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[EX-LIBRIS] Maurras & Dutrait-Crozon : Si le coup de force est possible. Ré-actualisation [Partie II]
Partie II : Étude de la possibilité d’un coup de force. Dans les chapitres suivants, les auteurs étudient les points qui semblent importants à la réussite d’un coup de force, ils s’attachent également à répondre aux oppositions qu’ils ont rencontrées avec cette idée par le passé.
Les nouvelles technologies
Au tout début du XXe siècle, Maurras s’entendait déjà répondre que les nouvelles technologies — entendez par là le téléphone et le télégraphe — rendaient tout coup de force impossible. En effet, ces dernières permettent une réactivité que n’avait pas l’État auparavant, ainsi, en un rien de temps l’armée ou la police peuvent être appelées sur un point chaud. Ainsi l’effet de surprise si important pour la réussite du coup est annihilé. Et sur ce point nous pouvons dire sans risque que la situation est au moins la même, si ce n’est pire. Cependant, Maurras répondra que ce qui est un avantage pour l’un peut aussi le devenir pour l’autre. En rejetant comme les auteurs l’idée d’un affrontement direct « dans une bataille rangée », il est possible d’imaginer d’autres moyens. Avec les technologies actuelles il est très facile de planifier et de diriger une action disséminée en plusieurs points. Prenons l’exemple d’une grande manifestation à Paris. De fait des CRS encadreraient cette dernière, mais que se passerait-il si cinq ou six groupes d’une dizaine de personnes prenaient position à des lieux différents dans Paris, en marge de la manifestation ? La police serait totalement débordée et perdue au milieu de ces petits groupes d’action, ayant de plus la capacité de se mouvoir rapidement. Les opposants du coup de force répondront aujourd’hui la même chose que ce qui a été répondu à l’Action Française, à savoir que ces moyens de communication peuvent être surveillés. Néanmoins, les auteurs affirment à propos de l’État qu’« en temps normal, la pléthore de ses fonctions cause une négligence dans les services ». En effet, quand on voit toutes les actions organisées par le Printemps Français, les Hommen, l’Action Française ou bien Hollande Dégage, on peut légitiment se demander si l’État prend vraiment la peine de surveiller les communications ou Facebook — mis à part pour surveiller d’éventuelles apologies du terrorisme.
L’argent
Grand point d’opposition entre l’Action Française et les autres adeptes du coup de force : l’utilisation de l’argent. Les auteurs citent des articles parus dans « une feuille conservatrice » à propos du coup de force : « Un moyen bien efficace, c’est l’argent, c’est la corruption, disons le mot puisqu’il est exact. Elle l’a été de tout temps, mais elle est le grande levier de notre époque », et se positionnent de manière radicalement différente. S’ils reconnaissent l’argent en tant que moyen, celui-ci ne reste pour eux qu’une ressource indirecte de la prise de pouvoir : « La propagande, qui ne se fait pas sans argent, importe beaucoup plus que l’emploi direct de l’argent à la réussite du coup de force ». Cette position est encore plus vraie aujourd’hui, l’argent pourrait acheter beaucoup, à combien se vendrait un Sarkozy ou un DSK sur le marché de l’occasion ? Néanmoins, il ne suffirait que d’une surenchère pour que le plan tombe à l’eau, et ne parlons même pas de la confiance que cela nécessite dans ces hommes une fois le paiement versé. De plus, nous avons aujourd’hui un nouveau moyen que le trio ne pouvait guère imaginer : internet. Même si la ré-information d’un blog ou d’une gazette a un coût, il est bien plus faible que l’entretien d’un journal (sans aides de l’État, il va sans dire). Cependant, il comporte aussi certains inconvénients, notamment celui de disperser les informations — et donc les lecteurs — entre différentes plateformes. L’union qui pouvait être faite autour du journal de l’Action Française, seul support de réflexion du « nationalisme intégral », dépassait de loin le seul cadre du royalisme. Ainsi, l’argent ne doit servir qu’a rassembler autour d’un idéal : celui d’ancrer la contre-révolution dans le temps. Certes, par la corruption il est possible d’arriver au pouvoir, mais il est plus qu’incertain de s’y installer dans la durée.[...]
