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culture et histoire - Page 1709

  • Mai 68 au service de l'Empire

    Avec le recul du temps, nous pouvons dire qu'il y a eu trois Mai 68 :

    le Mai 68 libertaire, plutôt sympathique et spontané ;
    le Mai 68 syndical qui conduisit aux accords de Grenelle (augmentations des salaires) et à la mise sur orbite de Jacques Chirac ;
    et enfin le Mai 68 politique, dont le but était de déstabiliser de Gaulle et de le chasser du pouvoir, pour une série de décisions en rupture totale avec les choix stratégiques et les soumissions de la IVe République.

    De 1961 à 1967 en effet :

    de Gaulle s'est opposé à l'entrée de l'Angleterre dans la Communauté économique européenne ;
    chasse les bases militaires américaines du territoire national ;
    désengage la défense française de l'OTAN ;
    et par ses discours de Pnomh-Penh et de Montréal, fait de la France le leader des non-alignés face aux deux blocs de la Guerre froide ; soit la fameuse Troisième voie.

    Une série d'actes d'insoumission culminant avec l'apothéose pro-palestinienne de novembre 1967, totalement en phase avec l'esprit de mai à venir, mais malheureusement incompris par la jeunesse française.
    Car si l'on se souvient du climat de l'époque, l'événement déclencheur de la mobilisation étudiante en cette période de plein emploi et d'élévation constante du niveau de vie, grâce au programme du CNR appliqué par de Gaulle, ne fut pas la crise sociale, mais la guerre du Vietnam.
    Et la perversité machiavélique de l'Empire sera de faire chasser, par de jeunes idiots utiles criant "US go home !", mais entièrement sous la coupe de la culture anglo-américaine incarnée par un jeune leader venu de nulle part, mais étrangement promu par les médias, le seul opposant sérieux, dans le camp occidental, à cet impérialisme américain.
    Tel est le troisième Mai 68, le moins spontané, le plus caché, mais celui qui compta pour l'Histoire...


    Alain Soral, Comprendre l'Empire

    http://www.oragesdacier.info/

  • 1214 - 2014 : Rendez-vous national

    L’Institut de la Maison Royale de France vous invite à l’occasion du huitième centenaire de la naissance de Saint Louis à venir le fêter à Poissy le 27 avril 2014 en présence de Monseigneur le Comte de Paris et de Madame la Comtesse de Paris.

    Au programme , dépôt de gerbes devant la statue de saint Louis, Sainte Messe en la collégiale en présence des Princes , déjeuner avec les Princes suivi d’un concert. Pour plus de renseignements et pour s’inscrire contactez Emmanuel Delhoume à delhoume@maisonroyaledefrance.fr (programme provisoire).

    L’Action française sera au rendez-vous.

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?1214-2014-Rendez-vous-national

