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culture et histoire - Page 1777

  • Dimanche 25 août : manif pic-nic devant l’église Saint Pierre de Gesté

    Lu ici :

    "Le collectif St Jacques d’Abbeville et le Souvenir Chouan de Bretagne vous invitent à manifester votre opposition à la destruction illégale de l’église St Pierre, le dimanche 25 Aout à 12 h 30.

    Ceux qui habitent trop loin peuvent envoyer au maire une simple carte postale avec l’église de leur ville ou de leur village et écrire : Touche pas à mon église.

    Son adresse : Jean Pierre Léger,  Hotel ville  9 place Monseigneur Dupont  BP 9   49600."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Chronique de livre: Paul Lafargue, Le Droit à la paresse, 1880 - 1883

     

    droit paresse.jpgPaul Lafargue est un auteur socialiste marxiste plutôt méconnu qui n’est rien de moins que le gendre de Karl Marx. Il est membre de la 1ere Internationale à partir de 1866 et participe également à la Commune de Paris en 1871. Co-fondateur du Parti Ouvrier en 1880 avec Jules Guesde, il est incarcéré en 1883. C’est à cette période qu’il rédige son plus célèbre pamphlet Le Droit à la Paresse. Il deviendra par la suite député du Nord de 1891 et 1893.

    L’ouvrage est réédité en 2009 par Gérard Filoche qui anime une revue nommée « Démocratie & Socialisme », mensuel de la gauche du PS. Celui-ci adjoint des considérations personnelles dénuées d’intérêts en préambule de l’ouvrage où il bat en brèche les conceptions de Christine Lagarde et du gouvernement de Nicolas Sarkozy sur le travail. En revanche l’article de Jean Zin, philosophe et militant écologiste sur le travail à la fin de l’ouvrage donne quelques pistes intéressantes. Ce qui n’est pas étonnant pour un homme visiblement inspiré par Jacques Ellul.

    Revenons à nos moutons.

    Paul Lafargue cherche dans son ouvrage à démontrer l’absurdité de la « valeur travail ». Le propos est dynamique et bien mené. L’auteur puise autant dans le passé, en s‘appuyant sur le mépris du travail des anciens Grecs et Romains, que dans son analyse de la démence capitaliste du XIXe siècle. Il brocarde toutes les catégories de la population, le prolétariat, qui est responsable d’après lui de son propre malheur, les économistes et autres zélateurs du capitalisme, l’armée qui n’a pour fonction que de réprimer les révoltes dans le sang, l’Église qui par sa morale encourage au travail car l’homme doit souffrir sur Terre, les usuriers (très explicitement reliés à une certaine communauté) qui font de l’argent sur le dos des patrons emprunteurs et des salariés qui triment. Il s’insurge sur le travail des enfants et sur le fait que le travail dans la société capitaliste ait contribué à faire dégénérer le peuple, jadis vigoureux.

    « Nous avons aujourd’hui les filles et les femmes de fabrique, chétives, fleurs aux pâles couleurs, au sang sans rutilance, à l’estomac délabré, aux membres alanguis ! » pp. 38-39

    Paul Lafargue pointe la fuite en avant du capitalisme, obligé de conquérir des marchés partout dans le monde ou encore de dégrader la qualité des produits pour contraindre à la consommation (ce qu’on appelle aujourd’hui l’obsolescence programmée). Il se fait aussi très critique à l’égard de la « religion du progrès » et des « Droit de l’homme » qui sont pour lui liés au capitalisme et à la bourgeoisie (ce en quoi je suis totalement d’accord). Il s‘interroge aussi sur la technique, qu’on perçoit à la fois source de problèmes, quand elle devient la matrice de la production industrielle capitaliste mais aussi possible solution pour permettre aux ouvriers de ne travailler que 3h par jour et de faire « bombance » le reste du temps. La société communiste utopiste de Paul Lafargue est une société où l’on travaille peu, où l’on produit ce qui est nécessaire et où les hommes peuvent profiter de la vie (selon une expression consacrée). On pourrait tout à fait envisager une société où les robots auraient la même fonction que les esclaves de l’antiquité et permettraient à une majorité de la population de se dégager du travail. Encore faut-il se dégager du mirage de la surconsommation…

    Ce pamphlet s’appuie aussi sur des considérations d’auteurs et démontre que même la réduction du travail a été une volonté des capitalistes…

    Il est assez court (une cinquantaine de pages) est très intéressant autant du point de vue de la critique du capitalisme (certaines intuitions et remarques de Paul Lafargue sont toujours d’actualités), que pour plonger dans l’histoire des idées et des sociétés de l’Europe de la fin du XIXeme siècle.