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Les nouveaux paradigmes du politique par Claude BOURRINET
Les conflits virulents qui ont troublé la vie politique ces deux dernières années ont semblé ranimer la vieille dichotomie entre « gauche » et « droite ». Ne s’agirait-il pas d’une illusion engendrée par la persistance, dans le champ de l’imaginaire idéologique, de réflexes désuets ?
La postmodernité présente, en effet, plusieurs caractéristiques. Elle se caractérise d’abord par une déréalisation de l’humain, conséquence d’une destruction méthodique des liens fondamentaux qui produisent les appartenances, autrefois considérées comme naturelles, et qui ont été laminées par le libéralisme triomphant, le culte de l’individualisme, du consumérisme, un hédonisme dissolvant, et les progrès de la techno-science. L’humain est comme hors sol, seulement capable de s’attacher à des repères qu’il croît pouvoir se donner. On sait combien, du reste, l’homme ignore quelle histoire il fait, pour peu que l’Histoire soit encore possible.
L’évolution de plus en plus accélérée des mœurs, qui a fait passer une société de son statut patriarcal, autoritaire, hiérarchique, à une société clitocratique, maternalisante, infantilisante, émolliente, transforme toute revendication sociopolitique en caprice puéril, en défense d’intérêts particuliers, ou en jeu. Dans le même temps, l’État, qui n’est plus qu’une centrale de management sociétal, et, subsidiairement, un organisme à réprimer toute contestation de l’ordre existant, ne détient plus de puissance que ce que les instances supranationales veulent bien lui laisser. S’emparer de l’Élysée, quelle importance ?
C’est comme si la vie politique avait été vidée de sang et de sens. Le personnel d’État, qui siège dans les organismes pour la plupart créés sous le Premier Empire, ne sont plus que des machines à projeter des effets d’annonces. On suscite ainsi des réactions, on joue avec les étiquettes, avec des mots chargés de connotations fortes, on manipule des émotions, on provoque de pseudo-événements, dérisoires, qui occupent les consciences. Et, in fine, les concepts de gauche et de droite ne signifient plus grand chose.
D’un point de vue géopolitique, un système unique, celui du capitalisme, semble s’imposer. Certes, l’on sait que les États-Unis, acteurs déterminants de cette conquête du marché à l’échelle mondiale, rencontrent des résistances. Cependant, la question est de savoir si ses adversaires incarnent une alternative au libéralisme, auquel cas ils devraient rompre avec le modèle libéral, pour retrouver des racines anciennes, ou bien des alter-libéralismes, des manières différentes de gérer le capitalisme.
On voit donc que les enjeux, qui paraissaient clairs il y a cinquante ans, où des systèmes antithétiques s’affrontaient, sont maintenant singulièrement brouillés.
Restent des problèmes irréductibles, qu’il est difficile de surpasser, les dangers que présentent l’évolution démographique mondiale, partant les migrations, l’épuisement des ressources énergétiques, la destruction de la nature, la précarisation des société, l’éradication des identités, le ravalement de l’humain à l’état de chose.
Cependant, l’homme étant, selon les mots de Dostoïevski, un « animal qui s’habitue à tout », il n’est pas certain que souffrance, désespoir et même l’espoir, aboutissent à une hypothèse de changement radical. Le post-nihilisme a vidé le monde de tout sentiment de la véritable altérité, donc de toute imagination. Le seul rêve permis est celui d’une adaptation heureuse à l’aliénation.
Du reste, depuis que l’homme a décidé, au seuil de la modernité, à la Renaissance, que le seul univers possible était le sien, qu’il était le centre du Cosmos, il s’est enfermé dans une prison conceptuel et existentiel.
La Révolution est, littéralement, un décentrement de l’individu, un retour aux sources premières de l’Europe spirituelle, à l’assomption de notre Terre natale.
Claude Bourrinet
• D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 9 novembre 2014.
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Il fut une fois… le P.F.N. par Georges FELTIN-TRACOL
Les 9, 10 et 11 novembre 1974 était créé à Bagnolet le Parti des forces nouvelles (P.F.N.) qui sera, une décennie durant, le principal concurrent du Front national (F.N.). Pour saluer ce mouvement qui aurait eu quarante ans, les Cahiers d’histoire du nationalisme ont demandé à Didier Lecerf qui participait à la direction du P.F.N. dans les années 1980 de revenir sur ce parti politique relativement méconnu.
