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avortement et euthanasie - Page 150

  • Pepsi et le cannibalisme

     

    [un article inédit du journaliste Laurent Glauzy]

    Le 28 mai 2011, des centaines d’organisations de droit à la vie encourageaient au boycott des produits Pepsi, grand groupe américain qui a formé un partenariat avec Senomyx. Cette société, qui a bâti sa fortune dans la biotechnologie, utilise des cellules de bébés avortés pour la recherche et l’élaboration d’exhausteurs de goût, au profit de l’industrie alimentaire.

    Le site de défense pro-vie Life-Site News déclare que de grands consortiums de l’industrie alimentaire comme Pepsi et Nestlé collaborent au savoir-faire de Senomyx.

    Aux États-Unis, les groupes pro-vie accusent Senomyx et les grandes sociétés qui lui sont affiliées de pratiquer le cannibalisme. Ainsi, Senomyx fait de la mort de l’enfant à naître un secteur particulièrement porteur.

    D’après Life-Site News, la recherche et le développement financier de Senomyx sont soutenus par Pepsi, qui a acheté la licence d’utilisation du HEK 293, un exhausteur de goût utilisé pour sa production de boissons gazeuses.

    Debi Vinnedge, présidente de l’organisation américaine pro-vie CGL (Children of God for Life), dénonce depuis des années l’utilisation de la chair de bébés avortés pour la production de gammes de cosmétiques et de médicaments. Elle affirme que Semonyx et Pepsi cachent au consommateur que le HEK 293 contient ces mêmes cellules embryonnaires. Debi Vinnedge argumente que l’Occident plagie les pratiques barbares de la Chine communiste qui, à partir de ses origines dictatoriales, donne naissance à un nouveau type de capitalisme conquérant et dépourvu de toute morale.

    Le 5 août 2011, un documentaire de la chaîne sud-coréenne SBS accuse les entreprises pharmaceutiques chinoises de fabriquer des pilules aphrodisiaques à partir de chair de bébés morts. Les cliniques chinoises rentabilisent les bébés morts à la suite d’une fausse couche ou d’un avortement pour faire de l’argent avec de grands groupes pharmaceutiques.

    Ces cliniques reçoivent des cadavres de bébés conservés dans des frigidaires chez des familles consentantes afin de ne pas susciter de soupçons. Ensuite, les cadavres de bébé sont séchés dans un appareil à micro-ondes. L’ultime étape de la pulvérisation sert à la fabrication des pilules. Tel est le témoignage livré images à l’appui par l’équipe de SBS, qui effectua même des tests d’ADN.

    Il ressort que ces pilules sont composées à 99,7 % de chair humaine, avec également des restes de cheveux et d’ongles.

    Les journalistes de SBS ont aussi levé le voile sur un réseau étendu, en Corée du Sud, qui subvient à la demande croissante de la péninsule en capsules de bébés morts. Le commerce de placenta séché par micro-ondes et fabriqué de manière dissimulée par des hôpitaux chinois est, d’après la chaîne SBS, une des manifestations d’un cannibalisme en plein développement, n’épargnant pas les canettes des consommateurs occidentaux.

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com

    Informations tirées de : Frank Hills, Chemtrails existieren doch,
    Pro Fide Catholica, 2012, pp. 66-68.

  • Plus de 25 000 Irlandais dans la rue contre l’avortement

    Dublin (Irlande). Alors que, suite au décès de Savita Halappanavar et à des pressions internationales, le Gouvernement irlandais semble décidé à légaliser l’avortement lorsque la vie de la mère est en danger, entre 25 000 et 30 000 personnes ont défilé samedi dans le cadre de la campagne Vigil for Life pour demander le statu quo. Un record historique !

    200 militants « pro-choix » ont tenté, sans succès, de perturber la manifestation. Avant le rassemblement, Mgr Diarmuid Martin, l’archevêque de Dublin, avait célébré une messe pour « l’enfant dans le ventre de sa mère ».

    Dans tous les pays où elle a eu lieu, la légalisation sous condition de l’avortement a entraîné sa pratique dans des circonstances qui n’étaient pas prévues au départ.

    http://www.ndf.fr/nouvelles-deurope/

  • [Vidéo] Fondation Jérôme Lejeune : numéro spécial rentrée parlementaire

    « Entre le mariage homosexuel et l’euthanasie, la recherche sur l’embryon forme un trio des réformes qui entraîneront un changement de civilisation ! »

    Les députés font leur rentrée cette semaine, l’occasion de souligner l’urgence de se mobiliser : la proposition de loi visant l’autorisation de la recherche sur l’embryon pourrait être examinée par l’Assemblée Nationale le 28 mars !

    Acteur des débats lors de la révision de la loi de bioéthique en 2011, Philippe Gosselin, député de la Manche et membre actif de l’Entente parlementaire pour la famille s’oppose à la remise en cause du principe d’interdiction de la recherche sur l’embryon. Pour lui, mariage et PMA pour tous, marchandisation du corps, recherche sur l’embryon et euthanasie participent d’une même remise en cause inédite de la vie humaine, de son commencement à sa fin. Il en appelle à une mobilisation ferme et globale !

    Contre la recherche sur l’embryon humain : Interview du député Philippe Gosselin

    Ce qu’il faut retenir !

    Mariage pour tous, recherche sur l’embryon et euthanasie : halte à la déshumanisation ! Pour le député de la Manche, nous ne devons pas rentrer dans le cloisonnement de ces sujets qui sont certes traités dans des projets ou propositions de loi différents mais qui participent en réalité d’un même changement de civilisation inédit. En effet, ces réformes remettent en cause le respect de la vie depuis son commencement jusqu’à sa fin. « Avec l’ouverture de la PMA aux couples homosexuels, qui appelle donc la Gestation Pour Autrui, la recherche sur l’embryon qui utilise les embryons surnuméraires issus de la PMA […] nous sommes dans un tunnel à court, moyen et long termes, de marchandisation du corps et d’instrumentalisation de l’être humain que je récuse absolument ! ».

    Le texte pourrait être voté dès le 28 mars par l’Assemblée : la menace est réelle ! « L’encre de la révision de la loi de bioéthique, qui a maintenu l’interdiction de la recherche sur l’embryon, est à peine sèche qu’elle est déjà attaquée sur un point fondamental, en catimini ! ». La proposition de loi, à l’initiative du groupe radical au Sénat a été votée par le Sénat le 4 décembre. Le texte peut « vraisemblablement » être examiné par l’Assemblée Nationale lors de la prochaine niche de l’équivalent du groupe radical à l’Assemblée, le 28 mars. Le texte, court, pourrait passer en moins de deux heures de débat, comme ce fut le cas au Sénat, et l’autorisation de la recherche sur l’embryon être gravée dans le marbre ! Il s’agirait de la chute d’un principe fondamental : le respect de la vie dès son commencement.

