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culture et histoire - Page 1710

  • « La Grande Séparation » d’Hervé Juvin, une redécouverte du vrai sens de la politique

    Le livre d’Hervé Juvin La grande séparation. Pour une écologie des civilisations est le 3ème tome d’une trilogie après L’avènement du corps et Produire le monde. Le titre renvoie à deux significations. L’une est un constat. L’individualisme et le libéralisme ont introduit une séparation au sein du peuple lui-même. La grande séparation c’est que l’individu s’est substitué au peuple.

    La grande séparation c’est aussi le constat que, dans un monde qui se veut fluide, les frontières se reconstituent : Kosovo, Soudan divisé en deux, Yougoslavie éclatées en multiples États qui se veulent et/ou se croient indépendants, etc. Mais aussi séparation par l’argent qui remplace les autres séparations.

    En outre, l’essor de l’État a accompagné l’essor de l’individualisme et a accentué le déliaison du corps social. Mais la grande séparation n’est pas qu’un constat, c’est aussi un projet. Hervé Juvin pense que la diversité de l’humanité et du vivant est le bien le plus précieux. Il en appelle pour la préserver à une écologie humaine. Le principe de celle-ci c’est une séparation à instaurer ou réinstaurer entre les peuples. C’est une limitation des communications et des interactions. C’est ce que Régis Debray avait appelé un éloge des frontières. C’est un retour au lien privilégié entre un peuple, sa terre, et un certain mode de vie : une culture.

    Juvin plaide ainsi pour moins d’accélération, moins de connexion et moins de « développement ». Il en appelle à un « polythéisme joyeux, aventureux et jamais blasé ». Nous lui ferons deux objections. L’une est qu’il parait considérer l’État d’Israël comme un exemple de défense de l’identité. On peut se demander si au contraire ce n’est pas un rabattement de l’identité juive sur une identité d’État-nation au fond très réductrice. On doit aussi observer que l’exemple d’Israël est particulièrement peu reproductible puisqu’il a consisté notamment à chasser un autre peuple de sa terre. L’énergie doit être saluée là où elle est et contraste certes avec l’impuissance de l’Europe mais elle ne saurait tenir lieu de légitimité pour toutes les actions entreprises.

    En second lieu, Hervé Juvin affirme que l’Ancien Testament nous renverrait à notre étrangeté et au culte de l’origine par opposition au Nouveau Testament, universaliste et négateur des origines des peuples. On peut au contraire se demander si l’Ancien Testament ne représente pas ce qui dans le monothéisme renvoie justement à l’exclusivisme, à l’intolérance, et la volonté suprématiste d’imposer le culte d’un Dieu tyrannique. Allant à certains égards trop vite, il est bien possible qu’Hervé Juvin ne contribue à imposer une nouvelle religion de la séparation passant à côté des vrais problèmes tels que l’emprise de la marchandise.

    Hervé Juvin, La grande séparation. Pour une écologie des civilisations, Gallimard, 388 pages, 22,50 €.

    Pierre Le Vigan

    Source : Metamag

    http://fr.novopress.info/143579/grande-separation-dherve-juvin-redecouverte-du-vrai-sens-politique/#more-143579

  • Le troisième sexe

    Simone de Beauvoir avait-elle imaginé que la déviance de l'existentialisme conduirait à l'invention d'un troisième sexe ? Depuis aujourd'hui, les nouveaux-nés allemands hermaphrodites peuvent être inscrits sans mention de leur sexe sur leur état civil. Un premier pas vers la création d'un genre neutre (ou "intersexe"), la maladie n'étant qu'un prétexte pour imposer un nouvel avatar de la théorie du genre. Explications de l'Homme nouveau :

    "Certains enfants naissent « hermaphrodites », victimes d’une malformation physique qui fait que le bébé n’a pas de sexe biologique déterminé. Une épreuve terrible pour l’enfant et la plupart des parents que quelques discours imprégnés de la théorie du Genre n’aident pas à affronter la terrible réalité. Que faire ? Imposer à l’enfant un sexe déterminé ? Décider pour lui, parce que l’humanité est ainsi structurée et la vie en société avec elle, qu’il sera fille ou garçon et l’opérer en conséquence ? La difficulté est immense et les parents savent que quelque soit le choix qu’ils imposeront à ce bébé, il grandira avec une blessure profonde, comme tout autre personne née malade ou victime d’une malformation.

    En Allemagne entre en vigueur aujourd’hui une loi instituant un genre « neutre », qui fait suite à une déclaration de la Cour suprême reconnaissant à chaque individu le droit de vivre selon son « genre ressenti et vécu ». Le législateur entend répondre ainsi au problème de ces personnes dites « hermaphrodites » ou intersexuées, la loi n’autorisant pas pour l’instant les personnes sexuées normalement à faire usage de ce troisième genre. Nul doute que la France ira dans le même sens à plus ou moins long terme. En attendant, l’Allemagne vient de légiférer à partir d’une exception, de reconnaître l’hermaphrodisme comme un genre à part entière : le législateur considère donc la maladie – puisqu’il faut appeler les choses par leur nom – comme fondatrice de l’identité de la personne. Plus encore, si l’Allemagne entend aller jusqu’au bout de sa logique, il faudra ouvrir la possibilité de se déterminer comme neutre à tout le monde. Une personne née homme peut tout à fait se sentir un peu femme et un peu homme et revendiquer, au nom du « genre ressenti » qui fonde désormais la loi, de changer de genre administratif.

    Une véritable mascarade juridique qui, au delà de sa gravité sur le plan moral, rendra la vie en communauté de plus en plus complexe. Puisque l’on a imposé au nom de la parité des quotas de femmes aux entreprises, il faudra imposer aussi des quotas de « neutres ». Et tant pis pour les patrons qui refusent ce genre d’aberrations. Les choses pourraient être d’autant plus rocambolesques que le genre étant désormais fluctuant, un « neutre » pourra un beau jour se déclarer « femme » et bouleverser la politique de recrutement de l’entreprise. Cela aura le mérite de créer de l’emploi en psychologie et ressources humaines. Que les chantres de l’égalitarisme et du constructivisme réfléchissent également au congé « neutranité » qu’il faudra accorder en plus des congés paternité et maternité. Que les professionnels de la mode travaillent dès maintenant à la conception de collections neutres, que l’on s’empresse aussi d’installer dans les lieux publics des toilettes pour le troisième sexe et des piscines spéciales à Lourdes. Enfin, puissent les académiciens se mettre au travail au plus vite pour réformer la grammaire et créer un genre neutre.

