« La Révolution est un bloc dont on ne peut rien distraire », s'exclame Georges Clemenceau le 29 janvier 1891 à la Chambre des députés face à Joseph Reinach. Après avoir été un bloc, la révolution est désormais un pavé dont on ne peut, une fois encore, rien distraire. Un pavé de 878 pages dû à plusieurs dizaines d'auteurs, qui, sous la direction du père Escande, se sont réunis pour en écrire le livre noir(1).
Deux ans avant la formule du député du Var et futur président du Conseil Clemenceau lancée au député des Basses-Alpes Reinach (qui deviendra l'un des fondateurs de la ligue de droits de l'homme et l'historiographe de l'affaire Dreyfus), la France célèbre avec faste le centenaire de la Révolution française. Rien ne manque pour fêter l’événement. Dévoilement d’une plaque dans la salle du jeu de Paume à Versailles. Exposition sur le Champs de Mars. Défilés. Banquet national. Inauguration de statues. Inhumation de « grands ancêtres » au Panthéon(2). Et même - on l'a oublié - érection de la tour Eiffel, conçue comme monument éphémère pour la durée de l'Exposition universelle organisée pour célébrer le centenaire.
Un mythe déjà ébranlé lors du bicentenaire en 1989