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  • Société & Régime des partis • Juppé réveille la meute

    En portant le débat sur des sujets clivants, Alain Juppé tente de réunir les voix manquantes à gauche pour emporter la primaire des partis LR-UDI-PCD. 

    Le 21 novembre, Alain Juppé dénonçait une « vision extrêmement traditionaliste » de son concurrent François Fillon, qui siégeait pourtant dans le même gouvernement il y a cinq ans.

    Le 22 novembre, il demandait soudainement à l’ancien premier ministre de Sarkozy de « clarifie[r] sa position sur l’avortement », mettant dans l’embarras celui qui a bénéficié au premier tour des voix massives des militants ‘Manif pour tous’. Puis il dénonçait sans les préciser des « soutiens d’extrême-droite » de l’ex chef du gouvernement.

    Dans la foulée, des médias tels Libération et L’Obs attaquaient violemment François Fillon, ne laissant guère de doute sur leurs intentions pour le second tour de la primaire. Et Le Monde relayait amplement les polémiques.

    Le temps est compté pour Alain Juppé, mais la technique pourrait s’avérer payante. En dressant des épouvantails encore actifs pour une partie de l’électorat, en s’étant assuré le soutien préalable des populations immigrées par ses prises de positions (poursuite de l’immigration, soutien à l’UOIF), Alain Juppé pourrait remonter au second tour.

    Le premier épisode de la primaire l’a prouvé : dans un scrutin à faible participation ouvert à tous, le moindre déplacement électoral peut faire basculer les résultats.

    François Fillon l’a peut-être compris. Malgré les 44% obtenus dimanche dernier, il appelait le 22 novembre ses soutiens à poursuivre la mobilisation en vue du second tour. 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Ile-de-France : 18% de la population est étrangère, 42% des meurtres sont commis par des étrangers

    Compte de tenu de sa gravité, ce crime est l'infraction à la fois la mieux connue statistiquement et la mieux réprimée.
    L'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) a étudié de 2007 à 2013 les meurtres connus à Paris et dans les trois départements de la petite couronne d'Ile-de-France : les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis. Les étrangers ne représentent que 18% de la population de ces départements : ils étaient impliqués dans 42% des meurtres. Encore faut-il préciser que parmi les meurtres imputés statistiquement à des Français, beaucoup sont commis par des binationaux.
    Si l'on zoome, pour la même période, sur les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, 204 meurtres avaient été commis dans le 93 contre 76 dans le 92, soit 2,3 fois plus. Or, les deux départements ont sensiblement le même nombre d'habitants : seulement, le 93 compte trois fois plus d'immigrés que son voisin.

    Jean-Yves Le Gallou, Immigration : la catastrophe
     

  • I MEDIA S03E41 : Primaire de la droite : sondages et médias à côté de la plaque.

  • Terrorisme: Icham et Samir avaient déjà été condamnés 6 et 7 fois

    Ces terroristes voulaient frapper la France le 1er décembre, téléguidés par un donneur d'ordre retranché en zone syro-irakienne. Ils ont été interpellés dans la nuit de samedi à dimanche dernier à Strasbourg et Marseille.

    Parmi ces 5 suspects, quatre, interceptés dans le quartier de la Meinau à Strasbourg, sont des amis se connaissant de longue date. 

    • Yassine B, Français de 37 ans, animateur dans une école et inconnu des services,
    • Icham M, Français de 37 ans, manutentionnaire ayant déjà six condamnations pour des faits de droit commun,
    • Samir B., épicier franco-tunisien de 35 ans condamné à sept reprises
    • Zakaria M, franco-marocain de 35 ans sans emploi et inconnu des services.

    Comme leur prénom l'indique, ce sont des padamalgam.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Ligne Philippot : 3 ans de perdus

    Les initiateurs et les organisateurs des primaires pour la prochaine présidentielle devraient se réjouir : ils ont réussi à changer le champ habituel des élections en favorisant un outsider. La déception fut grande chez les pronostiqueurs et le succès de Marine Le Pen devient plus aléatoire. Voici comment Philippe Christele analyse les répercussions possibles du succès de François Fillon sur la stratégie adoptée par le FN.
    Polémia

    La politique est cruelle. Cruelle pour Sarkozy, l’humilié du premier tour. Cruelle pour Juppé, qui n’aura finalement couru toute sa vie que pour une chimère.