    Bienvenue dans un Occident décadent, fier de retourner à l’état embryonnaire de l’indifférenciation sexuelle."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/11/le-troisi%C3%A8me-sexe.html

  • LA CHARIA

    Grâce à un article dans le journal Présent signé Bernard Antony, président de l’Institut du Pays Libre, nous donnons une définition de la Charia.
    La proclamation à Benghazi de la Charia comme désormais source principale du droit en Libye, c’est vraiment le très beau, le superbe résultat de la politique, approuvée à droite comme à gauche, de messieurs Bernard-Henri Lévy, Sarkozy et Juppé et des bombardements protecteurs de l’OTAN !
    Pour beaucoup, que n’abreuvent que les informations ou la désinformation des médias, la Charia c’est simplement le retour à la législation de la polygamie et l’on ne saurait prendre cela au tragique. Les imbéciles ignorants feront sur cela des quolibets salaces.
    Or la Charia, c’est ni plus ni moins l’ensemble du code islamique intégrant et régissant la totalité des actes humains. L’islam, c’est la Charia, la Charia, c’est l’islam. C’est le socle de la théocratie totalitaire dont le modèle a été établi à Médine par Mahomet.
    Cent fois le Coran rappelle qu’obéir à Dieu, c’est obéir à son prophète. La Charia, c’est la codification aux premiers siècles de l’islam de ce qui est prescrit dans le Coran et de tout ce que le prophète, selon la tradition (sunna), aurait fait et enseigné (hadiths). C’est la perfection d’une théocratie totalitaire régissant tout le monde et toutes choses dans tous les ordres de la religion, de la morale, de la politique, de la culture, en résumé de la vie individuelle et sociale sous tous leurs aspects et sous le contrôle de tous par tous.
    Avec les phénomènes résultant de l’effondrement de l’empire ottoman et de la domination des puissances européennes, les peuples de plusieurs pays d’islam avaient connu plus ou moins de distanciation avec le système Charaïque. Mais nous assistons partout en islam à son retour en force.
    La Charia, ce n’est pas seulement le mariage possible avec quatre épouses simultanément et l’achat d’autant de concubines que l’on peut en avoir, avec toutes les facilités d’un divorce avec les unes, prononcé en trois répétitions de la phrase de répudiation, ou d’une simple expulsion pour les autres.
    La Charia, ce n’est pas seulement le statut d’infériorité et de soumission de la femme sur bien des plans. C’est encore notamment, comme le rappelle Le dictionnaire du Coran (Robert Laffont) sous l’éminente direction de Mohammed Ali Amin-Moezzi, grand universitaire de la Sorbonne, une affirmation de la stratification de l’humanité qui, idéologiquement, légitime l’esclavage.
    Au haut de la hiérarchie est le mâle musulman, parmi lesquels la Charia distingue le commun (al-âmma) et l’élite (al-khâssa).
    Au bas de l’échelle, il y a les hommes sans religion, les « adamiens ». Selon la Charia, ils sont « sans foi ni loi ». S’ils ne se convertissent pas, affirme la Charia, "leur sang est licite".
    Au milieu sont « les gens du Livre », les juifs et les chrétiens, gens inférieurs mais que l’on peut laisser vivre selon le statut de « dhimmi », ses tolérances et ses contraintes, mais que l’on a souvent persécutés quand ils refusent la conversion.
    C’est un dogme de l’islam et de sa Charia que d’affirmer que tous les non-musulmans païens ou gens du Livre iront en enfer.
    La Charia est aujourd’hui le code proclamé de l’ordre totalitaire islamique dans la plupart des grands pays d’islam, chiites ou sunnites, Iran, Arabie, Pakistan, Afghanistan, Soudan, Nigéria du Nord, etc… D’autres pays la rétablissent progressivement dans les faits selon le rideau de fumée de l’islamisme « modéré ». (Turquie-Égypte-Irak)
    En Libye, grâce à l’OTAN, grâce à la France, la Charia est donc proclamée. En Tunisie, avec la victoire électorale des dits « islamistes », elle va être d’abord imposée dans les faits.
    Mais la vérité, partout, c’est que l’islamisme, c’est l’islam réel fondé sur la Charia.
    Hélas, chez nous, tous les responsables des grands partis politiques, sans exception aucune, et aussi presque tous les responsables religieux, et encore la plupart des enseignants et des journalistes ne veulent voir dans l’islam qu’une religion.
    Soit ils sont des ignorants, soit des dissimulateurs de la vérité.
    http://libeco.net/

  • Le vieillard, une figure à abattre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christian Combaz, cueilli sur Atlantico et consacré au vieillard, comme figure symbolique de l'ordre patriarcal à abattre... Romancier, Christian Combaz a récemment publié Gens de Campagnol (Flammarion 2012), une chronique villageoise, nourrie par son observation attentive de la société. Qui tient tant à tuer la figure du vieillard ? Les gens irrités par la publicité récente où l'on voit un vieux monsieur, tout animé par la convoitise et l'égoïsme, faire trébucher sa femme, à coups de canne, sur le chemin d'un paquet de chips, ont bien raison de soupçonner ce film de manquer d'innocence : il s'agit de compromettre, dans l'esprit de la ménagère de moins de cinquante ans, l'image du vieillard qui résiste à ses pulsions, qui doute et qui reste digne au milieu de la folie consumériste. Nous le voyons donc saliver, s'agiter, pratiquer la ruse et la méchanceté, et sa femme ne vaut pas mieux que lui. Un autre exemple nous est fourni par le patriarche rouspéteur qui résiste à sa fille et à son épouse au moment d'acheter un forfait de téléphonie mobile. La production a imaginé pour lui le châtiment suprême : son chien le prend pour un crétin et se livre devant lui à une explication de texte. On peut également citer le vieux couple de Scènes de ménage, dont la puérilité et la vulgarité vous dissuaderaient, en moins d'une saison, d'atteindre l'âge de la retraite. Il est permis de croire que tout cela est le fuit du hasard mais rien n'interdit de penser le contraire. Par exemple l'omniprésence, sur nos écrans, de cet acteur barbu et lunetteux de la publicité SFR qui est désormais l'emblème du patriarcat dépassé, de la masculinité larguée, de la prétention bousculée, répond à une nécessité, celle de faire trébucher l'un des derniers bastions du pouvoir en Occident : le prestige de l'âge. Il y a trente ans, déjà, les adultes n'avaient pas bonne presse. Une génération plus tard il n'y a plus une plage de publicité qui ne comporte la descente en flammes d'un adulte au bénéfice de l'omniscience de ses enfants. Peu à peu, la première source de nullité et d'ignorance dans le foyer est devenue le père, qui n'est jamais au courant de rien, qui paye de mauvaise grâce, qui se comporte en macho, qui conduit trop vite, qui manque systématiquement de finesse, et qui se prévaut de qualités qu'il ne possède pas. Parallèlement on assiste à un déplacement du centre de gravité de la contestation domestique vers le camp féminin. Au début les petites filles haussaient les épaules avec leurs frères quand leur père ouvrait la bouche, ensuite ce fut principalement une conjuration mère-fille. Enfin, lorsque le grand-frère, le mari et le gendre ont été discrédités, on s'est attaqué au grand-père. La fadaise selon laquelle l'identité homme-femme résulte d'un conditionnement social sans fondement biologique en est le corollaire absolu. J'ai reçu, hier, le lien vers un blog nommé Homme, Culture, Identité dont je cite ici la dernière livraison : "L'idée qui fonde politiquement l'idéologie du genre professe que de tout temps la femme a été sous la domination de l'homme et qu'il est venu le temps de subvertir la société hétéro-patriarcale." Ce dernier terme illustre que, pour déconstruire la prétendue tyrannie des mâles sur les esprits, il faut s'attaquer à la clé de voûte, la cariatide classique, la lourde statue de l'ancêtre masculin. Du coup on le représentera sous les traits les plus frivoles et les plus détestables. Pour avoir publié il y a trente ans un Éloge de l'Age, souvent réédité mais à peine toléré, pour avoir été souvent agressé sur les plateaux, je témoigne que le thème reste sous la vigilance sourcilleuse des femmes, et je me plais à rappeler que Ségolène Royal publiait, la même année, chez le même éditeur, un livre appelé Le printemps des grands-parents, où elle illustrait une thèse exactement contraire à la mienne : il n'y a pas d'âge-limite pour se ridiculiser par la frivolité, la dignité du vieillard est une fable sexiste (on sent la fille de militaire), soixante ans est l'âge de toutes les audaces, etc. C'est une constante dans les sociétés décadentes comme celle du XVIIIème en France. A une période pré-révolutionnaire correspond toujours une mise en cause de l'image du vieillard classique. A une période révolutionnaire, un renversement des hiérarchies sur la base de ce discrédit préalable. La littérature libertine des Encyclopédistes est pleine de vieux financiers et d'ecclésiastiques qui n'ont rien à envier à la libido de Dominique Strauss-Kahn. Pour prévoir la suite de ce qui nous attend, il n'est donc probablement pas inutile de se pencher sur ce qui nous est arrivé : on a vu ressurgir un siècle plus tard le plus ardent, le plus délirant besoin d'autorité masculine qui se soit manifesté depuis l'Antiquité. La force a régné partout, et la figure du vieillard olympien a orné toutes les boîtes de gâteaux. Quand on voit le plébiscite dont les figures léonardiennes de Gandalf et Saruman (Le Seigneur des Anneaux) ont été l'objet il y a dix ans parmi la jeunesse de la planète, quand on mesure l'extraordinaire glorification de la force masculine que pratique, en ce moment-même l'heroic fantasy dans le dos des bo-bos féministes, on se demande si les théoriciens du genre et les pourfendeurs du patriarcat ont choisi les bonnes lunettes. Christian Combaz (Atlantico, 4 octobre 2013) http://fierteseuropeennes.hautetfort.com/archive/2013/10/31/le-vieillard-une-figure-a-abattre-5209610.html

