
Sachant ainsi que « sans les archers, jamais Troie ne serait prise », Ulysse n'hésite pas un instant à utiliser le naïf Néoptolème pour dérober à Philoctète, le pitoyable ermite de Lemnos, son arc et ses flèches. La fin ici justifie les moyens même les plus scélérats. On ne peut lui reprocher son immoralité, puisqu'il ne relève pas du code courtois de l'honneur. En effet, si le critère dernier qu'on adopte est l'efficacité et non l'observance de normes morales, comme chez les Grecs, il n'y a pas lieu de trouver choquante ou même répugnante une telle façon de procéder, bien qu'elle manque assurément de panache. Un Grec ne comprendrait pas ainsi qu'on réprouvât les méthodes d'Ulysse, dans la mesure où elles lui permettent d'atteindre le but recherché. Il ne craint pas d'applaudir des actions qui entraîneraient aujourd'hui l'opprobre ou l'infamie pour leurs auteurs, même en cas de succès.






