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culture et histoire - Page 676

  • La Petite Histoire : La France carolingienne face aux Vikings


    Les raids vikings sur l’empire carolingien s’étendent du IXe au début du XIe siècle. Avides de butin, profitant de l’instabilité politique de l’Europe et dotés d’une mobilité à toute épreuve, des milliers d’hommes venus de Norvège et du Danemark ont déferlé sur la France durant plus de deux siècles. Les différents rois francs auront bien tenté de leur résister, mais c’est finalement en leur cédant des terres que les grandes invasions vont cesser. C’est, par ailleurs, l’acte de naissance de la Normandie.

    https://www.tvlibertes.com/la-petite-histoire-la-france-carolingienne-face-aux-vikings

  • Royalistes : Formation et militantisme : Clermont Ferrand, Perpignan, Saint Etienne...

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    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/11/05/formation-et-militantisme-clermont-ferrand-6187497.html

  • Charlemagne : quand Marek Halter dit (encore une fois) n’importe quoi, par Jean-David Cattin

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    Le 22 octobre sur CNews, Marek Halter dans l’émission Face-à-face avec Éric Zemmour a, entre autres élucubrations, réinterprété de manière très créative l’épisode historique de l’« alliance » abbasido-carolingienne : « Charlemagne, grand Charlemagne, qu’est-ce qu’il fait en premier ? Il envoie une ambassade auprès de Hâroun ar-Rachîd, le chef de l’islam, pour lui proposer un pacte de paix et de non-agression. […] Et il revient cinq ans plus tard avec le pacte signé et un cadeau pour l’empereur, un éléphant blanc. Et si vous allez aujourd’hui à Aix-la-Chapelle, vous avez dans le musée le squelette de cet éléphant qui est le symbole de la coopération et de la cohabitation entre les hommes de différentes religions. »

    En très peu de mots, Marek Halter réalise le tour de force d’asséner plusieurs contre-vérités.

    Est-ce vraiment ce que Charlemagne a fait en premier ?

    Au moment de sa première ambassade auprès du calife abbasside en 797, Charlemagne régnait depuis 31 ans. Ce n’était donc de loin pas sa première initiative politique.

    Le chef de l’islam ? De tout l’islam ?

    Hâroun ar-Rachîd n’était pas le chef de tout l’islam puisque qu’il n’était le chef que du lointain califat abbasside, certes le plus puissant. Mais depuis plusieurs décennies, il était en guerre totale avec l’Émirat de Cordoue, un voisin immédiat du Royaume franc. Et cela change tout.

    Une coopération ?

    La principale coopération recherchée était d’ordre militaire pour réduire la menace que faisait peser l’Émirat de Cordoue à la frontière sud du Royaume franc. Charlemagne cherchait à jouer sur les dissensions de l’islam d’alors pour affaiblir son ennemi le plus immédiat. On a affaire ici à de la realpolitik pure et dure et non pas à un vivre-ensemble avant la lettre comme souhaite le laisser entendre Marek Halter.

    En réalité, outre des échanges de cadeaux et d’amabilités, cette ambassade et les suivantes ne donneront pas beaucoup de résultats tangibles. C’est pour cela que l’on parle d’une tentative d’alliance pour décrire la relation entre les Francs carolingiens et les Abbassides.

    Qu’en est-il de la cohabitation ?

    Charlemagne avait son palais à Aix-la-Chapelle, Hâroun ar-Rachîd avait le sien à Bagdad, soit à peu près 4 500 kilomètres de distance. La Méditerranée et l’Empire byzantin les séparaient. À cette époque, il fallait plus d’une année pour faire l’aller-retour. On a connu des « cohabitations » plus rapprochées.

