Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1558

  • La souveraineté nationale, pilier d'une autre Europe

    Extrait du discours d'Aymeric Chauprade, prononcé mardi dernier au Chesnay :

    "Notre souveraineté, depuis 1500 ans, faisait de la fille aînée de l'Eglise, l'un des plus puissants pays du monde : un pays respecté, imité, aimé qui a perdu peu à peu le droit de gouverner son destin et de peser dans l’Histoire par lui-même. Le premier bilan que nous pouvons faire de l’Europe est celui de la dispersion à tous vents de notre souveraineté nationale : notre économie est partie à Bruxelles, notre monnaie à Francfort, notre Justice au Luxembourg, notre géopolitique à Washington…

    Evidemment, en cette période électorale, l’UMPS échafaude mille projets de nouvelle Europe…mais de quelle Europe ?Election européenne après élection européenne, traité après traité, l’UMPS a accompagné le même processus communautaire visant à nous déposséder de notre souveraineté, transformant nos régions en Lander gouvernés par des roitelets européistes dont la seule obsession est de détruire l'Etat-nation. L’UMP en campagne brandit l’étendard d'une Europe des nations alors même quele PPE, groupe auquel elle appartient au Parlement européen, vote depuis toujours 100% des transferts de souveraineté !

    Quant à M. Dupont Aignant, qui voudrait nous faire croire qu'il est gaulliste, mais il est FAF : il appartient à la French American Foundation, club de politiques français tous partis confondus (excepté le Front national) formés aux Etats-Unis à appliquer les ordres de leurs maîtres. M. Dupont Aignant est tout sauf un gaulliste, c'est un supplétif de l'UMP, c'est, après le premier filet tendu qui est M. Guaino pour lequel j'ai bien plus d'estime, un deuxième filet qui sert à rattraper l'électeur de l'UMP, effrayé par l'européisme congénital de M. Lamassoure et qui serait tenté de devenir logique avec lui-même en ralliant enfin la vague Bleu Marine le 25 mai. La tâche de convaincre de son opposition au traité transatlantique tout en étant fils des programmes d'influence américaine en Europe, ne doit pas être aisée…

    Comment l’UMPS a-t-elle réussi à nous vendre cette construction européenne depuis des décennies? Au nom du mythe de l'Europe-puissance. Une grande majorité de Français y a longtemps cru, et beaucoup hélas croient encore qu'au bout de cette longue route, nous cueillerons l’Europe-puissance, protectrice des Etats-Unis, de l'Asie émergente, du nouveau monde et de ses nouvelles puissances économiques et géopolitiques. Mais il n’en est rien :sans souveraineté nationale, toute velléité de puissance reste un mirage inaccessible. A défaut de souveraineté économique, l’UMPS console les Français en faisant vibrer les cordes d’une plus grande démocratie. Or il est facile de constater que la courbe de l'abstention dans les nations en Europe, et en particulier en France, épouse la courbe du transfert de souveraineté vers l'Union européenne. Plus la souveraineté nationale est transférée vers Bruxelles, Francfort ou Washington, moins les Français votent!

    L’UMPS nous assène que l'avenir de la France est dans la Commission européenne ce qui devrait logiquement conduire les Français à voter massivement aux élections européennes or ils ne le font pas. Pourquoi ? Parce qu’il n'y a pas de souveraineté européenne.En lieu et place des souverainetés nationales perdues, c’est le vide absolu. Seul reste le pouvoir d'une technocratie au service d'une oligarchie financière américaine et européenne, qui loin de travailler au Bien commun européen, veille au grain de ses intérêts particuliers.

    Sur les 200 pays dans le monde, seuls les 28 de l'UE ont accepté cette folie de l'abandon de leur souveraineté au profit d'une élite mondialisée, affranchie de ses nations, ses identités, ses territoires et ses religions, pour vivre dans l'esclavage du Dieu Argent, en poussant les peuples à devenir esclaves de leurs pulsions consuméristes et sexuelles, déliés de leurs appartenances naturelles, la famille, la nation, le Divin.

    Alors, comme ultime argument l’UMPS assure que la souveraineté nationale créerait un isolement suicidaire dans notre nouvel ordre mondial, mais qu’en est-il des Etats-Unis, de la Corée du Sud, du Japon, de la Chine, de la Russie et tant d’autres ? Sont-ils isolés ?Au contraire de tout cela, nous devons rétablir des coopérations régionales et inter-étatiques flexibles, adaptées à la nouvelle Europe de demain : celle de la coopération des Etats aux intérêts de sous-groupes méditerranéens, danubiens, balkaniques, baltiques... Si demain la France retrouve sa souveraineté, elle aura les moyens de reconstruire sa puissance et la démocratie renaîtra de ses cendres : les Français, comprenant qu’ils ont de nouveau le pouvoir en main, voteront !"

    Michel Janva

  • Édition : le temps des faussaires (shoah, génocide, ...)

