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culture et histoire - Page 1514

  • C’était un 9 août : Nagasaki, ou la guerre selon les démocrates

    Le 9 août 1945, les Etats-Unis, champions de la Démocratie, lâchaient sur la ville japonaise de Nagasaki une bombe atomique.

    Il s’agissait bien d’une politique de terreur destinée à faire plier plus vite l’Etat nippon (dont la défaite était en cours) en massacrant ses civils.
    Notons que depuis, les Etats-Unis attaquent, un peu partout sur la planète, au motif de la défense des civils, et qu’ils s’indignent que d’autres qu’eux puissent avoir l’arme atomique, alors qu’ils sont les seuls à l’avoir utilisée (par deux fois), sans même qu’il s’agisse de se défendre.

    La première bombe A avait été lâchée sur Hiroshima trois jours plus tôt (entre 100 000 et 200 000 morts).

    Nagasaki a été entièrement soufflée (au moins 60 000 morts).
    Rappelons que cette ville était celle qui comptait le plus de catholiques japonais. Un hasard ?

    L’URSS en profita pour déclarer (enfin!) la guerre au Japon, et s’accaparer ainsi les îles Kouriles et Sakhaline.

    http://www.contre-info.com/

  • Abrutir plutôt qu’éveiller le cerveau disponible

    La plus brillante analyse de la tyrannie publicitaire a été effectuée en juillet 2004, par Patrick Le Lay, à l’époque PDG de TF1 : « Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ‘business’, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. [...] Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » 

    On voit ici qui commande : l’acheteur d’espaces publicitaires, dont Coca-Cola est l’exemple archétypique. Les conséquences sont immédiates sur le fond et la forme. « Vendre du temps de cerveau disponible » est une activité doublement exigeante : il faut aussi que le cerveau de la « cible » soit suffisamment ramolli pour accueillir sans esprit critique le message publicitaire. Cela a des conséquences sur le format et le contenu des émissions. 

         Prenons le journal de 20 heures de TF1 : voilà une succession d’anecdotes et de faits-divers sans grand intérêt, mis peu fatigants pour l’esprit. Un sujet consacré à la politique étrangère doit être simple : impossible d’expliquer la guerre civile en Libye par la division entre la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan ; impossible d’évoquer les rivalités entre tendances musulmanes et compagnies pétrolières. Mieux vaut miser sur les ressorts du feuilleton à rebondissement (le fameux « cliff hanger » des séries américaines à succès), avec du suspense, de l’émotion et des personnages forts, aux caractères bien tranchés. On présentera les bons d’un côté, les méchants de l’autre : Cosette n’a pas de zones d’ombre et Dark Vador ne fait pas dans le sentiment. D’un feuilleton à l’autre, ce qui vaut pour la Libye vaut pour la Syrie, la Serbie, l’Irak ou l’Afghanistan. 

    Les radios d’information ont les mêmes contraintes : un « grand » sujet d’actualité sur RTL, RMC ou France-Info dépasse rarement 40 secondes et 160 mots. Même les journaux soumettent le contenu et l’analyse aux logiques de l’argent-roi. Porté à la tête du Nouvel Observateur, en 2008, Denis Olivennes diminue le nombre de pages, raccourcit les reportages, mais développe les pages « consommation » et crée une rubrique « mode » - sans doute pour mieux rendre disponible les cerveaux de ses lecteurs aux messages publicitaires ! Quotidien du soir dit de « référence », Le Monde ne cesse d’appauvrir ses contenus pour dégager de la place pour les titres et les photos. Dans n’importe quelle publication commerciale, un sujet, même passionnant ou original, peut être rejeté au motif qu’il ne cadre pas avec les objectifs des partenaires publicitaires. D’où la multiplication des « suppléments », qui permettent aux journaux payants de se distinguer encore un peu des gratuits pour un minimum de contenu. Le sujet « chaud » ou supposé tel est soigneusement mis à l’écart des pages publicité. Celles-ci figurent dans des cahiers à part, au sein d’un écrin d’articles purement commerciaux et vidés de tout contenu. 

