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culture et histoire - Page 597

  • « Les habits élimés du post-colonialisme » par Jean-Gérard Lapacherie

    Article postcolonialisme

    Le post-colonialisme est ce moment qui « vient après le colonialisme », de la même manière que le postcommunisme est ce qui suit la disparition du communisme comme mode d’organisation de pays. Pourtant, la seule « postériorité » n’épuise pas le sens. Le postmoderne ne désigne pas seulement ce qui vient après le moderne, lequel n’a pas disparu, puisque de nombreux artistes, architectes, écrivains, critiques, hommes politiques, etc. s’en réclament toujours. Ce n’est pas non plus de l’antimoderne ; c’est plutôt un abandon de la téléologie qui sous-tend le grand « récit » de l’art moderne. A Montpellier, l’architecte du quartier Antigone a emprunté des éléments décoratifs à l’architecture classique et néoclassique, laquelle est tenue depuis près d’un siècle pour close ou « ringarde » et inadaptée au monde « moderne ». De la même manière, le post-colonialisme est aussi une négation de l’aire de civilisation ou culturelle d’où le colonialisme a ou aurait émergé, à savoir ce que l’on nomme l’Occident. Au XVIIIe siècle, on aurait dit du mot post-colonialisme qu’il est propre au vocabulaire de l’école. Or le post-colonialisme, ce sont aussi des romans ou des récits, de l’art, de la peinture, de la musique, de la poésie, des écrivains et des écrivaines, Ananda Devi, Nurudin Farah, Edouard Glissant, Chantal Spitz, pour ne citer que ceux-là, en un mot : des « écritures » (1).

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  • 14-18 l'éternel héritage (2018)

    14-18  l'éternel héritage.jpeg

    Si la mémoire de 14-18 est bien présente, le choix élyséen de ne pas célébrer la victoire a un goût de sacrilège.

    « Il est des lieux où souffle l'esprit ». La phrase, taillée pour la colline de Sion, va comme un gant à Douaumont. Là, 130 000 combattants reposent dans l'ossuaire, Français et Allemands. En contrebas s'étend le cimetière, planté de 16 000 tombes françaises. Un drapeau tricolore flotte au vent de Lorraine.

    Une visite en ces lieux s'impose. Il faut y aller de préférence hors-saison, après le mois de novembre, quand le clairon s'est tu et que les badauds sont partis. En hiver, les couronnes de fleurs fanées sont blanchies de givre. Les villages « morts pour la France », ruines édentées, scintillent faiblement sous quelques centimètres de neige. Une ambiance sépulcrale règne dans la vaste forêt de Verdun. On s'émeut au bois des Caures. On se recueille aux forts de Vaux et Douaumont, sans cesse pris et repris. On frémit en songeant au lance-flamme embrasant, dantesque, les couloirs des forteresses. On s'émerveille devant l'histoire à peine croyable du commandant Raynal, envoyant, comme une dernière chance son pigeon Vaillant. On échoue aux portes de la ville-cénotaphe : Verdun. En 843, c'est là que l'empire carolingien fut partagé en trois. La cité épiscopale est dominée par sa citadelle et par les deux tours de la cathédrale Notre-Dame, mais aussi par un autre monument, moins ancien, plus massif. C'est l'escalier de la Victoire. Au sommet des 73 marches, se dresse une fière statue de guerrier, le regard tourné vers l'est. Y résonnent éternellement les paroles du fameux chant « Et Verdun la victorieuse, pousse un cri que portent là-bas les échos des bords de la Meuse. Halte-là, on ne passe pas ».

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  • Notre oncle de Néandertal

    Cela faisait des décennies que tes chercheurs se demandaient si l'homme de Néandertal, apparu il y a 400 000 ans et disparu il y a environ 30 000 ans dans des conditions qui ne sont toujours pas éclaircies, s'était ou non croisé avec l’Homo sapiens sapiens, c'est-à-dire l'homme (anatomiquement) moderne, avec lequel il a coexisté pendant une dizaine de milliers d'années. Cette fois-ci, le doute semble ne plus être permis. L'examen de l'ADN de 1983 individus provenant de 99 populations différentes du monde, et sa comparaison avec celui de l'homme de Néandertal (4 milliards de nucléotides provenant de trois spécimens), qui est maintenant entièrement décrypté, permettent d'affirmer que des espèces humaines aujourd'hui disparues, comme l’Homo neanderthalensis et l’Homo heidelbergensis, se sont mélangées avec nos ancêtres directs à deux reprises au moins - la première fois au Levant ou dans l'actuelle Arabie séoudite il y a environ 60 000 ans, à la fin du pléistocène, la seconde en Asie orientale il y a environ 45 000 ans - et que leur part dans l’ADN de l'homme actuel avoisine 4 %, ce qui est loin d'être négligeable.

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  • La Guerre d'Algérie de 1954 à... 2018

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    Entre provocations algériennes et repentances macroniennes, la guerre d'Algérie n'est pas terminée même si pour l'instant, elle se joue avant tout sur le terrain de la mémoire. Première victime de cette guerre mémorielle : l'honneur français.

    « Maurice Audin, enfin ! », titre L'Humanité le 15 septembre dernier. Audin, mathématicien encarté au Parti communiste algérien, a été arrêté en pleine bataille d'Alger (1957) et n'a jamais reparu. Le mois dernier, Macron a reconnu la responsabilité de l'État dans sa disparition. « Crime d’État », affirme Libération.

