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culture et histoire - Page 1516

  • L'Action française et l'histoire (1900-1940)

    Le colloque sur L’Action française, culture, société, politique du Centre d’histoire de Sciences Po, premier d’une série de trois consacrés à l’AF, a donné naissance à un ouvrage universitaire titré de la même façon, ouvrage auquel il nous semble important de consacrer une série d’articles pour faire le point des connaissances sur notre propre histoire politique et en tirer des enseignements eux aussi éminemment politiques. Après l’article sur Les ligues nationalistes et l’Action française, voici celui sur L’AF et l’Histoire (de 1900 à 1940), au travers du regard porté sur deux communications rapportées dans l’ouvrage.

    L’Action française a toujours accordé une grande place à l’histoire, qui venait étayer son argumentation à l’égard des nationalistes en leur montrant que ses leçon ne pouvaient que les amener à conclure à la monarchie. C’est ce que montrent Christian Amalvi et Philippe Boutry.

    Ils rappellent quelques noms souvent ignorés des monarchistes eux-mêmes et qui, pourtant, ont participé parfois à l’élaboration, plus souvent à l’actualisation et à la diffusion de "l’histoire capétienne" véhiculée par l’Action française : Jacques Bainville et Pierre Gaxotte, mais aussi Frantz Funck-Brentano, Marie de Roux, Louis Dimier, Auguste Longnon et son fils Jean, et, plus proches de nous dans le temps, Philippe Ariès ou Raoul Girardet (encore de ce monde, d’ailleurs). Les deux communications, se chevauchent et se complètent fort utilement.

    Le passé en vue de l'avenir

    Amalvi comme Boutry ajoutent à la liste des "non-historiens" qui, par leur recours et leur lecture politique du passé, ont, à leur manière, forgé une vision d’AF de l’histoire : des idéologues, comme Maurras ; des journalistes, le plus souvent polémistes, comme Léon Daudet et Georges Bernanos. M. Amalvi souligne que « le passé affleure constamment dans l’oeuvre de Maurras, non comme récit chronologique, mais comme preuve concrète pour appuyer une démonstration théorique et abstraite d’une rigueur implacable », ce que confirme M. Boutry : « Maurras lui-même, en dépit de ses immenses lectures, n’est nullement un historien ; ni son argumentaire ni sa polémique n’ont, en toute rigueur, besoin du document ou de l’archive pour exister ; sa "synthèse subjective" et son "empirisme organisateur" ne sont pas fondamentalement d’ordre historique, mais doctrinal. »

    Sans doute Maurras signifie-t-il ainsi que, pour lui, l’histoire est le moyen de connaître ce qui "a marché" et, au contraire, ce qui est néfaste pour la France : il en a une lecture non pas purement historienne, mais, au contraire, éminemment politique. Jamais Maurras, d’ailleurs, ne s’est voulu historien et il écrit en politique par le biais de l’empirisme organisateur (« la mise à profit des bonheurs du passé en vue de l’avenir que tout esprit bien né souhaite à sa patrie », suivant sa conception) ; il intègre l’histoire à sa démonstration, au risque parfois de déconcerter les historiens eux-mêmes.

    "École capétienne"

    Il y avait des historiens royalistes et même une "histoire royaliste", avant l’AF et Maurras. Mais l’AF en fait un usage qui prend le contre-pied de l’histoire universitaire républicaine, et l’on peut dater la formation d’une véritable "école capétienne" sur le plan historique à la fondation de l’AF. Au delà de Jacques Bainville, Boutry signale que « la plupart de ceux qu’on rattache, de près ou de loin, à l’influence et aux doctrines de l’Action française sont bien davantage des "compagnons de route", des sympathisants ponctuels, plus ou moins nettement affirmés (car une appartenance déclarée au mouvement maurrassien ruinerait à coup sur, dans la France radicale, une carrière universitaire), des archivistes, des érudits, des historiens conservateurs plus ou moins hostiles à la république laïque et démocratique, des journalistes et des essayistes qui trouvent dans l’Action française, son journal et ses revues, des convergences intellectuelles et politiques, des affinités de réactions et de sentiments, une "communauté émotionnelle" et une chambre d’échos [...]. Une "nébuleuse", plutôt qu’un parti, à dire le vrai, mais capable de se constituer et de structurer en "école". » Cela aboutit à une « véritable hégémonie culturelle » dans les années trente, « construite en quelque trois décennies sur le paysage historiographique français par les hommes de l’Action française [...] parallèlement à l’Université et en partie contre elle ». L’Histoire de France de Jacques Bainville destinée au grand public (rééditée dernièrement dans une collection de poche et vantée, l’été dernier, sur... France-Info !), connaît un immense succès grâce à son refus du langage universitaire trop abscons.

