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culture et histoire - Page 687

  • Roland Hélie, directeur de Synthèse nationale, participera aux 14e Journées de la dissidence à Madrid les 8, 9 et 10 novembre

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  • Les cent ans de la fausse paix de Versailles

    6a00d8341c715453ef0240a4c2f6e5200d-320wi.jpgEn cette année du centenaire, on aurait imaginé qu’un peu plus de relief puisse être donné aux anniversaires du traité de Versailles. Ce furent successivement sa signature le 28 juin 1919, et sa ratification par un vote de la chambre des députés le 2 octobre qui auraient dû intéresser les éphémérides. Aucune revue spécialisée n’a daigné s’y intéresser.

    À peine une émission historique destinée au grand public envisage-t-elle l’ensemble de cette paix avortée : elle insiste, à juste titre, sur les conséquences du découpage fantaisiste, arbitraire et pétrolier, effectué dans le Proche-Orient sur les ruines de l’empire ottoman. Mais, à la vérité, il s’agit là des traités de Sèvres de 1920, puis celui de Lausanne de 1923, conséquences et compléments des illusions et des outrances de Versailles.

    Nous tenterons de contribuer à combler un vide par la publication du livre d'Emmanuel Beau de Loménie "la Ratification du traité de Versailles"[1]

    La philosophie d’ensemble de ce système venait en grande partie d’outre-Atlantique, et plus précisément des cercles les plus utopistes du parti démocrate représentés par le président Wilson. Pour la résumer on retiendra sa volonté d’entrer dans l’ère des bons sentiments et d’organiser le monde, pas seulement l’Europe, sur la base de la loi décidée par le camp du Bien.

    Mais en son temps, à Paris, la Ville Lumière un instant victorieuse d’un conflit mondial, l’intérêt se portait avant tout sur la dimension hexagonale de la sortie de guerre.

    Un débat parlementaire assez virulent se déroula, au Palais Bourbon et dans la Presse du 24 août au 1er octobre. Il fut suivi d’un vote, le 2 octobre et fut confirmé quelques jours plus tard, très rapidement, entre le 9 et le 11, par le Sénat.

    Or, c’est à partir de cette date, que fut scellé pour la France le cadre constant des 20 années qui conduisirent à la reprise en 1939 des hostilités. Les inconstances gouvernementales, les inconsistances politiques, les inprévoyances militaires aggravèrent un déclin qu’il aurait été indispensable d’enrayer pour maintenir ou redresser la situation.

    Le pays semblait militairement victorieux mais il se révélait moralement et physiquement détruit. Incapable dès lors d’assumer les responsabilités d’une grande puissance, il n’en possédait plus guère que les charges. Il avait perdu les moyens de les assumer.

    L’Histoire officielle dominante se montre très peu disposée à évoquer les débats pourtant décisifs de 1919 sur la ratification du traité. Celui-ci résultait, en effet, des négociations entre deux interlocuteurs principaux. La Conférence de la Paix avait été dirigée par le président des États-Unis Harold Wilson, bailleur de fonds des Alliés, et le chef du gouvernement français, Georges Clemenceau, représentant de l’armée victorieuse.

    Ce petit livre, dense et vivant, qu’Emmanuel Beau de Loménie consacre à la Ratification du traité de Versailles fut imprimé le 30 juin 1945. Certains aspects peuvent nous en paraître surprenants, voire choquants, de nos jours. Le contexte demeurait marqué par les suites de l’antagonisme franco-allemand. Ce vieux cauchemar semble aujourd’hui anachronique et scandaleux. Il avait constitué l’un des plus puissants ingrédients, mais non le seul, des deux conflits mondiaux.

    Rappelons aussi que quelques jours plus tard, du 17 juillet au 2 août, à Potsdam, les conditions de la paix future allaient être discutées. Elles appliqueraient les bases convenues à Téhéran puis à Yalta. En cette année 1945, les accords des trois empires victorieux, et leur entente fragile, n’allaient prendre l’avis d’aucun des six pays qui signeront plus tard le traité de Rome de 1956. Les ruines du Vieux Continent attestaient, alors encore fumantes, à Berlin comme à Varsovie, du désastre occasionné par l’échec des sorties de guerres précédentes.