  • La Kriegsmarine et l'Opération Barbarossa

    En conquérant toute la côte atlantique de la France en juin 1940, les armées de Hitler ont dégagé le Reich de l'encerclement maritime que lui avaient imposé les Britanniques et les Français. La victoire allemande à l'Ouest ouvre au Reich les portes du large. A partir de ce moment, la Kriegsmarine ébauche des projets globaux et non plus purement défensifs, limités à la Mer du Nord et à la Baltique. C'est l'Amiral Carls, Commandant en chef du Groupe Est, qui fut le premier à fournir une étude globale, définissant les objectifs de la guerre sur mer (1). Son mémorandum reflète parfaitement l'état d'esprit des chefs de la marine allemande, après que les côtes atlantiques de la France soient tombées aux mains des Allemands.
    L'Allemagne: une puissance d'ordre à l'échelon mondial
    Carls, dans son mémorandum, parlait un langage clair. Sans circonlocutions, il déclare que l'Allemagne, désormais, doit devenir une puissance mondiale. Il ne craint pas de mener la guerre “contre la moitié ou les deux tiers du monde”. Déjà en 1938, il avait dit que l'Allemagne pouvait envisager de mener un tel combat avec succès. En déclarant que l'Allemagne devait devenir une puissance mondiale, Carls imposait à la marine une ligne de conduite, qui impliquait, à son tour, plusieurs objectifs de guerre: après avoir récupéré les anciennes provinces et territoires du Reich à l'Ouest et réclamé le retour des anciennes colonies africaines, Carls préconisait la constitution d'une confédération des Etats d'Europe du Nord sous l'égide allemande, regroupant, outre le Reich, une Grande-Flandre, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, y compris leurs possessions d'outre-mer. Les possessions qu'apporteraient le Danemark et la Norvège dans la nouvelle communauté d'Etats (Spitzberg, Groenland, Islande, Iles Féroé), garantirait la domination maritime du Reich dans l'Atlantique-Nord, qui serait encore consolidée par l'annexion des Iles anglo-normandes et des Shetlands —la marine considéraient encore l'annexion de ce petit archipel au Nord de l'Ecosse comme un but de guerre en 1944. Cette position fortifiée dans le Nord aurait permis à l'Allemagne d'avoir un accès libre aux zones centrales de l'Atlantique, grâce à l'inclusion dans la sphère d'influence du Reich d'une bande littorale ouest-française. Les ports de cette bande littorale auraient servi de tremplin vers le sud, permettant du même coup de se rendre maîtres de la côte ouest-africaine. Sur cette côte, l'Allemagne devra s'assurer quelques territoires, de façon à s'aménager des points d'appui. Ensuite, l'Union Sud-Africaine, y compris la Rhodésie du Sud, deviendraient des Etats indépendants et se détacheraient de l'Empire britannique, s'empareraient de Madagascar et des îles avoisinantes, de façon a créer une “chaîne” de points d'appui qui s'étendrait de l'Océan Indien au Pacifique, en passant pas les colonies néerlandaises (Indonésie), tombées sous influence allemande grâce à l'inclusion de la Hollande dans la communauté des Etats du Nord de l'Europe. Cette “chaîne” aboutirait au Bornéo septentrional qui serait, lui aussi, détaché de l'Empire et passerait sous domination allemande.
    Cette esquisse des ambitions allemandes, élaborée par Carls, correspondait bel et bien à l'état d'esprit qui régnait dans les états-majors de la marine. Seuls quelques officiers ont émis des revendications plus modérées, mais qui ne portaient que sur les détails, non sur l'essentiel. Ainsi, le Chef du 1er Skl., le Contre-Amiral Fricke, en formulant une ligne de conduite légèrement différente, estimait que l'Allemagne devait en priorité s'affirmer comme puissance européenne dominante. Fricke suggérait de ne pas mettre la charrue avant les bœufs et de ne pas aller trop vite en besogne en voulant faire de l'Allemagne une puissance mondiale. Le Commandant-en-chef de la Marine, le Grand-Amiral Raeder, pour sa part, refusait de s'emballer pour les projets trop audacieux et ne voulait pas perdre de vue l'essentiel: les objectifs à court terme; l'acquisition de points d'appui insulaires et continentaux le long des côtes africaines ne serait alors qu'un objectif à moyen terme. Dans les détails, les buts déclarés variaient d'une personnalité à l'autre. Mais il n'en demeure pas moins vrai que tous les officiers de l'état-major de la marine de guerre étaient d'accord sur un point: l'Allemagne était devenu une puissance d'ordre et devait s'affirmer en tant que telle sur toute la surface du globe. Aucun officier de marine ne mettait en doute la nécessité de faire du Reich la puissance hégémonique en Europe, la puissance organisatrice d'un “grand espace” économique européen, avec son complément colonial africain. Cette mission devait forcément donner à l'Allemagne une vocation planétaire. Toutes les ébauches de la marine impliquaient une Weltpolitik de grande envergure. Sans la moindre hésitation, les officiers de la marine prévoyaient de bétonner et de consolider les positions du “Reich Grand-Allemand” sur le plan géostratégique, de même que ses intérêts outre-mer, de “façon définitive, sur le fond, pour tous les temps”.
    L'objectif à court terme: devenir une puissance coloniale
    Les exigences coloniales de la marine allemande, de même que sa volonté d'acquérir des points d'appui, vise en premier lieu à asseoir solidement les revendications allemandes. Carls souhaitait un désarmement de l'Angleterre et de la France et pensait qu'il ne fallait réaccorder l'égalité en droit à ces deux puissances que lorsqu'elles auraient accepté l'ordre nouveau imposé par le Reich à l'Europe. Leurs empires coloniaux devront être réduit en dimensions, afin qu'ils soient égaux en taille aux possessions allemandes d'outre-mer, mais ne devront en aucun cas être détruits. Les possessions coloniales de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Italie demeureront suffisamment vastes, après que l'Allemagne ait accedé au statut de grande puissance mondiale, “pour leur assurer l'existence et assez de puissance”, toutefois “dans les proportions que nous aurons souhaitées”. L'objectif de devenir “puissance mondiale” ne pourra se concrétiser que dans la mesure où l'Allemagne se montrera capable d'assurer l'équilibre entre les autres puissances. Carls parle en fait d'“auto-limitation” (Selbstbeschränkung) quand il parle du Reich; il ne perçoit pas celui-ci comme une puissance qui règnerait seule sur le destin de la planète, mais qui serait davantage “régulatrice” de la politique internationale. La notion de “puissance mondiale” (Weltmacht) n'est donc pas synonyme, dans la pensée de Carls”, de “domination (non partagée) sur le monde” (Weltherrschaft). Les objectifs coloniaux énoncés dans le mémorandum ont une connotation nettement restauratrice. Ils se contentent, pour l'essentiel, de rétablir les colonies allemands d'avant 1918, en leur adjoignant quelques possessions françaises et la Rhodésie, qui souderait ses colonies entre elles.
    Carls renonce à toute acquisition en Méditerranée et à toute intrusion dans les sphères d'infuence américaine et japonaise. Il tient compte du fait “que le Führer ne veut pas s'installer en Méditerranée, ni s'immiscer dans les sphères d'influence américaine et japonaise”. Carls savait intuitivement quel état d'esprit régnait dans le quartier général du Führer et devinait ce que ce dernier voulait entendre. Il élaborait ses plans non pas dans les limites de son propre domaine mais tenait davantage compte des intentions du commandement suprême que Raeder quand il rédigeait ses rapports. Raeder, lui, n'élaborait de projet que sur base de son domaine spécifique et tentait, envers et contre tout, de l'imposer au commandement suprême.
    Ce qui frappe, c'est la mansuétude de Carls à l'égard de l'ennemi principal du Reich, la Grande-Bretagne. Celle-ci, dans la mesure du possible —c'est-à-dire si elle ne s'oppose pas au Reich allemand de manière irrémédiable— conserverait son Empire et demeurerait une puissance thalassocratique. Carls exprime de la sorte, outre une admiration pour l'œuvre coloniale des Britanniques, le point de vue de la marine: l'Empire britannique a eu une fonction stabilisante dans l'équilibre international. Sa chute favoriserait le Japon, puissance qui cherche l'hégémonie à l'échelle du globe, et qui se révèlerait, dans un avenir plus lointain, un nouvel adversaire du Reich allemand.
    La Marine: facteur de décision dans la guerre