    Misha Defonseca avait publié en 1997 une autobiographie, Survivre avec les loups, qui racontait comment petite fille elle avait survécu à la Shoah. L'ouvrage fut même adapté au cinéma en 2007. Or elle n’était qu’une affabulatrice et a été condamnée par la justice américaine à rembourser 22,5 millions de dollars à son éditeur. Son «autobiographie» n’est, hélas, pas la première imposture éditoriale. Il nous faut désormais compter avec la multiplication des faux récits. Retour sur les plus belles supercheries de l'histoire littéraire, de faussaires en jeux de pseudonymes.
    Dieu a écrit un livre. Et, miracle, il est arrivé sur le bureau de Geneviève Perrin, directrice littéraire des éditions Belfond. «Nous recevons beaucoup de textes d’allumés. La plupart du temps, ces manuscrits ne parviennent pas jusqu’à moi. Mais celui-là valait vraiment le coup d’oeil ! Une collègue me l’a montré pour rire. En toute simplicité, l’auteur se prenait pour Dieu réincarné, en somme, le nouveau messie.»
    Certes, tous les affabulateurs ne sont pas aussi faciles à confondre. Conséquence de la vogue des témoignages, parmi les foules de personnes estimant que leur souffrance et expériences réelles méritent bien un livre, se cachent aussi de nombreux menteurs. Et certains sont particulièrement convaincants, comme en témoigne Sylvie Delassus, éditrice chez Robert Laffont. Un jour, celle-ci reçoit le synopsis fort attrayant du «récit» d’un homme ayant connu une enfance malheureuse, puis une adolescence très difficile. «C’était le Petit Chose et Cosette réunis ! Il y avait tout pour faire pleurer dans les chaumières...» Assez séduite, l’éditrice rencontre l’auteur, et le découvre sympathique, éloquent et haut en couleur. «Le genre d’homme que l’on enverrait volontiers défendre son livre à la télévision.» Néanmoins, Sylvie Delassus sent que quelque chose cloche. Et certains éléments lui paraissent un peu suspects : «L’auteur affirmait descendre d’un roi africain.» Elle charge donc quelques journalistes de mener une petite enquête auprès des gens qui avaient croisé «son» auteur. «Et il s’est avéré qu’il n’avait pas une réputation de fiabilité extrême...»
    Tel est le faussaire moderne, qui se distingue de ses prédécesseurs par ses motivations purement individualistes. Celles-ci sont de deux ordres : psychologiques et/ou financières. Certes, bien des contrefacteurs d’autrefois agissaient aussi pour combler les failles de leurs finances ou de leur personnalité. Mais d’autres falsifiaient à des fins politiques, comme Matvei Golovinski, agent de l’Okhrana, la police secrète du Tsar, qui publia, de 1903 à 1906 le fameux et infâme Protocole des sages de Sion, à l’origine de la thèse antisémite du complot juif mondial. Ou comiques, tel Rénier Chalon, auteur du Catalogue Fortsas, qui, annonçant une vente fictive d’exemplaires uniques, envoya, en 1840, toute l’Europe bibliophile dans le petit village belge de Binche. Ou encore poétiques, tels les comédiens Akakia-Viala et Nicolas Bataille, qui publièrent, en 1949, les vers de La Chasse spirituelle, faux Rimbaud bien connu.
    Rien de cela chez les faussaires d’aujourd’hui, dont les mensonges ne servent qu’une seule cause : la leur. Rien d’étonnant, alors, à ce qu’ils ne se retrouvent pas non plus dans la littérature ou les traités d’érudition, mais dans ce genre éminemment dramatique du témoignage-vérité, tendance Jamais sans ma fille. Comme le confirme l’écrivain Philippe Di Folco, auteur des Grandes impostures littéraires, «chaque époque a les faussaires qu’elle mérite».
    Le XVe siècle italien avait soif de sagesse hellène et latine ? Il eut Annius de Viterbe, qui lui fournit dix-sept tomes de commentaires et fausses traductions d’oeuvres antiques perdues, ainsi qu’un essai des plus farfelus sur les origines de la langue étrusque. Le XXe siècle s’interrogeait sur le mystère de la personnalité de Hitler ? Il récolta Konrad Kujau, qui fabriqua de façon industrielle de faux carnets intimes du Führer, lesquels furent publiés dans le magazine hebdomadaire Stern. Et notre XXIe siècle, qui se nourrit d’histoires vécues, néanmoins incroyables, et si possible exemplaires, hérite de Misha Defonseca...
    Celle-ci a eu dernièrement les honneurs des journaux après avoir été découverte. Dans son livre, Survivre avec les loups, Misha Defonseca Monique De Wael, de son vrai nom se dotait d’une judéité de circonstance et d’un passé d’enfant sauvage : la meute l’aurait sauvée de la barbarie nazie et des terribles hivers de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à eux, «Misha» affirmait avoir effectué un aller-retour Anderlecht en Belgique-Varsovie en Pologne, à 8 ans, en s’orientant avec une petite boussole tenant dans un coquillage ! Plus de deux cent mille exemplaires de son livre ont été vendus en France. «C’est facile aujourd’hui, avec le recul de dire que l’histoire n’était pas crédible, tempère Geneviève Perrin. Bernard Fixot, qui l’a publiée chez XO, est un grand professionnel, mais un affabulateur de talent peut prendre n’importe qui au piège.»