    Audin a-t-il été torturé par les paras français ? Succombé à des sévices ? Qui est responsable de sa mort ? Et qu'est-il advenu de son corps ? Autant de questions légitimes, pas encore éclaircies.

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  • CADOUDAL : CELUI QUI DIT NON

    Chef de l’Ouest royaliste, doué d’une belle intelligence et d’une force herculéenne, le « gros Breton », selon le mot de Bonaparte, refusera de se soumettre au Premier consul, complotera contre lui, et finira sur l’échafaud.

    Le 5 mars 1800, aux Tuileries, Bonaparte reçoit les chefs de l’Ouest royaliste. En Bretagne, en Normandie, en Anjou et dans le Maine, les derniers chouans viennent de se soumettre. La délégation qui s’est rendue à Paris comprend notamment le général de Bourmont, le comte de Châtillon, le chevalier de Saint-Hilaire et un colosse au type paysan : Georges Cadoudal. En fin de journée, le Premier consul dicte un billet au futur maréchal Brune, qui dirige les troupes chargées de pacifier les Côtes-du-Nord, le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine et la Loire-Inférieure : « J’ai vu, ce matin, Georges ; il m’a paru un gros Breton dont peut-être il sera possible de tirer parti pour les intérêts mêmes de la patrie » . Le 12 février précédent, en échange d’une amnistie totale, Cadoudal a déposé les armes et accepté de se rendre dans la capitale. Lassitude ? Calcul ? Curiosité de voir de près ce Bonaparte qui a pris le pouvoir trois mois plus tôt et qui vient de désamorcer un conflit intérieur qui durait depuis dix ans ?

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  • La Vierge Marie, de Tino Rossi à Eric Clapton en passant par les Beatles ? Comme une chanson populaire !

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    « Vierge Marie », de Tino Rossi (1941)

    On en sait assez peu sur cet hymne du Corse roucouleur ; si ce n’est qu’il en aurait écrit les paroles : « Toi qui toujours dans mon enfance/Toi qui toujours m’as protégé/Sur ma douleur, sur ma souffrance/ […] Je mets en toi mon espérance/Ne m’abandonne pas/Reine des cieux. » Dans un semblable registre, Tino Rossi a repris L’Ave Maria de Schubert, avec un certain talent, voir un talent certain, pour qui apprécie le registre pâtissier collant à la fois aux dents et aux oreilles. Mais comme seule compte l’intention, respect et absolution.

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  • Bernard Lugan : “Tous les peuples ont pratiqué l’esclavage. Mais seuls les Blancs l’ont aboli”

    Bernard Lugan : “Tous les peuples ont pratiqué l’esclavage. Mais seuls les Blancs l’ont aboli”

    livre-esclavage-1-couv.jpgLe nouveau livre de Bernard Lugan est disponible sur son site. Voici la présentation qu’il en fait :

    Tous les peuples ont pratiqué l’esclavage. Mais seuls les Blancs l’ont aboli. A travers la conquête coloniale, ils ont ensuite contraint ceux qui continuaient à le pratiquer à y renoncer. Or, seule la traite pratiquée par les Européens est criminalisée.
    Le 10 mai 2001, en votant à l’unanimité la « Loi Taubira », les députés français ont ainsi imposé une vision à la fois idéologique et manichéenne de la traite esclavagiste. Cette loi ne dénonce en effet que la Traite pratiquée par les Européens, faisant l’impasse sur la traite arabo-musulmane laquelle ne prit fin qu’avec la colonisation.
    Christiane Taubira a justifié cette singulière hémiplégie historique afin que « les jeunes Arabes (…) ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes » (L’Express, 4 mai 2006).
    Par leur vote, les députés français ont donc effacé de la Mémoire collective des dizaines de millions de victimes. A commencer par ces innombrables femmes et jeunes filles berbères razziées dans ce que les conquérants arabes appelaient la « moisson berbère ». Ibn Khaldun évoquait à ce sujet les « belles esclaves berbères, de toison couleur de miel ». Et que dire des millions d’enlèvements d’Européens opérés jusque dans les années 1800 en mer et le long des rivages méditerranéens, à telle enseigne que l’on disait alors qu’ « il pleut des esclaves chrétiens sur Alger » ?

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  • Dans Présent de vendredi dernier, Francis Bergeron commente le livre de Michel Vial, "La chute de l'empire occidental"

    3590419268.2.jpgFrancis Bergeron, Présentcliquez ici

    Il y a quelques mois, Michel Vial était venu proposer un article à Présent. Mais à la vérité, il s’agissait d’une étude d’une certaine densité, faite pour être publiée dans une revue pas dans un quotidien d’actualité générale et politique, qui plus est à la pagination réduite. Nous avons donc décliné son offre. Mais à quelque chose malheur est bon : il a revu son travail, pour en faire un essai de 130 pages, intitulé La Chute de l’empire occidental. Et c’est cet essai qui vient de paraître chez Synthèse, dans la collection « Idées ».

    MICHEL VIAL ET MOI, nous nous étions croisés au cours de notre jeunesse militante. Le Liban, où nous avons l’un et l’autre crapahuté (pas tout à fait pendant la même période de 1976), nous a plus récemment rapprochés, grâce à la constitution de l’Association des anciens volontaires français du Liban. En bref une connivence politique née dans les années 1970, et concrétisée… 40 ans plus tard.

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