    Donner du sens à l'histoire

    Cet ouvrage permet de mieux comprendre, selon M. Amalvi, la conception bainvillienne de l’histoire. « Dans sa préface, il développe les trois principes de base qui éclairent sa conception du passé : c’est d’abord une histoire psychologique traditionnelle dans laquelle la compréhension des individualités qui font l’histoire est capitale » ; Bainville privilégie les "grands hommes" et, éventuellement, les "minorités énergiques". C’est d’ailleurs une conception qu’il a en commun avec la IIIe République qui met en valeur les grandes figures comme le prouvent à l’envi les manuels scolaires de l’époque (mais ce ne sont pas toujours les mêmes, bien évidemment, ni les mêmes jugements en particulier pour les périodes "controversées" de l’histoire de France...), soucieux de donner des "héros nationaux" à une France en cours de nationalisation et de républicanisation (cf le cas emblématique de Jeanne d’Arc).

    « C’est ensuite une histoire politique classique, qui privilégie l’étude des institutions, ignorant superbement la vie économique et religieuse du pays » : sans doute est-ce là encore un effet du "Politique d’abord", que Bainville a reconnu avant même de le connaître chez Maurras...

    Cela veut-il dire, comme semble l’indiquer M. Amalvi, que Bainville (qui n’est pas, et comme Maurras ne l’est pas non plus, "toute" l’AF) méconnaît cette vie économique et religieuse ? En fait, c’est oublier que les auteurs de l’AF ont, d’une certaine manière, une lecture "utilitaire" de l’histoire, en particulier ceux qui ne sont pas des professionnels de l’histoire, et qu’elle leur fournit des éléments pour étayer leur propre raisonnement politique, raisonnement fondé principalement sur la comparaison des régimes politiques qui se sont succédé en France. En écrivant Nos raisons contre la République, pour la Monarchie (ou plutôt en regroupant des textes épars pour faire ce volume), Maurras n’a pas pour objectif de "servir l’histoire" mais d’en tirer des leçons ou, plutôt, de "donner du sens à l’histoire" dans une optique politique et monarchique. La question principale de l’AF, comme de tout mouvement politique, n’est pas, en soi, de faire de l’histoire, mais de faire l’histoire. L’histoire n’est qu’un moyen de la politique, surtout pour l’AF et les monarchistes qui doivent désarmer les préjugés à l’encontre d’une monarchie qui semble aller à contre-courant du "sens de l’histoire" vanté par les démocrates et, plus encore, par les universitaires marxistes comme Matthiez ou Soboul…

    Histoire analogique

    Dernier trait signalé par M. Amalvi : « C’est une histoire analogique, qui considère que les hommes d’autrefois ressemblaient à ceux d’aujourd’hui et que leurs actions avaient des motifs pareils aux nôtres. » En somme, c’est l’idée que, fondamentalement, les hommes ne changent pas : ce qui ne signifie pas que les sociétés, elles, n’évoluent pas, que les besoins et les désirs ne soient pas différents ou que les mentalités ne penchent pas plus d’un côté que de l’autre, entre individualisme et traditionalisme, selon les époques...

