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culture et histoire - Page 1542

  • A lire : La tyrannie médiatique de Jean-Yves Le Gallou

    La-Tyrannie-mediatique-Le-Gallou.jpgLa France et l’Europe vivent à l’heure de la tyrannie médiatique. L’opinion y est façonnée par les grands médias qui infligent leur rythme, dictent leur idéologie et véhiculent les préjugés dominants. Ainsi, les informations adressées aux citoyens et aux agents économiques tendent à imposer, par leur nature, une vision déformée de la réalité. 

         Le phénomène ressemble à la réfraction de la lumière décrite par les physiciens : un rayon lumineux change d’orientation quand, après traversé une couche d’air, il traverse un liquide ; c’est ainsi qu’un pinceau nous paraît brisé lorsque son plumet est plongé dans l’eau. A la réfraction de la lumière répond la réfraction de l’information : il n’y a pas d’événement indépendamment de celui qui en rend compte. Avant d’accéder à un auditeur, un spectateur ou un lecteur, un fait brut est traité par le média qui le diffuse et impose tout à la fois : 

    - Son tempo ; 

    - Sa grille d’analyse idéologique, généralement en phase avec le conformisme dominant (antiracisme, mondialisation, repentance, rupture de la tradition) ; 

    - Ses angles d’approche de l’événement, la focalisation, la marginalisation, voire l’occultation de l’information. 

    - Son vocabulaire, simplificateur mais aussi signifiant au regard du politiquement correct ; 

    - Les intérêts particuliers – électoraux, économiques ou publicitaires – qu’il défend. Informer, c’est porter à la connaissance d’autrui des faits précis, si possibles exacts et vérifiés, mais aussi replacés dans leurs contextes, notamment historique et géographique. Ce travail est long et compliqué pour celui qui informe... et parfois rébarbatif pour celui qui est informé. Mais tel est le prix d’une véritable démarche journalistique. 

         Communiquer, en revanche, implique de scénariser et théâtraliser des données – vraies ou fausses – dans un but idéologique, politique ou commercial. De même que la mauvaise monnaie chasse la bonne (loi de Gresham), la communication sature et remplace l’information : on l’a vu, durant la campagne présidentielle française de 2012, lorsque les équipes des candidats en meeting filmaient leurs propres images, avant de les distribuer aux grandes chaînes, réduites au rôle de simples relais de communication ! Comment traiter un sujet de manière indépendante, voire originale, si l’on ne maîtrise pas la sélection et la production du contenu ? La réponse est simple : ce n’est pas possible. 

         Commercialement, le marché de la communication est beaucoup plus important que le marché de l’information. L’offre y est plus importante notamment grâce à l’explosion des budgets com’ des organismes publics et des entreprises. En outre, la communication exige moins d’efforts pour le consommateur : plus facile à avaler que l’information, elle est plus distrayante et correspond aux exigences du « story telling » - ces contes pour (grands) enfants. 

         Le remplacement de l’information par la communication participe de la marchandisation du monde. Elle est aussi un moyen de le changer puisque l’information transformée en communication n’est plus gouvernée par des règles éthiques de véracité, mais par des jeux de puissance et des règles de marketing, adoptées dans l’objectif de distraire des clients ou de servir les intérêts idéologiques, politiques ou commerciaux des commanditaires. 

         A titre d’exemple, une grande marque d’automobile n’accordera pas de publicité à un journal souhaitant faire une enquête « anxiogène » sur les accidents de la route... En revanche, elle achètera une double page ou un spot de 50 secondes si les journalistes se rabattent sagement sur un sujet ludique vantant les mérites des grosses berlines ou les joies de la conduite sportive. Pour un patron de rédaction dépendant des actionnaires, le choix est alors vite fait entre l’information et la communication. Et le pigiste de bonne volonté peut aller faire des avions en papier avec ses statistiques routières.

    http://www.oragesdacier.info/2014/06/a-lire-la-tyrannie-mediatique-de-jean.html

  • Le dernier Chef d’Etat qui a vécu la guerre...

