culture et histoire - Page 1538
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Regnum Aeterna - Au nom de la France - En guerre pour un Nouveau Millénaire
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1912 Epee Duel: Leon Daudet vs Pierre Mortier
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L'éternel féminin sur Radio Courtoisie
Dimanche midi, Grégoire Boucher recevra dans son émission sur Lumière de l'Espérance, la radio du dimanche de Radio Courtoisie, Anne Brassié et Stéphanie Bignon pour leur ouvrage "Cessez de nous libérer" et Marie-Christine Arnautu, Vice-Présidente du Front National et Député européen.
Sujet : L'éternel féminin.
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La nation et l’œuf de Colomb : Jean-Louis Harouel réhabilite l’identité
Lorsque Christophe Colomb, en route vers l’Amérique, démontre à son équipage médusé qu’on peut faire tenir un œuf sur une table, qu’il suffit pour cela d’en briser la coquille, il ignore qu’il vient d’inventer une méthode presque aussi révolutionnaire que ce qu’il découvrira bientôt au bout de sa longue-vue.
Une méthode qui consiste à trouver à portée de main la solution d’un problème qui semblait insoluble. Tel l’œuf de Colomb, l’essai de Jean-Louis Harouel, Revenir à la nation, sera sans nul doute accusé de simplisme par ceux qu’il dérange et feignent d’oublier que la simplicité est la marque des grands livres. Celui-ci, de fait, ne s’embarrasse pas de circonlocutions, et il suffit de lire le titre pour comprendre où il veut en venir. Ou en revenir.
À la nation : c’est que celle-ci, bien qu’elle paraisse définitivement ringarde à certains, demeure la cellule fondamentale de l’ordre politique. La nation, qui renvoie à l’idée de naissance, est en effet le lieu de l’héritage : c’est elle qui relie le passé au présent et à l’avenir par l’intermédiaire de la culture et de la mémoire − et Jean-Louis Harouel de rappeler, à ce propos, que même la conception « républicaine » d’Ernest Renan ne se borne pas à une approche volontariste et individualiste : elle la combine à une dimension collective et historique. Si la nation selon Renan peut être « un plébiscite de chaque jour », c’est parce qu’elle traduit « la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu », le désir de prolonger un enracinement dans une appartenance commune qui se situe dans le temps pas moins que dans l’espace. [...]
Frédéric Rouvillois - La suite sur Causeur
RAPPELONS QUE JEAN-LOUIS HAROUEL A RÉCEMMENT ACCORDÉ UN ENTRETIEN À L’ACTION FRANÇAISE. LIRE ICI
http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-nation-et-l-oeuf-de-Colomb-Jean
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De Leibniz à Herder et de Herder au romantisme
Archives 1985
Chers amis, ce texte constitue les trois premiers sous-chapitres d'un livre en projet dans les années 80. Il est resté inachevé.
1.1 Notions philosophiques de base.
1.1.1 La leçon de Leibniz; les monades:
Prédécesseur de Leibniz, Christian Thomasius (1655-1728), fondateur de l'Université de Halle, développe un système éthique/philosophique, selon lequel nos croyances doivent être sanctionnées à partir de notre seule intériorité et non à partir d'une autorité extérieure. L'individu, dans ce système fondé par Thomasius, doit être capable (et donc s'efforcer) de suivre sa propre lumière, sa propre "raison". De cette vision de la nature et de l'agir humains, découle automatiquement un relativisme, donc une acception des différences qui constituent la trame du monde, une acception inconditionnelle du pluriel, de la diversité. Pour Thomasius, son système et ses retombées, comme tout autre espèce de savoir, doit déboucher sur des applications pratiques in vita civilis . Cette figure de l'histoire des idées philosophiques, dont la personne constitue le lien entre la Renaissance et les Lumières, nous lègue ici des principes clairs, une éthique de l'action: la diversité est telle et l'on ne saurait la contourner. De ce fait, nos jugements doivent se laisser diriger par une approche relativiste, non mutilante et non réductionniste du monde et des hommes. Ce relativisme doit déboucher ensuite sur un agir respectueux de ces différences qui font le monde. Indubitablement, notre volonté de donner un autre visage à l'Europe, s'inspire de cette démarche vieille de presque trois siècles. Dans notre optique, les Lumières ne constituent nullement un programme rigide, un catéchisme stérélisateur, une religion sèche de la Raison (comme avaient voulu l'instaurer les Jacobins français) mais bien plutôt l'attention au monde, le respect des créations spontanées de l'esprit et de l'histoire, la sagesse du jardinier qui harmonise, dans ses parterres, les fleurs les plus diverses... Mais cette attention doit être couplée à une vigilance, une milice spirituelle qui veille à ce que les mutilateurs de toutes obédiences, les réductionnistes de tous acabits ne viennent troubler cette splendide harmonie du monde.