    Contre la recherche sur l’embryon humain, « Il faut une forte mobilisation citoyenne ! » Certes, la majorité qui a maintenu hier l’interdiction de la recherche sur l’embryon humain est aujourd’hui dans l’opposition. Cependant, une mobilisation citoyenne forte est indispensable pour rappeler la nature « essentielle » de ce débat aux députés.

    Fondation Jérôme Lejeune  http://www.actionfrancaise.net/

  • Pire qu'une “FEMEN” ! Une militante anti-avortement arrêtée aux Etats-Unis

    Une agression d'une rare violence a abouti, le 9 janvier à Huntsville, Alabama, à l'arrestation d'une femme qui prétendait exercer des pressions morales et psychologiques sur des femmes qui allaient pacifiquement utiliser les services de la clinique d'avortements de la ville. On peine à imaginer les conséquences graves de son geste sur la santé physique et mentale des clientes de la cliniques si elles avaient été directement victimes de cette attaque ; en l'occurrence, elle a frappé une manifestante pour le droit à l'avortement.
    Joyce Fecteau, 75 ans, s'était postée devant la clinique pour prier le 22 décembre dernier, en compagnie d'autres activistes. Non seulement elle était entièrement habillée, mais elle avait en outre la tête couverte et elle avait même omis d'expliquer son geste en criant des slogans, préférant un silence nécessairement coupable et méprisant et la récitation de prières. Dans un débordement de haine l'activiste a répandu de l'eau bénite sur le trottoir.
    (C'est dire l'agressivité de son geste, que l'on comparera à son détriment avec la manifestation « rigolote » des FEMEN à Paris contre une cortège anti-mariage gay. Les FEMEN, elles, avaient choisi de venir ensemble, témoignant d'un mouvement citoyen partagé, la poitrine dénudée pour marquer leur vulnérabilité, des inscriptions sur le corps pour rendre leur geste intelligible et des extincteurs à la main dont elles avaient aspergé de nombreuses personnes, y compris des enfants en poussette, en hurlant leur mal-être et leur désapprobation.)
    Par la suite Lisa Cox, qui à ce moment-là participait à une manifestation pro-avortement devant la clinique, a indiqué que Fecteau lui avait envoyé une « substance inconnue » dans la figure. « Cela aurait pu être de l'ammoniaque ou de la javel », a-t-elle déclaré en déposant plainte. C'était pire. C'était de l'eau bénite.

    Le 9 janvier, la police est venue identifier Joyce Fecteau qui était une nouvelle fois en train de prier, et elle a été promptement embarquée pour être dans la foulée inculpée du délit d'« harcèlement ». On peut voir comment elle a résisté aux forces de l'ordre vers la minute 5 de la vidéo mise en ligne notamment ici.

    Elle devait expliquer son geste par la suite en indiquant qu'elle avait été incommodée par l'odeur des substances brûlées par les manifestantes pro-avortement et que son médecin lui avait recommandé d'éviter d'inspirer les fumées dégagées, car elles la rendent malade. C'est pourquoi elle était venue armée d'un brumisateur permettant de répandre un peu d'eau – bénite en l'occurrence – pour protéger son visage. « Je ne peux pas dire si un peu de cette eau a été portée par le vent sur le visage de cette dame », a-t-elle déclaré à la presse.
    L'organisatrice de la manifestation pro-avortement, Pamela Watters, a indiqué qu'elle pensait l'agression sur Mme Cox délibérée. Ce que son groupe faisait brûler, a-t-elle précisé, c'était un fagot de sauge et d'autres herbes séchées volontiers utilisés dans les rituels New Age, païens ou chamanes. Tout autre chose que les gouttes d'eau de Fecteau, témoins de l'obscurantisme et de la superstition de cette dernière.
    Joyce Fecteau n'en est pas à son premier méfait. Cette mère de sept enfants, catholique bien entendu, a passé sa vie à apporter de l'aide matérielle et un soutien de compassion aux femmes tentées d'avorter pour les aider à choisir la vie. Kelly Manley, de Huntsville Right to Life, est même prêt à témoigner qu'elle a contribué à sauver des centaines de bébés et autant de femmes de la douleur de l'avortement, et qu'il n'est pas rare de voir l'une des femmes qu'elle a ainsi aidées venir la remercier avec émotion en la retrouvant lors d'une de ses fréquentes stations devant la clinique d'avortement.
    Une telle obstination mérite certainement la mobilisation accrue des forces de l'ordre.
    Cela dit, si vous n'êtes pas d'accord, sachez qu'une manifestation de soutien à Mme Fecteau se tiendra lors de son passage devant le juge, le 21 février prochain. Ai-je besoin de préciser qu'elle sera pacifique ? Alors si vous passez par là…

    © leblogdejeannesmits

  • Euthanasie : Laissez-nous vivre !

    L’argument généralement brandi par les défenseurs du suicide assisté, déguisé sous le doux nom d’euthanasie, se situe du côté de l’individu, dont le choix serait libre. Tellement libre d’ailleurs qu’il demande à la société de l’aider à le réaliser.

    Gil Mihaely prend, lui, l’autre parti qui n’est pas plus recommandable à notre sens : il crée un genre de droit de la société opposable aux malades onéreux, arguant du fait que « la personne concernée par l’euthanasie est assez facilement identifiable ». Des deux côtés, on crée une confusion sur les fins respectives de l’individu et la société, comme s’ils avaient chacun des droits inaliénables sur l’autre.

    Pour faire pleurer dans les chaumières, Gi Mihaely argue d’un drame récent qui qualifierait l’état médical général de la France : cette femme qui, obligée d’accoucher dans sa voiture parce que la maternité se trouvait trop éloignée de chez elle, en perdit son enfant. Tragédie, certes. Mais l’auteur en infère que cette « surmortalité causée par la fermeture de certaines maternités en régions nous offre un parfait exemple des conséquences des choix opérés par notre politique de santé publique. » La surmortalité ? Parlons-en. Pour la mortalité infantile, la France se classe au 5ème rang mondial, ce qui n’est pas piteux, et le taux n’a fait que décroître, même sur les vingt dernières années. C’est donc une blague que d’accuser les vieux, les malades condamnés ou les polyhandicapés de survivre aux dépens d’une belle jeunesse sacrifiée à leur avidité. [...]

