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culture et histoire - Page 1621

  • Le bide des Césars ou le rejet de la classe médiatique

    Lu sur Figarovox :

    "Selon des chiffres médiamétrie, la cérémonie des César a attiré 300.000 téléspectateurs de moins que l'année dernière. Une audience en baisse que l'écrivain Christian Combaz attribue au rejet de plus en plus massif d'une certaine élite médiatique."

    Extrait de la tribune de Christian Combaz :

    "Les récompenses du cinéma français n'attirent plus, à ce qu'on dit, que la moitié du public d'il y a deux ou trois ans. La soirée des Césars, cette année, ne fut que la quatrième audience de la soirée.

     [...] Quel que soit le domaine considéré, qu'il s'agisse de faire inviter un spectacle, un auteur, un conférencier, par le Conseil Général de la Seine et Marne ou l'Institut français de Madrid, l'imagination ne déborde plus jamais du cadre consensuel. On voit circuler systématiquement les mêmes personnages qui véhiculent une pensée recommandée, parce que les programmes, les récompenses, sont soumis à la cooptation de gens qui se flairent comme les chiens de meute, et qui doivent des comptes au gardien du chenil s'ils veulent que leur pâtée soit reconduite.

    On se demande par quel miracle le Cinéma français échapperait à cette damnation puisqu'il s'agit d'un Art où, par le biais des financements et des avances sur recettes, le rôle de la pâtée est déterminant. Consensualité idéologique, équation personnelle irréprochable, reconnaissance générale de la Profession, tout concourt à donner une prime à ceux qui pensent bien, mais le décalage s'accentue chaque année entre eux et le public, lequel, pour sa part, pense de plus en plus mal.

    En tout cas on peut l'en soupçonner lorsqu'il applique, aux Césars, aux modalités du vote, le même genre de méfiance que celui qui l'anime lorsqu'il a connaissance d'un appel d'offres à la Mairie de sa ville. L'idée selon laquelle tout, dans la France d'aujourd'hui est simulacre de démocratie, de pluralisme, d'équité, l'idée que les soumissionnaires des marchés publics ne sont pas traités de manière égale, l'idée que certains élus ont ouvert les enveloppes, l'idée que la Mairie est moins aveugle que les auditions de The Voice quand il s'agit de choisir des prestataires de services ou des terrains constructibles, cette idée est très généralement partagée.

    Alors quand vient l'heure d'attribuer des récompenses, le côté convenu de l'affaire frappe de plus en plus les esprits, rappelle toujours quelque entente secrète qu'on a subie dans son propre milieu. Lorsqu' on parle désormais de la Profession les gens n'ont plus aucun respect pour ce genre de collégialité qui n'a plus rien à voir avec les compagnons menuisiers. Ils y voient surtout une sorte de syndicat de défense de certains privilèges cachés, aux prix de la réaffirmation d'une poignée de convictions qui plaisent au Ministère."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/03/le-bide-des-c%C3%A9sars-ou-le-rejet-de-la-classe-m%C3%A9diatique.html

  • Alain de Benoist : « De nombreuses personnes s’expriment contre l’Europe alors qu’en réalité elles dénoncent l’Union Européenne »