  • Où en est le Kosovo ?

    De 12h à 13h30 ce dimanche 3 novembre Grégoire Boucher reçoit Nikola Mirkovic (Franco-Serbe auteur du Martyre du Kosovo. Actuellement, il est engagé dans une organisation humanitaire en faveur des habitants du Koso&o) pour une émission spéciale dédiée au Kosovo et la Métochie. La guerre, les chrétiens, le terrorisme, la culture, l'OTAN, la géopolitique, les élections en cours et la survie du peuple serbe sont au programme. Pour écouter en direct : http://www.radiocourtoisie.fr

  • « Tuer le bourgeois qui est en soi ! »

    La reconquête des esprits pour une meilleure politisation des consciences est quelque chose que nous entendons de manière récurrente mais que nous avons du mal à faire appliquer surtout pour nous-mêmes. La raison en est que le monde moderne qui nous entoure a une emprise permanente sur notre raison et que, même si celle-ci reste avertie, elle se fatigue et se fragilise par ces inévitables confrontations à la publicité et à la pensée unique qui finissent par l’inhiber. Depuis 1905, le terrain a été labouré pour couper tout esprit de transcendance visant à l’élévation de l’Homme durant son existence terrestre. On lui interdit de chercher de profondes réponses à ses questionnements hors du champ matérialiste. Les plaisirs dans la consommation ont donc remplacé les réflexions transversales, éloignant ainsi l’être de ce qui le façonne réellement. Instrumentaliser les sens, les sentiments, les émotions à des fins idéologiques ou financières, c’est hélas ce qui définit notre monde depuis plus de 100 ans et explique en grande partie sa dérive narcissique. Quelle résistance devient possible devant des vecteurs d’influences aussi massifs et efficaces qui envahissent depuis plus d’un siècle notre quotidien? Évidemment, l’isolement en famille dans le Larzac avec quelques chèvres pourrait paraître le meilleur moyen de se couper de ce qui souille notre intérieur. Or, en politique, il ne s’agit pas de raisonner égoïstement mais de chercher en permanence à rompre avec cet individualisme pour renouer avec le bien-être du plus grand nombre. Pour cela, il faut accepter que les solutions soient aussi simples à comprendre que difficiles à appliquer. Savoir que nous ne sommes pas sur cette terre pour prendre mais pour donner. Comprendre que nous ne commencerons à vivre vraiment que lorsque nous aurons poussé notre dernier souffle. Vivre en cherchant toujours une vérité non soumise au monde artificiel. Accepter que la vie ne vaut d’être vécue que si elle abandonne le paraître et l’objet-roi dont nous sommes tous esclaves, pour laisser place à l’Être et au don de soi par l’engagement. Comprendre que l’ennemi prioritaire, n’est pas forcement dans les gros titres des journaux mais plutôt là, tout près, où nous le cherchons le moins! C’est lui qui toque à la porte de notre âme en nous forçant d’abandonner le peu de choses qui donnent un vrai sens à notre vie. Notre véritable lutte doit être de ne pas le laisser détruire nos citadelles. Cela reste extrêmement difficile à appliquer concrètement, mais doit néanmoins rester notre idéal principal, comme il existe l’idéal de pureté ou encore l’idéal chevaleresque que nous n’arriverons peut-être jamais à atteindre mais que nous chercherons toujours à imiter. Je ne sais pas pour vous, mais moi ce soir je veux tuer le bourgeois qui est en moi pour mieux toucher la vraie vie, celle dont les bénéfices ne se gagnent pas à Wall Street, et y donner un sens profond en aimant certes maladroitement parfois mais en aimant quand même. Pierre-Louis Mériguet pour Nouvel Arbitre. – http://nouvelarbitre.com/tribune-libre-tuer-le-bourgeois-qui-est-en-soi-par-pierre-louis-meriguet/

  • [Nimes] Hommage aux morts d’Action francaise

    Le Cercle Saint-Charles vous donne rendez-vous lundi 11 novembre à 11 heures à l’entrée du cimetière Saint-Baudile, où s’élève un monument dédié aux morts d’Action française de la Grande Guerre, dont nous honorerons la mémoire. La cérémonie sera suivie d’un déjeuner à 12 h 30 à la brasserie Le Palace (angle Esplanade-rue Régale). Participation : 20 euros. Inscription par téléphone au 04 66 76 27 57. http://www.actionfrancaise.net/craf/?Nimes-Hommage-aux-morts-d-Action