    Jacques de Guillebon - La suite sur Causeur

    http://www.actionfrancaise.net

  • Avortement : quand la mort rôde

    À l'heure où Simone Veil est reçue en grande pompe Quai Conti, avec le faste que l'on sait, revenons un instant sur les techniques abortives mises au point et gérées par l'Etat souverain. Dans quel cas la femme libérée - ne la traitons pas de « Marie couche-toi-Ià », au risque de passer pour ringard - peut-elle actuellement recourir à l'IVG ?
    Le législateur est formel : « L'avortement est accessible à toute femme en situation de détresse du fait de sa grossesse. La femme est seule juge de cette situation et est libre de sa décision. » Le délai légal d'avortement a été porté en 2001 par les socialistes de la 10e à la 12e semaine de grossesse, soit 14 semaines (plus de trois mois !) après le 1er jour des dernières règles. C'est Martine Aubry qui, à la suite d'un rapport établi par le Professeur Israël Nisand en 1999, institua cette nouveauté sociétale. À ceux qui auraient les yeux de Chimène pour la Lilloise, rappelons que cette loi a considérablement durci les dispositions Veil, notamment parce que la propagande et la publicité pour l'IVG ont cessé d'être sanctionnées comme avant, ou que les chefs de service des hôpitaux publics ont reçu l'ordre formel d'assurer l'organisation des IVG au sein des établissements.
    Inutile de préciser qu'à ce stade avancé du développement de la grossesse, 12 semaines dorénavant, il y a bel et bien génocide d'un enfant formé, ce qu'atteste toute radiographie ou échographie. Les adeptes de l'avortement objectent qu'un fœtus n'est rien : comment interprètent-ils alors les clichés à 8,10 ou 12 semaines ? Ce sont des décalcomanies ? La jeune fille désirant avorter et qui n'a pas la majorité doit en théorie avoir l'autorisation de l'un des titulaires de l'autorité parentale ou, le cas échéant, de son représentant légal. Dans les faits, elle s'en passe : en cas de « dialogue familial impossible » (intitulé flou qui ouvre toutes les options laxistes), elle doit pour tout sésame se faire accompagner par une personne majeure de son choix, ou même simplement recevoir l'imprimatur d'un membre du Planning familial - dont on sait que par essence il ne refusera jamais l'acte abortif.
    Évoquons le médecin à présent. Outre l'examen clinique d'usage, il doit informer la patiente des méthodes médicales et chirurgicales en cours et lui présenter les risques et les effets secondaires potentiels. Il doit également lui remettre un "dossier-guide" qui comprend le rappel des dispositions législatives concernant l'lVG, la liste des établissements autorisés à pratiquer l'lVG et leurs adresses, la liste des établissements d'information, de consultation et de conseil familial, des centres de planification et d'éducation familiale, des services sociaux et d'autres organismes agréés. Le médecin peut également proposer un dépistage de maladies sexuellement transmissibles (MST) et prescrire un futur mode de contraception. Il est à noter qu'un disciple d'Hippocrate n'est pas tenu de prendre en charge lui-même la demande d'IVG ; néanmoins sa liberté de conscience reste relative puisqu'il a l'obligation légale d'orienter la demanderesse vers des confrères susceptibles de réaliser l'intervention, que ce soit en établissement ou en médecine de ville. Autrement dit le médecin catholique a le droit de refuser en conscience de fourbir l'avortement, mais pas celui d'empêcher l'acte, qu'il doit au contraire promouvoir par un conseil éclairé.
     On a beau être libéral et "in", reste qu'avorter, c'est supprimer un être vivant. Heureusement, le législateur gêné aux entournures a pensé à tout... Écoutons le baratin officiel : mené par une « personne qualifiée » (sic), un ''dialogue'' permettra « d'apporter une assistance et des conseils appropriés à la situation de la femme enceinte », chaque fois que « cela est possible »... La récipiendaire est donc invitée à se rendre à un rendez-vous de bla-bla avec son compagnon. Mais ce pseudo-échange est facultatif ! Dans les hôpitaux publics, les centres d'IVG sont tenus d'accueillir en leur sein des permanences destinées à ce type d'entretien, afin de permettre à la femme enceinte de "parler" mais dans la réalité au quotidien d'accomplir l'ensemble des démarches, consultations et intervention en une seule fois. Ce n'est nullement une mise à l'épreuve morale, c'est au contraire une procédure d'accélération et de gestion avisée de la démarche.
    Il existe deux méthodes industrielles pour mener l'opération à son terme. La méthode instrumentale (ou "chirurgicale") est exclusivement pratiquée en établissement de santé et nécessite dans la plupart des cas une hospitalisation inférieure ou égale à 12 heures. On utilise alors différents moyens, incluant la dissection par scalpel et le curetage, mais le plus courant est de nos jours l'aspiration du futur enfant par une sorte d'aspirateur géant, acte pratiqué sous anesthésie locale ou générale. La méthode médicale ou "médicamenteuse" est réalisée en deux prises éloignées de médicaments, l'un interrompant la grossesse, l'autre provoquant des contractions et l'expulsion de l'embryon. Selon l'âge gestationnel et les risques hémorragiques, elle peut être pratiquée en médecine de ville, en établissement de santé ou en centre de planification familiale. Une consultation de contrôle et de vérification de l'IVG est réalisée entre le 14e jour et le 21e jour qui suit l'interruption de la grossesse. A cette occasion, le médecin ou la sage-femme envisage alors de prolonger l'acte en quelque sorte, puisqu'il ou elle décide avec la patiente quel moyen de contraception sera ensuite le mieux adapté à sa situation.
    Le coût forfaitaire d'une IVG chirurgicale dans un établissement public ou privé se situe entre 300 € et 450 € , mais peut varier considérablement en fonction de la durée de l'hospitalisation, du recours à l'anesthésie locale ou générale, etc. Le coût forfaitaire d'une IVG médicamenteuse est d'environ 280 €. Le coût total des avortements en France se situe dans une fourchette comprise entre cent et cent vingt millions d'euros. Depuis le 31 décembre 1982, la loi Roudy (qui se souvient encore de la suffragette Yvette Roudy, ministre et maire de Lisieux, ville natale de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus ?) a instauré le remboursement de l'IVG par la Sécurité sociale. L'IVG pratiquée en établissement est remboursée à 80 % par l'assurance maladie. L'IVG médicamenteuse pratiquée en médecine de ville ou en consultation externe d'un établissement hospitalier est prise en charge à 70 %. La différence reste à la charge de l'assuré(e) ou de sa mutuelle, si celle-ci le prévoit. Pour les bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle) complémentaire, la prise en charge est de 100 % ! Le financement de l'acte par nos impôts est quant à lui intégral pour les mineures non émancipées qui n'ont pas obtenu le consentement parental. En outre, aucune demande de paiement n'est présentée pour les dépenses relatives aux consultations médicales et sociales, à la consultation préanesthésique, aux frais de soins et d'hospitalisation ou relatives à une IVG par mode médicamenteux. Les documents nécessaires au remboursement des praticiens sont établis selon une procédure spéciale, de façon anonyme. Terminons par le meilleur, si l'on peut dire : les femmes en situation irrégulière qui résident en France depuis plus de 3 mois (elles doivent être en mesure de prouver la durée de leur séjour par tout moyen), peuvent bénéficier de l'aide médicale de l'Etat (l'AME) et se faire avorter gratuitement - d'où la multiplication de filières, spéciale IVG. Pourquoi du reste se gêner : l'assistante sociale du service hospitalier peut même les aider dans cette démarche... ce dont certains se réjouiront.
    Que penser de tout cela ? A vrai dire soyons mesuré, puisque depuis le 27 janvier 1993, la loi Veil est complétée par la loi Neiertz : celle-ci prévoit un délit d'entrave à l'IVG. Elle sanctionne « toute entrave ou tentative d'entrave à l'IVG de deux mois à deux ans de prison ferme et d'une amende de 2 000 à 30 000 francs ». Autrement dit, nous avons l'obligation légale de trouver du dernier chic l'avortement ; poser par écrit ses réserves sur le sujet, n'est-ce pas au fond s'attaquer à son libre développement, pour le plus grand bien des masses ?
    Voilà pourquoi nous nous fondrons dans le servum pecus et conclurons en claironnant : vive le fait de supprimer des enfants, quel indéniable progrès !
    Grégoire DUHAMEL. Rivarol du 9 avril 2010