    Cruelle, elle pourrait être aussi pour Marine Le Pen, à qui les échéances présidentielle et législative de 2017 promettaient beaucoup.

    La politique est cruelle, mais elle a aussi ses lois. Comme c’est un système fini et que le total fera toujours 100%, ce que gagne l’un est perdu par un autre et réciproquement.

    Depuis 3 ans, la ligne Philippot règne sans partage à la tête du Front National. La rupture a été assumée au moment de la Manif pour Tous et ne s’est pas démentie depuis. Positionnement ouvert (c’est-à-dire libertaire) sur les mœurs, gauchisation du discours au nom de l’anti-Système, mise en sourdine de la ligne identitaire pour essayer de faire propre sur soi.

    Ce choix est issu d’une triple combinaison : la nécessité classiquement partisane de brider toute concurrence à l’intérieur ; le logiciel personnel de Florian Philippot, qui, à force de travail, mais aussi de rapports de force permanents et de coups de main médiatiques, s’est installé dans l’intimité intellectuelle de la présidente ; et enfin la croyance naïve, qu’ont eue tous les ralliés au FN historique, que la diabolisation pourrait s’arrêter un jour, si l’on était gentil et qu’on arrêtait les blagues nulles.

    Le résultat aujourd’hui, c’est que l’électorat qui rêve d’une droite autoritaire, enracinée, décente et traditionnelle, s’est trouvé un champion avec François Fillon, et rien n’indique qu’elle ne le lâchera d’ici le terme du cycle électoral de 2017.

    L’autre résultat, c’est le double échec de la stratégie de dédiabolisation. Ceux qui ont suivi le débat Fillon-Juppé auront noté que, dans sa conclusion, Juppé a invoqué l’identité heureuse et la France apaisée (sic). Cela ne l’empêchera pas d’être battu et cela précipitera son échec. Le second échec s’appelle l’histoire. Ni les Anglais du Brexit, ni les Américains de Trump n’ont choisi des candidats et des programmes apaisés. Et c’est folie d’imaginer que les 30 prochaines années, en France ou dans le monde, seront apaisées. Peut-être n’est-ce même pas souhaitable, mais c’est un autre débat.

    Enfin, comment peut-on rêver de dédiabolisation lorsque Pierre Bergé, dans la bienveillance médiatique générale, compare Fillon à Pétain ?

    Faute de mouvements ou de gestes vers lui, le FN a abandonné à la manip’ Fillon ses gisements naturels d’expansion électorale. Le refus de la Manif pour Tous a débouché sur la Manip’ pour tous.

    Comme tout discours assis sur la dénonciation du programme économique de Fillon ne sera jamais que pâle imitation du discours de gauche sur le sujet, elle-même relayée par les médias et syndicats, ce n’est pas sur ce terrain-là, où beaucoup de conquêtess électorale ont déjà été faites, qu’il faut attendre des leviers de progression.

    La seule carte qui reste à jouer, c’est celle de l’immigration, l’identité, la sécurité. Mais alors il faudra parler comme Trump, et pas comme Juppé. Comme Le Pen père, et pas comme Philippot. Et il faudra continuer à donner des signes aux « marches » électorales qui restent la droite de conviction fatalement déçue par Fillon, et ce peut-être dès le soir du premier tour de la présidentielle.

    Bref, il va falloir retrouver le discours d’il y a trois ans. Retour à la case Départ. Trois années de perdues à courir après une respectabilité médiatique que seuls les bons résultats et la force font plier. Trois années de perdues à insulter la droite traditionnelle et à envoyer le bataillon sacré chanter l’Internationale à Sciences-Po, soutenir les campagnes LGBT ou insulter ceux qui ne pensent pas comme eux. Trois années de perdues à instiller en interne le doute, la tension ou l’affrontement.

    Fine mouche et pas dupe, Marine Le Pen est restée très discrète ces derniers temps. On la dit très agacée de devoir sans cesse céder au chantage affectif et arbitrer des conflits de cour d’école. Il est urgent pour elle de siffler la fin de la récréation. De faire preuve d’autorité. De regagner en confiance personnelle et de montrer à la France qu’elle dirige. Au-delà de tout programme, c’est aussi sur ce type de posture qu’on choisit un président – ou une présidente.