Avec Leibniz, les intuitions de Thomasius, les prolégomènes que ce fondateur de l'Université de Halle a posés, s'affineront. L'orientation rationaliste de sa pensée ne l'a nullement empêché de jeter les bases de la grande synthèse organiciste que furent le Sturm und Drang et le Romantisme. Le rationalsime cartésien et spinozien descendent, chez Leibniz, au niveau des monades. Celles-ci sont chacune différente: il n'y en a pas deux d'identiques. Et chacune de ces monades acquiert continuellement un "état" nouveau. Leibniz découvre ainsi un devenir constant, un développement incessant de forces et d'énergies intérieures, une continuité ininterrompue. L'état présent d'une monade est le résultat d'un état antérieur et, par suite, tout état présent est gros de son avenir. L'univers de Leibniz, contrairement à celui de Descartes, n'est plus une somme de parties, mais un tout qui déploie ses divers aspects . Le concert international, pour nous, est également une globalité politique qui déploie, sous l'impulsion d'agirs humains, des perspectives, des possibles divers. Cette variété infinie constitue une richesse et notre humanisme veillera à ce que cette richesse ne s'épuise pas. C'est là que s'inscrit la liberté: dans la capacité de déployer collectivement un possible original, d'inscrire dans l'histoire une geste unique à côté d'autres gestes uniques. In vita civilis , pour reprendre l'expression latine de Thomasius, cette vision implique l'organisation fédéraliste des grands ensembles civilisationnels (chaque monade peut ainsi assumer son devenir sans contraintes extérieures) et le dialogue fraternel entre les diverses civilisations du globe. Dialogue d'attention et non de prosélytisme mutilant...
1.1.2. Herder: des monades aux peuples
Herder va dépasser Leibniz. De l'œuvre de ce dernier, Herder avait retenu l'énergie interne des monades, génératrice de devenirs spécifiques. Mais, pour Leibniz, chaque monade, activée de l'intérieur, n'avait aucune "fenêtre" extérieure, aucune ouverture sur le monde. Leibniz dépassait certes l'atomisme qui voyait des particules sans énergie intérieure, mais ne concevait pas encore des monades en interaction les unes avec les autres. Cet isolement des monades disparaît chez Herder. Dans sa vision philosophique, chaque unité (un individu ou un peuple) entre en interaction avec d'autres unités. Toute individualité singulière ou collective, loin d'être renfermée sur elle-même, dérive la conscience intérieure qu'elle possède d'elle-même de l'extérieur, c'est-à-dire du contact d'avec le monde qui l'entoure. Si ce monde était absent, cette conscience ne pourrait jamais s'éveiller. Herder nous propose ainsi une image du monde où les diverses parties constituantes sont toutes activement liées les unes aux autres au sein d'un réseau dynamique de réciprocité. Cela signifie qu'aucune individualité ne peut, dans l'univers, ni exister indépendemment du contexte de ses inter-relations ni être comprise comme en dehors de celles-ci. En restant au niveau de développement conceptuel de Leibniz, on risquait de concevoir le concert international comme un ensemble de nations repliées sur elles-mêmes et jalouses de leurs petites particularités. On risquait l'albanisation ou, pire, l'incompréhension réciproque. On risquait d'asseoir une image du monde justifiant les nationalismes ou les particularismes d'exclusion, les réflexes identitaires de rejet. Et, donc, les bellicismes stériles... Avec Herder, ce risque s'évanouit, dans le sens où la diversité est production hétérogène et incessante d'un fond de monde, rationnellement indéfinissable. Les éléments divers ont pour tâche de mettre en exergue le maximum de possibles, de "colorier" sans relâche le monde, d'échapper sans cesse à la grisaille de l'uniformité. Le respect des identités postule la solidarité et la réciprocité. En termes politiques actualisés, nous dirions que la défense des identités régionales, nationales, culturelles, civilisationnelles, etc. exige comme indispensable corollaire la solidarité inter-régionale, internationale, inter-culturelle, inter-civilisationnelle, etc.