    Jean http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Éducation nationale : une rentrée qui a mauvais “genre”…

    La rentrée scolaire approche. Quelle est la priorité du gouvernement ? Lutter contre les « stéréotypes de genre », afin qu’ils soient « déconstruits et mis à distance », selon les mots d’un rapport remis fin juillet au ministre de l’Enseignement.

    Vincent Peillon, flanqué de l’inénarrable Najat Vallaud-Belkacem, y travaille donc dur : une formation obligatoire des professeurs est prévue dans les « ESPE » (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation), qui remplaceront en septembre les IUFM ; les manuels scolaires seront revisités, et dès la rentrée, un dispositif baptisé « Les ABCD de l’égalité » sera lancé dans 500 classes de primaire, visant, comme dans la crèche Bourdarias que Najat Vallaud-Belkacem a visitée il y a quelques mois, à éradiquer dès le plus jeune âge les clichés et comportements sexistes. Une formation et des outils spécifiques sont prévus pour repérer les attitudes « genrées »…

    Même si nos deux compères au gouvernement ont conscience, comme le dit toujours le même rapport, que la question du « genre » peut susciter de « fortes résistances et des réactions très négatives ». On rigole. La gauche fait l’expérience du mot piégé qui vous explose entre les mains. Eux, les maîtres artificiers du verbe, les spécialistes de la manipulation sémantique à la nitroglycérine viennent de comprendre qu’ils ne pourront plus dégoupiller le mot « genre » qu’avec d’infinies précautions.

    Quoi qu’il en soit, comme le stipule le rapport, il faudra par exemple en finir avec le cliché de la « fille sage et laborieuse ». Quelle bonne idée. Vive la fille agitée et qui n’en fout pas une. Il restait un segment de population tenant à peu près en place pendant les heures de cours, il serait dommage de ne pas l’encourager à mettre le boxon. Dans la crèche Bourdarias aussi, on recommande aux fillettes de « faire du bruit, crier, grimper ». C’est le ci-devant secrétaire d’État à la Justice Jean-Marie Bockel qui ne doit pas en revenir… lui qui, fin 2010, dans un rapport sur la prévention de la délinquance juvénile, mettait en garde contre le développement exponentiel des bandes de filles « mimant des conduites jusqu’à présent masculines ».

    Est dénoncée aussi, dans le secondaire, la sous-représentation des filles dans les filières scientifiques. Non qu’elles n’en aient pas le choix – puisque les filles, « sages et laborieuses », réussissent mieux à l’école –, mais elles n’en ont pas le goût. Et libérer la femme, ce n’est pas, pour le gouvernement, lui laisser le choix, c’est la forcer à faire le « bon » choix, comme on l’a déjà vu pour la réforme récente du congé parental. Il faudra donc faire rentrer à la trique et au chausse-pied les récalcitrantes dans une filière scientifique, faire d’elles des malgré-nous du BTP, de l’informatique et de la maintenance de plate-forme off shore. Ce qui contribuera fortement, on s’en doute, à leur épanouissement.

    Si l’on voulait réellement œuvrer pour les femmes, ne faudrait-il pas au contraire revaloriser les filières littéraires, pour lesquelles elles ont visiblement de l’appétence ? À l’instar de Serge Villepelet, président (jusqu’au mois dernier) de PricewaterhouseCoopers France et auteur du livre Un patron qui aime les littéraires, ne faudrait-il pas mettre en avant les qualités propres d’une formation littéraire – de rédaction, de synthèse et d’analyse – pour l’entreprise ? Ne faudrait-il pas en finir avec le « tout sélection par les sciences », voulu par le sociologue marxiste Bourdieu, celui-ci accusant les formations littéraires d’être socialement discriminantes et de favoriser « l’endorecrutement » des classes dominantes ?