En 1984 – 1985, il était fréquent que les journalistes le confondissent avec le F.N. qu’ils désignaient alors en « Parti du Front national », d’où des quiproquos du sigle… Pourtant, les différences entre les deux frères ennemis étaient fortes. Tandis que le F.N. s’ouvrait aux G.N.R. (Groupes nationalistes révolutionnaires) de Base de François Duprat, aux nationalistes radicaux blancs du périodique Militant, puis aux solidaristes de Jean-Pierre Stirbois, le P.F.N. tranchait par l’esthétisme de ses affiches et voulait incarner une « droite design », c’est-à-dire dans le vent et à l’affût des bouleversements de fond.
Didier Lecerf rappelle d’abord le contexte national et international de cette époque. Le Mur de Berlin divisait l’Allemagne; l’Europe était partagée entre les blocs atlantiste et soviétique; la défaite étatsunienne au Vietnam avait permis à l’U.R.S.S. de s’affirmer dans le monde entier au point que Raymond Aron s’inquiétât dans Le Figaro du déclin irréversible des États-Unis. En France, les anti-communistes pronostiquaient une invasion soviétique imminente et luttaient contre un Parti communiste fort de 15 à 20 % des suffrages.
Le P.F.N. provient de l’insuccès électoral du F.N. aux législatives de 1973. En 1972, Ordre Nouveau (O.N.) entendait élargir son assise électorale et accroître ses effectifs en constituant avec d’autres formations de droite nationaliste ou proches des ultra de l’Algérie française (Mouvement pour la Justice et la Liberté/Unité Française de Georges Bidault) en formant un cartel électoral : le Front national pour l’unité française. Après avoir sollicité Dominique Venner pour en assumer la présidence, la direction d’O.N. s’adressa à l’ancien député poujadiste, puis républicain-indépendant Jean-Marie Le Pen, ancien directeur de la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965.
Le désastre électoral, la forte personnalité de Jean-Marie Le Pen et la scandaleuse dissolution d’O.N. en 1973 provoquent de vives dissensions et le départ de plusieurs militants de valeur. Ceux-ci créent des Comités Faire front, puis un Comité d’initiative pour la construction d’un parti nationaliste, embryon du futur P.F.N. Animée par Pascal Gauchon, Alain Robert, Gabriel Jeantet et le journaliste François Brigneau, cette structure politique à vocation électorale dispose d’une revue au graphisme percutant, Initiative nationale, ainsi que de quelques relais auprès des étudiants grâce au G.U.D. (Groupe Union Défense), des jeunes (le Front de la Jeunesse) et dans le monde du travail avec l’Association pour un syndicalisme libre. Plus tard, à l’occasion d’événements médiatiques tapageurs, il soutiendra le Comité de soutien à l’armée du sergent appelé Joël Dupuy, hostile à la syndicalisation rouge des militaires, tiendra un « Forum de la nouvelle droite » en mars 1975 et organisera en avril 1976 une prestigieuse « Semaine du cinéma de droite ». De nombreux hommes de lettres, universitaires et journalistes (Thierry Maulnier, Maurice Druon, Jean Cau, Louis Pauwels, Michel de Saint-Pierre, Roland Gaucher, Raoul Girardet, le colonel Rémy, etc.) répondront à son appel. La réaction gauchiste ne se fait pas attendre et se montre violente.
Le corpus idéologique du P.F.N. est résumé dans « une plaquette doctrinale de 88 pages, Propositions pour une Nation nouvelle. […] Pour l’essentiel, on y retrouve les thèmes et les idées développés par la “ Nouvelle Droite ” au sein du G.R.E.C.E. (fondé en janvier 1969) (p. 51) ». L’objectif principal vise à surprendre l’opinion. « C’est ainsi que le sigle “ forces nouvelles ” a été choisi, entre autres parce qu’il étonne à droite; que la plaquette doctrinale défend l’idée d’une réconciliation de la Tradition et du Progrès; et que sa couverture porte un dessin de l’architecture futuriste Sant’Elia… (p. 63) ».
