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culture et histoire - Page 1706

  • [Paris] cercle d’étude : Le Romantisme et la Contre Révolution vendredi 08 novembre

    L’école de pensée qu’est l’Action Française ouvre ses portes trois vendredis par mois pour la tenue du cercle des étudiants animé par Pierre de Meuse pour les parties initiation et application de la pensée d’AF.. C’est l’occasion d’apprendre les bases ou de se refamiliariser avec la pensée nationaliste maurrassienne !

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  • « Pleure comme une femme ce royaume que tu n’as pas su défendre comme un homme ! »

    Cette invective d'une mère à son fils maure obligé de quitter l'Espagne perdue pourrait bien se retourner contre les fils d'Europe :

    "« Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée » (XXe chant de l’Apocalypse) 

    Printemps 1491. Après sept siècles de luttes contre l’occupant Musulman, la « Reconquista » sous la conduite des rois catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, est sur le point d’aboutir. Le 26 avril commence le siège final de Grenade, seule province espagnole encore aux mains des Maures commandés par le Sultan Boabdil. Les réserves de nourriture s’épuisant et le moral de ses hommes étant au plus bas, Boadbil, comprenant que la fin était proche, négocia, dans le souci de conserver sa vie, celle de sa famille et de sa cour, les 1 et 2 janvier 1492 sa reddition qui prévoyait un départ en exil vers l’Afrique du Nord.

    Le 2 janvier au matin, les Espagnols avec à leur tête les Rois catholiques, entraient sans combattre dans Grenade. Aussitôt, la bannière de Castille et la Croix chrétienne furent hissées sur la forteresse de l’Alhambra, bijou architectural maure.

    Dans le même temps, arrivé avec sa troupe sur les hauteurs d’un col surplombant Grenade d’où l’Alhambra se dessinait majestueusement, Boadbil, dans un instant de dépressive mélancolie se mit à pleurer. Le surprenant en larmes, sa mère Aïcha El Horra, s’exclama sur un ton de reproches : « Llora como una mujer, lo que como un hombre no supiste defender ! ». (Pleure comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme). Depuis lors, on appelle ce col « El Suspiro del Moro », « Le Soupir du Maure ». Ce moment historique est particulièrement bien relaté par Chateaubriand dans sa nouvelle « Les aventures du dernier Abencerage».

    Pourquoi cette anecdote historique ? Parce qu’elle préfigure parfaitement ce qui pourrait advenir de semblable, demain, des Nations européennes (particulièrement la France) si elles persistaient dans leur entreprise d’asservissement et d’autodestruction. Souvenons-nous à cet effet de cette prédiction que Larbi ben M’Hidi, redoutable terroriste du FLN, avait lancée à la face des parachutistes français venus l’arrêter en 1957 lors de la « bataille d’Alger » : « Vous voulez la France de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis, moi, que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ».

    Aujourd’hui, l’histoire se répète, sauf que cette fois c’est le monde occidental qui est en passe d’être confronté à une défaite dans le déshonneur total, comme celle que l’on doit à la trahison de gouvernants veules, de chefs de partis aveuglés par de maigres illusions qui s’entredéchirent pour une meilleure place à la mangeoire, de dirigeants qui exfiltrent des centaines de milliers d’euros vers leur compte de « là-bas » en prévision du grand séisme qu’ils vont eux-mêmes provoquer, d’une pseudo élite qui s’aplatit devant des rustres pour de piètres privilèges avec, en prime, la corruption politique, le mépris du gouvernement pour le peuple, l’arrogance des oligarques… tous vivant dans une impudique sérénité se riant du blâme lancé, jadis, par Châteaubriant : « Honneur aux pays qui se lèvent et honte aux pays qui se couchent ! »

    Comme, hier en Algérie, la tactique dite du « salami » est, aujourd’hui, utilisée (notamment en France) et il se trouve toujours des responsables politiques de tous bords, des usuriers à l’affut du gain ou simplement des opportunistes du « show biz » pour faire digérer chaque tranche à une opinion publique assoupie depuis des lustres. «  Ce peuple que tu as trahi, il oubliera jusqu'à ton nom » écrivait le poète Arnulf Overland… sauf que, ces gens là seront, à leur tour, défenestrés et l’Histoire traînera leurs noms dans la fange. Mais ce sera une piètre consolation pour un peuple enchaîné. Jamais la prophétie de Lénine n’a été aussi véridique et sur le point de se réaliser : « L’Occident nous vendra la corde pour le pendre ».

    Le plus triste cependant, c’est de voir ce peuple indifférent à son propre sort, qui regarde mourir sa nation. « L’Europe s’aperçoit en frémissant que par sa sombre indifférence une puissance destructrice a fait irruption chez elle, puissance qui paralysera ses forces pendant des siècles » vitupérait Stephan Zweig.

