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culture et histoire - Page 1557

  • « Malaise de l’Occident/ Vers une révolution conservatrice ? » de Paul-François Paoli.

    « Autrement dit, le vrai clivage n’est plus tant entre droite et gauche, même si celui-ci persiste, qu’entre conservatisme et libéralisme. »

    Paul-François Paoli, qui est chroniqueur au Figaro littéraire et auteur de nombreux essais, vient de publier un livre intitulé « Malaise de l’Occident/ Vers une révolution conservatrice ? » aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.

    Conservatisme et libéralisme

    L’ouvrage de Paul-François Paoli est consacré à l’opposition entre conservatisme et libéralisme qui est désormais l’opposition centrale du débat philosophico-politique contemporain ; la pseudo-opposition entre droite et gauche n’est que l’élément essentiel de la démocratie parodique et spectaculaire orchestrée par l’oligarchie : « Autrement dit, le vrai clivage n’est plus tant entre droite et gauche, même si celui-ci persiste, qu’entre conservatisme et libéralisme ».

    Le libéralisme est fondamentalement et radicalement individualiste et, de ce fait, mondialiste, universaliste, hostile à tous les enracinements et favorable au nomadisme. Il admet l’égoïsme (depuis Mandeville), le désengagement à l’égard de toute forme de communauté (les libéraux nient même la société : « There is nothing such as a society », disait la Dame de fer !) et favorise le développement du narcissisme. L’obsession individualiste conduit à la négation de tous les déterminismes, qu’ils soient naturels, culturels ou historiques, et génère le fantasme de l’auto-engendrement de soi.

         « Ici encore il ne s’agit pas de verser dans l’idolâtrie particulariste mais de comprendre à quel genre de psychose la fragilité identitaire expose les individus. Distinction entre les sexes, entre les enfants et les parents, entre les éducateurs et les élèves. Distinction entre les cultures qui ne doivent pas empêcher les échanges mais au contraire leur donner du sens. Notre conviction est que ni la métaphysique républicaine, ni l’optimisme libéral ne peuvent répondre à ces défis. Seul un conservatisme éclairé et assumé le peut, un “conservatisme” auquel nous donnons un sens civilisationnel et que nous opposons à la barbarie, que nous définissons comme le règne de l’informe et de l’indistinct. »

    En effet l’idéologie libérale-libertaire qui a gagné la quasi-totalité des classes politique et médiatique a pour objectif l’indistinction et, comme conséquence, l’informe. Indistinction parce qu’il n’y a plus, pour les tenants de cette idéologie, ni femmes ni hommes, ni Blancs ni Noirs, ni Bretons ni Auvergnats, mais seulement des bipèdes génériques qui prétendent se « construire » et se « reconstruire » eux-mêmes. Non seulement cette idéologie ignore les héritages naturels et culturels mais, de plus, elle s’oppose à toute « mise en forme » des humains selon des règles de vie et d’éthique propres à chaque culture particulière. Le bipède nomade et cosmopolite choisit ou établit lui-même les règles auxquelles il accepte momentanément de se plier. Le résultat de ce processus est très largement observable dans les sociétés occidentales au sein desquelles l’égoïsme, le narcissisme, l’obsession du sexe et de la richesse sont les « valeurs » montantes. La civilisation libérale-libertaire a entamé un processus entropique qui en fera une civilisation informe ; mais sera-ce encore une civilisation ou un agrégat néo-primitif constitué de bandes concurrentes utilisant tous les moyens à leur disposition pour parvenir à leurs fins ?

    Puisque nous parlons de l’opposition entre libéralisme et conservatisme, il n’est pas inutile d’évoquer le cas des « conservateurs-libéraux », ces libéraux qui sentent bien que la société libérale est une société dans laquelle la révolution est permanente, ce qui interdit le maintien de toute tradition. Ils ont imaginé une société qui serait donc libérale en économie et conservatrice en matière culturelle, mais, comme le philosophe Jean-Claude Michéa l’a montré, le libéralisme est un bloc et il n’est pas possible d’établir une cloison étanche entre ses deux pôles. Le libéralisme culturel mène au libéralisme économique (c’est ce qui se passe du côté gauche de l’échiquier politique) et le libéralisme économique implique inévitablement une plongée dans le libéralisme culturel (c’est ce que nous observons du côté droit du même échiquier). Le libéral-conservatisme est une impasse parce que le libéralisme est la négation du conservatisme.