    La marine de guerre allemande s'est toujours définie dans et par sa lutte contre la flotte britannique. Dans cette optique, l'Allemagne, en s'opposant à l'Angleterre, est logiquement, par la volonté du destin, obligée de devenir une puissance thalassocratique à l'échelle du globe. Cette vision des choses est solidement ancrée dans la marine depuis Tirpitz. Le corps des officiers de marine n'a jamais cessé de penser et d'agir dans le cadre de ces idées claires et compactes; tous ses objectifs s'inscrivent dans cette logique implaccable, même après 1918, année de la défaite que n'admettent pas plus les officiers de marine que ceux de l'armée de terre. Dans son Dienstschrift IX (Note de service IX), rédigé en 1894, Tirpitz avait conçu le rôle des armées de terre —protéger l'Etat contre l'arbitraire de l'ennemi— comme inférieur à celui, sublime, de la marine: emporter la décision en cas de guerre. Cet état d'esprit témoigne de la cohésion morale, élitaire et sélective, du corps des officiers de marine allemands; ces hommes étaient convaincus de l'importance de leur arme et cette conviction, largement partagée, s'est perpétuée et renforcée après 1918 et l'intermède de Weimar. Le vocabulaire lui-même en témoigne: la marine est kriegsentscheidend, elle force la décision, fait la décision, en cas de guerre. Tel est le noyau de la pensée stratégique et opérative de la marine. Ce qui explique la franchise avec laquelle la marine élabore ses plans pour faire de l'Allemagne une Weltmacht. Elle n'est pas victime de l'euphorie qui règne dans le Reich après la victoire sur la France mais s'inscrit plus simplement, plus naturellement, dans la tradition forgée à la fin du XIXième siècle par Tirpitz, tout en espérant, avec les nouveaux acquis territoriaux, rencontrer plus de succès.
    Le problème de l'Angleterre
    Comme les opérations contre la “forteresse insulaire” britannique s'avèrent lentes et n'emportent aucun succès, et comme l'invasion de l'Angleterre est reportée à l'année 1941, les esprits, en Allemagne, se concentrent sur le “problème anglais”. Si l'Angleterre ne peut être vaincue sur son île métropolitaine, il faudra trouver des points faibles dans l'Empire et y remporter des victoires décisives qui obligeront le gouvernement britannique à composer et à accepter la paix allemande. Cette question, essentielle, préoccupait bien entendu tous les militaires allemands, les chefs de la marine comme l'état-major de la Wehrmacht. Pour résoudre le problème anglais, il y avait plusieurs possibilités:
    1) Une guerre contre les sources d'approvisionnement qui s'inscrirait dans le cadre d'une guerre économique de plus vaste envergure.
    2) Des attaques ponctuelles contre les points névralgiques de l'Empire, de façon à ce qu'il s'effondre. A portée des Allemands, par ordre d'importance, nous avions, à l'époque: Suez, Gibraltar et Malte.
    3) L'acquisition de positions stratégiques navales en Afrique du Nord et de l'Ouest, afin de donner aux opérations dans l'Atlantique l'ampleur souhaitée.
    4) Intensifier la guerre des croiseurs. C'est l'idée motrice de Raeder.
    La question qui se pose alors: où les chefs de la marine allemande doivent-ils porter le poids de leurs armes, en concentrant toutes leurs forces ? Afin d'obtenir l'effet escompté le plus rapidement possible, avec les meilleures chances de succès ?
    Le tonnage anglais se concentrait dans l'Atlantique. C'est par l'Atlantique et la Méditerranée que passent les axes vitaux qui relient la Grande-Bretagne à ses sources d'énergie venues d'outre-mer. Fragmenter ces axes était la mission des sous-marins. Les chefs de la marine considéraient donc que la guerre anti-tonnage dans l'Atlantique était prioritaire. Mais le commandant en chef de la Marine tenait à la guerre traditionnelle des croiseurs, qu'il voulait mener en deux endroits: dans l'Atlantique et en Méditerranée (sur ce théâtre en guise de diversion). Mais comme les plus lourdes unités allemandes se trouvent dans l'Atlantique, elles ne peuvent être déployées en Méditerranée. Convaincu du grand impact que pourrait avoir sa stratégie de diversion —laquelle ne pouvait que s'amplifier dès le début de la guerre du Pacifique et prendre des proportions globales— Raeder envoya ses sous-marins en Méditerranée. Il s'est heurté à une critique sévère des sous-mariniers, hostiles à cette stratégie de diversion. Pour Dönitz, la Méditerranée n'avait qu'une importance secondaire. Selon Dönitz, toutes les mesures qui visent à diviser et disperser les forces ennemies sont erronées, car elles ne peuvent que contribuer à prélever des forces allemandes hors de la zone principale des combats, qui est l'Atlantique. Mais, dans l'optique de Raeder, au contraire, la Méditerranée ne revêt pas une importance stratégique qui ne vaudrait que pour la diversion qu'il entend planifier. En lançant une offensive contre Suez, il veut trancher l'“artère principale” de l'organisme qu'est l'Empire britannique et porter ainsi le coup fatal à l'Angleterre. Après la prise de Suez, les résidus de la domination britannique en Méditerranée pourraient facilement être éliminés avec l'aide de la flotte française. Sans nul doute, Raeder exagérait l'importance de la Méditerranée pour les Britanniques mais n'avait pas tort de valoriser l'importance des côtes du nord et de l'ouest de l'Afrique et comptait sur la coopération française dans les opérations navales dans l'Atlantique.
    L'Atlantique, l'Afrique du Nord-Ouest et Suez: tels sont les objectifs principaux de la stratégie de la marine allemande.
    Y avait-il communauté d'intérêt entre la France et l'Allemagne ?
    Au fur et à mesure que les officiers supérieurs de la marine allemande élaborent et peaufinent leur stratégie, la France vaincue acquiert de plus en plus de poids à leurs yeux. Le choc de Mers-el-Kébir et de Dakar du côté français, l'impossibilité de mener à bien l'Opération Seelöwe (le débarquement en Angleterre) du côté allemand, contribuent à un rapprochement franco-allemand, qui devrait se concrétiser par un effort de guerre commun. Et comme les Italiens et les Espagnols n'ont pas réussi à chasser les Britanniques de la Méditerranée, contrairement à ce qu'avaient espéré les Allemands, les chefs de la marine allemande en viennent à estimer que la participation française à la guerre navale contre l'Angleterre est indispensable. Pour que les Français deviennent les adversaires de l'Angleterre, les Allemands doivent leur donner des garanties politiques, qui valent le prix d'une entrée en guerre de Vichy à leurs côtés. Raeder envisage une alliance en bonne et due forme avec les Français et souhaite que Berlin élargisse l'axe tripartite Rome-Berlin-Tokyo à Vichy. L'inclusion de la France dans le nouvel ordre européen a été l'une des exigences de base des chefs de la marine allemande.
    Ceux-ci ont trouvé des appuis dans l'état-major de la Wehrmacht. Le Général-Major Warlimont, Chef du L/WFSt, après une visite à Paris, s'est fait l'avocat du rapprochement franco-allemand. L'Afrique du Nord-Ouest et de l'Ouest constitue un flanc stratégique indispensable contre l'Angleterre ainsi qu'un espace économique soustrait au blocus britannique. Le conseiller militaire de Hitler, le Chef de l'état-major général de la Wehrmacht, le Colonel-Général Jodl, partage ce point de vue. La France pourrait aider le IIIième Reich et lui donner la victoire finale, si elle met à la disposition des Allemands ses bases africaines. Si l'Allemagne perd les bases nord-africaines possédées par la France, expliquent les chefs de la marine, il ne sera plus possible de battre l'Angleterre dans la guerre commerciale qui se déroule dans l'Atlantique. Cette formulation est évidemment osée. Mais il n'en demeure pas moins vrai que la masse territoriale nord-africaine et ouest-africaine constitue une barrière importante contre toutes les attaques anglo-saxonnes contre le Sud de l'Europe. En outre, ce territoire peut servir de base pour des attaques de l'aviation allemande contre les Etats-Unis.
    Une alliance franco-allemande constituerait donc un atout complémentaire, qui permettrait au Reich de faire son jeu sur le continent européen. Mais Hitler s'imaginait toujours qu'il allait pouvoir faire la paix avec l'Angleterre. Il laisse le sort de la France dans l'indécision. Après Mers-el-Kébir, l'Allemagne assouplit encore ses mesures de démobilisation, politique qui ne correspond pas du tout aux souhaits de la Marine et de l'état-major de la Wehrmacht, qui, eux, envisageaient de consolider militairement une communauté d'intérêt franco-allemande.
    La campagne de Russie
    Mais un projet militaire va s'avérer plus déterminant que tous les problèmes soulevés par la stratégie nouvelle, proposée par la marine allemande, plus déterminant aussi que tous les problèmes non résolus et toutes les occasions perdues: celui de lancer une campagne contre la Russie. Ce projet freine définitivement le développement de la stratégie maritime suggéré par Carls. La stratégie maritime dépend désormais de la guerre sur terre.