    Gabrielle Cluzel dans Boulevard Voltaire

  • Entretien de Pierre le Vigan concernant la modernité: une réflexion.

    Entretien de Pierre le Vigan concernant la modernité: une réflexion. Le philosophe allemand Windelband a établi une distinction entre jugement de fait « cette table est noire » et jugement de valeur « cette table est belle ». Dans le premier cas, la formulation est incontestable car objective : toute personne rationnelle et normalement constituée considérera donc qu’une table noire est … noire. A contrario, le fait qu’une table soit belle est motif à contestation, y compris pour une personnalité rationalle. On retrouve ici donc la distinction entre objectivité et subjectivité. Pour autant, il ne faut pas céder à la simplicité, au premier élan, et considérer que les jugements esthétiques soient nécessairement subjectifs comme beaucoup le croient de prime abord. Autant que je me souvienne par exemple, Kant a établi une distinction entre le Beau et le Sublime. Et une théorie scientifique comme celle des angles privilégiés semblent nous pousser à accroire que les jugements esthétiques par exemple, ne sont pas nécessairement motif à subjectivité : le Beau serait objectif…
    La postmodernité dans laquelle nous sommes entrés voici quatre décennies environ fut annoncée à l’avance par des personnalités d’exception comme le furent le baron Evola mais aussi Guy Debord. Je ne cacherai pas aux lecteurs que mes amis sont miens et, par voie de conséquence, me ressemblent. C’est ainsi que, au même titre que le personnage principal du « meilleur des mondes », la postmodernité n’a su les formater. Il ne faut pas croire que ces personnalités ont rationnellement décidé de combattre l’empreinte du monde contemporain comme on pourrait le croire spontanément. Le fait est que pour de multiples raisons, et j’insiste, sans qu’ils l’aient voulu, ils sont sortis indemnes du grand moule contemporain. Bien peu nombreuses sont aujourd’hui les personnalités différenciées pour reprendre une expression chère au baron et l’on peut songer que déjà chez Platon, la notion de « Peuple » ne désigne nullement les basses classes mais la quasi-totalité de la population. La partie du corps qui selon le philosophe grec la plus à même de représenter le peuple n’est autre que le ventre et, pourrait-on ajouter, le bas-ventre.
    La tragédie auquel je suis confronté au quotidien est la radicale altérité dont je connais rationnellement les motifs mais aussi dont je souffre réellement dès lors où je suis en présence de la plupart de mes contemporains qui ne sont d’ailleurs pas, las, mes compatriotes : « J’habite mon nom, suis de ma langue, n’ai d’autre vraie patrie que celle de mes idées et ne me reconnais véritablement que dans les familles d’esprit que j’ai choisies. « Saint John Perse. La postmodernité parce qu’elle favorise, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Barrès, « le culte du Moi » - il y a un ouvrage majeur à écrire, fondé sur la neurologie pour montrer en quoi le Système triomphe - , ne peut que flatter la subjectivité des uns et des autres qui, elle-même, caresse les fondements de notre être, représentés par notre cerveau reptilien. C’est ainsi que mes contemporains, tellement imprégnés qu’ils sont de subjectivité, considèrent bien à tort que ce que j’exprime est subjectif alors même que je suis répertorié dans la caractérologie jungienne comme Intp, à savoir le profil le plus objectif qui soit.
    Pierre le Vigan n’émet en aucun cas un point de vue personnel en déclarant que les hommes des Lumières n’ont nullement suivi ou favorisé volontairement la révolution française. Je connais d’autant bien le sujet qu’au sein de l’université, j’y ai consacré plusieurs années. Lorsqu’on interroge un de nos contemporains sur un sujet, il n’est pas rare qu’il réponde, même s’il est réellement ignorant : dans les faits, on papote bien plus que l’on ne dialogue, considérant que la première idée qui vient en tête ou qu’une prise de position presque consensuelle feront l’affaire. Je vais peut être surprendre le lectorat mais dans certaines circonstances, deux parallèles peuvent se couper. De la même façon, la planète terre qui est approximativement une sphère, est presque entièrement vide. Quant à l’inflation, elle ne signifie pas nécessairement la hausse des prix. De même qu'un cosinus ou un sinus, quoique l'on en dise dans l'enseignement secondaire, n'ont pas l'obligation de rester inférieurs ou égaux à 1. Voici donc quatre propositions – justes – dont beaucoup de nos contemporains eurent postulé le contraire, « la main à couper » …
