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culture et histoire - Page 687

  • La Petite Histoire : L’intervention française au Mexique

    L’expédition française au Mexique se déroule de 1861 à 1867 et se termine par un échec retentissant. Pour autant, les raisons de cette intervention, soutenue et ordonnée par Napoléon III, ne manquent pas de noblesse et de panache. Outre les raisons financières de paiement de la dette mexicaine, la France caressait ici le rêve d’établir un empire francophone et catholique en Amérique centrale, afin notamment de contrebalancer la puissance américaine grandissante.

    https://www.tvlibertes.com/la-petite-histoire-lintervention-francaise-au-mexique

  • La véritable histoire des douze Césars par Virginie Girod

    Virginie Girod

    Virginie Girod est docteur en histoire et spécialiste de l’Antiquité romaine. Elle a publié les biographies d’Agrippine et de Théodora, qui ont rencontré un beau succès. Avec son dernier ouvrage, elle revient sur « la véritable histoire des douze Césars ».

    Suétone fut un haut fonctionnaire romain, membre de l'ordre équestre qui travaillait comme secrétaire et bibliothécaire. Cette charge lui permit de consulter librement les archives impériales et de rédiger les biographies des premiers Césars, de Jules à Domitien. Nous pouvons écrire que la Vie des 12 Césars constitue l’apogée de sa carrière. Le clin d’œil et bien plus de Girod à Suétone paraît donc évident dans le choix de son titre. Elle confesse volontiers, ce qui suit, à la fin de l’ouvrage : « En hommage à Suétone, mon compagnon d’études, je réécris les Douze Césars, mes douze Césars, car cela fait plus de douze ans que je vis un peu avec eux. Tout fait sens. »

    En 2019, n’est-il pas étonnant d’écrire une énième histoire des premiers empereurs romains ? Dès les premières lignes, l’auteur répond à cette question avec vivacité et pertinence : « Pourquoi revenir aux douze Césars ? Parce qu’ils ne cessent de nous fasciner. Qui n’a jamais rêvé d’avoir l’audace de César et de franchir, comme lui, le Rubicon ? Qui n’a jamais imaginé d’être doué d’un esprit aussi rusé que celui d’Auguste et de devenir un meneur d’hommes adulé ? Qui en son for intérieur, n’a jamais envié les nuits orgiaques de Caligula ou Néron ?  »

    Nous sommes les héritiers de cette histoire romaine. Par conséquent, il semble logique de nous intéresser à ceux qui ont marqué leur époque et les siècles… jusqu’à nous ! Girod constate que «  bons ou mauvais, les Césars ont tous été animés par une volonté de puissance au sens nietzschéen, une pulsion de vie si extraordinaire qu’elle aboutit irrémédiablement à l’hybris…  » De fait, l’auteur avoue que ces hommes « rendus immortels par l’histoire sont toujours présents dans les manuels de nos écoliers, jusque dans les œuvres de fiction les plus variées. De l’opéra aux séries télévisées, en passant par les grands péplums hollywoodiens et la bande dessinée, ces mégalomanes, visionnaires ou pervers, hantent délicieusement notre imaginaire. »

    Il faut bien mesurer la tension exceptionnelle qui saisit ces romains une fois devenus empereurs. Le pouvoir corrompt bien souvent les puissants. Girod écrit qu’il isole. De même, elle précise un autre point très important : « Être Auguste signifie avoir une valeur supérieure aux autres, et il ne peut y avoir qu’un Auguste à la fois. L’empereur se trouve à une place intermédiaire entre les hommes et les Dieux. » Dans ces conditions, l’historienne pose la question suivante : « Comment garder les pieds sur terre dans cet espace symbolique où personne ne peut vous rejoindre  ? » Elle rappelle des faits historiques pour donner de l’ampleur à sa réflexion : « Les effets de cette solitude sont particulièrement palpables chez les plus tyranniques tels Tibère ou Domitien. Le premier s’est isolé à Capri et le second s’enfermait plusieurs heures par jour pour échapper à la promiscuité du palais ». 

    En fin de compte, la solidité sur le plan mental reste une condition essentielle pour résister à la corruption du pouvoir et la pression exercée par tout un empire. Nous l’avons déjà dit : le pouvoir isole. De plus, il permet l’expression de la démesure si l’empereur n’enracine pas ses actions dans les plus pures et meilleures intentions. Il n’est donc pas étonnant que « le pouvoir confère par ailleurs un sentiment d’impunité. Caligula et Néron n’ont renoncé à aucun de leurs désirs, même lorsqu’ils étaient socialement réprouvés : le fils du général Germanicus laissait libre cours à sa féroce volonté d’humiliation et Néron a mené une carrière au théâtre comme s’il avait été un histrion né dans les bas-fonds. »

    Pour lire cet ouvrage et celui de Suétone, il demeure fondamental de comprendre que « les douze Césars s’inscrivent dans une histoire de famille particulièrement complexe. Ils ne peuvent être réduits à une succession de biographies se chevauchant plus ou moins. Ils forment ensemble la fresque humaine la plus cynique du Haut-Empire et sans doute l’une des plus captivantes de l’histoire de l’Occident.  » En réalité, la véritable histoire des Césars s’analyse comme « une sorte de saga familiale ou chaque destin d’empereur est lié à celui de son entourage sur près de cinq générations  ». Dans notre époque terne et bien triste, la violence politique en France se résume à des mots, parfois à des coups, alors que « le palais où ils évoluent est un lieu d’une grande violence psychologique et parfois physique  ». Les meurtres, les assassinats, les empoisonnements, les vengeances étaient monnaie courante pour accéder au pouvoir ou le garder. En définitive, Girod estime « que ces douze empereurs incarnent encore, deux mille ans plus tard, les figures paroxystiques de nos passions ».

