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  • PIERRE JOVANOVIC : AVEC MACRON LA FRANCE SERA DÉTRUITE

  • L’AfD entre au Parlement du Schleswig-Holstein

    Le coprésident fédéral de l’AfD Jörg Meuthen est content du résultat : son parti entre pour la douzième fois d’affilée dans le Parlement d’un Land.

    Lors des élections pour le Parlement du Schleswig-Holstein qui se sont déroulées ce dimanche 7 mai 2017, le parti patriotique AfD a obtenu 5,9 % et entre au sein de cette assemblée.

    Au Schleswig-Holstein, l’État fédéré le plus au nord de l’Allemagne, les thèmes centraux de l’AfD n’ont pas joué un rôle prépondérant dans les résultats des élections. En effet, la question de la crise des réfugiés et celle de l’intégration des migrants ne touchent pas fortement cette partie du pays qui compte peu d’immigrés. Par conséquent, la tâche du parti patriotique était ardue, mais celui-ci est arrivé malgré tout à franchir le seuil électoral des cinq pourcents nécessaires afin de siéger au sein du Parlement du Land.

    Le parti a dû faire face à d’autres difficultés : lors de la campagne, des gauchistes ont attaqué les pneus des voitures de cadres du parti ainsi que les affiches. Les gérants de débits de boissons et hôtels acceptant d’accueillir les rassemblements de l’AfD ont également été pris à partie par ces gens.

    Le coprésident fédéral de l’AfD Jörg Meuthen est content du résultat : son parti entre pour la douzième fois d’affilée dans le Parlement d’un Land.

    L’AfD dispose désormais de cinq des 59 sièges du Parlement du Schleswig-Holstein. Les scores des différents autres partis varient légèrement par rapport au scrutin précédent, à l’exception de celui des Pirates, qui s’effondre complètement. Ces derniers ne siègent plus désormais au sein de cette assemblée, qui compte dorénavant six partis : les chrétiens-démocrates de la CDU arrivés premiers, les sociaux-démocrates du SPD, qui sont en deuxième position, les écologistes, les libéraux-centristes du FDP, l’AfD, ainsi que le parti de la minorité danoise SSW qui est dispensé du seuil électoral de cinq pourcents.

    Selon un sondage Infratest dimap, l’AfD a avant tout attiré les suffrages d’électeurs masculins qui ont réalisé peu d’études et qui sont chômeurs.

    Le scrutin au Schleswig-Holstein, qui compte moins de trois millions d’habitants, était l’avant-dernier avant les élections législatives du 24 septembre 2017. Les électeurs du Land le plus peuplé d’Allemagne, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui compte dix-huit millions d’habitants, éliront ce 14 mai 2017 le Parlement de leur Land. L’éventuelle entrée de l’AfD au sein de cette assemblée sera un des éléments majeurs de ce scrutin pouvant servir de tremplin au parti patriotique en vue des législatives.

     Écrivain et journaliste belge francophone Son blog
  • Culture • Le Mystère Le Nain

    Famille de paysans dans un intérieur 

    Par Edouard de Saint Blimont 

    Il paraît qu’Emmanuel Macron, à peine élu, ira fêter sa victoire, sur la place du Louvre.

    Qu’il en passe les portes ou qu’il se déplace jusqu’au Louvre Lens pour recevoir quelques leçons des frères Le Nain dont les tableaux sont exposés en ce moment. Mais cet ancien rédacteur du rapport Attali qui soutient que l’homme n’existe que pour produire et consommer, qui prône la nomadisation des peuples, et dont le programme exclut toute allusion à une éventuelle transcendance est-il capable de se laisser instruire par la peinture des Le Nain ? Quand nous regardons les scènes paysannes de Louis Le Nain, que nous sommes loin pourtant de l’univers décrit par Jacques Attali, dans sa Brève histoire de l’Aveniroù « les hommes se vendent comme des machines et où [ils] ne s'intéressent pas à leur progéniture à laquelle ils ne laissent ni fortune, ni héritage étant eux même issus de familles décomposées, recomposées, mobiles géographiquement. »  

    Il est donc urgent de s’interroger sur le mystère Le Nain pour reprendre le titre que le conservateur du Louvre, Nicolas Milovanovic, a voulu donner à son exposition. On sait qu’il a fallu beaucoup de science et de patience aux experts pour attribuer à chacun des frères Le Nain les tableaux que chacun a effectués en propre. Ce fut déjà un premier mystère mais on sait un peu mieux aujourd’hui ce qui revient à Louis, à Antoine, ou à Matthieu.