    Alain de Benoist est un auteur controversé. Souvent mis de côté de la scène médiatique parisienne, le fondateur de la revue Éléments a le mérite d’avoir une vision tranchée quant à notre société moderne. Auteur de plus de 90 ouvrages, propriétaire de l’une des plus grandes bibliothèques d’Europe, le penseur de la « Nouvelle droite » évoque ici de nombreuses questions qui ont rythmé son itinéraire intellectuel, notamment celles de l’Europe et du penseur allemand Carl Schmitt. Entretien.
    Le Rideau : Alain de Benoist, on vous présente souvent comme celui qui a la plus grande bibliothèque privée d’Europe…
    Alain de Benoist : Je ne sais pas si c’est vrai. Je ne pense pas, il y en a certainement d’autres. En plus, il y a différents types de bibliothèques : des bibliothèques de bibliophiles, c’est-à-dire des gens qui achètent des livres rares, très chers, des beaux livres, des éditions illustrées, etc. Ce n’est pas mon orientation. J’aime bien les beaux livres mais j’achète d’abord les livres en fonction de leurs contenus ; je suis plus bibliomane que bibliophile. D’autre part, j’ai une bibliothèque relativement spécialisée, dans la mesure où j’ai assez peu de littérature. Plus des trois quarts de ma bibliothèque est consacré à ce que les Anglais appellent « non-fiction » : tout ce qui n’est pas œuvre de fiction. Parmi les grandes allées figurent la philosophie, l’histoire des religions, l’archéologie, l’antiquité, l’histoire contemporaine, les sciences sociales, les sciences de la vie, etc. Ce sont les domaines sur lesquels je travaille et qui m’intéressent le plus.
    Par ailleurs, mon côté collectionneur se manifeste sur un certain nombre d’auteurs que j’aime particulièrement. Il doit y en avoir une centaine, je pense. Là, je dois dire que j’ai un peu tendance à acheter tout ce qu’ils ont publié, tout ce qu’on a publié sur eux. Par exemple, j’ai une bibliothèque célinienne assez énorme, tout comme celle consacrée à Bernanos, à Péguy, etc. Ça va assez loin : si je vais en République tchèque, je vais acheter des livres de Céline, de Bernanos et de Péguy que je vais trouver en langue tchèque, que je suis évidemment incapable de lire, mais je veux les avoir. J’ai des éditions de Carl Schmitt en chinois, en turc, en japonais d’un certain nombre d’auteurs…
    J’ai arrêté d’acheter sur catalogue – évidemment ça prenait un temps fou, car, quand vous recevez un catalogue il faut le lire tout de suite, téléphoner pour retenir les livres…c’est toute une industrie -, ç’a coïncidé avec l’apparition d’Internet. Il y a tellement de possibilités d’achat, pas seulement de livres neufs bien entendu, mais aussi de livres d’occasion sur des sites qui regroupent eux-mêmes des dizaines ou des centaines de libraires, lesquels proposent des centaines de millions de livres ! C’est vertigineux ! J’achète donc moins de livres anciens, plutôt des livres nouveaux. Je reçois pas mal de livres en service de presse et je continue surtout mon travail de repérage, en lisant pour chacun des pays dont je maîtrise à peu près la langue – en France, c’est Livres-Hebdo – des publications professionnelles qui recensent toutes les semaines la totalité des livres sortis. À priori, il n’y a pas grand-chose qui m’échappe. Un journal comme Livres-Hebdo recense toutes les semaines 2 à 3000 livres. C’est classé par rubriques, donc c’est plus facile à consulter. Tous ces facteurs ont influé sur l’importance de ma bibliothèque. Elle est pour l’instant dispersée dans deux maisons, une maison que j’ai près de Versailles et une maison en Normandie. Le grand problème est évidemment toujours de trouver de la place, de classer. Ces dernières années j’ai beaucoup classé : ç’avait commencé à s’empiler d’une manière qui n’était plus tellement accessible. Maintenant c’est bien classé, mais les murs ne sont pas extensibles : j’essaie de me restreindre. C’est à la fois de la collectionnite, de la manie, incontestablement – il est très clair que j’ai des milliers de livres que je n’ai jamais lus et que je ne lirais jamais – mais c’est quand même une bibliothèque de travail. Si je travaille sur un sujet, je vais trouver tout un rayon de livres qu’à ce moment-là je vais lire crayon à la main, de manière très attentive.
    Quand est-ce qu’a commencé cette « collectionnite aigüe » ?
    Très tôt, dès que j’ai eu les moyens d’acheter des livres. J’ai commencé par les livres de poche puisqu’à ce moment-là, c’était les débuts de la collection du Livre de Poche. Évidemment, je m’étais mis en tête d’acheter tous les livres de la collection ! C’est mon côté collectionneur. J’ai énormément lu et après je n’ai cessé d’acheter des livres. J’en ai acheté énormément pendant une dizaine d’années sur des catalogues de livres d’occasion français et étrangers. Ce qui fait que ma bibliothèque a à peu près autant de livres en langues étrangères qu’en langue française.
    Est-ce que vous avez pensé à votre succession ?
    Oui, j’y ai pensé. Et je dois avouer que je n’ai pas trouvé de bonne solution. J’ai deux enfants que ça n’intéresse pas fondamentalement. J’ai une grosse bibliothèque germanophone que j’envisage de léguer à une fondation en Allemagne. Pour le reste, je ne sais pas. L’hypothèse la plus probable, c’est que tout cela sera vendu et dispersé. On peut aussi faire des ventes groupées dans des hôtels de vente, mais il faut établir un catalogue ce qui est un travail énorme. Je n’ai pas fait de catalogue parce que, lorsque j’ai commencé à avoir des masses considérables de livres, il n’y avait pas encore les ordinateurs, tout simplement. Mais là, pour rattraper quarante ans d’achats en différentes langues, il faudrait salarier quelqu’un pendant plusieurs années. Disons que le catalogue est dans ma tête et que je sais à peu près où est chaque livre.
    Comment jugez-vous le marché du livre actuellement ?
    Il est clair qu’aujourd’hui il y a une crise de l’édition. Beaucoup de gens en parlent. Il y a aussi une crise de la lecture qui est évidente et qui a pour cause fondamentale toutes les nouvelles technologies fondées sur l’image. En dehors même du flot d’images qui nous est dispensé par ces technologies, il y a le fait qu’on peut accéder par internet à tout un tas de fichiers numériques, de livres rares parfois. Mais je dois dire que là je suis totalement fermé. Je pense que c’est en partie un problème de génération. Je suis vraiment un enfant de la galaxie Gutenberg ! Un texte est indissociable, pour moi, d’un livre qu’on prend dans la main, qui, à la limite, peut avoir une odeur. Le plaisir d’avoir un livre dans la main, de pouvoir écrire dessus, dans les marges, est quelque chose qui est indissociable de la lecture. Lire à l’écran ou imprimer sur des feuilles volantes, ce que je fais bien entendu, comme tout le monde, n’est pas du tout ce que j’attends de la lecture. J’ai peut-être un côté un peu « dinosaure » à ce sujet : peut-être que dans cinquante ans le livre n’existera plus du tout.
    C’est possible, selon vous ?
    J’ai du mal à le croire. J’ai tendance à penser qu’il y aura toujours des petits cénacles. Subsiste aussi le problème des livres très spécialisés. Des tas de livres sont édités dans un cadre universitaire et ne touchent que quelques dizaines de lecteurs. Ce n’est donc pas rentable numériquement d’exploiter tout cela. Mais on ne sait jamais. Rappelez-vous le film de Truffaut, Farenheit 451, dans lequel on brûle les livres… C’est une perspective que je trouve tout à fait désespérante, mais c’est quelque chose que je ne verrai pas, et, par conséquent, je suis content d’avoir ma bibliothèque.
    N’est-il pas préférable, conformément à la phrase de Diderot, de ne compter que « sur peu de lecteurs » tout en aspirant « qu’à quelques suffrages », plutôt que d’être mal lu par tout le monde ?
    La question de savoir par qui on est lu est une très vieille question. Quand vous vendez un livre à 1000, 3000, 10 000 exemplaires, parmi ceux-ci, combien y a-t-il de vrais lecteurs ? De gens qui vont descendre dans le texte et en retirer la substantifique moelle ? Cela vaut pour n’importe qui. La différence reste que dans un passé si lointain, certaines lectures changeaient la vie des gens ; quand on parle avec un certain nombre de personnalités, elles peuvent nous citer les livres qui les ont marquées. Évidemment, on est marqué différemment selon l’âge, qu’on lise à 17-18 ans ou à 35-40 ans. Mais est-ce qu’on peut être encore marqué à vie et même orienter sa vie en fonction d’une lecture faite sur écran ? C’est une question que je me pose.
    Trouvez-vous encore des auteurs contemporains « valables » ?
    Il y en a toujours, heureusement. Je dirais simplement qu’on ne voit plus l’équivalent des grands noms de l’époque de Sartre, Barthes, Derrida, Bourdieu…Les grands intellectuels ont un peu disparu. Ça ne veut pas dire que les gens n’ont plus de talent, mais plutôt que c’est la fonction même qui a subi une mutation : on est sorti de l’époque où le grand intellectuel, qui avait sa base à l’Université, jouait le rôle de porte-parole des sans-voix ou de grande autorité morale. L’intellectuel a été destitué de son autorité morale, à la fois parce que le monde universitaire et scolaire est entré dans une très profonde crise – peut-être faudrait-il dire de « décadence » –, mais aussi parce que le canal par lequel l’intellectuel peut s’exprimer aujourd’hui, c’est le journal, la télévision. Il rentre par la même dans la société du spectacle. Le fait d’être invité à participer à une émission de télévision ne vous donne pas d’autorité morale particulière : c’est juste une visibilité spectaculaire. Par conséquent, on est sorti de l’ère des intellectuels. Mais il y a toujours des auteurs importants. J’ai été assez proche de Jean Baudrillard qui est quelqu’un dont l’œuvre est, je pense, admirable. J’aime beaucoup l’école d’Alain Caillé et Serge Latouche. Je trouve que Jean-Claude Michéa fait aujourd’hui des livres importants qui renouvellent certaines problématiques. J’ai beaucoup d’admiration pour un politologue et sociologue comme Louis Dumont, par exemple.
    Parmi vos nombreuses publications, lesquelles préférez-vous ?
    C’est assez compliqué de répondre, car je n’ai jamais fait de livre qui soit une sorte de somme, comme l’ont fait certains auteurs qui ont écrit « le » livre de leur vie. Je n’ai pas du tout un esprit de système ; j’ai donc abordé des sujets très différents. Par goût du paradoxe, je dirais peut-être le livre publié avec Thomas Molnar sur la notion de sacré (L’éclipse du sacré, éditions La Table Ronde, NDLR), certainement l’un de ceux que j’ai le moins vendu, d’ailleurs. Dans des écrits plus proprement théoriques, j’ai publié un gros livre à l’Âge d’Homme qui s’appelle Critiques – Théoriques et qui, en l’état actuel, est ce qui donne la vue la plus générale de mes positions dans différents domaines. Et puis mon autobiographie, Mémoire vive, publiée chez Bernard de Fallois il y a deux ans : j’y tiens beaucoup, car elle n’est pas seulement le récit de ma vie – qui, après tout, ne passionne pas nécessairement les foules –, mais surtout le récit d’un itinéraire intellectuel, itinéraire qui n’est pas toujours perceptible quand on me lit.
    Au vu de ce que vous venez de dire, peut-on en déduire que vous pensez que la société actuelle est trop spécialisée ?
    Effectivement, il y a dans les domaines du savoir, de la connaissance, dans les disciplines académiques, une très grande spécialisation. Mais cette spécialisation vient de deux choses ; d’abord du fait que le nombre d’informations à traiter est tellement énorme aujourd’hui qu’il est extraordinairement difficile et très ambitieux de vouloir faire une sorte de synthèse globale ; d’autre part, l’évolution du système universitaire et scientifique, qui fait obligation aux auteurs de publier beaucoup (« publish or perish »), fait qu’il est plus facile, dans une certaine mesure, de devenir spécialiste d’un petit territoire plus ou moins inexploré. Ainsi, vous devenez spécialiste du commerce des gains entre 1644 et 1722. Formidable…
    C’est un contraste énorme par rapport au XIXe siècle qui a été l’époque des grandes synthèses, quand on pense aux Histoires universelles, aux Histoires de France en 40 volumes écrites par des auteurs qui ne doutaient de rien et n’avaient à leur disposition ni machine à écrire ni ordinateur. Je trouve ça stupéfiant et admirable. Quand on prend un livre comme Le déclin de l’Occident, de Spengler, par exemple, qui est une considération sur l’histoire universelle nourrie par une culture absolument phénoménale, quoi qu’on pense de ses orientations : c’est un projet que plus personne – aujourd’hui – n’entreprendrait, tout simplement.
    En soi ce ne serait pas dramatique si la spécialisation se bornait à une répartition des tâches, de division du travail : le problème c’est que les gens qui deviennent spécialistes d’un petit secteur ont souvent une absence totale de culture sur le reste. Dans mes mémoires, je cite l’exemple d’un helléniste que j’ai très bien connu, François Chamoux, avec lequel j’avais effectué un voyage en Grèce. Je lui avais posé une question qui ne devait pas être bien compliquée, mais il m’avait répondu : « Ah, la question que vous me posez se rapporte au VIe siècle avant notre ère et je suis spécialiste du Ve siècle ; je ne peux donc pas vous répondre ». Ça m’avait frappé parce que j’avais cru qu’il se moquait de moi. Or, il était sincère.
    Je crois très profondément, et c’est aussi le fond de ma démarche, à la nécessité d’un certain encyclopédisme. Je veux dire par là qu’il y a des choses, des idées et des vérités qui naissent de la rencontre des points de vue. J’ai fréquemment déploré le fait que les spécialistes des sciences de la vie, par exemple, et ceux des sciences sociales s’ignorent et se méprisent en général très cordialement. Alors que je crois qu’au contraire, c’est la confrontation des données que l’on peut recueillir dans ces deux domaines qui s’éclairent mutuellement et qui peuvent donner une idée plus juste et fructueuse. Je crois que c’est Jules Monnerot qui parlait de la nécessité des « coordinateurs-synthéticiens », les gens qui veillent au carrefour. Le grand problème de la spécialisation est qu’elle fait disparaître ces synthéticiens.
    Quelles études avez-vous suivi ?
    J’ai fait une filière qu’on appelait « A », totalement littéraire. J’ai appris autant que possible le grec et le latin avant d’aller ensuite au lycée Montaigne, puis au lycée Louis-Le-Grand où j’ai fait la classe de philo. J’ai ensuite été un an à l’Institut d’études politiques, mais je n’ai pas continué. Puis, j’ai effectué mes études à la Sorbonne, essentiellement en sociologie, morale, philosophie générale et histoire des religions.