         L’exemple le plus emblématique est l’actuelle formule du Monde vendu le vendredi. Pour 3,50 € (en 2012) l’acheteur trouve un exemplaire de son quotidien habituel et... quatre suppléments. Les trois premiers – sport et forme, sciences et techo, culture et idées – sont au format traditionnel : ils comportent des textes de fond (plus ou moins profonds) mais n’ont pas de publicité. Le quatrième supplément est un magazine sur papier glacé au contenu aussi riche que celui d’une brochure d’aéroports : à lire en comatant sur son canapé. A titre d’exemple, feuilletons le numéro du 15 octobre 2011 : en hommage à Steve Jobs récemment disparu, la « Une », titré « ISad », est quasiment publicitaire. Les pages de droite qui suivent ne sont que de la publicité : pour Ralph Lauren, Louis Vuitton, Mercedes-Benz, Gucci, Chanel, Canali, Lanvin, Lacoste, MCS, EDF, Kenzo, Hugo Boss, Bulgari, Cerruti, Aigle, Eden Park, Alfa Romeo, HSBC, Skoda, Volvo. Bref, Skoda et EDF mis à part, essentiellement le monde du luxe ! Ce sont évidemment les publicitaires qui imposent cette séparation entre le texte et la publicité : car un texte de réflexion ne favorise pas la soumission au message publicitaire. 

    A cette aune, on comprend mieux l’hostilité de Maurice Lévy au Figaro Magazine dans sa forme d’origine : l’idéologie de ses rédacteurs, implicitement – voire explicitement – critique des valeurs marchandes, ne pouvait que lui déplaire. Sans compter que des textes intelligents, visent à garder l’esprit éveillé, n’étaient pas du tout favorables à l’épanouissement de la servitude commerciale. Or, pour un marchand d’espaces publicitaires, il vaut sans doute mieux 250 000 ahuris que 850 000 lecteurs mettant en œuvre leurs capacités cognitives. Ce n’est pas le public qui tire les médias vers le bas, ce sont les publicitaires. 

    Jean-Yves Le Gallou, La tyrannie médiatique

    http://www.oragesdacier.info/2014/08/abrutir-plutot-queveiller-le-cerveau.html

  • Il y a un siècle, la république achevait le peuple de France...

    Il y a un siècle de cela, la France entrait en guerre contre l'Allemagne et de ce fait, elle rentrait également dans ce qui allait devenir la première Guerre Mondiale. Un siècle plus tard lorsque l'on regarde ce qu'est devenu la France et les français en comparaison de ce qu'était justement la France en 1914, on ne peut que s'attrister de voir à quel point le sacrifice des poilus, si grand fut-il, n'a pas servi à grand chose.

    Ils n'étaient que de simples paysans, des artisans, des roturiers, ils étaient la France d'hier, la France profonde. Ils incarnaient encore à cette époque, l'image de ce peuple ancestrale qui bâtit 1500 ans d'histoire aux côtés de tous nos Rois. C'est plus d'1,5 millions de ces français du début du siècle dernier qui périront dans cette guerre infernale que fut la guerre de 1914 1918.

    Il faut dire qu'ils n'avaient guère le choix ces pauvres français de 1914, car malheureusement ils étaient en république. Et le propre de ce régime est d'obliger les fils de France à aller se faire massacrer sans leur demander leur avis. C'est ce qu'on appel plus couramment la fameuse mobilisation générale. A l’époque des Rois, il n’y avait pas de mobilisation générale. Au Moyen-Âge seul les nobles et les seigneurs avaient le droit de faire la Guerre. Plus tard c’est un système de recrutement dans les campagnes qui permit de grossir les rangs des régiments en fonction des besoins de l’armée. Le paysan avait le choix d’aller se battre ou non. Avec l’arrivé de la république, c’est la conscription qui règne, de 18 à 60 ans, on peut être envoyé à la mort, depuis la fameuse levée en masse des 300 000 hommes en 1793, contre lequel s’était insurgée la Vendée. Du reste, quand on a plus d’homme on mobilise les adolescents comme le fera Napoléon avec ses « Marie-Louise », qui seront décimé à Leipzig ! Anatole France dénonçait lui-même ce système en ces termes : « La honte des républiques et des empires, le crime des crimes sera toujours d’avoir tiré un paysan de la paix doré de ses champs et de sa charrue et de l’avoir enfermé entre les murs d’une caserne pour lui apprendre à tuer un homme »