    Pour les chefs de l'armée de terre, la capitulation de la France et l'impossibilité pour la Grande-Bretagne d'entreprendre des opérations sur le continent ont rendu impossible la guerre sur deux fronts. Du moins dans un premier temps. Mais l'élimination de la France n'a pas donné à la Kriegsmarine la liberté qu'elle souhaitait avoir sur ses arrières. Les forces opérationnelles de la marine allemande étant faibles, ses chefs ne pouvaient considérer l'Opération Barbarossa que comme un fardaud supplémentaire. Mais, mise à part cette objection, la marine n'avait nulle crainte quant au déroulement de la guerre à l'Est: “Les forces militaires qu'aligne l'armée russe doivent être considérées comme très inférieures à nos troupes expérimentées. L'occupation d'un territoire s'étendant du Lac Ladoga à la Crimée en passant par Smolensk est militairement réalisable, de façon à ce qu'en détenant ce territoire, il nous soit possible de dicter les conditions de la paix” (2). Les chefs de la marine partagent la conviction des dirigeants politiques de l'Allemagne: le Reich gagnera la guerre à l'Est sans difficulté. Mais doutent que, par cette victoire, la guerre contre l'Angleterre sera plus rapidement terminée. La marine croit en effet que l'impact d'une victoire allemande à l'Est sera mininal sur le moral de l'ennemi occidental. Les victoires allemandes sur le continent ne contraindront nullement la Grande-Bretagne à composer. Au contraire, l'effort exigé par la campagne de Russie sera tel qu'il favorisera une victoire anglaise dans l'Atlantique et rendra aux Britanniques toutes les positions perdues. Pire: si la Russie ne s'effondre pas immédiatement, l'Allemagne court un danger très grave, dans le sens où les territoires non neutralisés de l'URSS deviendront ipso facto des tremplins pour une attaque américaine. Dans l'esprit des chefs de la marine, le combat principal, c'est-à-dire la guerre contre l'Angleterre, pourrait bien être perdu, même si l'Opération Barbarossa débouche sur une victoire.
    La guerre à l'Est soulage l'Angleterre
    Les chefs de la marine jugent la sécurité globale de l'Allemagne, en incluant le facteur “Russie” dans des catégories qui justifient l'attaque contre l'URSS: la sécurité de l'Allemagne exige la consolidation, par des moyens militaires, d'un espace qui soit à l'abri de toute attaque extérieure, l'élimination, par des moyens politiques, des petits Etats peu fiables, et, enfin, la construction, par des moyens économiques, d'une autarcie continentale. Les chefs de la marine, de surcroît, acceptent les projets de colonisation et les dimensions idéologiques inhérents à la guerre contre l'URSS. Sur un plan politique plus général et animés par la conviction que les forces armées soviétiques de terre et de mer constituent un danger pour le Reich, les chefs de la marine s'alignent exactement sur les thèses du gouvernement allemand. Si les objectifs de construire un espace intangible ou une autarcie économique justifiaient dans une certaine mesure la guerre à l'Est, aux yeux du gouvernement, la marine, elle, tire des conclusions opposées. Dans son évaluation de la situation, trois éléments sont importants: 1) la conviction que l'Allemagne aurait obtenu tout ce qu'elle voulait de la Russie, même sans lui faire la guerre; 2) le problème anglais restait sans solution; 3) un éventail de réflexions sur l'industrie militaire.
    Pour la marine, l'Angleterre est l'ennemi n°1
    Du point de vue de la marine, le gouvernement du Reich surestime la “masse soviétique” et poursuit, vis-à-vis de Moscou, une politique de concessions inutile. Le gouvernement allemand devrait au contraire montrer à l'Union Soviétique, fragile parce que tout un éventail de crises la guette, la puissance politique et militaire du Reich. Les Russes, pour l'état-major de la marine, sont prêts à négocier, ce qui rend toute guerre inutile. Moscou, pensent les officiers supérieurs de la marine allemande, ira au devant de tous les souhaits de l'Allemagne.
    La mission première de la marine de guerre est donc d'affronter directement l'Angleterre. Si celle-ci est abattue, le Reich obtiendra presque automatiquement la victoire. Toute campagne militaire à l'Est influencerait négativement la situation stratégique de l'Allemagne sur mer et jouerait en faveur de l'Angleterre, qui serait de fait soulagée. Le Korvettenkapitän Junge, chef du département “marine” auprès de l'état-major général de la Wehrmacht, tire les mêmes conclusions: l'Allemagne ne doit pas entrer en guerre contre la Russie, avant que l'Angleterre ne soit mise hors course.
    La campagne à l'Est a-t-elle été une alternative ?
    Fricke (Chef de la 1ière Skl.) constatait que les Anglo-Saxons, affaiblis après avoir perdu leur allié continental potentiel, la Russie, ne s'en prendraient plus à la grande puissance continentale que serait devenue l'Allemagne. Mais cette constatation n'a en rien influencé l'élaboration de la stratégie navale allemande, favorable, en gros, à la campagne de Russie. La marine a été incapable de s'opposer avec succès à l'option anti-soviétique du gouvernement allemand. Mais ni Fricke ni les officiers supérieurs de la Kriegsmarine n'ont pu voir dans le projet “Barbarossa” une entreprise qui aurait contribué à abattre l'Angleterre (pour Hitler, ce n'était d'ailleurs pas l'objectif). Les gains territoriaux à l'Est ne compenseront nullement le tonnage que les Allemands, occupés sur le continent, ne pourront couler dans l'Atlantique, théâtre où se décide réellement le sort de la guerre. Les chefs de la marine ne voient ni la nécessité ni l'utilité d'une opération à l'Est, qui éloignerait les Allemands de l'Atlantique. Le Reich, pour les marins, ne perdra ni ne gagnera la guerre en Russie. Le destin de l'Allemagne se joue uniquement dans l'Atlantique.
    Si l'option Barbarossa se concrétise, l'industrie de l'armement consacrera tous ses efforts à l'armée de terre et à l'aviation. Si les livraisons russes cessent d'arriver en Allemagne à cause de la guerre germano-soviétique, la marine en essuiera les conséquences et ne pourra plus espérer aucune priorité dans l'octroi de matières premières et de carburants. La guerre à l'Est ôtera à la marine son principal fournisseur de matières premières. Ses chefs ne pensent pas, en conséquence, que les opérations en Russie apporteront une solution au problème des matières premières, domaine où l'Allemagne est dans une situation précaire. Les livraisons de pétrole pour l'Opération Seelöwe ne seront pas nécessairement assurées, une fois l'Opération Barbarossa terminée. En conséquence, la marine estime que la campagne de Russie n'est qu'un élargissement compromettant de la guerre, pire, qu'elle l'étend dans une mauvaise direction et au moment le plus inapproprié.
    Appréciation
    Avec la victoire sur la France en juin 1940, la marine allemande peut enfin mettre au point sa “grande stratégie”. Mais cette stratégie prend fin avec le débarquement allié en Afrique du Nord de novembre 1942. Pour Raeder, la “grande stratégie navale” est une alternative à l'Opération Seelöwe et, plus tard, à l'Opération Barbarossa, dont il n'a jamais été convaincu de l'utilité. La stratégie maritime n'est pas une stratégie partielle ou complémentaire, qui se déploierait parallèlement à la guerre sur terre. Elle est une stratégie globale qui affecte également les opérations sur le continent. Aujourd'hui, il n'est pas possible de dire comment elle aurait influencé le cours de la guerre, si elle avait été appliquée sans restriction.
    Dans les mois qui se sont écoulés entre la fin de la campagne de France et le début de la campagne de Russie, le III° Reich a pu choisir entre plusieurs options: 1) Il se tient coi, renonce à entamer toute opération et organise la défensive; 2) Il poursuit la guerre à l'Ouest jusqu'à la capitulation anglaise et impose sa paix; 3) Il se tourne vers l'Est, soumet la Russie et se retourne vers l'Ouest avec l'atout complémentaire: un continent uni par la force et inexpugnable. Aucune de ces options n'avait la chance de réussir à 100%. Toutes pouvaient réussir ou échouer. Evidemment, la stratégie consistant à demeurer coi ou la stratégie navale préconisée par les chefs de la marine, qui n'a pas été appliquée, ont le beau rôle dans les querelles entre historiens: personne ne peut dire avec certitude qu'elles étaient erronées, puisqu'elles ne se sont pas traduites dans le concret. Quant à la “solution continentale”, recherchée par Barbarossa, elle a échoué. Mais elle aurait pu réussir.
    Ingo Lachnit http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/10/29/temp-4957ff0048e203f56fd56a85281f64e1-5208396.html
    Notes:
    (1) M. SALEWSKI, Die deutsche Seekriegsleitung 1935-1945, 3 tomes, tomes 1 & 2, Francfort s. M., 1970-75. Tome 3: Denkschriften und Lagebetrachtungen 1938-1944. Pour notre propos: Tome 3, pp. 108 et suivantes.
    (2) 1/Skl, “Betrachtungen über Russland”, 28 juillet 1940 (Salewski, tome 3, pages 141 et suivantes).