    Pour être précis, l’auteur explique « que les empereurs sont bien évidemment les produits de leur époque, mais aussi de leur famille particulièrement toxique et violente. Je tenais à les replacer dans leurs constellations familiales et ne pas me limiter à leurs hauts faits sur le champ de bataille ou au sénat. » Elle poursuit en développant l’idée suivante que nous ne partageons pas forcément : « Le pouvoir n’a fait qu’ouvrir leurs failles et laisser paraître au jour ce qu’ils portaient en eux de plus noir : un surmoi fragile, un complexe d’infériorité, un ego hypertrophié, des tendances sadiques. »

    Elle opère une césure entre les douze empereurs sur une base que nous trouvons intéressante : « A part César, Auguste et Vespasien, parce qu’ils sont allés chercher le pouvoir et ont su le conserver et le transmettre, les Césars me sont apparus faibles, esseulés, souvent brisés avant même d’être parvenus à la pourpre, quand ils n’étaient pas animés par une vaine arrogance à l’instar de Galba, d’Othon et de Vitellius. » Cependant, en étudiant le passé il convient de ne jamais succomber à l’anachronisme : « Je voulais expliquer les comportements les plus fous, trouver l’étiologie de leur paranoïa ou de leur mégalomanie. Pour cela, il faut être bienveillant mais sans complaisance, interroger leur nature sans les juger et jeter des ponts en toute modestie avec d’autres sciences humaines. »

    L’auteur conclut en écrivant que « les Douze Césars ne sont en définitive ni des héros ni des monstres, et encore moins des démons, car non, Néron n’est pas un agent de l’Antéchrist ! Ils sont humains et j’ai tenté de leur rendre, avec humilité et compassion, une part de cette humanité diluée dans leurs mythes. » Que Virginie Girod accepte la contradiction : nous considérons vraiment Auguste comme un héros. A nos yeux, il reste à ce jour l’un des plus grands chefs d’Etats européens. Lire sa véritable histoire permettra sans aucun doute aux futurs et nombreux lecteurs de ce très bon ouvrage de comprendre l’immense respect que nous inspire le fondateur du Principat…

    Franck ABED

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-veritable-histoire-des-douze-218874

  • Zoom – L’ Étudiant libre : un journal transpartisan de droite !

    TVLibertés s’est donné pour mission de vous faire découvrir toutes les initiatives de défense de l’esprit français. Inutile de préciser que la création d’un nouveau magazine -fait par des jeunes pour tous les publics- mérite d’être regardée avec la plus grande des sympathies. Stanislas Rigault et Paul Guerry ont fondé, il y a quelques mois, un journal étudiant numérique et papier. Leur but : réinvestir le domaine culturel dans les universités et les campus. À contre-courant de la pensée unique, la jeunesse s’engage à la pointe de la plume. Géopolitique, Culture, Histoire, mais aussi interviews de personnalités bien connues sont à retrouver au fil des pages de ce magazine comme Marion Maréchal, Jean Lassalle, Philippe de Villiers, Mathieu Bock-Côté ou encore Agnès Thill. L’Etudiant Libre contribue véritablement au débat d’idées pour la droite française.

    https://www.tvlibertes.com/zoom-l-etudiant-libre-un-journal-transpartisan-de-droite

  • Le Bien Commun n°12 de Novembre 2019 bientot disponible

    Le numéro 12 sort le 1er Novembre et il est encore très riche !

    En plus des chroniques habituelles , vous pourrez retrouver un dossier spécial Municipales , de nombreux articles sur les Gilets Jaunes, des interventions de Michel Grunewald, Xavier Martin ou encore Pierre de Meuse !

    Faites connaître notre journal , partagez cette Une !

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    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/10/27/le-bien-commun-n-12-de-novembre-2019-bientot-disponible-6185587.html

  • WATERLOO, DOUBLE DÉSASTRE

    La Bataille de Waterloo

    En 1815, Waterloo fut une défaite militaire entraînant un désatre politique.

         Le sens de la situation, l’esprit de décision, la rapidité, l’audace, l’énergie. Et la baraka. C’est avec ces qualités-là que Napoléon, à Marengo, à Austerlitz, à Iéna, à Friedland ou à Wagram, avait été vainqueur. Pour avoir porté ces qualités militaires au plus haut, il restera un des plus fascinants capitaines de tous les temps. Mais le 18 juin 1815, à Waterloo, quelque chose s’était cassé. Sa défaite, en ce jour fatidique, ne cesse d’être racontée, expliquée, analysée, commentée. Et rejouée : on annonce 6000 figurants venus de 29 pays pour la reconstitution de la célèbre bataille, au mois de juin prochain, lors des cérémonies du bicentenaire qui se dérouleront en Belgique.

         A son tour, Thierry Lentz s’attaque à Waterloo. Auteur de plus de vingt-cinq livres sur le Consulat et le Premier Empire, directeur de la Fondation Napoléon, ce chercheur connaît trop bien le sujet pour en ignorer les risques. Qu’ajouter à la cinquantaine d’ouvrages ou d’articles sur la campagne de 1815 que son propre livre cite en bibliographie? Quel détail oublié ressortir en prétendant qu’il change tout? Et pourquoi revenir pour la énième fois, afin d’expliquer la déconfiture de Napoléon, sur les carences de Soult, ­l’attitude de Ney ou les erreurs de Grouchy? C’est pourquoi l’historien a fait le meilleur choix : celui de la simplicité et de la clarté.