    En réalité, la vraie « cohabitation », c’était celle des habitants de la Septimanie qui vivaient sous la menace permanente des razzias sarrasines. Elles ont été si brutales et les populations civiles emmenées en esclavage si nombreuses qu’elles ont laissé la Provence et le Roussillon exsangues. À tel point que la plupart des vallées côtières, surtout en Bas Languedoc, sont totalement dépeuplées, leurs populations ayant été razziées par les Arabes ou s’étant réfugiées dans les zones montagneuses de l’arrière-pays. Toutes les plaines entre Barcelone et Agde sont retournées en friche. (1)

    La « cohabitation », c’était aussi celle des chrétiens vivant en Espagne sous la domination des Arabes et des Berbères. Le successeur et fils de Charlemagne, Louis le Pieux, appelle tous les Espagnols fuyant « l’oppression inique et le joug cruel des Sarrasins » à s’installer « en Septimanie ainsi que dans la marche d’Espagne ». (2) Voilà ce que pensait l’empereur d’Occident de cette « cohabitation » en Espagne occupée. Suite à son appel, ils seront nombreux à faire le voyage dans ce sens malgré les prétendues lumières d’Al-Andalus.

    Charlemagne, rempart de l’Europe chrétienne

    L’histoire de Charlemagne, de son grand-père Charles Martel, de son père Pépin le Bref et de son fils Louis le Pieux, c’est celle de la résistance du Royaume franc, rempart de l’Europe chrétienne. La libération puis la sécurisation de la Septimanie et la constitution de la marche d’Espagne seront les bases de la Reconquista. Sans la combativité et la puissance des Carolingiens, elle n’aurait sans doute pas été possible. On est ici bien loin des escobarderies de Marek Halter.

    (1) et (2) René de Baumont – Les croisades franques en Espagne

    Jean-David Cattin

    https://www.les-identitaires.com/2019/11/05/charlemagne-quand-marek-halter-dit-encore-une-fois-nimporte-quoi/

  • Poitiers, 25 octobre 732 : que célébrons-nous exactement ? – Clément Martin

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    Avant la conquête, la Monarchie d’Espagne était divisée

    Lorsque la bataille de Poitiers intervient, les Maures ont déjà conquis l’Espagne à la tête de 7 000 combattants, majoritairement berbères et convertis de fraiche date à l’islam, de 711 à 714. La monarchie wisigothique d’Espagne était divisée : le roi déchu Akkhila appelle les Arabes à l’aide contre Roderic, le roi légitime, et le comte Julien, gouverneur de Ceuta, place forte byzantine, dernier reste de l’empire romain d’Orient en Afrique du Nord, offre ses navires et ses renseignements. Avec de tels appuis, et une défection importante dans l’armée (les partisans d’Akkhila) au moment de l’affrontement entre Goths et Sarrasins, ces derniers ne pouvaient que l’emporter. Les Pyrénées ne les arrêtent guère et ils conquièrent bientôt toute la Septimanie (le Languedoc) jusqu’à la vallée du Rhône, d’où ils poussent jusqu’à Marseille.

    Et les Francs dans tout cela ?

    Il en reste peu de chose : les derniers rois mérovingiens sont remplacés, dans l’exercice de leurs fonctions sinon dans les titres, par leurs premiers ministres, les Maires du Palais, occupés par les luttes continuelles entre les deux entités franques : la Neustrie à l’ouest et l’Austrasie à l’est, ainsi que par l’Aquitaine au sud-ouest, dont l’autonomie est farouchement défendue par le comte Eudes. Les Vascons, futurs « Basques » à cheval sur les Pyrénées, position-clef dans la lutte contre l’Islam, refusent tout maître étranger. La Bourgogne, théoriquement neustrienne, est indépendante dans les faits, divisée qui plus est en deux clans ennemis. Septimanie et Provence sont gouvernées localement par une myriade de petits seigneurs. Par ailleurs, les Austrasiens, qui tiennent la barre dans ce royaume franc vacillant, sont occupés sur le flanc est par la lutte contre les païens saxons, frisons, alamans et bavarois : tentatives de conquête et d’évangélisation absorbent leurs forces. Charles Martel lui-même, emprisonné dans sa jeunesse sur ordre d’une marâtre, doit faire valoir ses droits légitimes. On le voit : toutes les conditions étaient réunies pour que l’avancée maure soit une promenade de santé. À cela, il faut ajouter l’habileté des premiers chefs arabes, retors, qui ne demandent rien d’autre que l’impôt aux populations soumises et les autorise, pour le moment seulement, à pratiquer leur religion.