  • Le “père” de l'avortement légal en Grande-Bretagne met en garde contre la légalisation…

    Il s'appelle Lord David Steel, libéral. C'est lui qui, en 1967, a donné leur forme aux lois autorisant l'avortement en Grande-Bretagne, on l'appelle même leur « architecte ». A l'heure où l'Irlande s'apprête à prévoir elle aussi des situations où il sera légalement possible de mettre fin à la vie d'enfants à naître, il a fait des déclarations surprenantes, presque comme des regrets. « Je n'avais jamais envisagé qu'il y aurait autant d'avortements », explique-t-il à propos de la loi britannique qu'il a fortement contribué à adopter, prévoyant la dépénalisation jusqu'à 28 semaines dans diverses situations.

    Une loi qui permettrait aux femmes de réclamer un avortement sur la foi de cases cochées sur un formuaire serait « très difficile à mettre en œuvre », a-t-il averti : c'est pourtant la voie envisagée pour les cas de danger pour la vie de la mère et éventuellement en cas de menace de suicide de la femme enceinte qui repose encore plus sur ses déclarations subjectives (ou opportunistes).
    Lord Steel le dit tout net : « Je crois que ce serait une erreur d'essayer de fixer une loi pour l'avortement pour les catégories comme le suicide ou le viol. »
    Pourquoi ? Parce que sans de telles catégories, on arrive déjà à quelque 200.000 avortements par an en Grande-Bretagne, soit une grossesse sur cinq. Pourtant la loi britannique ne prévoit pas l'avortement pour raisons sociales… Niamh Ui Bhriain, responsable du Life Institute en Irlande, commente : « Ce que l'expérience britannique nous apprend, c'est que la légalisation de l'avortement pour cause de (risque) de suicide conduirait à l'abus massif de la loi. En Grande-Bretagne, la plupart des avortements sont pratiqués pour des raisons sociales – mais la justification officielle de la mise à mort de l'enfant est le risque pour la santé mentale de la mère. »
    On sait aussi qu'aujourd'hui en Grande-Bretagne un tiers des avortements sont pratiqués sur des femmes ayant déjà subi un avortement, et un nombre croissant de femmes en sont à leur cinquième avortement… Toujours selon les critères supposés restrictifs de la loi.
    « Il semblerait qu'on soit en train de faire l'erreur en Irlande d'essayer de définir les circonstances où chaque avortement pourra être pratiqué et c'est là un chemin à parcourir qui est sans espoir », a déclaré Lord David Steel, cité par l'Irish Independent.
    Lord Steel reste personnellement favorable à l'avortement mais semble préférer un loi qui ne crée pas d'emblée une sorte de droit automatique à l'intervention… Cela n'en fait pas un « pro-vie », loin s'en faut, mais souligne tout de même le fondamental danger des lois systématiques qui est de faire exploser le nombre d'avortements.
    Niamh Ui Bhriain rappelle à cette occasion que de 1992 à aujourd'hui, pas un seul avortement sur une femme irlandaise pratiqué en Grande Bretagne n'a eu pour cause la nécessité de « sauver la vie de la mère ».
    En Angleterre et au Pays de Galles, depuis 1967, seuls 143 avortements (sur plus de 6 millions) ont eu pour motif la volonté de « sauver la vie de la mère » ou de l'empêcher de « subir un dommage grave sur le plan physique ou mental » (voir ici).
  • De la "Révolution guillotinière" à la philanthropie eugéniste