         En dix-huit chapitres d’un volume joliment illustré, Lentz, d’une plume qui va à l’essentiel, éclaire tout Waterloo : les causes de l’affrontement, son ­déroulement, ses conséquences. La dimension militaire est présente, l’auteur relatant les préparatifs de la campagne de Belgique, la défaite initiale de Blücher à Ligny, le 16 juin, puis le choc du 18 juin, Wellington pliant sans rompre, l’arrivée des Prussiens provoquant le sauve-qui-peut des Français. Mais ce sont aussi les effets politiques et diplomatiques de la bataille qui sont exposés ici : l’abdication de Napoléon, le second retour de Louis XVIII, dans des conditions qui rendront la réconciliation nationale plus difficile qu’en 1814, et la signature d’un second traité de Paris qui sera plus dur que le premier. Désastre militaire, ­désastre politique : les Cent-Jours sont une triste page de l’histoire de France.

    Jean Sévillia

    Waterloo. 1815, de Thierry Lentz, Perrin, 316 p., 24,90 €.

    https://www.jeansevillia.com/2015/04/11/waterloo-double-desastre/

  • « Idées et doctrines de la Contre-révolution » : un véritable manuel de dissidence intellectuelle par Pierre de Meuse

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    Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples ♦ Le titre du livre de Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution[1] » pourrait induire en erreur. Il ne s’agit pas en effet d’un énième essai à vocation apologétique, ni a contrario d’une thèse universitaire forcément critique, compte tenu de l’emprise du politiquement correct sur le monde de la recherche.
    L’auteur nous présente en effet, avec une grande érudition, l’œuvre des principaux penseurs de la contre-révolution-de Burke à Dominique Venner[2] – mais dans une perspective résolument contemporaine. Car pour lui « à l’heure où le questionnement sur l’avenir se fait de plus en plus angoissé et insistant, la vision du monde de ces réfractaires est un jalon, une ligne de pitons sur la falaise pour chercher des chemins de salut [3]».
    C’est ce qui fait le grand intérêt de son essai.

    Qu’est-ce qu’un contre-révolutionnaire ?

    Mais qu’est-ce qu’un contre-révolutionnaire justement ?

    Pour Pierre de Meuse, se rattache à la contre-révolution tout auteur qui « déplorant les errements de la modernité et en faisant la critique, attend ou même recommande une action visant à restaurer les mécanismes sociaux sur la base de la tradition [4]».

    La contre-révolution oppose ainsi la notion de tradition à celle de modernité. Elle oppose en effet à l’utopie sanglante de la table-rase et à l’individualisme fanatique, le respect de la nature humaine, le respect des traditions, des valeurs et des identités, intelligence collective accumulée, sans lesquelles aucune société ne saurait survivre.

    Une telle définition conduit donc à affirmer que la pensée contre-révolutionnaire non seulement existe encore de nos jours – puisque les principes des révolutions du 18e siècle façonnent le monde dans lequel nous vivons[5] – mais qu’elle offre aussi une grille de lecture critique tout à fait pertinente de notre « modernité ».

    Une critique radicale de la modernité

    Pierre de Meuse réussit en effet à nous rendre contemporains les penseurs de la contre-révolution.

    L’individualisme ? Il ne permet de penser ni l’homme ni la société : l’homme n’est pas un animal sociable comme on le croyait au 18e siècle – comme s’il pouvait choisir de ne pas vivre en société ! – mais bien social. D’où il découle qu’il ne peut en aucune façon exister de droits imprescriptibles, puisque l’homme ne peut recevoir de droits que de la société. De plus cela implique aussi que ces droits correspondant à une société donnée ne peuvent être originaires ni définitifs.

    Cela explique pourquoi de nos jours on invoque les droits de l’homme et le principe de non-discrimination pour parachever la destruction des sociétés européennes. Cela explique pourquoi aussi « une constitution qui est faite pour toutes les nations n’est faite pour aucune » selon la formule d’Herder. Une grosse pierre dans le jardin des cosmopolites !

    La question de la sacralité du pouvoir

    Rejetant le contractualisme, les contre-révolutionnaires se sont préoccupés de la question du pouvoir et de sa dimension sacrale, que les révolutionnaires n’ont eu de cesse de vouloir détruire en s’attaquant aux traditions et en programmant l’oubli du passé[6].

    Reprenant les analyses de Joseph de Maistre et de Pierre Manent, Pierre de Meuse établit un intéressant parallèle entre la peine de mort et la souveraineté : la suppression de la première impliquant le renoncement à la seconde, comme le démontrent les Etats européens contemporains. En effet « comment l’état pourrait-il sans extrême et choquante injustice me demander de risquer ma vie pour le défendre après avoir posé comme un principe constitutionnel que le pire criminel ne risquera jamais sa vie aux mains de l’Etat ?[7]». Une contradiction intrinsèque qui explique l’impuissance des Etats européens modernes face au terrorisme, c’est-à-dire face à ceux qui acceptent de mourir, comme face à la montée de la violence.

    L’analyse des liens entre religion et tradition ouvre aussi de fructueuses perspectives.

    Pierre de Meuse estime ainsi que le fait notamment que l’Eglise catholique ait renoncé au pouvoir temporel – ce que symbolise l’abandon de la tiare papale à partir de Paul VI – la conduit à prendre des positions politiques en toute irresponsabilité, puisque personne ne peut plus lui répondre d’appliquer ses principes d’abord dans ses Etats. On pensera sur ce plan bien évidemment aux positions de l’Eglise sur la question migratoire.

