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culture et histoire - Page 712

  • Contre-insurrection

    La contre-insurrection, aussi appelée guerre contre-subversive, guerre contre-révolutionnaireguerre contre-insurrectionnelle, contre-guérillaguerre révolutionnaire ou encore COIN (de l'anglais Counter-Insurgency), est une doctrine militaire qui vise à obtenir le soutien de la population dans le cadre d'un conflit opposant un mouvement insurgé à une force armée gouvernementale de contre-insurrection. Elle se fonde sur des actions civilo-militaires, le renseignement, la guerre psychologique et le quadrillage du territoire. 
    Si la doctrine de la contre-insurrection privilégie aujourd'hui des actions civiles, elle a longtemps été associée à un usage immodéré de la force et notamment de la torture. La contre-insurrection, menée par l'armée à qui des pouvoirs et des missions de police avaient été confiées, était pratiquée le plus souvent en dehors de tout cadre judiciaire
    Un des paradoxes de la guerre contre-insurrectionnelle est que plus on protège ses forces, moins on est en sécurité : « Le succès ultime est remporté en protégeant la population, pas ses propres forces. Si les forces militaires restent bloquées dans leurs bases, elles perdent le contact avec la population, donnent l'impression d'avoir peur et cèdent l'initiative aux insurgés. Des patrouilles doivent être menées, le risque partagé et le contact maintenu. »1 

    Guerre contre-révolutionnaire ou contre-insurrection ?

    L'armée française a la première théorisé cette doctrine durant la guerre d'Algérie et l'appelait alors « guerre contre-révolutionnaire » en référence à la guérilla telle que théorisée par Mao Zedong, selon qui le guérillero devait vivre dans la société civile comme un « poisson dans l'eau ». 
    Par la suite, les militaires américains, aussi bien des États-Unis que d'Amérique latine, ont préféré parler de contre-insurrection ou de guerre contre-insurrectionnelle. En effet, selon les mots du lieutenant-colonel Carlos de Meira Mattos qui fut l’un des personnages importants de la dictature militaire après le coup d'État de 1964, « si nous laissons aux adversaires le nom de révolutionnaire nous nous prêtons à nous-mêmes la désignation de contre-révolutionnaires et ainsi, dialectiquement, nous commençons à perdre avant de combattre »2

    Genèse et diffusion de la doctrine

    La (première) guerre d'Indochine, opposant les forces militaires françaises à la guérilla communiste du Việt Minh et finira par être perdue par les premières malgré leur supériorité en nombre et leur puissance industrielle et militaire, est l'emblème de la « guerre subversive », concept énoncé par l'état-major des forces françaises, sous l'action du colonel Lacheroy et après lecture du Petit Livre rouge de Mao Zedong
    Outre Lacheroy, Jacques Hogard et Jean Némo élaborent différentes versions de la « doctrine de la guerre révolutionnaire » (DGR), mise en œuvre lors de la bataille d'Alger, qui devient un cas d'école enseigné dans les école de guerre3David Galula contribue à la conceptualisation de ce domaine de guerre (Harvard, 19644) ainsi que Roger Trinquier dont La Guerre moderne (1961) est considéré comme l'un des manuels clés de la guerre contre-insurrectionnelle, soulignant l'importance du renseignement, de la guerre psychologique et du volet politique des opérations armées5

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  • Des archéologues découvrent une « taverne » viking vieille de 1000 ans en Écosse

    Sur l’île écossaise de Rousay, des archéologues ont mis au jour des ruines vikings vieilles de plus d’un millénaire. Le nom du site « Skaill » ainsi que les fouilles menées suggèrent que certains habitants, et notamment l’élite, se rendaient dans ce lieu pour boire.

    Quelques semaines seulement après l’annonce de la découverte d’un bateau-tombe en Suède, c’est un nouveau trésor viking qui vient de sortir de terre. Des archéologues ont révélé avoir mis au jour les ruines d’un vaste bâtiment sur l’île de Rousay dans l’archipel écossais des Orcades. La découverte a eu lieu l’été dernier sur le site d’une ferme connue sous le nom de « Skaill ».

    Les fouilles ont démarré après que les archéologues ont appris que les murs de la ferme actuelle remontant aux XVIII-XIXe siècles se prolongeaient sous terre. En creusant, ils ont révélé un bâtiment de 13 mètres de long, comprenant des murs d’un mètre de large séparés d’environ 5,5 mètres. À l’intérieur, ils ont également identifié des bancs en pierre, des restes de poterie et des fragments d’un peigne en os.