    Ce 6 juin est sans doute le dernier qui voit autant de vétérans se presser autour des plages du Débarquement : combien seront-ils encore dans une décennie ? Mais, parmi les chefs d’Etat eux-mêmes, il n’y a plus qu’un témoin de ces temps sombres d’une guerre qui a ravagé notre pays et bien au-delà de nos terres et des mers : c’est la reine Elisabeth II,... 

    ...pour laquelle notre République, née orpheline, a des égards tout particuliers, comme si elle avait quelque crime ancien à se faire pardonner, y compris aux yeux de la souveraine britannique...

    Elisabeth durant la guerre, future reine d’Angleterre

    Dans le quotidien La Croix (31 mai-1er juin 2014), c’est Geneviève Jurgensen qui rend un bel hommage à cette vieille dame au regard malicieux qui fut aussi une jeune fille courageuse au moment des bombardements sur l’Angleterre des années 1940 : « (…) Vous étiez à Londres sous les bombes, près de vos parents. Une bombe est tombée sur votre propre maison, le palais de Buckingham, dans les tout premiers jours des tout premiers bombardements. « Grâce à cela, a dit votre mère, je peux regarder dans les yeux les habitants des quartiers est », quartiers populaires et fort peuplés, victimes des premiers Blitz. Pressée par l’opinion publique de vous mettre avec votre soeur à l’abri au Canada, votre mère a répondu : "Mes enfants ne partiront pas sans moi. Je ne partirai pas sans le roi. Et le roi ne partira jamais." » [...]

    Jean-Philippe Chauvin - La suite sur Nouvelle Chouannerie

     
  • Secte : La parole est d’argent

    Partie 1

    Partie 2

    Partie 3

  • CASTORIADIS REVISITÉ L’actualité d’une grande pensée

    Pierre Le Vigan 

    Ex: http://metamag.fr

    Serge Latouche et Cornélius Castoriadis ont beaucoup en commun. C’est pourquoi l’ouvrage du premier sur le second, décédé en 1997, est beaucoup plus qu’un ouvrage de présentation. C’est avant tout un corps à corps avec la pensée de Castoriadis. L’autonomie est le maitre mot de Castoriadis. L’autonomie du citoyen, et l’organisation de l’autonomie des collectifs de producteurs-travailleurs, cela amène logiquement à refuser la domination d’une technique monoforme au service du Capital comme rapport social et organisation productiviste de l’économie. La technique doit être plurielle, et non pas orientée en fonction des exigences de l’accumulation du Capital. L’autonomie mène ainsi directement à l’écosocialisme, ou encore, comme le dit Serge Latouche et comme le souhaitait André Gorz, à la décroissance.

    Se libérer du culte de la performance technologique, redécouvrir le vernaculaire dans les pratiques, qu’elles soient de construction, de fabrication, de bricolage, etc, tout cela nous ramène au meilleur d’Yvan Illich. A la société publicitaire, à la pensée unique qui est moins une pensée qu’une somme de réflexes conditionnés, Castoriadis – et Latouche – oppose la paideia c’est-à-dire l’éducation et auto-éducation de soi sous le patronage de laquelle avait fonctionné, à la fin des années 1990, le café philosophique de la revue Eléments dont certains se souviennent.

    Castoriadis avait compris une chose essentielle : le prolétariat, à l’encontre d’un certain marxisme simplifié et messianique, n’était pas porteur historiquement d’une tâche d’émancipation de toute l’humanité. Il faut simplement savoir que cette tâche ne peut pas ne pas le concerner, le traverser, à l’inverse des idées de Terra Nova qui croient que l’on peut faire comme si les classes populaires étaient définitivement sorties de l’histoire. Le sujet de l’histoire, c’est toujours le peuple, mais c’est le peuple tout entier, comme disent les zapatistes. Face aux «  nouveaux maîtres du monde » ( Naomi Klein ), c’est une lutte globale d’émancipation de tout le peuple et de tous les peuples qui est nécessaire. L’exemple de l’Ukraine montre que le système mondial est prêt à tout pour activer des micro-nationalismes à l’encontre des Ukrainiens et Russes, peuples frêres, qui ont tout intérêt à la sortie d’un monde dominé par l’unilatérialisme américain. Misère des micro-nationalismes aveugles aux nécessaires alliances de civilisation et aux grands enjeux géostratégiques.