    Et dans ce terrifiant augure, très peu discernent l’imminence de l’inéluctable naufrage. La majorité silencieuse se contente de vivoter, de courir après de pathétiques leurres, lorsqu’elle ne s’enferme pas dans de ridicules tours d’ivoire qui s’écrouleront au premier coup de massue. Et Jean Raspail de dénoncer ce comportement en ces termes : « Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans  un abîme de perplexité navrée, c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé ». 

    Et c’est ainsi que nous regardons, impuissants, notre monde s’effriter par pans entiers jusqu’au jour où, poussés sans combattre vers l’exil mais ne sachant où aller, nous connaîtrons à notre tour la dépressive nostalgie de Boadbil et laisserons nos larmes couler sur ce qui fut, jadis, notre raison de vivre. Alors, la juste sentence d’Aïcha, s’appliquera dans son implacable rigueur : « Pleure comme une femme ce royaume que tu n’as pas su défendre comme un homme ! » 

    José CASTANO

  • Nous sommes à la fin d’un cycle politique : le pouvoir a perdu l’initiative

    Une rencontre franco-américaine a eu lieu jeudi 31 octobre 2013, à Washington, DC. Il y fut question de la reconstruction nécessaire du bien commun sur les deux rives de l’Atlantique. Henri Hude y a prononcé un discours dont voici des extraits traduits en français :

    "1° La situation en France est tout à fait exceptionnelle. Ce qui s’y passe n’est pas de l’« actualité brûlante » (breaking news), c’est tout simplement l’Histoire, avec un grand H.

    Nous sommes à l’extrême fin d’un cycle politique. Le pouvoir a perdu l’initiative. Il ne la retrouvera pas. La marée a tourné.

    3° La question est de savoir comment ce qui est né peut grandir et vaincre. Car, sans le moindre doute, la victoire de ce qui émerge est possible, elle est même probable. (…)

    [...] Cette évolution nihiliste et dictatoriale de la liberté sans le bien a produit une expérience collective très négative, d’où a émergé une nouvelle conception, que de plus en plus de gens s’approprient, et autour de laquelle est en train de s’organiser un troisième moment dialectique de notre civilisation. Il s’agit d’un nouveau mariage entre la liberté et le bien, ou entre le bien et la liberté. C’est le nouveau sens de l’Histoire, et ce l’est pour longtemps. Les progressistes d’hier muteront, ou ne seront plus que des conservateurs égoïstes et réactionnaires. Les conservateurs d’hier muteront, ou assisteront en grognant à une victoire de la vie qui ne prendra pas la forme des restaurations qu’ils auraient préférées.

    Progressivement, tous les aspects de la vie et des institutions seront mis en cohérence avec cette nouvelle idée du bien, qui est objectivement plus complète, plus rationnelle et plus parfaite.

    Ce nouveau mariage entre le bien et la liberté, c’est désormais durablement l’esprit du temps. Là réside la raison profonde de ce qui est en train de se produire dans tous les domaines.Cela est la Raison dans l’Histoire (car la raison se définit par son rapport à l’idée du bien). [...] Cela est enfin, radicalement, le ferment du christianisme, enfoui profond dans l'âme de notre peuple, un grand peuple libre, et révélant de nouveau son potentiel antiesclavagiste. [...]

     

    Culturellement, les Grandes Lumières sont finies. Leur motto était : « Ose penser. » Le précepte des Dernières Lumières est au contraire : « Ne t’avise plus de penser. » Sois politiquement correct. Tais-toi ou tu seras lynché médiatiquement. Rentre dans le rang, ou ce sera la correctionnelle. C’est un complet retournement dialectique. Il nous faut en France une nouvelle naissance dans la liberté. [...]

    Politiquement, le système est bloqué. L’oligarchie, qui contrôle 75% des décisions concernant l’économie, s’est assurée une telle influence sur les médias, une telle emprise sur les institutions et la vie politiques que, quel que soit le résultat des élections, et quelle que soit la volonté du peuple, c’est toujours la même politique inique et obsolète, détruisant la famille, les emplois et les entreprises, qui va sortir de la machinerie étatique et parlementaire, dans l’intérêt exclusif de l’oligarchie et de ceux dont elle se fait de plus en plus la fantoche.

    Alors même que l’oligarchie dérive vers la dictature et consomme la trahison de la France, celle de tous ses idéaux historiques, le Peuple a compris qu’on voulait le faire mourir. Il a refusé la mort. Le dos au précipice, il n’a plus peur de rien et désormais il se dresse dans ce qui est pour lui la lutte pour la vie et pour la dignité. C’est une nouvelle naissance dans la liberté.   

    De cette renaissance, nous avons eu deux grands signes cette année.

    Le premier, ce furent les plus grandes manifestations de l’Histoire de France pour la défense de la famille, de l’homme et de la femme, et de l’enfant. [...] Le second signe, c’est en ce moment même la révolution qui a éclaté en Bretagne, et qui n’est pas prête de s’arrêter. [...]