    Des tableaux à la signification énigmatique.

    Mais le vrai mystère de cette peinture est ailleurs. Si l’on se borne aux productions géniales de Louis, et si l’on se focalise sur son tableau le plus célèbre, Famille de paysans dans un intérieur, force est de reconnaître que sa signification reste énigmatique. S’agit-il de donner une représentation embellie de la condition paysanne, susceptible de satisfaire la bourgeoisie qui achète des terres, en conférant aux modèles une dignité remarquable ? S’agit-il, plus profondément d’y voir la manifestation du mystère Eucharistique ? La présence du pain sur une nappe et du vin, dans un verre de cristal, seuls éléments précieux au sein d’un univers marqué par la pauvreté le laisserait aisément supposer chez ce peintre d’origine protestante, converti au catholicisme. Il serait tentant déjà de « réduire » cette scène à une telle signification religieuse. Elle confère une dignité à l’ensemble des personnages. Mais l’on a remarqué à juste titre que ce tableau, comme beaucoup d’autres n’a pas de sujet défini. Dans l’émission de France Culture qui a été donnée au sujet de cette exposition, Nicolas Milovanovic indique qu’un enfant joue du flageolet mais ce n’est pas autour de ce détail que s’organise l’audition éventuelle d’un petit concert ; un repas semble se préparer mais les indices qui l’attestent font défaut. En bref, aucun sujet ne structure cet « intérieur » et le ferait-il qu’il serait impuissant à déterminer le sens profond de ce qui nous est montré : dans un autre tableau, La Forge, qui représente un forgeron qui s’active à sa forge tandis que sa famille se tient à ses côtés, l’activité artisanale semble déterminer le sujet du tableau, beaucoup plus que cette scène paysanne où l’on ne sait trop à quoi s’affairent les sujets présents. Mais dans la Forge, on ne saurait réduire ce que l’on voit à l’activité propre de l’artisan, qui se détourne de sa tâche pour regarder vers nous. C’est une constante dans les tableaux de Louis Le Nain : le sens de la scène représentée donne l’impression de transcender les motifs qui semblent, au départ, orienter l’esprit dans une interprétation précise. Aucune scène ne se laisse réduire aux motifs qui semblent pourtant décider de la représentation. Les scènes mythologiques, dépeintes par Louis ne dérogent pas à ce principe : l’interprétation du tableau représentant Vénus demandant à Vulcain des armes pour Enéene se laisse pas enfermer dans la démarche de la déesse.

    Au fond, les êtres représentés dans ces scènes transcendent les activités auxquelles ils s’adonnent, leur humanité ne se limite pas à leur condition, l’humanité de l’homme déborde de toutes parts les sens divers auxquels on prétend la réduire. D’ailleurs, les tableaux de Louis mettent en perspective l’être humain par rapport aux activités auxquelles il peut s’adonner. On a souvent l’impression que si la représentation de l’activité humaine y est présente, c’est pour mettre en valeur, du fait de la présence d’être au repos, l’idée précisément que l’homme ne s’abîme pas strictement en elles.  Mais il faut aller au-delà de ces remarques.

    Les regards des personnages

    Les grands critiques d’art et surtout les grands écrivains nous laissent à la porte de ce mystère qui nous permet de comprendre à quoi tient l’irréductibilité de l’humanité des êtres représentés chez Le Nain. Champfleury, un critique d’art du XIXème siècle, se focalisant sur la personnalité des personnages représentés indique qu’ils semblent prendre la pose et de fait l’intensité des regards que certains personnages dirigent vers nous le laisserait presque supposer : cela semble être le cas de trois des personnages de cette famille de paysans : de la vieille femme qui tient le verre de cristal, de l’homme assis à la table et qui s’apprête à couper la miche de pain, et de la femme plus jeune, à la droite du tableau. N’est-ce pas le cas de ce père de la Famille heureuse ou le retour du baptême, qui lève son verre et s’immobilise en nous regardant en souriant …comme on le ferait aujourd’hui, tandis qu’on nous photographie ? N’est-ce pas le cas de la femme du forgeron de La Forge qui nous regarde bien en face ?

    Mais précisément, s’ils sont occupés à nous regarder, c’est qu’ils ne songent pas à prendre la pose et Sainte Beuve est plus près de la vérité quand il fait remarquer qu’ils nous regardent, c’est-à-dire, qu’ils semblent s’interroger sur la présence de ceux qui pénètrent par effraction dans leur univers.