    N’importe qui ? Peut-être, mais pas tout le monde. En 1996, Henryk M. Broder, journaliste au quotidien allemand Spiegel, discernait déjà des fêlures dans les affirmations et la personnalité de «Misha». «Falsification ou récit authentique, telle est la question. Il n’existe aucune preuve objective. Et tous ceux qui pourraient témoigner sont morts ou disparus.» En 1997, Jane Daniel, éditrice américaine du livre, présente le manuscrit aux professeurs d’université et spécialistes de l’Holocauste, Lawrence L. Langer et Deborah Dwork, qui en pointent les incohérences - le récit de «Misha» ne colle pas du tout avec l’historique des persécutions menées en Belgique. Leurs vives réticences n’empêchent pas Jane Daniel de publier le livre... avant qu’un conflit judiciaire avec l’auteur ne l’amène à retourner lestement sa veste et à porter sur son blog le certificat de baptême de Monique De Wael, et un registre scolaire pour l’année 1943-1944 mentionnant son nom. Plutôt gênant, quand on revendique sa judéité et que l’on prétend avoir passé la guerre dans la nature sauvage ! De même, fin janvier dernier, le chirurgien Serge Aroles, passionné par les cas d’enfants loups et que les dires de Misha avaient laissé sceptique, levait d’autres éléments douteux. Le loup a été finalement levé le 23 février par Marc Metdepenningen, journaliste judiciaire au quotidien belge, Le Soir (lire ci-contre). Bien embarrassé, Bernard Fixot, patron des éditions XO, a décidé, après avoir présenté ses excuses aux lecteurs et libraires, de continuer à commercialiser Survivre avec les loups, mais sous l’appellation «roman» !
    Bernard Fixot était-il au courant de la supercherie ? Certains indices, qui ressemblent à un maquillage, pourraient le laisser penser aux esprits mal placés. Comme le changement de nom des grands-parents adoptifs de «Misha», pointé par Marc Metdepenningen. Appelés les «De Wael» dans l’édition américaine du livre - le vrai nom de «Misha», qui aurait donc pu conduire à la divulgation de son identité - ils deviennent «Valle» dans l’édition française... «Elle les décrivait comme des gens qui la recueillent contre de l’argent. On s’est dit que cette famille devait toujours exister, et nous avons donc simplement changé les noms pour éviter un procès, ce qui se fait», répond Bernard Fixot. Le travestissement des noms, procédé commun en fiction, l’est donc devenu en récit. Il est bon de le savoir ! Et Fixot de réaffirmer avoir toujours cru en cette histoire : «Si je m’étais douté qu’elle était fausse, je ne me serais pas battu pour obtenir les droits mondiaux, je ne les aurais pas rachetés quand j’ai quitté Robert Laffont, je n’aurais pas passé deux ans à convaincre Misha de travailler avec Marie-Thérèse Cuny, pour obtenir une version meilleure que le livre original.»
    En tout cas, cette affaire a placé ce puissant éditeur grand public dans une position inconfortable, qui l’a contraint à de multiples actes de contrition médiatique. «Je n’en veux pas à Misha. C’est une amie. Derrière la souffrance qu’elle s’est inventée, il y a une autre souffrance, bien réelle. Elle m’a trompé, mais en même temps, je la comprends. Je l’ai eue au téléphone et elle m’a dit, effondrée, qu’elle avait occulté dix ans de sa vie ! J’espère que cela ne va pas se finir mal.» Jane Daniel, l’éditrice américaine qui lui a vendu le livre, n’a pas droit à la même compassion : « Ce n’est pas quelqu’un de bien. Elle m’avait assuré avoir vérifié et honnêtement, je n’ai pas cherché plus loin, pensant qu’aux États-Unis, ils étaient particulièrement vigilants sur ce genre de récit. En fait, elle se doutait de quelque chose et m’a tout de même vendu le livre. » Difficile de dire qui est la dupe de qui dans cet imbroglio. Surtout lorsqu’on sait que Misha Defonseca, alors auréolée de sa gloire de survivante de l’Holocauste, a remporté un procès contre ladite éditrice, condamnée à lui verser 22,5 millions de dollars - somme qui n’a toujours pas été versée. « Nous sommes devant le cas d’une imposture de type "gargantuesque", quelque chose qui naît très tôt, se développe et envahit la vie du faussaire dans ses moindres recoins, jusqu’à effacer sa vraie personnalité, analyse Philippe Di Folco. Dans son enfance, on l’appelait la fille du traître parce que son père, résistant, avait été retourné par la Gestapo... En mentant, elle a substitué cette souffrance honteuse à une autre souffrance, mieux reconnue. » Et regarni ses finances au passage.
    Coïncidence étonnante, au moment même où l’affaire Defonseca secouait la France, l’affaire Margaret B. Jones faisait trembler les États-Unis. Son héroïne est une Californienne de 33 ans s’appelant en fait Margaret Seltzer et ayant grandi à Sherman Oaks, banlieue aisée de Los Angeles où elle a étudié dans une école privée épiscopalienne. Cela ne l’a pas empêchée, dans son livre Love and Consequences : A Memoir of Hope and Survival Amour et conséquences, un récit d’espoir et de survie, sorti en février dernier, de se décrire en Indienne métisse et orpheline, de prétendre avoir été adoptée par une famille noire vivant au coeur de South Central, quartier de Los Angeles de sinistre réputation puis travaillé comme livreuse de stupéfiants pour le non moins réputé gang des Bloods. Pour construire son récit, la jeune faussaire s’était habilement basée sur d’authentiques confessions de délinquants. En revanche, elle s’est montrée moins adroite en fondant une association factice d’aide aux jeunes en difficulté, et surtout, en acceptant de se pavaner dans la section « maison et décoration » du New York Times, où sa soeur l’a reconnue avant d’alerter le journal. « J’étais déchirée, vraiment, et j’ai pensé que ce livre était pour moi la chance de donner la parole aux gens que personne n’écoute », a répondu la faussaire au New York Times. Une citation qui mériterait sa place dans une anthologie de l’imposture : comment peut-on prétendre donner la parole aux autres et la leur voler en même temps ? « Peut-être était-ce une question d’ego », a concédé la faussaire.