    Parce que l’oligarchie ne règne qu’en divisant et mystifiant, son pouvoir est condamné, parce qu’elle ne peut plus ni mystifier, ni diviser. Son pouvoir est condamné par la réunion des membres du corps social, devenus solidaires, dans les territoires, au moment même où ils se libèrent des illusions. [...] Face à cette marée montante, l’oligarchie est privée de toute vision nationale, européenne ou globale, sauf de s’accrocher au pouvoir et de continuer sa prédation en radicalisant ses dogmes, en supprimant les libertés des Français, en leur volant leur travail et leur propriété, et en essayant de les affaiblir mentalement par la corruption des mœurs et la confusion des idées.

    Ce travail de destruction peut obtenir des succès, mais comme nous sommes en fin de cycle, la défaite de l’oligarchie est de loin le scénario plus probable. Comme me disait il y a quelques jours un jeune professionnel, les oligarques sont encore en position de négocier honorablement leur départ. S’ils choisissent de s’accrocher et de tyranniser, ils finiront très mal. [...]

    Chacun doit accepter de se poser des questions qui, peut-être, risquent de le ou de la remettre en cause. Car, on ne parviendra pas à changer les choses sans mettre par terre la culture de l’individualisme nihiliste.  

    Voici quelques-unes de ces questions. J’en ai listé une douzaine. On pourrait sans doute en ajouter d’autres. [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/

  • La Grande Guerre : 1914-1945

     

    par Paul-Marie COUTEAUX, Président fondateur de Souveraineté Indépendance et Libertés (SIEL), administrateur du Rassemblement Bleu Marine (RBM)

    La fièvre commémorative des années Mitterrand reprend de plus belle à l’approche du centenaire de 1914, dont la préparation, outre une floraison d’ouvrages et de films annoncés à tue-tête, est déjà marquée par la mise en place d’une Commission que préside le très gauchisant Antoine Prost.

     

    Celui-ci annonce la couleur, délibérément idéologique, en choisissant d’honorer, non les millions de soldats qui, dans des conditions épouvantables, ont repoussé l’invasion allemande, mais les quelques dizaines de pauvres hères fusillés en 1917 pour insoumission.

    L’intention est transparente : plutôt que de célébrer l’effort héroïque de tout un peuple, ce centenaire fournira l’occasion d’un prêchi-prêcha pacifiste doté des habituels échos européistes qui conviennent à la pensée dominante ; on insistera sur « l’absurdité de la guerre », dont il suffira d’escamoter les causes réelles pour jeter un commun anathème sur le « nationalisme », mot impropre mais bien entendu requis pour s’étendre aux nations elles-mêmes, la française en tête -dans la ligne de l’impérissable ineptie de Mitterrand énonçant un jour à Strasbourg : « la nation c’est la guerre ». Sera ainsi cachée, et même niée, la responsabilité principale du grand conflit mondial comme le sera le degré inédit de violence et de sauvagerie guerrières, lesquels sont accablants pour l’Allemagne.

    La guerre, c’est l’empire qui la provoque -en l’occurrence, le renouveau du vieil impérialisme germanique, brisé par les traités de Westphalie mais renaissant au fil du XIXe siècle : la grande Allemagne voulue par Bismarck fut impériale, le IIe Reich de Guillaume le fut aussi, comme le IIIe Reich d’Hitler : il y a une parfaite continuité entre ces séquences, et l’historiographie contemporaine, y compris l’ allemande, le reconnaît peu à peu. Si, en 1961, l’historien allemand F. Fischer souleva une vive polémique Outre-Rhin en affirmant, dans son célèbre ouvrage « Les buts de guerre de l’Allemagne impériale » : « Dans la mesure où l’Allemagne a voulu, désiré et même favorisé une guerre austro-serbe, et dans la mesure où, confiante dans la suprématie de ses armes, elle l’a laissé éclater en juillet 1914 en pleine conscience d’un risque d’embrasement avec la Russie et la France, les autorités allemandes portent une part de responsabilité décisive » dans, le déclenchement d’une guerre généralisée, il n’en reçut pas moins, peu à peu, le soutien de la plupart des historiens européens ; aujourd’hui August Winkler peut écrire sans soulever le scandale que « L’objectif de la Première Guerre mondiale n’était rien d’autre que l’hégémonie en Europe et l’ascension vers la puissance mondiale. L’armistice fut ressenti par les Allemands comme une injustice criante, bien qu’il préservât le Reich et qu’il lui ménageât la possibilité de reprendre la course pour la compétition mondiale. Il n’y eut alors ni débat ni autocritique sur les causes de la guerre, malgré la publication en avril 1919 d’un recueil de décisions gouvernementales, dont le contenu ne laissait planer aucun doute sur le fait qu’en juillet 1914 les autorités allemandes avaient tout fait pour attiser la crise ». En somme la continuité 1870-1940 est désormais admise, et généralement attribuée au fameux Sonderweg, « cette voie particulière » qui inspira à l’Allemagne, refusant la modernité européenne, notamment française, une politique autocentrée, qui l’institua comme gardienne des valeurs européennes, et se traduisit par l’agression récurrente contre ses voisins (le Danemark, l’Autriche, la Pologne, la France), l’avènement de l’impérial-socialisme hitlérien n’étant que l’apothéose d’une politique vieille de soixante ans. [...]