L’apport théorique du P.F.N. n’est pas anodin, car il cherche à concilier un nationalisme « revu et corrigé » avec une démarche ouvertement européenne. À l’occasion des premières élections au Parlement de Strasbourg en 1979, après une tentative de rabibochage avec le F.N. dans le cadre d’une « Union française pour l’Eurodroite des patries », le P.F.N. monte finalement sa propre liste, intitulée « Union française pour l’Eurodroite », conduite par Tixier-Vignancour et soutenue par le M.S.I. d’Almirante et les Espagnols de Fuerza Nueva. « Toutefois, si les fonds réunis sont suffisants pour être présents (en concurrence avec dix autres listes), ils ne permettent d’imprimer que les bulletins et les affiches pour les bureaux de vote, mais pas les bulletins et les professions de foi adressés aux électeurs. En outre, il ne reste que trois semaines avant l’échéance… (p. 110) » Le résultat déçoit : 1,31 % soit 266 000 voix. En 1981, Pascal Gauchon ne parvient pas à obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se porter candidat à la présidence de la République. La victoire de François Mitterrand contraint le P.F.N. à se remettre en question.
À l’automne 1981, Alain Robert et Pascal Gauchon se retirent du P.F.N. Une nouvelle direction, composée entre autres de Jack Marchal et de Jean-Claude Jacquard, bientôt ultime rédacteur en chef de Défense de l’Occident de Maurice Bardèche, propose une voie plus activiste. Paru en juin 1982, Perspectives d’action expriment un net changement d’attitude militante. Le Front de la Jeunesse devient le Renouveau nationaliste tandis qu’un nouveau titre, Pour une force nouvelle, remplace Initiative nationale. En revanche, le programme proposé reprend, réactualise et réaffirme les thèses fondatrices. Celles-ci paraissent en novembre 1974 dans des Propositions politiques, économiques et sociales qui se révèlent visionnaires. Dans le premier chapitre, l’article 1 stipule que « le système électoral actuel perpétue la domination des partis en place. Pour assurer la représentation réelle de toutes les tendances, nous réclamons l’institution d’un système d’élections à la proportionnelle qui reflète le plus exactement possible les forces politique en présence (p. 184) ». L’article 2 condamne l’organisation administrative française et estime que « le cadre artificiel du département doit perdre de son importance [Hollande et Valls auraient-ils été militants secrets au P.F.N. ?] au profit des communes et des cantons, chargés de l’administration locale, et surtout des régions. Une véritable décentralisation administrative et économique doit être réalisée au profit de celles-ci. En particulier, il est essentiel que le Conseil régional dispose d’un véritable budget par un transfert d’une partie des ressources de l’État à la Région. Cette décentralisation doit permettre un meilleur fonctionnement de l’État en rapprochant les pouvoirs des administrés. Elle ne doit pas être une occasion accordée à un séparatisme anarchisant et passéiste, mais un instrument au service de la Nation et de la construction de l’Europe. Les cultures régionales font partie du patrimoine national; elles doivent donc être protégées par l’État et non réprimées (p. 184) ». À mille lieux, on le voit, des incantations centralisatrices désuètes d’un parti pseudo-protestataire et néo-ringard qui confond le Marais parisien avec le reste de la France…
En économie, ces Propositions… réclament la cogestion, exigent « l’extension du système de conseils paritaires de conciliation prévus dans de nombreuses conventions collectives (p. 186) » et suggèrent le « vote de la grève par les travailleurs au scrutin secret (p. 186) ». Mieux, elles se terminent par une préfiguration de la « remigration » (ou réémigration) et de la préférence nationale : « Interdiction effective et absolue de toute immigration, tant que la France n’aura pas retrouvé le niveau d’emploi de 1972. Préférence d’emploi accordée à toutes occasions aux travailleurs nationaux, revalorisation des tâches jusqu’à présent abandonnées aux immigrés. S’il y a lieu, mise à l’étude d’un plan de rapatriement progressif des immigrés (p. 196). »