    Son éditeur, Riverhead, a réagi en retirant aussitôt son livre des rayons... Une hâte bien explicable, considérant le nombre de lecteurs qui, sur le site Amazon, réclamaient déjà le remboursement : les particularités du système judiciaire américain font qu’une telle affaire peut coûter des fortunes à un éditeur. Celui de l’Américain James Frey en a fait les frais : il a dû verser près de 1 million d’euros, suite à une plainte de lecteurs furieux d’apprendre que l’auteur de Mille morceaux s’était beaucoup moins drogué que ce qu’il contait par écrit, et qu’il avait transformé, d’un coup de stylo magique, une simple garde à vue en longues années de prison.
    Une telle multiplication des faux récits laisse perplexe. Comment des éditeurs peu réputés pour leur ingénuité, tel Bernard Fixot 64 ans, dont quarante-huit dans l’édition, ont pu s’y laisser prendre ? «Nous sommes des pourvoyeurs d’histoires, pas des vérificateurs», explique Pierre Féry, des éditions Michel Lafon. «Nous décidons de faire confiance à celui qui raconte, et dans 99,9 % des cas, nous avons raison.»
    Les éditions Michel Lafon, qu’il dirige, ont connu leur 0,1 %. De 2002 à 2004, une jeune sportive promenait le récit de ses «terribles épreuves» du plateau de Jean-Luc Delarue à celui de Mireille Dumas. Son histoire était celle, peu commune, d’une personne ayant réchappé à deux cancers par la force de sa volonté, qui était devenue depuis championne de sa discipline. Flairant ce que l’on appelle, dans le monde ensoleillé de l’édition de témoignages, la « belle leçon de courage universelle », les éditions Michel Lafon ont fait affaire avec elle. «Ils m’ont proposé un "package", affirme-t-elle. Je devais passer deux jours avec une personne et lui raconter ma vie, à charge pour lui d’écrire le livre. Cela me gênait un petit peu : mon histoire était plus compliquée que celle que j’avais racontée jusqu’alors.» Et légèrement divergente...
    Peu avant la sortie du «récit», un coup de fil prévient les éditions Lafon que le titre sportif que revendique la jeune femme serait usurpé. Aussitôt, les éditions Lafon vérifient si, comme elle l’affirme, elle a bien doublé une actrice à Hollywood... et ne la trouvent pas au générique. Craignant que le reste, et particulièrement les passages édifiants sur le cancer vaincu sans traitement et à force de volonté, ne soit aussi faisandé, l’éditeur a annulé aussitôt la sortie du livre. Plus tard, par le réseau médical, il apprendra que son auteur avait bien été lourdement opérée... mais pour devenir une femme à part entière ! « Je suis née hermaphrodite, proteste-t-elle. Mais j’ai aussi eu le cancer. Mon seul tort a été de mettre toutes mes opérations sur le dos de cette maladie. » Chez Lafon, on préfère croire en une « très grande détresse psychologique » que l’affaire n’a pas arrangée : dans une récente émission de télévision sur les grands mythomanes, l'auteur de Lafon était placée aux côtés de Jean-Claude Romand, le faux médecin qui avait assassiné sa famille et dont l’histoire a inspiré L’Adversaire, du romancier Emmanuel Carrère !
    C’est exagéré. Lorsqu’ils ne se lancent pas dans des falsifications obscènes, comme le Suisse Bruno Grosjean qui en 1995 et sous le nom de Benjamin Wilkomirski, avait publié un faux témoignage sur les camps de la mort, exploité depuis par les négationnistes de tout poil, ces imposteurs modernes ne font « de mal à personne », pour reprendre les mots de Fixot à propos de Misha/Monique. Sauf à l’amour-propre de ceux qui ont cru leurs mensonges ! Pour avoir démasqué Misha Defonseca, Marc Metdepenningen a eu droit à des salves de correspondances injurieuses. Il est parfois douloureux d’être détrompé, quand on a trop rêvé...
    Car au fond, si ces faussaires inélégants mais inoffensifs existent, c’est avec notre complicité, au moins inconsciente. La réaction de Véra Belmont, qui a porté au cinéma Survivre avec les loups, qui a perdu ses parents pendant la guerre et s’est identifiée à cette histoire d’orpheline au point de refuser d’abord à admettre sa fausseté, est, à cet égard, révélatrice. En nous projetant dans ces récits prétendument réels parce qu’ils font écho à notre propre expérience, et en attendant d’eux un enseignement, nous abdiquons notre sens critique. Aussi, plutôt que de stigmatiser ces faussaires, mieux vaut s’interroger sur la passion de notre époque pour les récits vécus, passion que les éditeurs ont bien identifiée. Pour preuve, dix-sept maisons avaient refusé le texte de James Frey lorsqu’il l’intitulait roman. Quand il l’a présenté comme un récit, les portes se sont miraculeusement ouvertes...