    Philippe Christele 25/11/2016

    Source : Boulevard Voltaire.fr

    http://www.polemia.com/ligne-philippot-3-ans-de-perdus/

  • Europe centrale – Immigration : le groupe de Visegrád ne cède pas aux injonctions de Bruxelles

    A l’issue d’une réunion devant débatte de la politique immigrationniste de l’Union européenne, les ministres de l’Intérieur du Groupe de Visegrád, le V4 (Pologne, Slovaquie, Tchéquie, Hongrie), ont conjointement rejeté le système obligatoire de quotas de réfugiés prôné par Bruxelles.

    Ce lundi à Varsovie, ils ont opté pour une assistance aux réfugiés se trouvant en dehors de l’Union européenne, avec la création d’un centre de coordination des crises migratoires.

    Le ministre polonais Mariusz Blaszczak a déclaré que tous les participants avaient accepté d’«employer les bonnes pratiques d’aides aux migrants ayant fui la guerre» qui se sont réfugiés dans des camps, au Liban et en Jordanie.

    Blaszczak a également réaffirmé que le V4 était contre le système de relocalisation des réfugiés dans l’UE, car «nous croyons qu’il est inefficace». «Ce sont les faits qui le prouvent. Sur 160.000 personnes qui devaient être réparties dans les pays de l’UE, seules 6.000 personnes l’ont été à ce jour», a commenté le ministre. Et d’ajouter que les pays du V4 ont estimé qu’il était important de verrouiller les frontières de l’UE.

    Le Groupe de Visegrád a fait valoir son opposition au système de réinstallation des réfugiés et d’amendes aux pays qui refusent de les accepter. Selon la proposition de l’UE, ces derniers pourraient échapper à la relocalisation pendant un an à condition de payer une amende de 250.000€ par réfugié!

    «La politique de l’UE doit être modifiée afin de rétablir le contrôle total des mouvements migratoires actuels en Europe, afin d’éviter les effets négatifs d’une augmentation brutale de la pression migratoire au cours des prochaines années», a lancé le ministre polonais.

    Le centre sera dirigé par la Pologne, qui assume cette année la présidence tournante du V4. Dans cette réunion élargie ont également participé des délégations autrichienne, belge, bulgare, croate et slovène.

    Les petits pays de l’UE se coalisent et nous montrent la voie à suivre en affirmant leur volonté de se réapproprier les compétences des Etats-nations que Bruxelles leur a confisquées.

    Les Observateurs.ch
    23/11/2016

    Sources : Les Observateurs.ch
    http://news.xinhuanet.com/english/2016-11/22/c_135847535.htm
    http://www.auslandsdienst.pl/3/21/Artykul/281024,V4-gr%C3%BCnden-Zentrum-zur-Hilfe-f%C3%BCr-Fl%C3%BCchtlinge

    http://www.polemia.com/europe-centrale-immigration-le-groupe-de-visegrad-ne-cede-pas-aux-injonctions-de-bruxelles/

  • Guerres du pétrole: tout a commencé en Irak en 1916

    Tous ceux qui suivent la situation en Irak doivent absolument se procurer « 1916 en Mésopotamie » de Fabrice Monnier, qui vient de paraître aux Editions du CNRS.

    1916_en_mesopotamie-197x300.jpgIls apprendront – s’ils ne le savaient pas – que dans l’Empire ottoman, qui s’effondrait, les musulmans ne se laissaient pas envahir facilement par les grandes puissances, les « kouffars » comme ils les appelaient déjà. Ils étaient capables, ne serait-ce que par obligation religieuse – sunnite ou chiite – ou pour l’honneur, de leur résister courageusement, voire de les battre à plate couture.

    La « Force D », expédition militaire venue des Indes britanniques – débarquée à Fao en 1914, près de Bassora– l’a appris à ses dépens en avril 1916 : 18 000 morts rien qu’à la bataille de Kut al-Amara et 9 500 prisonniers emmenés en Turquie dont beaucoup ne revinrent jamais.