L'objectif d'une Europe alternative serait donc de valoriser les peuples avec les productions littéraires, culturelles et politiques qu'ils forgent et de lutter contre l'arasement des spécificités qu'entament automatiquement les systèmes niveleurs, en tout temps et en tout lieu, quelle que soient d'ailleurs leurs orgines et leurs référentiels philosophiques ou idéologiques.
1.1.2.1. La tradition romantique
Le système philosophique de Herder constitue indubitablement une réaction à l'encontre d'un certain despotisme éclairé, qui ne se donnait plus pour objet, comme dans le chef d'un Frédéric II, de défendre un pays en tant que havre de liberté religieuse par tous les moyens militaires modernes, mais un despotisme éclairé, transformé par l'érosion du temps en fonctionnarisme uniformisant, en praxis de mise au pas des libertés locales. Ce despotisme, perçu sous l'angle d'une praxis générale et définitive et non plus comme praxis postulée par l'Ernstfall permanent que vit une société contestataire (la Prusse de Frédéric était le havre des Huguenots et des Protestants de Salzbourg, de bon nombre de "non conformists" britanniques et d'Israëlites, de piétistes) menacée par ses voisines conservatrices, renforce l'autocratie au lieu de l'assouplir et la justifie, en dernière instance, au nom du progrès ou de la raison, se donnant, dans la foulée, l'aura d'un "humanisme". La vision organique de Herder génère, elle, un humanisme radicalement autre. Le peuple, la population, le paysannat, chez Herder, n'est pas le "cheptel" taillable et corvéable à merci d'une machine étatique, d'un appareil de pouvoir, qui justifie son fonctionnement par référence à la raison mécaniste. L'humanisme herdérien ne nie pas la vie intérieure, le devenir créatif, de cette population, de ce peuple. La substance populaire n'est pas déterminée, dans cette optique, par des ukases venus d'en-haut, promulgués par le pouvoir de l'autocrate ou d'une oligarchie détachée du gros de la population, mais se justifie d'en-bas, c'est-à-dire au départ des phénomènes de créativité littéraire ou scientifique, économique ou religieux que suscite la collectivité, le peuple. En un mot: c'est le Travail global du peuple qui justifie, doit ou devrait justifier, son existence politique ainsi que le mode de fonctionnement qui régirait cette même existence politique.