    Nation et contre-révolution

    Les contre-révolutionnaires ont aussi achoppé sur la question de la nation, approchée de façon constructiviste et contractualiste par les révolutionnaires, qu’ils ne pouvaient donc que rejeter.

    Les révolutionnaires, comme on le voit de nos jours avec l’immigration, ne conçoivent en effet la nation que comme un espace où s’exerce la volonté des individus de faire groupe : la nation ne serait donc qu’un simple acte de volonté individuelle.

    Pour les contre-révolutionnaires, la nation correspond au contraire à ce que l’on reçoit, à un héritage que l’on doit faire fructifier et inventorier.

    Pierre de Meuse montre ainsi comment la contre-révolution a fini par s’approprier le concept de nation, non sans certaines contradictions, face à l’internationalisme puis au cosmopolitisme de la gauche : notamment lorsque Charles Maurras déplorait « l’épouvantable facteur de désordre » inhérent au principe des nationalités tout en se réclamant … du « nationalisme intégral [8]» !

    Contre-révolution, libéralisme et fascisme

    Pierre de Meuse poursuit son analyse de la pensée contre-révolutionnaire en démêlant les ambiguïtés nées de sa rencontre ponctuelle avec le libéralisme, la démocratie chrétienne ou le fascisme.

    En réalité, le libéralisme – qui consiste à « désencastrer » les activités économiques de toute contrainte sociale ou morale – s’oppose totalement à la pensée contre-révolutionnaire, même si cette dernière rejette l’étatisme. Car le libéralisme « ne met nullement au premier plan la propriété ni le patrimoine mais au contraire l’échange et nie totalement la valeur de la vertu comme facteur social positif [9]».

    Et si la démocratie chrétienne a fait sienne les concepts de société organique, de subsidiarité et de bien commun, il n’en reste pas moins que sa seule verticale restera le refus de la contre-révolution.

    Quant au fascisme, si ce dernier récuse l’esprit bourgeois et la démocratie bourgeoise, il n’en reste pas moins qu’il a emprunté au marxisme les deux valeurs auxquelles il accorde la primauté : le travail et la guerre. Sans même évoquer sa foi progressiste dans un « homme nouveau » et le fait qu’il remplace la fidélité aux communautés traditionnelles par une religion de l’Etat ou du Peuple (Volk).

    L’échec politique de la contre-révolution

    La dernière partie de l’étude de Pierre de Meuse aborde la question des voies et moyens de la contre-révolution c’est-à-dire en réalité de son échec politique, sans faux fuyants.

    En effet, si les penseurs contre-révolutionnaires ont décrit avec force détails les bienfaits d’un ordre politique traditionnel et de la monarchie comme archétype du pouvoir bienveillant, ils ont été incapables d’expliquer de façon crédible – et plus encore de réaliser – comment restaurer ce mode de gouvernement.

    Parce que « la monarchie est arbitrage et conciliation alors que la conquête de l’Etat requiert de l’esprit de parti [10] » ? Parce que les contre-révolutionnaires se sont montrés incapables de jouer le jeu de la guerre civile permanente instaurée par la Révolution ? Parce qu’ils ont toujours été réticents à soulever le peuple ? Parce qu’il est hasardeux de prétendre conquérir le pouvoir pour le remettre ensuite à un tiers ?

    Lénine versus Maurras

    L’analyse Pierre de Meuse, nous conduit d’ailleurs sur ce plan à établir un intéressant parallèle entre les destins croisés de Maurras et de Lénine, confrontés au même évènement : la sanglante première guerre mondiale. En effet Lénine, le révolutionnaire, a compris le potentiel que représentait cette guerre[11], alors que Maurras, le contre-révolutionnaire, n’a pas su la mettre au service d’une restauration monarchique, au nom de l’union sacrée contre l’Allemagne.

    Lénine a gagné pendant que « Maurras assista à la fin de l’Europe traditionnelle, devint pendant 15 ans une icône saluée mais de moins en moins suivie et son mouvement périclita [12]». D’autant que si l’on en croit le professeur Bouthillon, la République ne devint véritablement légitime en France qu’après la victoire de 1919.

    Un changement de cycle

    Ces échecs répétés – « tous les véhicules de la contre-révolution ont échoué » écrit sobrement Pierre de Meuse – ainsi que le calamiteux exemple espagnol pourraient conduire au pessimisme. La contre-révolution n’aurait-elle donc aucun avenir ?

    Néanmoins l’auteur ne cède pas au pessimisme. Il estime qu’il « existe actuellement des signes avant-coureurs d’un changement de cycle[13] » parce que le mouvement de déconstruction sur lequel repose l’utopie révolutionnaire n’a plus rien à déconstruire. Et partant, les conservateurs n’ont plus rien à conserver, sinon des ruines.

    Pour cette raison la pensée contre-révolutionnaire reste la plus corrosive et plus radicalement contestatrice de la modernité occidentale.

    La tradition ? On ne se borne pas à en hériter : il faut au contraire la conquérir par un dur labeur selon l’expression de T.S. Eliot, en particulier parce que la vraie tradition est critique[14] et parce que l’histoire ne peut revenir à l’identique.

    La contre-révolution attend donc ceux qui sauront, sur les ruines de la modernité, renouer les liens de notre civilisation.

    Michel Geoffroy 27/10/2019

    [1] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution », 2019, Dominique Martin Morin éditeur, 23,50€

    [2] L’ouvrage comporte un dictionnaire biographique des principaux auteurs contre-révolutionnaires et un tableau chronologique de leurs oeuvres

    [3] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution », op.cit. page 18

    [4] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution », op.cit. page 26

    [5] En particulier l’idéologie des droits de l’homme et l’individualisme fanatique

    [6] En Suède le conseil des programmes scolaires a recommandé de ne commencer l’enseignement de l’histoire qu’à partir de 1700 !