    J’ai su que vous avez bien connu Raymond Abellio. Des anecdotes ?
    J’ai en effet été lié d’amitié avec Raymond Abellio, que j’ai très bien connu dans les dernières années de sa vie pour des raisons de chronologie évidentes. C’est l’un des hommes dont la conversation était la plus passionnante. Ça partait un peu dans tous les sens, mais c’était une sorte de jaillissement continu de points de vue, d’idées paradoxales…C’était un homme en même temps très enthousiaste. Je me souviens que lors de l’écriture de son dernier livre il était assez malade et il répétait : « Il faut que je le termine absolument ». Il l’a terminé et il est mort juste après. On pourrait dire qu’il s’est retenu de mourir, ce qui n’est pas forcément absurde comme idée. Il voulait terminer sa dernière œuvre.
    Venons-en à un sujet très actuel, Carl Schmitt. Pour reprendre le titre d’un ouvrage sorti chez Gallimard (J.F. Kervégan en est l’auteur, NDLR) : Que faire de Carl Schmitt ?
    Le lire, tout simplement. Ce sont des questions un peu ridicules : « De quoi Carl Schmitt est-il le nom ? », « Que faire de Carl Schmitt ? ». Le statut de Carl Schmitt est très paradoxal : on a beaucoup focalisé, surtout à date récente d’ailleurs, sur le fait qu’il s’est indéniablement compromis sous le IIIe Reich. Pas pendant longtemps, mais entre 1933 et 1936. En 1936, le parti nazi et la SS constatent qu’il n’est pas du tout dans la ligne, qu’il n’est pas national-socialiste, et engagent une très violente campagne contre lui à l’issue de laquelle il est destitué de toutes ses fonctions officielles. Il garde seulement son professorat.
    On peut discuter à l’infini des raisons pour lesquelles Carl Schmitt s’est engagé de la sorte. C’est d’autant plus étrange qu’il faut rappeler qu’en 1932, un an avant l’arrivée d’Hitler, lui-même demandait l’interdiction du parti nazi. Je laisse cela aux biographes. Je suis quelqu’un qui ne disqualifie jamais une œuvre au motif de la biographie de son auteur. La biographie de l’auteur, je m’y intéresse de manière distincte. Savoir ce qu’a fait Heidegger ou Carl Schmitt entre 1933 et 1936, c’est comme si j’apprenais demain que Shakespeare était cleptomane ou qu’il tuait des petits garçons tous les matins : je m’en fiche complètement, dans la mesure où cela ne change rien à la valeur de son œuvre. Dans le cas de Carl Schmitt, c’est encore plus frappant, car l’essentiel de son œuvre date d’avant 1933 et d’après 1945. Ce qu’il a publié pendant la guerre et sous le IIIe Reich – même si cela ne manque pas d’intérêt, je pense notamment à Terre et Mer –, ce n’est pas l’essentiel de son œuvre. Ses grands livres restent ceux qui traitent de la notion de politique, du parlementarisme, de la théologie politique, de la figure du partisan, du Nomos de la Terre, etc.
    On a quand même retrouvé, dans ses journaux qui datent d’après la guerre, des passages antisémites…
    Oui, mais le problème c’est qu’il ne faut pas tomber dans l’anachronisme. Il faut d’abord avouer que l’antisémitisme était extrêmement répandu à cette époque-là dans les milieux les plus différents, et que ce n’est pas parce que quelqu’un a écrit des phrases antisémites qu’il était nazi. Des antisémites, on sait aujourd’hui qu’il y en avait aussi dans la Résistance française ! Schmitt pouvait penser ce qu’il voulait des Juifs, mais ce qui est important c’est qu’il n’y a pratiquement aucune remarque antisémite dans ses ouvrages, à une ou deux exceptions près. On peut les enlever, ça ne change absolument rien à la valeur de son œuvre.
    Le statut de Carl Schmitt est extrêmement bizarre. Il est fréquemment critiqué et, périodiquement, il y a des campagnes dirigées contre lui. En même temps, je peux vous dire que Carl Schmitt est aujourd’hui l’auteur de science politique le plus discuté dans le monde, et non de manière hostile. Il est traduit systématiquement dans toutes les langues : aux dernières nouvelles, ses œuvres complètes sont en cours de traduction à Pékin. Les traductions et les livres sur lui se multiplient également. Il se trouve que je suis cela de très près, car j’ai publié il y a quatre ans en Autriche une bibliographie schmittienne de 600 pages, que je continue à mettre à jour. Depuis 1985, année de la mort de Carl Schmitt, plus de 500 livres lui ont été consacrés, ce qui signifie qu’il sort dans le monde pratiquement un livre toutes les semaines ou tous les quinze jours. Les articles, eux, se comptent par milliers dans toutes les revues de sciences politiques. Il y a une influence indéniable de Carl Schmitt, plus sensible peut-être encore auprès d’auteurs de gauche que d’auteurs classés à droite : les schmittiens de gauche sont légion. Il est donc à la fois un auteur sulfureux et, en même temps, considéré comme le dernier grand classique en matière de science politique.
    Comment en êtes-vous venu à la lecture cet auteur ?
    Le premier livre de Schmitt que j’ai lu est évidemment La notion de politique, paru en 1972 aux éditions Calmann Lévy, dans la collection « Liberté de l’esprit » dirigée par Raymond Aron. Aron s’est beaucoup intéressé à Carl Schmitt. Il est d’ailleurs très significatif que ceux qui ont introduit ou réintroduit l’œuvre de Schmitt en France après la guerre étaient Raymond Aron et Julien Freund, ancien résistant arrêté plusieurs fois par la Gestapo. Ce dernier était devenu un grand ami de Carl Schmitt. Vous voyez que les choses ne sont jamais très simples. Ensuite, je l’ai lu au fur et à mesure des publications et des traductions. Pour finir, j’ai moi-même travaillé sur Schmitt, j’ai publié cette bibliographie, un livre intitulé Carl Schmitt actuel, qui a été traduit dans six langues différentes, ainsi que trois recueils de textes de Carl Schmitt inédits en France.
    Pensez-vous que sa vision de l’Europe correspond à la vôtre ?
    J’apprécie beaucoup l’œuvre de Carl Schmitt, je pense que c’est un auteur absolument fondamental. Il fait surtout partie de ces auteurs que l’on peut lire indéfiniment en trouvant quelque chose que l’on n’avait pas aperçu avant, et ce à chaque lecture. Un livre comme la notion de politique, par exemple, j’ai dû le lire six ou sept fois et j’y trouve toujours des éléments nouveaux. Je pense par ailleurs qu’il y a une très grande actualité de Carl Schmitt : sa critique du libéralisme est plus actuelle que jamais, ses travaux sur le parlementarisme également, ainsi que ses études en matière de droit constitutionnel. Ce qu’il a écrit sur la figure du partisan nous renvoie à l’actualité du terrorisme, sa critique de la « guerre juste » tombe à point nommé au moment où l’on voit réapparaître les guerres « humanitaires », les interventions de police internationale, etc. Dans toute une série de débats qui concernent l’actualité la plus immédiate, il apporte quelque chose et on est pratiquement tenu de le citer.
    Cela dit, je ne suis pas un disciple inconditionnel de Carl Schmitt. Il y a des points sur lesquels je suis même en désaccord avec lui. D’abord, il ne faut pas l’oublier, c’est un auteur très profondément catholique, ce qui n’est pas mon cas. Ensuite, sur la notion même de politique, je fais quelques réserves sur son analyse. Ce qu’il dit sur la dialectique ami/ennemi est très intéressant dans le domaine de la politique étrangère, mais beaucoup plus difficilement applicable pour ce qui concerne la politique intérieure. Je suis aussi en désaccord avec le fait que Carl Schmitt fasse venir en premier l’inimitié par rapport à l’amitié. L’amitié est, pour lui, une conséquence de l’inimitié. Pour moi, c’est le contraire. Je fais venir en premier la notion d’amitié politique ; mais c’est peut-être parce que je suis assez aristotélicien, alors que Schmitt est plutôt un augustinien. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a peur de voir la politique disparaître. Dans ses livres, il exprime à plusieurs reprises la crainte que ce qu’il appelle la « dépolitisation libérale » finisse par l’emporter et qu’on rentre dans un monde sans politique, où le politique aurait disparu. Je ne sais pas s’il a raison, mais je suis beaucoup plus réticent quant à admettre cette idée. Pourtant, en fonction même de ce qu’il dit, le politique ressurgit toujours. D’un côté, il exprime la crainte que le politique puisse disparaître, de l’autre il dit que toute inimitié dans quelque domaine qu’elle s’exprimee, restitue une dimension politique dès l’instant où elle monte aux extrêmes. Si c’est vrai – et il n’y a pas de raison de considérer que c’est faux –, on voit mal comment le politique pourrait disparaître.
    Parmi les grands « schmittiens », que pensez-vous de Giorgio Agamben ?
    Je crois que Giorgio Agamben n’est pas vraiment un grand schmittien ; je pense d’ailleurs qu’il serait le premier à récuser cette étiquette. Il est très critique de Schmitt sur plusieurs points, mais il est exact qu’il en parle beaucoup. Tout d’abord parce qu’il est italien et que la fortune de Schmitt en Italie a toujours été considérable. En Italie, tout le monde cite Schmitt ! Et les réticences que peuvent avoir les Français, suite aux campagnes menées par Emmanuel Faye ou Yves Charles Zarka, les Italiens ne les comprennent pas du tout. Les grands auteurs de gauche italiens comme Massimo Cacciari, Danilo Zolo et tant d’autres écrivent énormément sur Schmitt. Les Français sont très en retrait par rapport à la lecture de Schmitt, telle qu’elle se fait en Italie et secondairement en Espagne, par exemple. De son vivant, Schmitt a eu beaucoup de liens avec l’Espagne, puisque sa fille avait épousé un Espagnol.
    Votre influence est également importante en Italie…
    Oui, je vais souvent en Italie, j’ai beaucoup d’amis italiens et j’en suis à 36 ou 37 livres publiés en langue italienne, ce qui est assez considérable.
    Comment vous expliquez cette préférence géographique ?
    Cela s’explique d’abord par les liens personnels que j’ai tissés avec des intellectuels, des journalistes, des écrivains italiens. J’ai toujours été très « italophile » ! Évidemment, quand on noue beaucoup de liens, ça favorise les traductions d’articles ou de livres. Deuxièmement, il y a le fait que les Italiens, en général, s’intéressent beaucoup plus à la France que les Français ne s’intéressent à l’Italie. Ils sont incroyablement cultivés concernant tout ce qui se passe en France sur le plan intellectuel. C’est également un pays dont la langue est évidemment assez proche, par certains aspects, de la langue française. Les Italiens, enfin, sont des gens qui ont des réactions très rapides, tout à fait à l’opposé des Allemands sur ce plan-là : ils sont toujours à l’affût des nouveautés. Tout va très vite en Italie…
    Revenons à l’Europe. Êtes-vous du même avis que Carl Schmitt à ce sujet ?
    Non. Schmitt est fondamentalement un étatiste. En même temps, il est très lucide et a compris que l’Etat-nation est entré en crise depuis les années 1930 ; il s’interroge donc sur son avenir. C’est un étatiste qui prend soin, par ailleurs, de dire que la politique et l’État sont des choses très différentes. L’État peut se vider de son contenu politique, le politique va ressurgir ailleurs. Il n’en reste pas moins que, de façon presque sentimentale, Carl Schmitt est un étatiste, un disciple de la souveraineté selon Jean Bodin, et aussi un élève de Hobbes. Il attache de l’importance à des contre-révolutionnaires comme Maistre et Donoso Cortés, mais c’est fondamentalement un souverainiste.
    Je ne me situe pas dans cette optique parce que j’ai subi d’autres influences, notamment celles du milieu fédéraliste. Je vois beaucoup plus l’Europe comme une fédération, alors que Schmitt, notamment dans sa Théorie de la Constitution, critique assez nettement la fédération dans une dialectique, assez fine d’ailleurs, où il oppose fédération, confédération, etc. Ma conception de l’Europe est fédérative. Je dois beaucoup à des théoriciens issus de ce qu’on a appelé le fédéralisme intégral, avec des gens comme Robert Aron, Alexandre Marc, Denis de Rougemont…
    Je ne suis pas pour une Europe des régions, mais pour une Europe qui prenne en compte les régions et les nations dans une optique fédéraliste. Je reste donc partisan d’une Europe politiquement unie, dont je reconnais d’ailleurs que c’est une perspective très lointaine aujourd’hui. Il est très clair que l’actuelle Union européenne ne correspond pas du tout à ce modèle : à mon avis elle est même l’inverse. Il y a des gens qui disent aujourd’hui que l’Europe de Bruxelles est fédérale ; je la trouve au contraire extrêmement jacobine puisqu’elle s’est bâtie à partir du haut – de la Commission de Bruxelles – au lieu de partir d’une démocratie locale fondée sur le principe de subsidiarité. Le drame c’est que l’UE a mis en marche un mode de construction européenne vicié dès le départ, en s’imaginant que par une sorte d’effet de cliquet, la citoyenneté économique allait donner naissance à la citoyenneté politique. On s’aperçoit que ça ne marche absolument pas.
    Aujourd’hui, l’UE qui, de surcroît, s’est étendue hâtivement à différents pays d’Europe de l’Est – qui étaient très mal préparés à rentrer dans l’Europe et qui voulaient surtout intégrer l’OTAN pour se placer sous le parapluie américain –, se retrouve à la fois impuissante et paralysée. Elle fait désormais l’objet de toutes les critiques. C’est une chose qui me désole. Il y a vingt ou vingt-cinq ans, l’Europe était une solution pour la plupart des gens. Aujourd’hui c’est « l’Europe problème ». Les gens ont peur de l’Europe et lui attribuent, parfois d’ailleurs à juste titre, des initiatives absolument désespérantes, notamment la perte des souverainetés des États nationaux. C’est un thème que les souverainistes développent beaucoup, et il est certain que les États perdent leur souveraineté. Le drame est que ce n’est pas au profit d’une souveraineté européenne. La souveraineté qu’ils font disparaître tombe dans une espèce de trou noir au profit d’un ensemble mou qui ne sait même pas, parce qu’il n’a jamais voulu déterminer ses finalités, s’il veut être un marché ou une puissance. En ce sens, l’Union européenne discrédite l’Europe. Beaucoup de gens parlent contre l’Europe alors qu’en réalité ce qu’ils dénoncent c’est l’UE. Pour moi l’UE, c’est toute autre chose que l’Europe !
    Le rideau
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  • Grèce – Dimitrios Papageorgiou (Patria Magazine) : “Nous avons été la frontière de l’Europe pendant mille ans” (1/2)