    Tout l’édifice de l’après-guerre allait être artificiellement bâti sur l’illusion mondialiste de la Société des Nations. Dans le discours de la plupart des politiciens de gauche français, radicaux et socialistes, dans les raisonnements de journaux, on retrouve ce lancinant refrain qui ne débouchera hélas sur aucune autre réalité concrète que la paralysie de la république jacobine.

    Accessoirement, dès septembre 1919, on allait découvrir que les États-Unis qui avaient posé le principe de la Société des Nations n’y adhéreraient pas, et qu’ils ne souscriraient pas non plus à l’ensemble du traité lui-même.

    Or, dans le débat français de la Ratification, deux questions principales s’enchaînaient autour desquelles se construisaient aussi bien les rhétoriques politiques que les conditionnements médiatiques.

    1° C’est d’abord, la question des réparations qui primait alors, en réalité, l’ensemble du point de vue gouvernemental parisien. Les destructions matérielles de la guerre avaient surtout ruiné le Nord de la France et la Belgique. Paradoxalement, l’Allemagne vaincue n’avait subi aucune occupation avant l’armistice de 1918. Ceci avait non seulement accrédité le sentiment d’une trahison commise par les "criminels de novembre". Mais aussi le slogan absurde, pour ne pas dire criminel, selon lequel "l’Allemagne paiera", fut inventé par Klotz ministre des finances de Clemenceau. Il supposait à la fois la prospérité du débiteur et le développement des excédents de son commerce extérieur. Entretenant le rêve impossible d’une reconstruction sans quelques nouveaux sacrifices, on s’ingéniait ainsi à promouvoir une politique impossible, contradictoire et par conséquent illusoire.

    Bien plus, toutes les perspectives restreignant la puissance centralisatrice se heurtaient aux nécessités de

    D’autre part, le débat parlementaire le montre à l’évidence, on devait envisager un recours à de nouveaux emprunts, les besoins de la reconstruction étant immédiats, et d’ailleurs surévalués, et les perspectives de dédommagements étant différés.

    L’échafaudage s’écroulera. En 1924, le plan Dawes allait drainer un financement vers l’industrie allemande. En 1929 le plan Young allait conduire à un nouvel aménagement de la dette allemande. En 1931 le moratoire Hoover suspend les paiements. Enfin la conférence de Lausanne de 1932 met pratiquement un terme aux réparations intergouvernementales. Les 132 milliards de reichsmarks dus par l’Allemagne sont alors ramenés à 5 milliards, que Hitler parvenu au pouvoir en 1933 ne paiera pas. Cependant, vis-à-vis des banques, ce ne sera qu’en 2010, soit 92 ans après l’armistice de 1918 que l’État allemand réunifié solda ce qu’il devait encore aux banques et aux prêteurs internationaux.

    Du fait de cette illusion des réparations, la France allait se retrouver de plus en plus corsetée par la finance internationale, ses velléités, toujours subsidiaires, d’intervention au secours des nations de l’Europe centrale auxquelles allaient donc se trouver désarmées.

    2° C’est dans ce contexte qu’allait être abordée la question du statut punitif imposé à une Allemagne dont on maintenait l’unité.

    Aux siècles précédents, une très ancienne préoccupation capétienne s’était opposée, de façon constante à la domination, au sein de l’espace allemand du pouvoir impérial sur les quelque 300 royaumes, principautés ou villes libres qui composaient le Saint-Empire. On citera ainsi la politique de Richelieu fixée sur la théorie des libertés germaniques lors de la Diète de Ratisbonne de 1635, ou bien, sous le gouvernement de son successeur Mazarin les traités de Westphalie mettant fin en 1648 à la guerre de Trente Ans.

    Mais de longue date cette ambition dominante au temps du Royaume des Lys, en passe d’être ressuscitée sous le règne des radicaux-socialistes, présente dans les arrière-pensées d’un Clemenceau, lui-même plus particulièrement acharné contre la maison de Habsbourg et l’Autriche-Hongrie, était devenue inaudible. Elle sonnait de manière insupportable aux oreilles de nos Alliés et bailleurs de fonds.

    En réalité, ni les États-Unis sans l’intervention desquels en 1917, l’Entente franco-anglaise, après la défection de la Russie, n’eût jamais triomphé des Empires centraux, ni l’allié britannique ne voulaient en aucun cas d’une évolution géopolitique rendant la France maîtresse du continent.