    Alexis Brocas

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuppEyZZkEaiTpFJEF.shtml

    Source : Le magazine littéraire :: lien

  • Jeanne, de Domrémy à Rouen...

    Depuis le temps que j'entends parler de Jeanne d’Arc, figure à la foi héroïque et mystérieuse de notre histoire de France, c’était tout naturellement que je me suis invité chez elle dans sa maison natale. Ce fut une grande surprise d’apprendre que sa maison natale existait toujours. Force est de constater que cette petite maison est à la hauteur de celle où elle est née six siècles auparavant et qu’à son tour elle nous apporte son témoignage, non pas par la force, l’éthique ou la Religion, comme Jeanne, mais par la pierre.

    En arrivant à Domrémy par Neufchâteau, c’est la première chose qui vous accueil juste après le pont sur la Meuse. Cette petite maison incrustée dans un petit parc juste à côté d’une ancienne Eglise, elle aussi d’époque, puisque c’est dans cette Eglise que Jeanne fut baptisée.

    Lorsque l’on rentre dans cette ancienne maison familiale de la famille d’Arc, ce qui frappe le plus, c’est l’aspect modeste des lieux. Quand on songe que tout a commencé ici. C’est ici qu’elle est née, qu’elle a vécu son enfance dans les vicissitudes de la guerre, ici qu’elle a dormi, mangé, prié. C’est également à proximité dans le jardin entourant sa maison, que Jeanne entendit ses fameuses voix qui marqueront le début de cette épopée fabuleuse, à la fois pour elle, pour ses compagnons de route, et pour les générations futures.

    La maison est actuellement entièrement vide, mais s’il n’y a plus de meubles pour témoigner de la vie quotidienne de notre héroïne, il reste ancré dans la pierre l’âme de celle-ci. C’est ici que tout a commencé, comme une naissance, cette maison impose l’humilité. Oui, car c’est humblement que les grandes causes commencent. Souvenons-nous de l’humilité des premiers chrétiens persécutés par l’Empire de Rome, l’humilité du petit Roi lépreux de Jérusalem Baudoin IV qui affrontera jusqu’à sa mort le tout puissant Saladin, dans l’éthique respectueuse que la Chevalerie exigeait de ses hommes.

    L’Eglise Saint Rémy, ou, comme je l’ai précisé plus haut, Jeanne fut baptisée, garde aussi ce témoignage fort de la vie et des débuts de celle qui sauvera la France d’une disparition certaine. La croyance fut le moteur principal qui anima Jeanne dans ses activités de reconquête, guidée par ses voix. On prend rapidement conscience du rôle formateur de cette petite Eglise dans la foi de Jeanne. Malgré les transformations subis au fil des siècles, l’Eglise Saint Rémy de Domrémy conserve en ses murs la cuve de pierre ou justement Jeanne fut baptisée. Les vitraux retracent les principaux épisodes qui forgeront le parcours et la légende de Jeanne. Ce sol que nous foulons de nos pieds fut jadis foulé par Jeanne elle-même, et chaque pas que nous faisons acquiert un caractère sacré.