    Les trouvailles réalisées ainsi que le nom du site « Skaill » (un mot nordique faisant référence à une salle ou un hall) suggèrent qu’il ne s’agissait pas d’un simple bâtiment. Les spécialistes pensent qu’il aurait servi de « taverne » où certains habitants venaient boire. D’après les fouilles, les lieux auraient été fréquentés du Xe au XIIe siècle mais étaient probablement réservés à l’élite du village, les guerriers par exemple. […]

    L’archipel des Orcades revêt une grande importance pour les archéologues et les historiens. Cet ensemble d’îles habité depuis des millénaires s’est retrouvé, au IXe siècle, colonisé par les Scandinaves qui en ont fait un siège majeur de leur empire. L’île de Rousay abrite ainsi de nombreux vestiges archéologiques qui lui ont d’ailleurs valu le surnom de « Égypte du nord ».

    En outre, Westness, où se trouve le site de Skaill à Rousay, figure dans la Orkneyinga Saga, un récit historique qui relate le passé des Orcades. Ce dernier explique que Westness constituait au XIIe siècle les terres d’un puissant chef connu sous le nom de Sigurd. Les archéologues soupçonnaient ainsi depuis longtemps la présence d’un village viking localisé quelque part à Skaill. Restait à en trouver la trace. […]

    Geo

    http://www.fdesouche.com/1248433-des-archeologues-decouvrent-une-taverne-viking-vieille-de-1000-ans-en-ecosse

  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE... (24)

    Aujourd'hui : 28. On vient d'assassiner Philippe Daudet...

    On vient d'assassiner Philippe Daudet...

    (Tiré de "La vie et la mort de Philippe", par Madame Léon Daudet - surnommée "Pampille" - page 183) :
    "J'ai vu naître Philippe. 
    Je l'ai vu grandir. 
    Je l'ai vu jouer dans le sable au bord de la Loire et s'appliquer à ses premiers thèmes latins. 
    Il devenait un petit jeune homme tout semblable à ce qu'il était petit garçon. 
    Il n'était pas compliqué du tout. C'était un enfant bon, dévoué et consciencieux.
    Parfois, il venait à l'Action française. 
    On le trouvait lisant dans le bureau de son père et levant les yeux de son livre dès qu'il s'agissait d'autre chose que de la "cuisine" du journal. 
    C'était pour lui une récompense de passer une heure dans la maison où son père a attaché sa vie. 
    Et Léon Daudet était à envier d'avoir un fils qui participait à ses idées et qui marchait à ses côtés comme un jeune lionceau. 
    Il y a chez l'enfant une chose qui ne trompe pas. C'est le regard. 
    Le regard de Philippe se posait sur son père comme sur un ami menacé et qu'il eût aimé à défendre. 
    On sentait au fond de lui un besoin de dévouement, de sacrifice, de chevalerie.
    Et c'est, j'en ai bien peur, ce qui l'a conduit au lieu tragique où, un sombre dimanche, je l'ai revu pour la dernière fois, une tache sanglante au front..."

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/08/16/notre-feuilleton-estival-un-ete-avec-jacques-bainville-6168699.html

  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE... (23)

    Aujourd'hui : 27. 1919 : "Comment est née la Révolution russe"...

    1919 : "Comment est née la Révolution russe"...