    La Révolution de 1789 ne fut pas une simple révolte contre un ordre ancien ; elle fut la déification de la révolte contre toutes les lois de la nature, contre toute transcendance et toute tradition ; il s'agissait essentiellement de refaire la création à l'image et à la ressemblance de l'Homme. Au service d'un tel "projet", les pires crimes devenaient des actes sublimes et, depuis la publication en janvier dernier du Livre noir de la Révolution française, nul ne peut croire que les atrocités de 1793 aient été de simples "bavures" dans le déroulement d'une entreprise valeureuse.
    Le professeur Xavier Martin, historien des idées politiques, l'un des auteurs du Livre noir, s'est déjà montré iconoclaste au sujet des années révolutionnaires, comme de celles du Consulat et de l'Empire. Son abondante érudition – il a lu et décortiqué tous les auteurs des "Lumières", analysé toutes les correspondances des acteurs de ce temps, tous les débats d'assemblées –, jointe à une grande finesse d'analyse, est déjà à la source d'ouvrages fondamentaux : Nature humaine et Révolution française, Sur les droits de l'homme et la Vendée, L'Homme des droits de l'homme et sa compagne, Mythologie du code Napoléon, Voltaire méconnu... dont nous avons rendu compte en leur temps. Voici qu'il "récidive" en s'en prenant à la volonté révolutionnaire de Régénérer l'espèce humaine*. L'ouvrage, sous-titré Utopie médicale et Lumières (1750-1850) montre déjà combien le matérialisme caractérise la pensée des élites de ces années-là.
    L'homme ? Une boue organisée
    Tout part du postulat nominaliste énoncé tout au long du XVIIIe siècle : il n'y a que des individus dans la nature, donc que des atomes sans volonté relationnelle. Le couple, la famille, la société ne sont pas naturels, ce ne sont que des agrégats d'individus juxtaposés par convention (par contrat, mot alors à la mode), mais cette complexité est une « dérive ». Il va falloir, explique l'auteur, « refaire du simple en tous domaines et notamment, quant au social, en déduisant rationnellement le collectif d'une connaissance mieux approfondie de l'individuel ». Or, qu'est-ce que l'homme-individu, considéré hors de toute transcendance et de toute appartenance affective, sinon « de l'organique pur », un « agencement d'organes », une « organisation », « un peu de boue organisée », comme disait La Mettrie, philosophe et médecin lui-même ? L'on voit à quelle déperdition de densité humaine aboutit une "philosophie" qui fait tout dépendre, comme disait Voltaire, des « organes » : le corporel, l'intellectuel, le sentiment, le goût, les opinions...
    Allons plus loin : tout dans la « machine » humaine n'est que « sensations ». On lit chez d'Holbach : « Toute sensation n'est qu'une secousse propagée jusqu'au cerveau ; toute idée est l'image de l'objet à qui la sensation et la perception sont dues. » Helvétius va plus loin : l'homme lui-même est réductible à ses sensations, donc à son aptitude organique à les éprouver... Il va sans dire que chez un homme ainsi considéré comme ne dépendant que de ses nerfs, le libre arbitre n'existe pas, et d'Alembert a clairement expliqué que « l'existence de la liberté n'est qu'une vérité de sentiment » (sic). Voilà le genre d'inspirateurs que la Révolution allait se donner quelques décennies plus tard pour conquérir la "Liberté"...
    Les « législateurs de l'univers »
    Alors, si tout en l'homme n'est que question d'agencement de fibres, les médecins peuvent prétendre être les mieux placés pour mettre cet homme en état d'être un bon citoyen, donc pour jouer un rôle auprès des hommes d'État réformateurs, puisqu'ils ont selon d'Holbach « la clef universelle de l'esprit humain ». À eux doit revenir aussi le soin de veiller à l'éducation des enfants, cette « matière première » dont Le Peletier de Saint-Fargeau devait dire sous la Révolution qu'elle peut être usinée pour les divers besoins sociaux. Xavier Martin voit poindre ici une « pédagogie totalitaire », avec le concours de médecins se croyant une vocation de conseillers anthropologiques auprès des gouvernants, voire de « législateurs de l'univers », comme devait les appeler un jour Joseph Fiévée. Et voici que la Révolution allait ouvrir à de telles prétentions un champ d'action illimité...
    Xavier Martin observe que la médecine fut très présente dans l'atmosphère mentale de la rhétorique révolutionnaire. Les médecins eux-mêmes n'étaient pas en grand nombre dans les assemblées, mais sont restés sinistrement célèbres. Apparaît tout de suite le prétendu médecin Marat, le « symbole de la haine sanguinaire délirante » ; ce passionné d'expériences physiques disait vouloir que l'anatomiste « dévoil[ât] les ressorts secrets qui meuvent l'âme ».
    Un « supplice d'égalité »
    Puis voici le bon Guillotin, si gentiment préoccupé des conditions d'hygiène de la salle des débats. À ce propos, il nous revient que ce brave homme avait déniché le 17 juin 1789 la clef de la célèbre salle du Jeu de Paume à Versailles où les députés s'érigèrent aussitôt, illégalement d’ailleurs, en assemblée nationale jurant de donner une constitution à la France : c'était déjà dresser la nation en un seul corps face au roi qui en avait toujours été la tête au-dessus des divers ordres. On séparait déjà la nation de sa tête... Tout un symbole !
    Mais revenons à M. Martin qui nous présente Guillotin subtilisant à un autre médecin la renommée de l'invention philanthropique qui permettrait désormais « un supplice d'égalité, d'humanité ». Les débats furent toutefois acharnés tout au long de la Révolution sur les bienfaits de la machine : une tête fraîchement coupée ne continue- t-elle pas de sentir ? Et pourquoi, lorsque Charlotte Corday fut décapitée pour avoir poignardé Marat, sa tête tranchée avait-elle rougi d'indignation quand le bourreau l'eut souffletée ?...
    Discours "médical" encore, celui qui se mit à établir entre l'homme et la femme un rapport d'étrangeté absolue. Dix ans plus tard le Code civil en resterait marqué.
    Discours médical aussi, celui sur la nation elle-même, et cela dès avant les États Généraux avec la brochure de Sieyès Qu'est-ce que le Tiers État ? On y lit : « Jamais l'on ne comprendra le mécanisme social si l'on ne prend pas le parti d'analyser la société comme une machine ordinaire. » Le savant Volney, quant à lui, faisait dépendre de la physique les principes de la morale, ce qui revenait à enlever à celle-ci son identité propre. Le comble du matérialisme...
    Il n'est pas jusqu'au calendrier révolutionnaire qui n'ait eu pour mission « d'harmoniser mécanique humaine, mécanique sociale et mécanique cosmique ». Les discours abondent où la société était assimilée à un corps dont les subdivisions seraient comme des « houppes nerveuses » envoyant les sensations au centre commun. Bien sûr, remarque Xavier Martin, cette idée de corps politique ruinait tous les corps intermédiaires représentant les forces vives de la nation. De là le centralisme jacobin...
    Le grand déblaiement
    Rien n'est innocent dans le langage : assimiler la nation à un organisme revient évidemment à parler de ses imperfections comme de maladies qu'il faut neutraliser, voire extraire, afin de ragaillardir le corps, de le "régénérer". Là est le maître-mot de la décennie. « Le terme est porteur, explique M. Martin, d'une forte charge de radicalité, en connexion avec l'aspect fondamental de table rase, donc de fondation, de refondation simplificatrice d'un donné social vétuste et complexe [...] C'est de façon logique que l'esprit fondateur de la Révolution justifie la violence initiale, laquelle techniquement est nécessitée par un besoin fondamental de "déblaiement". » Apparaît l'ombre des Carrier, Westermann, Turreau et autres massacreurs de la Vendée, ces gens dépourvus de tout état d'âme, convaincus d'accomplir une oeuvre philanthropique, de servir le progrès de l'humanité et de créer « un nouveau peuple », comme disait Le Peletier de Saint-Fargeau avant d'aller rejoindre Louis XVI outre-tombe le soir même du 21 janvier 1793.