    « De cet axiome de base découlent plusieurs conséquences de grande portée. Bainville considère en premier lieu que c’est le présent qui donne la clé du passé. » Du coup, Bainville, mais aussi Gaxotte et d’autres historiens dans la mouvance de l’AF, cherchent dans le passé des éléments du présent, des ressemblances qui permettraient d’apporter en politique des réponses à une situation donnée : conception cyclique d’une histoire, "éternel recommencement".

    "La vraie tradition est critique"

    En fait, il semble que la formule la plus appropriée pour comprendre la conception "AF" de l’histoire serait celle de Maurras : « Toute vraie tradition est critique », ce qui n’empêche ni la mise en perspective ni la mise en valeur des grands axes (principes ?) de l’histoire des hommes et des sociétés constituées, ni, bien sûr, la violente critique de la Révolution française. Il est certain que, par contre, une partie des lecteurs de Maurras, en particulier ceux qui privilégiaient l’ordre sans le définir autrement que par la peur du désordre, ne cherchaient dans l’histoire qu’un refuge face à l’adversité du moment, voire une nostalgie sans chercher à "penser la monarchie" autrement que dans ce passé "idéalisé" d’un "avant la Révolution" forcément meilleur…

    Un autre élément évoqué est "l’appropriation" de l’oeuvre d’historiens, proches ou non, antérieurs ou contemporains de l’AF, comme Augustin Cochin (de tradition monarchiste et rédacteur occasionnel de la revue bimensuelle d’avant-guerre L’Action Française) et Fustel de Coulanges, républicain mais ayant défendu une conception "française" de l’histoire et de la nation après la défaite de 1870. Agaçante pour les républicains ou les universitaires, elle est en définitive l’occasion pour l’AF de démontrer son "ouverture" et de récupérer des arguments qu’elle met en ordre de bataille contre le "système" politique de la République.

    Un repli sur l'histoire ?

    Dernier élément évoqué de façon fort intéressante par M. Amalvi : l’existence, non d’une seule "école capétienne", mais de deux, l’une proprement politique (Maurras, Bainville, Marie de Roux, etc.) tandis que l’autre est spécifiquement (et parfois professionnellement) historienne (Pierre Gaxotte, Frantz Funck-Brentano, etc.), dont, précise l’auteur, « la lecture présente encore aujourd’hui le plus vif intérêt », ce qui est un bel hommage de l’université contemporaine à des historiens qui, longtemps, s’en sont retrouvés en marge...

    C’est parfois en se séparant, ou en s’éloignant, du cercle purement maurrassien, d’après M. Amalvi, que Philippe Ariès ou Raoul Girardet ont pu renouveler leur approche de l’histoire, en privilégiant « l’autonomie de la société par rapport à l’État, et l’imaginaire politique ». Mais Ariès n’a jamais abandonné l’idée d’une politique monarchique à la tête de l’État, comme tend à le prouver sa participation à Aspects de la France puis à La Nation Française de Pierre Boutang, ce qui montre que "combat politique" et "réflexion historique" ne sont plus, dans l’esprit des royalistes de "l’ère post-maurrassienne", forcément mêlés.

    Est-ce ici la remise en cause de l’empirisme organisateur, ou du "Politique d’abord" ? N’est-ce pas plutôt une séparation ou, plus sûrement encore, une autonomisation des domaines sociétal et social de la "décision politique" ? Cela n’annonce-t-il pas aussi un repli sur l’histoire qu’il s’agit de comprendre et d’écrire désormais, à défaut de la faire politiquement ? (Une certaine "démobilisation politique" était déjà intervenue chez beaucoup de monarchistes au profit de l’action religieuse, au moment de la mort du comte de Chambord puis du Ralliement.) Autant de questions qu’il reste encore à étudier... mais pas seulement par les historiens...

    JEAN-PHILIPPE CHAUVIN L’Action Française 2000 du 1 er août au 3 sptembre 2008

    * L’Action française - Culture, Société, politique. Éd. du Septentrion, Paris, 2008, 24 euros.