    Gloire à toi O Jeanne ! L’histoire retiendra ta pureté en te qualifiant de pucelle. Nous autres royalistes, fidèles à la voie que tu as tracé, nous garderons toujours à l’esprit cette image constante de la force, l’honneur et l’humilité qui représente pour nous tous, une leçon et un exemple permanent à suivre. Ceci, afin qu’à notre tour nous puissions vivre l’expérience du couronnement d’un Roi à Reims.

    P-P Blancher

  • Contre-point de vue : La monarchie dans les bottes de l'Empire

    En maintenant la centralisation administrative, la Restauration chaussa les bottes de la Révolution et de l'Empire et commit une erreur politique.

    Comme les nations, chaque régime possède un caractère, une « nature » politique héritée de son histoire et qui lui est propre. Au lendemain de la chute de Napoléon - en 1815 plutôt qu'en 1 814 -, le retour des Bourbons sur le trône de France ne pouvait évidemment pas se traduire par un retour pur et simple à l'Ancien Régime. Par un souci légitime de restaurer l'union nationale, Louis XVIII ne revint même pas, un quart de siècle après les événements, sur les enrichissements que certains avaient tirés de la confiscation et de la vente des « biens nationaux » - notamment ceux du clergé -, entérinant ainsi les spoliations révolutionnaires.

    Mais la rupture avec l'Ancienne France n'est bien sûr pas là. Elle s'inscrit dans l'adoption par Louis XVIII d'un système politique « à l'anglaise », avec deux chambres au sein desquelles s'affrontent des partis politiques, et par la conservation de la centralisation héritée de la Révolution jacobine et de l'Empire, notamment avec le maintien des départements et des préfets. Par là, la Restauration chausse les bottes de Napoléon.

    Aux premières pages d'une étude intitulée L'Idée de la décentralisation, publiée en 1898, Charles Maurras, le constate : « Le premier Empire ne pouvait décentraliser. Mais on raconte que, dès 1814, un groupe de légitimistes de la nuance de M. de Bonald vint prier le duc d’Angoulême(1), qui passait à Bordeaux, d'insister près du trône en faveur des anciennes franchises communales et provinciales. « Etes-vous fous, messieurs ? » répondit le duc, avec un sourire de profond politique. Il était convaincu, comme un grand nombre d'émigrés, que le césarisme administratif établi par le Corse rendrait de beaucoup plu aisé le gouvernement de la France. Les esprits réfléchis ne partageaient point cette erreur. Chateaubriand, Villèle, Corbière, Royer-Collard, le comte de Serre, Benjamin Constant, Martignac essayèrent à plusieurs reprises de faire sentir la vérité au gouvernement et aux Chambres; leurs discours de 1815,1818, 1819,1821,1822,1824,1829 furent éloquents et leurs raisons brillantes ; tous échouèrent néanmoins par l'entêtement de la droite, ou celui de la gauche, ou même le mauvais vouloir du prince régnant. La centralisation fut maintenue. Elle ne sauva point le régime; elle ne servit même qu'à faire accepter plus aisément du pays entier les résultats de l'insurrection parisienne qui le renversa en trois jours. »

    Nature du pouvoir et des contre-pouvoirs

    Au vrai, les chambres ne pouvaient évidemment pas écouter des propositions qui auraient entamé leur propre pouvoir, en ressuscitant des libertés françaises plus anciennement légitimes : autrement dit, des contre-pouvoirs d'une nature différente et plus ancienne. Quant au roi, il ne pouvait manquer de se souvenir que pendant des siècles, la monarchie - c'est-à-dire le pouvoir -, s'était heurtée et confrontée à ces mêmes contre-pouvoirs, foisonnants et anarchiques. C'est ce souvenir qui éclaire la réponse du duc d'Angoulême : « Etes-vous fous, messieurs ? »

    Pas plus que lui, Louis XV III ne comprend alors que la nature de ces contre-pouvoirs correspond à celle du pouvoir lui-même. En revanche, le bicamérisme dominé par les luttes partisanes entre en contradiction avec la monarchie, c'est-à-dire avec le prince lui-même sitôt qu'il entend gouverner contre les chambres. Cette contradiction sous-tend les critiques qui se feront entendre lorsque Charles X, à la différence de Louis XVIII, se fera sacrer- ce qui réintroduit la question de la source de la légitimité. Et en 1830, la logique des chambres finira par l'emporter sur la logique du roi.

    Une centralisation brutale

    Pouvait-il en aller autrement et Louis XVUI aurait-il pu restaurer les franchises et libertés françaises? Le souvenir n'en était pas lointain et un quart de siècle plus tôt, la Révolution n'avait pu imposer la centralisation que par la force, provoquant le soulèvement de villes et de provinces. Le « pays réel » eût probablement été mieux représenté, dans sa diversité et ses « forces vives », qu'au sein de chambres élues au suffrage censitaire.

    Il est par ailleurs à noter que la Restauration ne revint pas sur l'interdiction datant de 1791 (lois d'Allarde et Le Chapelier) des corporations, du compagnonnage (qu'elle toléra cependant) et des associations ouvrières, ni sur le livret d'ouvrier créé par Napoléon.