    Les Maures ne lancent pas seulement un raid mais une conquête

    En effet, les attaques sur le Midi de la France qui précèdent Poitiers rassemblent trois à cinq mille cavaliers au moins, sans compter les fantassins, et les Arabes installent des wali, gouverneurs, dans les villes qui ont résisté. Les villes qui se sont rendues sans combattre sont immédiatement placées sous l’autorité directe de l’émir de Cordoue, chef de l’Espagne musulmane. Les Arabes ne viennent pas rapiner dans les abbayes avant de s’éparpiller dans les campagnes, ils viennent en Gaule pour y rester. La nouvelle expédition montée par Abd al-rahman, émir de Courdoue, depuis Pampelune (Navarre espagnole), est beaucoup plus importante et vise la Loire et la Seine. Eudes d’Aquitaine, qui avait repoussé les Maures le 9 juin 721, échoue cette fois-ci et Bordeaux est mise à sac. Du côté des Francs, Charles Martel a reconquis l’héritage paternel, soumis Saxons et Francs puis fait l’unité entre Austrasiens et Neustriers contre ces derniers, qui ont reçu le soutien des Aquitains et que le Marteau tient en suspicion. Et pour cause : leur position fragile les fera pencher du côté de l’alliance avec les Sarrasins quelques années plus tard… C’est pourquoi l’unité de la Gaule est si importante : de petits royaumes ou fiefs isolés comme le Midi en compte tant, de la Gironde aux Alpes, ne peuvent rien contre le raz de marée musulman. Charles Martel l’avait compris. À l’évocation de cette situation, on ne peut que penser à l’Europe actuelle divisée sur la politique à tenir en face de l’immigration-invasion, du terrorisme islamiste ou de la guerre économique menée par des géants comme la Chine. L’UE est bien impuissante contre ces menaces et son droit-de-l’hommisme ne suffit pas à mobiliser les consciences, à fédérer les Européens contre un ennemi commun. Il manque à l’Europe un Charles Martel.

    Apparition d’une volonté commune contre l’envahisseur

    Des délégations de Provençaux, entre autres, viennent expliquer aux Francs qu’on ne peut pas traiter avec les musulmans. L’esprit conciliant des premiers temps, de la part d’une partie notable de la noblesse locale, n’est plus de mise : l’heure est à la guerre. La conscience d’un choc de civilisation commence vaguement à se former. Les Francs menés par Charles interceptent l’avant-garde sarrasine avant qu’elle n’ait eu le temps d’atteindre Tours, la métropole religieuse du pays. S’ensuivent sept jours d’observation dans la plaine de Moussais, au nord de Poitiers. Les Arabes sont encombrés par leur butin, qui déborde de toutes parts sur leurs chariots. « Mais, nous dit l’historien René de Beaumont, auteur des Croisades franques en Espagne (2011), les chefs ne sont pas venus cette fois que pour piller, mais aussi pour conquérir le pays. » Le combat est enfin accepté le 25 octobre. Il dure toute la journée, sans succès. Les Arabes se fracassent sur le « mur de glace » décrit par l’un de leurs chroniqueurs. Les Francs avancent soudés, imperturbables. Les Maures fuiront lâchement dans la nuit, abandonnant leur campement. Un chroniqueur du VIIIe siècle parle des europeos, « habitants de l’Europe » plutôt qu’ « Européens » selon le latiniste Serge Stolf, mais c’est toutefois une ébauche de prise de conscience européenne. Le prestige de Charles Martel est total et il se lance dans la reconquête du Languedoc et de la Provence, avec l’aide du roi des Lombards, le pieux Liutprand, contre le duc franc Mauron, traître qui s’est autoproclamé gouverneur de la région avec l’aide des Maures. De 732 à 739, Charles Martel reconquiert le Languedoc et se montre impitoyable : en 736, à Sigean, il achève à coup de javelots les Maures qui surnagent dans l’étang vers leurs barques ; tous les dirigeants qui se sont alliés aux Maures sont exécutés, jusqu’à l’évêque de Viviers, Arconce.