    * Pour consulter une version plus développée de cet article, visitez le blog http://jpchauvin.typepad.fr/

  • 4 août 1532 : traité d’union perpétuelle de la Bretagne et de la France

     

    Armes de Louis XII et d’Anne de Bretagne

    Les États de Bretagne, convoqués par François Ier à Vannes après le couronnement du dauphin comme duc de Bretagne à Rennes, adressent au monarque une supplique pour « unir et joindre par union perpétuelle iceluy pays et duché de Bretagne au royaume, le suppliant de garder et entretenir les droits, libertés et privilèges dudit pays et duché».
    Cette requête, présentée au roi dans la grande salle du palais épiscopal de la Motte, est acceptée par une lettre donnée à Vannes le 4 août 1532 :

    • il s’y nomme « père et légitime administrateur et usufruitier des biens de notre très cher et très aimé fils » et celui ci « Duc et propriétaire des pays et Duché de Bretagne »,
    • il rappelle la demande des États :
      - d’unir perpétuellement la Bretagne à la couronne de France,
      - de conserver les « privilèges, franchises, libertés et exemptions anciennement octroyées et accordés par les Ducs de Bretagne nos prédécesseurs »,
    • il confirme « perpétuellement », en tant que Roi et Duc, ces privilèges,
    • sous réserve des modifications que pourraient demander ultérieurement les États.

    http://www.contre-info.com/4-aout-1532-traite-dunion-perpetuelle-de-la-bretagne-et-de-la-france

     

  • Le statut "CHAO" par Zenit Belgique

    « Nous devons donc distinguer deux types de chaos : le « chaos» postmoderniste équivalant à une confusion, un genre de post-ordre, et un Chaos grec, comme pré-ordre, quelque chose qui existe avant que ne naisse la réalité ordonnée. Seul le deuxième peut être considéré comme Chaos au sens propre du mot. Ce second sens (en fait, l’original) devrait être examiné avec attention d’un point de vue métaphysique. » Alexandre Douguine, La Métaphysique du Chaos, The Fourth Political Theory

    Poupée russe et cheval de Troie

    La Dissidence, cette aventure prérévolutionnaire, prolétarienne et systémique dans sa réalisation néo-souverainiste et son orientationnéo-patriotique, et, par extension et couplage des concepts de néo-souverainisme et de néo-patriotisme : une direction néo-antifasciste, se révèle, comme étant une pièce du Grand Jeu contre-initiatique du mainstream politico-médiatique. En refusant catégoriquement, dans l’habitude normalisée de son confort réifié, de dépasser le stade primitif de mouvement de convergence, de se radicaliser, et d’œuvrer pour atteindre le stade opératif de mouvement politique.Mouvement de convergence qui avait la vocation métahistorique dethéoriser une identité politique à part entière pour, et avec, laGénération dissidente, une identité complète et propre à définir laréalité de mouvement agissant à l’épanouissement de l’être dans une jouissance non-mercantile, et donc, d’accepter, de relayer toutes initiatives, spontanées et issues du peuple mythifié duquel se revendique les avants-gardes de la Dissidence, de faire avancer, en priorité, la critique positive de ce mouvement de convergence…Mouvement de convergence qui avait la prétention historique depratiquer cette identité politique radicale, cette philosophique intégrale, pour et dans la critique permanente de cette métapolitique totale vers une Révolution primordiale ; conservatricetraditionaliste etimpériale. Mais qui, après dix ans d’aventure, est resté un fourre-tout sans identité, sans doctrine, sans cohérence, sans politique, sans tradition, sans être… Un fourre-tout idéologique dont les avants-gardes fonctionnent comme des lobbys de pressions, d’intronisation et d’exclusion, à l’intérieur de la sphère dissidente : cette effervescence du monde des idées dans ce bouillonnement prérévolutionnaire à qui le post-libéralisme, le tout-argent sans morale, offre tous les débouchés numériques de la nouvelle i-conomie globalisante de la Marchandise liquide et du Spectacle stroboscopique.