    Une délégation du GAR s'est donc rendu sur les lieux de la bataille de Verdun sur le site de Douaumont. Quelle sensation terrible lorsque l'on se tient face à toutes ces croix qui s'étalent devant vous à perte de vue. Quant on pense qu'il y a à peine un siècle de ça, ces croix étaient toutes des hommes qui ne demandaient qu'à vivre, et aujourd'hui ils reposent dans cet ossuaire de Douaumont en conséquence des épreuves terribles qu'ils durent subir lors de ce conflit. Que dire également de cette tranchée des baïonnettes, parfaitement conservée, ou l'on distingue quelques bouts de baïonnettes, dépassant de la dite tranchée, et qu'au bout de chacune de ces baïonnettes se trouve un soldat français ! Quelle angoisse lorsque vous regardez autour de vous, toutes ces collines encore recouvertes de cratères d'obus, cette ambiance lunaire malgré la végétation qui a largement repoussée depuis. Combien de morts pour une seule de ces collines se dit-on soudain...

    Quel sentiment d'injustice quand on songe à ce sacrifice, et de savoir qu'à peine vingt ans plus tard une seconde guerre éclatera afin d'achever pour longtemps cette Europe historique qui fut si terriblement écorchée vive durant ce premier conflit. Et surtout, quelle terrible frustration de voir, un siècle plus tard, ce que sont devenus les arrières petits fils de ces valeureux soldats sacrifiés pour la gloire de la république, de l'argent et des intérêts étrangers ! Que vallons-nous face à tous ces hommes ? Et surtout quel héritage allons-nous transmettre aux générations futures ? Il aura fallut un siècle pour finir d'achever ce que la révolution de 1789 avait entamé, à savoir, la destruction de la France dans sa réalité historique, culturelle et religieuse, afin de la supplanter par une France idéologique incarnée par la république, son avatar marianne, et les Droits de l'Homme. L'agonie de la France a commencé en 1789, mais celle du peuple français a commencé en 1914, pour en arriver à ce que nous sommes aujourd'hui !

    Nous verrons bien ce que l'avenir nous réservera en matière de conflit, mais n'oublions jamais que ce qui a fonctionné dans un sens peut fonctionner dans l'autre. Certains ont profité des deux conflits mondiaux pour nous mettre à genoux, alors il ne tiendra qu'à nous de profiter des futurs événements qui façonneront notre histoire, pour nous relever définitivement, pour la gloire de nos enfants, mais aussi et surtout pour celle de ceux qui furent sacrifiés inutilement au détriment du pays pour lequel ils se sont battus. De ce pays qui les a vu naître et mourir et qui exige de nous tous d'être à la hauteur.

    G.A.R.

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  • La carte du colonel Peters et les balles perdues du proche orient

    Depuis 1991, les observateurs internationaux assistaient à une marche, que les uns jugeaient certes lente et d'autres sans espoir, celle du Kurdistan irakien vers l'indépendance. Désormais elle semble presque inéluctable, avec le soutien de son voisin du nord qui s'y était toujours opposé.

    Cette évolution nous livre à chaud de nombreux enseignements.

    En même temps que s'affirme, à cheval sur les territoires étatiques de la Syrie et de l'Irak, l'embryon totalitaire d'un califat ou d'un pseudo-califat de Mossoul, c'est en effet l'ensemble du pouvoir de Bagdad qui se décompose.

    Issu du mandat britannique de 1921 sur la Mésopotamie, le royaume d'Irak proclamé en 1932, transformé en république en 1958, n'aura sans doute pas duré plus d'un siècle. Or cet État pouvait paraître naguère le plus solide, le plus vertébré, du monde arabe. Son explosion semble donc préfigurer une révision générale des frontières au proche orient.

    Les bons esprits ne manqueront pas à cet égard d'en imputer le désordre "aux Américains", et à eux seuls. Les clients du Dictionnaire des idées reçues les diront donc, collectivement, coupables d'avoir voulu en 2003, "déstabiliser" une zone du monde qui n'a pourtant jamais brillé par sa stabilité.