    Paul-François Paoli résume très bien la nature de l’opposition entre libéralisme et conservatisme :

        « En ce sens, libéralisme, socialisme, féminisme sont les progénitures d’un même projet issu des Lumières dont l’objet est de faire émerger une humanité unifiée à l’aune de l’Homme Universel. A cela s’oppose radicalement le conservateur, quel qu’il soit. Au nom de la liberté de rester soi-même, mais surtout au nom de la diversité. Diversité des races, des cultures, et des sexes. Diversité des individus. »

    Il définit très justement le conservateur comme celui qui s’oppose au règne de l’Individu intégral et qui « préserve l’homme du danger de l’autonomie radicale et prétend même l’en préserver contre lui-même ».

    De Gaulle : un conservateur républicain

    Paul-François Paoli considère, à juste titre, que le général De Gaulle a été, parmi les hommes politiques français du siècle dernier, un des rares authentiques conservateurs. La dimension profondément conservatrice de la pensée gaullienne a été gommée par les récupérateurs de gauche mais on peut ajouter qu’elle l’a été également par ses pseudo-héritiers de droite. Les uns et les autres s’emploient à rabattre la pensée gaullienne sur l’idéologie des droits de l’homme à laquelle le Général était totalement étranger. Ce n’est pas pour défendre les droits de l’homme qu’il est parti en Angleterre mais pour tenter de libérer la nation française qui ne se résume nullement à la Révolution française et aux Lumières, contrairement à tout ce que les médias et les politiciens veulent nous faire croire. D’ailleurs, comme le fait remarquer Paul-François Paoli, le Général ne se référait pas à la Révolution française ni aux ténors révolutionnaires ; il avait intégré dès avant la guerre de 1914-1918 l’idée de république mais nous ignorons le sens qu’il lui donnait. Il est permis de penser cependant que ce n’était pas celui que lui donnent nos républicains sans-culottes qui sont les héritiers d’une pensée foncièrement libérale (faiblement teintée de républicanisme romain en général et marquée plus ou moins par l’égalitarisme selon les courants) :

        « Ce qui distingue la pensée gaullienne du messianisme républicain est ceci : il y a un peuple français au fondement de la nation. C’est ce peuple, nous croyons l’avoir montré dans nos précédents ouvrages (notamment La France sans identité et Pour en finir avec l’idéologie antiraciste), qui est occulté par la république officielle de Peillon et consorts qui ne connaissent que des citoyens. Occultation qui est, selon nous, la raison fondamentale de l’apparition du Front national dans les années 1980, lequel se construit sur les ruines du gaullisme politique. Aux yeux d’un De Gaulle, la légitimité de l’Etat français est fondée sur un peuple, le peuple français, dont la francité n’est pas réductible à la citoyenneté mais relève aussi d’un sentiment d’appartenance historique et culturelle. »

    Il est clair que le Général raisonnait en termes ethniques ; que ce soit concernant l’Algérie, dont il voulait se séparer parce qu’il n’était pas possible selon lui d’intégrer les Arabes, ou bien concernant la Russie éternelle, qui persistait sous la chape de plomb soviétique (c’était particulièrement bien vu), il accordait une importance décisive aux permanences ethnoculturelles. Ainsi dans une directive au Garde des Sceaux du 12 juin 1945, il écrivait :

        « Sur le plan ethnique, il convient de limiter l’afflux des Méditerranéens et des Orientaux, qui ont depuis un demi-siècle profondément modifié la composition de la population française. Sans aller jusqu’à utiliser, comme aux Etats-Unis, le système rigide des quotas, il est souhaitable que la priorité soit accordée aux naturalisations nordiques (Belges, Luxembourgeois, Hollandais, Danois, Anglais, Allemands, …). »

    Pour une Europe conservatrice des nations

        « Le destin de la France, même si celle-ci continue de cultiver des liens légitimes avec l’Afrique et le monde arabo-musulman, se trouve d’abord en Europe et c’est à l’Europe qu’il faut épargner le déclin civilisationnel, une Europe qu’il faut concevoir à partir des nations historiques qui la composent et non contre elles. C’est à cela que la “révolution conservatrice” que nous appelons de nos vœux doit nous préparer. »

    Cette vision de l’Europe, qu’il n’a malheureusement pas développée, est dans le droit fil de la pensée gaullienne. Dans son discours du 23 février 1953, le Général disait :