    Dimitrios Papageorgiou est l’éditeur de Patria Magazine, référence de la droite radicale grecque. Observateur avisé de la vie politique de son pays, il a bien voulu répondre aux questions de Novopress pour nous parler de la jeunesse hellénique, de la crise grecque, de l’Aube dorée…

    Bonjour Dimitrios, pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs de Novopress ?

    Eh bien, comme disent les Chinois, « je vous maudis à vivre en des temps intéressants ». Être un journaliste à une époque intéressante, je pense que c’est une double malédiction. Car la Grèce traverse des temps “intéressants” en effet. J’ai 32 ans, je travaille dans deux journaux grecs, je suis l’éditeur de Patria Magazine et également, de temps à autre, producteur d’émissions radios. J’ai été engagé dans des mouvements patriotes depuis mes 15 ans et j’ai passé 6 mois, 2 jours et deux heures en prison après avoir été la cible d’un groupe de gauchistes. Mon projet principal est Patria Magazine, qui est bimensuel. J’écris aussi de temps en temps en anglais pour www.alternativeright.com.

    D’après vous, quels sont les principaux responsables de la crise grecque ?

    Cela dépend de jusqu’où vous souhaitez remonter dans l’histoire de la Grèce. Si vous allez suffisamment loin, vous pouvez blâmer l’occupation turque. La Grèce n’a pas connu de révolution industrielle et c’est une société largement agricole jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Ensuite, nous avons subi une longue guerre civile qui détruisit la plupart des infrastructures existantes. Puis est venue la “libération démocratique” qui a mené à la corruption et au triomphe idéologique de la gauche. Si vous ne voulez pas remonter aussi loin dans le passé, les années après la junte militaire était un désastre économique total. Népotisme, corruption et bien sûr l’immigration constituent ce que Guillaume Faye appelle la “convergence des catastrophes”. La crise mondiale actuelle a amené la situation à un point de non-retour et notre économie s’est effondrée. Nous verrons si cela est bon ou mauvais, car la crise économique a réussi à saper le bipolarisme politique en Grèce. Les gauchistes comme les nationalistes sont en pleine croissance, nous verrons qui sera le plus fort, et si le système y survivra.

    Que pensez-vous de la jeunesse grecque

    La jeunesse grecque est à l’image de la jeunesse européenne. Le chômage et l’apathie sont la normale. Bien que de récentes formations politiques radicales aient de plus en plus de supporters. Personnellement, je pense que c’est un phénomène éphémère. Si vous prenez dix jeunes à Berlin, Rome, Paris ou ailleurs, vous trouverez la même personnalité qu’à Athènes. Bien sûr, la jeunesse est notre seul espoir. Mais si nous parlons des jeunes qui ne sont pas engagés dans un mouvement ethnique ou nationaliste, je dois dire que la jeunesse grecque est perdue entre un nationalisme d’avant-guerre et la réalité en cours. Malheureusement, en Grèce, ces cercles n’ont pas une “tradition” ou une école de pensée comme la France en a. Pour beaucoup, le “nationalisme” se réduit au combat contre les Turcs et les Albanais. Bien sûr, c’est mieux que d’être communiste… Mais cela demeure problématique.

    Comment définiriez-vous l’identité grecque ? Est-elle menacée ? Si oui, pourquoi ?

    Un poète grec prix Nobel a dit un jour que si vous « démontiez » le pays, vous vous retrouveriez avec un olivier, un vignoble et un bateau. Mais cela décrit à peu près chacun des pays méditerranéens et je pense que cela pourrait s’adapter à la France bien entendu. Pour moi, l’identité grecque a quelque chose à voir avec une “mentalité de frontière”. Nous avons été la frontière de l’Europe pendant mille ans. Notre identité est cette Frontière. Les Français peuvent comprendre cela au travers de leur histoire. Notre déclin fut celui de l’Europe. Nos heures de gloire furent celles de l’Europe. Dans ces conditions, et après avoir survécu en tant que peuple depuis si longtemps, notre identité est un mélange de “survivances” pendant les heures sombres. Aujourd’hui, l’identité grecque est très touchée par toutes ces saloperies américanisées que vous observez également dans votre pays. Mais nos racines sont toujours là. Vous pouvez les voir dans les traditions que notre peuple continue de suivre, vous les voyez dans les petites choses.

    Avez-vous de l’espoir pour le futur ? Pourquoi ?

    Bien sûr que j’en ai. Le futur a toujours été du domaine de “l’imprévu”. Quand j’étais ado, les “nationalistes” n’étaient qu’une fraction des marginaux. Les temps durs, comme ceux que nous vivons en ce moment, produisent des gens plus durs. Dans ce sens-là, la crise économique peut être une bonne chose. Les Grecs commencent à comprendre qu’ils doivent bâtir leur futur à nouveau. Et ils le feront certainement de la bonne manière.

    Que pensez-vous du mouvement identitaire français ?

    La France a toujours été à l’avant-garde du combat politique ethnique. J’ai été très impressionné quand j’ai découvert les actions telles que celles de Génération Identitaire, mais aussi le travail accompli lors de vos camps d’été. Je suis très impressionné par votre esthétique, domaine que je considère très important. Je suis avec beaucoup d’intérêt ce que vous faites et je suis heureux de voir que vous avez réussi à répondre très rapidement aux nécessités d’un environnement politique qui change rapidement.

    Vous dites qu’il n’y a pas eu de véritable révolution industrielle en Grèce au XIXème siècle, à l’inverse des autres nations européennes. J’ai lu dans la presse française que beaucoup de Grecs ont encore de la famille à la campagne et peuvent y retourner en cas de pénurie énergétique et de graves tensions sociales. N’est-ce pas une certaine force que d’avoir cette possibilité de maintenir le contact avec sa terre à notre époque ?