    L’ouvrage de Fabrice Monnier, passionnant, se lit comme un roman historique. Il m’a tenu en haleine de bout en bout, notamment avec son récit du siège de Kut et de la reddition du général Charles Townshend qui croyait conquérir Bagdad sans difficulté. Ce n’est pas l’impréparation des militaires britanniques chargés d’occuper la Mésopotamie – appelée, selon eux, à être peuplée avec des paysans indiens – qui m’a sidéré le plus, mais l’arrogance et le mépris des officiers anglais pour les forces armées ottomanes, les tribus arabes, et même pour leurs propres « harkis » indiens. A croire que l’armée de Sa Majesté ne venait pas de subir une cuisante défaite face à la Turquie dans le détroit des Dardanelles…

    Tandis que la Première guerre mondiale faisait rage en Europe, à Londres il n’était pas seulement question d’empêcher  le  Kaiser Guillaume II de contrôler la route des Indes. On y parlait déjà d’Or noir. Certes, il fallait protéger la raffinerie de l’Anglo-Persian Oil Company d’Abadan (Iran) qui approvisionnait la marine britannique en mazout mais, au-delà, il s’agissait de s’emparer d’une région connue de quelques spécialistes – et de l’Intelligence service – pour être gorgée de pétrole.

    A cette fin, et pour effacer l’humiliante défaite de Kut al-Amara – quasiment passée sous silence dans la presse londonienne -, les Britanniques durent envoyer en Irak un corps expéditionnaire de 100 000 hommes, 176 canons et des avions leur assurant la supériorité dans les airs. Commandés par le général Frederick Maude, les Britanniques prirent Bagdad le 11 mars 1917. Mossoul qui résistait ne sera occupée que le 10 novembre 1918, sans respect pour l’armistice conclu avec les Turcs à Moudros dix jours plus tôt.

    « Cent ans plus tard, les conséquences de cette guerre », écrit Fabrice Monnier, « les promesses non tenues et des humiliations infligées se font toujours sentir dans un Moyen-Orient où on a la mémoire longue».

    Elles sont de toute évidence avec les deux guerres du Golfe, l’embargo international et plus d’un million de victimes civiles, à l’origine du chaos irakien actuel.

    Les Américains – Bush père et surtout fils – n’ont tiré aucun enseignement de l’occupation de l’Irak par les Britanniques. Les résistances irakiennes sunnites et chiites – avec l’Armée du Mahdi et le Hezbollah irakien– les ont contraints à rappeler leur corps expéditionnaire. Un Etat islamique (EI) remettant en cause les accords Sykes-Picot a aussitôt émergé dans les provinces majoritairement sunnites d’Al-Anbar et de Ninive. Ce qu’il représente ne disparaîtra pas après sa défaite à Mossoul, loin de là. La partition de facto du pays en entités plus ou moins autonomes semble maintenant en cours. Il va s’en dire qu’elles ne demeureront pas longtemps en paix.

    Mais en attendant cet éventuel redécoupage, ce sont les déclarations de campagne de Donald Trump – nouveau président des Etats-Unis – qui inquiètent. Elles ne laissent présager rien de bon dans la région, puisqu’il considère que les Américains ont le droit de s’emparer des champs de pétrole irakiens pour se rembourser des dépenses occasionnées par la guerre contre le terrorisme (terrorisme qu’ils ont eux-mêmes provoqué !). C’est plus facile à dire qu’à faire. Comme disent les anglo-saxons : Wait and see

    Présentation de l’ouvrage par son auteur (vidéo – 2’47):

    http://www.voxnr.com/6798/guerres-du-petrole-tout-a-commence-en-irak-en-1916

  • La mort de Fidel-Castro

    Patrick Gofman

    Hospitalisé fin juillet 2006, Fidel Castro, 81 ans, a passé la main le 19 février 2008 à son frère Raul Castro, 75 ans dont 50 comme ministre de la Défense. Une brochure publiée par Fidel en 1953 s'intitulait "La Historia me absolvera". L'Histoire l'absoudra-t-elle ?