    « Tous les lamentables experts syndicalo-politiques du pouvoir de la pourriture marchande appuyée sur toutes les machineries numériques de l’intoxication sont partout réunis en permanents conciliabules pluridisciplinaires de vacuité et d’ineptie pour tenter de trouver les moyens de donner à un ordre moribond une dernière apparence de survie…Mais rien n’y fera… » Francis Cousin, « Cette fracture qui approche…‏ »Scriptoblog

    « Métapolitique » authentiquement dissidente qui aurait pu s’exprimer, par exemple, au sein d’un Ordre secondaire et populaire opératif (Casapound) avec des orientations cohérentes et des avancements radicaux, mais factuellement, la Dissidence, sous influence et haute direction des Dissidences emblématiques, officielles et mainstream, dans l’incapacité de se remettre en question ou de proposer ce travail d’auto-critique, participe, de plus en plus clairement, aux nouvelles oppositions nécessaires au bon fonctionnement du système de croissance exponentielle (Oui, le « système » renouvelle lesoppositions nécessaires à son bon fonctionnement et/ou essaye deretourner les résistances éventuelles à ces oppositions nécessaires, car c’est bien à nos alliés potentiels, à l’intérieur et à l’extérieur de la Nation, qu’il faut mettre la pression. la Dissidence, n’échappe pas à la règle de cette tentative perpétuelle de retournement, et comment en serait-t-il autrement ? Mais ni la Dissidence, les militants du quotidien les avants-gardes, n’ont jamais évoqué cette éventualité et formulé cette critique positive…), ou, à la disputation interne sur la gestion du Libéralisme entre libéraux, et ce, dans la propension des dissidences emblématiques et officielles à assumer, parfois dans un culot monstre, que leurs critères d’adoubement, pour déterminer une dissidence effective, c’est-à-dire pouvant lui servir de marche pied, une Dissidence à usage unique, en dehors du fait qu’elle ne doit pas s’opposer au ronron néo-souverainiste - qui à autant à voir avec leprincipe de souveraineté que le libéralisme avec le principe de liberté- et/ou d’oser produire une critique, même positive, du mouvement, sont des critères marchands et spectalistes d’intérêts commerciaux gagnant/gagnant en terme de revenus, d’audience, de quantité et de publicité réciproque, ET, l’obligation de valider l’orientation néo-souverainiste républicaine et démocrate vers une révolution des masses prolétaro-quenelliennes, un modèle révolutionnaire post-bourgeois à l’image de la réaction de 1789, de Mai 68 ou plus récemment des Printemps arabes ou du Mariage pour tous,phénomènes révolutionnaires que les dissidences réfutent premièrement comme direction mais dont elles valident finalement toutes les subversions qui les générèrent comme méthode pour l’expansion de la Dissidence…

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  • L'islam face au prophète Jonas

    De Gérard Leclerc dans Le Figaro :

    "La destruction spectaculaire par les djihadistes du tombeau de Jonas à Mossoul a replacé brusquement au centre de l'actualité l'étonnant épisode biblique rapporté par l'Ancien Testament. Episode qui ne pouvait manquer de ranimer la mémoire des fidèles des trois monothéismes. Autant juifs, chrétiens que musulmans ont médité de tout temps sur la figure de ce personnage un peu décalé de la révélation et dont Dieu semble s'être joué pour mieux mettre en évidence sa volonté de salut et sa miséricorde infinie. De ce point de vue, il y a un contraste saisissant entre la leçon de Jonas et la violence extrême de ceux qui s'en sont pris à son tombeau. Certes, dans l'esprit des djihadistes, il ne s'agissait nullement d'effacer ou de stigmatiser une figure vénérée par l'islam. Leur intention était de mettre fin à un scandale idolâtrique qui détournait de la vraie piété musulmane. N'empêche que cette violence est significative en elle-même d'une orientation générale incompatible avec ce que Jonas dit de la personnalité de Dieu: «Je savais en effet que tu es un Dieu de pitié et de tendresse, lent à la colère, riche en grâce et se repentant du mal.» En l'espèce ce repentir divin concerne la volonté de châtier l'inconduite de la cité de Ninive!