    Mais son interprétation reste au milieu du gué : d’une part, bien des personnages ne prennent même pas la peine de diriger leur regard vers nous. Ils regardent ailleurs, soit qu’une scène située hors champ attire leur regard comme dans La Forge, soit qu’ils nous tournent carrément le dos, comme l’enfant qui contemple le feu dans la Famille de paysans, ou le personnage qui s’affaire à ranimer le feu dans La Tabagie, soit encore qu’ils soient plongés dans un profond sommeil comme le dormeur situé au premier plan dans La Tabagie, ou cette magnifique Ariane, plongée dans le sommeil le plus profond  que contemple avec émotion Bacchus dans Bacchus découvrant Ariane à Naxos.

    Restent tous ceux qui semblent regarder le spectateur. Ils semblent frappés par une mélancolie rêveuse. Mais prêtez plus d’attention encore à la façon dont les personnages regardent : la vieille femme qui tient le verre de cristal, la jeune femme à la droite, l’enfant lui-même qui est assis sur le sol ; mais aussi Vénus s’adressant à Vulcain, ou Bacchus contemplant Ariane endormie… : en réalité, ils regardent sans regarder vraiment, leur regard donne l’impression de ne pas s’abîmer dans l’objet qu’ils sont censés voir, ce n’est par sur lui (être ou objet) qu’ils arrêtent leur pensée parce que tout en regardant ce qu’ils regardent, les personnages pensent à autre chose, ils sont comme on dit, plongés dans leur méditation. Pas plus que l’activité n’est leur définitive raison d’être, pas plus le monde qu’ils contemplent n’est de nature à arrêter suffisamment leur pensée.

    Qu’on ne s’étonne donc plus si, par cette mise en scène du regard, le peintre leur confère une infinie profondeur, si, de manière tout à fait congruente, on retrouve dans leurs mains un verre de cristal rempli d’un vin rubis, et si l’on a, du coup, envie d’y voir représentée quelque cène eucharistique : ce regard nous ouvre sur le mystère de l’humanité de l’homme, sa profondeur ne trahit pas seulement une disposition à la mélancolie rêveuse ou plutôt cette mélancolie rêveuse est promesse d’une ouverture, au-delà de l’ici et du maintenant… à quoi les maîtres présents de notre monde, dans leur ardeur à nier toute transcendance, s’emploient à nous réduire. 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • LE COMBAT CONTINUE

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  • Politique et éco n° 131 : la tribune des économistes - Le budget, la dette & le social

  • Et maintenant, quel avenir pour le Front National ?

    6a00d83451619c69e201b8d2803640970c-800wi.pngMarine Le Pen a annoncé hier soir la transformation du parti lepéniste :

    «Le FN qui s'est lui aussi engagé dans une stratégie d'alliance doit profondément se renouveler (…) Je proposerai donc d'engager une transformation profonde de notre mouvement afin de constituer une nouvelle force politique que de nombreux Français appellent de leurs vœux, et qui est plus que jamais nécessaire au redressement du pays»

    S'agira-t-il d'un simple toilettage (on parle de changement de nom "Les Patriotes" ou "L'Alliance patriote et républicaine) ou une véritable remise au cause de la stratégie du parti ? S'il s'agit de remettre en cause la ligne mélenchoniste de ces dernières semaines (flagrante lors du débat raté), pour privilégier une droitisation avec les thèmes de l'immigration et de l'identité, pourquoi pas ?

    Et Marine Le Pen en gardera-t-elle la présidence, au risque de décourager ses soutiens, comme après l'échec de 2002, qui a vu le FN végéter pour finalement s'effondrer face à Nicolas Sarkozy ? Elle peut sans doute se maintenir à la tête du FN, mais, comme JMLP entre 2002 et 2010, ce serait pour présider un cycle pour rien. Un cycle où ni les cadres, ni les militants, ni les électeurs ne croiront plus la victoire possible à l’horizon visible. Le FN deviendra-t-il un parti adulte ? La perdante se retire, les adhérents votent pour la remplacer.

    Il faut également faire attention aux analyses biaisées qui consistent à comparer 2002 (18% au second tour) à 2017 (34% au second tour). D'une part Marine Le Pen n'a gagné que 4 points au premier tour par rapport à 2002, ce qui n'est pas si extraordinaire dans l'état de déliquescence du pays, et d'autre part elle a été opposée au second tour à un candidat de gauche. Si elle avait du affronter le candidat de droite, comme son père, il n'est pas certain qu'elle aurait réalisé un score aussi élevé.