    Pour revenir aux Lumières, le premier penseur auquel on songe qui en soit représentatif est Voltaire. Grave erreur puisque Voltaire n’en fut pas, appartenant à la génération précédente. Pour prendre un intervalle de temps juste à des fins de mémorisation, il faut considérer qu’approximativement, les Lumières françaises, importés du monde anglo-écossais à destination finale de l'Allemagne, ne furent que durant le second quart du XVIII ème siècle, auquel il faudrait ajouter quelques années. Les hommes des Lumières ne furent en aucun cas démocrates et encore moins républicains. Leur admiration va à la monarchie constitutionnelle, anglomanes qu’ils furent. L’expression de « despotisme éclairé » fait partie de leur bagage. Par là il faut comprendre un exécutif fort mais aussi instruit et bienveillant, idéalement conseillé par ce que l’on peut appeler avant l’heure, des intellectuels.
    Aucun des hommes des Lumières n’a donc de contact intellectuel privilégié avec la notion de révolution et Pierre le Vigan ne se trompe nullement en affirmant que le premier parmi les grands à être récupérable par les révolutionnaires fut Rousseau.
    Je sais que les monarchistes contemporains haïssent le plus souvent le XVIII ème siècle, probablement au motif qu’il fut celui qui vit la fin de l’ancien régime. Pour autant, la mort de cette structure est bien antérieure et les origines de la chute sont à chercher au XVI ème siècle. Apparaîtront à cette époque et le capitalisme développé et le protestantisme. Il faut savoir qu’à cette époque, les lettrés furent bien conscients de la concomitance de ces deux événements. Si confier le pouvoir aux nobles, c'est-à-dire aux guerriers, parait tout à fait légitime dans une société archaïque, tel est de moins en moins le cas au fur et à mesure que la société se civilisait. Le capitalisme du XVI ème siècle que l’on peut appeler commerce international fit de certains Français anonymes, des hommes d’importance, réussissant leurs entreprises. Dans ces conditions, quand bien même un noble lui était hiérarchiquement supérieur, que l’entrepreneur doué avait plus d’importance que lui.
    De la même façon, le protestantisme est beaucoup plus moderne que ne l’est le catholicisme. Les justifications ne font pas défaut : autorité supérieure (Vatican) et pas d’équivalent chez les protestants. Si l’on dit « catholicisme », « protestantisme » doit porter un « s ». Le prêtre est « supérieur » à ses paroissiens alors que tel n’est pas le cas du pasteur. Les catholiques n’ont pas accès aux textes religieux, les protestants si. La langue du catholicisme est celle de l’élite, les protestants utilisent celle du peuple… On comprend donc que le catholicisme sied beaucoup mieux à l’ancien régime que le protestantisme.
    Ce serait donc de mon point de vue, les développements aussi bien du protestantisme que du capitalisme, qui annoncèrent la fin de l’ancien régime et nullement les hommes de Lumières, hostiles d’ailleurs, y compris par nature, à toute forme de révolution. On peut remarquer aussi que même Louis XIV qualifié de solaire, fit de graves erreurs qui jouèrent un rôle majeur dans le déclenchement du processus révolutionnaire un siècle plus tard ; ainsi en est-il par exemple de la centralisation excessive ; ainsi en est-il aussi de l’anoblissement de beaucoup de bourgeois, non au motif que ces derniers s’étaient distingués en raison de leur noblesse de comportement, mais en raison de leur réussite financière, valeur justement bourgeoise.
    Pour conclure, je citerai un penseur d’outre Rhin qui n’est autre que Goethe :
    « Avec Voltaire, c'est un monde qui finit : avec Rousseau, c'est un monde qui commence ».