        « Pour pouvoir aboutir à des solutions valables, il faut tenir compte de la réalité. La politique n’est rien d’autre que l’art des réalités. Or, la réalité, c’est qu’actuellement l’Europe se compose de nations. C’est à partir de ces nations qu’il faut organiser l’Europe et, s’il y a lieu, la défendre. »

    Soixante ans plus tard, la situation n’a pas fondamentalement changé, même si les sentiments nationaux se sont affaiblis ; mais quand l’heure est au doute, c’est vers les nations historiques que les Européens se tournent. Les peuples forgés par l’histoire existent toujours, sans doute pour longtemps encore, tandis qu’il n’y a toujours pas de peuple européen. Or sans peuple, il ne peut pas y avoir de démocratie ; c’est sans doute la raison pour laquelle l’Union européenne a développé la notion de « gouvernance » qui est une variante politiquement correcte du despotisme.

    Bruno Guillard, 12/05/2014

     Paul-François Paoli, Malaise de l’Occident/ Vers une révolution conservatrice ?, Editions Pierre-Guillaume de Roux, 303 pages.

    http://www.polemia.com/malaise-de-loccident-vers-une-revolution-conservatrice-de-paul-francois-paoli/

  • 13 ans d’imposture enfin compilés dans un musée !

    C’est aujourd’hui que Barack Obama a inauguré le « musée du 11 septembre 2001 », à coups de grandes phrases bien à l’américaine: « Aucun acte de terrorisme ne peut égaler la force et le caractère de notre pays comme le grand mur et la roche qui nous entoure aujourd’hui (…) rien ne pourra jamais nous séparer, rien ne peut changer ce que nous sommes, des Américains ».

    L’exposition, accessible pour la « modique » somme de 24 dollars, comprend des restes humains de victimes toujours non identifiées, mais aussi des T-shirts et des souvenirs.
    Au cours de la visite, vous aurez la chance de pouvoir entendre les derniers messages vocaux désespérés des victimes laissés quelques minutes avant leur disparition sur des répondeurs, qui tournent en boucle. Outre un immense mur parsemé des photos des 2983 victimes officielles, le visiteur peut enfin découvrir l’accumulation impressionnante d’effets personnels retrouvés dans les décombres.

    Alors comme on dit là bas: enjoy !

    Marie de Remoncourt

    PS : l’occasion de rappeler l’existence de livres intéressants et iconoclastes à ce sujet :
    La Terreur fabriquée de Webster Tarpley ou Le 11 septembre n’a pas eu lieu(ouvrage collectif aux éditions Retour aux sources).

    http://www.contre-info.com/13-ans-dimposture-enfin-compiles-dans-un-musee

  • Caméra embarquée : "Hommage à Jeanne 2014"

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    Comme promis, après les photos, voici la vidéo de notre participation aux défilés traditionnels d’hommage à Sainte Jeanne d’Arc, le 11 Mai dernier.