    [7] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution », op.cit. page 113

    [8] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution », op.cit. page 233

    [9] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution », op.cit. page 254

    [10] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution », op.cit. page 277

    [11] On pourra se reporter sur ce plan à l’essai de Bruno Guigue « Faut-il brûler Lénine ? » L’Harmattan 2001

    [12] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution »,op.cit. page236

    [13]Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution », op.cit. page 311

    [14] Pierre de Meuse « Idées et Doctrines de la Contre-révolution »,op.cit. page 47

    https://www.polemia.com/idees-doctrines-contre-revolution-pierre-de-meuse-dissidence-intellectuelle/

  • Quand Franco sauvait plusieurs milliers de Pieds-Noirs que De Gaulle voulait abandonner au FLN

    Alors que la gauche s’en prend à la dépouille du sauveur de l’Espagne, rappelons cet épisode peu connu où Franco fit preuve d’une courageuse bienveillance envers les Français, en s’opposant courageusement à De Gaulle qui préférait qu’ils soient livrés à la barbarie du FLN. 
    Quelques jours après, dans la même ville d’Oran, c’était le massacre (voir ici).
    Texte de José Castano :
    « Les 29 et 30 juin 1962, l’Espagne du général Franco vint au secours des Oranais malmenés par les sbires du général Katz, en affrétant 2 ferrys, le « Victoria »  et le « Virgen de Africa »
    Pour accoster le long des quais d’Oran, il fallut longuement parlementer avec les autorités françaises réticentes et même donner à la France un ultimatum, risquant un grave incident diplomatique…
    Le 30 juin, à 10 h du matin, malgré l’opposition de De Gaulle, le général Franco donna l’ordre à ses capitaines d’embarquer cette « misère humaine » qui attendait depuis des jours sous un soleil torride, sans la moindre assistance, un hypothétique embarquement vers la France.
    Franco prévint de Gaulle qu’il était prêt à l’affrontement militaire pour sauver ces pauvres gens sans défense, abandonnés sur les quais d’Oran et menacés d’être exécutés à tout moment par les barbares du FLN.
    Joignant le geste à la parole, il ordonna à son aviation et sa marine de guerre de faire immédiatement route vers Oran.
    Finalement, face à la détermination du général Franco et craignant un conflit armé, de Gaulle céda et le samedi 30 juin, à 13 h, deux ferrys espagnols accostèrent et embarquèrent 2 200 passagers hagards, 85 voitures et un camion.
    Lors de l’embarquement, les courageux capitaines espagnols durent, cependant, s’opposer à la montée d’une compagnie de CRS sur leur bateau (propriété de l’Espagne) dans le but de lister tous les passagers et interpeller les membres de l’OAS fichés.
    Ces capitaines expliqueront n’avoir jamais compris l’attitude arrogante et inhumaine des autorités françaises dans une situation aussi dramatique qui relevait essentiellement d’« assistance à personne en danger de mort »…
    Contre vents et marées, finalement, à 15 h 30, les quais d’Oran, noirs de monde se vidèrent et les bateaux espagnols prirent enfin la mer malgré une importante surcharge, à destination du port d’Alicante.
    Durant toute la traversée, se mêlèrent les larmes de détresse, de chagrin… et de joie de ces pauvres gens en route vers leur nouvel exil, conscients d’avoir échappé au pire…
    Quand, enfin, la côte espagnole fut en vue, une liesse générale s’empara de ces « réfugiés » qui s’époumonèrent à crier avec des sanglots dans la voix « Viva España ! » … « Viva Franco ! ».
    Ils avaient, pour bon nombre d’entre eux, échappé à une mort programmée par les autorités françaises. Jamais ils ne l’oublieront !
    En mémoire de Jean LOPEZ, coiffeur à Aïn-El-Turck (Oran) qui devait assurer mon embarquement et mon accompagnement jusqu’en Métropole (j’avais 15 ans).
    Jean fut enlevé précisément au port d’Oran par des ATO (auxiliaires de police du FLN).
    On ne le revit jamais…
    A sa veuve et à ses deux filles, avec toute mon affection. »

    http://by-jipp.blogspot.com/2019/10/quand-franco-sauvait-plusieurs-milliers.html#more

  • ANNE BRASSIÉ : LA PROPAGANDE IDÉOLOGIQUE DANS LE MONDE DE LA CULTURE.

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    Discours d’Anne Brassié, écrivain, aux 13es Journées de Synthèse nationale, le samedi 12 octobre 2019 à Rungis.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Recomposition – Le populisme comme nouvelle force politique (3/4) (billet invité)

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    Billet invité de Marc Rameaux, qui a publié « Portrait de l’homme moderne  », suite de la 1ère partie et de la 2ème partie

    Simplistes ? Démagogues ? Irresponsables ? : de qui parle-t-on ?
    Je vais maintenant aborder les cinq derniers chapitres de « Recomposition » non en les examinant un par un, mais en développant un fil directeur qui paraît les relier. Il ne s’agit pas d’expédier rapidement cette partie : elle est au contraire essentielle. Si elle fait l’objet d’un traitement montrant la cohérence des ces chapitres entre eux, c’est parce qu’elle semble marquer une césure dans l’ouvrage, la phase observationnelle cédant le pas au diagnostic et au jugement.

    Les thématiques des « premiers de cordée » et du mépris afférent, de la vague migratoire en Europe, des « démocraties illibérales » formulées par Victor Orban, du possible démantèlement de l’UE et enfin de la tentative de renouer le lien brisé entre le peuple et les élites me semblent avoir un point commun : celui d’un retour en boomerang du comportement des élites mondialisées, expliquant le phénomène populiste.