  • Journal de Bord de Jean-Marie Le Pen n°337

    http://www.youtube.com/watch?v=gYJ-W6fFl4s

  • Le nomos de la terre

    La réception de l’œuvre de Carl Schmitt (1888-1985) en France vient de prendre une nouvelle ampleur avec la parution quasi simultanée de La dictature (1ère édition allemande, 1921) et du Nomos de la Terre (1ère édition allemande, 1950). Le lecteur français disposait déjà d’un certain nombre de traduction (articles, livres ou recueils) : Romantisme Politique1, « L’évolution récente du problème des délégations législatives »2, La notion de politique et la Théorie du partisan3, « Le contraste entre communauté et société en tant qu’exemple d’une distinction dualiste… »4, Terre et Mer5, « Entretien sur le pouvoir »6, Théologie politique7, Parlementarisme et démocratie8, Du politique…9, « La situation de la science européenne du droit »10, « L’État comme mécanisme chez Hobbes et Descartes »11, « Le nouveau nomos de la Terre »12, Hamlet ou Hécube13, Théorie de la Constitution14, Les trois types de pensée juridique15, État, mouvement, peuple16, « À partir du nomos… La question de l’ordre économique et social »17, « Trois possibilités d’une image chrétienne de l’histoire »18. Le personnage, quelque controversé qu’il fût, apparaissait ainsi dans toute son envergure intellectuelle : tour à tour ou à la fois constitutionaliste, théologien politique, philosophe du droit, théoricien du politique, de l’État et de la guerre, analyste géopolitique. La dictature et Le Nomos de la Terre comblent deux lacunes : la « politologie de l’exception » d’une part, le droit international d’autre part. Même si Catholicisme Romain et forme politique (1ère édition allemande, 1923) et Le Léviathan dans la doctrine de l’État de Thomas Hobbes (1ère édition allemande, 1938) sont annoncés, beaucoup d’éléments manquent encore19 : essentiellement les textes de jeunesse (publiés avant 1919), les textes de vieillesse (années 1960-1970) et, au milieu, nombre de textes rédigés sous le IIIe Reich (1933-1945). Quatre publications seraient décisives, celles des deux recueils de Schmitt : Positionen und Begriffe im Kampf mit Weimar, Genf, Versailles, 1924-193920 (édité en 1940) et Verfassungsrechtliche Aufsätze aus den Jahren 1924-195421 (édité en 1958), et celle des deux ouvrages autobiographiques : Ex captivitate salus, sur les années 1945-1947 (édité en 1960), et Glossarium, journal des années 1947-1951 (édité à titre posthume en 1991). Comme l’indique leur intitulé fort dissemblable, La dictature et Le Nomos de la Terre sont des ouvrages très différents, l’un centré sur l’évolution des pouvoirs extraordinaires de l’État, l’autre sur l’histoire du droit des gens européen. Pour fortuite qu’elle soit, leur sortie au même moment s’avère extrêmement intéressante, car elle révèle à la fois le champ d’étude du publiciste22 allemand et la singularité de son itinéraire personnel, en pleine « Guerre de trente ans » du XXe siècle (1914-1945). La dictature est le premier livre de droit constitutionnel publié par Schmitt, alors jeune professeur en pleine ascension. Il fait suite à deux articles de 1916 consacrés à l’état de siège ; il précède la Théologie politique de 1922, ainsi que « La dictature du président du Reich d’après l’article 48 de la constitution de Weimar » (opuscule publié en 1924 à l’issue du congrès de l’Association Allemande des professeurs de droit public, qui figure en appendice de la présente traduction française). Le Nomos de la Terre est le dernier livre de droit international publié par Schmitt, alors professeur mis à la retraite anticipée après avoir été arrêté (en 1945) et interrogé à Nuremberg (en 1947). Il fait suite aux ouvrages des années 1938-1942 consacrés au droit de la guerre, au « grand espace » et à l’opposition terre-mer ; il précède l’approfondissement de la réflexion sur le nomos menée tout au long de la décennie 1950. Un même objet d’étude : la généalogie de l’État Ouvrages très différents par leur contenu, La dictature et Le Nomos de la Terre ont néanmoins des points communs essentiels. Ils sont tous deux rédigés dans un contexte « catastrophique » : après deux défaites militaires et après la fondation de deux Républiques, celle de Weimar puis de Bonn, la première issue d’une révolution intérieure, la seconde, d’une occupation internationale. Par rapport au « pessimisme » du Nomos de la Terre, qui correspond à l’écrasement de l’Allemagne et à l’assujettissement de l’Europe, toutes deux écartelées entre l’Est et l’Ouest, La dictature apparaît plus « optimiste » : le fameux article 48 de la Constitution weimarienne, qui donne au président du Reich les pleins pouvoirs, notamment celui de requérir l’armée, permettait à l’Allemagne en proie à la guerre civile larvée de vaincre la menace révolutionnaire, d’en finir avec le régime des partis et de retrouver sa puissance. Les deux ouvrages sont également caractérisés par la même érudition historiographique et philosophique, et par une très grande culture juridique. Enfin et surtout, on y retrouve la même perspective de l’« exception » – la crise derrière La Dictature, la guerre derrière Le Nomos de la Terre – et, sous cet angle, le même objet d’étude : la généalogie de l’État, en tant que forme moderne d’unité politique en Europe. Le livre de 1921 ne fait pas que retracer l’histoire de la dictature, en tant que concept de droit public, de Machiavel à Marx, en passant par Clapmar, Bodin, Hobbes, Locke, Montesquieu et Rousseau, de la monarchie absolue à la Constitution de Weimar en passant par la Révolution française et la Restauration. Il ne se borne pas non plus à suggérer que la dictature présidentielle ou militaire est la solution à la crise révolutionnaire de l’Allemagne. Il dévoile la genèse et la formation de l’État. Le livre de 1950, lui, ne fait pas que retracer l’histoire du droit des gens classique, en tant que droit géopolitique, de Vitoria à Hegel, en passant par Ayala, Gentili, Grotius, Zouch, Vattel et Kant, de la conquête du Nouveau Monde et des guerres de religion jusqu’au diktat de Versailles et au tribunal de Nuremberg, en passant par le traité de Westphalie (1648), le congrès de Vienne (1815) et la conférence de Berlin (1885). Il ne se borne pas non plus à critiquer l’évolution universaliste et discriminatoire du droit international et du droit de la guerre. Il dévoile la trajectoire et le déclin de l’État du jus publicum europaeum. La traduction française de Die Diktatur contient les préfaces de l’auteur aux éditions de 1927, 1963 et 1978. Il y est à chaque fois question de la situation d’exception en droit, depuis l’état de siège classique, policier et militaire, jusqu’à l’état d’urgence financier, économique et social. Le publiciste confirme ainsi que le thème de la dictature relève de sa « méthodologie de l’exception », révélatrice du fond des choses. « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle », écrira-t-il en 192223. « Celui qui maîtrise l’état d’exception a la maîtrise de l’État », écrit-il en 192124. L’exception renvoie à la décision et celle-ci, à la dictature, en tant que forme exceptionnelle de décision dérogeant aux règles. La dictature est l’ouvrage « décisionniste » par excellence. Schmitt s’y révèle un expert du « droit d’exception ». Il donne à cet égard une véritable leçon d’histoire des institutions, de philosophie politique et de droit constitutionnel comparé. Il montre notamment l’étendue de sa connaissance de l’histoire révolutionnaire française, de 1789 à 1848, époque où justement les « pouvoirs exceptionnels » furent à la fois l’instrument et l’enjeu des luttes. Il rappelle ainsi que toute Constitution contient des modalités d’exception car, en cas d’urgence, aucun État ne saurait s’en passer. Précisément, il fera l’exégèse de l’article 48 de la Constitution de Weimar, en 1924. À travers cet article, le président du Reich exerce une « dictature commissariale » : il détient une charge extraordinaire – sauvegarder l’ordre constitutionnel en situation de péril – et il dispose à cette fin d’une habilitation discrétionnaire pour mettre en œuvre des compétences extraordinaires : dérogations aux lois et suspension des droits fondamentaux. Plus largement, Schmitt voit dans les « pouvoirs d’exception » à la fois l’origine et l’essence de l’État moderne. Il part de la guerre et de l’armée, concrètement de l’action des commissaires princiers chargés de l’action