    Parmi les raisons de la révolution russe, Bainville relève principalement l'incapacité du pouvoir à se renouveler, donnant en exemple l'évolution des assises sociales de la maison de Savoie, à l'heure du Risorgimento, cherchant à faire corps avec la nation. 
    Bainville nous montre au contraire, en Russie, un pouvoir victime des réformes mises en oeuvre par les prédécesseurs de Nicolas II. D'institutions qui avec le temps entraînent le pouvoir politique dans leur décomposition et leur combat pour la défense de leurs intérêts particuliers. 
    La crise politique se révèle alors dans le sentiment des populations de ne plus être gouvernées autrement que par l'arbitraire, quand la mise en avant des "traditions" ne parvient plus à dissimuler le vide des projets et des ambitions pour la nation...(Extraits) : 
    1. "...Nous croyons, sans pédantisme, pouvoir dire que ce qui aura surtout manqué à Nicolas II, parmi ses précepteurs, c'est un bon professeur d'histoire. Il est fâcheux pour lui, sa dynastie et son empire, qu'à aucun moment il ne se soit trouvé quelqu'un pour lui montrer l'exemple de ce que d'autres monarchies avaient fait pour retremper leurs forces dans un grand courant national. 
    Le passage de l'absolutisme au régime constitutionnel se trouvait étrangement facilité par la guerre. L'occasion s'offrait aux Romanov de prendre cet élixir de jeunesse qui avait si bien réussi à la maison de Savoie, grâce au Risorgimento, à la maison Hohenzollern, grâce aux deux guerres de 1866 et 1870. 
    Victor-Emmanuel et Guillaume 1er, chacun à son heure, avaient renouvelé leurs traditions, rompu avec leurs conservateurs .." 
    2. "...En réalité, la Russie n'était plus gouvernée, et, chose grave, ne se sentait plus gouvernée. En fait d'absolutisme, il n'y avait que celui des policiers. La faiblesse de l'autocrate faisait reparaître le règne des boyards..."
    3. "...Cela prouve qu'il ne faut pas parler de tradition à l'aveuglette... Et puis, plus ou moins, tout le monde a la sienne. De même qu'un pur trouve toujours un plus pure qui l'épure, il y a toujours un traditionaliste dont la tradition remonte plus haut que celle du voisin. Il y a eu des gens, en France, pour estimer que la monarchie française s'était corrompue à partir de Louis XIV, d'autres à partie de Philippe Le Bel... 
    Où et quand s'est altérée la tradition russe, c'est ce qu'on serait bien empêché de dire. Cette tradition est-elle dans les républiques de l'ancienne Russie ? Car on l'oublie trop : La Russie a un passé républicain, et elle n'a jamais tout à fait oublié le régime populaire tel qu'il avait été pratiqué, au Moyen Age, à Novgorod, à Viatka, à Pskov (où, par une rencontre singulière, Nicolas II aura abdiqué)....Lorsque cinquante ans plus tard, une autre réforme agraire fit passer les masses paysannes du communisme à la propriété individuelle, il y eut peut être des traditionalistes pour regretter la condamnation du mir. 
    Si la véritable tradition de la Russie doit être recherchée quelque part, il n'y en a qu'une : c'est celle de l'unité nationale, c'est celle qu'ont représentée les tsars "rassembleurs de la terre russe". Que leur oeuvre ne soit pas compromise, que leur héritage ne soit pas "gâché", et la Russie d'aujourd'hui restera dans sa ligne de toujours..." 
    4. "...Presque toujours, de loin, les problèmes politiques des autres peuples nous paraissent simples et faciles à résoudre. Nous ne tenons pas compte de traditions, de sentiments qui ne nous touchent pas, des situations acquises et des ambitions montantes, de conflits d'intérêts où nous ne sommes pas parties et dont, par suite, nous faisons bon marché..."

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/08/14/notre-feuilleton-estival-un-ete-avec-jacques-bainville-6168698.html

  • La révolution et le nationalisme en questions

    En toute vérité, le nationalisme doit être reconnu comme une idée moderne. Il s’est en effet constitué insidieusement à partir du siècle des Lumières. Concrètement, le nationalisme peut se définir comme une doctrine accouplant unité politique et unité nationale. En France, le centralisme jacobin n’a eu de cesse de travailler à l’uniformisation, au détriment des particularismes provinciaux, us et coutumes. Un simple exemple parmi une multitude : le gouvernement républicain a longtemps interdit par la force de la loi aux parents bretons de donner un prénom breton à leurs enfants. Très récemment encore, différentes affaires de ce genre ont à nouveau surgi en France (1), comme si nous étions revenus dans la deuxième partie du XXème siècle.