  • Sur la notion d'élite

    e qu'on qualifie du terme d'élite, c'est la partie supérieure d'une communauté. En mathématiques, on utilise les termes de « max » ou de « sup » d'un ensemble donné, pour qualifier sa partie supérieure. L'erreur que commentent beaucoup, c'est de croire qu'une élite donnée soit transcendante. Autrement exprimé, qu'une élite donnée soit ainsi reconnue par tous, en tout lieu et à toute époque. Pour déterminer l'élite (partie supérieure) d'un ensemble, on doit disposer d'une relation d'ordre ainsi que d'une norme. Si la première ne pose problème (« < » et « > »), c'est la seconde qui fait toute la différence : c'est ainsi que selon la norme choisie, pour un même ensemble d'individus, l'élite sera différentes.
    Zidane comme Platini firent partie de l'élite. A condition bien sur de prendre pour norme la valeur footballistique. Cela ne signifie absolument que si on prend en considération une autre norme – l'intelligence par exemple – ces deux hommes en feraient nécessairement partie. L'élite dans le cadre de l'armée est constituée par les officiers et notamment les généraux. Là encore, cela ne signifie pas que ces derniers continuent de faire partie de l'élite si on prenait en compte d'autres critères.
    L'absence d'élite ne peut exister que dans le cadre d'une société totalement égalitaire. On peut par exemple prendre en considération certaines micro-sociétés comme celles postérieures à mai 68 tout en s'en réclamant. Il n'en reste pas moins que celle-ci achoppèrent sur les qualités humaines de ses membres. C'est ainsi que même en postulant l'égalité totale et parfaite que certains paramètres, notamment naturels, continuent d'être discriminant. Toujours afin d'imager, notre physique et je pense au visage, influence considérablement le rapport qu'autrui entretient avec nous. Donc, même si tous étaient habillés de la même façon, que les différences perdureraient.
    L'une des erreurs que je constate assez souvent à la lecture de la prose issue de la mouvance, est de considérer que la société actuelle qui caractérise la France d'aujourd'hui n'a pas d'élite. D'où l'introduction du terme de « pseudo-élite ». En fait, cette élite existe pourtant bien et se comporte en tant que telle. Le fait est que ceux qui ne la reconnaissent pas utilisent une autre norme et on donc une autre conception de l'élite. En aucun cas l'élite actuelle ne trahit : elle tisse sa toile avec les valeurs qui sont les siennes, toujours soucieuse de respecter son engagement envers la cause qu'elle s'est choisie.
    On sait aujourd'hui que certaines formations universitaires ouvrent grandes les portes du pouvoir. Ainsi Science po, l'Ena ou le droit. L'un des objectifs de l'Ena justement, est depuis sa fondation, de former des individus susceptibles d'occuper les plus hauts postes, dans la société de leur époque. On comprend alors très bien le ridicule à affirmer que les énarques trahissent : au contraire, ils font justement ce pour quoi ils ont été formés. Fonctionnaires bien souvent à très haut niveau, ils obéissent au même titre qu'ils dirigent.
    Dans les faits, chaque idéologie politique dispose de sa propre norme et ainsi, de sa propre élite. La question est de savoir s'il est possible de trouver une norme absolue, permettant de trouver une élite susceptible d'être consensuelle. On m'accordera bien volontiers que l'éthique et la vérité sont des valeurs spécifiquement humaines et indépendantes de l'espace comme du temps. On pourrait donc concevoir que pour appartenir à l'élite, même si on peut ajouter d'autres critères, il faille adhérer tant à l'éthique qu'à la vérité.
    Un aspect me semble presque certain : c'est que l'élite actuelle, n'est pas en phase avec ces valeurs...

    Philippe Delbauvre

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EuppkVElFpDkFtSvPm.shtml

  • 22 juin 1929 Le Vatican «s'arrange» avec le Mexique

    Désireux de mettre un terme au soulèvement des paysans catholiques contre le gouvernement mexicain, le Vatican conclut un arrangement avec celui-ci, le 22 juin 1929. Le Saint-Siège demande aux rebelles, les « Cristeros », de déposer les armes sous peine d'excommunication (*). 

    Mais beaucoup de catholiques voient dans cet arrangement (« Arreglos ») une capitulation face au gouvernement socialisant et franc-maçon du Mexique dont l'intolérance a entraîné les paysans à la révolte. De fait, les ex-rebelles vont encore subir pendant plusieurs années les exactions de l'armée. 

    André Larané
    Combattants Cristeros (1926-1929)

    La Vendée mexicaine

    Le président mexicain Plutarco Elias Calles et le président américain Calvin Coolidge devant la Maison Blanche en 1925Président de la République de 1924 à 1928, le général Plutarco Calles entreprend de consolider les acquis de la révolution de 1910, illustrée par les exploits de Zapata et Pancho Villa.

    C'est ainsi qu'il réorganise l'instruction publique et étend la réforme agraire, distribuant plus de trois millions d'hectares aux petits paysans des coopératives (les ejidatarios). Il confirme aussi la nationalisation de l'industrie du pétrole au grand dam des États-Unis...

    Mais fidèle à une tradition anticléricale vieille de près d'un siècle, le président a aussi la mauvaise idée de s'en prendre à l'Église catholique.

    Le 1er décembre 1924, il prive de droits civiques les catholiques (laïcs et prêtres) sous prétexte qu'ils obéissent à un souverain étranger, le pape ! Il expulse le nonce, l'ambassadeur du Vatican, ainsi que tous les ecclésiastiques étrangers. Il interdit aux prêtres toute critique du gouvernement en vertu de l'article 130 de la Constitution de 1917, jusque-là resté inappliqué. Il interdit les congrégations enseignantes et ferme pas moins de 20.000 églises !