    Qui dit régénération ne sous-entend évidemment pas médecine douce. Mais la Révolution alla plus loin : c'est « ontologiquement » qu'elle se fit « guillotinière », selon l'expression du conventionnel (et médecin !) Baudot, lequel se déclarait prêt à faire guillotiner le quart de la population alsacienne, dont un bon contingent de juifs... (Ce fut cela aussi, la Révolution !) Saint-Just exprima la "pensée" des régénérateurs avec une remarquable franchise : « Ce qui constitue une une république, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé. » Exterminer devenait une bonne action, il fallait même oser haïr l'homme lui-même, selon le mot du marquis de Sade, tout à fait dans l'air du temps : « L'extinction totale de la race humaine ne serait qu'un service rendu à la nature. » Ainsi se trouva épurée pour son plus grand bien la terre vendéenne transformée en cimetière... Ne l'oublions jamais : le recours aux "purges", "vomitifs", bains de sang et autres moyens d'extermination comme moyens de gouvernement, c'est la Révolution de 1789 qui en a donné l'exemple aux siècles suivants.
    De la Vendée à Auschwitz
    En fait était-il besoin du renfort "médical" pour que les Droits de l'Homme débouchassent sur de telles orgies ? Il nous semble que la Déclaration, en écrasant les hommes concrets sous le joug d'une entité collective (la « volonté générale ») et en imposant le dogme de l'infaillible souveraineté du peuple, a engendré la progression de la haine comme moteur de la vie publique. De même en ne reconnaissant d'autre distinction que celle des « vertus » et des « talents », tout en niant toute référence transcendante pour juger des "vertus" de tel individu ou groupe d'individus, les Droits de l'Homme ont laissé place aux critères utilitaires ou idéologiques pour entreprendre une "régénération".
    Ainsi chacun se trouva-t-il invité à ne plus reconnaître comme mesure de la vertu que sa propre adéquation à l'idéologie dominante laquelle faisait alors de n'importe quel envieux, ou de n'importe quel raté, une sorte de surhomme. Tous les génocides du XXe siècle ont fonctionné ainsi. Nous avons vu plus haut les juifs déjà visés par le système. L'historienne communiste Lilly Marcou n'a-t-elle pas écrit que l'impérialisme culturel des Lumières avait « contribué à une nouvelle forme d'antijudaïsme encore plus dévastateur ayant ses fondements dans un nationalisme laïc et xénophobe » 1 ? Et l'historien juif Israël Eldad n'a-t-il pas remarqué que « la dernière pierre que l'on arracha à la Bastille servit de première pierre aux chambres à gaz d'Auschwitz » 2 ?
    "Refaire l'homme"
    Revenons à Xavier Martin qui nous apprend encore mille choses sur les raisons de l'urgence de "refaire l'homme" à partir de 1789. Les travaux préparatoires au Code civil montrent bien le parallèle insistant entre médecine et politique législative. C'est d'ailleurs ce qui inspira l'introduction du divorce dans les moeurs françaises : étant donné que toute volonté relationnelle était considérée comme contraire à la nature, était-il normal, demandait Bonaparte, de forcer à vivre ensemble des êtres « organisés à part », tels que l'homme et la femme ? Notre actuel spécialiste en familles recomposées, Nicolas Sarkozy, a, en ce qui le concerne, résolu la question...
    L'idée se fit jour, alors, que les lois pouvaient déterminer les comportements (quid de la liberté ?) ; on allait « perfectionner l'espèce » et créer « un monde sans faute », d'abord en modifiant
    l'homme, entreprise jugée possible puisque, selon le docteur Cabanis – un disciple de Rousseau proche de Bonaparte –, « de tous les animaux, l'homme est le plus susceptible de recevoir toutes les empreintes imaginables ». On commencerait bien sûr par la jeunesse que le jacobin Bourdon voulait rendre « libre et docile », ce que M. Martin traduit par librement modelable, afin qu'elle se prête d'elle-même aux pulsions qu'on lui donnerait et qui, d'après d'Holbach ou Condillac, la rendraient forcément heureuse, puisque conditionnée par une passion abstraite, celle – ne riez pas – de la Liberté !.... Voilà donc l'État promu éducateur de la nation dans sa totalité, avec pour mission de régénérer même l'entendement humain. À cette fin fut créée en 1795 l'École normale (l'école qui normalise...) ; elle ferma ses portes au bout de trois mois, mais on sait depuis deux cents ans que l'idée a fait son chemin...
    Des hommes pour la pensée unique
    Vint ensuite le "médecin philosophe", ce Cabanis déjà cité, lequel allait enfin expliquer ce qu'était la perfectibilité de l'homme... L'hygiène et l'éveil des sens, autant que l'éducation et les techniques de manipulation, fêtes civiques et uniformes, devaient rapprocher toujours plus l'homme d'un « type parfait ». Mais cet homme était appelé à s'épanouir au sein de masses, de collections, d'agglomérats donc d'abstractions, seules pouvant exister dans un monde qui condamnait les communautés naturelles comme non naturelles. N'avait-on pas entendu quelques années plus tôt Allarde, l’un des deux destructeurs des corporations, dire qu'il n'y avait plus que des « collections d'individus » ? Vouloir créer un type parfait d'homme (les « hommes supérieurs » rêvés par Helvétius) et en même temps ne parler que d'hommes en troupeaux, cela peut sembler contradictoire. La solution de Cabanis est éclairante sur les futures réformes de l'enseignement en France jusqu'à nos jours. Il s'agissait en fait, explique M. Martin, d'un « parfait type moyen » réunissant en lui la meilleure « intelligibilité » (savoir en somme exceller dans la moyenne, se comporter, selon Cabanis, « de manière optimale » dans la moyenne...) et la meilleure « gouvernabilité », autrement dit la docilité. Il était bien entendu qu'il n'y aurait nulle place pour la fantaisie dans cet univers de remodelage, tout juste bon pour des « robots supérieurement téléguidables » – les hommes aujourd'hui sans visage de la "pensée unique"...
    Ce que les utopistes de la Révolution et du Consulat n'ont pas su créer parce qu'ils finirent par faire peur, les idéologues de notre temps, capables de la manière soft, ne sont-ils pas en train de le réaliser ?
    Le tri des reproducteurs
    Il est d'autres considérations qu'aborde Xavier Martin et qui font froid dans le dos tant elles sont devenues actuelles deux cents ans après. Régénérer l'espèce humaine, cela pour beaucoup viendrait nécessairement du bienfait même des lois nouvelles, car la pensée juste et le corps sain se confondraient et la "Liberté" ne pouvait qu'embellir le sang, ce sang qu'il importait d'épurer en se débarrassant du « mauvais lait », du sang impur (air connu) de ceux qui ne goûtaient pas la Liberté... Plus grave encore : la conception nominaliste, donc réductrice, de l'homme avait tant contaminé le siècle des Lumières qu'on ne croyait plus guère dans le monde révolutionnaire à la réalité d'une nature humaine. L'avortement, déjà !, était dédramatisé, et, à demi-mots, l'eugénisme également. Tandis que Condorcet souhaitait débarrasser la terre des hommes inutiles et mal faits, d'autres voulaient envoyer dans les guerres napoléoniennes des régiments de borgnes et de boiteux pour conserver les hommes beaux et forts. De là à parler de trier les reproducteurs, il n'y avait qu'un pas que d'ailleurs Voltaire avait naguère déjà franchi. De son côté, dans son Contrat social Rousseau avait dit que la vie devait « devenir un don conditionnel de l'État ».
    Certes, le rendez-vous fut plutôt manqué entre les médecins façon Cabanis et Napoléon, trop prudent pour les écouter, il n'en reste pas moins qu'ils ont laissé en France des traces pendant tout le XIXe siècle (l'auteur en cite des exemples stupéfiants). Léon Poliakov, analysant le Mythe aryen voit en Cabanis « le relais entre le scientisme des Lumières et le racisme scientifique et eugéniste du nazisme ». Xavier Martin a ici le courage de dire ce que l'on ne dit jamais, par exemple que la fondatrice du Planning familial, Margaret Sanger, « admirait l'eugénisme hitlérien ». Et cette généalogie des horreurs n'est pas close à l'ère des manipulations génétiques en tous genres...
    Assurément ce livre nous plonge en plein coeur de l'actualité, mais surtout il dérange, parce qu'il montre tout simplement que la Révolution commencée en 1789 n'a jamais été réellement close et qu'elle sévit en douceur sous nos yeux plus que jamais. On n'en sortira qu'en rejetant les idéologies dominantes et en retrouvant la liberté de voir les hommes comme ils sont.
    MICHEL FROMENTOUX L’Action Française 2000 du 20 mars au 2 avril 2008
    * Xavier Martin : Régénérer l'espèce humaine – Utopie médicale et Lumières (1750-1850). Éd. Dominique Martin Morin, 384 pages, 27,50, euros.
    1 Lilly Marcou : Napoléon et les juifs. Éd. Pygmalion, 2006.
    2 Israël Eldad : Essai sur la Révolution juive. Cité par Michel Gurfenkiel dans Le Livre de la mémoire. Éd. Valmonde, 1993.