    La suite sur le site du SIEL

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-Grande-Guerre-1914-1945

  • Conférence du CJB le vendredi 15 novembre

    La prochaine conférence du Cercle Jacques Bainville aura lieu dans nos locaux le vendredi 15 novembre à 19h45.

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  • Il se dit prophète en son pays Alexandre Douguine : «eurasiste» contre atlantistes

    Âgé de 46 ans, Alexandre Douguine est l'un des intellectuels les plus influents de la Russie actuelle. Titulaire d'un doctorat en histoire de la science, d'un second en science politique, auteur de nombreux ouvrages dont Les Fondements de la géopolitique (1997), il a été conseiller à la présidence de la Douma pour les questions stratégiques et propage depuis une dizaine d'années une vision eurasiste, qui vise à constituer un grand bloc continental eurasien pour lutter à armes égales contre la puissance maritime «atlantiste», qui représente selon lui le « mal mondial » entraînant le monde vers le chaos.
    Le Choc du mois : Durant les dernières années du régime soviétique, vous étiez un jeune intellectuel traditionaliste et anticommuniste qui eut à encourir les foudres du pouvoir au point de connaître l'emprisonnement. Puis, sous la présidence de Boris Eltsine, vous vous êtes réclamé du « national-bolchevisme ». Curieuse évolution ...
    Alexandre Douguine : Ma formation intellectuelle s'est forgée sous l'influence de penseurs appartenant à des groupes traditionalistes marginaux de Moscou, tels Djemal, Golovine ou Mamleev. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, le noyau central de ma doctrine correspondait aux données de la Tradition et à son opposition au monde moderne. Cela renvoyait approximativement à la « troisième voie » : ni capitalisme libéral, ni communisme.
    Dans les années 1980, mes convictions étaient inébranlables : j'étais un dissident de droite et anticommuniste ! Vivant dans un milieu marxiste, je considérais le communisme comme l'aboutissement d'un cycle historique. La vision de Julius Evola, notamment la logique d'un processus régressif des castes dominantes (dans l'ordre : prêtres, guerriers, marchands et prolétaires) m'avait beaucoup influencé : Evola prédisait la victoire de la quatrième caste sur la troisième, des communistes donc sur les bourgeois.
    Or les événements des années 19801990 en Russie ont montré qu'Evola, sur ce point, avait tort. La victoire a été acquise par les libéraux capitalistes de l'Occident. Cette considération m'a forcé à réviser mon attitude négative envers le communisme et surtout le soviétisme. J'ai découvert que l'interprétation du système soviétique était inexacte et il m'est apparu qu'il s'agissait d'une survivance des éléments de la société traditionnelle, bien que dans des formes perverties. En visitant l'Europe vers la fin des années 1980, j'ai fait la connaissance d'Alain de Benoist et de la Nouvelle Droite, dont l'attitude critique envers le système libéral-démocratique était conforme à mes propres impressions. Finalement, je suis arrivé à une version corrigée du traditionalisme qui inclut certains aspects de l'expérience soviétique, du socialisme et même du communisme. La lutte réside en réalité entre les partisans des valeurs traditionnelles et l'ennemi absolu, c'est-à-dire l'Occident, les États-Unis, le libéralisme et la société marchande.
    Un « néo-traditionalisme » donc ...
    Un néo-traditionalisme qui trouve des échos chez certain, précurseurs de mouvements idéologiques marginaux au sein des mouvances « national-bolcheviques » (Ustryalov en Russie, Niekisch en Allemagne) et eurasiste (Troubetskoy, Savitsky, Vernadsky, Gumilev). S'y ajoute une métaphysique qui renvoie à celle de René Guénon et de Julius Evola. II s'agit donc d'une Weltanschauung (« vision du monde ») nouvelle.
    Ainsi est né le dualisme stratégique : l'atlantisme contre l'eurasisme, Leviathan contre Behemeoth, la Mer contre la Terre (Carl Schmitt) Dans cette optique, l'URSS apparaît comme la Terre (donc comme un pôle positif). Ces cadres conceptuels ont également existé au sein de la Révolution conservatrice allemande des années 1920-1930, surtout dans ce qui l'opposait aux nazis et à leur atlantisme raciste.
    Au début des années 1990, vous vous êtes associé à l'écrivain néo-stalinien Edouard Limonov au sein du Parti national bolchevique. Avec le recul, comment jugez-vous cet engagement ?
    Limonov est un écrivain sincère mais égocentrique et dépourvu d'idées politiques claires. Il demeure un anarchiste qui aime provoquer, scandaliser et séduire le public par un mélange d'érotisme pervers et morbide et des déclarations scandaleuses et extrémistes. Je pensais au début des années 1990 que le personnage, qui était énergique et activiste, pouvait attirer l'attention de cercles assez vastes sur le national-bolchevisme. Nous avons donc fondé un mouvement de jeunes appelé Parti national bolchevique.