Parfaitement adapté aux difficiles conditions de ce premier quart du XXIe siècle, ce programme ne pouvait pas séduire une France qui sortait à peine des « Trente Glorieuses » et qui croyait à la brièveté de la crise en partie déclenchée par le premier choc pétrolier de 1973. Le P.F.N. arrivait trop tôt. Par ailleurs, il commit deux graves erreurs stratégiques. La première, antérieure à sa naissance, fut de ne pas présenter en 1974 un candidat à la présidentielle. Les Comités Faire front auraient pu assez facilement parvenir aux cent parrainages nécessaires. Ils laisseront au « Menhir » l’avantage décisif de se faire connaître des Français, réussissant ainsi un coup déterminant pour l’avenir. La seconde erreur fut de s’entendre en mars 1977 aux élections municipales avec le R.P.R. de Jacques Chirac. Trente candidats P.F.N. figurèrent donc sur des listes à « Marseille, Toulon, Cannes, Aix-en-Provence, Lyon, Villeurbanne, Villemonble, Nancy, Talence, Illzach, Nanterre, Champigny, ou encore à Paris, dans les XVIe et XIXe arrondissements (p. 93) ». Cette participation pesa lourd sur les destinées du P.F.N. désormais toujours soupçonné de rouler pour le calamiteux Chirac. Lors de sa premières « Heure de vérité » sur Antenne 2, le 13 février 1984, Jean-Marie Le Pen qui, dès 1981 contestait déjà « le mondialisme giscardien », refusa toute alliance avec le P.F.N., prétextant ce compromis de 1977.
L’ascension du F.N. plonge le P.F.N. dans la crise. Présentant parfois des candidatures face au F.N., il constate vite que la dynamique électorale est favorable au seul frontisme. En 1985, la direction collégiale propose l’auto-dissolution du P.F.N. et le ralliement au F.N. Interrogé dans ce numéro, Roland Hélie raconte qu’il n’était « pas emballé à l’idée de rejoindre le Front. […] En fait nous n’avions pas beaucoup de contacts avec la direction du F.N., et Le Pen et son entourage ne semblaient pas très chauds à l’idée de nous voir arriver. Ce qui peut se comprendre compte tenu des rapports exécrables qu’il y avait eu pendant dix ans entre nos deux formations (p. 145) ». Toutefois, une trentaine de cadres issus du P.F.N. intégraient bientôt le F.N. où ils occupèrent rapidement des responsabilités grâce à la bienveillance du secrétaire général de l’époque, Jean-Pierre Stirbois.
Dès novembre 1985, une partie des militants du P.F.N. hostiles à ce ralliement rejoint le Mouvement Troisième Voie. S’ensuivirent jusqu’en 1990 des amorces de relance ponctuées par de multiples scissions. Un célèbre numéro du Choc du Mois en 1988 décrivait l’emblème du P.F.N. résiduel d’alors : « Quatre quartiers rouges pour l’eau, le feu, le ciel et la terre, une croix celtique suggérée, et un cercle noir pour figurer la roue solaire. Ouf. » Seules les sections de Strasbourg, d’Orléans et d’Aix-en-Provence n’acceptèrent pas la disparition factuelle du P.F.N. Les Strasbourgeois conçurent la N.A.T.R.O.P.E. (Nouvelle amitié dans les territoires et régions par l’organisation des peuples en Europe), néo-droitiste, alors que les Aixois fondaient un Parti des forces nationalistes d’orientation contre-révolutionnaire. Ce n’est qu’en février 1998 que le Journal officiel annonçait sa dissolution officielle.
Le P.F.N. restera comme une tentative de renouvellement des idées et de la pratique politiques à la fin de la Guerre froide. L’absence de figures charismatiques capables de susciter l’enthousiasme de l’audimat fut sa principale lacune sinon on aurait aujourd’hui un authentique mouvement patriotique français et européen.
notes
• Sous la direction de Didier Lecerf, Le P.F.N. 1974 – 1984 : une autre droite, Cahiers d’histoire du nationalisme, n° 4, octobre – novembre 2014, 197 p., 20 € (116, rue de Charenton, F – 75012 Paris).