  • De l'avortement à l'euthanasie

    Et toujours le même scénario

    Dans notre société sur-médiatisée, l'émotion est devenue le vecteur principal des réformes politiques. Pour faire passer des lois qui pourraient heurter l'opinion publique, les lobbies ont compris qu'il faut jouer sur la corde sensible des Français. Avortement. Mariage homosexuel Euthanasie. Le scénario est, depuis trente ans, toujours le même.
    - Le 5 octobre 1971, Le Nouvel Observateur publie le manifeste dit « des 343 salopes » qui contient l'appel à la désobéissance civile suivant : « Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont confrontées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles, je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre. » Ce manifeste est notamment signé par Catherine Deneuve, Yvette Roudy, Marie-France Pisier ou Françoise Sagan. Chacun des signataires s'expose à des poursuites pénales.

    Un drame réel, des témoins de « moralité », une émotion intense, une loi
    Un an plus tard s'ouvre le procès de Bobigny. Cinq femmes se trouvent dans le box des accusés. Parmi elles Marie-Claire, une jeune fille de seize ans, qui a avorté après avoir été violée par un garçon de son lycée. A ses côtés, quatre autres femmes : sa propre mère, une modeste employée de la RATP, qui l'a conduite à l'hôpital pour qu'elle y subisse un avortement, et trois membres du corps médical qui ont pratiqué l'acte interdit par une loi de 1920. La justice se trouve face à un drame. Un drame humain épouvantable. L'horreur du viol. L'innocence d'une gamine souillée à tout jamais. Une mère démunie qui élève seule sa fille. Personne, même parmi les plus farouches adversaires de l'avortement, ne peut rester insensible face à cette tragédie.
    - Le lobby de l'avortement, qui, depuis les événements de Mai 1968, tente de faire sauter le verrou, va l'instrumentaliser avec succès. La défense des accusées est assurée par Maître Gisèle Halimi. Le tribunal va lui servir de tribune pour prendre l'opinion publique à témoin. Son argument est simple. Une jeune fille, victime d'un viol, se retrouve face à la justice, pour avoir refusé de garder son enfant. Ce n'est pas elle qui est coupable, c'est la loi qui interdit l'avortement.
    - Les témoins défilent. Le scientifique et académicien Jean Rostand. Les Prix Nobel et biologistes Jacques Monod et François Jacob. La comédienne Françoise Fabian. L'homme politique Michel Rocard. L'écrivain Simone de Beauvoir. Le professeur Paul Milliez, médecin et catholique, qui affirme à la barre : « Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l'ensemble des Français. » Aux termes de la plaidoirie de Gisèle Halimi, la jeune fille, est relaxée. Les autres accusées le sont également ou simplement condamnées à des peine de sursis.
    - Dans tout le pays, l'émotion est intense. Pour ou contre l'avortement. Le débat est lancé. Chacun prend position. Articles de presse. Pétitions, livres. Le sujet n'est plus tabou. Il faut légiférer. Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l'Assemblée nationale. La discussion du projet de loi relatif à l'interruption volontaire de la grossesse peut commencer. Le 17 janvier 1975, la loi autorisant l'avortement est publiée au Journal officiel. En deux ans, l'exploitation d'un drame incontestable a permis de transgresser l'interdit absolu. Celui de se débarrasser de l'enfant à naître. 