    Il ne fallait pas seulement maintenir la structure unitaire du Reich bismarckien. Sa constitution se trouvait renforcée paradoxalement par la disparition des monarchies régionales, en Bavière, Saxe, Wurtemberg etc. Les identités en avaient été, d’ailleurs, largement fondues dans la lutte commune entre 1914 et 1918.

    Dans ses cours, comme dans ses livres, le très prolixe professeur  franco-allemand Alfred Grosser*[2], mettait en lumière une évolution majeure. Sous la Troisième république, en effet, l’adversaire numéro un, et pratiquement le seul que se désignait le gouvernement de Paris, appuyé en cela par les instruments de l’opinion publique, se situait outre-Rhin. Sous la Quatrième république un premier tournant fut amorcé, partiellement, par Robert Schuman, comme président du Conseil en 1947-1948, et surtout comme Ministre des Affaires étrangères inamovible des 9 gouvernements qui lui succèdent, en moins de 5 ans, de juillet 1948 à janvier 1953[3]; mais sa politique alors concertée avec ses homologues démocrates chrétiens italiens, belges, néerlandais ou allemands, reçut un coup d’arrêt lors du rejet par la chambre des députés le 30 août 1954 de leur projet une Communauté Européenne de Défense.

    Or, sous la Cinquième république, ce fut paradoxalement à l’homme du 18 juin que revint de sceller la réconciliation, symboliquement à Reims en juillet 1962, puis juridiquement par le traité de l’Élysée de janvier 1963, avec le chancelier Konrad Adenauer.

    On ne saurait mesurer cette démarche sans se souvenir du parcours de son interlocuteur. Il gouverna, de 1949 à 1963, l’Allemagne d’après guerre et contribua puissamment à sa reconstruction. Auteur, avec Ludwig Erhardt du redressement économique de son pays, mais également de son ancrage atlantiste et européen, on peut le considérer comme le fondateur de l’Allemagne contemporaine.

    Or, à l’inverse de son prédécesseur Bismarck, il n’est ni un Prussien, ni un luthérien, ni un militant de l’unité, mais un Rhénan, un catholique et un fédéraliste. Bourgmestre de Cologne de 1917 à 1933 il avait pris position à partir de 1919, en faveur de l’autonomie de la Rhénanie vis-à-vis de la Prusse.

    Cette question nous semble aujourd’hui entièrement hors de propos. Elle éclaire une partie, mais une partie seulement des discours critiques développés par le nationalisme français dans le débat de ratification du traité de Versailles, qui prendront parti, comme Maurice Barrès en faveur du séparatisme rhénan, sinon pour une occupation stratégique de la Sarre et du Palatinat, ces provinces de la rive gauche du Rhin, considérée comme une garantie, notamment en vue du paiement des réparations.

    C’est en gardant présente à l’esprit cette logique de l’époque que l’on doit aborder le très vivant drame classique de ce débat.

    Il fut autopsié avec la précision de l’horloger par le plus décapant des historiens français du xxe siècle, Emmanuel Beau de Loménie. Certes, on ne se penche jamais sur les introductions, préfaces, et avant-propos des livres que l’on découvre. Alors que l’auteur, jeune combattant revenu du front rédigeait, à l’époque de ces débats, une thèse de doctorat d’Histoire, on pourrait imaginer qu’il les a couverts pour un libre journal de l’époque.

    En réalité, c’est avec le recul du désastre de 1940 qu’il écrit, alors qu’à partir de 1943 il avait commencé d’explorer ce qu’il appelle les Responsabilités des dynasties bourgeoises, au débit desquelles il impute le déclin du pays. Les égoïsmes et les aveuglements du gros argent et de l’affairisme accapareur ne restent jamais absents de son réquisitoire.

    Avec la patience et le doigté d’un entomologiste, il les a ressuscités à partir des archives de presse et des collections de ce J.O., qu’il appelle toujours l’Officiel, ce qu’il expose dans son introduction de 1945.

    JG Malliarakis  

    Apostilles

    [1]Ce livre de 198 pages au prix de 20 euros paraîtra fin novembre, on peut souscrire avant parution au prix de 18 euros franco de port sur la page catalogue des Éditions du Trident.