militaire, pour retracer la généalogie de l’État. Après Otto Hinze25, Charles Tilly26 dira en historien ce que Carl Schmitt dit en juriste : l’édification de l’État a commencé par la création d’armées permanentes financées par l’impôt ; ce type d’armée étant supérieur aux autres, les États, en concurrence, durent les uns après les autres envisager leur réorganisation militaire ; pour réussir cette réorganisation, ils passèrent du gouvernement indirect au gouvernement direct. Auparavant, les souverains s’appuyaient sur des autorités intermédiaires dotées d’une large autonomie : l’aristocratie, les parlements des provinces, les conseils municipaux des villes, les corps de métiers, l’Église. Dorénavant, ils s’attachèrent à créer des appareils d’État leur permettant de gouverner directement, non sans conflits avec les anciens pouvoirs nobiliaires, municipaux, corporatifs ou ecclésiastiques. Ces conflits, ils les tranchèrent en usant de leur pouvoir d’exception, c’est-à-dire de leur droit de déroger aux droits. À cet égard, la page 84 de La dictature est remarquable. Elle contient tout ce que développera l’historiographie de l’État, de la guerre et de l’armée : l’« historiographie de l’exception », qui considère le conflit comme la perspective déterminante pour comprendre la politique ou le droit27. La mission des commissaires princiers était de s’occuper de l’équipement et de l’approvisionnement de l’armée. Pour qu’ils puissent réaliser leurs objectifs, il fallut étendre leurs compétences à l’administration fiscale, parce que l’entretien de l’armée dépendait du recouvrement des impôts. Pour pouvoir parvenir à ce résultat, il fallait augmenter le potentiel fiscal du pays, donc développer l’activité économique, ce qui impliquait d’améliorer l’administration intérieure. L’accroissement des pouvoirs de l’appareil d’État se heurtait aux « droits acquis » des ordres, des provinces, des corps ; aussi ne put-il s’imposer que par le recours à une « légalité d’exception » dérogeant aux droits existants. C’est en ce sens que l’histoire de la dictature est parallèle à celle de l’État, car c’est à travers le droit d’exception que l’État moderne s’est édifié, ou plus précisément que l’ancien ordre médiéval, avec sa hiérarchie d’ordres et de charges, a été aboli par le nouvel État monarchique, s’appuyant sur ses commissaires qui devinrent ses fonctionnaires. Contre la puissance de l’État se dressèrent les monarchomaques hier, les libéraux aujourd’hui. Du destin de l’Empire au destin de l’Allemagne Pour illustrer le passage du Moyen-Âge à la modernité, Schmitt prend l’exemple de la reformatio de l’Église au XIVe siècle. Il se livre à une longue analyse de la lutte entre le pape, appuyé sur ses légats, et les conciles, la victoire pontificale imposant à l’institution ecclésiale un caractère monarchique. À cette « théologie politique » – l’analogie systématique entre l’État et l’Église – succède l’analyse juridique de la construction historique de l’armée moderne. Plus précisément, Schmitt s’intéresse aux tentatives d’instaurer une armée impériale qui aurait pu servir à transformer le vieil empire germanique en État national. Il entame une longue digression sur Wallenstein, qu’il a toujours admiré car il voyait en lui le chef militaire qui aurait réalisé l’unité nationale allemande. Au lendemain de la guerre de 14-18, cette digression est l’occasion pour Schmitt de développer un parallèle implicite entre la situation de Wallenstein durant la guerre de Trente ans et celle de l’état-major durant la Première Guerre mondiale. Schmitt fut le « Kronjurist » de la Reichswehr : c’est ainsi que l’on peut résumer sa biographie politique et intellectuelle. La dictature le confirme. Évoquer le destin de l’Empire, de l’empereur Ferdinand ou de Wallenstein est pour lui une façon déguisée de parler du destin de l’Allemagne, du Kaiser Guillaume II ou de Hindenburg-Ludendorff. Wallenstein ne fut pas dictateur car l’empereur Ferdinand ne lui donna pas des pouvoirs discrétionnaires pour suspendre des droits qui auraient pu faire obstacle à sa mission militaire. En invoquant la situation exceptionnelle, Ferdinand aurait pu essayer de transformer le simulacrum potestatisen plenitudo potestatis, de retrouver la puissance impériale minée par la « confédéralisation » de l’Empire ; c’est précisément ce qu’il ne fit pas. L’empereur « n’a pas osé profiter de la situation de guerre pour étendre son pouvoir politique » face aux princes électeurs et à la Diète ; disparut alors « l’ultime possibilité de créer un pouvoir central fort grâce à l’état d’exception »28. Existait bien la pratique consistant à prélever des contributions ou à opérer des confiscations pour la conduite de la guerre. Cette dernière présentait une « extensibilité illimitée », puisqu’elle englobait non seulement la direction stratégique et tactique des opérations, mais aussi tout ce qui avait trait à l’entretien et au moral des troupes. Avec l’extension du cadre de l’action militaire, c’est finalement l’État tout entier qui pouvait être mis au service de la fin militaire. Le parallèle avec la situation de 14-18 est patent29. Après la généalogie de l’État, qui voit le jus dominationis du souverain s’imposer aux « droits acquis » des ordres et des corps, Carl Schmitt passe à la généalogie de la révolution, qui voit le « pouvoir constituant » du peuple s’imposer à la plenitudo potestatis du monarque. La « dictature commissariale » et la « dictature souveraine » – les deux formes que le publiciste distingue fondamentalement – prennent alors leur sens contemporain. La première, contre-révolutionnaire, fait face à une situation exceptionnelle en vue de restaurer la Constitution, provisoirement suspendue ; son titulaire tient son pouvoir d’une habilitation constitutionnelle (exemple du président du Reich muni de l’article 48). La seconde, révolutionnaire, crée une situation exceptionnelle en vue d’instaurer une Constitution nouvelle ; son titulaire tient son pouvoir d’une auto-proclamation constituante (exemple de l’Assemblée nationale constituante de Weimar). La dictature commissariale est la dictature absolue du pouvoir constitué, lié à des règles et à des formes ; la dictature souveraine est la commission absolue d’un pouvoir constituant, jure solutus. Quand l’idée libertaire justifie la dictature De la philosophie des Lumières à la Révolution française, en passant par Rousseau, apparaît donc la dictature souveraine, dont le dernier avatar est la « dictature du prolétariat » de Marx à Lénine. Le juriste contre-révolutionnaire élabore la théorie juridique de la révolution. Il part du « holisme du contrat » chez Rousseau30, pour montrer comment l’individualisme radical peut basculer en absolutisme radical. « On ne peut faire valoir aucun droit contre le peuple souverain »31. Tel est le retournement de l’idée libertaire en justification de la dictature. De même que Dieu, source de tout pouvoir selon la théologie chrétienne, n’agit qu’à travers l’Église et le pape, de même que l’État, source de toute autorité selon le droit public moderne, n’agit qu’à travers l’administration et le gouvernement, la nation, source de toute légitimité selon la doctrine démocratique, n’agit qu’à travers l’assemblée et ses mandataires. Si le peuple est tout-puissant, sa représentation le sera aussi. Si la représentation délègue tout pouvoir à l’exécutif, alors celui-ci exercera la dictature, c’est-à-dire l’exercice immédiat du pouvoir sans séparation des pouvoirs législatif et exécutif. Tel est le noyau de la dictature au sens moderne : la concentration des pouvoirs afin de combattre un ennemi. L’année 1793 fut éminemment révélatrice : l’assemblée (la Convention) domine le peuple, la commission de l’assemblée (le Comité de Salut Public) domine l’assemblée, le chef de la commission (Robespierre) domine la commission. Le pouvoir constituant se résorbe dans le pouvoir exécutif, la dictature révolutionnaire devient celle des commissaires, chargés de combattre l’ennemi intérieur et extérieur au moyen de procédures expéditives ou de tribunaux spéciaux. Édifier un gouvernement fort appuyé sur une machine administrative efficace et centralisée, éliminer les obstacles à cette édification, approvisionner l’armée, briser la sédition, vaincre l’ennemi : telle fut l’œuvre des commissaires de la Révolution, dont le plus illustre fut Carnot, avant qu’ils ne remettent le nouvel État au nouveau