    Après notre rupture survenue dans les années 1996-1997, le PNB s'est vite dégradé en perdant tout lien idéologique avec le national-bolchevisme. Dans les années 2000, il s'est même transformé en mouvement pro-atlantiste et antirusse, voulant devenir, dans la Russie renaissante de Poutine, une force comparable à la « révolution orange » pro-occidentale en Ukraine !
    Avec le recul, je pense que cet épisode était ambivalent : d'un côté, l'intérêt pour le national-bolchevisme a constitué vraiment un réveil ; de l'autre, l'absence d'approche politique sérieuse de la part de Limonov en a discrédité le nom même. La perversion du contenu a été le prix à payer pour une propagande médiatique assez grande.
    Après cette expérience, vous avez dirigé le parti Eurasia, qui, en 2003, s'est transformé en Mouvement eurasiste international. Qu'est-ce que l'eurasisme et comment définissez-vous le « néo-eurasisme » dont vous êtes le chef de file ?
    L'eurasisme, dans son sens strictement historique, est un courant philosophique né dans les années 1920 parmi les émigrés russes. Ses auteurs fondamentaux sont Trubetskoï, Savitsky, Alexeiev, Vemadsky, Llyn, Suvchinski, Khara-Davan, Bromberg et d'autres. À partir des années 1950, ce courant fut développé et approfondi par Gumiliev.
    Le néo-eurasisme surgit à la fin des années 1980 et élargit le champ du concept traditionnel de l'eurasisme, en le combinant avec de nouveaux blocs d'idées et de méthodologies : traditionalisme, géopolitique, métaphysique, « Nouvelle Droite », « Nouvelle Gauche », « troisième voie » en économie, théorie du « droit des peuples », écologie, philosophie ontologique, nouvelle compréhension de la mission universelle de l'histoire russe, perspective paradigmatique de l'histoire de la science, etc.
    Face à l'établissement de l'ordre mondialiste atlantiste se tiennent les partisans d'un monde multipolaire : les eurasistes. 
    Les eurasistes défendent, par principe, la nécessité de préserver l'existence de chaque peuple sur terre, la diversité florissante des cultures et des traditions religieuses, l'imprescriptible droit des peuples à choisir indépendamment leur voie de développement historique. Les eurasistes saluent l'ensemble des cultures et des systèmes de valeur, le dialogue ouvert entre les peuples et les civilisations, la combinaison organique entre la dévotion aux traditions et l'impulsion créatrice, les eurasistes ne sont pas seulement les représentants des peuples vivants sur le continent européen. Être eurasiste est un choix conscient, qui signifie combiner l'aspiration à la préservation des formes de vie traditionnelles avec l'aspiration au développement libre et créatif, social et individuel.
    Les eurasistes et les atlantistes sont opposés en tout. Ils défendent deux visions du monde et de son avenir alternatives, s'excluant mutuellement. C'est l'opposition entre les eurasistes et les atlantistes qui va définir la lutte historique du XXIe siècle. On pourrait dire que l'eurasisme est la philosophie de la mondialisation multipolaire, appelant à l'union de toutes les sociétés et de tous les peuples de la Terre pour construire un monde original et authentique, dont chaque composante proviendra organiquement des traditions historiques et des cultures locales.
    Quel bilan tirez-vous de la présidence Poutine ? On dit que vous l'avez influencé sur la « géopolitique eurasiatique » ...
    Le bilan de Poutine est essentiellement positif. Finalement, ce qu'il fait, c'est la version «soft» de ce que je voudrais faire pour la Russie. Je considère Poutine comme «eurasiste» et « national-bolchevique » (non par la formation, mais par ses réactions naturelles). Il n'est ni blanc, ni rouge ! Il est certainement patriote. Il est partisan d'un monde multipolaire. Il veut restaurer la grandeur de la Russie et rendre à notre pays son rôle d'acteur de la géopolitique globale. Il fait tout le contraire de ce que faisait Eltsine, son prédécesseur. Je détestais Eltsine, tandis que j'appuie la politique de Poutine.
    Je préfère ne pas livrer les détails de mes relations personnelles avec Poutine. Sachez simplement que je suis en rapport permanent avec des membres importants de son entourage. Mais l'influence la plus efficace s'effectue par la circulation de mes livres, articles et autres textes largement publiés au niveau national au cours des vingt dernières années. Mes idées sont reprises et même plagiées par certains auteurs, ce qui est révélateur du système russe actuel, parfois défini comme une «cleptocratie». Le résultat est que les plagiaires ont banalisé mes thèses, surtout géopolitiques, et les ont rendues acceptables par le pouvoir, très souvent à l'insu des dirigeants eux-mêmes.
    Les Américains ont d'ailleurs remarqué ces dernières années que les actions politiques concrètes de Poutine, surtout dans les affaires internationales, sont très proches des préceptes de la géopolitique eurasiste que je développais dès le début des années 1990,