    Philippe Delbauvre http://www.voxnr.com/

  • Les Indo-Européens et leur tradition (Jean Haudry)

    1 – L’Indo-Européen reconstruit

    Les concordances régulières entre leurs déclinaisons nominales, leurs conjugaisons verbales, leurs suffixes de dérivation, et une part notable de leurs vocabulaires prouvent l’existence d’une parenté entre les langues dites Indo-Européennes, c’est‑à‑dire celle d’une langue commune qui s’est différenciée et dont les parlers ont divergé d’abord sur place, sous la forme d’ondes d’innovations, puis, à la suite de migrations, sous la forme de scissions que figure l’arbre généalogique, avant de donner naissance à de nouvelles langues communes, selon le schéma universel de l’évolution des langues, qu’on retrouve par exemple avec le latin et les langues romanes qui en sont issues.

    2 – L’Indo-Européen «attesté»: l’hydronymie vieil européenne

    Les noms de cours d’eau des régions du centre de l’Europe, de la Baltique aux îles britanniques, à l’Italie et à l’Espagne, avec des prolongements asiatiques, présentent une forme unitaire qui n’est pas celle de telle ou telle langue Indo-Européenne, mais qui représente une attestation directe de l’indoeuropéen commun encore indifférencié. Sur ce vaste territoire, qui sera notamment celui des langues baltiques, germaniques, celtiques, italiques on trouve des noms de cours d’eau identiques: tirés d’un nom de l’eau, la Vézère et la Weser ‑ le Var et le Wôrnitz allemand, le Salon et la Saale allemande; tirés d’un nom du flot: le Drac, le Drau et le Dravos, affluent du Danube, tirés d’un nom de la source: les Avance, Avançon, Avenchet et les Avantia, Aventio d’Italie; tirés d’un nom du lit du cours d’eau: l’Amance, les Amantia d’Italie et l’Ems; tirés d’un qualificatif, «blanc»: l’Aube et l’Elbe, l’Argence, l’Argençon et les *Argentia d’Allemagne, l’*Argenti d’Irlande.

    Les plus notables des prolongements asiatiques sont le nom de l’Avanti indienne, qui correspond aux Avance, etc., et celui de l’Indus, vieil‑indien sindhu‑, apparenté à celui du Sinn affluent du Main, et du Shannon irlandais; mais leur faible proportion montre qu’il ne s’agit que de l’application de noms anciens à de nouveaux cours d’eau.

    Le statut privilégié de l’hydronymie s’accorde avec la théorie de Boettcher (1999) selon laquelle les premiers Indo-Européens, «vikings de l’âge de pierre», se seraient introduits en Europe en remontant les cours d’eau à partir de la mer du nord.

    3 – De l’Indo-Européen aux Indo-Européens

    Toute langue a des locuteurs: ceux qui la parlent. Ces locuteurs constituent le plus souvent un peuple. Les deux seules exceptions sont celles des langues «véhiculaires» qui servent à plusieurs peuples et les langues mixtes (sabirs, créoles) qui servent à une population mélangée. Ces deux situations sont manifestement inapplicables à l’Indo-Européen: les sabirs et les créoles qui en sont issus ont un système morphologique rudimentaire et souvent flottant. Les langues véhiculaires servent uniquement à communiquer avec l’étranger; chacun des peuples qui l’utilisent conserve sa propre tradition, liée à sa langue nationale, alors qu’il existe une «tradition Indo-Européenne».

    4 – La notion de «tradition Indo-Européenne»

    Cette notion recouvre un ensemble de concordances entre formules, entre groupes de notions, entre conceptions spécifiques; des images, des symboles, des pratiques, des institutions peuvent leur correspondre.

    4.1 – Le formulaire

    Plusieurs centaines de concordances rigoureuses entre formules représentées dans plusieurs langues Indo-Européennes ont été identifiées depuis 1850, où l’a été celle de la «gloire intarissable». Une première synthèse publiée par Rüdiger Schmitt en 1967, Dichtung und Dichtersprache in indogermanischer Zeit (Wiesbaden: Otto Harrassowitz) fait l’historique de la recherche (ch. 1) et passe en revue les thèmes principaux qui figurent dans les formules reconstruites: d’abord la gloire «notion centrale de la poésie héroïque indo‑européenne» (ch. 2), les autres traces de la poésie héroïque (eh. 3), la poésie mythologique (ch. 4), la poésie sacrale (ch. 5), diverses concordances phraséologiques (ch. 6), les éléments formels de la langue poétique (ch. 8), le poète et son œuvre (ch. 9); c’est ici qu’on trouve la célèbre concordance formulaire relevée en 1878 par Firaniste James Darmesteter dans laquelle le nom de la parole figure comme complément du verbe *teks «charpenter», lointaine origine de notre désignation du texte. L’ouvrage se termine par quelques indications sur la métrique Indo-Européenne (ch. 10). Le rôle de ces formules traditionnelles est double: elles expriment les idéaux, les valeurs, les préoccupations majeures; elles servent de matériau pour la composition dite «orale et formulaire» des poèmes.