    Serge Latouche, Cornélius Castoriadis ou l’autonomie radicale, Ed. le passager clandestin, 96 pages, 8 €.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Autour d'un petit livre de Philippe Simonnot

    140607

    On aimerait que ces notes, rassemblées sur un titre sinon provocateur, du moins "osé", "Non l'Allemagne n'était pas coupable" (1)⇓ nous amènent à nous interroger sur les causes des guerres.

    Rarement, en effet, les commémorations des horribles conflits du XXe siècle auront occupé les écrans comme en cet an de grâce 2014. Entre le centenaire du déclenchement de la première guerre mondiale en 1914 et le soixante dixième anniversaire du débarquement de Normandie de 1944 que d'occasions de revisiter l'Histoire. Et cela ne va sans doute pas s'arrêter après le retour des héroïques anciens combattants anglo-américains et la séparation des grands de ce monde, rassemblées en cette circonstance sur le sol de France.

    Remarquablement reconstituées, rassemblées et colorisées, les émouvantes images du Jour J, et celles des combats qui suivirent la geste inouïe des premières lignes, devraient suffire en elles-mêmes à exorciser certaines légendes.

    Si en 1944 le territoire français a été libéré, nous ne le devons ni aux gaullistes ni aux communistes.

    Terrible pour la France, le choix des plages, des bocages et des villes de Normandie comme théâtre d'opération avait, certes, été pressé par Staline. A partir de la conférence de Téhéran de 1943, l'ancien allié de Hitler (2)⇓ se préoccupait de conquérir l'Europe centrale et orientale et de régler particulièrement son sort à la Pologne coupable en 1920 d'avoir victorieusement repoussé l'agression du Komintern.

    Grâce à ces télescopages d'anniversaires nous disposons d'une occasion unique de rapprocher les deux guerres civiles européennes. Leur bilan global peut être envisagé comme celui d'une des plus grandes catastrophes de l'Histoire de notre continent, à comparer avec la chute de l'Empire en occident ou l'apparition de l'islamisme dans le monde méditerranéen.

    Le lien entre les deux a conduit certains historiens à n'y voir qu'un seul  et unique drame. En cela, Thucydide père de la pensée Historique nous y invite et donne l'exemple puisqu'il invente le concept de "Guerre du Péloponnèse" pour englober les deux conflits conduisant à la catastrophe finale de la suprématie athénienne à la fin du siècle de Périclès. Plus près de nous l'atroce guerre civile allemande de 30 ans au XVIIe siècle ou les guerres follement déclenchées par la révolution jacobine en 1792, où certains Français admirent encore leur sanglante aventure de pillage, peuvent être regardées sous le même prisme. Puisque nous nous situons dans une orgie d'évocations de la folie des hommes et de la nécessité de l'entente européenne on pourra bientôt saluer aussi le 300e anniversaire du traité d'Utrecht ou le 200e du congrès de Vienne.

    Le lien essentiel entre la guerre de 1914 et celle de 1939 est utilement souligné par Philippe Simonnot, après Alfred Fabre-Luce auquel il se réfère : il s'agit de l'article 251 du traité de Versailles de 1919. Cette mise en cause de l'Allemagne comme [unique] responsable de la guerre, et [unique] coupable de ses atrocités doit être envisagée sous une triple dimension, à la fois politique, diplomatique et financière.

