
par Igor Delanöé
À l’occasion du troisième anniversaire du déclenchement de «l’opération spéciale», deux projets de résolution ont été soumis au vote à l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) le 24 février dernier. L’un, préparé par l’Ukraine et soutenu par les pays européens, condamnait la Russie et l’appelait à retirer ses troupes du pays. L’autre, proposé par les États-Unis, était d’une tonalité bien plus conciliatrice à l’égard de la Russie. Les deux textes ont été adoptés, les Américains s’abstenant lors du vote de leur propre résolution après avoir consenti à des amendements demandés par les Européens. Le texte original de la résolution américaine a cependant été adopté quelques heures plus tard par le Conseil de sécurité des Nations unies, avec 10 votes pour et 5 abstentions (Danemark, France, Grèce, Slovénie, Royaume-Uni). Pour la première fois depuis le début du conflit, la Russie a voté une résolution portant sur l’Ukraine de concert avec la Chine et, plus surprenant, avec les États-Unis. Cette séquence du 24 février 2025 a mis en évidence la fragmentation de «l’Occident collectif» et celle de la «majorité mondiale», deux récits structurants dans la politique extérieure russe.