  • Alain Soral dédicace chez Facta


    Alain Soral dédicace Dialogues désaccordés (É. Neaulleau/A. Soral) à la Librairie Facta le samedi 9 novembre 2013;

  • Types de civilisation et paramètres géopolitiques

    Esquisses historiosophiques
    INTRODUCTION
    Le boom géopolitique, qui a gagné ces dix dernières années l’espace opérationnel de la pensée politologique russe, rappelle, dans un certain sens, le boom du marxisme au début de ce siècle.
    Il est très curieux qu’aujourd'hui en Russie la géopolitique ne soit pas encore une discipline scientifique spécialisée, mais ne constitue qu'un nouveau symbole de croyance qui a donné les réponses à toutes les questions que l’on se posait depuis longtemps, y compris les questions à caractère spirituel que l'on n'avait jamais abordées avec le marxisme. Dans notre article, nous n’avons pas pour objectif de révéler les parallèles ultérieurs entre l’influence du marxisme et de la géopolitique sur la mythologie de la conscience populaire en Russie. Notre objectif est plutôt de dégager la nouvelle inclinaison de la pensée géopolitique russe en particulier (non dans le sens du symbole de croyance) vers la grande objectivité factuelle en ce qui concerne le discours général de la géopolitique et en particulier en tant que science spécialisée.
    En géopolitique, il y a une idée standard, la notion/l’idée qu'il existe dans l’histoire deux types fondamentaux de civilisation : la thalasso-civilisation (civilisation maritime) et la civilisation tellurique (la civilisation continentale). Dans le monde règne, pour ainsi dire, une situation générale, mais comme on le sait, l’essentiel de tout processus est toujours dissimulé par des détails, et ce sont ces détails en particulier, qui, à notre avis, s'imposent aux esprits, souvent au détriment de « l’inviolabilité » du paradigme métaphysique fondamental, où tout est blanc ou noir (c'est le cas pour la thèse, fort répandue, qui souligne le contraste fondamental entre thalassocratie et tellurocratie, notamment dans une variante plus concrète: entre l’atlantisme et l’eurasisme. En fait, l’image de l’opposition des civilisations dans le monde est excessivement complexe et paradoxalement très dynamique (en l'occurrence, plutôt agir/fonctionner avec des codes binaires et non deux codes).
    Même la logique élémentaire suggère que le type le plus universel de civilisation apparaîtra où l’on aura atteint l’union la plus harmonieuse des « vents » marins et continentaux de l’histoire, et avec cela sans perdre leur contrôle.
    Plus concrètement, ce sont les différences —mais en même temps les similitudes— entre les différents types de civilisations qui nous exposent l’histoire des puissances coloniales. En fait, ici nous pouvons observer les formes les plus diverses de colonisation de l'espace habitable, la colonisation maritime comme la colonisation continentale. Nous allons aborder des exemples concrets.
    L’ANTIQUITE
    Déjà, dès les débuts de l’histoire, on voit des peuples accomplir des expansions maritimes et continentales. Ainsi, la colonisation de la Palestine par l’antique peuple d'Israël est un bon exemple d’expansion continentale et son soulèvement contre le « peuple de la mer » est un des prototypes du conflit historique entre thalassocratie et tellurocratie. En outre, la puissance assyrienne illustre très bien l’impérialisme continental et la puissance phénicienne s’illustre sur la mer. Mais il faut ajouter que pour asseoir n’importe quelle puissance assez consolidée, il est nécessaire de contrôler les réseaux de communications correspondants : les réseaux maritimes, continentaux et autres. Pendant l’Antiquité, c’étaient, avant tout, les voies fluviales qui assuraient le pouvoir sur le continent, et, par après, petit à petit, l’importance des voies terrestres a également augmenté. Le pouvoir de la thalassocratie était déterminé par le contrôle des zones de navigation côtière, à laquelle s’ajouteront plus tard les détroits et les courants marins. Depuis des temps immémoriaux, les rivières relient la mer aux profondeurs du continent, les cultures côtières et continentales.
    La Grèce, en tant qu’exemple d’une authentique universalité, est un cas particulier : la civilisation grecque a commencé par être maritime (c’était une civilisation de police côtière et insulaire), et au fil du temps, elle devint la force continentale la plus puissante. Avant tout, nous voulons ici parler de l’expansion coloniale terrestre de l’hellénisme vers l’Est, et ce, jusqu’aux profondeurs continentales de l’Asie centrale. L’Empire romain a lui aussi connu ce type de civilisation universelle : la flotte romaine ne valait pas moins sur la mer Méditerranée que les légionnaires romains ne l’étaient sur les étendues continentales de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Par la suite, Byzance applique cette même tradition géopolitique des « deux composantes » (la symphonie de la Mer et de la Terre).
    MOYEN-ÂGE
    Avec le début du Moyen Âge commençait une nouvelle étape de l’opposition géopolitique des peuples et des civilisations. L’espace de l’Empire romain, en tant que civilisation universelle de l’Antiquité, s’est exposé à une expansion coloniale prolongée autant sur terre que sur mer, ce qui entraîna, dans chaque cas, l’apparition de formes particulières de cultures nouvelles. « Les peuples de la mer » de l’Europe du Moyen Âge sont des conquérants normands-varègues, qui s’étaient emparé de l’Empire suite à des encerclements militaires. Partis en campagne depuis les étendues de l’Europe du Nord (baltique) s’imposèrent sur le « front occidental » atlantique depuis l’Angleterre jusqu’à l’Afrique du Nord et l’Italie du Sud ; alors que les Varègues, sur le « front oriental », affirmèrent leur pouvoir le long de toute la route continentale des Varègues et des Grecs, de la Baltique à la mer Noire, et jusqu’à Constantinople elle-même.
    C’est ainsi que l’Europe donna lieu à plusieurs genres de cultures coloniales aux tendances géopolitiques différentes. C’est alors au tour de Venise, héritière originale de Byzance, de devenir, et pour longtemps, le type de thalassocratie le plus authentique. Les célèbres Croisades, continuation de la tradition des invasions normandes, furent l’instrument de la politique de Venise, qui avait pour objectif final un contrôle géopolitique total des bassins de la Méditerranée orientale et de la Mer Noire. Byzance fut la seule, de par sa nature, à être la plus thalassocratique, attitude qui fut cependant déterminée, non pas par un refus de son élite politique pour les principes de l’universalisme antique, mais héritée de circonstances bien concrètes : la perte d’une grande partie du territoire (en tant que facteur « continental ») suite aux expansions arabe et turque.
    La colonisation arabe, à son tour, est un exemple à l’opposé de l’hellénisme; elle est la transformation de l’espace civilisationnel du tellurocratique profond (continentalisme d’Arabie) à l’universel. De même, la colonisation arabe s’est propagée autant par voies terrestres (du Maroc à l’Asie centrale) que par voies maritimes (de célèbres navigateurs arabes n’ont pas été que des concurrents sérieux pour les Vénitiens, ils ont aussi contrôlé presque tout le bassin de l’Océan Indien). Et il faut attendre l’invasion mongole, la tellurocratie la plus radicale du Moyen Âge, pour voir la fin de l’universalisme arabe.
    Par la suite, la colonisation turque était elle aussi, de par sa nature, tellurocratique, vu sa propre prétention à l’universalisme. Si les Mongols, dont les territoires côtiers conquis ne relevaient pas de l’universalisme civilisationnel, s’étaient de nouveau retirés dans les profondeurs du continent, c’était de la faute des Turcs, issus de ces mêmes profondeurs, qui, historiquement, avaient conservé leur accès à la mer et qui avaient tenté de s’approprier/d’imiter la tradition de l’universalisme géopolitique des Arabes et des Byzantins. Toute fois, l’Empire d’Osman resta davantage une puissance tellurocratique. L’avantage de conserver ce statut géopolitique (et en même temps par contrainte technique pour un développement adéquat de l’universalisme ottoman) a servi de circonstance pour que la Sublime Porte se concentre considérablement sur sa politique extérieure pour s’opposer à la tellurocratie européenne la plus fondamentale du Moyen Âge, le Saint Empire romain germanique (conflit au-delà du bassin danubien).
    Le Saint Empire romain germanique fut le résultat d’une expansion coloniale germanique en Europe. Cette expansion avait un caractère double : elle était maritime et terrestre. Nous avons déjà parlé d’une thalassocratie germanique antique (les invasions normandes). À l’origine, les Goths, et ensuite les Francs, constituaient la tellurocratie germanique. Initialement, la nation de Charlemagne était une puissance très continentale, où le pouvoir tellurocratique assurait le contrôle sur les bassins des voies fluviales les plus importantes du Nord-Ouest de l’Europe (y compris les embouchures et les courants moyens du Danube). Malgré la tentative de la Rome latine d’introduire en Allemagne par les terres « le virus » de l’universalisme antique (Charlemagne proclamé Empereur romain), l’Etat de Carolingiens resta fidèle à ses principes tellurocratiques, ce qui, plus tard confirma sa division par Charlemagne lui-même en trois parties qui correspondaient en fait, aux trois « bassins de contrôle » : la France, la Germanie et l’Italie du Nord. Par la suite (Xe siècle), la Germanie et l’Italie du Nord constituaient la partie principale du nouvel Etat européen, qui nominalement, issus des traditions impériales des Romains et des Carolingiens, celles du Saint Empire romain germanique.
    La colonisation germanique sur le pourtour de la Baltique possédait principalement un caractère thalassocratique, issu des traditions des troupes de Normands et de Varègues et s’est maintenue lors de la Ligue hanséatique des villes. En ce qui concerne les territoires baltes germanisés, ils n’ont jamais été officiellement repris dans l’Empire germanique médiéval bien qu’ils en dépendaient politiquement. La flotte hanséatique opérait de la même manière sur la Baltique et les mers du Nord que les Vénitiens sur la Méditerranée. L’Europe, située entre les mers du Nord et du Sud, était dirigée par l’élite tellurocratique germanique qui menait une implantation coloniale successive dans les profondeurs du continent vers l’Est, jusqu’aux frontières de la sphère d’influence géopolitique de la Russie.
    L’ancienne Russie fut une variante très originale de l’universalisme géopolitique et s’institua surtout une élite thalassocratique (la Russie varègue) qui se retrouva au beau milieu d’un entourage hautement tellurocratique (khanat Khazar et Empire germanique). Suite à l’invasion mongole, la Russie s’est divisée en trois composantes : la Russie occidentale (Kiev), la Russie orientale (Moscou) et la Russie du Nord (Novgorod). La Russie occidentale qui s’est retrouvée enclavée dans les tenailles germano-turco-mongoles, perdit la possibilité d’une expansion coloniale propre et qui s’est transformée en périphérie, en confins, géopolitiques (Ukraine). La Russie orientale, dont l’accès à la mer fut coupé par les Tataro-Mongols, prit les traits typiques d’une puissance tellurocratique (le pouvoir des grands Princes moscovites s’est basé sur le contrôle des sources et des courants moyens d’une série de rivières importantes du massif de la Russie ancienne), et, jusqu’au XVIe siècle, la Russie du Nord conserva ses traits universalistes anciens (thalasso-tellurocratique) rappelant d’une certaine manière l’Empire germanique : un commerce maritime (sur les mers Baltique et Blanche) ajouté à une assimilation systématique des nouveaux espaces continentaux à l’Est, jusqu’à la "ceinture de pierre" (Oural).