La tradition romantique procède donc d'un recentrement ontologique, écrit le grand spécialiste français du romantisme allemand, Georges Gusdorf. Ce recentrement, Thomasius l'avait déjà tenté, en réfutant toute détermination venue de l'extérieur. Le message démocratique et identitaire du romantisme postule ipso facto un système de représentation impliquant, comme en Suisse, le référendum, la participation directe des citoyens à la défense de la Cité, l'autonomie locale (cantonale, en l'occurrence) et la neutralité armée. Ces pratiques politiques et administratives éliminent les despotismes autocratiques, oligarchiques et partitocratiques, tout en tarissant à la source les vélléités impérialistes, les visées hégémoniques et les chimères conquérantes. En outre, le recentrement ontologique romantique, in vita civilis et à l'âge de l'économisme, signifie une protection du travail local, national (au sens de confédéral) contre les manipulations et les fluctuations des marchés extérieurs. La tradition romantique nous lègue un réflexe d'auto-défense serein et harmonieux qu'oublient, nient et boycottent les idéologies missionnaires et prosélytes qui régentent le monde d'aujourd'hui et colonisent les médias, dans l'espoir d'uniformiser le monde sous prétexte de l'humaniser selon les critères de l'humanisme mécanique. La soif d'alternative passe inmanquablement par un nouveau choix d'humanisme qui, à l'absence de sens observable à notre époque de désenchantement post-moderne (c'est-à-dire postérieur aux séductions actives de l'humanisme mécaniste), reconférera au monde une surabondance de sens. Au niveau des individus comme au niveau des individualités collectives que sont les peuples, l'existence n'a de sens que si elle permet le déploiement d'une spécificité ou, mieux, une participation active, concrète et tangible à la geste humaine totale.
http://robertsteuckers.blogspot.fr/2014/06/de-leibniz-herder-et-de-herder-au.html
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De la contradiction interne ou le moment de faire un choix
« Tous les « nationaux » ont leur bon gaulliste, leur bon technocrate, leur bon ministre. Cédant à un vieux réflexe bourgeois, ils redoutent « l’aventure » et le « chaos ». Pour peu qu’un homme du régime agite le drapeau, ils lui donnent leur confiance. Ils préfèrent le confort de l’aveuglement à la lucidité. Le sentimentalisme et l’esprit de clocher prennent toujours le pas sur le raisonnement politique. Dans l’espoir niais de satisfaire tout le monde, ils se refusent à prendre parti et ne satisfont personne. »
Cette citation est la marque de Dominique Venner qui fut l’objet il y a une semaine d’un colloque éponyme, et où, le même jour des Lapins Crétins perturbèrent le meeting chrétien-démocrate européiste de Christine Boutin. Un an après la disparition du « Samouraï d’Occident » et les différents événements liés au Mariage pour Tous, il semble nécessaire d’approfondir la séparation entre « nationaux » et « nationalistes », autrement dit, appliquer la contradiction interne.
Un an après les manifestations et actions liées au Mariage pour Tous donc, il faut arrêter de seulement parler. C’est d’ailleurs la réflexion d’Alain de Benoist dans un article, « On ne fait pas la révolution avec des gens bien élevés », article faisant écho aux propos de Dominique Venner. J’en veux pour preuve l’Avenir pour Tous de Frigide Barjot, le Centre Catholique d’Etudes Politiques (sic !), Sens commun (re-sic !), l’Ecologie humaine et toutes les tartes à la crème libérales et chrétiennes-démocrates qui ont voulu s’approprier ces thèmes de combat pour grossir leurs rangs tout en jouant la carte mystificatrice du combat politique porteur de sens.
Provoquer la contradiction interne, c’est appeler les militants à faire un choix, soit être des « nationaux » soit être des « nationalistes », il n’y a pas de demi-mesure à ce sujet. C’est impossible. Il en va du raisonnement politique et même de toute politique sur le court, ou le long terme si nous souhaitons appliquer nos principes politiques.
Mais voilà, la bureaucratie et la suffisance catho-bourgeoise sont passées par là. S’appuyer sur le droit naturel, dénoncer la marchandisation des corps et le transhumanisme, en clair, être radical dans ses propos mais pas dans ses actions et dans ses convictions font partie du jeu des libéraux-nationaux qui souhaitent élargir le champ de leur offre politique, après avoir constaté leurs échecs modérés faits de compromissions, à tel point qu’il est patent que les nouveaux militants catho-bourgeois sont des prostituées qui vendent leur principes pour de l’argent dans la peur de rester marginal politiquement mais avec des convictions.