    Au cœur de l'Irak d'aujourd'hui, en pleine tourmente, nous est-il possible d'imaginer la splendeur de cette cité, qui fut capitale de l'Assyrie et dont l'archéologie nous détaille les incroyables richesses? Splendeurs éphémères, puisque Ninive fut détruite en 612 avant J.-C., alors qu'elle était à son apogée. Libre nous est possible de penser que, pour un enfant d'Israël de l'époque, elle constituait le mythe même de la ville, avec son immensité (il fallait à Jonas trois jours pour la parcourir), mais aussi le trouble attrait de ses parfums de cité païenne. Voilà le pauvre Jonas envoyé d'autorité par Yahvé, pour annoncer aux Ninivites que leur ville sera détruite dans quarante jours, s'ils ne se repentent pas de leurs fautes. On comprend qu'il ait voulu se dérober à une telle impossible mission et qu'il ait pris la fuite par la mer à destination de Tarsis.

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    Michel Janva

  • 1er AOÛT 1914 - 1er AOÛT 2014 : IL Y A CENT ANS, LA RÉPUBLIQUE LAISSAIT L’ALLEMAGNE NOUS JETER, SANS PRÉPARATION SUFFISANTE, DANS LE CONFLIT LE PLUS MEURTRIER DE NOTRE HISTOIRE

    CE 1er AOÛT 2014, LE SITE DE L’ACTION FRANÇAISE NE POUVAIT FAIRE AUTREMENT QUE RAPPELER L’ORDRE DE MOBILISATION GÉNÉRALE, IL Y A UN SIÈCLE, QUI OUVRAIT LA VOIE À LA GUERRE LA PLUS DÉVASTATRICE QUE LA FRANCE AIT JAMAIS CONNUE. LES NOMS SUR LES MONUMENTS AUX MORTS RAPPELLENT À LA FOIS L’ARDEUR DU SACRIFICE DE SES ENFANTS...

    ... ET LE FAIT QU’ELLE NE S’EN EST PAS ENCORE RELEVÉE, 100 ANS PLUS TARD.

    CAR COMMENT NE PAS RAPPELER AUSSI LA POLITIQUE DÉVASTATRICE DE LA GUEUSE QUI NOUS VAUDRA, VINGT ANS À PEINE PLUS TARD, LA DÉFAITE LA PLUS CINGLANTE DE NOTRE HISTOIRE ?

    « Cinq-cent mille jeunes Français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue. » (Kiel et Tanger, édition de 1912) Maurras était encore trop généreux avec la République : ils furent plus de 1,4 million !

    La Une de L’Action Française du 2 août 1914

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?1er-AOUT-1914-1er-AOUT-2014-IL-Y-A

  • Quand le Parti communiste touchait l’argent de Moscou

    C’est à partir des années 1950 que la DST acquiert la conviction qu’elle peut remonter les filières du financement occulte du PCF par son homologue soviétique. Deux raisons à cela. D’abord, en 1952, la brigade financière de la DST que vient de créer le commissaire Jean-Paul Mauriat effectue à Paris une perquisition à la Banque commerciale pour l’Europe du Nord (BCEN), banque alimentée à 98% par des capitaux de la Gosbank, la banque d’État soviétique. Une semaine durant, sous l’œil flegmatique de son directeur, Charles Hilsum, la DST photographie par milliers les documents comptables et apprend comment fonctionne le circuit financier communiste. De plus, en 1962, grâce à son adjoint Robert Xoual, le commissaire Louis Niquet, patron de la section Manipulation (E2) de la DST, entrera en contact avec un ancien résistant comme lui, qui a été victime d’une purge au sein de la direction du PCF : Auguste Lecœur, l’ex-secrétaire de l’organisation que L’Humanité a appelé le « flic Lecœur » en 1954, sans savoir qu’un jour il livrerait les secrets intimes du Parti. 