souverain : Napoléon Bonaparte. Comment la Constituante, la Convention, le Directoire ont-ils combattu leurs ennemis ? Comment les révolutionnaires, une fois au pouvoir, ont-ils pu réprimer les masses en usant de pouvoirs extraordinaires ? Schmitt passe en revue toute la « légalité d’exception » de la période révolutionnaire, de 1789 à 1848. Dans une situation de guerre civile, la question concrète est de réprimer l’émeute par des moyens militaires. Le problème juridique central concerne donc l’intervention de l’armée. La situation est toute particulière, puisque l’action de l’État se tourne contre ses propres citoyens, ceux-ci ayant en quelque sorte déclarés la guerre à l’État existant. De même qu’en droit international, les pouvoirs d’exception de l’État, autrement dit son droit de faire la guerre, sont réglés par le jus ad bellum et le jus in bello32, en droit interne, les pouvoirs d’exception de l’État, autrement dit son droit de réprimer, sont réglementés par le droit constitutionnel et le droit pénal, qui convergent dans l’institution de l’état de siège. Avec l’état de siège, le pouvoir exécutif est transféré à l’armée et une partie du pouvoir judiciaire, aux tribunaux militaires ; mais l’action de l’armée reste soumise au contrôle du gouvernement, du Parlement et du juge administratif, sans concentration du législatif et de l’exécutif, sans extension du pouvoir exécutif ni du pouvoir judiciaire ; autrement dit, l’armée et les tribunaux militaires ne peuvent modifier les lois en vigueur, mais seulement y déroger. Schmitt pense donc aux moyens juridiques de faire face à la révolution prolétarienne. L’état de siège paraissant insuffisant, il se tourne vers la dictature commissariale. Sur quels fondements légaux agit l’armée lorsqu’elle réprime une insurrection – ainsi en Allemagne entre 1918 et 1923 ? Sur l’article 48 de la Constitution. Face à la puissance des partis marxistes, il n’y a de recours que la puissance de l’armée dirigée par le président du Reich élu au suffrage universel direct. La possibilité de la dictature commissariale, constitutionnellement prévue, doit s’opposer à la menace de la dictature révolutionnaire, qui invoque de manière abusive le pouvoir constituant du peuple. Certes, l’article 48 peut être détourné par le Reichspräsident ; mais ce risque est limité par l’existence des autres autorités constitutionnelles, gouvernement, parlement, tribunaux. Le dernier théoricien du « jus publicum europaeum » Le Nomos de la Terre est une rétrospective du jus publicum europaeum, dont Carl Schmitt se veut « le dernier théoricien ». Avec la Théorie de la Constitution et La notion de politique, cet ouvrage est l’un des sommets de l’œuvre schmittienne, une référence incontournable pour qui veut comprendre l’histoire du droit international, notamment l’époque cruciale 1919-1946. Il contient deux thèmes principaux : « l’ordre spatial » et « la guerre juste ». Deux thèmes conçus comme les deux grandes parties de toute réflexion sur le droit international public. Il commence par une réflexion sur le droit comme nomos, c’est-à-dire « unité d’ordre et de localisation ». Il retrace ensuite l’histoire du droit des gens, de la Respublica christiana à la « République européenne », puis de la « république européenne » à la dissolution du jus publicum europaeum (XIVe-XXe siècles). Cette dissolution est la conséquence d’un double tournant, de 1890 à 1946 : du droit européocentré à l’universalisme, de la reconnaissance de l’ennemi à sa criminalisation sous l’influence de l’« hémisphère occidental ». Enfin, la récusation du tribunal de Nuremberg constitue l’arrière-plan de l’ouvrage. Après 1945, Schmitt est dans la situation d’un vaincu, en tant que conservateur, Allemand et Européen. Prenant la forme d’une « guerre civile internationale », le second conflit mondial a vu le triomphe de l’Amérique libérale et de la Russie soviétique. Le publiciste, chassé de l’Université, est donc réduit à la « défensive ». Aussi réinterprète-t-il son œuvre sous l’angle d’une catégorie de la théologie de l’histoire33, celle du Kat-echon, en s’identifiant lui-même à un catéchonte : ce qui importe, dit-il, c’est de « résister », de « résister » à la culpabilisation et à l’américanisation. Cette posture « défensive » ne l’empêche cependant pas de proposer un contre-modèle au droit international contemporain en rédigeant un elogium du droit des gens classique. La réécriture du jus publicum europaeum n’a pas qu’un intérêt historique. Elle a un intérêt pleinement politique : en retournant aux principes fondamentaux de l’ancien droit des gens, Carl Schmitt propose de re-substituer la souveraineté de l’État aux constructions universalistes et supranationales, de re-substituer les concepts non discriminatoires de guerre, de neutralité et d’« ennemi juste » à la criminalisation de la belligérance, à la « police internationale » et au procès pénal. Il s’agit aussi pour Schmitt de disculper l’Allemagne et d’accuser les Alliés d’avoir déchaîné, au nom de la « guerre juste », une « guerre totale » qui a détruit le droit des gens européen. Un nouveau droit des gens planétaire et océanique Avant les Grandes Découvertes, le droit des gens était un « droit des empires », dont l’horizon était limité. À partir de la fin du XVe siècle, la conquête européenne du Nouveau Monde, puis du globe tout entier, engendra un nouveau droit des gens, à la fois planétaire et océanique. Ce droit des gens était européocentré et universel. Il reposait sur une double distinction et un double équilibre : distinction entre la terre et la mer, entre l’Europe et le reste du monde ; équilibre entre la terre et la mer, entre les États du continent européen. Tel était son « ordre spatial » global. La Grande-Bretagne, maîtresse des océans, était à la fois le maillon des deux organisations terrestre et maritime de l’espace planétaire et la garante de l’équilibre des États sur le continent européen. Le jus publicum europaeum avait un caractère inter-étatique, puisqu’il reposait sur la souveraineté territoriale des États, et transnational, puisqu’il s’articulait sur la liberté de la navigation et de l’économie. Le droit international public, en tant que « droit commun des États », comportait un régime-type commun aux États reconnus – l’absolutisme au XVIIIe siècle, le constitutionnalisme au XIXe – et un droit international privé – régissant les transports trans-étatiques du commerce et du marché – qui avaient au moins autant d’importance que la souveraineté de l’État. Le jus publicum europaeum avait son propre droit de la guerre, basé sur le justus hostis, par opposition au droit de la guerre médiéval, basé sur la justa causa, et au droit de la guerre contemporain, qui discrimine les belligérants selon qu’ils sont ou non coupables d’« agression ». Dans le droit des gens classique, la guerre est « juste » dès lors qu’elle est livrée par des États détenteurs du jus belliet par des armées régulières sur un theatrum belli. Telle fut l’essence du jus publicum europaeum : la limitation de la belligérance par la reconnaissance de l’ennemi (concept de guerre inter hostes equaliter justi). Telle fut la distinction cruciale, tel fut le véritable progrès moral : ne pas voir en l’ennemi un criminel, donc admettre l’antagonisme des intérêts ou des valeurs sans le métamorphoser en antagonisme du « bien » face au « mal ». À partir de ce relativisme, dont notre juriste catholique se félicite, la guerre put être réglée et limitée. Enfin, le jus publicum europaeum conciliait les deux fonctions de tout droit international, à savoir : la garantie de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des États, et l’aménagement des modifications territoriales et politiques rendues inévitables par l’évolution des rapports de force entre États. C’est le principe fondamental de l’équilibre, qui fut le critère de légitimité aussi bien de la garantie que de la révision du statu quo. Cette révision s’opérait à travers la pratique de la conquête, de la succession d’États, de l’occupation militaire. Elle devait être consacrée par une reconnaissance – autre concept fondamental – en droit international. Schmitt termine Le Nomos de la Terre en retraçant la dissolution du jus publicum europaeum. Il s’attaque à la doctrine kantienne, à l’origine philosophique du droit international contemporain. Il développe l’analyse critique de l’influence de « l’hémisphère