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Le repos dominical fait bouger les lignes
Extrait de l'éditorial d'Eric Letty dans Monde et Vie :
"Hervé Mariton se retrouve ainsi sur les mêmes positions que Manuel Valls, et Henri Guaino que Martine Aubry, qui rappelle que «la société de consommation n’est pas un but en soi. Le dimanche, c’est un jour pour la famille, les amis, l’art et la culture ». Il assez paradoxal, en effet, que le même gouvernement qui n’a de cesse de chanter les vertus du « vivre ensemble», casse ce puissant instrument de cohésion familiale et sociale. Valérie Trierweiler, sans doute désireuse de nuire à son ex-concubin, a toutefois trouvé les mots justes dans un message « gazouillé » sur le réseau Tweeter : « Ma mère travaillait le dimanche, elle n’avait pas le choix. Que ces dimanches étaient tristes. Nous attendions son retour pour vivre. »
En face, Emmanuel Macron est un bébé-Attali et la gauche qu’il promeut est celle de son mentor, mondialiste, matérialiste et ultra-libérale : la gauche de « l’homme nomade ». C’est à elle aussi que se raccrochent Manuel Valls et, moins bruyamment, François Hollande. Cette gauche-là n’aime pas la famille, nous avons eu l’occasion de le constater depuis le début du quinquennat. Elle n’aime pas non plus le peuple français, ni la France. Le repos du dimanche est aussi sacrifié aux desidarata bruxellois.
La deuxième lecture de la loi Macron, qui n’exclut pas la première, a trait à un choix de civilisation et aux racines chrétiennes de notre pays, que ce texte contribue à arracher. Martine Aubry, qui n’a certes jamais compté parmi les amis de l’Eglise, a omis de préciser que le dimanche est aussi, et d’abord, le jour du Seigneur, « jour de grâce et de cessation du travail », dit le Catéchisme. Comme le rappelait un numéro récent de Monde et Vie, ce n’est pas la première fois, dans l’histoire, que les ennemis du catholicisme tentent de le « laïciser ». Après une longue bataille, la droite catholique et sociale n’obtint qu’il devienne chômé qu’en 1906, quelques mois après la grande spoliation de 1905, en quelque sorte comme un lot de consolation.Il est significatif que le gouvernement revienne sur cet acquis, au moment où Claude Bartolone proclame la supériorité de la religion républicaine sur toutes les autres. Ils ont commencé une guerre de religion."
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Allemagne : la pauvreté progresse - economy
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L’enfer est pavé de Patrick Pelloux
Sous mes yeux effarés, le « pas d’amalgame » se casse la gueule lamentablement en direct à la télévision.
À sa descente d’avion en provenance de Stockholm où il était allé manifester sa solidarité au peuple danois, Patrick Pelloux s’est rendu sur le plateau de l’émission « C à vous » afin de livrer son bilan de la situation. Le contenu de ses déclarations mérite que nous garions notre véhicule à proximité de l’extrait vidéo afin d’en apprécier la haute portée stratégique. Frein à main bien serré, dégustons la pensée de l’homme.
Pour en finir avec cet extrémisme sanguinaire, Patrick Pelloux a sa petite idée. C’est très simple : « Il faut qu’on cultive un monde meilleur. » Légèrement conscient de l’aspect un peu flou du concept, l’ex-urgentiste affine sa pensée. « Ce ne sont pas de vains mots, il faut mettre un vocabulaire sur ce qui se passe… » Voilà. À vos dictionnaires. Ceci est une kalachnikov, cela est un assassin, etc… OK, on avance. Mais ne nous moquons pas car Patrick Pelloux sent bien qu’il est impossible de rester dans la complainte.
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Voltaire, une imposture (article paru dans L’Action Française 2000, 19 février 2015)
Avant de parler du fond de la démystification de Voltaire menée à bien par Marion Sigaut, quelques mots sur la forme. Comme souvent chez Kontre Kulture, le livre en lui-même se signale par la beauté de sa couverture, la qualité du papier et celle de l’impression. De même, l’intérêt croissant des chapitres – des petites anecdotes du début aux deux grandes affaires de la fin (Calas et La Barre) –, la familiarité du ton et l’art de ménager le suspens font que l’on dévore comme un roman policier ce pourtant très riche travail historique.