    Telle se révèle en effet la logique du drame sanglant infligé à l'Europe, telle se construit la pensée des notes rassemblées dans ce petit volume, telle enfin se situe la cause de l'immense désordre financier imposé au monde à partir de la conférence de Gènes de 1922. C'est à cette époque que l'on a renoncé au rétablissement de l'étalon-or suspendu par la situation de guerre. Les conséquences durent encore, elles ont même été aggravées par le coup d'État monétaire de Nixon en 1971.

    Désormais le principe du recours à la fausse monnaie a contaminé les transactions internationales. Elles ne reposent plus que sur le croisement artificiel de créances et de contraintes ; la moitié au moins d'entre elles pourront être jugées effaçables. Elles risquent fort, par conséquent, de se voir anéanties un jour ou l'autre au gré des rapports de forces, provoquant l'effondrement du château de cartes.

    Sur la cause des guerres on ne peut pas se contenter de réponses aussi puériles que celles de Wilson et Clemenceau, fauteur de guerres lui-même. Philippe Simonnot ne prétend pas épuiser en 60 pages l'immense question des raisons ou plutôt des folies qui ont conduit à la première guerre mondiale.

    Il n'écartera évidemment pas les causes "économiques", ou plus précisément "mercantilistes" : celles qui prennent en compte la lente montée des tarifs protectionnistes et, parallèlement, l'ascension industrielle de l'Allemagne unifiée au cours du XIXe siècle, par le Zollverein d'abord, par la proclamation de l'Empire des Hohenzollern ensuite.

    Si l'on se reporte au livre de Gustave Le Bon, écrit en 1915 (1)⇓, on découvre que, pacifiquement, cette énorme puissance économique montante prenait, dans le début du XXe siècle, résolument la première place dans l'espace continental par le simple jeu de son commerce. Les cauchemars protectionnistes ne pouvaient donc pas en supporter la perspective. Il fallait abattre ce concurrent déloyal.

    Toute ressemblance devrait être considérée comme fortuite, cela va sans dire.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1.  texte bilingue édité par les Editions Europolis. 
    2.  j'insiste ici sur ce concept "d'alliance", différente d'un simple "pacte" de non-agression, que je développe dans mon livre "L'Alliance Staline Hitler" (1939-1941)
    3.  "Psychologie de la Guerre" rééditée aux Editions du Trident.

    http://www.insolent.fr/2014/06/autour-dun-petit-livre-de-philippe-simonnot.html

  • Chronique de film: Welcome to New-York, d'Abel Ferrara

    Welcome To New-York, ou l’homme qui n’était qu’à un « jet » de la (p)résidence de la république.
    Disons le tout net, Welcome To New York est un film qui marquera son époque. Poursuivant le sillon entamé depuis Gogo Tales, Abel Ferrara présente une œuvre d’une grande beauté formelle. Caméra au poing et au plus près de ses personnages, il filme leur déchéance sous fond de néons rouges et de lumières tamisées. La moindre chambre d’hôtel prend ainsi l’apparence d’un purgatoire souillé par les liquides séminaux et les tâches de cognac 30 ans d’âge. Il n’a pas du être facile pour Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn de voir ainsi exposées leurs turpitudes, de plonger dans ce passé récent qu’ils auraient souhaité enterrer à jamais. Anne Sinclair s’en est d’ailleurs émue dans une tribune sur le Huffington Post. Evoquant le film, elle a manifesté son « dégoût de la façon dont M. Ferrara représente les femmes, ce qui doit illustrer ses propres pulsions » et indiqué que selon elle « Les producteurs du film projettent leurs fantasmes sur l’argent et les juifs ». Le film n’est pas antisémite, mais il est d’une infinie dureté à l’égard de l’hyper-classe, toutes obédiences confondues. Abel Ferrara n’a pas filmé avec complaisance, il n’est pas un réalisateur français subventionné mais un artiste engagé qui met toutes ses tripes et tous les moyens possibles au service de ce qui lui tient à cœur. Il n’est pas homme à concéder la moindre parcelle formelle ou scénaristique à la bienséance policée des salons mondains, il ne leur devait rien et a donc pu faire ce qui lui semblait le plus juste.