Les partis et hommes politiques nous ont, à de multiples moments, fait preuve de lâcheté, d’hypocrisie et pusillanimité. Pourtant, la sauce à l’air de marcher. Tout simplement parce que la suffisance catho-bourgeoise se complait dans le confort et abhorre « l’aventure » politique comme le notait déjà malheureusement Dominique Venner il y déjà une cinquantaine d’années !
Le combat radical que nous menons aujourd’hui est un combat raisonné, radical et jamais extrême, tempéré et jamais modéré, mais il est un combat présent et permanent, qui ne souffre d’aucune compromission. On ne peut par exemple se définir comme démocrate-chrétien et mener une politique européenne libérale, c’est un non-sens absolu. Il faut aussi accepter les moyens et les fins du militantisme radical, qui vont bien au-delà du « politiquement incorrect » de salon ainsi que de l’image de droite forte des jeunes filles et jeunes hommes de petite vertu politique, pour ensuite porter leur choix vers la lâcheté incarnée institutionnellement par les partis en présence.
Mais dès qu’il faut être sérieux, dès qu’il faut sortir du politique ludique et festif, d’être englué dans la société du spectacle, c’est-à-dire, dès que les ballons bleus et roses des manifestations abrutissantes par leur musique électronique, et les différents rassemblements proto-mondains, que reste-t-il des engagements ? Rien, parce que les « nationaux » sont dans l’incapacité même de comprendre et de régir ce qui va au-delà de leur suffisance.
Briller, mais pas militer. Parler, causer, mais sans oser. Alors oui, montrez-vous tel que vous êtes, mais vous comprendrez bien assez vite que sur ce point, le plus important n’est pas d’être connu mais bien reconnu. Et qu’en tant que « nationaux » vous n’aurez aucune considération de la part des « nationalistes ».
Pour conclure, Dominique Venner servira encore de référence à nos propos :
« Zéro plus zéro, cela fait toujours zéro. L’addition des mythomanes, des comploteurs, des nostalgiques, des arrivistes, des « nationaux » donc, ne donnera jamais une force cohérente. Conserver l’espoir d’unir les incapables, c’est persévérer dans l’erreur. Les quelques éléments de valeur sont paralysés par les farfelus qui les entourent. Le jugement populaire ne s’y trompe pas. Aussi font-ils un mal considérable au Nationalisme avec lequel ils sont fréquemment confondus. Ils font fuir les éléments sains et tarissent tout recrutement de qualité.
Avec eux, il ne peut être question d’union. Il faut, au contraire, proclamer les différences fondamentales qui les séparent du Nationalisme. Les farfelus doivent être impitoyablement écartés. A cette condition, il sera possible d’attirer des éléments neufs, des partisans efficaces. »Alexis/C.N.C
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Éducation nationale : la maison n'est pas tenue !
Le ministère publie un document qui oriente l'enseignement à l'école primaire et au collège. Et qui fait peur.
Mardi 10 juin, la démission surprise d'Alain Boissinot, président du Conseil supérieur des programmes (CSP), a éclipsé la publication par le ministère de l'Éducation nationale du "socle commun de connaissances, de compétences et de culture". C'est dommage, car ce document, qui pose les fondations de la nouvelle politique d'éducation, de l'école primaire à la fin du collège, a de quoi inquiéter.