    En 1865, dans sa Lettre sur les ouvriers, lecomte de Chambord, petit-fils deCharles X, appelant à la restauration du droitd'association, rappellera cependant que « laroyauté a toujours été la patronne des classesouvrières ».

    Hervé Bizien monde & vie 30 avril 2014

    1) Fils aîné de Charles X.

  • Les ressorts psychologiques des pilotes Tokkôtai

    Kamikazes, fleurs de cerisiers et nationalismes

    Rémy Valat 

    Ex: http://metamag.fr 

    « La fleur des fleurs est le cerisier, la fleur des hommes est le guerrier. »

    Les éditions Hermann ont eu la bonne idée de publier le livre d’Emiko Ohnuki-Tierney, Kamikazes, Fleurs de cerisier et Nationalismes, paru précédemment en langue anglaise aux éditions des universités de Chicago (2002) sous le titre Kamikaze, Cherry Blossoms, and Nationalisms : The Militarization of Aesthetics in Japanese History. La traduction de cette étude magistrale est de Livane Pinet Thélot (revue par Xavier Marie). Emiko Ohnuki-Tierney enseigne l’anthropologie à l'université du Wisconsin ; elle est une spécialiste réputée du Japon. Sa carrière académique est exceptionnelle : elle est présidente émérite de la section de culture moderne à la Bibliothèque du Congrès de Washington, membre de l’Avancées de Paris et de l'Académie américaine des arts et des sciences. 

    Kamikazes, Fleurs de cerisier et Nationalismes n’est pas une histoire de bataille. L’auteure s’est intéressée aux manipulations esthétiques et symboliques de la fleur de cerisier par les pouvoirs politiques et militaires des ères Meiji, Taishô et Shôwa jusqu’en 1945. La floraison des cerisiers appartient à la culture archaïque japonaise, elle était associée à la fertilité, au renouveau printanier, à la vie. L’éphémère présence de ces fleurs blanches s’inscrivait dans le calendrier des rites agricoles, lesquels culminaient à l’automne avec la récolte du riz, et étaient le prétexte à libations d’alcool de riz (saké) et festivités. Au fil des siècles, les acteurs politiques et sociaux ont octroyé une valeur différente au cerisier : l’empereur pour se démarquer de l’omniprésente culture chinoise et de sa fleur symbole, celle du prunier ; les samouraïs et les nationalistes pour souligner la fragilité de la vie du guerrier, et, surtout pour les seconds, institutionnaliser une esthétique valorisant la mort et le sacrifice. Emiko Ohnuki-Tierney nous révèle l’instrumentalisation des récits, des traditions et des symboles nippons, ayant pour toile de fond et acteurs des cerisiers et des combattants : le Manyôshû (circa 755 ap. JC), un recueil de poèmes mettant en scène les sakimori (garde-frontières en poste au nord de Kyûshû et sur les îles de Tsushima et d’Iki) ont été expurgés des passages trop humains où les hommes exprimaient leur affection pour leurs proches de manière à mettre en avant la fidélité à l’empereur.  L’épisode des pilotes tokkôtai survint à la fin de la guerre du Pacifique et atteint son paroxysme au moment où le Japon est victime des bombardements américains et Okinawa envahi. Ces missions suicides ont marqué les esprits (c’était l’un des objectifs de l’état-major impérial) et donné une image négative du combattant japonais, dépeint comme un « fanatique »... Avec une efficacité opérationnelle faible, après l’effet de surprise de Leyte (où 20,8% des navires ont été touchés), le taux des navires coulés ou endommagés serait de 11,6%....Tragique hasard de l’Histoire, la bataille d’Okinawa s’est déroulée au moment de la floraison des cerisiers, donnant une touche romantique à cette irrationnelle tragédie, durant laquelle le Japon va sacrifier la fine fleur de sa jeunesse.

    Fine fleur, car ces jeunes hommes, un millier environ, étaient des étudiants provenant des meilleures universités du pays, promus hâtivement officiers-pilotes pour une mission sans retour. 3843 pilotes (estimation maximale incluant toutes les catégories socio-professionnelles et classes d’âge) sont morts en tentant de s’écraser sur un bâtiment de guerre américain. L’étude des journaux intimes de ces jeunes kamikazes, journaux parfois entamés plusieurs années auparavant constitue une source inestimable car elle permet de cerner l’évolution psychologique et philosophique des futurs pilotes. L’analyse, centrée sur 5 cas, révèle que l’intériorisation de la propagande militaire et impériale était imparfaite, individualisée. Toutefois, le panel étudié (5%de la population) est la principale faiblesse de l’argumentation d’Emiko Ohnuki-Tierney (l’auteure aurait eu des difficultés à trouver des sources originales et complètes). Il ressort de son analyse que peu de pilotes, dont aucun n’était probablement volontaire, aurait réellement adhéré à l’idéologie officielle. Ironie, les étudiants-pilotes étaient pétris de  culture : la « génération Romain Rolland » (lire notre recension du livre de Michael Lucken, Les Japonais et la guerre).