    Une symbiose existe entre les deux camps, beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît. L’un n’existe que par l’autre, et les reproches faits aux populismes se retrouvent des années auparavant et bien plus puissamment chez les mondialistes, qui se trouvent sans s’en rendre compte en train de condamner des défauts qu’ils portent en eux-mêmes bien plus fortement.
    Alexandre Devecchio a parfaitement vu ces étranges effets de miroir.
    Trump est-il l’inverse de Macron ou est-il son portrait de Dorian Gray, l’inconscient refoulé du soft power, qui n’assume pas ses propres démons intérieurs ? Ceci expliquerait la fascination réciproque qui semble établie entre les présidents Français et Américains.
    Lors de l’étalage des frasques extra-conjugales de Donald Trump pendant sa campagne contre Hillary Clinton, au plus bas des sondages, le leader républicain finit par avouer : « Je ne suis pas un ange ». Rétrospectivement, cette sincérité le fait passer pour un collégien turbulent et un bad boy amateur, attirant presque la sympathie, face à des adversaires ayant fait dix fois pire mais se drapant dans un impeccable costume de respectabilité.
    Le populisme apparaît non pas seulement comme une révolte contre les élites, mais également comme le retour à l’envoyeur mondialiste de ses propres pratiques.
    Je formulerai à cette occasion une critique sur « Recomposition », qui n’obère en rien la grande qualité de son analyse.
    Dans sa tentative finale de réconciliation, Alexandre Devecchio peut paraître encore trop gentil avec les « élites » ayant mené à l’effondrement de la démocratie qui nous menace, qu’ils dénoncent mais dont ils sont les principaux responsables.
    C’est un simple bémol, car ceci Alexandre Devecchio l’a parfaitement vu et ne ménage nullement les mondialistes et européistes dans leur part écrasante de responsabilité.
    Ma seule divergence vient du fait que je suis plus pessimiste : nous avons franchi un point de non-retour : les « élites » mondialisées sont irrécupérables dans leur aveuglement, leur arrogance et leur narcissisme. Elles ne pourront jamais admettre leurs torts : il leur faudrait pour cela des qualités dont elles ont montré la totale absence depuis des décennies.
    L’intention d’Alexandre Devecchio est évidemment louable de tenter de recoller les morceaux et de sauver ce qui est sauvable : un chaos total ne laisse aucune garantie de récupérer nos libertés civiques à la sortie.
    Mais je pense qu’il faut souligner que la montée des populismes a été précédée d’un autre phénomène d’égale ampleur : l’abaissement des « élites » décisionnaires à un niveau de médiocrité, de bassesse intellectuelle et morale rarement atteint dans l’histoire.
    Si ce jugement paraît exagéré à certains, l’excellent blog de Maxime Tandonnet en tient une chronique d’une merveilleuse pertinence et impertinence[1].
    Alexandre Devecchio est conscient de ce point et ne ménage pas ses attaques. Notamment dans le chapitre consacré aux similarités avec les années 1930 brandies par « l’élite », il leur renvoie le compliment : Si similarité il y a, elle est entre eux-mêmes et les dirigeants de la débandade de Munich 1936, face à une violence des nazislamistes factuellement beaucoup plus inquiétante que celle de quelques débordements populistes. Les européistes devraient prendre garde à ne pas abuser de la comparaison avec l’entre-deux guerres : l’on s’apercevra qu’elle est très pertinente mais pas dans le sens qu’ils souhaitent, le principal point de rapprochement étant leur veulerie munichoise, ainsi que des pratiques d’impunité totale contre une corruption croissante, comme l’actualité immédiate le démontre.
    Il faudrait expliquer comment des stratégies vulgaires de jeu sur les apparences, de démagogie, de bassesses tactiques sont devenues le plus sûr chemin et presque le seul pour atteindre les niveaux les plus élevés de la décision politique. Le philosophe Alain Deneault en livre quelques clés dans son excellent ouvrage « La Médiocratie » [2]. Le populisme apparaît comme une réaction de survie contre des « élites » qui ne méritent plus leur titre.
    Je pense donc que la sortie de crise proviendra d’un retour à une élite digne de ce nom aux commandes, non d’une main tendue à celle qui en usurpe tous les attributs et qui ne peut plus être réformée.
    Cela ne retire rien à la finesse d’analyse de « Recomposition » sur les chapitres qui vont être commentés. Si j’en ai un peu remanié l’ordre de présentation, ces points sont analysés en profondeur par Alexandre Devecchio. Notre seule divergence porte sur le caractère définitif du départ de ceux qui doivent céder la place.
    Ennemis mais miroir inverse l’un de l’autre, mondialistes et populistes luttent sur le jeu des apparences et sur leur rapport à l’exercice du pouvoir.
    Passons à travers le miroir, et voyons comment Alexandre Devecchio nous révèle d’où proviennent les véritables dangers démagogiques. J’ai pris la liberté de rajouter quelques exemples illustratifs, qui complètent son propos.
    Qui a tenu des discours simplistes ?
    L’on reproche souvent aux populistes de tenir des discours simplificateurs pour s’adresser directement au peuple, de réduire des situations complexes à quelques mots d’ordre.
    Mais dans le domaine de l’économie, territoire considéré comme une chasse gardée par les mondialistes, discipline nécessitant finesse et réflexion complexe, où se trouve le simplisme et où se trouve la profondeur ?
    Lors d’opérations d’offshoring, il est tentant de bénéficier de coûts salariaux diminués de moitié voire plus, en délocalisant certaines activités dans des pays faiblement développés. De même, la directive Bolkestein a introduit la possibilité aux travailleurs détachés de travailler dans toute l’Europe, en conservant les coûts salariaux de leur pays d’origine.