Le "socle" est une sorte de "smic" de ce que doivent savoir les élèves en sortant de 3e. Il est né du grand débat sur l'école lancé par Jacques Chirac au début de son second mandat et a été instauré par la loi Fillon de 2005. Il évoque non seulement les connaissances, pierre angulaire de l'instruction, mais aussi les compétences, notion plus floue qui rappelle le catéchisme pédagogiste selon lequel les élèves doivent construire leurs propres savoirs. François Fillon et son équipe avaient alors réussi à limiter les dégâts, en maintenant l'apprentissage des contenus. Avec ce nouveau texte, il y a de quoi s'inquiéter, puisqu'il précède, donc inspire la rédaction des futurs programmes scolaires.
Bons sentiments et langue de bois
Ce document de 22 pages regorge de bons sentiments, de nobles intentions, de généralités et de langue de bois. Mais de la transmission des savoirs, il n'est guère question. "L'école obligatoire ne peut pas seulement apprendre aux élèves à lire, écrire et compter", prévient le communiqué du ministère qui l'accompagne. Étrange formulation ! Car il faudrait quand même commencer par savoir lire, écrire et compter. Et c'est loin d'être le cas. Un enfant sur sept se trouve en difficulté sérieuse de lecture en 6e.
Le nouveau "socle" fait pourtant fi du français comme discipline à part entière, préférant s'intéresser aux "langages", qui "sont à la fois des objets de savoir et des outils, toutes les disciplines contribuent à leur acquisition". On n'est pas loin du fameux "référentiel bondissant" ! Les maths ? Intégrées, désormais, dans "l'observation et la compréhension du monde". Ils ne sont pourtant pas nombreux, ceux qui ont découvert des théorèmes par eux-mêmes ! Mais avec le socle, l'enfant devient une sorte de chercheur en herbe : "Il a compris que les mathématiques se nourrissent des questions posées par les autres domaines de connaissances et les nourrissent en retour."
Selon ce nouveau "socle", l'élève est non seulement un futur Einstein, mais aussi un Picasso et un Rimbaud en devenir. Il "exprime ses sensations et ses émotions par des productions littéraires et artistiques, et pratique, sous des formes diverses, la fonction poétique du langage". Et, à l'arrivée, il "a construit de la sorte une citoyenneté critique et partagée, ouverte à l'altérité". Au bout des 22 pages de lecture, une question demeure : qui tient les clés de la maison qui a produit un tel texte ?
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I-Media N°15
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Autour d'un petit livre de Philippe Simonnot
On aimerait que ces notes, rassemblées sur un titre sinon provocateur, du moins "osé", "Non l'Allemagne n'était pas coupable" (1)⇓ nous amènent à nous interroger sur les causes des guerres.
Rarement, en effet, les commémorations des horribles conflits du XXe siècle auront occupé les écrans comme en cet an de grâce 2014. Entre le centenaire du déclenchement de la première guerre mondiale en 1914 et le soixante dixième anniversaire du débarquement de Normandie de 1944 que d'occasions de revisiter l'Histoire. Et cela ne va sans doute pas s'arrêter après le retour des héroïques anciens combattants anglo-américains et la séparation des grands de ce monde, rassemblées en cette circonstance sur le sol de France.
Remarquablement reconstituées, rassemblées et colorisées, les émouvantes images du Jour J, et celles des combats qui suivirent la geste inouïe des premières lignes, devraient suffire en elles-mêmes à exorciser certaines légendes.
Si en 1944 le territoire français a été libéré, nous ne le devons ni aux gaullistes ni aux communistes.
Terrible pour la France, le choix des plages, des bocages et des villes de Normandie comme théâtre d'opération avait, certes, été pressé par Staline. A partir de la conférence de Téhéran de 1943, l'ancien allié de Hitler (2)⇓ se préoccupait de conquérir l'Europe centrale et orientale et de régler particulièrement son sort à la Pologne coupable en 1920 d'avoir victorieusement repoussé l'agression du Komintern.
Grâce à ces télescopages d'anniversaires nous disposons d'une occasion unique de rapprocher les deux guerres civiles européennes. Leur bilan global peut être envisagé comme celui d'une des plus grandes catastrophes de l'Histoire de notre continent, à comparer avec la chute de l'Empire en occident ou l'apparition de l'islamisme dans le monde méditerranéen.