    « Devereaux », jumeau obèse de Dominique Strauss-Kahn, est incarné par le dissident gaulois numéro un. Buveur, fumeur et gros mangeur, Gérard Depardieu récite une partition phénoménale, celle du plus grand acteur vivant, de cette parcelle vivante de barbarie qui sommeille encore en nous. Littéralement plus animal qu’homme, il campe l’ex-directeur du FMI comme bloqué au stade oral, pulsionnel, enfantin, ne supportant aucune entrave à ses multiples jouissances. Pur libéral-libertaire, Devereaux accomplit les prophéties d’Ayn Rand et ne se reconnaît comme obligation que son épanouissement personnel.

    depardieu_a_nice.jpgUne planche à billets apparaît dans le premier plan du film, métaphore de la longue série de femmes « niquées » (selon son propre terme) l’ex président du FMI. Elles n’étaient d’ailleurs pas des femmes, mais des vagins convertissables en espèces sonnantes et trébuchantes. La première demi-heure de Welcome To New York montre l’agenda de l’ancien directeur du FMI avant l’ « affaire Nafissatou Diallo ». « Devereaux » propose des prostituées aux agents des services français, ce qui semble assez crédible. Toutes ses secrétaires offraient des services « particuliers », certaines spécialisées dans la fellation, d’autres dans l’effeuillage…. Notre homme lui s’abandonne pleinement à des orgies dignes de pornos amateurs. Dominique Strauss-Kahn, favori à la présidence de la République en 2010, avait un mode de vie proche d’un Patrick Sébastien sous viagra, constitué de partouzes dans l’esprit du Cap d’Agde naturiste et de constantes beuveries. Maître libidineux, il était un homme-goret auquel rien ne résistait car son « pouvoir d’achat » était illimité. Les prostituées étaient soumises à l’aura de l’homme de pouvoir au portefeuille généreusement garni. Lui se soumettait à sa sexualité débridée nourrie aux fantasmes pornographiques les plus crades, grognant comme un chien qui a trop d’os à ronger, boulimique d’argent et de stupre. « Devereaux » n’était qu’un personnage de Jean-Louis Costes, un pornocrate pipi-caca.

    welcome-to-new-york-photo-5374b9c2bdcd7-500x281.jpgLe fantôme de Pasolini semble convié dans Welcome To New York qui est l’incarnation contemporaine de Salo ou les 120 journées de Sodome. On assiste à l’avènement d’un monde post-séduction. Le mariage d’Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn semble n’avoir été contracté que pour des intérêts de classe, s’aiment-ils ? Rien n’est moins sûr. Les relations adultérines, loin d’être des « romances », sont réduites à la stricte dimension physique, au sexe. Je ne vais pas jouer les vierges effarouchées, car cela n’est pas nouveau et il n’est pas le seul. Ce qui est troublant c’est la récurrence, l’idée sous-jacente. Pour ces hommes, les femmes sont semblables aux ouvriers d’Arcelor-Mittal, des pions interchangeables, des détails de l’histoire. Abel Ferrara, italo-américain des classes modestes, rend très bien cette impression.
    Après tant de femmes consommées, consentantes, feignant le plaisir, comment « Devereaux » aurait-il pu imaginer qu’une banale femme de ménage africaine eut pu lui opposer un refus ? C’est là l’intelligence du film que de suggérer que Dominique Strauss-Kahn ait pu nier le viol en toute bonne foi. « Vous savez qui je suis ? » lance-t-il à la fameuse Nafissatou Diallo, puis il se déshabille et le viol est suggéré, mais le film ne tranche pas. A-t-il abusé de cette femme ? Nous ne le saurons pas distinctement, mais, pour reprendre l’expression de Dominique Venner, il s’agissait là de l’ « imprévu dans l’histoire ». Cet homme pensait être invincible, intouchable, sa femme avait tout préparé, il devait être le président de la république ! Tous deux ivres de pouvoir, ils ne pouvaient imaginer que surviendrait l’inattendu, le scandale absolu, l’infamie qui est venue tout gâcher. Tout ça pour avoir sorti son sexe au mauvais moment, une fois de trop. Peut-être a-t-il été piégé, mais au fond cela ne change rien, car c’est toute sa vision du monde qui a été confrontée à la réalité.
    D’ailleurs, la scène du repas durant laquelle Anne Sinclair apprend la nouvelle est, à ce titre, magistrale. Un bel appartement de Manhattan sert de décor à un repas de la grande bourgeoisie juive new-yorkaise, alors, un homme coiffé d’une kippa félicite « Simone » (prénom fictif d’Anne Sinclair ) : « je témoigne toute ma gratitude à Simone pour sa dévotion à l’égard de l’état d’Israël ». Jacqueline Bisset, interprète de Simone, retranscrit toute la morgue du personnage, son sentiment de toute puissance, bientôt détruit par une pulsion supplémentaire de son époux. En écho, vient la scène où Devereaux déjeune avec sa fille, et le petit ami de celle-ci, juste après les faits qui lui seront plus tard reprochés. Grossier, vulgaire, il ne parle que de sexe. Admirant la bouillabaisse qu’il a commandé au restaurant, il confie au petit ami de sa fille que le plat est « une sorte de partie échangiste pour poissons », une « bouillabaise », et lui demande s’il « aime niquer ». La scène est drolatique, et l’on peut se plaire à imaginer que Dominique Strauss-Kahn lui même, eut tenu de tels propos à sa fille. Toute honte bue, il n’a pas conscience que bientôt il va défaillir et être frappé par l’opprobre générale, relégué au statut de simple mortel dans la prison de Ryker’s Island.