    "Autopsie du castrisme", de Léo Sauvage, est paru dès 1962 chez Flammarion. Mais personne n'y fit attention. C'était tellement plus amusant d'écouter Jean-Paul Sartre et René Dumont. Et ils gueulaient tellement plus fort ! Retour de Cuba, en 1960, le "grand philosophe" s'extasiait sur le génie de Castro, qui ne craignait pas de « parler aux représentants des syndicats ouvriers, à La Havane, et demander qu'ils sacrifiassent une partie de leur salaire pour les premiers investissements qui donneraient le départ à l'industrialisation. » Ces ouvriers auxquels dans le maquis il avait promis, au contraire, de substantielles augmentations…

    Pas plus tard que le 25 juillet 1960, à Santiago de Cuba, un barbudo déçu expliquait ainsi à Sauvage : « Notre rêve à nous tous était une république libertaire d'où toute oppression serait bannie à jamais et que guideraient les principes de José Marti (1). Ce que nous avons eu à la place, c'est un État totalitaire jouissant de moins de libertés que la Pologne… »

    Pour ce maquisard en retraite, Castro avait trahi la révolution cubaine, et il en blâmait aussi « les flatteurs, les lâches, les imbéciles et les Jean-Paul Sartre. Sans eux, il n'y aurait pas eu de traître, parce qu'il n'y aurait pas eu de fou, ou parce que le fou n'aurait pas été à même de trahir. Et notre révolution n'aurait pas sombré dans un cloaque. »

    En mars 1960, en escale à New York, après Cuba, Sartre, auteur soit dit en passant des "Chemins de la liberté", déclarait à Sauvage : « …je suis partisan de la suppression de journaux [cubains indépendants] tels que le "Diario de la Marina". Il s'agit là d'organes aux tendances périmées et dont les attaques font perdre du temps au gouvernement révolutionnaire. Les libertés bourgeoises doivent être sacrifiées aux intérêts de la révolution, et seules peuvent être tolérées des critiques constructives, conformes à la volonté du peuple. »

    L'été suivant, Juan Arcocha, interprète de Castro (et Sartre), engueulait le même Sauvage pour avoir évoqué de prétendues menaces contre la liberté de la presse à Cuba… Cinq ans plus tard, cet Arcocha est en exil à Paris ; il appelle Sartre au secours des intellectuels cubains. Le philosophe se déclare inapte à convaincre Fidel et Beauvoir préfère « garder vivant le souvenir de la lune de miel de la révolution » ! Arcocha confesse : « J'en conclus que ces deux monuments intellectuels que j'avais placés sur un piédestal n'étaient que des touristes éclairés. Je brûlai donc mes idoles et ne les revis plus. » (2).

    René Dumont, candidat écolo à la présidentielle de 1974, et conseiller agronomique (peu écouté) de Castro, écrivait quant à lui dans "L'Express" (22 septembre 1960) : « On peut dire dès maintenant que la révolution cubaine est en train de rattraper, sur le plan économique, le niveau très élevé qu'elle avait déjà atteint sur le plan politique. » Mais dès 1963, il publie un violent réquisitoire contre le castrisme, "Cuba est-il socialiste ?" Que s'est-il passé ? Un familier de Castro à l'époque m'affirme que Dumont se vengeait de la frayeur mortelle que Fidel lui avait causée en lui reprochant avec une extrême violence ses conciliabules avec un agronome cubain, ancien ministre de l'Agriculture et opposé à la collectivisation.

    Un fameux agronome lui-même, le Lider Maximo, alias le Dealer Maximo (3) ! Cuba l'avait attendu pendant des siècles, pour briser enfin sa monoculture sucrière. Fidel mobilise femmes et enfants pour coudre une « ceinture de café » autour de La Havane. Chaque récolte est plus désastreuse que la précédente, et il met quatre ans pour découvrir que les plaines calcaires empoisonnent le caféier ! Qui aurait osé le lui dire à temps ?

    Personne non plus n'osa lui rappeler que les communistes cubains avaient donné des ministres à Batista (fantoche US), désapprouvé l'insurrection castriste, été chassés par les ouvriers de la direction de leurs syndicats… puisqu'il avait décidé de les imposer dans tous les rouages du pouvoir.