    Que pensez-vous de Dmitri Medvedev, que l'on présente comme un libéral un peu terne en Occident, mais que Vladimir Poutine a adoubé comme son successeur ? Et quel avenir voyez-vous pour Poutine ?
    J'ai quelques craintes en ce qui concerne Medvedev. Il me semble que Poutine compte le manipuler et poursuivre dans la même perspective idéologique et géopolitique. Mais j'éprouve des doutes sur la fin positive de cette opération. Medvedev, personnellement, est nul ! Il semble que Poutine apprécie en lui cette même qualité... Mais le «nul» en question peut préparer quelque chose d'inattendu. J'étais partisan d'un troisième mandat pour Poutine (et même d'un quatrième, d'un cinquième, etc) parce que la continuation des réformes eurasistes aurait été alors presque certaine. Mais Poutine en a décidé autrement ; je serais heureux que l'avenir me donne tort et raison à Poutine !
    Croyez-vous à l'hypothèse d'un bombardement américain contre l'Iran ? Et que ferait alors la Russie ?
    Une action des États-Unis contre l'Iran reste toujours possible. Et je suis sûr que les États-Unis continueront de faire pression contre les intérêts nationaux russes, pression qui provoquera tôt ou tard une correspondance totale entre la politique du gouvernement russe et les cadres de la vision eurasiste, car les atlantistes font tout pour pousser Poutine vers une politique eurasiatique plus audacieuse, cohérente et consciente que jusqu'ici.
    Les Américains - surtout leurs géopoliticiens les «néocons» - et leurs politiciens les plus intransigeants ont fait plus que personne pour que mes idées géopolitiques, eurasistes et anti-américaines deviennent en Russie presque banales et partagées par la majorité du peuple, au lieu d'être considérées comme des concepts extravagants et marginaux. Si les États-Unis agressent l'Iran, mes idées deviendront l'idéologie de l'État russe !
    Lors de sa dernière visite en France, en octobre, le patriarche de Moscou Alexis II s'est rendu à Notre-Dame de Paris et a manifesté un désir de réconciliation entre chrétiens. Une entrevue avec le pape Benoît XVI n'est plus exclue. Que pensez-vous de cette évolution des instances orthodoxes russes ?
    À vrai dire, il ne s'agit pas d'un changement. L'identité chrétienne orthodoxe réside en grande partie dans sa différence avec le catholicisme, différence non seulement théologique mais aussi historique et civilisationnelle. II y a deux conceptions de l'universalité du christianisme, orthodoxe et catholique. Il y a aussi deux œcuménismes. Les catholiques, même en proposant leur amitié aux orthodoxes, ont en vue un universalisme qui leur profiterait. Ils heurtent en cela l'identité des orthodoxes, surtout des orthodoxes russes. Il y a aussi des problèmes avec le patriarcat de Constantinople qui joue contre le patriarcat de Moscou dans les pays ex-soviétiques avec l'appui des catholiques.
    Le pape Benoit XVI comprend beaucoup mieux que son prédécesseur la situation avec l'Église orthodoxe russe. S'il parvenait à se conduire avec la souplesse nécessaire, nos positions sociales, et même doctrinales, surtout sur la défense des valeurs traditionnelles mais aussi sur la lutte contre le libéralisme de la postmodernité, se rapprocheront et la rencontre du patriarche Alexis II avec le pape Benoit XVI n'est en effet pas à exclure.
    Vos textes empruntent aussi un prophétisme de haute intensité spirituelle typiquement slave ...
    Mes travaux sont multiples et empruntent des voies différentes ; philosophie, politologie, histoire des religions, essais politiques et économiques, etc. Dans ma vie, j'ai eu l'expérience assez fondamentale d'observer comment mes idées les plus folles, les plus extravagantes et les plus impossibles se transformaient en réalité sous mes yeux. Les systèmes idéologiques qui apparaissent comme «éternels» s'évanouissent. Quand tout semble être perdu, au dernier moment vient l'appui imprévu qui change tout... 
    Le prophétisme est devenu, dans mon cas, quelque chose d'habituel, même de banal. Cela ne veut pas dire que mes connaissances sont plus justes que celles des autres. C'est plutôt que je parviens à dégager une vision eschatologique et dialectique des idées qui gouvernent le monde. Au moins en Russie. Je crois que le même sentiment habitait Hegel ou Heidegger, qui voyaient devant eux s'épanouir la carte de toute l'histoire spirituelle...
    Propos recueillis par Arnaud Guyot-Jeannin le Choc du Mois Janvier 2008
    Pour en savoir plus, lire : Le Prophète de l'eurasisme, par Alexandre Douguine, 352 pages, 35 euros, et La Grande Guerre des continents, par Alexandre Douguine, 100 pages, 11 euros, tous deux publiés par Avatar éditions (avatareditions.com).
    Voir également sa biographie très complète sur : http://fr.metapedia.org