    Indiscutablement considérés comme facteur d'ordre dans la région, non moins collectivement, "les Turcs" partagent cependant une toute petite part de ce bugue stratégique. Leur infanterie, principal contingent terrestre de l'OTAN, devait pouvoir fournir jusqu'à environ 150 000 hommes à la coalition armée, pas loin du tiers de l'effectif global. Et puis, au dernier moment un vote plus ou moins mystérieux, inexplicable et imprévu, de la Grande Assemblée Nationale d'Ankara ne le permit pas. Le gouvernement que venait de constituer, le 14 mars, l'ancien joueur de football Recep Tayyip Erdogan, resté un excellent dribbleur, n'allait pas pouvoir, à son grand regret, participer à la fête. N'importe, dira-t-on : les forces de quelque 37 autres pays, y compris l'Albanie et le Kazakhstan, allaient apporter leur aide aux 250 000 soldats des États-Unis.

    Mais si la guerre d'Irak s'est déclenchée en mars 2003, c'est en juin 2006 que, pour la première fois, dans la Revue officieuse des forces armées américaines, le colonel Ralph Peters publia pour le futur une carte remodelée et une analyse proposant une nouvelle configuration de la région, plus confortable comme allait l'annoncer Condoleezza Rice à Tel Aviv. Non seulement le pays en voie de pacification allait être tronçonné en trois territoires supposés réalistes, un aux Chiites du sud, un aux Sunnites et le troisième aux Kurdes, mais divers autres États allaient, les uns apparaître, un grand Baloutchistan par exemple, ou, au contraire se voir amputer en partie. Ainsi la Turquie allait-elle céder, certainement sans broncher, ses provinces du sud-est, pour faire un grand Kurdistan, cependant que l'Azerbaïdjan, lui, allait recevoir son homologue actuellement iranien, etc.

    Autrement dit on imaginait que les États militairement les plus forts allaient reculer docilement leurs frontières, ceci au profit de nations beaucoup plus faibles.

    Au moment de sa publication, le texte de cet excellent officier de Renseignement mettait d'ailleurs sans détours en cause la stupidité des Européens.

    Incapables de dessiner les limites territoriales de leurs propres peuples, les gouvernants du Vieux Continent, auraient, à l'en croire, imposé les délimitations des pays africains, occasionnant ainsi les troubles du continent noir. Pis encore, toujours selon ce brillant spécialiste, ce sont les calculs impérialistes des Français et Anglais au Moyen Orient qui porteraient jusqu'à nos jours la responsabilité des conflits dans lesquels la région entière, entre Anatolie et Pakistan, se trouve aujourd'hui ensanglantée. Ne parlons même pas de l'ancien mandat britannique sur la Palestine.

    Si cette lecture de l'Histoire du XXe siècle n'avait été publiée que dans un fanzine gauchiste, on se contenterait volontiers de hausser les épaules. Si elle se limitait à des imprécations jetables, huit années plus tard on n'en parlerait même plus.

    Malheureusement, la source s'étant située aux États-Unis, plus ou moins officielle, et les événements semblant esquisser un commencement d'exécution, y compris depuis la vague des prétendus "printemps arabes", et celle de leurs contrecoups, elle appelle certaines nouvelles remarques.

    Observons d'abord que les centres de pouvoirs nord-américains n'ont à ce jour jamais été en mesure de définir sérieusement et durablement à Washington leurs véritables buts de guerre, même en Afghanistan, depuis les événements du 11 septembre 2001.

    On remarquera à cet égard que, dans la phase actuelle, c'est bien le gouvernement kurde d'Erbil, et lui seul, qui cherche à faire évoluer son autonomie régionale vers l'indépendance. Ce projet semble de plus en plus concerté avec la politique d'Ankara, autrefois radicalement contraire, mais avec laquelle Massoud Barzani multiplie les contacts. Il y développe les points d'accord, depuis plusieurs années, indépendamment de la question nationale telle qu'elle se pose en Turquie même.

    À l'inverse, la diplomatie des États-Unis s'y oppose de façon très concrète en cherchant à entraver les exportations de pétrole. C'est ainsi fin mai que pour la première fois le navire-citerne United Leadership, immatriculé aux Îles Marshall, quittait nuitamment le terminal turc de Ceyhan en vue d'effectuer la première livraison de pétrole kurde. La cargaison estimée à 100 millions de dollars était alors destinée au Maroc. Avant d'effectuer sa livraison au port de Mohammedia, elle fut bloquée par une intervention des autorités américaines.