occidental ». Il déplore le tournant du droit européocentré à l’universalisme de l’International law. Il dénonce la criminalisation de la guerre par le tribunal de Nuremberg, récusé comme étant contraire au principe34 de légalité des délits et des peines, aucun texte antérieur à 1939 ne pouvant incriminer les auteurs individuels de la guerre. Pour mener à bien cette récusation, le publiciste repense l’évolution du droit de la guerre. D’abord de la justa causa médiévale au justus hostis classique, d’Ayala à Alphonse Rivier35, en passant par Gentili, Vattel et Hegel. Puis de l’ennemi juste à la criminalisation de l’ennemi, de la déclaration du président Wilson aux conventions de Londres, en passant par le traité de Versailles, le pacte de la SDN et le pacte Briand-Kellog. Ce tournant révolutionnaire de l’histoire du droit des gens voit la réintroduction du concept discriminatoire de « guerre juste » fondé sur la notion d’agression et mis au service de la garantie du statu quo. Face à une doctrine du droit international qui prétend abolir la guerre, Schmitt prétend qu’une telle prétention conduit à exacerber la guerre, alors que le droit a pour finalité la limitation de la belligérance, non son élimination. De la SDN à l’ONU apparaît l’idée d’une interdiction du recours à la force armée, sanctionnée par la punition de l’agresseur. La conséquence en est qu’il faut considérer que l’une des deux parties au conflit n’est pas seulement un adversaire qui doit être vaincu, mais un coupable qui doit être châtié. D’où l’exacerbation de la guerre, rendue inexpiable par la non-reconnaissance des belligérants. Cette évolution s’effectue parallèlement à l’accroissement des moyens de destruction et à la globalisation du theatrum belli. Seule la disqualification morale et juridique de l’ennemi permet de légitimer l’application d’une violence aussi radicale que, par exemple, les bombardements aériens sur les villes. La transformation de la belligérance en « opération de police », précipitant la dérive de la guerre étatique en guerre civile internationale, justifie les méthodes de police bombing contre les gouvernements « coupables », même si les populations « innocentes », incitées à se soulever, en subissent les effets36. L’orientation vers un concept discriminatoire de guerre est ainsi « un épiphénomène idéologique de l’évolution […] technique des moyens de destruction »37. Seule la guerre juste peut donner un sens à la montée aux extrêmes de la violence. Le « juste » peut employer tous les moyens contre l’« injuste » : telle est la relation entre bellum justum et total warfare. Les États-Unis considérés comme l’adversaire principal L’Europe se situe entre l’Est et l’Ouest ; mais c’est à partir de l’Ouest que le jus publicum europaeum fut détruit par l’introduction des guerres discriminatoires. Le Nouveau Monde est ainsi au commencement et à la fin du droit des gens classique. En portant ce jugement, Carl Schmitt confirme qu’il considère alors les États-Unis – puissance porteuse de l’idéologie du One World et du jus contra bellum – comme l’adversaire principal. Il lui importe donc d’élucider la situation « spirituelle » de l’Amérique, comme « métapolitique » de l’ennemi. Plus particulièrement, il entreprend d’examiner la relation, non plus entre l’Amérique et l’Angleterre – la translatio imperii – mais entre l’Amérique et la France – la translatio civilisationis. Empire universel ou monde multipolaire ? L’universalisme américain apparaît alors comme le stade suprême de l’impérialisme américain. De 1890 à 1945, les États-Unis balancèrent de l’isolationnisme à l’interventionnisme, sur la base d’une même idéologie morale. Ils tentèrent de résoudre cette contradiction par un mélange d’absence officielle et de présence effective, durant l’entre-deux-guerres. De 1914 à 1917, puis de 1935 à 1941, les présidents Wilson et Roosevelt passèrent donc de la neutralité intégrale à la guerre totale, l’impérialisme économique stimulant l’intervention militaire. Le nomos européocentré du globe fut détruit par les guerres mondiales. Il a été remplacé, à l’époque où écrit Schmitt, par la division Est/Ouest. États-Unis et Union Soviétique se sont partagé le monde et ont transformé l’Allemagne et l’Europe en objet de leur politique internationale. L’issue de la guerre froide verra-t-elle l’avènement de « l’empire universel » (le monde unipolaire américanocentré) ou celui des « grands espaces équilibrés » (le monde multipolaire et multi-civilisationnel) ? Telle était la question que posait Schmitt. Elle reste d’actualité. 1. Librairie Valois-Nouvelle Librairie nationale, 1928 (1ère éd. allemande, 1919). 2. In Recueil d’études en l’honneur d’Édouard Lambert, Sirey, LGDJ, 1938, pp. 200-210 (1ère éd. allemande, 1936). 3. Calmann-Levy, 1972, rééd. en 1989 (d’après l’éd. allemande de 1963, mais La notion de politique a connu plusieurs versions entre 1927 et 1933, celle de 1932 étant reprise quelque trente ans plus tard). 4. Res Publica, XVII, 1, 1975, p. 100-119 (1ère éd. allemande, 1960). 5. Éditions du Labyrinthe, 1985, (1ère éd. allemande, 1942). 6. Commentaire n° 32, hiver 1985-86, pp. 1113-1120 (1ère éd. allemande, 1954). 7. Gallimard, 1988, (recueil de deux ouvrages du même titre respectivement publiés en 1922 et 1968). 8. Seuil, 1988 (recueil de textes publiés entre 1923 et 1931). 9. Puiseaux, Pardès, 1990 (recueil de textes publiés entre 1919 et 1952). 10. Droits n° 14, 1991, pp. 115-140 ; Krisis n° 13-14, 1993, pp. 35-71 (1ère éd. allemande, 1950). 11. Les Temps modernes, novembre 1991, pp. 1-14 (1ère éd. allemande, 1950). 12. Krisis n° 10-11, 1992, pp. 165-169 (1ère éd. allemande, 1955). 13. L’Arche, 1992, (1ère éd. allemande, 1956). 14. PUF, 1993 (1ère éd. allemande, 1928). 15. PUF, 1995 (1ère éd. allemande, 1934). 16. Kimé, 1997 (1ère éd. allemande, 1933). 17. Commentaires n° 87, automne 1999, pp. 549-556 (1ère éd. allemande, 1953). 18. Études philosophiques n° 3, juillet-septembre 2000, pp. 410-421, (1ère éd. allemande, 1951). 19. Rappelons que l’œuvre schmittienne s’articule autour d’une trentaine d’ouvrages fondamentaux, auxquels s’ajoutent environ 130 articles principaux (dont le contenu, il est vrai, est souvent repris dans les ouvrages). 20. Positions et concepts dans le combat contre Weimar, Genève, Versailles, 1923-1939, qui réunit 36 textes. 21. Articles de droit constitutionnel des années 1924-1954, qui réunit 22 textes. 22. L’auteur de cet article emploie évidemment le mot « publiciste » dans le sens de « spécialiste du droit public » (Ndlr). 23. Théologie politique, op. cit., p. 15. 24. La dictature, op. cit., p. 36. 25. Cité par Schmitt p. 84. Cf. « Système politique et système militaire » (1906), traduit in Féodalité, capitalisme et État moderne, MSH, 1991. 26. Contrainte et capital dans la formation de l’Europe, 990-1990, Paris, Aubier, 1990 ; Les révolutions européennes, 1492-1992, Seuil, 1993. 27. Selon Raymond Aron, « la manière dont les hommes se sont combattus a toujours été aussi efficace pour déterminer la structure de la […] société que la manière dont les hommes ont travaillé » (« Une sociologie des relations internationales », in Revue française de sociologie, 1963, p. 311). 28. La dictature, op. cit., pp. 100-101. 29. Il suffit de remplacer Wallenstein par Hindenburg-Ludendorff, Ferdinand par Guillaume II, « confédéralisation » par « parlementarisation », princes électeurs par partis, Diète par Reichstag. 30. « Chacun de nous met en commun sa personne sous la suprême direction de la volonté générale, et [la communauté] reçoit en corps chaque membre comme partie indivisible du tout ». 31. La dictature, ibid., p. 131. 32. Rappelons que le jus ad bellum, ou droit de la guerre au sens large, règle le recours à la force armée (quand a-t-on le droit de recourir à la force ?) et que le jus in bello, ou droit de la guerre au sens strict, règle l’usage de la force armée (comment a-t-on le droit d’user de la force ?). 33. Empruntée à la seconde Épître aux Thessaloniciens de Saint-Paul (2,6). 34. Naguère critiqué : il y a une certaine part d’opportunisme dans la pensée schmittienne ! 35. Principes du droit des gens, A. Rousseau, 2 vol., 1896. 36. Dix ans après la guerre du Golfe et deux ans après celle du Kosovo, les pages consacrées à la guerre aérienne dans Le Nomos de la Terre sont particulièrement à méditer (op. cit. pp. 310-320). 37. Ibid., p. 319. http://grece-fr.com/?p=3584