  • Mythe et réalités des lettres de cachet

    Le Figaro Magazine - 21/05/2011

    Abolies par la Révolution, les lettres de cachet délivrées au nom du roi permettaient aux Français de régler directement des litiges privés. Au prix de certains abus.

    En 1717, Voltaire passe onze mois à la Bastille pour avoir composé une satire insultant le Régent et, en 1726, il y est emprisonné sept jours à la suite d'une altercation avec le chevalier de Rohan. En 1730, l'écrivain s'associe cependant à une démarche demandant au lieutenant général de la police d'intervenir contre une voisine, tripière de son état, dont la conduite fait scandale (ivresse, tapage, injures à l'égard des passants). Le commissaire du quartier ayant confirmé les faits, mais souligné que la commerçante se plaint de son côté d'être maltraitée par les domestiques de Voltaire, ce dernier revient à la charge et obtient l'enfermement de la malheureuse. « Même Voltaire, le grand Voltaire, commente l'historien Claude Quétel, deux fois victime d'une lettre de cachet, n'a pas hésité à utiliser cet instrument pour ses propres intérêts, fort mesquins en l'occurrence. »

    La lettre de cachet, stigmatisée comme un symbole de l'arbitraire royal, fait partie de la légende noire de l'Ancien Régime. Michelet y voyait « l'essence et la vie même de ce gouvernement ». L'opprobre est resté depuis sur un outil judiciaire qu'il est impossible de comprendre si on ne fait pas l'effort de se replacer dans les mentalités et la société qui l'a vu naître. Depuis l'étude menée par Frantz Funck-Brentano, historien qui eut son heure de gloire avant et après la Grande Guerre et qui avait travaillé dans les archives de la Bastille, peu de chercheurs se sont penchés sur le sujet. C'est pourquoi le livre plein d'anecdotes que lui consacre Claude Quétel, directeur de recherche honoraire au CNRS et auteur d'une Histoire véritable de la Bastille (rééd. Larousse 2006) et d'une Histoire de la folie (Tallandier, 2009), est le bienvenu *.

    L'expression « lettre de cachet » apparaît au XVIe siècle. Mais son origine remonte plus loin. Dans la monarchie française, le roi est la source de la justice. En pratique, cette justice est rendue en son nom par des officiers - c'est « la justice déléguée » -, mais le monarque conserve une partie de l'activité judiciaire (« la justice retenue »), qu'il exerce soit en son conseil, soit à travers des commissaires spéciaux constitués en chambres de justice, soit enfin par des décisions purement personnelles. Les lettres de cachet relèvent de cette dernière catégorie. Au Grand Siècle, elles sont un reliquat du lien direct qui existait entre le roi et le peuple, au Moyen-Âge, quand Saint Louis rendait la justice sous son chêne. Dans ses Mémoires, Louis XIV s'en vante encore : « Je donnai à tous mes sujets sans distinction la liberté de s'adresser à moi, à toute heure, de vive voix et par placets (afin) de rendre la justice à ceux qui me la demandaient immédiatement

    Les lettres de cachet sont des ordres particuliers que le roi expédie par lettre close (par un cachet) et qui portent sa signature, même si elle n'est pas de sa main, et celle d'un secrétaire d'Etat. Il s'agit d'abord d'ordres d'emprisonnement concernant des accusations d'atteinte à la sécurité du royaume : le Grand Condé ou Fouquet sont arrêtés ainsi. Mais à partir de Louis XIV s'y ajoutent les affaires touchant l'ordre public au sens large. Sous Louis XV, signe de leur banalisation, les lettres sont des imprimés qui ont été remplis et qui ne portent pas nécessairement la signature royale.

    L'immense majorité des requêtes sont présentées par des particuliers qui aspirent à faire interner, pour un temps bref, des personnes avec qui ils ont un litige, le temps que les coupables se repentent ou réparent leur faute. Le lieutenant de police reçoit ainsi des plaintes concernant toutes sortes d'affaires privées : prêts non remboursés, enfants dépensiers, liaisons adultères, dérangement mental. Pour les familles qui souhaitent agir vite et discrètement, la lettre de cachet évite les lenteurs du circuit judiciaire et, en un temps où l'honneur du nom a du sens, épargne le parfum de scandale laissé par une condamnation régulière.

    Les internés sont en général à la charge de leur famille, et ne sont pas mélangés avec des prisonniers classiques. « Dès le début du XVIIIe siècle, observe Claude Quétel, le succès des lettres de cachet est devenu tel, à Paris aussi bien qu'en province, que le pouvoir royal se trouve dans l'impossibilité de fournir lui-même les maisons susceptibles d'enfermer tous les correctionnaires et tous les insensés. » La Bastille, le château de Vincennes ou le Mont-Saint-Michel sont donc loin d'être les seuls établissements où peuvent conduire les lettres de cachet : de Bicêtre à la Salpêtrière, les hôpitaux sont sollicités, de même que des dizaines de couvents et de dépôts de mendicité.