    En effet. C’est toujours bon d’avoir la possibilité de revenir en arrière. La semaine dernière, j’ai eu la chance de manger les légumes que mon père et ma mère ont fait pousser dans leur jardin. C’est une force mais ça a surtout à voir avec la survie. L’industrie, de nos jours, ne tourne pas autour du textile. Être capable de relocaliser la production de nourriture est important. Mais je souhaite que la Grèce ait une industrie informatique, un programme spatial, etc. Survivre dans des conditions extrêmes est importants. Mais nous avons aussi besoin de garder un œil sur l’avenir que nous voulons bâtir.

    Un dernier mot pour nos lecteurs français ?

    Les Français, les Grecs, les Italiens ont les mêmes problèmes. Je suis autant Européen que je suis Grec, et Athénien. Pour moi, chacune identitaire est le même que chaque activiste grec. Votre combat est le mien.

    http://fr.novopress.info/157895/dimitrios-papageorgiou-patria-magazine-avons-ete-frontiere-leurope-mille-ans/

  • LA PREUVE PAR LES CHIFFRES: LES CATHOLIQUES ALLEMANDS VOTAIENT BEAUCOUP MOINS POUR LES NAZIS

    On savait déjà que les catholiques allemands avaient constitué un des principaux foyers de résistance au nazisme –il suffit de se souvenir, par exemple, du mouvement de résistance de la «Rose Blanche»,majoritairement composé d'étudiants catholiques, et resté notamment dans l’Histoire du fait du martyre de Hans et Sophie Scholl, qui étaient eux protestants.
    Voici de nouveaux chiffres pour le prouver: deux chercheurs en économie politique, Jörg L. Spenkuch (Northwestern University) et Philipp Tillmann (université de Chicago), livrent une analyse extrêmement détaillée —vous pouvez la lire ici en PDF ou là en version abrégée— de la façon dont le catholicisme a freiné la progression électorale du parti nazi d’Adolf Hitler pendant la République de Weimar.
    Entre 1928 et 1933, année de la nomination d'Hitler à la chancellerie, le NSDAP est passé de 2,6% à 43,9% des voix aux élections législatives. Mais il est resté comparativement plus faible dans les régions à prédominance catholique, très marquées en Allemagne depuis la Paix d’Ausbourg de 1555, qui avait donné le droit aux seigneurs locaux d’imposer leur religion à leurs sujets.
    En haut, la population catholique en Allemagne en 1932 (plus une région est foncée, plus il y a de catholiques). En bas, le vote en faveur du NSDAP aux élections de la même année. (Carte extraite de l'étude de Jörg L. Spenkuch et Philipp Tillmann)

    Mais cela était-il dû au catholicisme en lui-même, ou au fait que les catholiques allemands présentaient un profil économique (davantage de paysans) et géographique (davantage présents dans le sud et loin des grandes villes) que les protestants? Pour en avoir le cœur net, les deux chercheurs ont mené une analyse croisée des résultats des élections au niveau local (comtés et municipalités) et des variables socio-économiques (religion, CSP, emploi…).

    Conclusion :

    «La religion est le facteur prédictif le plus important du vote nazi. Plus spécifiquement, la composition religieuse des circonscriptions explique un peu plus de 40% de la variation du résultat du NSDAP au niveau d’un comté. […] Toutes choses égales par ailleurs, les protestants étaient au moins deux fois et demi plus enclins à voter pour les nazis que les catholiques.»
    Pour expliquer ce résultat, les chercheurs éliminent statistiquement plusieurs facteurs (la supposée «religiosité» plus grande des catholiques, qui les aurait rendu moins réceptifs au paganisme nazi, ou un rapport à l’autorité politique différent...) pour se concentrer sur l’attitude de la hiérarchie catholique. Très liée au Zentrum, le parti de centre-droit catholique, celle-ci a pris à l’époque, contrairement à son homologue protestante, des positions offensives contre les nazis, en interdisant à ses fidèles d’adhérer au parti.
    «Celui qui vote pour Hitler devra le justifier le jour du Jugement dernier. Il n’y a pire péché que voter pour lui!», a ainsi déclaré un jour le curé de Waldsee, une ville de Rhénanie. Jörg L. Spenkuch et Philipp Tillmann ont d’ailleurs observé, là encore toutes choses égales par ailleurs, un taux de vote pour les nazis nettement supérieur dans les villages dont les curés se montraient «sympathisants» envers le parti hitlérien.
    Des prêtres qui ont été rejoints, après mars 1933, par la hiérarchie catholique allemande, qui s'est ralliée au régime —un reflet de l'attitude parfois ambiguë de l'Église envers le régime, y compris en dehors d'Allemagne.
    source
  • Le mythe de la Révolution égalitaire : les biens nationaux

    Avec une très grande lucidité, Napoléon déclarait : « À l’origine de la Révolution il y a la vanité. La liberté n’a été qu’un prétexte. » La vanité et donc l’envie... La Révolution a donné lieu à un énorme transfert de propriétés, le plus important de notre histoire. La confiscation des biens du clergé (10 octobre 1789) puis celle des biens d’émigrés, qui fut de moindre ampleur, ont créé une nouvelle catégorie de propriétaires : les acquéreurs de biens nationaux.
    La finalité de la « nationalisation »
    La confiscation – improprement appelée « nationalisation » car aucune indemnité ne fut versée à l’Église – des biens du clergé visait à combler le déficit des finances de l’État. Ces biens, mis à la disposition de la nation, devaient être vendus et l’argent rentrerait dans les caisses publiques.
    Mais, ce trésor n’était pas immédiatement disponible. Il était formé de forêts, de terres, de bâtiments et non de liquidités. C’est parce que les besoins de l’État étaient pressants et que l’on ne pouvait mettre sur le marché tous ces biens en même temps sous peine de dépréciation, que l’on a émis un papier, l’assignat, gagé sur ces biens et permettant d’anticiper les rentrées prévues.
    Les ventes se sont faites aux enchères. Rien n’a été prévu pour les pauvres : pas de « loi agraire », pas de morcellement à l’origine. Le texte fondamental est du 14 mai 1790. Il classe les biens d’Église en quatre catégories et fixe les évaluations pour la mise à prix : 22 fois le revenu net, d’après les baux en usage pour une terre ou un bois ; pour les immeubles urbains, des estimations par des experts sont prévues.
    Mais, ce qu’il faut surtout retenir, ce sont les longs délais accordés pour le paiement. La vente est au comptant jusqu’à 12% pour les champs. Le surplus est prévu en douze annuités égales, avec un intérêt de 5%. L’achat est dispensé du droit de mutation et soumis à un simple droit fixe peu élevé. Ces délais de paiement ont transformé la vente en une opération extrêmement avantageuse. Car le remboursement s’est fait en assignats ; ceux-ci se dévaluant, l’acquéreur a remboursé en papier sans valeur.
    Les nouveaux propriétaires
    Les acquéreurs des biens nationaux furent de plusieurs catégories. Il y eut des spéculateurs, comme la fameuse « bande noire » qui enlève des enchères à bas prix par la menace : telle abbaye des environs de Périgueux fut vendue 560 000 livres au lieu des 12 millions de l’évaluation ! Viennent ensuite des bourgeois, hommes de loi, négociants, architectes, entrepreneurs, etc. Notons, au passage, que la noblesse et le clergé lui-même n’ont pas boudé ces ventes : le comte de Valence, par exemple, n’hésite pas à se porter acquéreur du château de l’évêque du Mans. En Île-de-France, toutefois, les acquéreurs sont à une écrasante majorité, des bourgeois.
    Les paysans devraient être les premiers intéressés. Mais, ces achats étaient impossibles pour un journalier, sauf s’il s’agissait d’un petit lot. En dehors de gros fermiers, de métayers aisés (il y en a), ce sont plutôt des représentants de catégories les plus élevées du monde rural, aubergistes, marchands, artisans, qui achètent.
    Un instrument politique de fidélisation au régime
    Les biens nationaux ont été un facteur puissant d’enrichissement. Leur succès s’explique par la fureur, la passion de posséder des terres, qui a toujours caractérisé la société française. Grâce à la Révolution, on devient propriétaire. Et ces nouveaux propriétaires ne pourront qu’être attachés à la Révolution. C’était le calcul secret des auteurs de ces confiscations. Secret tout relatif cependant, car Mirabeau vendit la mèche à la Constituante.
    Tout acquéreur de bien national ne peut qu’être hostile à un retour de l’Ancien Régime qui remettait en cause sa propriété. Il ne peut également qu’être hostile aux idées des révolutionnaires extrémistes comme Babeuf. Sous la Révolution, les comportements sont dictés par cet instinct de propriété. C’est ce que comprit Saint-Just quand il fit voter les décrets de Ventôse (février-mars 1793), qui n’eurent cependant qu’une application très limitée, visant la distribution gratuite de terres aux indigents : il fallait atténuer les amertumes, s’attacher les paysans qui n’avaient pu profiter de ces ventes.
    Par la suite, Bonaparte fut porté au pouvoir par les acquéreurs de biens nationaux. Il était leur rempart. Et ils lui furent reconnaissants de faire figurer en bonne place dans les négociations du Concordat de 1801 la reconnaissance par le pape de la vente des biens d’Église. Quant aux acquéreurs des biens des émigrés, il les garantissait contre un retour des Bourbon. Ce « pacte » n’est pas secret. Lorsque Napoléon fut sacré empereur, la cérémonie religieuse expédiée et le pape s’étant retiré, Napoléon 1er assis, la couronne sur la tête, prononça un serment où il jurait de maintenir notamment « l’égalité des droits, la liberté politique et civile et l’irrévocabilité des ventes des biens nationaux ».
    À son tour, Louis XVIII, pour pouvoir succéder à Napoléon, dut s’engager à ne pas revenir sur ces ventes. L’article 9 de la Charte de 1814 énonçait que « toutes les propriétés » étaient « inviolables, sans aucune exception », y compris celles qui étaient appelées « nationales ».
    Jean Tulard, Jean-Pierre Deschodt, Mythes et polémiques de l’histoire
    http://www.oragesdacier.info/2014/03/le-mythe-de-la-revolution-egalitaire.html

  • Le 6 février 34, coup de force ou coup de sang ?