    Le Languedoc est nettoyé ainsi qu’une partie de la Provence (qui ne sera pas réellement occupée avant un siècle et demi), mais Narbonne résiste. Les nécessités du gouvernement franc ainsi que la guerre contre les Germains restés païens rappellent Charles Martel vers le nord, son fils Pépin reprendra le flambeau.
    La bataille de Poitiers fait naître un sentiment d’appartenance à une matrice commune

    Ce que nous fêtons ce 25 octobre n’est donc pas un triomphe final, une apogée, mais un point de départ et une prise de conscience : celle de la nécessité de l’unité et, d’autre part, de l’irréductible choc de civilisation avec le monde afro-musulman. Hier, aujourd’hui et demain.

    Clément Martin

    Texte repris du site de : Les Identitaires

    https://fr.novopress.info/215900/poitiers-25-octobre-732-que-celebrons-nous-exactement-clement-martin-les-identitaires/

  • Roland Hélie, directeur de Synthèse nationale, participera aux 14e Journées de la dissidence à Madrid les 8, 9 et 10 novembre

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    Organisées par Fides ediciones cliquez ici

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  • Les cent ans de la fausse paix de Versailles

    6a00d8341c715453ef0240a4c2f6e5200d-320wi.jpgEn cette année du centenaire, on aurait imaginé qu’un peu plus de relief puisse être donné aux anniversaires du traité de Versailles. Ce furent successivement sa signature le 28 juin 1919, et sa ratification par un vote de la chambre des députés le 2 octobre qui auraient dû intéresser les éphémérides. Aucune revue spécialisée n’a daigné s’y intéresser.

    À peine une émission historique destinée au grand public envisage-t-elle l’ensemble de cette paix avortée : elle insiste, à juste titre, sur les conséquences du découpage fantaisiste, arbitraire et pétrolier, effectué dans le Proche-Orient sur les ruines de l’empire ottoman. Mais, à la vérité, il s’agit là des traités de Sèvres de 1920, puis celui de Lausanne de 1923, conséquences et compléments des illusions et des outrances de Versailles.

    Nous tenterons de contribuer à combler un vide par la publication du livre d'Emmanuel Beau de Loménie "la Ratification du traité de Versailles"[1]

    La philosophie d’ensemble de ce système venait en grande partie d’outre-Atlantique, et plus précisément des cercles les plus utopistes du parti démocrate représentés par le président Wilson. Pour la résumer on retiendra sa volonté d’entrer dans l’ère des bons sentiments et d’organiser le monde, pas seulement l’Europe, sur la base de la loi décidée par le camp du Bien.

    Mais en son temps, à Paris, la Ville Lumière un instant victorieuse d’un conflit mondial, l’intérêt se portait avant tout sur la dimension hexagonale de la sortie de guerre.

    Un débat parlementaire assez virulent se déroula, au Palais Bourbon et dans la Presse du 24 août au 1er octobre. Il fut suivi d’un vote, le 2 octobre et fut confirmé quelques jours plus tard, très rapidement, entre le 9 et le 11, par le Sénat.

    Or, c’est à partir de cette date, que fut scellé pour la France le cadre constant des 20 années qui conduisirent à la reprise en 1939 des hostilités. Les inconstances gouvernementales, les inconsistances politiques, les inprévoyances militaires aggravèrent un déclin qu’il aurait été indispensable d’enrayer pour maintenir ou redresser la situation.

    Le pays semblait militairement victorieux mais il se révélait moralement et physiquement détruit. Incapable dès lors d’assumer les responsabilités d’une grande puissance, il n’en possédait plus guère que les charges. Il avait perdu les moyens de les assumer.