    La grande nouveauté par rapport à 2002, c'est l'alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, qui ouvre une perspective pour l'union à droite, surtout si LR explose entre les ralliés à Macron et opposants au nouveau régime. Nicolas Dupont-Aignan doit être remercié de son geste courageux. Le pire serait que l'interdit autour de l'union des droites sorte renforcé de ce second tour. En outre, pour que le FN se pose en chef de l'opposition à Macron, il faudra quand même obtenir un certain nombre de députés. Les résultats d'hier soir montrent que cela ne sera pas très évident...

    De son côté, Bruno Gollnisch a déclaré :

    «Moi je suis favorable personnellement à ce qu'il y ait une entente, une alliance, pour les prochaines élections, avec d'autres formations que la nôtre, comme par exemple celle de Nicolas Dupont-Aignan». «Il va falloir s'adapter, mieux faire passer le message. Tout peut être discuté, rien n'est intangible.»

    Néanmoins :

    «Je crois qu'il faut conserver notre socle de convictions: défense des valeurs traditionnelles, lutte contre le fiscalisme».

    Dans Le Figarovox, Mathieu Bock-Côté critique la stratégie de Marine Le Pen au second tour :

    "On a aussi assisté à l'explosion en direct d'une ligne politique - autrement dit, il faut aller plus loin qu'une critique du style de Marine Le Pen pour comprendre sa décomposition lors de ce débat. Plusieurs ont remarqué l'absence de la question de l'immigration, qui est pourtant le moteur historique du Front national. On pourrait dire la même chose de l'identité. S'agissait-il pour elle de sujets secondaires? Marine Le Pen était dans un grand flirt mélenchoniste. Elle voulait rassembler la grande opposition au système. Elle s'est présentée devant le peuple avec un programme économique bancal. Elle n'a pas voulu chercher à ramener chez elle les électeurs de François Fillon. Elle n'a pas su transformer cette élection en choix de civilisation. On devine qu'elle sera sévèrement critiquée, notamment par ceux dans son parti qui croient que l'avenir du FN passe par une stratégie non pas d'union des indignés mais d'union des droites."

    Robert Ménard estime pour sa part :

    «35% c'est plus qu'une déception, c'est une défaite. On ne peut pas gagner seul une élection en France de ce type-là. Il faut des alliances, et les alliances il ne faut pas les faire une semaine avant le second tour mais longtemps à l'avance».

    «Je pense que si le Front National ne sait pas tisser des alliances très rapidement, ça pourrait être une très mauvaise nouvelle au niveau des législatives. Or, on a besoin d'avoir le maximum de députés possible. Donc il faut arriver maintenant à convaincre que nous ne sommes pas des gens qui tapons sur nos partenaires, (…) mais que nous sommes prêts à faire un certain nombre de compromis, à laisser de la place à d'autres. Faisons preuve d'ouverture d'esprit, on verra qui sont les sectaires, il faut être unitaire». «Il faut arrêter avec l'euro, sortir de l'euro est une erreur, c'est une erreur colossale. Quand le Front National aura compris qu'il faut pas seulement arrêter d'en parler, mais ne plus en parler du tout (…) peut-être qu'on pourra espérer voir quelqu'un portant nos idées gagner une élection».

    On estime que 48% des électeurs de François Fillon ont voté Macron, 32% se sont abstenus ou ont voté blanc/nul et seulement 20% ont voté Marine Le Pen. Le FN aurait tort de mépriser cet électorat en l'estimant irrécupérable. Les personnes âgées ont voté Hofer en Autriche, Brexit en UK et DonaldTrump aux Etats-Unis. Alors d'où vient cette contre-performance en France si ce n'est du FN lui-même ?

    L'échec est également patent dans les villes gérées par le FN et alliés :

    • Béziers : 52,69% pour Macron contre 47,31% pour Marine Le Pen.
    • Hayange, elle n'obtient que 47,54% des suffrages,
    • Villers-Cotterêts (49,8%),
    • Le Pontet (49,20%),
    • Mantes-la-Ville (31,96%)
    • 7e secteur de Marseille (40%).

    n Maréchal-Le Pen, qui avait fixé à 40% le niveau d'une «belle victoire», a appelé à un examen des causes de l'échec :

    «Nous n'avons manifestement pas réussi à convaincre les Français qu'il s'agissait là d'un référendum pour ou contre la France, pour ou contre l'immigration de masse (…) ça, c'est évidemment des choses qui vont nous conduire à réfléchir dans les semaines à venir». 