    Quelques jours après le « Jour de colère » organisé le 26 janvier dernier à Paris, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a audacieusement comparé dans le Journal du Dimanche le climat politique actuel avec celui de l'avant-guerre : « Le point commun avec les années 1930, c'est cet anti-républicanisme et la détestation violente dans les mots comme dans les actes de nos valeurs et de nos principes. » Ce rapprochement appartient à l'imaginaire paranoïaque d'une gauche française qui, n'ayant pas eu à combattre un fascisme qui n'exista jamais dans notre pays, a construit ses fantasmes morbides autour de la date du 6 février 1934, autre jour de colère grimé en tentative de coup de force. Il existe toutefois un point commun entre notre bel aujourd'hui et cette époque : les Français pensaient déjà que leurs élus étaient « tous pourris ». C'est ce sentiment qui fut à l'origine des manifestations de 1936, au lendemain de l'affaire Stavisky, née d'une escroquerie dans laquelle avaient tripatouillé des magistrats, des parlementaires et un ministre.
    Né en 1886 près de Kiev, dans une famille juive, et arrivé en France à l'âge de 12 ans, Alexandre Stavisky a déjà derrière lui, en 1933, une solide carrière d'aigrefin, cumulant les arnaques les plus variées. Arrêté en 1926 et libéré l'année suivante, il s'est refait une vertu en toc et strass, a investi dans des journaux, fréquenté les salons parisiens en vue et cultivé d'utiles relations dans les milieux politiques. Il commet pourtant une escroquerie de trop en détournant plus de 200 millions de francs au détriment du Crédit municipal de Bayonne, avec la complicité, entre autres, du député de cette ville. L'affaire éclate fin décembre 1933. Menée par Albert Prince, conseiller à la Cour d'appel de Paris, l'enquête met à jour les multiples connivences et protections dont l'escroc bénéficie dans les milieux politiques et judiciaires, mouillant, entre autres, le ministre des Colonies Albert Dalimier, radical et franc-maçon, et le procureur général Pressard, beau-frère du président du Conseil Camille Chautemps.
    Multiplication de « suicides »
    Recherché, Stavisky se réfugie dans un chalet qu'il possède à Chamonix, où il meurt, « suicidé » de deux balles dans la tête, lorsque les policiers viennent l'y arrêter, le 8 janvier 1934. L'affaire connaîtra un épilogue non moins sanglant avec la découverte, le 20 février, près de Dijon, du corps déchiqueté du conseiller Prince, attaché aux rails du chemin de fer: second « suicide »(1). Entretemps, c'est à Paris que le sang aura coulé.
    Tout au long du mois de janvier, la ligue d'Action française y organise des manifestations presque quotidiennes, qui conduisent Camille Chautemps à démissionner, le 27 avril. Le président de la République, Albert Lebrun, demande alors à Edouard Daladier de former un cabinet. L'une des premières mesures que prend le nouveau président du Conseil est de relever de ses fonctions le préfet de police Jean Chiappe, qui avait la confiance des ligues et des anciens combattants. Cette décision apparaît comme une provocation et l'Union nationale des combattants (UNC) appelle à manifester le 6 février. Le quotidien L'Action française titre à la une : « Contre les voleurs, contre le régime abject, tous, ce soir, devant la Chambre ! »
    Les gendarmes tirent ; les premiers morts tombent
    Au jour dit, les principales ligues : AF, Solidarité française, Jeunesses patriotes, Croix-de-feu, la Fédération des contribuables, les anciens combattants de l'UNC, descendent dans la rue. Les gendarmes mobiles, gardes républicains à cheval et gardiens de la paix barrent la route à la foule pour l'empêcher d'atteindre le Palais-Bourbon. Vers 19 heures se produisent les premières échauffourées avec les manifestants, qui, massés sur la place de la Concorde, bombardent les forces de police de projectiles divers. Les gendarmes tirent ; les premiers morts tombent. Peu avant 22 heures, les gardes à cheval chargent la foule, qui riposte en jetant des pétards sous les ventres des chevaux et des billes d'acier sous leurs sabots. Les gendarmes ouvrent de nouveau le feu pour chasser définitivement les manifestants de la place de la Concorde. Le bilan de la soirée est lourd : 664 blessés et un tué du côté des forces dites de l'ordre; parmi les manifestants, 650 blessés et 16 morts - auxquels s'ajouteront six autres victimes, décédées des suites de leurs blessures.
    Le lendemain, la gauche crie au complot « fasciste » visant à renverser la République. Faut-il y croire ? Comme l'a écrit Eric Vatré dans un article publié par la revue Enquête sur l’histoire(2), la marche sur le Palais-Bourbon, d'ailleurs désert ce soir-là, « ressortit avant tout au symbole, et ne pouvait constituer un objectif stratégique de coup d’État », d'autant moins que les manifestants n'étaient pas armés. En outre, « ce qui caractérise cette journée tragique, c'est une absence complète de coordination entre les ligues. (...) Ni programme ni chef susceptible de rassembler les opposants au régime, ni plan ni désir de prise de pouvoir. » Le colonel de La Rocque, chef des Croix-de-feu, fondamentalement républicain, a même refusé tout contact avec les autres responsables. Ses militants se dispersent d'ailleurs sans affronter la police.
    Pour chercher autre chose, dans les événements du 6 février 1934, qu'une explosion de colère populaire, il faut donc lire l'histoire après qu'elle a été écrite : si, ce jour-là, la gendarmerie n'avait pas tiré sur le peuple, qui se souviendrait aujourd'hui de cette « nuit de sacrifice, qui reste dans notre souvenir avec son odeur, son vent froid, ses pâles figures courantes, ses groupes humains au bord des trottoirs... » ?(3)
    Hervé Bizien monde & vie 25 février 2014
    1) Pierre Bonny, policier véreux qui co-dirigera plus tard la gestapo de la rue Lauriston, avouera à son fils, avant d'être fusillé en décembre 1944, sa responsabilité dans le meurtre du conseiller Prince « pour défendre la République ».
    2) Enquête sur l'histoire n° 6, printemps 1993.
    3) Robert Brasillach, in Notre avant-guerre. L'écrivain sera fusillé le 6 février I945 : « Sur onze ans de retard, serai-je donc des vôtres ? je pense à vous ce soir, ô morts de février ».

  • Les nouveaux visages du mondialisme par Georges FELTIN-TRACOL

    Suite à ma brève étude consacrée à l’U.K.I.P. (Parti de l’Indépendance de la Grande-Bretagne) de Nigel Farage, « Poussée souverainiste outre-Manche » dans le mensuel en ligne Salut public, n° 16 de juin 2013, des lecteurs se sont étonnés que je qualifie ce mouvement souverainiste britannique de « national-mondialiste ». Il est vrai que le qualificatif paraît osé, mais cette provocation voulue entend signaler une tendance nouvelle qui témoigne de la mue du mondialisme afin de contourner et de neutraliser les réactions souvent défensives qu’il suscite.

    Le mondialisme « classique » se présente sous deux formes souvent antagonistes tant au sujet des moyens que des finalités dernières. Le premier mondialisme demeure le plus connu puisqu’il regroupe les cénacles de l’hyper-classe oligarchique planétaire et domine les médiats, la finance, la politique et les grands groupes transnationaux. Ces mondialistes-là se retrouvent régulièrement lors des réunions à Davos,  de la Commission Bilderberg ou de la Trilatérale, etc. Ces chantres de la mondialisation globale ne revendiquent pas publiquement, sauf exceptions notables, un État mondial. Ils préfèrent soutenir une « communauté internationale » régie par des normes occidentales, libérales et « démocratiques de marché » (en fait ploutocratiques et oligarchiques) qui écrase le politique au profit d’un économicisme. Pour eux, la paix universelle garantit le maximum d’affaires donc de profits. Le second mondialisme, bien plus récent, apparaît à la fin des années 1990. C’est l’« altermondialisme ». Prétextant des préoccupations sociales, environnementales et sociétales, les altermondialistes imaginent une structure politique inter-continentale dans laquelle les citoyens du monde sur-connectés exprimeraient leurs avis à des dirigeants révocables sur le champ grâce à la grande Toile numérique mondiale. Si les altermondialistes mènent souvent des combats sympathiques et nécessaires, leur dessein final d’évacuation définitive du politique et du conflit les dessert, d’où l’amenuisement perceptible depuis cinq – six ans de leur activisme.

    Ces deux versions mondialistes ne cachent pas leur objectif ultime, ce qui explique probablement la méfiance immédiate des peuples. Suite à cette défiance véritable, tel un organisme confronté à un problème de survie, l’idéologie mondialiste a commencé une entreprise de diversification morphologique, à un travestissement des idées, voire à une infiltration, avec le secret espoir de favoriser une large confusion. Le phénomène est particulièrement notable avec le régionalisme.