    La plupart des opérations d’offshoring ou d’usage des travailleurs détachés font l’objet de dossiers de décision complexes présentés par des consultants au costume et à la mine austère. En réalité, quel que soit l’apparat avec lequel on enrobe ces décisions, elles sont prises sur la base d’un raisonnement qui ne nécessite que quelques secondes de réflexion : une règle de trois sur les coûts salariaux. La première chose à savoir lorsque l’on fréquente les sphères décisionnelles de haut niveau, institutionnelles ou entrepreneuriales, est de ne pas se laisser bluffer par un décorum faisant croire qu’une réflexion élevée les guide. Ces milieux sont extrêmement entrainés à jouer la comédie de la complexité et la comédie du sérieux, bien plus que de faire preuve de ces qualités réelles.
    Les décisions concernant l’offshoring ne dépassent généralement pas le premier stade d’une analyse véritablement profonde, à savoir connaître les qualifications exactes des personnes à qui l’on sous-traite, ce qu’il est possible de leur demander et ce qu’il faut toujours laisser en compétences internes à la maison-mère. Mais pour ceci, il faut dépasser une simple vue externe et rentrer dans le fonctionnement organique de l’entreprise, connaître les hommes, les métiers et le détail technique des moyens de production. Beaucoup de sphères décisionnelles, européistes, économiques ou gouvernementales, semblent ne surtout pas vouloir rentrer dans ces niveaux, tiennent à les contrôler à distance par des indicateurs chiffrés, comme si la réalité organique leur faisait peur.
    Il est vrai que lorsque l’on analyse au-delà des ratios salariaux, l’on s’aperçoit que des professionnels d’élite existent effectivement en Inde, en Roumanie ou ailleurs, … mais qu’il n’y a pas de miracle, la compétence se paie. Particulièrement dans le domaine du numérique, les très bons ingénieurs indiens ou roumains sont parfaitement au courant des grilles salariales pratiquées dans nos pays, et ont tôt fait d’aligner leurs exigences sur celles-ci. D’autant que le coût de la vie dans les enclaves technologiques créées dans ces pays rejoint le nôtre : la Silicon Valley indienne de Bangalore offre tout le confort moderne de pays développés, ce qui a nécessairement un coût.
    Les décisions d’offshoring ou de travailleurs détachés ne rentrent presque jamais dans ce niveau élémentaire. Au lecteur sceptique qui ne peut croire que les « élites » puissent faire preuve d’une telle superficialité, nous conseillons de lire ce qui est arrivé à la Royal Bank of Scotland en 2012 [3]. L’article pré-cité de Computer Weekly fait d’ailleurs état d’erreurs similaires dans tout le secteur bancaire, pas uniquement chez RBS. L’erreur est toujours la même : le niveau exécutif tient quelques réunions prestigieuses fort coûteuses, assorties de dossiers donnant l’apparence du sérieux et délayés sur quelques heures de présentation, pour n’expliquer finalement qu’une règle de trois. L’actualité économique récente fourmille d’exemples d’offshoring exécutés de façon superficielle, ayant tourné à la catastrophe. Si « l’élite » semble avoir très peur de rentrer dans une véritable analyse, c’est à la fois parce que celle-ci démentirait ce qu’ils ont envie d’entendre et également parce qu’elle révèlerait que la véritable compétence se trouve dans l’encadrement opérationnel situé en dessous d’eux.
    Un second exemple de la frivolité des « élites » nous a été donné très récemment avec la crise des gilets jaunes. Un an avant l’éclatement des premières manifestations, une note de conjoncture de l’INSEE [4] avait alerté Bercy sur les conséquences désastreuses des nouvelles taxes, notamment sur le diesel.
    Le ministère des finances a choisi délibérément d’ignorer cette alerte, sur la base d’un raisonnement faux : le relèvement des prix du diesel devait inciter les ménages à changer de moyen de transport ou à acheter des véhicules équipés d’autres moyens de propulsion. Bercy contesta ainsi le calcul de l’INSEE selon l’argument que le calcul d’imposition devait être fait sur une assiette beaucoup plus réduite, la partie de la population qui n’aurait pas opérée de substitution de ses moyens de transport.
    Nul besoin d’une maîtrise d’économie pour relever les failles évidentes de ce raisonnement : les ménages en question n’ont nullement les moyens de renouveler leur voiture et habitent dans ces déserts français décrits par Christophe Guilluy, qui se voient dépossédés de la plupart des services élémentaires, dont les moyens de transport.
    Le « raisonnement » de Bercy n’intègre aucune échelle de temps et « d’élasticité » pour reprendre un vocabulaire économique, calculant rigoureusement en combien de temps la population concernée pouvait raisonnablement renouveler son parc de véhicules.
    A ce calcul sérieux, il semble que les décisionnaires du ministère des finances ont préféré de vagues généralités sur l’avenir de la planète, arguant que la disparition des énergies fossiles s’inscrivait dans le sens de l’histoire : posture valorisante, se gorgeant du prestige de la réflexion « stratégique » et parfaitement creuse et simpliste. Il va de soi qu’en économie, ce ne sont jamais les cibles finales qui posent question mais le moyen d’y arriver dans les phases intermédiaires.
    Le contraste entre l’INSEE et Bercy est emblématique de la différence entre le vrai et le faux sérieux, entre la rigueur d’analyse et ceux qui s’en donnent toutes les apparences extérieures mais ne cultivent dans le fond que narcissisme et pensées gadget. Le haut fonctionnaire austère et vêtu de gris du ministère des finances ne doit pas faire illusion : il ne cache qu’une sorte d’être frivole n’ayant aucune compétence véritable. L’article pré-cité du Figaro résume parfaitement cette imposture dans une conclusion lapidaire et méritée :