    L’Histoire officielle dominante se montre très peu disposée à évoquer les débats pourtant décisifs de 1919 sur la ratification du traité. Celui-ci résultait, en effet, des négociations entre deux interlocuteurs principaux. La Conférence de la Paix avait été dirigée par le président des États-Unis Harold Wilson, bailleur de fonds des Alliés, et le chef du gouvernement français, Georges Clemenceau, représentant de l’armée victorieuse.

    Ce petit livre, dense et vivant, qu’Emmanuel Beau de Loménie consacre à la Ratification du traité de Versailles fut imprimé le 30 juin 1945. Certains aspects peuvent nous en paraître surprenants, voire choquants, de nos jours. Le contexte demeurait marqué par les suites de l’antagonisme franco-allemand. Ce vieux cauchemar semble aujourd’hui anachronique et scandaleux. Il avait constitué l’un des plus puissants ingrédients, mais non le seul, des deux conflits mondiaux.

    Rappelons aussi que quelques jours plus tard, du 17 juillet au 2 août, à Potsdam, les conditions de la paix future allaient être discutées. Elles appliqueraient les bases convenues à Téhéran puis à Yalta. En cette année 1945, les accords des trois empires victorieux, et leur entente fragile, n’allaient prendre l’avis d’aucun des six pays qui signeront plus tard le traité de Rome de 1956. Les ruines du Vieux Continent attestaient, alors encore fumantes, à Berlin comme à Varsovie, du désastre occasionné par l’échec des sorties de guerres précédentes.

    Tout l’édifice de l’après-guerre allait être artificiellement bâti sur l’illusion mondialiste de la Société des Nations. Dans le discours de la plupart des politiciens de gauche français, radicaux et socialistes, dans les raisonnements de journaux, on retrouve ce lancinant refrain qui ne débouchera hélas sur aucune autre réalité concrète que la paralysie de la république jacobine.

    Accessoirement, dès septembre 1919, on allait découvrir que les États-Unis qui avaient posé le principe de la Société des Nations n’y adhéreraient pas, et qu’ils ne souscriraient pas non plus à l’ensemble du traité lui-même.

    Or, dans le débat français de la Ratification, deux questions principales s’enchaînaient autour desquelles se construisaient aussi bien les rhétoriques politiques que les conditionnements médiatiques.

    1° C’est d’abord, la question des réparations qui primait alors, en réalité, l’ensemble du point de vue gouvernemental parisien. Les destructions matérielles de la guerre avaient surtout ruiné le Nord de la France et la Belgique. Paradoxalement, l’Allemagne vaincue n’avait subi aucune occupation avant l’armistice de 1918. Ceci avait non seulement accrédité le sentiment d’une trahison commise par les "criminels de novembre". Mais aussi le slogan absurde, pour ne pas dire criminel, selon lequel "l’Allemagne paiera", fut inventé par Klotz ministre des finances de Clemenceau. Il supposait à la fois la prospérité du débiteur et le développement des excédents de son commerce extérieur. Entretenant le rêve impossible d’une reconstruction sans quelques nouveaux sacrifices, on s’ingéniait ainsi à promouvoir une politique impossible, contradictoire et par conséquent illusoire.

    Bien plus, toutes les perspectives restreignant la puissance centralisatrice se heurtaient aux nécessités de

    D’autre part, le débat parlementaire le montre à l’évidence, on devait envisager un recours à de nouveaux emprunts, les besoins de la reconstruction étant immédiats, et d’ailleurs surévalués, et les perspectives de dédommagements étant différés.