    Conseils aux scénaristes en manque d'imagination
    Le 16 janvier 2004, un homosexuel, Sébastien Nouchet, est grièvement brûlé par trois individus qui, affirme-t-il, l'auraient attaqué en raison de son orientation sexuelle. La machine médiatique se met en branle. Un homme a été brûlé vif en France parce qu'il est homosexuel. On évoque Himmler et son fameux discours contre les pédérastes. La France, patrie des droits de l'Homme, ne peut pas tolérer de tels actes. Quelle que soit l'opinion de chacun sur l'homosexualité, personne ne peut accepter qu'un jeune soit brûlé pour une telle pratique. Il faut donc légiférer. Le 8 décembre, les parlementaires votent une loi créant la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité et incluant un dispositif contre l'homophobie.
    - En janvier 2005, le député UMP, Christian Vanneste, donne son point de vue sur l'homosexualité : « L'homosexualité est une menace pour la survie de l'humanité.  [...] Je n'ai pas dit que l'homosexualité était dangereuse. j'ai dit qu'elle était inférieure à l'hétérosexualité. Si on la poussait à l'universel, ce serait dangereux pour l'humanité. [...] Pour moi leur comportement est un comportement sectaire. » Ça ne vous rappelle rien ? Himmler bien sûr : « Si j'admets qu'il y a un à deux millions d'homosexuels, cela signifie que 7 à 8 % ou 10 % des individus de sexe masculin sont homosexuels. Et si la situation ne change pas, cela signifie que notre peuple sera anéanti par cette maladie contagieuse. A long terme, aucun peuple ne pourrait résister à une telle perturbation de sa vie et de son équilibre sexuel. »
    - Le 14 janvier 2006, Vanneste est condamné en premier instance pour ses propos. L'élu, qui est la première victime de la loi, fait appel. Le 25 janvier 2007, suivant en cela les réquisitions du parquet, la cour d'appel de Douai confirme, et même aggrave la décision des premiers juges. Forts du pacs et d'une loi qui interdit toutes remarques qui ne constituerait l'éloge de la sodomie, le lobby homosexuel entend passer à la vitesse supérieure. L'ultime étape est clairement annoncée : la reconnaissance du mariage entre homosexuels et le droit à l'adoption d'enfant, par ces derniers. Le scénario est déjà écrit. D'ici quelques mois, les médias nous présenteront un enfant abandonné dans un orphelinat (Mieux choisi que Sébastien Nouchet ? Sa plainte a débouché sur un non-lieu. Le magistrat instructeur a conclu à « l'absence d'élucidation des circonstances dans lesquelles sont survenues les brûlures ». Il a fait appel.
    - Alors imaginez. Le regard désespéré d'un enfant sans parent. L'ambiance lugubre d'une maison d'accueil pour un enfant seul. Son désir légitime d'être aimé. Personne ne veut de lui. Personne ? Si, justement, deux femmes veulent l'adopter. Elle sont belles. Elles travaillent. Elle sont maternelles. Elles lui apportent du réconfort depuis des années. Va-t-on le laisser grandir loin de leur affection ? Ce n'est pas envisageable. Des adultes viendront témoigner. Ils ont été élevés par deux hommes ou deux femmes. Ils ont toujours été heureux. Epanouis. Choyés. L'enfant tentera de mettre fin à ses jours. Il n'en pouvait plus d'être seul. Séparé de celles qui veulent l'élever. Comme deux vraies mamans. Le législateur interviendra. Et l'impossible se réalisera. Les homosexuels pourront adopter.

    L'euthanasie s'invite dans les urnes... funéraires
    Le 24 septembre 2000, le jeune Vincent Humbert devient tétraplégique, aveugle et muet à la suite d'un accident de voiture. Une vie brisée. Une vie désormais privée de toute espérance terrestre. Un drame ignoble pour le jeune homme. Un calvaire pour sa mère. La France découvre cette souffrance incommensurable. Chacun se sent concerné. Le 24 septembre 2003, la mère tente d'abréger ses souffrances en lui injectant un produit mortel. Il sombre clans le coma. Elle est arrêtée.
    - Les médias se saisissent de l'affaire. Deux jours plus tard, son médecin traitant met un terme définitif à ses souffrances. Vincent Humbert décède. Le 2 janvier 2006, le parquet requiert un non-lieu à l'encontre de la mère et du médecin. La campagne en faveur de la dépénalisation de l'euthanasie est lancée. Toutefois, elle patine. Le corps médical est réticent. Les parlementaires hésitent. L'opinion publique est incertaine. Le choc de Vincent Humbert n'a pas suffi.
    - En 2007, la campagne électorale bat son plein. Air du temps : le compassionnel. La campagne pour l'euthanasie redémarre. Le 7 mars, deux mille soignants lancent un manifeste : « Nous soignants, avons aidé un patient à mourir. Parce que, de façon certaine, la maladie l'emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence. Tous les soignants ne sont pas confrontés à ce drame, mais la majorité de ceux qui assistent régulièrement leurs patients jusqu'à la mort, utilisent, dans les circonstances décrites, des substances chimiques qui précipitent une fin devenue trop cruelle, tout en sachant que cette attitude est en désaccord avec la loi actuelle [...] Aussi nous demandons l'arrêt immédiat des poursuites judiciaires à l'encontre des soignants mis en accusation ; une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d'euthanasie, en s'inspirant des réformes déjà réalisées en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas ; des moyens adaptés permettant d'accompagner les patients en fin de vie, quels que soient les lieux,  (domicile, hôpital, maisons de retraite) et les conditions de vie. Il s'agit là, d'accorder à chaque personne, une singularité, une valeur absolue, qui se nomme, selon le préambule et l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : la dignité. »
    - Ce « manifeste des 2 134 » - cela ne vous rappelle rien ? - n'est pas dû au hasard. Il est intervenu trois jour avant l'ouverture, devant la cour d'assises de Périgueux, du procès de deux femmes, une infirmière et un médecin, accusées d'empoisonnement et encourant trente ans de réclusion criminelle pour avoir administré une dose mortelle de chlorure de potassium à une malade atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale.
    - Une fois encore, le cancer est une maladie qui bouleverse tous ceux dont un proche en est mort. ta souffrance. La déchéance physique, lente, mais irrémédiable. Lorsque le cœur s'arrête de battre, c'est un corps décharné qui s'arrête de vivre. A quoi bon prolonger une vie qui ne vaut plus la peine d'être vécue ? L'euthanasie est donc nécessaire.
    - 1975, la vie amputée à son commencement. 2007, la vie amputée à son terme. Le scénario a parfaitement fonctionné. A quoi servent les enfants handicapés ? A rien. Certains ont sans doute la solution.
    Thierry Normand Le Choc du Mois Mars 2007

  • Euthanasie : laisser venir la mort n’est pas la provoquer

    Pourquoi la loi Leonetti suffit

    À la peine sur le terrain socio-économique, le gouvernement s’est engagé pour faire diversion dans des réformes dites « sociétales ». Mais son coup d’essai, le mariage pour tous, n’est pas un coup de maître.

    Censé rassembler les Français, ce sujet aux multiples facettes est en train de leur faire revivre les divisions des grands jours. L’autre promesse de campagne de François Hollande, la légalisation de l’euthanasie, semble plus consensuelle : d’après les sondages d’opinion, 90% des personnes interrogées y seraient favorables. Le gouvernement tient-il ici la loi « moderne et apaisée », qui lui fera pardonner ses errements ?

    Il faut cependant savoir regarder plus loin que le bout de son nez. Examinons de près ces fameux sondages. La formulation des questions tout d’abord. À la question « Si vous étiez atteint d’une maladie incurable et en proie à d’extrêmes souffrances, souhaiteriez-vous qu’on vous aide à mourir ? », qui répondrait non ? Il est bien évident qu’une formulation aussi simpliste et tendancieuse appelle une réponse univoque. Considérons ensuite le panel des personnes interrogées. Ce ne sont pas des malades qui ont été consultés, ni leurs familles, mais des actifs, jeunes et bien portants. Reformulons la question, et posons-la aux principaux intéressés, des personnes âgées et malades : « Si vous étiez atteint d’une maladie incurable et que, pris en charge par une équipe compétente, vous étiez soulagé de vos souffrances, souhaiteriez-vous qu’on vous fasse mourir ? »… Nul doute que la réponse serait différente. [...]

    La suite sur Causeur

    http://www.actionfrancaise.net