    Les occidentaux maintiennent ainsi sous perfusion la fiction juridique du pouvoir central de Noury el-Maliki et du parti chiite Dawa comme "gouvernement de tous les Irakiens". Installée en 2006 sous la deuxième présidence de George W Bush et confirmée sous les deux mandats de Barack H Obama cette équipe ne représente pourtant plus, de façon notoire, qu'une minorité en voie d'effondrement.

    La contradiction la plus totale éclate ainsi entre les objectifs que l'on prête "aux Américains" et les actes de leur gouvernement.

    Or, "les Américains" rejoignent en cela bien des coalitions du passé, et des acteurs de l'Histoire, ceux que précisément le colonel Peters couvre de sarcasmes. "On s'engage et puis on voit" croyait pouvoir dire Napoléon, – lequel justement ne sut jamais construire un équilibre européen pérenne.

    À l’inverse, parmi les anniversaires qui s'accumulent ces temps-ci, celui de 1814 n'est guère évoqué : cette année-là vit en effet s'esquisser en Europe une sortie de guerre.

    Elle se basait certes sur des compromis pragmatiques entre puissances victorieuses, mais aussi sur une foi commune, permettant à leurs gouvernements de parler d'une Sainte Alliance.

    Or celle-ci se révéla probablement moins irréaliste que les fameux "quatorze points de Wilson". Énoncés en janvier 1918, c'est sur leur fondement très utopique que furent imposés aux vaincus les funestes traités de Versailles, Trianon, Neuilly, Saint-Germain-en-Laye. Chacun de ces diktats de 1919 contenait en germe les causes directes du conflit qui s'en suivit, 20 ans plus tard.

    On doit noter d'ailleurs que le Sénat américain refusa d'endosser ce système en mars 1920.

    Or, il fut étendu au moyen orient en août 1920 par leur prolongement de Sèvres, auquel les États-Unis inspirateurs ne donnèrent pas leur signature. Cet instrument diplomatique ne fut jamais vraiment appliqué dans son intégralité car il se révéla vite inapplicable, juxtaposant des peuples désarmés, proies faciles de conquérants, de révolutionnaires et de rivaux armés et impitoyables. Certains résistèrent héroïquement, croyant en la victoire du bon droit, avant de succomber.

    Après le congrès de Bakou de septembre 1920 (1)⇓ et l'alliance de 1921 entre Lénine et Mustapha Kémal, commença le long martyrologe moderne des chrétiens d'orient, largement inauguré en Arménie en 1915 et qui semble s'achever un siècle plus tard avec le départ des derniers de nos coreligionnaires. Il se trouve cependant que les frontières brutales, militaires et chirurgicales sanctionnées par le traité de Lausanne de 1923 auront duré, elles, pratiquement jusqu'à nos jours.

    Entre-temps, l'État Kurde prévu à Sèvres s'était trouvé partagé entre Turquie, Irak, Iran et Syrie. S'il a pu réapparaître, seulement en partie, sur les décombres de la Mésopotamie, cela ne doit rien aux beaux principes du président Wilson et du colonel Peters : cela doit tout aux évolutions du rapport des forces.

    Le danger que l'on peut en revanche hélas discerner dans le projet décrit par le Colonel Peters ne doit pas être sous-estimé. Le manque de réalisme de certains secteurs amène trop souvent les opinions occidentales à souhaiter des frontières "plus justes" en imaginant qu'elles peuvent être redessinées par une improbable "communauté internationale."

    C'est sur cette illusion que l'on joue aujourd'hui encore en permettant qu'on réhabilite les assassins de Sarajevo de 1914, et leurs inspirateurs, terroristes dont on fait des héros.

    Que cette utopie destructrice se soit maintenue, qu'elle frappe encore notre continent au mépris de l'Histoire, devrait donc faire sérieusement réfléchir les Européens, tant il est vrai que "nul n'a droit en sa peau qu'il ne la défende".

    JG Malliarakis
            

    Apostilles

    1.  … premier appel à la guerre sainte islamo-révolutionnaire du XXe siècle cf. "Le Komintern" par le colonel Rezanof.

    http://www.insolent.fr/2014/07/la-carte-du-colonel-peters-et-les-balles-perdues-du-proche-orient.html