    [2]Cf. Alfred Grosser La IVe République et sa politique extérieure, 1961, 440 pages, ed. Armand Colin. Il allait consacrer au autre ouvrage à La Politique extérieure de la Ve républiqueédité en 1965 au Seuil. Il a publié, depuis, sur ce thème de nombreux autres ouvrages de référence.

    [3]Gouvernements présidés par : André Marie, radical, du 26 juillet 1948 au 5 septembre 1948 ; Henri Queuille, radical-socialiste, du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949 ; Bidault, MRP, du 29 octobre 1949 au 2 juillet 1950 ; à nouveau Queuille du 2 au 12 juillet 1950 ; René Pleven, UDSR, du 12 juillet 1950 au 10 mars 1951 ; encore Queuille, du 10 mars au 11 août 1951 ; de nouveau Pleven du 11 août 1951 au 20 janvier 1952 ; Edgar Faure, radical-socialiste, du 20 janvier au 8 mars 1952 et enfin Antoine Pinay, CNI, du 8 mars 1952 au 8 janvier 1953.

  • Pour une défense de la civilisation gréco-chrétienne. Retour sur le 1er colloque d’Academia Christiana

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    Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître assurément pour les organisateurs du premier colloque d’Academia Christiana qui a réuni des personnalités aussi différentes que Jean-Pierre Maugendre, Alain de Benoist, l’abbé Telisson, Philippe Conrad, Guillaume Bernard, Jean-Yves Le Gallou ou Laurent Dandrieu, invités à parler enracinement, mémoire de l’Europe chrétienne, théologie du migrant ou grandes batailles des Européens qui surent, à un moment donné de notre histoire, s’unir pour préserver leur identité.

    Il y a quelques années, une telle réunion aurait relevé d’une vision chimérique ou du mariage impossible de l’eau et du feu. Aujourd’hui, c’est désormais chose possible, les animateurs de la Nouvelle Droite et certains représentants du courant catholique identitaire s’étant décidés à rebâtir ensemble les bases d’une civilisation pérenne, face à la double menace de l’islam et du tsunami migratoire organisé par les champions de l’économie mondialiste.

    Défense du christianisme

    D’entrée de jeu, les responsables de ce cénacle, notre ami Julien Langella et Victor Aubert se sont définis comme « les représentants d’une génération de déshérités, de déracinés et de blessés » qui ont découvert la foi chrétienne en « rentrant par effraction dans les églises catholiques » afin de retrouver les racines chrétiennes de l’Europe. Des racines que Guillaume Bernard a rappelées en apportant son éclairage sur l’universalisme chrétien. Les abbés Telisson et Raffray ont, pour leur part, traité du christianisme incarné et de saint Thomas d’Aquin dont la pensée s’inscrit dans la tradition de la sagesse aristotélicienne et qui intégra la vision grecque de la nature dans la conception chrétienne du monde.

    Religion du progrès et migrantocentrisme

    Alain de Benoist fit le procès du progrès, « processus accumulant des étapes dont la plus récente est jugée meilleure que la précédente », et rappela que, pour Georges Sorel, le progrès était une « doctrine bourgeoise ». Constatant que notre monde moderne place la richesse et la marchandisation au-dessus de tout, Guillaume Travers montra combien tout cela est en rupture totale avec la conception traditionnelle de l’économie médiévale. Un des morceaux de bravoure de ce symposium est incontestablement l’intervention de Laurent Dandrieu, auteur en 2017 d’un remarquable livre, Église et immigration : le grand malaise, qui a rappelé que, depuis des décennies, le Vatican s’est livré à une véritable canonisation de l’immigré, de Jean XXIII à Benoit XVI en passant par Jean-Paul II. Mais la palme revient incontestablement au pape François qui, après l’inauguration récente d’une statue représentant 140 migrants, a élevé ces derniers à une figure rédemptrice et s’est livré à une véritable canonisation de l’immigré. Ce même François qui, en 2017, reprochait au Européens de défendre leur identité.

