au conflit. Au Kremlin, on souhaite que celui-ci abatte l'immense puissance maritime qui domine alors le quart des terres émergées. Certes les radicaux socialistes français, conduits par Daladier président du Conseil, imaginent encore de finasser. La diplomatie de la Wilhelmstraße et les discours du chancelier ménagent ces interlocuteurs, tels des petits cochons roses qui ne voient pas le danger du grand méchant loup.

    Dès lors le grand manipulateur de l'antifascisme Mûnzenberg n'apparaît plus comme un rouage nécessaire. Il devient désormais encombrant. Et au lendemain du pacte du 23 août 1939, il se rebellera. Voici ce qu'il écrit le 6 octobre en direction des communistes français, qui eux-mêmes appliquent sans broncher les directives soviétiques et, au lendemain du partage de la Pologne du 28 septembre demandent dès le 1er octobre la “paix immédiate”.

    “Vous cherchez des arguments pour expliquer les changements à Moscou et leur donner une signification “socialiste” ? écrit-il. Il n'y en a pas (…) le grand fauteur de guerre se trouve aujourd'hui à Moscou et s'appelle Staline”. (7)

    En 1940 on retrouvera son cadavre dans la campagne française. 

     

     

    JG Malliarakis   http://www.insolent.fr/

    2petitlogo

    Apostilles

    1. Cf. Jean-Louis Panné “Boris Souvarine” Ed. Robert Laffont 1993 page 115

    2. Cf. Il lui consacre un livre essentiel : “La fin de l'innocence” (The End of Innocence, The Free Press, New-York, 1994, La fin de l'innocence, les intellectuels d'Occident et la tentation stalinienne : 30 ans de guerre secrète, Grasset, Paris, 1995) Lire à ce sujet la notice que Denis Touret consacre à l'auteur.

    3. Cf. Wikipedia

    4. Cf. par exemple sa tribune libre au Figaro en mai 2005 pour le 60e anniversaire de la victoire alliée.

    5. Cf. Panné page 213

    6. Cf. Panné page 221

    7. Cité par Alexandra Viatteau “Staline assassine la Pologne” (ed. Seuil 1999 coll. Archives du communisme) pp 308-309 et par le “Dossier Münzenberg” (Revue “Communisme” Nos 38-39 1994).

    “L'Alliance Staline Hitler”

    Ashs Sous ce titre paraîtra un ouvrage de l'auteur de ces lignes retraçant le contexte de la politique soviétique pendant toute l'entre deux guerres. Il comprend en annexe, et expliquant, plus de 80 documents diplomatiques, caractéristiques de cette alliance. Il sera en vente à partir du 15 mai au prix de 29 euros. Les lecteurs de L'Insolent peuvent y souscrire jusqu'au 30 avril au prix de 20 euros, soit en passant par la page spéciale sur le site des Éditions du Trident, soit en adressant directement un chèque de 20 euros aux Éditions du Trident 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris. Tel 06 72 87 31 59.

  • Marine Le Pen sur France 2 : trop facile !

    Marine Le Pen semble actuellement sans rival sérieux. L’émission « Des paroles et des actes » l’a confirmé ce jeudi soir… La présidente du FN y a dominé les débats, donnant l’impression que ses adversaires ont une guerre de retard. Face à ce bloc de granit, presque impossible à faire bouger d’un millimètre, il y avait une armée de desperados, armés de pistolets à eau.

    La production avait, il faut le dire, concocté un menu royal à la blonde inoxydable : véritable gâteau d’apéro vivant, le président du RC Toulon Mourad Boudjelall fut croqué avec gourmandise. Trop facile pour Marine : discours éculé au possible, souvent confus, récité par un arriviste bling-bling…

    Lire la suite