    En Bolivie, l’élection en 2006 de l’Amérindien révolutionnaire Evo Morales à la présidence de la République stimula le séparatisme de cinq départements amazoniens du pays. Il fallut toute l’autorité présidentielle d’Evo Morales pour éteindre ces velléités centrifuges. Ces séparatistes, souvent d’origine créole, proche des riches propriétaires des latifundia et financés par les États-Unis, défendaient-ils une culture particulière, une autonomie linguistique ou une spécificité historique ? Nullement ! Leurs motivations premières étaient la défense de leur fortune agrarienne et leur refus d’obéir à un président à la peau cuivrée. Il est intéressant de relever que certains de ces indépendantistes rêvaient que leur hypothétique État adhérât à l’A.L.E.N.A. …

    On retrouve cet exemple de « régional-mondialisme » d’une manière moins nette, plus diffuse, en Europe de l’Ouest. probable grand vainqueur aux élections législatives, régionales et communautaires l’année prochaine en Belgique, la Nouvelle Alliance flamande de Bart De Wever doit être désignée comme une formation « nationale-centriste ». Si son seul député européen siège dans le groupe commun des Verts – A.L.E. (Alliance libre européenne – régionaliste), son meneur principal et actuel maire d’Anvers ne cache pas son admiration pour le libéral-conservateur anglais Edmund Burke. Se focalisant sur la question linguistique qui exclut les minorités francophones albo-européennes et qui accepte des populations étrangères non européennes néerlandophones, la N.V.A. soutient un regrettable point de vue assimilationniste et réducteur.

    En Catalogne, l’année 2014 risque d’être décisive puisque le gouvernement autonome catalan démocrate-chrétien, encouragé par l’extrême gauche républicaine indépendantiste, prévoit un référendum d’auto-détermination par avance rejeté par le gouvernement conservateur de Madrid. Le chef de la Généralité catalane, Artùr Mas, développe une démagogie intense en faveur de l’indépendance alors que la région très autonome croule sous un endettement public faramineux. Indépendante, la Catalogne deviendrait une proie facile pour les jeunes requins friqués d’Asie et du Moyen-Orient. Comme pour les Flamands d’ailleurs, les indépendantistes catalans rêvent d’adhérer à l’Union européenne et de se maintenir dans l’Alliance Atlantique.

    Le phénomène est plus frappant en Écosse. En 2014 se tiendra un référendum sur l’indépendance validé par le Premier ministre conservateur britannique, David Cameron, et son homologue écossais, Alex Salmond, chef du S.N.P. (Parti nationaliste écossais) indépendantiste d’orientation sociale-démocrate. Dans le cas d’une Écosse libérée d e la tutelle londonienne, le nouvel État serait toujours une monarchie parlementaire avec pour reine Elisabeth II et ses successeurs. Quant à la monnaie, ce serait soit l’euro, soit la livre sterling.

    Il faut oublier les belles images du film de Mel Gibson Braveheart. Hormis une minorité indépendantiste identitaire réunie au sein d’un Front national écossais (1), les indépendantistes écossais – en tout cas leurs responsables – communient eux aussi dans le « multiculturalisme ». Dans la perspective de la consultation référendaire, le S.N.P. dispose du soutien de la communauté pakistanaise. D’ailleurs, le ministre écossais des Affaires étrangères et du Développement internationale, Humza Yousaf, est un Pakistano-Kényan. Alex Salmond déclare ainsi que « nous avons une identité attrayante, d’autant plus que nous ne mettons pas en avant un caractère exclusif. Les gens ont droit à la diversité et l’écossité en fera partie à coup sûr (2) ».

    À quoi bon dès lors une Écosse indépendante si la population n’est plus écossaise à moyen terme ? Un néo-mondialisme investit donc le champ régional sans trop de difficultés d’autant que maints régionalistes récusent toute connotation identitaire.

    Ce néo-mondialisme s’invite même chez les souverainistes anti-européens du Vieux Continent. Le cas du Parti pour la liberté (P.V.V.) néerlandais de Geert Wilders reste le plus exemplaire. Ce parti néo-conservateur et libéral défend les droits de la minorité homosexuelle face à l’affirmation d’un islam rigoriste assumé. Dans une logique de confrontation entre l’Occident, perçu comme la patrie universelle des droits de l’homme, et l’Islam, considéré comme une civilisation arriérée, le P.V.V. s’aligne sur des positions atlantistes et sionistes avec la secrète espérance de ne pas être diabolisé par les médiats. Cette démarche similaire se retrouve en Allemagne où règne depuis 1945 une incroyable terreur mémorielle. Des formations d’audience régionale comme Pro Köln (Pour Cologne) ou Pro N.R.W. (Pour la Rhénanie du Nord – Westphalie) tiennent un discours anti-musulman grossier qui confond Al-Qaïda et le Hezbollah libanais. On devine une argumentation néo-conservatrice et atlantiste du choc des civilisations…

    En France, le néo-mondialisme ne parie pas encore sur le F.N. dédiabolisé de Marine Le Pen. Outre le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, il encourage plutôt l’ancien Young Leader de la French American Foundation, Nicolas Dupont-Aignan de Debout la République. Comme d’ailleurs Mélenchon, le député-maire d’Yerre suggère comme alternative au projet européen une union méditerranéen France – Afrique du Nord ! Remarquons aussi qu’il envisagea de coopérer avec le F.N. à la condition que celui-ci abandonne son positionnement identitaire. Or c’est précisément ce choix fondamental qui permet au part frontiste d’être la troisième force politique de l’Hexagone.

    Le néo-mondialisme a enfin pris le visage du populisme en Italie avec Beppe Grillo et son Mouvement Cinq Étoiles. L’extraordinaire succès de cette force « anti-politique » aux législatives anticipées de février 2013 a mis en lumière le rôle de gourou de Gianroberto Casaleggio. Ce riche patron d’une entreprise d’informatique rêve d’un État mondial numérisé d’influence New AgeGaïa – dans lequel seraient proscrites les religions et les idéologies (3). Par certains égards, on peut considérer que Casaleggio représente le versant populiste d’un néo-mondialisme comme Wilders en incarne le versant néo-conservateur atlantiste. Dernièrement, Nigel Farage a considéré comme « épouvantable » une campagne du ministère britannique de l’Intérieur destinée à dégoûter les immigrés illégaux de venir en Grande-Bretagne (4). Farage précise même qu’il trouve cette opération publicitaire « très “ Big Brother ” […], très Allemagne de l’Est dans les années 1980, une horrible façon de lutter contre l’immigration (5) ».

    Il est intéressant de remarquer que ces partis dits « populistes » et « eurosceptiques » mésestiment, minorent ou ignorent délibérément – peut-être pour satisfaire le politiquement correct des gras médiats – la thématique identitaire. L’U.K.I.P. dénonce plus la présence de Polonais ou de Grecs que l’immigration venue du Commonwealth. Quant aux critiques du P.V.V., elles se focalisent sur l’islam et non sur l’immigration (6). Finalement, au jeu des comparaisons, l’Aube dorée grecque et le Jobbik hongrois témoignent d’un sens plus développé de l’identité ancestrale autochtone, ce qui par ces temps troublés n’est pas négligeable.

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/?p=3301

    Notes

    1 : Cette formation est évoquée par l’excellent blogue de Lionel Baland, le 21 juin 2013 : http://lionelbaland.hautetfort.com/

    2 : dans The Observer cité par Courrier International du 18 au 24 juillet 2013.

    3 : Lire l’excellente analyse de Patrick Parment, « Le présent italien annonce-t-il le futur italien ? », Synthèse nationale, n° 31, mars – avril 2013.

    4 : Julien Laurens, « Shocking, la pub anti-clandestins ! », Aujourd’hui en France, 1er août 2013.

    5 : dans Le Nouvel Observateur, 29 août 2013.

    6 : À la décharge de l’U.K.I.P. et du P.V.V., reconnaissons-leur qu’ils viennent de s’opposer officiellement – et avec raison – à toute intervention militaire occidentale en Syrie. Ils rejoignent de ce fait le B.N.P., l’Aube dorée, le F.N. et les Republikaner allemands.

  • La Démocratie au Moyen Âge !

    En dépit de la vague romantique qui, au XIXe siècle, va entreprendre une réhabilitation partielle et souvent mythique du récit « historique » de cette longue époque (un millénaire) que les érudits de la renaissance ont reléguée au rang de « moyen-âge », l’imagerie commune en garde encore des idées complètement fausses : le moyen-âge, pour beaucoup, c’est l’époque où le petit peuple, ignorant et analphabète, est soumis au diktat implacable d’un ordre politique militaire monarchique, et d’un ordre spirituel clérical séculaire et dogmatique ; c’est l’époque des seigneurs, de l’inquisition, des sorcières et des bûchers ; c’est l’époque des guerres incessantes, des croisades sanglantes et de la peste ; en résumé, le moyen-âge serait une époque obscure, sombre, « gothique ». Voici ce que nous en dit Michel FRAGONARD :

    « (…) l’histoire représente, au XIXe siècle, un enjeu « politique » essentiel (en témoigne d’ailleurs l’attention des gouvernements, dont l’action d’un Guizot, lui-même historien, est le meilleur exemple) : sa promotion est inséparable de l’affirmation du sentiment national, fruit à la fois de la Révolution française et des courants romantiques allemands ; et l’un des enjeux essentiels est la question des origines nationales. On comprend alors l’intérêt des historiens, initiateurs et propagateurs de cette conscience nationale, pour le Moyen Age, aux fondements de la nation. Intérêt non dépourvu de considérations idéologiques : au moment où, en France, conscience nationale et aspiration démocratique sont intimement liées dans une mystique du « peuple » (notion combien ambiguë), l’œuvre d’Augustin Thierry (Récits des temps mérovingiens, Essais sur la formation et les progrès de l’histoire du Tiers État) est sous-tendue par une thèse historico-ethnique (les origines proprement « gauloises » du peuple français, à contre-pied d’une historiographie « aristocratique » insistant sur les origines franques). Dans cette quête historique d’un Moyen Age où se trouvent les sources de la nation, l’exemple le plus illustre, en France, est celui de Michelet, qui consacre six volumes de sa monumentale Histoire de France (inachevée) au Moyen Age et qui, dans ses autres ouvrages, revient régulièrement sur la période (voir la Sorcière). »

    Lire la suite...