    L'épiscopat se rebiffe et suspend le 31 juillet 1926 l'administration des sacrements dans tout le pays pour une durée de trois ans. Cette riposte ahurissante de la part d'un haut clergé essentiellement criollo (d'origine européenne) livre au désespoir les masses rurales, majoritairement indiennes ou métisses, attachées à une religiosité traditionnelle.

    Exécution en 1927, au Jalisco, du père Francisco Vera, coupable d'avoir célébré la messe

    Les paysans se soulèvent sans attendre contre les autorités de la capitale, dans un parallèle frappant avec le soulèvement des Vendéens en 1793, en lutte contre les révolutionnaires parisiens. Leur cri de ralliement : « ¡ Viva Cristo Rey ! ¡ Viva la Virgen de Guadalupe ! » (Vive le Christ-Roi ! Vive la Vierge de Guadalupe) fait référence à la Vierge apparue à un Indien en 1531 et à la proclamation par le pape Pie XI, le 11 décembre 1925, du Christ « Roi des nations ».

    Ces insurgés sont par dérision surnommés « Cristeros ». Eux-mêmes qualifient plus volontiers leur soulèvement de « Cristiada » (Christiade) mais ils sont désavoués par l'épiscopat, à deux ou trois exceptions près. Il n'empêche qu'avec 50.000 combattants, ils vont constituer la plus importante rébellion qu'ait connue le pays, lequel compte à cette époque moins de vingt millions d'habitants disséminés sur deux millions de km2.

    Le général Enrique Gorostieta Velarde (Monterrey, 1889 - Atotonilco el Alto, 2 juin 1929)Ils recrutent contre rémunération le général Enrique Gorostieta (38 ans), lequel est, d'après l'historien Jean Meyer, catholique, bon mari et bon père, contrairement à une légende qui en fait un franc-maçon laïc. Il va discipliner ses troupes et les conduire de victoire en victoire malgré le manque de moyens. Le soulèvement a débuté dans l'État du Jalisco, au bord de l'océan Pacifique (capitale : Guadalajara). Trois ans plus tard, l'armée des Cristeros tient plus des trois quarts de l’ouest du Mexique et la moitié des 30 États de la fédération.

    Tous les habitants des campagnes concernées se montrent solidaires et les femmes ne sont pas les moins actives. Comme dans toute résistance populaire, elles servent au renseignement, à l'approvisionnement des combattants et au transport des munitions. Des brigades féminines, les Brigadas Bonitas ou Jolies brigades, combattent même sous le patronage de Jeanne d'Arc.

    Cette guerre occasionne un total d'environ 90.000 tués selon l'historien Jean Meyer, dont les deux tiers dans les troupes gouvernementales, lesquelles sont en infériorité tactique face à la guérilla, malgré leur recours systématique à la terreur.

    Cristeros de l'État de Jalisco entourant des prisonniers de l'armée fédérale mexicaine

    La diplomatie s'en mêle

    Désespérant de vaincre les paysans, le président Calles se réconcilie avec le gouvernement des États-Unis. Il accepte des concessions sur le pétrole en échange de l'aide de l'US Air Force dans son combat contre les Cristeros... Il est vrai que lesWASP's (*) ne portent pas dans leur coeur les paysans métissés ou indiens du Mexique et même les catholiques américains se gardent de soutenir financièrement leurs coreligionnaires du sud du Rio Grande.

    Le 1er juillet 1928, les élections présidentielles voient le retour au pouvoir du général Álvaro Obregón, qui avait déjà présidé le pays de 1920 à 1924. Mais il est assassiné le 17 juillet suivant par un étudiant catholique qui lui reproche son anticléricalisme.

    Terreur exercée par l'armée fédérale contre les Cristeros (1926-1929)Emilio Portes Gil assume l'intérim de la présidence cependant que Plutarco Elías Calles continue de diriger en sous-main les affaires du pays avec le titre de « jefe maximo » (chef suprême).

    Calles, qui vise l'élection de l'année suivante, veut mettre fin au plus haut vite à la rébellion, laquelle a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de victimes, mais il comprend qu'il ne pourra la vaincre par les moyens militaires, même agrémentés de la Terreur révolutionnaire.

    Il demande donc au président Portes Gil de faire appel à la médiation du haut clergé catholique des États-Unis. Il s'agit d'Irlandais qui n'ont guère de sympathie pour les va-nu-pieds mexicains. Ils pressent le Vatican de conclure un compromis.