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • À l’aube d’un populisme nouveau ?

    La vie politique française vient d’entamer un nouveau cycle : la gauche traditionnelle et la droite classique, c’est fini.

    Vox populi, même si pas forcément Vox dei : les urnes ont parlé. Macron, 66 %. Le Pen 34 %.

    Comme toujours avec le Front national, on ne sait jamais s’il s’agit d’un succès, d’un échec, ou des deux en même temps ; quoique les années et les scrutins passant, le premier est généralement suivi du second.

    Ce qui demeure évident, c’est que la vie politique française vient d’entamer un nouveau cycle : la gauche traditionnelle et la droite classique, c’est fini ; au moins dans sa forme de naguère, laquelle a depuis tant de décennies structuré le paysage électoral.

    Et c’est ainsi qu’on voit se dessiner un nouvel arc populiste ; car Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont tous deux, quoi qu’on en dise, mené une campagne « populiste » se voulant « hors système », à l’instar du véritable troisième homme du premier tour, Jean-Luc Mélenchon, et de Nicolas Dupont-Aignan, arrivé en tête des « petits candidats ».

    Le populisme de Macron peut prêter à rire, et Jacques Attali, dans un élan de franchise et de lucidité, ne s’est pas privé de le railler : « Emmanuel Macron, candidat hors système ? Mais il est le pur produit de ce même système. »

    La preuve en est qu’Aude Lancelin, compagne de l’économiste Frédéric Lordon, virée sans ménagement de la rédaction de L’Obs, affirmait en substance que l’oligarchie du CAC 40 et du MEDEF, ne pouvant pousser plus avant son candidat naturel, Alain Juppé, a fomenté un putsch en lançant Emmanuel Macron dans la course. Plutôt bien vu et, comme toujours, si le système gouverne mal, il est imbattable dès lors qu’il s’agit de se défendre, lui, ses hommes et ses intérêts.

    Paradoxalement, le nouveau président de la République, sous couvert de « néo-populisme » – lui aussi suscite aussi un semblant d’espoir –, est le mieux placé pour mettre en œuvre ce que l’oligarchie dominante appelle de ses vœux depuis toujours, les yeux continuellement rivés sur le « modèle allemand ». À savoir la constitution d’une large coalition allant du centre gauche au centre droit, chargée de contenir des poussées populistes de plus en plus menaçantes Assez beau jeu de dupes, en effet. 

    Après, ce sera lors des élections législatives que tout se dessinera de façon plus claire.

    Le mouvement En marche ! bénéficie d’un socle solide et fragile à la fois. Solide parce que le succès a tendance à aller au succès. Fragile parce que les deux principaux cadavres laissés sur le champ de bataille, Républicains et socialistes, n’ont plus forcément les moyens de poursuivre leur chemin comme si de rien ne s’était passé. Il leur faudra choisir.

    La droite, tiraillée entre ralliements lepéniste ou macronien, peut-elle encore tenter de conserver une indépendance que ses membres ne sont plus guère nombreux à sérieusement envisager ?

    La gauche, d’un côté laminée par Macron et, de l’autre, réduite en miettes par Mélenchon, devra elle aussi choisir entre suivisme vis-à-vis d’une social-démocratie de choc contribuant à continuer de paupériser ce qui lui reste d’électorat ouvrier, ou tout simplement rallier, d’une manière ou d’une autre, l’autre grande coalition qui se profile, celle d’un populisme faisant enfin la jonction entre ses deux rives traditionnelles ?

    Populisme qui gronde, toujours, celui exprimé par les électeurs qui, accompagnant une forte abstention, ont voté nul ou blanc – 8,8 % tout de même –, résumant assez bien le climat précédant souvent les grands bouleversements à venir : quand le peuple ne veut plus et quand l’État ne peut plus.

    Qu’Emmanuel Macron savoure donc sa victoire du jour. Le meilleur ou le pire demeurent à venir : un peuple en colère ne saurait se satisfaire de ces reliefs de festin qu’on n’oserait plus, surtout aujourd’hui, servir en terrasse de la Rotonde.

    Et c’est ainsi qu’en voulant seulement changer d’air, on passe aussi d’une ère à l’autre. L’avenir commence toujours demain.

    http://www.bvoltaire.fr/a-laube-dun-populisme-nouveau/?mc_cid=d05c2b7574&mc_eid=c3236ac5f5