    L’échafaudage s’écroulera. En 1924, le plan Dawes allait drainer un financement vers l’industrie allemande. En 1929 le plan Young allait conduire à un nouvel aménagement de la dette allemande. En 1931 le moratoire Hoover suspend les paiements. Enfin la conférence de Lausanne de 1932 met pratiquement un terme aux réparations intergouvernementales. Les 132 milliards de reichsmarks dus par l’Allemagne sont alors ramenés à 5 milliards, que Hitler parvenu au pouvoir en 1933 ne paiera pas. Cependant, vis-à-vis des banques, ce ne sera qu’en 2010, soit 92 ans après l’armistice de 1918 que l’État allemand réunifié solda ce qu’il devait encore aux banques et aux prêteurs internationaux.

    Du fait de cette illusion des réparations, la France allait se retrouver de plus en plus corsetée par la finance internationale, ses velléités, toujours subsidiaires, d’intervention au secours des nations de l’Europe centrale auxquelles allaient donc se trouver désarmées.

    2° C’est dans ce contexte qu’allait être abordée la question du statut punitif imposé à une Allemagne dont on maintenait l’unité.

    Aux siècles précédents, une très ancienne préoccupation capétienne s’était opposée, de façon constante à la domination, au sein de l’espace allemand du pouvoir impérial sur les quelque 300 royaumes, principautés ou villes libres qui composaient le Saint-Empire. On citera ainsi la politique de Richelieu fixée sur la théorie des libertés germaniques lors de la Diète de Ratisbonne de 1635, ou bien, sous le gouvernement de son successeur Mazarin les traités de Westphalie mettant fin en 1648 à la guerre de Trente Ans.

    Mais de longue date cette ambition dominante au temps du Royaume des Lys, en passe d’être ressuscitée sous le règne des radicaux-socialistes, présente dans les arrière-pensées d’un Clemenceau, lui-même plus particulièrement acharné contre la maison de Habsbourg et l’Autriche-Hongrie, était devenue inaudible. Elle sonnait de manière insupportable aux oreilles de nos Alliés et bailleurs de fonds.

    En réalité, ni les États-Unis sans l’intervention desquels en 1917, l’Entente franco-anglaise, après la défection de la Russie, n’eût jamais triomphé des Empires centraux, ni l’allié britannique ne voulaient en aucun cas d’une évolution géopolitique rendant la France maîtresse du continent.

    Il ne fallait pas seulement maintenir la structure unitaire du Reich bismarckien. Sa constitution se trouvait renforcée paradoxalement par la disparition des monarchies régionales, en Bavière, Saxe, Wurtemberg etc. Les identités en avaient été, d’ailleurs, largement fondues dans la lutte commune entre 1914 et 1918.

    Dans ses cours, comme dans ses livres, le très prolixe professeur  franco-allemand Alfred Grosser*[2], mettait en lumière une évolution majeure. Sous la Troisième république, en effet, l’adversaire numéro un, et pratiquement le seul que se désignait le gouvernement de Paris, appuyé en cela par les instruments de l’opinion publique, se situait outre-Rhin. Sous la Quatrième république un premier tournant fut amorcé, partiellement, par Robert Schuman, comme président du Conseil en 1947-1948, et surtout comme Ministre des Affaires étrangères inamovible des 9 gouvernements qui lui succèdent, en moins de 5 ans, de juillet 1948 à janvier 1953[3]; mais sa politique alors concertée avec ses homologues démocrates chrétiens italiens, belges, néerlandais ou allemands, reçut un coup d’arrêt lors du rejet par la chambre des députés le 30 août 1954 de leur projet une Communauté Européenne de Défense.

    Or, sous la Cinquième république, ce fut paradoxalement à l’homme du 18 juin que revint de sceller la réconciliation, symboliquement à Reims en juillet 1962, puis juridiquement par le traité de l’Élysée de janvier 1963, avec le chancelier Konrad Adenauer.

    On ne saurait mesurer cette démarche sans se souvenir du parcours de son interlocuteur. Il gouverna, de 1949 à 1963, l’Allemagne d’après guerre et contribua puissamment à sa reconstruction. Auteur, avec Ludwig Erhardt du redressement économique de son pays, mais également de son ancrage atlantiste et européen, on peut le considérer comme le fondateur de l’Allemagne contemporaine.