    Pour une identité commune

    Il revenait à Jean-Pierre Maugendre de défendre les racines grecques de l’Europe chrétienne et à Philippe Conrad de montrer tout ce que la chrétienté médiévale, longtemps présentée comme une période d’obscurantisme, doit également à la grécité et à la romanité. Qu’est-ce qu’un héros grec et un saint chrétien ? C’est à cette double question qu’a répondu Nicolas Degroote qui a opposé curieusement Agamemnon à Abraham, faisant ainsi référence à Kierkegaard, pour lequel « le sacrifice d’Abraham marque une séparation entre le moral et le divin qu’ignorait le héros grec ». Il restait à Jean-Yves Le Gallou le soin de brosser la fresque des grandes batailles des Européens, des guerres médiques à Lépante en passant par les Thermopyles, les guerres puniques, la bataille de Poitiers ou la Reconquista. Des batailles qui permirent à nos peuples de repousser l’envahisseur perse, arabe ou ottoman et d’affirmer leur identité européenne.

    Au terme de cet après-midi studieux, chacun a pu constater que, contrairement à ce que peuvent penser certains, la métapolitique est, tout autant que le militantisme politique ou associatif, une des armes des victoires futures. Elle est indispensable pour affronter les combats de demain et permettre à chacun de savoir pourquoi il faut construire des digues et être du bon côté de la barricade. Comme le disait le grand philosophe Gustave Thibon, « rien ne prédispose plus au conformisme que le manque de formation ».

    Françoise Monestier 01/11/2019

    Source : Présent

    https://www.polemia.com/defense-civilisation-greco-chretienne-colloque-academia-christiana/

  • Un ouvrage indispensable pour tout comprendre du populisme

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    Par Fabrice Fanet, colonel (ER) de gendarmerie ♦ A l’heure des multiples mouvements de révolte et de contestation qui parcourent le monde, de l’Algérie au Venezuela, de l’Equateur au Chili, de Hong Kong à l’Egypte, de l’Irak au Liban, au lendemain des Gilets Jaunes, il est opportun de réfléchir sur les causes de cette instabilité. La mondialisation serait-elle à l’origine de cette remise en cause des gouvernants par les gouvernés, des élites par le peuple, par le populisme ? Pour tenter de comprendre ce qui se cache derrière ce terme riche et secret de « populismes », plongée dans Le dictionnaire des populismes, publié aux éditions du Cerf, sous la direction d’Olivier Dard, Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois.

    Un imposant état des lieux

    Le dictionnaire des populismes c’est 1 214 pages ; 264 notices rédigées par 107 auteurs français et étrangers ; un index des noms de 12 pages et un « index rerum » de 27 pages des notions abordées allant d’Abstention à Yougoslavie en passant par… Agrariens, Anarchie, Angoisse, Anti-immigrationnisme, Armée, Bien commun, Boulangisme, Bourgeois, Caste, Charisme, Communautarisme, Corruption, Décadence, Démagogie, Démophilie, Dictature, Egalitarisme, Emotion, Extrême droite, Fascisme, Fisc, Foule, Gilets Jaunes, Girondins, Guerre civile, Hongrie, Identité, Ignorants, Inconscient collectif, Insurrection, Internet, La France Insoumise, Libertés, Médias, Mondialisme, Nation, Oligarchie, Ouvrier, Peuple, Peurs, Progrès, Races, Révolutions, Sans-culottes, Surprises, Trumpulisme, Vertu et Xénophobie…

    Sans oublier les notices biographiques des 107 auteurs français et étrangers où l’on retrouvera, entre autres, Eric Anceau, Mathieu Bock-Côté, Olivier Compagnon, Stéphane Courtois, Chantal Delsol, Olivier Gohin, Jean-Louis Harouel, Lucien Jaume; et bien sûr les trois directeurs de l’ouvrage qui ont déjà conduit en 2017 Le dictionnaire du conservatisme, (éditions du Cerf): Olivier Dard, professeur d’histoire contemporaine à Sorbonne université, Christophe Boutin, professeur de droit constitutionnel et d’histoire des idées politiques à l’université de Caen et Frédéric Rouvillois, professeur de droit public à l’université de Paris.

    Interroger le populisme

    Une conséquente introduction de 36 pages éclaire avec précision l’esprit dans lequel l’ouvrage a été dirigé, défriche des pistes permettant de pénétrer l’univers des populismes et de proposer des éléments de définition.