La Justice réhabilitée
Autre qualité en quelque sorte liminaire qui ne peut que ravir le lecteur et le mettre en confiance : l’honnêteté intellectuelle de Marion Sigaut qui, malgré son indignation devant les mensonges et les hypocrisies de Voltaire, ne lui dénie jamais ses qualités d’écrivain, sauf quand il s’agit de son œuvre de dramaturge, ou qui compatit avec une sincérité évidente aux malheurs d’un Calas ou d’un chevalier de La Barre, dont elle démontre pourtant qu’ils n’étaient pas si innocents que Voltaire le raconte.
Mais ce qui retiendra surtout notre attention, c’est la réhabilitation du fonctionnement de la justice et de la police du XVIIIe siècle, que l’auteur opère (à l’exclusion de la torture, évidemment) en comparant systématiquement les allégations de Voltaire et ce qui ressort des nombreux documents d’archives qu’elle a consultés : minutes, registres, procès verbaux, correspondance des magistrats, rapports de médecine légale (dont on apprend au passage qu’elle était déjà pratiquée à l’époque). Le lecteur est abasourdi de découvrir que l’idée qu’il se faisait jusque-là de ces affaires judiciaires fameuses n’était en fait que le rabâchage par une tradition historiographique complaisante et paresseuse de la version polémique, animée de passion anti-française et anti-catholique, de l’ami du roi de Prusse et de l’Angleterre, de ce BHL du siècle des prétendues “Lumières”. C’est d’ailleurs par cette dernière comparaison que l’on saisit toute l’actualité du travail de Marion Sigaut. À nouveau, les mânes de l’escroc de Ferney sont invoquées un peu partout et particulièrement dans l’entreprise en cours de récupération de l’émotion des Français au lendemain des attentats islamistes. Or si Voltaire doit être pris aujourd’hui comme symbole de quelque chose, ce n’est sûrement pas de la liberté d’expression, – lui qui n’a cessé toute sa vie de chercher à faire taire ses contradicteurs –, mais plutôt de cette malheureuse tradition des intellectuels français adorateurs des modèles étrangers et calomniateurs de leur propre peuple.
Stéphane Blanchonnet
Marion Sigaut, Voltaire – Une imposture au service des puissants, Kontre Kulture, 463 pages, 19 euros.
Vous pourrez acheter le livre lors du cercle de Flore de ce soir ou le commander à la Librairie de Flore
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Voltaire-une-imposture-article
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En France, l’islam radical continue à se développer dans les mosquées
(NOVOpress via Le Figaro)
Les salafistes, adeptes d’un islam rigoriste, multiplient les offensives pour déstabiliser les salles de prière modérées en France. Selon un dernier bilan du ministère de l’Intérieur, 89 lieux de culte sont déjà sous influence et 41 font l’objet d’entrisme.Le spectre d’une véritable contagion radicale plane sur les mosquées de France. Aiguillonnés par une profonde abhorration de l’islam institutionnel volontiers qualifié comme la «religion des judéo-croisés» et vomissant les imams des mosquées qu’ils désignent comme des traîtres et des «impies» dès lors qu’ils prônent une pratique modérée de l’islam, des groupes salafistes ont lancé une vaste offensive souterraine pour tenter d’étendre leur emprise sur les lieux de culte les plus fragiles.
(…)
Même si les salafistes se déclarent hostiles au djihad, les lieux de culte qu’ils noyautent représentent de véritables viviers, pour ne pas dire des «couveuses» pour les futurs combattants volontaires vers les zones de combat. «En effet, ils y prônent un retrait du monde et une rupture quasi totale avec les non-musulmans afin de se consacrer à la religion, rappelle un expert du bureau des cultes du ministère de l’Intérieur dans un compte rendu porté à la connaissance du Figaro. Cette vision exclusive considère toute soumission aux lois de la République, dans le cadre d’une convocation au commissariat ou au tribunal, comme illicite car revenant à cautionner un ordre impie.» Par ailleurs, son discours, qualifié de même source comme «victimaire et complotiste sur les événements touchant les musulmans en France et dans le monde», fait mouche auprès des esprits les plus faibles et des jeunes de banlieue en perte de repères.
http://fr.novopress.info/182738/en-france-lislam-radical-continue-se-developper-les-mosquees/
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La civilisation post-chrétienne ne produit pas du vide : elle est le vide
Politique Magazine a interrogé Richard Millet. Extraits :
"Depuis l’attentat de Charlie Hebdo, on assiste au déploiement d’une effarante propagande où il n’est question que de liberté d’expression. Que vous inspire la pseudo-unité nationale qu’elle suscite, vous qui avez été condamné à mort socialement et médiatiquement pour vos écrits ?