    Or, à l’inverse de son prédécesseur Bismarck, il n’est ni un Prussien, ni un luthérien, ni un militant de l’unité, mais un Rhénan, un catholique et un fédéraliste. Bourgmestre de Cologne de 1917 à 1933 il avait pris position à partir de 1919, en faveur de l’autonomie de la Rhénanie vis-à-vis de la Prusse.

    Cette question nous semble aujourd’hui entièrement hors de propos. Elle éclaire une partie, mais une partie seulement des discours critiques développés par le nationalisme français dans le débat de ratification du traité de Versailles, qui prendront parti, comme Maurice Barrès en faveur du séparatisme rhénan, sinon pour une occupation stratégique de la Sarre et du Palatinat, ces provinces de la rive gauche du Rhin, considérée comme une garantie, notamment en vue du paiement des réparations.

    C’est en gardant présente à l’esprit cette logique de l’époque que l’on doit aborder le très vivant drame classique de ce débat.

    Il fut autopsié avec la précision de l’horloger par le plus décapant des historiens français du xxe siècle, Emmanuel Beau de Loménie. Certes, on ne se penche jamais sur les introductions, préfaces, et avant-propos des livres que l’on découvre. Alors que l’auteur, jeune combattant revenu du front rédigeait, à l’époque de ces débats, une thèse de doctorat d’Histoire, on pourrait imaginer qu’il les a couverts pour un libre journal de l’époque.

    En réalité, c’est avec le recul du désastre de 1940 qu’il écrit, alors qu’à partir de 1943 il avait commencé d’explorer ce qu’il appelle les Responsabilités des dynasties bourgeoises, au débit desquelles il impute le déclin du pays. Les égoïsmes et les aveuglements du gros argent et de l’affairisme accapareur ne restent jamais absents de son réquisitoire.

    Avec la patience et le doigté d’un entomologiste, il les a ressuscités à partir des archives de presse et des collections de ce J.O., qu’il appelle toujours l’Officiel, ce qu’il expose dans son introduction de 1945.

    JG Malliarakis  

    Apostilles

    [1]Ce livre de 198 pages au prix de 20 euros paraîtra fin novembre, on peut souscrire avant parution au prix de 18 euros franco de port sur la page catalogue des Éditions du Trident.

    [2]Cf. Alfred Grosser La IVe République et sa politique extérieure, 1961, 440 pages, ed. Armand Colin. Il allait consacrer au autre ouvrage à La Politique extérieure de la Ve républiqueédité en 1965 au Seuil. Il a publié, depuis, sur ce thème de nombreux autres ouvrages de référence.

    [3]Gouvernements présidés par : André Marie, radical, du 26 juillet 1948 au 5 septembre 1948 ; Henri Queuille, radical-socialiste, du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949 ; Bidault, MRP, du 29 octobre 1949 au 2 juillet 1950 ; à nouveau Queuille du 2 au 12 juillet 1950 ; René Pleven, UDSR, du 12 juillet 1950 au 10 mars 1951 ; encore Queuille, du 10 mars au 11 août 1951 ; de nouveau Pleven du 11 août 1951 au 20 janvier 1952 ; Edgar Faure, radical-socialiste, du 20 janvier au 8 mars 1952 et enfin Antoine Pinay, CNI, du 8 mars 1952 au 8 janvier 1953.

  • Pour une défense de la civilisation gréco-chrétienne. Retour sur le 1er colloque d’Academia Christiana

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    Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître assurément pour les organisateurs du premier colloque d’Academia Christiana qui a réuni des personnalités aussi différentes que Jean-Pierre Maugendre, Alain de Benoist, l’abbé Telisson, Philippe Conrad, Guillaume Bernard, Jean-Yves Le Gallou ou Laurent Dandrieu, invités à parler enracinement, mémoire de l’Europe chrétienne, théologie du migrant ou grandes batailles des Européens qui surent, à un moment donné de notre histoire, s’unir pour préserver leur identité.