  • Le concept de Français est-il devenu une fiction ?

    "Le concept de Français est devenu une fiction qui n’est plus tenable" déclare Renaud Camus sur Boulevard Voltaire

    Selon une enquête “Génération quoi ?”, initiée par France Télévisions, 46 % des 18-34 ans ne font plus confiance aux politiques (qu’ils trouvent corrompus et pour qui gauche et droite se valent). C’est inquiétant ?

    Renaud Camus - Non, c’est assez rassurant sur le bon sens des sondés. La caste politique est un des groupes les plus déculturés, décivilisés, désélitisés de la société française. Elle est noyée dans la société du spectacle ou plus exactement du show-business et se confond avec elle, à un rang inférieur à celui des “artistes”. Rien n’est plus instructif à cet égard que de voir qui épouse qui, qui prend où ses maîtresses et ses amants, qui passe avec qui les fêtes de fin d’année. Après la présidence Jean Clavier, voici la présidence Gérard Jugnot. Pendant ce temps-là ces gens s’occupent (mal) de petites misères tandis que survient dans un silence imposé la plus formidable commotion de toute notre histoire, le Grand Remplacement.

    Un tiers des 210.000 répondants envisagent que des emplois puissent être réservés aux Français. Cela vous étonne ? [..]

    La suite ici

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Le-concept-de-Francais-est-il

  • Les coptes d’Égypte : 1970-2011 Discriminations et persécutions

    Une critique du livre de Christine Chaillot (Editions de L’œuvre), proposée par LM De Woillemont :

    C"Un des signes de ralliement des chrétiens est le signe de la croix. C'est même le lieu et le moment  de la victoire de la vie sur la mort, paradoxalement. Pour tous les chrétiens de la planète terre, en attendant les martiens et autres extra terrestres, cela n'a pas toujours le même sens. Pour quelqu'un que je  fréquente  depuis plusieurs dizaines d'années,  moi par exemple, petit bourgeois occidental normalement endormi, le signe de la croix est une activité assez banale que je  pratique à l’église ou lorsque je récite des prières. Il n'en est pas ainsi pour les Coptes ou les Coréens du Nord, voire les Chinois ou encore les Vietnamiens. Pour ces gens là le signe de la Croix est le signe de la victoire spirituelle certes mais surtout de mort sociale ou de mort tout court. Non sans souffrance diverses et variées.

    Prenons la cas des Coptes. Le nom a un sens, déjà, il signifie «égyptien». D'une certaine manière ils peuvent prétendre être les seuls Egyptiens puisqu’ils sont les véritables héritiers des peuples de l’Égypte ancienne et reconnus comme tels. Pour éviter un mot interdit, on utilisera le mot d’ethnie. Ou, pour reprendre un terme utilisé en France, les «Égyptiens de souche» ceux qui étaient là avant l’envahisseur et colonisateur arabe. De même qu’Israël est revenu à son légitime propriétaire, on pourrait rendre l’Égypte aux Coptes.

    Au XXeme siècle, les Coptes et les musulmans ont eu l'occasion de s'unir ensemble contre l'occupant britannique. Il y eut un grand moment de combat de la nation égyptienne sous la bannière du parti Wafd. Dina el-Khawaga intellectuelle musulmane laïque soutint en 1993 à Sc-Po Paris une thèse sur «Le Renouveau copte.1919-1942» dans lequel elle écrit :« Les dirigeants coptes défendent alors avant tout la nation au lieu de représenter les soucis et aspirations de l'ensemble des coptes». C'est aussi l'époque ou Hassan al-Bana crée le mouvement politico religieux des Frères musulmans qui milite en faveur de la charia. Le Coran est leur constitution, et leur mission «d'éduquer le monde selon les principes de l'islam». Le Frère musulman promet en outre de combattre pour accomplir cette mission tant qu'il vivra et de sacrifier pour cela tout ce qu'il possède». Il y a une dimension secte que l'on retrouve dans la  Franc-Maçonnerie mais aussi et surtout le fanatisme musulman. Selon Al Bana «l'islam est à la fois l'injonction et l’exécution, tout comme il est la législation et l'enseignement la loi et le tribunal, pas l'un sans l'autre». Bref, comme l'indique frère Tariq l'islam est un «englobant». La difficulté c'est que les Coptes ne veulent pas être englobés.

    Un moment de répit fut le régime du colonel Nasser qui interdit les  frères musulmans et créa avec la Syrie la RAU (République Arabe Unie) entre 1958 et 1961. Il manifesta aussi beaucoup  de respect pour le pape orthodoxe  Cyrille V. Mais son successeur Anouar el Sadate se crut assez fort pour manipuler les frères afin de contrer les nasséristes et les marxistes. On connaît le  résultat : ils l’assassinèrent. La vérité est que l’Égypte vit sous subvention US: 1,7 milliards et 415 millions pour l’aide civile, 1,3 Mds pour l'aide militaire et 1,8 millions pour la formation militaire. Sans oublier le G8 qui a promit 40 Mds de dollars pour aider la Tunisie et l’Égypte en 2011. Un des très rares revenus de l’Égypte est le tourisme, activité abhorrée de Frères, tout naturellement. Torpiller une des très rares ressources de l’Égypte, qui peut, en outre, ouvrir sa population au monde extérieur et   faire découvrir les bienfaits de l'islam au monde entier et en temps réel, n’est pas du goût des Frères. Pour eux l'«Islam est  la solution». L'énorme avantage de leur aventure du pouvoir politique, qui semble prendre fin en ce moment même, est bien de démontrer, a contrario, que l'islam est non pas la solution, mais bien plutôt, comme partout ailleurs, le problème.

    La constitution de 1971 en son article 2 institue l'islam comme religion officielle de l'état et mentionne la charia comme «une source» de la législation. En 1981, Sadate fit corriger le texte en la déclarant «source principale». On n'arrête pas le progrès.

    Il y a aussi  dans ce livre tout un chapitre sur les exemples de violence subies par les chrétiens. Un grand classique est l'assassinat à la sortie de la messe. Ou encore plus fort, pendant l'office. Un peu comme les FEM HAINE en plus violent naturellement.  Avec à la clef le déni :  soit l'impétrant est considéré comme malade  mental, soit on nie le fait religieux en parlant de délinquant. L'assassin de la messe de Noël de Nag Hammadi fut condamné à  mort parce que dans la fusillade il avait tué le policier musulman chargé de protéger l'église copte. C'est dire clairement que la vie d'un coopte ne vaut rien. Généralement au moment des funérailles des victimes, les chrétiens sont caillassés bastonnés voire couverts d’excréments.

    Ailleurs, ce sont des moines qui sont kidnappés entravés, et sommés de cracher sur la croix et de réciter la chahada. Et cela dure depuis toujours, mais surtout depuis les années 70.

    En février 2007 «le mufti de la confrérie des Frères musulmans le cheikh Al-Khatib publia une fatwa interdisant la construction d'églises en Égypte et recommandant la destruction  de celles qui existaient».

    Un chapitre important de ce livre concerne les propositions de changement. Car les Coptes aiment l’Égypte et se posent en force de proposition pour tenter de sortir ce pays de la mouise dans lequel l'Islam tente de l’embourber. A commencer par la faiblesse des revenus par rapport au coût de la vie, la difficulté d'accéder aux soins et à l'éducation, la mise en place d'une vraie justice, l'ouverture d'un vrai débat sur le sectarisme, la reconnaissance des droits fondamentaux et singulièrement la liberté religieuse, ce qui passe par une reforme de l'art 2 de la Constitution, une analyse saine des rapports entre religions et de l'histoire de la région en général. Depuis 2006, la moitié des chrétiens d'Irak a du fuir leur pays livré à la guerre fratricide que sunnites et chiites se sont promis. Un dialogue religieux semble très nécessaire. Mais «laïcité» est un mot proscrit en islam car il est compris comme athéisme.

    Parfois, il se trouve cependant un musulman qui peut prononcer des paroles censées comme ce Libanais musulman Muhammad al-Sammak  qui intervint à Rome en octobre 2010 lors du Synode:  «je ne peux pas vivre mon arabité sans le chrétien arabe du Moyen orient.  L'émigration du chrétien est un appauvrissent de l’identité arabe de sa culture et de son authenticité».

    Parmi les solutions proposées par les Coptes pour l’Égypte,  il y a ce principe du fondateur du parti Wafd : «La religion est à Dieu et la patrie à tous».

    Le jésuite égyptien Henry Boulad propose quant à lui un dialogue  «islamo-musulman entre modéré et radicaux»; il observe également que «l'islam est en pleine interrogation; le signe d'un doute fondamental qui n'arrive pas à composer avec la modernité», comprise dans le sens d'une   mentalité.

    L'engagement politique publique des Coptes est un fait nouveau (comme celui des catholiques en France). La question qui se pose est celle de l'identité de l’Égypte. Va-t-elle redevenir ce très vieux pays d’où est sorti un certain Moise, et quelques mathématiciens célèbres qui ont formatés les Grecs nos maîtres en philosophie et en démocratie, ou bien va t elle rester l'un de ces innombrables pays arabo-musulmans à la dérive. Avec, comme toujours, la même intoxication à l'islam, opium le plus dur pour les peuples et voie la plus sure de la servitude."

    Le Salon Beige