  • Entre l’hégémonie et le chaos

    Par G.-A. Amaudruz

    Dominer le monde, voilà le rêve de qui commande les armées et dispose de la bombe atomique. Les Etats-Unis, vainqueurs de la deuxième guerre mondiale, semblent hésiter: accepteront-ils de redescendre au rang de première puissance ou maintiendront-ils leur prétention à l’hégémonie? Tel est aujourd’hui leur choix.

    Précisons: "Etats-Unis" signifie ici l’ensemble de ceux qui peuvent larguer la "bombe", donc les diverses forces qui mènent cette puissance et qui, tirant chacune de son côté, suggèrent la démarche d’un clochard. Quant aux citoyens-administrés, ils croient ou font semblant de croire avoir un mot à dire. Et ainsi, "démocratie" sert à mener où l’on veut des braves gens plus ou moins persuadés d’aller où ils veulent.

    A un moment donné du Néolithique, la sédentarisation, grâce à l’agriculture, a permis une explosion démographique, incontrôlée jusqu’ici. D’où notre fabuleux progrès technique avec, pour corollaire, la conservation, l’accumulation des tares. Or jusqu’ici, les problèmes posés, non résolus, s’aggravent de siècle en siècle.

    Notre remarque sur le mot "Etats-Unis" vaut pour de nombreux pays, en changeant ce qui doit l’être. Ainsi, la France, où le président contrôle la "bombe", où l’administration gouverne en réalité et où le gouvernement s’occupe comme il peut. Ailleurs et toujours plus, les Etats tombent au rang de sociétés anonymes pour l’administration d’un territoire donné, peuplé de ressortissants de toute la planète. Pour la Suisse, les naturalisés constituent plus de la moitié de la population.

    Un peu partout, des organigrammes remplacent la réalité biologique, l’ascendance commune. Les naïfs y verront un effet du hasard. Les autres finiront par comprendre qu’une volonté se cache sous le masque du hasard: la volonté d’asservir les peuples en dissolvant les volontés semblables issues d’une ascendance commune. Dès lors, perdu dans la foule, l’individu, prétendu irremplaçable, n’aura pour tout pouvoir que son bulletin de vote, soit un x-millionième d’une volonté théorique. Et plus l’Etat sera grand, moins ce vote pèsera. Il aura la consolation de se sentir "souverain" et le désespoir d’en connaître la vanité.

    Le problème de l’explosion démographique, non résolu jusqu’à présent, s’aggrave de jour en jour. Les tribus du Néolithique s’organisaient sans doute mieux que nous, car les "progrès" de notre civilisation débouchent sur des problèmes de plus en plus graves et qui, non résolus, peuvent paralyser les hommes et même les faire disparaître. Dans divers pays, des tribunaux de la pensée interdisent même la discussion d’importants problèmes.

    En ce moment, l’épreuve de force entre les Etats-Unis d’une part, la Russie et la Chine d’autre part, tous plus ou moins suivis de leurs alliés plus ou moins dociles, cette épreuve s’éternise et éternise la décision dont dépend le destin du monde: comment va se conclure la deuxième guerre mondiale qui, malgré sa fin officielle, a continué avec d’autres acteurs pour aboutir, vers 1980, à une dicta­ture états-unienne au service du mondialisme? Cette phase, d’une trentaine d’années, a été pire que celle des années 1940, où l’on se contentait de tuer. Le mondialisme américain a imposé le métissage planétaire. Racialement malades, les Etats-Unis ont inoculé leur mal à de nombreux pays, désormais abaissés à leur niveau.

    Tandis que les superpuissances – vont-elles s’entendre ou se combattre? – s’affrontent en silence, un problème capital se pose aux rêveurs: comment as­surer la survie de l’Homme? L’histoire connue n’apporte aucune réponse, et la vie est trop courte pour la trouver.

    Solution: il faut, en dehors de partis, bruyants et nombreux, rétablir la re­cherche spirituelle. Le chercheur, même isolé, peut trouver une solution et la propager; l’idée réunit alors un groupe d’études qui publiera ses postulats; des groupes locaux les diffusent. En un mot: recommençons!

    Seulement, pour pouvoir énoncer une pensée, il faut lever l’interdiction dont elle est l’objet. Ainsi, aujourd’hui, en France comme en Suisse, dire que des Afri­cains sont, par nature, inassimilables, tombe sous le coup de la loi. Aussi ne le dirons-nous pas, mais réclamerons d’abord la libre parole.

    En France comme en Suisse, des lois interdisent d’énoncer certaines opinions; mais aucune n’interdit d’en demander l’abrogation. Si demander une abrogation était illicite, cela signifierait qu’il existerait des lois privilégiées dont demander la révision serait punissable. Dans ces conditions, les lois "antiracistes" disposent d’un privilège refusé aux autres: elles sont inamovibles. Une monstruosité juridique.

    Et la justice? Elle existe, certes, dans la vie quotidienne, tant qu’on ne touche pas à des intérêts supérieurs. Pour protéger ceux-ci, les lois modernes disposent souvent d’ingénieuses obscurités dont le juge saura tirer le parti désiré et qui assureront son avenir par une promotion bien méritée.

    En conclusion, tant que le citoyen ne sera pas libre de dire sa pensée et de pro­poser des solutions, les problèmes s’aggraveront au point de remettre en ques­tion la survie même des hommes.

    Sources : Tiré du Courrier du Continent N°553 (Oct. 2013), p. 12 (éditoriale)

    http://www.europaeische-aktion.org/Artikel/fr/Entre-lhegemonie-et-le-chaos_61.html