    Normalement, l'autorité administrative enquête afin de vérifier les accusations portées, afin de se garantir contre la partialité des proches. Un grand nombre de requêtes, insuffisamment fondées, sont d'ailleurs rejetées. Cependant, la place prépondérante laissée à l'opinion personnelle des hommes chargés de délivrer des lettres de cachet et les procédures entièrement secrètes dont le système s'entoure laisse également la place à de grands abus. Sous Louis XVI, les lettres de cachet sont critiquées avec intelligence par Malesherbes et avec virulence par Mirabeau - qui oublie qu'elles lui ont sauvé la vie, lui qui avait été enfermé comme fils indigne, échappant à une condamnation à mort par contumace pour rapt d'une femme mariée. Les récits de Latude, l'évadé de la Bastille, nourrissent la légende noire d'une institution désormais obsolète, dont les cahiers de doléances demandent la suppression. En 1790, sur proposition du roi, les lettres de cachet sont abolies par l'Assemblée constituante. Cela n'empêchera pas la Révolution, quelques mois plus tard, d'inaugurer d'autres formes d'arbitraire judiciaire, celles-là redoutablement sanglantes.

    *Les Lettres de cachet. Une légende noire, de Claude Quétel, Perrin.

  • Hommage à Gérard de Villiers, ami de l’Action française

    À travers ses romans, l’auteur des SAS développait des analyses géopolitiques. GÉRARD de Villiers s’est éteint la veille de la Toussaint. Il avait lui-même prévu l’annonce de sa propre mort, comme s’il s’agissait de l’un de ses héros...

    Provocateur en public, mais d’une très grande courtoisie en privé, doué d’humour et de répartie, il fut plus qu’un romancier : un investigateur, fin analyste des situations et des personnages qu’il rencontrait, révélateur avant-gardiste d’événements géopolitiques. Passionné par les cultures et les civilisations, il sillonnait le globe en quête d’aventures, de conflits et d’intrigues.

    Ses romans sont le fruit d’une imagination débordante et de fantasmes érotiques, mais également d’enquêtes qu’il réalisait sur le terrain, où il s’imprégnait des us et des coutumes locaux, de la psychologie des personnes qu’il rencontrait... Il analysait en profondeur les contextes politiques, avec le sens du détail, ce qui lui permettait d’anticiper certains événements. Cela alimentait les rumeurs à son sujet : certains ont fait de lui un agent des services secrets. A-t-il fait partie du SDEC (prédécesseur de la DGSE) ou lui a-t-il fourni des informations  ? Il laissait planer le doute à ce propos.

    Mais une chose est sûre, il était une référence pour les experts de géopolitique. « L’élite française prétend ne pas le lire, mais ils le lisent tous  », souligna Hubert Vedrine.

    Il y a une décennie, je l’ai rencontré avec un personnage qui a failli inspirer l’un de ses romans : Bob Denard. J’ai écouté leurs longues conversations, passionnantes et passionnées, m’évadant dans leurs aventures et leurs rêves... Plus tard, il m’a révélé sa passion pour le Liban qui aura inspiré une grande partie de ses romans. C’était l’occasion pour moi de comprendre, à travers ses aventures, pourquoi le pays du Cèdre avait été mis en feu. Il y était pendant la guerre, où il s’était rendu sur les champs de bataille auprès des différentes milices. L’ancien président libanais Amine Gemayel, fidèle lecteur de ses romans, avait une grande admiration pour son courage : « il ne craint ni les bombardements, ni la menace d’un enlèvement », me disait-il à son sujet. Son dernier périple en Afghanistan en témoigne.

    Un romancier ami de l’Action française

    Défenseur des identités nationales, Gérard de Villiers était un grand patriote, admirateur de Charles Maurras et de l’Action française. « De la même manière où je n’imagine pas les Afghans habillés en blue-jeans, buvant de la bière dans leur pays avec des cathédrales dans chaque ville et des églises dans chaque quartier, je n’imagine pas les Françaises voilées de la tête au pied et nos églises transformées en mosquées », m’a-t-il confié. En janvier dernier, il avait accepté notre invitation pour participer à un colloque sur la politique étrangère de la France. Il comptait intervenir au sujet de la Syrie, à laquelel était consacré son dernier roman, Sur le chemin de Damas. Mais, le matin du 19 janvier, Paris était recouvert de neige... Mon téléphone portable avait vibré dans ma poche alors que notre réunion prenait fin. C’était Gérard de Villiers en ligne : «  Je suis navré », me disait- il. « Explique la situation à tes amis. À l’Action française, les gens sont intelligents. Ils comprendront. Tu n’as qu’à organiser une nouvelle manifestation quand il fera beau. » Malheureusement, il ne sera plus parmi nous pour nous confier son message. Reposez en paix, Gérard de Villiers.

    Élie Hatem http://www.actionfrancaise.net/craf/?Hommage-a-Gerard-de-Villiers-ami