    L’unification des Russies de Novgorod et de Moscou fut un puissant stimulant pour le développement de l’universalisme géopolitique russe spécifique, historiquement exprimée dans l’idée de la Troisième Rome. Suite à l’accès de l’Etat russe aux mers Baltique et Blanche au Nord-Ouest, et de même aux mers Noire et Caspienne au Sud-Est, fut introduite dans la politique russe l’intuition thalassocratique avec une force particulière, déployée par Pierre le Grand. En même temps, la colonisation russe continua dans les espaces continentaux internes, et de cette manière, la combinaison harmonieuse des vecteurs "thalasso" et "telluro" dans la politique coloniale russe mena à la création d’un empire universel sans précédent de par son échelle, un réseau géopolitique qui est paradoxalement exprimé dans la formule : « Moscou, le port aux cinq mers ».
    LES TEMPS MODERNES
    Les grandes découvertes géographiques des 15ième et 16ième siècles ont entraîné une expansion coloniale mondiale des nations européennes : le monde entier devient l’objectif de leurs stratégies géopolitiques. Nous observons ici, avant tout, l’établissement de deux puissances coloniales universalistes : l’Espagne et le Portugal. L’universalisme latin, incarné par ces deux puissances, possédait trois composantes historiques : l’universalisme impériale antique de Rome (Eglise romaine), les gènes tellurocratiques de l’aristocratie espagnole (issue des traditions de la colonisation terrestre de la Germanie antique et des Goths occidentaux), et le thalassocratisme méditerranéen (vénitien) apporté par les croisés, les templiers qui s’y étaient réfugiés après le début de la répression de l’Ordre en Europe au 14ième siècle et qui, par la suite, ont activement participé au projet de colonisation de l’Amérique. Christophe Colomb (un Génois d’origine) représenta le thalassocratisme méditerranéen.
    Il faut attirer une nouvelle fois l’attention sur le fait que, malgré une flotte mondiale plus puissante en ce temps-là, l’Espagne ne se transforma pas en puissance thalassocratique avec une stratégie géopolitique logique propre au vrai thalassocratisme. La colonisation espagnole de l’Amérique portait surtout le caractère d’une colonisation continentale et elle n’était pas seulement la mise en œuvre des régions côtières clefs. À cet égard, la colonisation portugaise des côtes d’Amérique, d’Afrique et d’Asie fut la plus thalassocratique. Ce sont justement les Portugais qui se sont les premiers heurtés aux intérêts de la nouvelle thalassocratie européenne, c'est-à-dire la Hollande, qui est entrée dans l’arène mondiale de l’époque des Temps Modernes.
    La thalassocratie hollandaise, malgré la situation continentale des Néerlandais, est, si l’on peut s’exprimer ainsi, la plus classique. Au 17ième siècle, Amsterdam devint la nouvelle Venise d’Europe. La colonisation hollandaise visait, avant tout, le contrôle des voies marchandes maritimes et des points stratégiques le long des côtes de l’Afrique du Nord jusqu’au Japon y compris ainsi que le long des côtes de l’Amérique du Nord et centrale. Les points stratégiques pour soutenir la politique coloniale hollandaise : Nieuw Amsterdam (qui deviendra plus tard New York), le Cap (l’extrémité sud de l’Afrique, position-clef sur la route maritime de l’Europe à l’Océan Indien), Java (contrôle sur l’archipel indonésien et les détroits de la route maritime de l’Inde à la Chine).
    La stratégie coloniale hollandaise fut appliquée ultérieurement avec succès par la Grande-Bretagne et, avant tout, contre la Hollande elle-même dans la lutte pour la primauté mondiale sur les océans. C’est ainsi que la Grande Bretagne s’empare de Nieuw Amsterdam et continue la colonisation entreprise par les Hollandais des côtes orientales de l’Amérique du Nord (Nouvelle Angleterre) ; s’empare d’une série de péninsules clefs dans les Caraïbes et de territoires côtiers de l’Amérique centrale ; s’implante en Afrique du Sud (tire le verrou à Cape Town, etc) ; s’introduit dans l’Océan Indien, assurant le contrôle sur les côtes d’Afrique orientale (prise de Zanzibar, etc) et s’implante en Inde et en Malaisie (routes maritimes entre l’Inde et la Chine) et enfin, en Chine même (Hong Kong).
    La colonisation britannique est typiquement thalassocratique quand elle ne se passe pas au plus profond des continents (l’Australie est intensément colonisée sur ses côtes, c’est le caractère thalassocratique, mais dans le cas de l’Inde, on parle non seulement de colonisation civilisationnelle mais aussi politique – voir l'accord entre la Grande Bretagne et le Grand Moghol. À cet égard, l’histoire de l’assimilation de l’Amérique du Nord fut tout aussi exemplaire. Là, la colonisation thalassocratique britannique se limitait, strictement parlant, aux zones côtières de la Nouvelle Angleterre, alors que les étendues intérieures du continent nord-américain avaient d’abord été occupés par les Espagnols (Californie, Texas) et les Français (Louisiane). Dans les territoires plus intérieurs encore, les Etats-Unis se sont constitués plus spécialement, avec pour matériel humain, les descendants des colons germaniques (jusqu’à la création des Etats-Unis, ils constituaient la moitié de la population du pays) et les immigrants d’Europe occidentale à la mentalité « européenne ».
    La tradition géopolitique américaine contient, ainsi, des éléments contradictoires qui constituent en même temps les prémisses d’un universalisme propre à l’Amérique. Jusqu’à présent, les Etats-Unis restent dominés par l’élite thalassocratique d’origine anglo-hollandaise dont le fondement politico-spirituel est constitué par l'atlantisme. Cependant, il existe aussi une forte « opposition continentale » contre l’atlantisme, représentée par les « patriotes », les fondamentalistes-nativistes, auxquels on peut également ajouter les Indiens. Certes, pour finir, les Etats-Unis imitèrent la stratégie géopolitique de la Grande Bretagne qui comprenait la dernière structure néo-coloniale propre, sortant du cadre du véritable atlantisme.
    Les autres voies de la colonisation. La victoire historique de la flotte britannique sur l’Espagne marqua un renforcement de la position géopolitique de la nouvelle thalassocratie anglo-saxonne, et dans le monde romain (latin), un nouveau projet universaliste vit le jour, l’universalisme français.
    La colonisation française est, d’une certaine mesure, le cumul, la réunion, des types de colonisation espagnole (continentale) et portugaise (maritime). D’une part, les Français se sont assidûment battus pour le contrôle des détroits et des péninsules, suivant ainsi une logique purement thalassocratique. Pendant ce temps, leur implantation était plus continentale que celle des Anglais. À part la Louisiane et le Québec en Amérique du Nord, les Français maîtrisèrent un immense espace continental en Afrique. Cependant, la France manquait de forces propres pour mener cette double tâche et asseoir son impérialisme universel auquel Napoléon aspirait jusqu'à la folie.
    La colonisation allemande fut encore moins thalassocratique et plus tellurocratique que celle de la France. Jusqu’à la fin du 19ième siècle, l’Allemagne ne se décida pas à mener une politique de colonisation d’outre-mer et Bismarck, plongé dans des incertitudes, ne donna pas son accord pour la création d’un espace colonial germanique. Les pressentiments de Bismarck se révélèrent vrais : en principe, cette politique n’apporta aucun succès à l’Allemagne. Le colonialisme d’outre-mer italien et belge avait aussi un caractère très continental ; il consistait en l’occupation et l’exploitation de régions délimitées en Afrique (Congo, Libye, Erythrée).
    Le colonialisme russe était loin d’être d’outre-mer, il était très continental ; et ce n’est qu’après la Deuxième Guerre Mondiale qu’en Russie (URSS), qu’apparurent des points d’appui stratégiques en dehors de l’Eurasie : en Amérique (Cuba, Nicaragua) et en Afrique (Egypte, Somalie, Libye, Ethiopie, Angola, etc). aujourd'hui, tous ces pays sont pratiquement déchirés. Mais, il existe un colonialisme continental encore plus fondamental, c’est celui de type turco-mongol (de Gengis Khan) qui s’est manifesté historiquement au sein des territoires de Gengis Khan et de ses descendants : la Chine Han, la Horde d’or, l’Etat de Timour, l’empire des Grands Mongols.
    Le colonialisme chinois (non pas le colonialisme mongolo-han mais plutôt khano-confucéen) est plus penché vers l’universalisme tel que par exemple une colonisation chinoise active des côtes et des péninsules en Asie du Sud-Est et un développement important de la navigation côtière. Pendant ce temps, la colonisation continentale des vastes régions de l’Asie médiévale et centrale maintient la Chine en tant que puissance tellurocratique principalement. Le colonialisme japonais lui aussi avait un caractère double, et même radicalement double. Ce radicalisme était dû à deux vecteurs opposés : un vecteur tellurocratique visant une colonisation des régions intérieures du continent (Mandchourie, Mongolie, Tibet) et un autre thalassocratique, fondé sur une colonisation très thalassocratique de tout le bassin de l’Océan Pacifique.
    Après la Deuxième Guerre Mondiale, les conditions générales de la réalité géopolitique se sont essentiellement transformées en rapport avec le progrès important des nouvelles formes visant à s’assurer une communication mondiale. Les voies de communications fluviales et terrestres du monde ont été ébranlées par l’aviation et, plus tard, par l’astronautique. L’introduction du facteur « aérien » dans la géopolitique amena la notion « d’aérocratie ». Les possibilités techniques actuelles permettent déjà, en principe, de ne pas dépendre (au niveau militaire) de l’aviation pour autant que les satellites armés dirigés à partir d’un tableau de commandes pourraient pratiquement assurer une extinction totale de n’importe quel objectif sur n’importe quel point de la planète. Pour mettre hors service la logistique d’un adversaire, il n’est plus nécessaire de transférer les grandes ressources humaines et techniques vers de vastes étendues, il suffit de mettre hors service son système énergétique, d’éliminer « avec précision » les nœuds stratégiques du gouvernement.
    À l’heure actuelle, les Etats-Unis se révèlent être la principale force aérienne au monde et forment une alliance étroite avec la Grande Bretagne et l’OTAN. Le porte-avions symbolise au mieux l’union stratégique entre la mer et l’air. Néanmoins, vu les possibilités d’observation constante par satellite, l’avantage de la mobilité des porte-avions (ils sont les moins vulnérables lors d’offensives à l’étranger) face aux aérodromes stationnaires se relativise sensiblement.
    Vladimir WIEDEMANN.
    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/10/29/temp-4f52eb361a5119e25f27fbbf48534024-5208416.html