    Un dictionnaire des populismes, « populismes » au pluriel pour « rendre compte de l’extrême diversité du phénomène » ?
    Cependant ces populismes, si divers soient-ils, renvoient forcément à l’idée de populisme au singulier et à « l’ardente nécessité d’en délimiter le contenu ».
    Ainsi, « [le populisme] permet de réexaminer dans une profondeur multiséculaire […] et avec une prise en compte d’expériences conduites dans des territoires fort différents, des thématiques aussi classiques que la relation peuple/élite ou celle de nation, de représentation, de mandat, de responsabilité, de démocratie ou d’institution ».
    « [Le populisme] n’est ni un fantôme sorti du néant, ni une injure […] mais un objet politique intellectuellement identifiable (…) ».

    Pour pénétrer dans l’univers des populismes, les auteurs se proposent d’énumérer quelques unes des questions que pose le concept.

    • Le peuple est-il la plèbe, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas titulaires du pouvoir mais qui fournissent travail et impôts ?
    • Le peuple est-ce un groupe ethnique cohérent, le peuple de France, par exemple ?
    • Enfin, le peuple est-ce le démos, cette entité qui a le droit de participer à la vie de la cité ?

    Est-ce que, comme l’a déclaré le 21 juin à Quimper le Président Macron, le populisme est « comme une lèpre, un peu partout en Europe » ?

    Philippe de Villiers lui répondait sur BFM TV le 11 octobre: « Moi, je lui dis les yeux dans les yeux, Emmanuel, moi je suis populiste. D’ailleurs, il parle de lèpre populiste, donc moi je suis lépreux, j’ai ma crécelle et je ne me soigne pas parce que le populisme, c’est le cri des peuples qui ne veulent pas mourir. »

    Le populisme est-il romantique à l’instar du polémiste et homme politique antisémite Edouard Drumont ou de Séverine du Cri du peuple de Jules Vallès ?

    Le populisme est-il présent dans ce mouvement russe des années 1860, « les Narodniki, promoteurs d’un socialisme agraire cherchant à agréger les intellectuels, le peuple et la révolution », ou dans le People party américain de la fin du XIX siècle, « un populisme rural et petit bourgeois qui voulu réincarner le peuple fondateur de la démocratie américaine » ?

    Et l’Amérique Latine du XX siècle et ses expériences récentes du Venezuela, du Brésil de Lula, de l’Equateur ou de la Bolivie, n’est-elle pas « le paradis du populisme » ?

    Le populisme est-il de droite ou de gauche ? Jean-Luc Mélenchon, dans une interview à L’Express du 16 septembre 2010 déclarait: « Je n’ai plus du tout envie de me défendre de l’accusation de populisme. C’est le dégoût des élites, méritent-elles mieux ? (…) J’en appelle à l’énergie du plus grand nombre contre la suffisance des privilégiés. Populiste, moi ? J’assume. »

    Les leaders populistes sont-ils « vraiment les seuls à céder à la tentation démagogue » ?

    Le populisme n’est-il pas le « révélateur d’une rupture entre gouvernants et gouvernés dont les causes peuvent être aussi bien politiques (nationales et identitaires) qu’économiques et sociales » ?

    Le populisme serait une pathologie, « une affaire de ploucs paranoïaques et antimodernes » ? Cette accusation polémique laisserait-elle entrevoir dangereusement qu’ils pourraient utilement bénéficier des traitements malheureusement dispensés autrefois avec largesse dans les hôpitaux psychiatriques soviétiques ?

    Ou au contraire, est-ce une idéologie, c’est-à-dire « un ensemble de représentations aboutissant à la construction d’un projet politique déterminé » ? Mais, dans ce cas, elle serait pour ses adversaires une idéologie du pauvre « empruntant immanquablement des concepts à d’autres idéologies (…) plus complexes et stables ».

    Mais ne doit-on pas reconnaître « que les idéologies les plus complexes ou les plus originales, ont été élaborées à partir de concepts, de théories et même de mots dérobés à d’autres » ?

    D’autres questions seront examinées dans le cours des notices : n’est-ce pas « une réaction populaire quasi instinctive à un phénomène de crise » ? Enfin le populisme ne représente-t-il pas une menace pour l’environnement, pour les juifs, pour la démocratie, pour les libertés et l’Etat de droit ? A la lecture de cette sombre et ultime énumération, on pourrait se demander si le populisme n’est pas un bouc-émissaire commode qui pourrait servir à longueur de débats !

    Alors, comment définir le(s) populisme(s) ?

    Les auteurs citent l’historien Richard Hofstadter plagiant Socrate : « Tout le monde parle du populisme, mais personne ne peut en donner une définition ».