Ce genre d’unanimité ne peut se faire, comme René Girard l’a montré, qu’au détriment de quelques-uns.La prétendue recomposition nationale qui a eu lieu après les meurtres de Charlie Hebdo nous dit deux choses : d’abord qu’elle n’aurait pas été aussi grande si les victimes n’avaient pas été des journalistes (les meurtres de Toulouse et de Montauban, il y a deux ans, pourtant de même nature, n’avaient pas suscité un pareil émoi) ; il est vrai, ces journalistes appartenaient à l’extrême-gauche, celle-là même qui clame qu’il n’ y a pas encore assez d’immigrés, pas assez d’« Europe », et qu’il faut en finir avec les nations. D’autre part,cette unanimité s’est faite au détriment même de la « liberté d’expression », c’est-à-dire de ceux qui, Français de souche et catholique sont constamment insultés par Charlie Hebdo. Il en va de cette liberté comme de la « tolérance » : elle est une arme de contrôle, pour le pouvoir médiatico-politique qui trouve à présent chez Zemmour, Camus, Finkielkraut et moi-même des « responsabilités » dans le climat d’ « islamophobie » qui fait des musulmans les victimes d’un « amalgame », d’une « stigmatisation » (ces mots ayant remplacé celui, dévalorisé, de racisme). Le serpent socialiste se mord d’ailleurs la queue : son discours rejoint ici celui des islamistes prétendus « modérés ».
La religion républicaine peut-elle s’aveugler encore longtemps sur le fait qu’elle n’est qu’un dangereux simulacre ? Est-ce finalement l’islam qui va le lui apprendre ?
L’islam, dans sa violence comme dans ses conquérantes prétentions juridiques, a le mérite de rappeler, involontairement, que la classe politique joue, depuis une trentaine d’années, avec le feu immigrationniste. Soyons réalistes ; il y a une bonne immigration : celle qui veut s’assimiler, et une autre, problématique, généralement musulmane, qui trouve dans le multiculturalisme une citoyenneté minimaliste. Je suis « français » faute de mieux (faute d’être américain, par exemple, ou de vivre selon la charia), peuvent se dire les jeunes immigrés. L’islam est, pour beaucoup, un ordre politique avant d’être une religion, comme l’a rappelé Houellebecq dans son roman Soumission. Tout cela occulte le fait majeur : la déchristianisation de l’Europe, dont la religion laïque ou celle des droits de l’homme ne peut plus masquer qu’elle fait le lit de l’islam, lequel a horreur du vide religieux. Et si les catholiques ont montré qu’ils sont une force puissante lors de la Manif pour tous, cette force ne semble pas avoir, hélas, d’avenir politique. Les socialistes continuent leur œuvre de destruction, cette forme de guerre civile, commencée en Vendée, en 1793. [...]
La civilisation post-moderne, post-historique, post-chrétienne ne produit pas du vide : elle est le vide, la jouissance du vide, du présent perpétuel, du light, de l’insignifiant, de la « glisse », de l’absence de mémoire, etc. Le multiculturalisme d’état est un des visages de ce vide. A la différence du romancier consensuel ou du propagandiste littéraire, l’écrivain doit sans cesse redéfinir sa condition : le terrain sur lequel il s’avance est infiniment piégé par le Spectacle qui tente de le récupérer, comme il l’a fait pour Debord et pour Muray. L’écrivain vit dans une époque si trouble, si inquisitoriale, si judiciarisée qu’il ne peut être qu’un solitaire, un franc-tireur. Tout le condamne, mais il écrit à partir de cette condamnation même…"