    L'exécutif français a fait preuve d'un manque stupéfiant de finesse politique et plus encore d'expertise technique. Mais y a-t-il des économistes dignes de ce nom dans les cabinets ministériels peuplés quasi exclusivement d'énarques calibrés comme des petits pois et n'ayant d'autre culture économique que le vernis acquis à Sciences Po ?
    Troisième exemple montrant la confrontation entre une pseudo-élite et une élite véritable, la passe d’armes qui a eu lieu récemment entre la commission Européenne et Carlos Tavares, le patron de PSA, sur la promulgation forcée des véhicules électriques [5].
    Sans rentrer dans les détails techniques du bilan écologique de la propulsion électrique, l’opposition entre un véritable capitaine d’industrie tel que Tavares et les armées de juristes et écologistes en gants blancs est révélatrice de notre époque. Les arguments écologiques du patron de PSA sont d’une précision et d’une pertinence sans comparaison possible avec ceux des instances européennes [6].
    Là encore, c’est la construction du chemin intermédiaire et opérationnel qui pêche chez les tenants de la mondialisation heureuse. Il s’ensuit un véritable dialogue de sourds où commission et parlement européens ne parlent que de cibles à 10 ou 15 ans en se contentant de marteler leur importance sur fond de culpabilisation et où un véritable professionnel bâtit les scénarios pratiques permettant ou non d’atteindre ces objectifs. Le sérieux de l’analyse des professionnels de l’industrie tranche avec les quelques mots d’ordre de la commission, appuyés par des rapports ne contenant que du vent.
    Les fréquentes passes d’armes entre instances européennes et capitaines d’industrie nous indiquent ce qui est en jeu : le clivage entre une vraie et une fausse élite, la préemption des leviers des décisions par des imposteurs et usurpateurs, théâtralisant à merveille le sérieux et la responsabilité, n’ayant aucune de ces qualités dès qu’une personne connaissant authentiquement son sujet leur porte la contradiction.
    Le simplisme est également de mise concernant le sujet très politique de l’immigration. Résumé à un affrontement entre gentils ouverts et méchants fermés, toute réflexion de fond sur les conditions d’intégration est interdite. De même, la réalité de territoires dans lesquels le droit français ne s’applique plus, la police n’ose pénétrer et les enfants juifs et chrétiens désertent les écoles ou sont brimés s’ils y restent, est purement et simplement niée.
    Même la future présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, doit faire face en ce moment à une levée de boucliers en suggérant de renommer la commission en charge de la migration, « protection de notre mode de vie européen ». Pour une fois que la commission de l’UE faisait un effort de réalisme, il est ahurissant de voir avec quelle vitesse une véritable police de la pensée s’est ruée contre sa future présidente, jusqu’à l’ancien président Jean-Claude Juncker, se disant préoccupé du lien fait entre immigration et menace sur le mode de vie occidental.
    L’immigration pose la difficile question de la tension entre identité et ouverture. Cette problématique ne se résout pas en coupant brutalement l’un des deux termes pour dire que l’un est le bien l’autre le mal : il est aussi stupide de défendre l’ouverture dans l’absolu que l’identité dans l’absolu. Si ce sujet est aussi sensible, c’est qu’il touche à la réalité des rapports humains : l’ouverture aux autres ne se fait jamais sans conflits et résolutions de ceux-ci, qui passent par le marquage de part et d’autre des limites du respect. L’ouverture aux autres n’est pas une qualité béate consistant à être indéfiniment accommodant.
    Beaucoup de politiques, par un mélange de lâcheté et d’opportunisme, tolèrent sans limite des comportements de prédation de la part des communautés islamistes, et ce depuis au moins quarante ans. Nul mystère à ce qu’un engrenage mortel se soit déclenché dans nos sociétés, entraînant dans son sillage les musulmans également : face aux extrémistes, ils doivent se soumettre ou se démettre, ce qui signifie dans le dernier cas une vie de persécutions que très peu de personnes auront le courage d’affronter. L’absence totale de soutien du gouvernement français auprès de musulmans modérés pour les aider à ce que ce ne soient pas les franges Fréristes qui l’emportent sonne comme une trahison, faisant grossir encore un peu plus les mauvais rangs.
    Aborder de telles questions vaut une stigmatisation médiatique immédiate à l’extrême droite, voire même par le simple fait de soulever la question. Le simplisme avec lequel les succès électoraux du Rassemblement National sont traités est atterrant. Si ce parti représentait moins de 5% de l’électorat, il pourrait être encore possible de les assimiler à ses franges dures d’origine. Mais à partir de scores au-dessus de 20%, faisant de lui le parti en tête lors de la plupart des élections, il faut admettre que la grande majorité de ses électeurs est maintenant constituée de républicains sincères demandant seulement que leur quartier ne soit pas régi par la charia ou par la loi des caïds. Si l’on suit le « raisonnement » de la social-démocratie mondialiste, il faudrait penser que d’honnêtes républicains se sont soudainement transformés en monstres pustuleux à l’instant où ils glissaient un bulletin RN dans l’urne. Cet infantilisme atteint des niveaux insupportables et dangereux à tous points de vue, le déni de parole engendrant l’apparition cette fois de véritables extrémismes beaucoup plus virulents.