    Le quotidien "Présent" a accusé le Council on Foreign Relations (think tank du State Department, les Affaires étrangères US) d'avoir "fabriqué" Castro. Mais que dire alors de la CIA et de son débarquement de 1 400 nostalgiques de Batista, dans les marais de la baie des Cochons ? En évinçant la résistance démocratique cubaine (majoritaire dans l'île comme en exil), l'Agence offrait à Fidel un triomphe militaire sans péril mais pas sans gloire sur le géant américain (Kennedy dut en endosser la responsabilité), et redorait, pour longtemps, son blason de "héros du peuple cubain". Que dire aussi de l'occupation militaire US de Cuba (1898-1934), de la mainmise coloniale et mafieuse sur son économie ? Et que dire, enfin, du blocus seulement levé par Obama ?

    Aujourd'hui, « dans l'île trompeuse, le temps s'est arrêté. Les touristes adorent : les vieilles Cadillac, les palais décrépis, les slogans de leur jeunesse en grandes lettres noires sur fond de poing levé s'affichent çà et là au détour d'un carrefour, d'une avenue… Les Cubains, eux, triment, inventent le quotidien pour ne pas sombrer dans la désespérance », écrit un couple de correspondants de presse (1996-99) aujourd'hui indésirable à Cuba (4).

    Après un demi-siècle de puissante réflexion, la gauche découvre que le castrisme serait quelque peu totalitaire, et elle le lâche. Quand soixante-quinze dissidents collectionnent 1 453 années de prison, en mars 2003, Human Rights Watch, Amnesty International, Reporters sans frontières et compagnie ripostent par un cruel "Livre noir".

    Il ne reste guère à Fidel que le soutien de la Veuve Rose, Danielle Mitterrand. Pour elle, il « n'a rien d'un dictateur », c'est même un « démocrate convaincu » qui, affirmait-elle en 1996, a réalisé « le summum de ce que le socialisme pouvait faire » !

    Bien vu, mémère : en 1959, Cuba était le 3e pays d'Amérique latine en richesse. À présent, on y manque de tout (sauf de flics), et même de… sel et de poisson, le comble dans une île. Le dollar, la drogue, le crime organisé, la prostitution y sont de retour : Cuba n'est plus "le bordel des USA", elle est devenue celui de l'Europe et de l'Amérique du Sud. Sa première source de devises ? Les envois en dollars, à leurs familles, des exilés, officiellement remerciés du sobriquet de "vers de terre" (gusanos) ! Le tourisme est loin derrière (chaque dollar gagné coûte 75 cents d'investissement), contrairement à ce que raconte au "Monde 2" un inepte hagiographe du tyran, Volker Skierka.

    Quel avenir attend la belle Caraïbe ? En principe la présidence du poivrot Raul Castro. Mais en 1991 Martin Cruz Smith lui donnait « trois mois, maxi », dans le "Financial Times" : « Une fois que Fidel ne sera plus là, Raul aura l'air d'un poulet qui attend d'être plumé » (par ses chers amis de l'armée).

    "Le Monde" ne pouvait manquer de recueillir pieusement l'oracle stupide du compañero M. C. Morua, nègre socialaud, et drôle d'opposant qui geignait hier que « les Noirs pourraient être les grands perdants d'un changement » et prédit maintenant le passé avec aplomb : « Raul pourrait impulser des réformes économiques étroitement contrôlées par le pouvoir politique, à la chinoise. » C'est ce qu'il fait (tourisme de masse, dollarisation, économie mixte, etc.) depuis quinze ans. Merci pour le tuyau, Blackie.

    Dans leur excellent livre (4) de l'an 2000, Cumerlato et Rousseau ont moins de sotte arrogance et proposent déjà six scénarios possibles : « Une transition menée par Castro (le scénario chilien) – La révolution de palais (le scénario tunisien) – Le chaos (le scénario haïtien) – Le scénario constitutionnel – Le pacte de transition (le scénario espagnol) – Le scénario politico-militaire. » Faites votre choix…

    1.- José Marti (1853-1895), franc-mac, journaliste, poète, chef de la guerre d'indépendance contre l'Espagne. Le régime castriste s'en réclame, comme ses opposants.
    2.- "La Havane 1952-1961", collectif, éd. Autrement, 1994.
    3.- Le Guide suprême, "Lider Maximo", de la révolution cubaine a récolté le sobriquet de "Dealer Maximo" après l'affaire de drogue pour laquelle le général Ochoa et trois autres officiers furent exécutés avec une hâte suspecte…
    4.- "L'Île du Dr Castro", Stock.

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