    L’opposition entre la culture occidentale prônant le libre arbitre et l’obligation de se donner la mort en mission commandée a ouvert la porte à l’irrationalité et au romantisme. Leur dernière nuit était un déchirement, mais tous ont su trouver la force de sourire avant le dernier vol. Kasuga Takeo (86 ans), dans une lettre au docteur Umeazo Shôzô, apporte un témoignage exceptionnel sur les dernières heures des kamikazes : « Dans le hall où se tenait leur soirée d’adieu la nuit précédant leur départ, les jeunes étudiants officiers buvaient du saké froid. Certains avalaient le saké en une gorgée, d’autres en engloutissaient une grande quantité. Ce fut vite le chaos. Il y en avait qui cassaient des ampoules suspendues avec leurs sabres. D’autres qui soulevaient les chaises pour casser les fenêtres et déchiraient les nappes blanches. Un mélange de chansons militaires et de jurons emplissaient l’air. Pendant que certains hurlaient de rage, d’autres pleuraient bruyamment. C’était leur dernière nuit de vie. Ils pensaient à leurs parents et à la femme qu’ils aimaient....Bien qu’ils fussent censés être prêts à sacrifier leur précieuse jeunesse pour l’empire japonais et l’empereur le lendemain matin, ils étaient tiraillés au-delà de toute expression possible...Tous ont décollé au petit matin avec le bandeau du soleil levant autour de la tête. Mais cette scène de profond désespoir a rarement été rapportée. » (pp. 292-293).

    Quel sens donner à leur sacrifice ?

    Outre celui de protéger leurs proches, l’idée de régénération est forte. Un Japon nouveau, épuré des corruptions de l’Occident (matérialisme, égoïsme, capitalisme, modernité) germerait de leur sublime et suprême offrande. La méconnaissance (source d’interprétations multiples) et l’archaïsme du symbole a, semble-t-il, éveillé et mobilisé des sentiments profonds et primitifs, et pourtant ô combien constitutifs de notre humanité. Ironie encore, ce sont contre des bâtiments américains que viennent périr ces jeunes hommes, ces bâtiments noirs, venus la première fois en 1853, obligeant le Japon à faire face aux défis de l’Occident et de la mondialisation. Il ne faut pas oublier que l’ultranationalisme japonais est une réponse à ce défi... Le Japon ne s’est pas laissé coloniser comme la Chine ; les guerres de l’opium ont donné à réfléchir aux élites japonaises. Mieux, les Japonais ont su s’armer, réfléchir et chercher le meilleur moyen de retourner les armes de l’agresseur. Le Japon a été un laboratoire intellectuel intense, et le communisme, idéologie sur laquelle la Chine habillera son nationalisme, est un import du pays du Soleil Levant... Ernst Nolte explique les excès du nazisme comme une réaction au danger communiste (La guerre civile européenne) : il en est de même au Japon. La menace des navires américains est un retour à l’acte fondateur du nationalisme nippon expliquerait l’irrationalité des actes de mort volontaire...

    Le livre d’Emiko Ohnuki-Tierney, qui professe aux Ėtats-Unis, est remarquable, mais peut-être marqué par l’esprit du vainqueur. « Ce qui est regrettable par-dessus tout, écrit-elle (p. 308), c’est que la majorité de la population ait oublié les victimes de la guerre. Ces dernières sont tombées dans les oubliettes de l’histoire, ont été recouvertes par la clameur des discussions entre les libéraux et l’extrême-droite, au lieu d’être le rappel de la culpabilité de la guerre que chaque Japonais devrait partager ». La culpabilité (la repentance) est une arme politique ne l’oublions pas : une arme qui sert peut-être à garder le Japon sous influence américaine, car même si le Japon s’achemine vers une « normalisation » de sa politique et de ses moyens de défense, l’interdépendance des industries d’armement et de communication ainsi que l’instrumentalisation du débat sur la Seconde Guerre mondiale en Asie entravent le processus d’une totale indépendance politique de ce pays. Si les Japonais devraient partager la culpabilité des victimes de la guerre ? Qui doit partager celles des bombardements de Tôkyô, de Hiroshima et de Nagasaki ? Enfin, on ignore l’état d’esprit de ce qui ont le plus sincèrement adhéré à l’idéologie impériale au point de sacrifier leurs vies pour elle (Nogi Maresuke, Onishi Takijiro, fondateur des escadrilles tokkôtai, pour les plus illustres). Orages d’acier ou À l’Ouest rien de nouveau, deux expériences et deux visions, radicalement opposées, sur une même guerre...

    Emiko Ohnuki-Tierney, Kamikazes, Fleurs de cerisier et Nationalismes, éditions Hermann, 2013, 580 p., 38 euros.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/05/12/les-ressorts-psychologiques-des-pilotes-tokkotai.html