  • De la distinction entre écrivain et écrivant

    De la distinction entre écrivain et écrivant "L'écrivain accomplit une fonction, l'écrivant une activité, voilà ce que la grammaire nous apprend déjà, elle qui oppose justement le substantif de l'un au verbe (transitif) de l'autre. Ce n'est pas que l'écrivain soit une pure essence : il agit, mais son action est immanente à son objet, elle s'exerce paradoxalement sur son propre instrument : le langage ; l'écrivain est celui qui travaille sa parole (fût-il inspiré) et s'absorbe fonctionnellement dans ce travail. L'activité de l'écrivain comporte deux types de normes: des normes techniques (de composition, de genre, d'écriture) et des normes artisanales (de labeur, de patience, de correction, de perfection). Le paradoxe c'est que, le matériau devenant en quelque sorte sa propre fin, la littérature est au fond une activité tautologique, comme celle de ces machines cybernétiques construites pour elles-mêmes(l’homéostat d’Ashby) : l’écrivain est un homme qui absorbe radicalement le pourquoi du monde dans un comment écrire. Et le miracle, si l'on peut dire, c'est que cette activité narcissique ne cesse de provoquer, au long d'une littérature séculaire, une interrogation au monde: en s'enfermant dans le comment écrire, l'écrivain finit par retrouver la question ouverte par excellence: pourquoi le monde? Quel est le sens des choses? En somme, c'est au moment même où le travail de l'écrivain devient sa propre fin, qu'il retrouve un caractère médiateur : l'écrivain conçoit la littérature comme fin, le monde la lui renvoie comme moyen : et c'est dans cette déception infinie, que l'écrivain retrouve le monde, un monde étrange d'ailleurs, puisque la littérature le représente comme une question, jamais, en définitive, comme une réponse. (…)
    Les écrivants, eux, sont des hommes « transitifs» ; ils posent une fin (témoigner, expliquer,enseigner) dont la parole n'est qu'un moyen ; pour eux, la parole supporte un faire, elle ne le constitue pas. Voilà donc le langage ramené à la nature d'un instrument de communication, d'un véhicule de la «pensée». Même si l'écrivant apporte quelque attention à l'écriture, ce soin n'est jamais ontologique: il n'est pas souci. L'écrivant n'exerce aucune action technique essentielle sur la parole; il dispose d'une écriture commune à tous les écrivants, sorte de koinè, dans laquelle on peut certes, distinguer des dialectes (par exemple marxiste, chrétien, existentialiste), mais très rarement des styles. Car ce qui définit l'écrivant, c'est que son projet de communication est naïf :
    il n'admet pas que son message se retourne et se ferme sur lui-même, et qu'on puisse y lire, d'une façon diacritique, autre chose que ce qu'il veut dire : quel écrivant supporterait que l'on psychanalyse son écriture? Il considère que sa parole met fin à une ambiguïté du monde, institue une explication irréversible (même s'il l'admet provisoire), ou une information incontestable(même s'il se veut modeste enseignant) ; alors que pour l'écrivain, on l'a vu, c'est tout le contraire : il sait bien que sa parole, intransitive par choix et par labeur, inaugure une ambiguïté, même si elle se donne pour péremptoire, qu'elle s'offre paradoxalement comme un silence monumental à déchiffrer, qu'elle ne peut avoir d'autre devise que le mot profond de Jacques Rigaut : Et même quand j'affirme, j'interroge encore."
    Roland Barthes, Essais critiques, « Ecrivains et écrivants » (1960).

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFlkApllyAizDhzGJS.shtml

  • A propos des sites de rencontre...

    Le célibat est de nos jours matraqué par une certaine pression sociale: il faut absolument être en couple et si tel n'est pas le cas, sans cesse il faut s'en justifier, comme si le vieil adage "mieux vaut être seul que mal accompagné" n'avait plus de valeur dans cette société. Voilà un bel acte d'hypocrisie de la part de celle-ci qui s'emploie à tuer les relations sociales réelles et concrètes au profit d'un individualisme virtualisé et idéalisé à tort.
    Rentrer dans le moule, absolument, sous peine d'être montré du doigt, harcelé parfois par un entourage inquiet car conditionné depuis ces dernières années, à voir se créer une profusion de "faux" couples. Alors que toute forme de communauté est littéralement écrasée et combattue insidieusement par tous les rouages du monde moderne, il semblerait que le fait d'être en couple avec le premier venu soit la seule relation sociale reconnue aux yeux de nos contemporains "moutonnisés"...
    Le site de rencontre symbolise parfaitement cet état de fait, de par son aspect virtuel donc faussé et laissant battante la porte à toute forme de manipulation et de perversité. Sans compter l'enrichissement que la misère relationnelle (entretenue par la société actuelle) permet de procurer à une caste de profiteurs qui sont évidemment, toujours les mêmes...
    L'aspect financier, justement, vient contribuer à la marchandisation de l'humain jusque dans ses sentiments les plus primaires: le besoin d'amour et la peur de la solitude.
    Lorsqu'une rencontre entre deux personnes a lieu dans le monde réel, physique, beaucoup d'éléments entrent en jeu: les premiers regards, les premiers gestes, les premiers mots. Le langage corporel, l'inconnu et la multitude de questions momentanément sans réponses que l'on se pose à propos de l'autre tiennent une place prépondérante dans la naissance de que nous pourrions appeler "la magie", "l'alchimie", socle impératif à la construction saine et durable de deux êtres complets.
    Sur un site de rencontre, les personnes sont désireuses d'être très vite en couple, c'est bien souvent la peur de la solitude qui les y pousse. Inconsciemment, elles cherchent à combler un vide intérieur et sont dans l'attente de résultat (d'autant plus qu'elles ont payé... et en veulent pour leur argent!), quitte à manipuler (inconsciemment ou non) l'autre afin de réaliser leur désir.
    En premier lieu, étant présentes pour les mêmes raisons, les questions à propos de la disponibilité et de l'envie d'union ne se posent plus, ce qui entame déjà allègrement la beauté de l'instant.
    Vient ensuite le moment où elles se retrouvent à étaler un maximum d'éléments les concernant afin de cocher les cases des cahiers des charges respectifs, gâchant de ce fait les heureuses surprises supposées survenir au fil des semaines, des mois qui suivent.
    D'abord l'aspect physique, matérialisé par des photos qui ne reflètent pas vraiment la réalité, ensuite l'épanchement intempestif sur des vies et des personnalités (le plus souvent) vides de sens grâce auquel elles comptabilisent et s'extasient devant les points communs (sachant qu'il est parfois si simple d'ouvrir discrètement une autre page et simuler des connaissances communes grâce aux moteurs de recherche, tant le besoin de correspondre aux attente de l'autre semblent vitales), trouvent même des arrangements sur les paramètres qui divergent, jusqu'à projeter dans l'avenir, elles s'assurent de l'authenticité de chacun... elles s'emballent et s'idéalisent mutuellement, totalement inconscientes qu'elles ont littéralement étouffé dans l’œuf toute forme de magie, au profit d'illusions éphémères.
    Vient enfin la rencontre physique tant attendue, et malgré l'inévitable et légère déception bien souvent ignorée, les dés sont jetés. Tant de choses ont été dites, tant d'espérances et d'attentes sont en jeu qu'il est impensable de se rétracter même si l'envie s'en faisait sentir. Le désir de finalité laisse littéralement place à une obligation de "conclure", car, elles sont inscrites pour cela après tout! La case de l'union charnelle qui termine de valider les derniers paramètres scelle le "contrat". Tout est biaisé d'avance, le couple devient une évidence, un accord tacite, totalement dénué d'impulsion pure et réelle, sans une base solide hormis l'idéalisation qui ne manquera pas, tôt ou tard, de s'étioler au profit d'une amertume qui sera rejetée sur l'autre qui n'aura pas apporté le bonheur recherché.
    Il existe cependant des couples qui se bâtissent sur ce genre de "fondations" et qui perdurent dans le temps. Rares sont, cependant, ces personnes qui ont su, malgré la stérilité de leur base, créer l'inattendu et l'alchimie nécessaire à une évolution saine...
    En tout cas, la dynamique actuelle concernant les unions est plutôt désastreuse: en effet, on n'a jamais vu tant d'éclatement de couples, de mariages et de familles que de nos jours, et la tendance tend à se dégrader inexorablement, d'où la nécessité de combattre la virtualisation des rapports humains en reproposant et en recréant du lien social concret permettant de contrer cette manipulation insidieuse dont on ne réalise pas encore l'ampleur.

    Ann http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Gérard de Villiers, Son Altesse Sérénissime, est mort

    Le père de la série policière SAS, dont le 200e numéro est sorti en octobre, est mort hier, à 83 ans.

    Gérard de Villiers est décédé jeudi à Paris, des suites d’une longue maladie. Il allait sur sa 84e année.