         Ce qu’il révèle confirme que, dès sa création fin 1920, le PCF n’a certes pas croulé sous « l’or de Moscou », comme le dit la presse anticommuniste, mais qu’il a reçu de manière constante, comme tous les partis frères, une aide non négligeable via l’internationale communiste (Komintern), dont le PCF a été jusqu’en 1943, date de sa dissolution par Staline, la section française. 

    Jérôme, Gosnat, Plissonnier : les hommes des finances 

    Le système de réseaux qui permet l’acheminement de fonds au Parti français plonge donc ses racines avant même sa fondation, à la naissance du Komintern en 1919. Sa section des liaisons internationales (OMS) distribue des fonds secrets en décembre 1919, sous forme de pierres précieuses en provenance des bijoux du tsar, pour une valeur de 2,5 millions de roubles (l’équivalent de 800 000 euros actuels), au militant Fernand Loriot afin que son groupe organise un travail fractionnel au sein de la SFIO, provoquant la scission du Congrès de Tours, le 30 décembre 1920, et la naissance de la Section française de l’internationale communiste (SFIC), futur PCF. 

         Chaque section du Komintern possède ses structures propres, des sociétés écran pour gérer ces fonds afin de financer, sinon la révolution, du moins le bras de fer que constitue la « lutte des classes » contre les « deux cents familles » possédantes. 

         A la direction du PCF, des spécialistes s’occupent de ces finances. C’est le cas de Michel Feintuch, alias « Jean Jérôme », juif originaire de l’ex-Galicie autrichienne, qui va jouer un rôle essentiel pendant la Seconde Guerre mondiale et jusque dans les années 1980. Vient ensuite Georges Gosnat, qui a organisé en 1936, avec Jean Jérôme, la compagnie France-Navigation, dont la flotte achemine les militants des Brigades internationales en Espagne. Trente ans plus tard, Georges Gosnat tient les cordons de la bourse et gère l’entrelacs d’entreprises liées au PCF ainsi que les subventions venues d’URSS. Ancien communiste, puis directeur dans les années 1970 du journal Politique-Hebdo, Paul Noirot précise leur rôle dans ses mémoires : « Le pouvoir politique de l’argent est, dans le parti, infiniment plus grand qu’on ne l’imagine. Des hommes comme Georges Gosnat, pratiquement trésorier à vie, ou comme Jean Jérôme, grand maître du commerce et de la banque, disposent, par ce qu’ils savent et ce qu’ils font, d’une influence réelle sans rapport avec leurs responsabilités officielles. » 

         Dans ce cadre, un troisième homme clef apparaît à partir des années 1950 : Gaston Plissonnier, à la fois « éminence grise » des secrétaires généraux successifs – Waldeck Rochet, Georges Marchais, Robert Hue – et homme des liaisons directes avec les services soviétiques, qui lui ont d’ailleurs donné le nom de code de « LANG ». Le système financier que gère la troïka Gosnat-Jérôme-Plissonnier couvre aussi les relations avec un groupe d’entreprises commerciales qui ont l’exclusivité des rapports avec les pays communistes, reversant des fonds au PCF, ce qui constitue une forme détournée de subvention. La plus connue, Interagra, est dirigée par Jean-Baptiste Doumeng, le « milliardaire rouge ». 

    Deux millions de dollars par an sous Brejnev 

    Dans les années 1950, les fonds soviétiques parviennent grâce au Fonds syndical international d’aide aux organisations ouvrières auprès du Conseil des syndicats roumains, une société écran qui distribue des subventions aux partis communistes d’Europe occidentale. En 1954, sous Nikita Khrouchtchev, le PCUS achemine 5 millions de dollars au PCF. Mais dix ans plus tard, en 1964, cette somme se réduit à 2 millions et restera à ce niveau pendant toute l’ère Brejnev (164-1982). Le PCF demeure toutefois le deuxième parti subventionné d’Europe, après le Parti communiste italien (PCI). 