    Après que le gouvernement ait autorisé à nouveau le culte catholique le 3 mars 1929 et fait rouvrir la cathédrale de Mexico, il revient au cardinal Gasparri, celui-là même qui signa les accords de Latran avec Mussolini, de conclure « los Arreglos ».

    Arrangements bafoués

    À la demande du légat pontifical, le président mexicain s'engage à ne plus tenter d'appliquer les articles antireligieux de la Constitution ! Il donne aussi sa parole que les rebelles seront amnistiés et qu'il ne leur sera fait aucun mal. Mais il ne s'agit que de sa parole. Aucun document n'est signé...

    Obéissants, les Cristeros se soumettent, d'autant que le général Gorostieta a été tué dans une embuscade, le 2 juin 1929. Dans les faits, l'amnistie n'est pas le moins du monde respectée et des centaines d'insurgés sont assassinés dans d'atroces conditions aussitôt après avoir rendu leurs armes sur ordre de leur évêque.

    Combattants cristeros de la Secunda, en 1934, dans l'État de PueblaL'armée ne s'en tient pas là. Elle met à sac les campagnes reculées de l'Ouest avec le désir d'éradiquer une bonne fois pour toutes toute trace de christianisme. Le romancier Graham Greene en fait état dans son romanLa Puissance et la Gloire. Il s'ensuit une seconde guerre des Cristeros (laSecunda), qui réunit quelques milliers de combattants désespérés. Elle  va durer de 1934 à 1938 sans qu'il soit possible d'en évaluer le nombre de victimes. 

    Le général Luis Garfias a reconnu dans Epoca le 4 janvier 1993 :« L'armée fédérale a mené une guerre sans pitié. Elle ne faisait pas de prisonniers, les civils étaient pris comme otages et beaucoup d'entre eux fusillés. La torture fut systématique, on détruisit d'innombrables villages et hameaux » (*).

    L'élection du président Lázaro Cárdenas en 1934 met fin à la période dite duMaximato, autrement dit au règne du général Plutarco Elías Calles. Mais il faudra encore plusieurs années avant que la paix religieuse ne revienne au Mexique.

    L'émotion suscitée par « los Arreglos » va entraîner la disgrâce du cardinal Gasparri qui sera aussitôt remplacé à la Secrétairerie d'État (le ministère des Affaires étrangères du Vatican) par le cardinal Eugenio Pacelli (futur Pie XII).

    La Puissance et la Gloire

    De cette illustration dramatique des excès auxquels a pu conduire au XXe siècle la haine antireligieuse, le romancier britannique Graham Greene a tiré son chef-d'oeuvre, La Puissance et la Gloire (1940). Il lui a été inspiré par son séjour au Mexique en 1938.

    C'est l'histoire d'un prêtre alcoolique, traqué par un lieutenant fanatique et obtus dans les années 1930, et qui n'en continue pas moins de servir les fidèles... Bien qu'écrit par un catholique croyant, le roman a été condamné par le Saint-Siège.

    Bibliographie

    La guerre des Cristeros a été longtemps occultée tant par l'historiographie officielle que par le Saint-Siège.

    Elle est sortie de l'oubli à la faveur d'une volumineuse thèse de l'historien français Jean Meyer, qui l'a découverte en 1964, quand il n'était encore qu'un jeune étudiant à l'écoute de Pierre Chaunu. Il a publié sa thèse en 1975 : La Christiade, l'État et le peuple dans la révolution mexicaine (Payot).

    Histoire du christianisme, Hors-série N°7Le 13 mai 2014, les éditions CLD ont réédité le livre de Jean Meyer dans une version enrichie et réactualisée : La rébellion des Cristeros, L’Église, l’État, le peuple dans la Révolution mexicaine (348 pages, 23 €). Elles ont édité aussi une version illustrée du même ouvrage : La Cristiada, la lutte du peuple mexicain pour la liberté religieuse (224 pages, plus de 300 illustrations et documents inédits, 35 €).

    En 2012, le film Cristeros du réalisateur Dean Wright lui a donné une nouvelle visibilité. La revue Histoire du christianisme a par ailleurs consacré un remarquable hors-série aux Cristeros (printemps 2014), incluant un entretien avec Jean Meyer, des articles de celui-ci et une analyse du film de Dean Wright. 

    http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19290622&ID_dossier=320

  • I-Media N°11