Le lien entre les deux a conduit certains historiens à n'y voir qu'un seul et unique drame. En cela, Thucydide père de la pensée Historique nous y invite et donne l'exemple puisqu'il invente le concept de "Guerre du Péloponnèse" pour englober les deux conflits conduisant à la catastrophe finale de la suprématie athénienne à la fin du siècle de Périclès. Plus près de nous l'atroce guerre civile allemande de 30 ans au XVIIe siècle ou les guerres follement déclenchées par la révolution jacobine en 1792, où certains Français admirent encore leur sanglante aventure de pillage, peuvent être regardées sous le même prisme. Puisque nous nous situons dans une orgie d'évocations de la folie des hommes et de la nécessité de l'entente européenne on pourra bientôt saluer aussi le 300e anniversaire du traité d'Utrecht ou le 200e du congrès de Vienne.
Le lien essentiel entre la guerre de 1914 et celle de 1939 est utilement souligné par Philippe Simonnot, après Alfred Fabre-Luce auquel il se réfère : il s'agit de l'article 251 du traité de Versailles de 1919. Cette mise en cause de l'Allemagne comme [unique] responsable de la guerre, et [unique] coupable de ses atrocités doit être envisagée sous une triple dimension, à la fois politique, diplomatique et financière.
Telle se révèle en effet la logique du drame sanglant infligé à l'Europe, telle se construit la pensée des notes rassemblées dans ce petit volume, telle enfin se situe la cause de l'immense désordre financier imposé au monde à partir de la conférence de Gènes de 1922. C'est à cette époque que l'on a renoncé au rétablissement de l'étalon-or suspendu par la situation de guerre. Les conséquences durent encore, elles ont même été aggravées par le coup d'État monétaire de Nixon en 1971.
Désormais le principe du recours à la fausse monnaie a contaminé les transactions internationales. Elles ne reposent plus que sur le croisement artificiel de créances et de contraintes ; la moitié au moins d'entre elles pourront être jugées effaçables. Elles risquent fort, par conséquent, de se voir anéanties un jour ou l'autre au gré des rapports de forces, provoquant l'effondrement du château de cartes.
Sur la cause des guerres on ne peut pas se contenter de réponses aussi puériles que celles de Wilson et Clemenceau, fauteur de guerres lui-même. Philippe Simonnot ne prétend pas épuiser en 60 pages l'immense question des raisons ou plutôt des folies qui ont conduit à la première guerre mondiale.
Il n'écartera évidemment pas les causes "économiques", ou plus précisément "mercantilistes" : celles qui prennent en compte la lente montée des tarifs protectionnistes et, parallèlement, l'ascension industrielle de l'Allemagne unifiée au cours du XIXe siècle, par le Zollverein d'abord, par la proclamation de l'Empire des Hohenzollern ensuite.
Si l'on se reporte au livre de Gustave Le Bon, écrit en 1915 (1)⇓, on découvre que, pacifiquement, cette énorme puissance économique montante prenait, dans le début du XXe siècle, résolument la première place dans l'espace continental par le simple jeu de son commerce. Les cauchemars protectionnistes ne pouvaient donc pas en supporter la perspective. Il fallait abattre ce concurrent déloyal.
Toute ressemblance devrait être considérée comme fortuite, cela va sans dire.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
- texte bilingue édité par les Editions Europolis. ⇑
- j'insiste ici sur ce concept "d'alliance", différente d'un simple "pacte" de non-agression, que je développe dans mon livre "L'Alliance Staline Hitler" (1939-1941). ⇑
- "Psychologie de la Guerre" rééditée aux Editions du Trident.⇑
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Jean-Luc Godard sur France Inter : « je me sens profondément européen depuis Vercingétorix et Charlemagne »