    Il y a quelques années, une telle réunion aurait relevé d’une vision chimérique ou du mariage impossible de l’eau et du feu. Aujourd’hui, c’est désormais chose possible, les animateurs de la Nouvelle Droite et certains représentants du courant catholique identitaire s’étant décidés à rebâtir ensemble les bases d’une civilisation pérenne, face à la double menace de l’islam et du tsunami migratoire organisé par les champions de l’économie mondialiste.

    Défense du christianisme

    D’entrée de jeu, les responsables de ce cénacle, notre ami Julien Langella et Victor Aubert se sont définis comme « les représentants d’une génération de déshérités, de déracinés et de blessés » qui ont découvert la foi chrétienne en « rentrant par effraction dans les églises catholiques » afin de retrouver les racines chrétiennes de l’Europe. Des racines que Guillaume Bernard a rappelées en apportant son éclairage sur l’universalisme chrétien. Les abbés Telisson et Raffray ont, pour leur part, traité du christianisme incarné et de saint Thomas d’Aquin dont la pensée s’inscrit dans la tradition de la sagesse aristotélicienne et qui intégra la vision grecque de la nature dans la conception chrétienne du monde.

    Religion du progrès et migrantocentrisme

    Alain de Benoist fit le procès du progrès, « processus accumulant des étapes dont la plus récente est jugée meilleure que la précédente », et rappela que, pour Georges Sorel, le progrès était une « doctrine bourgeoise ». Constatant que notre monde moderne place la richesse et la marchandisation au-dessus de tout, Guillaume Travers montra combien tout cela est en rupture totale avec la conception traditionnelle de l’économie médiévale. Un des morceaux de bravoure de ce symposium est incontestablement l’intervention de Laurent Dandrieu, auteur en 2017 d’un remarquable livre, Église et immigration : le grand malaise, qui a rappelé que, depuis des décennies, le Vatican s’est livré à une véritable canonisation de l’immigré, de Jean XXIII à Benoit XVI en passant par Jean-Paul II. Mais la palme revient incontestablement au pape François qui, après l’inauguration récente d’une statue représentant 140 migrants, a élevé ces derniers à une figure rédemptrice et s’est livré à une véritable canonisation de l’immigré. Ce même François qui, en 2017, reprochait au Européens de défendre leur identité.

    Pour une identité commune

    Il revenait à Jean-Pierre Maugendre de défendre les racines grecques de l’Europe chrétienne et à Philippe Conrad de montrer tout ce que la chrétienté médiévale, longtemps présentée comme une période d’obscurantisme, doit également à la grécité et à la romanité. Qu’est-ce qu’un héros grec et un saint chrétien ? C’est à cette double question qu’a répondu Nicolas Degroote qui a opposé curieusement Agamemnon à Abraham, faisant ainsi référence à Kierkegaard, pour lequel « le sacrifice d’Abraham marque une séparation entre le moral et le divin qu’ignorait le héros grec ». Il restait à Jean-Yves Le Gallou le soin de brosser la fresque des grandes batailles des Européens, des guerres médiques à Lépante en passant par les Thermopyles, les guerres puniques, la bataille de Poitiers ou la Reconquista. Des batailles qui permirent à nos peuples de repousser l’envahisseur perse, arabe ou ottoman et d’affirmer leur identité européenne.

    Au terme de cet après-midi studieux, chacun a pu constater que, contrairement à ce que peuvent penser certains, la métapolitique est, tout autant que le militantisme politique ou associatif, une des armes des victoires futures. Elle est indispensable pour affronter les combats de demain et permettre à chacun de savoir pourquoi il faut construire des digues et être du bon côté de la barricade. Comme le disait le grand philosophe Gustave Thibon, « rien ne prédispose plus au conformisme que le manque de formation ».

    Françoise Monestier 01/11/2019

    Source : Présent

    https://www.polemia.com/defense-civilisation-greco-chretienne-colloque-academia-christiana/