    Néanmoins on peut constater que l’existence d’un phénomène aussi insaisissable et omniprésent dans l’air du temps est la preuve de son importance comme révélateur d’une situation éminemment critique.

    Pour autant, le populisme est-il apte à fournir des solutions ?

    Ne doit-il pas s’allier avec les Conservateurs ou les Gauches afin de s’inscrire dans un jeu politique opérationnel ?

    C’est au lecteur de cet ouvrage, impressionnant par la variété des notices, la compétences des auteurs et l’honnêteté de la méthode, de donner sa réponse.

    Colonel (er) Fabrice Fanet 01/11/2019

    https://www.polemia.com/ouvrage-indispensable-comprendre-populisme/

  • DE NAPOLÉON À LOUIS XVIII

    En 1814, Talleyrand gagne le tsar au retour des Bourbons.

         Le 31 mars 1814, il y a deux cents ans, Alexandre Ier, tsar de toutes les Russies, entrait dans Paris en vainqueur. La veille encore, on s’était battu à Pantin et à Montmartre. C’était la fin de la campagne de France. Deux mois durant, Autrichiens, Prussiens, Russes, Britanniques et Suédois avaient affronté un Napoléon qui avait retrouvé l’énergie et le génie stratégique de sa jeunesse, comme le rappellent les témoignages réunis par l’historien Jean-Joël Brégeon (1). Vaincus à Montmirail, à Champaubert, à Montereau et à Reims, les coalisés l’avaient quand même emporté, leurs troupes ayant pour elles le nombre et l’expérience, et la volonté d’en finir, tandis que l’Empereur s’était battu avec les débris de la Grande Armée et des conscrits inexpérimentés, et que la lassitude pointait dans un pays qui, à l’issue de vingt années de guerre, aspirait à la paix.
         La suite n’était pas écrite d’avance : les souverains alliés n’étaient pas d’accord entre eux sur le sort à réserver à la puissance occupée. Talleyrand, ancien ministre des Relations extérieures, désormais brouillé avec Napoléon, estime que le rétablissement des Bourbons serait accepté par les vainqueurs comme par les Français, une fois leurs réticences dissipées. Le diplomate commence par en convaincre le tsar qui loge chez lui, rue Saint-Florentin, tout en lui exposant que cette nouvelle orientation politique ne doit pas émaner de l’étranger. Le 3 avril, le Sénat vote donc la déchéance de Napoléon et, deux jours plus tard, fait appel au comte de Provence (Louis XVIII), qui est invité à devenir « roi des Français (…) par le voeu de la nation ».
         Talleyrand a imposé une solution française, mais Alexandre Ier s’y est rallié, et amènera les autres souverains à cette solution, parce que le tsar, homme des Lumières, a reçu l’assurance que la Restauration ne serait pas la restauration de l’Ancien Régime. Cet épisode est connu, mais Marie-Pierrre Rey, une spécialiste de la Russie, l’éclaire d’un jour nouveau (2). C’est un paradoxe : l’institution d’une monarchie libérale, en France, en 1814, a été rendue possible par la rencontre du Diable boiteux, qui avait servi tous les régimes, et du tsar, qui était un autocrate.

    Jean Sévillia

    (1) Histoire de la campagne de France. La chute de Napoléon, de Jean-Joël Brégeon, Perrin, 400 p., 21 €.

    (2) 1814. Un tsar à Paris, de Marie-Pierre Rey, Flammarion, 332 p., 22 €.

    https://www.jeansevillia.com/2015/04/11/de-napoleon-a-louis-xviii/

  • La campagne de promotion du livre "Ordre nouveau raconté par ses militants" bat son plein

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    Après Angers la semaine dernière où Jacques Mayadoux, accompagné de Jean-François Santacroce, de Franck Timmermans et de Véronique Péan, étaient reçus par l'Alvarium animé par Jean-Eude Gannat (plus de 80 participants), ce sera Strasbourg qui marquera à sa façon le cinquantième anniversaire d'Ordre nouveau le 9 novembre prochain. Une réunion sera animée par Jacques Mayadoux, André Chanclu et par Robert Spieler, ancien député et ancien vice-président de l'Alsace, chroniqueur à Rivarol et fondateur, à l'époque, de la section locale d'Ordre nouveau.

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