    Le-retour-d-Anne-Sinclair-une-mauvaise-idee.jpeg.jpg

    Dans la deuxième phase du film est mis en lumière le traitement qu’a pu recevoir Dominique Straus-Kahn en prison. Les Etats-Unis ont ce mérite, qu’une fois emprisonné, un homme puissant n’est pas mieux traité qu’un autre. Quand il se déshabille devant ses gardiens, l’homme est faible, et peine à lever ses énormes cuisses, son ventre est gonflé tel un ballon, un vieil homme comme les autres, en piètre condition physique. Comme dans la véritable histoire, « Simone » parvient à le faire libérer et l’installe dans un immense loft, sa première réflexion est de changer la décoration. Son mari est accusé de viol mais elle trouve le moyen de se plaindre des œuvres trop « ploucs » accrochées au mur de son palais de fortune. Je ne sais pas si cette scène correspond à la réalité, mais je ne doute pas un instant que cela puisse avoir eu lieu. Ces gens étaient, et sont toujours, déconnectés du réel. Une dernière scène est à signaler pour sa beauté plastique qui renvoie aux œuvres du peintre espagnol Goya, celle de l’agression supposée de Tristane Banon. Garçonnière sordide, ambiance infernale, « Devereaux » y est figuré en dieu Bacchus insensible à la douleur qu’il inflige. Il veut lui toucher les seins, il en a le droit, il est un ancien ministre. Son pénis est le maitre du monde et ce n’est pas une jeune étudiante en journalisme qui pourra s’y refuser. Le membre en érection de « Devereaux » est une tour de Babel, toutes les ethnies y sont conviées, toutes les langues y sont pratiquées, il est l’universel.
    Dominique Strauss-Kahn ne s’est jamais repenti, car il n’a jamais estimé être coupable. Peut-être n’était-il effectivement pas coupable des faits qui lui étaient reprochés, ça nous ne le saurons jamais. Mais nous savons qu’il était un porc, qu’il considérait son pays la France comme les putes qu’il collectionnait. Sa femme et lui pensaient pouvoir nous acheter, jouir en nous et partouzer avec la France. Ils n’en auront pas eu l’occasion, tant mieux. Le mérite de Welcome To New York étant de rappeler aux Français naïfs à quoi ils ont échappé.
     
    Frédéric de Grimal http://cerclenonconforme.hautetfort.com/