         Le système d’approvisionnement varie. Une filière habituelle est celle de la BCEN, dirigée à Paris dans les années 1970 par l’ancien député Guy de Boysson, et surtout l’homme charnière, le vice P-DG Vladimir Ponomarev, cousin de Boris Ponomarev, chargé des liaisons du PCUS avec les partis frères. En 1979, le journaliste d’extrême droite Jean Montaldo publie Les Secrets de la banque soviétique en France (Albin Michel), un livre fondé sur les archives bancaires de la BCEN qu’il affirme avoir ramassées dans « 243 sac [poubelles] qui traînaient sur la chaussée »... En tout cas, les secrets de la BCEN, jadis percés par la DST, sont étalés au grand jour. Et l’on comprend comment des fonds sont virés de Moscou sur des comptes français. 

         Autre conduit qui sera révélé après la chute de l’URSS : des émissaires du 5ème département (France) du 1er directoire du KGB convoient des sommes dans des valises à double fond. En cas de sommes très importantes (comme en période électorale), le 14ème département, spécialiste des opérations ultrasensibles, se charge de transférer l’argent. Il arrive aussi que des émissaires d’autres pays de l’Est jouent un rôle dans ces transferts financiers. Ainsi, après la chute du Mur de Berlin en 1989, Armin Riecker, ancien diplomate espion est-allemand, expliquera comment en 1979, basé à Paris, il avait été chargé d’apporter une « mallette bourrée d’argent » à Ghislaine, la secrétaire de Gaston Plissonnier... 

    Les « chemises spéciales » signées Plissonnier 

    Désormais, le nom du dirigeant bourguignon, surnommé le « secrétaire perpétuel », va apparaître dans tous les documents trouvés dans les archives soviétiques, après la chute du communisme à l’Est. La presse russe publie des documents issus de l’ancien sérail communiste. C’est ainsi que l’on retrouve les « chemises spéciales » (osobie papki, OP), estampillées « top secret » avec des quittances : ainsi, l’OP du 21 août 1978 contient une quittance signée par Gaston Plissonnier pour un million de dollars au profit du PCF (d’autres enveloppes, moins importantes, sont destinées aux partis des Caraïbes et de La Réunion). Au total 20 millions sont distribués pour les partis frères. 

         Au début des années 1980, les budgets baissent encore. Que s’est-il passé ? D’une part, le PCUS n’arrive plus à contrôler la direction et la politique des partis d’Europe, et ne voit pas pourquoi il continuerait à servir de « vache à lait ». D’autre part, avec l’accession de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir, et sa politique de Glasnost (transparence), on assiste à une révision totale des relations entre partis communistes. Puis à la chute finale. 

         En témoigne, la dernière année où le PCF reçoit des subsides, un courrier adressé à Mikhaïl Gorbatchev par un de ses adjoints : « Gaston Plissonnier a fait savoir que Georges Marchais lui a demandé de solliciter auprès de vous une aide supplémentaire pour le PCF. Cette demande concerne l’élection présidentielle de 1988. [ ...] Dans ces conditions, a dit Gaston Plissonnier, nous nous tournons vers notre frère, le PCUS, comme c’était la coutume dans le passé, pour qu’il nous accorde une aide supplémentaire de 10 millions de francs. » Anatoli Dorynine répond à Plissonnier qu’il est « possible de satisfaire partiellement les camarades français », non sans lui rappeler qu’ils ont déjà reçu, en 1987, 2 millions de dollars du Fonds international d’assistance aux organisations ouvrières et de gauche. In fine, le PCF devra se contenter d’un million de dollars. Et tandis que ce dernier redevient progressivement, par sa taille, le petit parti des années 1920, ses militants nouvelle manière affirment désormais que leur indépendance n’a pas de prix. 

    Rémi Kauffer, Histoire secrète de la 5ème République

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