    4.2 – Les groupes de notions

    Il s’agit d’associations d’idées qui constituent le résumé d’une vision du monde, ou celui d’un discours et le schéma d’un type de comportement, à la façon des «devises».

    Les trois fonctions (Georges Dumézil): groupement de trois notions, souveraineté magique et religieuse, guerre, production et reproduction, qui n’ont pas d’expression fixée dans la langue, mais dont le groupement est attesté dans une foule de textes (histoire légendaire inventée à partir d’elles, apologues trifonctionnels, comme le jugement de Pâris), de structures (triades divines, panthéons ternaires) et d’institutions (les trois castes des Indo‑Iraniens et des Celtes, les trois ordres de l’Occident médiéval).

    Avant de symboliser les trois fonctions, les trois couleurs, blanc, rouge et noir, ont eu leur signification propre, de nature cosmique (§ 8).

    Pensée, parole, action: trois notions fréquemment associées dans l’Avesta, dans l’Inde classique, en Grèce, et dans plusieurs autres domaines, l’expression de ces trois notions est en partie fixée, comme celle des formules.

    Le rôle de ces groupes de notions est analogue à celui du formulaire: elles servent à la fois à exprimer des préoccupations majeures (la hiérarchie des fonctions) et à fournir une trame narrative (les portraits de héros fondés sur la triade pensée, parole, action).

    Certains groupes de notions se présentent à l’occasion comme des formules : ainsi traverser l’eau de la ténèbre hivernale, dont les attestations consistent soit en récits fondés sur ces quatre notions (la traversée d’une étendue d’eau, la nuit, en hiver) soit en expressions à caractère formulaire.

    [...]

    Jean Haudry

    La suite sur Centro Studi la Runa

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  • L'idéologie se couvre du mot « République »

    D'Hilaire de Crémiers dans Politique Magazine :

    "[...] Les hommes et les femmes de gouvernement et leurs sbires qui ont fait passer une telle loi, sont littéralement indignes de gouverner. Qu'ils imposent leurs fantasmes à leurs pareils si ça leur chante, mais pas au peuple de France en tant que tel. C'est un abus et même une usurpation de pouvoir. Quelle est leur autorité pour légiférer sur ce qui ne saurait relever de leur juridiction ? à moins qu'ils ne se prennent pour des dieux ! C'est devenu une loi de la République, clament les parangons du système. Et voilà prêts à céder des hommes politiques qui pourtant n'étaient point favorables à une telle loi, mais qui sont tout à coup timorés devant la violence du système, voilà prêts à se rallier une fois de plus des évêques- pas tous heureusement, loin de là ! - sans force morale, complices de la confortable bien-pensance officielle et entraînés par la facilité de la prétendue adaptation au monde, à l'encontre même des paroles de Benoît XVI et de François qui affirment hautement que « la première urgence » dans le corps épiscopal, « c'est le courage » ! « Le courage de contredire les orientations dominantes est aujourd'hui particulièrement urgent pour un évêque ». Alors, qu'est-ce que cette couardise ?

    Et puis, la République est-elle donc une déesse ? Faut-il y sacrifier ? La mettre au-dessus du bon sens, de la conscience, du droit, de la justice et, enfin, pour les croyants, de Jésus-Christ ? Le problème, en France, est là. Qu'est-ce que cette République ? La république, en bon latin, c'est la chose publique. Ce ne devrait pas être une idéologie. Il y a là une conception totalitaire qui n'a fait et ne fait que du mal à la France réelle. Comment ne pas le voir ? L'idéologie qui se couvre du mot « République » en est-elle pour autant plus digne de croyance ? « Je dois tout à la République », disent certains. Mais non, vous devez tout à vos parents et à vos éducateurs et aux honnêtes gens que vous avez rencontrés. [...]"

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