    Le père de SAS, la série de romans de gare et d’aérogare la plus vendue dans le monde (plus de 100 millions d’exemplaires) était né à Paris le 9 décembre 1929, fruit de l’union d’un auteur de théâtre et d’une héritière de la petite noblesse d’épée. Il venait tout juste de publier le 200e volume des célèbres et populaires aventures du détective autrichien le prince Malko Linge, dit « SAS » (Son Altesse Sérénissime), La Vengeance du Kremlin. Le précédent avait pour titre Sauve-qui-peut à Kaboul. Son ami, l’écrivain Patrick Besson avait déclaré récemment : « Il aurait pu tourner en rond, croire comme tant d’autres à la fin de l’histoire, mais les islamistes lui ont redonné un coup de fouet ».

    Après avoir fourbi ses armes dans le journalisme, dans le groupe Lazareff, aux côtés de celui qui deviendra le plus fidèle de ses amis, Claude Lanzmann, la disparition du père de James Bond, Ian Fleming, lui inspire la création du personnage de Malko, débauché par la CIA, pris dans les méandres de l’actualité géopolitique et les eaux troubles de la diplomatie. Les premiers sortent en 1965. Le premier du nom sera : SAS à Istanbul. [...]

    La suite sur http://www.lefigaro.fr/livres/2013/11/01/03005-20131101ARTFIG00267-gerard-de-villers-son-altesse-serenissime-est-mort.php

  • 15 novembre à Nantes : Le Printemps des Libertés avec Béatrice Bourges

    15 novembre à Nantes : Le Printemps des Libertés avec Béatrice Bourges

    Rendez-vous 20H15 salle du Nord

    73, avenue des landes 44 000 Nantes

    participation aux frais €

  • 1940 : pour un retour au réel

    Dans l’’un de ses messages adressés aux Français en 1940, le maréchal Pétain proclamait : « Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal ». Il s’’agissait des mensonges dont de mauvais guides avaient abreuvé les Français avant la guerre et qui avaient entraîné les malheurs de la patrie. Les Français d’’aujourd’’hui sont encore plus imprégnés de mensonges sur la période dramatique de l’’Occupation. Ceux-ci sont relayés par l’’enseignement et par les grands médias depuis des années à tel point que bien souvent, nos compatriotes ne se rendent même plus compte qu’’ils sont manipulés et tiennent sincèrement pour véridiques des contre-vérités flagrantes. Face aux mensonges Le grand mérite de Florent Gintz, dans son précieux ouvrage, est de faire l’’inventaire de tous ces mensonges et de les réfuter systématiquement. Il ne tient pas un langage de partisan : il met le lecteur en face des faits. Comme avec un projecteur il éclaire le réel. Il fournit la clé pour comprendre les événements. La césure des 17-18 juin 1940 - le mot “césure” est faible ! —- c’’est la fracture qui s’’est produite dans l’’unité française au moment où notre pays subissait le plus grand désastre militaire de son histoire. Le 17 juin, le maréchal Pétain, à qui Paul Reynaud a “refilé” la présidence du conseil, demande un armistice aux Allemands. Le 18 juin, le général De Gaulle lance de Londres un appel à la continuation du combat. En vérité, leurs positions ne sont pas divergentes. Le Maréchal annonce que nos armées sont hors d’’état de s’’opposer désormais à l’’envahisseur, mais il ajoute : « Nous tirerons les leçons des batailles perdues », sous-entendu, un jour nous prendrons notre revanche. De Gaulle, lui, réfugié en Angleterre, invite à le rejoindre ceux qui veulent poursuivre le combat à l’’étranger. L’’Appel falsifié La fracture apparaîtra seulement les jours suivants lorsque De Gaulle accusera le Maréchal et son gouvernement d’’avoir capitulé devant l’’ennemi. Le chef de la “France libre” et ses partisans feront reposer toute leur aventure sur ce mensonge historique. Le véritable “appel du 18 juin” sera même falsifié et remplacé par un autre texte affiché à Londres au début d’août 1940. On y lit : « Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, rien n’’est perdu ! »... Cet appel falsifié (dont le général Le Groignec a obtenu récemment, sous menace de recourir à la justice, le retrait du Musée de l’’Ordre de la Libération) était un acte de dissidence à l’’égard du gouvernement légal de la France aux prises avec d’’énormes difficultés du fait de l’’occupation allemande. Rappelons que De Gaulle lui-même, avec Paul Reynaud, s’’était déclaré partisan de la capitulation avant d’’être écarté du gouvernement. Le Maréchal et le général Weygand, le généralissime, s’’y étaient opposés. L’’erreur de Hitler Florent Gintz souligne quelle chance l’’Armistice a représentée pour notre pays. Il a imposé des contraintes à l’’envahisseur qui tenait alors la France à sa merci. Sans l’’Armistice, les Allemands auraient installé un gouvernement direct du pays, dont les Français auraient durement souffert. L’’auteur estime qu’’en concédant un armistice, Hitler s’’est laissé entraîner par la vanité d’’avoir en si peu de temps humilié la France victorieuse en 1918. Mais ce faisant, il a commis, de son point de vue, une grosse erreur. Les accusations portées par les gaullistes contre “Vichy” ont accrédité l’’idée que les malheurs de la France sous l’’Occupation étaient dus à un noir complot des chefs militaires en juin 1940. Elles ont fait oublier les responsabilités du désastre qui incombaient à tous les gouvernements qui avant 1940 n’’avaient pas su préparer l’’affrontement avec l’’Allemagne et lui avaient déclaré la guerre en septembre 1939 sans avoir les moyens de la gagner. Florent Gintz rappelle dans qu’elles conditions difficiles l’’administration française dut assurer la vie des populations durant ce qu’’il appelle la « période héroïque ». Il fallut constamment ruser avec les autorités occupantes et résister quand on le pouvait à leurs exigences. Sur le plan politique, l’’Armistice épargnait la flotte de guerre (la deuxième du monde à l’’époque) et ménageait à la France des espaces de semi-liberté. Durant vingt-huit mois une zone libre, authentiquement libre, fut préservée. De même que l’’empire colonial où l’’armée allemande ne put mettre les pieds. Cinq cent mille prisonniers de guerre purent rentrer de captivité entre juin 1940 et 1944. On fait de “Vichy” le complice de Hitler dans la persécution des juifs. Encore un mensonge. Beaucoup de juifs eurent la vie sauve grâce à l’’État français. On déplore la mort ou la disparition de 14 % des juifs français et de 40 % des juifs étrangers résidant sur notre sol. C’’est trop mais, dans les autres pays occupés, le chiffre des morts et disparus a atteint 90 %. Il est à noter aussi que seulement 1,4 % (dont 0,32 % de volontaires) de la population française dut aller travailler en Allemagne au titre du S.T.O. , alors que 3,5 % de la population belge et 6 % de la population néerlandaise y furent astreints. Grâce à l’’Armistice et aux gouvernements de l’’État français, l’’occupation allemande fut moins dure à supporter qu’’ailleurs. La revanche et la libération du pays ont pu être préparées, avec notamment la formation de l’’Armée d’’Afrique par le général Weygand. N’’oublions pas le réarmement moral des Français qui fut entrepris dans les mois qui suivirent le désastre. La guerre civile Tout cet effort et cette action au service du pays ont été méconnus lors de la libération du territoire qui fut marquée par le déclenchement d’une affreuse guerre civile. 990.000 personnes furent alors arrêtées, 110.000 condamnations prononcées par les tribunaux, dont 7.040 peines de mort, sans compter les milliers d’’exécutions sommaires en 1944. Aujourd’’hui, on entretient la mauvaise conscience des Français qui ne parviendraient pas à s’’exorciser de leur passé vichyste. L’’ouvrage de Florent Gintz les incite à ne pas rougir du comportement de leurs dirigeants de cette époque. Assurément, certains s’’engagèrent alors trop loin dans la collaboration avec l’’occupant. Il y eut des imprudents et aussi des traîtres, en petit nombre. Rien ne justifie l’’infamie qui, encore aujourd’’hui, est appliquée aux gouvernements d’’alors. Ceux qui ont suivi la ligne politique du Maréchal ont bien mérité de la France. Le grand mérite de l’’ouvrage de Florent Gintz est de rappeler les réalités d’une époque dont l’’histoire est dénaturée par les clichés partisans de l’’”historiquement correct”. Pierre Pujo L’’Action Française 2000 du 4 au 17 janvier 2007 * Florent Gintz : La césure des 17-18 juin 1940. Éd. Godefroy de Bouillon. 174 pages. 19 euros.