    Il convient en préalable de rappeler qu’à ses origines, la nation rassemble les membres d’une lignée. Par extension ou par simplification, la nation regroupe des gens aux ancêtres communs, ce qui signifie que les ascendants et les descendants ont le même sang. Toutefois, avec la victoire en France à partir de 1789 des idées révolutionnaires dans l’espace public (2), la nation a fini par désigner une collectivité, et non une communauté, regroupée autour et par un Etat. L’Etat-Nation était né. Ainsi, les révolutionnaires ont amalgamé, et non allié, sur le plan pratique leur idéologie théorique de l’Etat, de la nation, du peuple, et du peuple souverain, en éliminant les notions de patrie, pays, cité, famille. Ils ont imposé à l’Europe entière leur vision grâce aux victoires des armées républicaines et impériales, aidées dans cette entreprise de diffusion par les loges maçonniques. Il faut toujours garder à l’esprit le fait suivant : à chaque conquête d’une ville par les armées révolutionnaires, des loges étaient fondées…

    De fait, assimiler l’Etat au peuple et à la nation, tout en précisant que la souveraineté ne s’incarnerait plus dans le Roi mais dans le peuple souverain, a en définitive permis de rendre légitime le pouvoir de l’Etat républicain. Le raisonnement – fallacieux ! – exprime la position suivante : le peuple souverain ne forme qu’un, donc sa légitimité de facto lui permet de s’auto-représenter et de diriger sa propre communauté de destin. Dans cette perspective révolutionnaire et résolument moderne, la nation se conçoit également comme le produit d’une éducation nationale, laquelle devient par une logique interne une éducation de et à la nation, à la citoyenneté, d’où l’école obligatoire, le service militaire obligatoire, etc. Ce programme a vu le jour par les armes et la propagande assassine du « peuple oppressé se libérant des chaînes imposées par la tyrannie » lui donna une grande ampleur.

    Ouvrons une petite parenthèse : il est curieux et navrant, mais révélateur de l’état de confusion des idées aujourd’hui, de constater que les gens dits « de droite » défendent becs et ongles le service militaire et sa réintroduction dans la vie de la cité, quand on sait que la conscription reste une loi révolutionnaire : celle-ci a transformé l’armée de métier qui sous les Rois protégeait réellement le peuple, en une armée nationale, sous la Révolution puis la République. Précisons que c’est la levée en masse de 300 000 hommes qui marqua le départ des Guerres de Vendée… Ironie de l’histoire, les peuples de l’Ouest partirent en guerre contre la République car ils ne voulaient pas faire la guerre aux frontières (3).

    D’après leurs dires, les révolutionnaires nationalistes travaillaient au bonheur des Français, comme ils le déclamaient avec des larmes de crocodiles à la tribune et dans leurs nombreuses publications. Pour l’accomplissement de cette utopie, l’Etat devait forcément être national, centralisateur et démocratique. Pour propager l’idéal humaniste, ils proclamaient la liberté de chacun et promettaient la redistribution équitable des richesses… après avoir purgé le peuple de ses « ennemis », spoliés dans un premier temps puis efficacement éliminés dans un deuxième. A l’aune de cette explication, tout le monde comprend mieux la devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Ainsi, dans une optique d’endoctrinement politique, les révolutionnaires français ont déterminé que celui qui parlait français pouvait se considérer français, de même que celui qui adhérait à la matrice révolutionnaire devenait de factofrançais. Cela favorisait un recrutement assez aisé, en permettant au plus grand nombre de se réclamer de la « Grande Nation ». 

    Toutefois, certains ont considéré, à l’instar de Fichte, que l’appartenance à une nation reposait sur des critères objectifs. Cette appréciation entrait en totale opposition avec celle exprimée par Sieyès puis plus tard par Renan, qui voyaient la nation sous l’angle subjectif de la volonté personnelle ou collective : « je suis Français car je le veux » ou « vous êtes Français car nous le voulons  ». Fichte définissait la nation allemande par l’esprit qui caractérisait son peuple, le Volksgeist :« un peuple, c’est l’ensemble des peuples qui vivent en commun à travers les âges et se perpétuent entre eux sans adultération, physiquement et moralement, selon des lois particulières au développement du divin » (4). Nonobstant cet intéressant propos qui renvoie aux lois immuables de la nature et donc de Dieu, Fichte pensait aussi, et en cela il rejoignait les nationalistes français, que l’esprit du peuple se retrouve à la fois dans la langue et la culture communes. 

    Cependant, cette volonté de régénérer la France par la langue se heurtait au mur de l’implacable réalité. En effet, au XVIIIème siècle, cette notion linguistique recouvrait une appréciation beaucoup moins linéaire qu’il n’y paraît. En dépit des articles 110 et 111 de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts qui imposaient l'usage du français dans les documents officiels, à la veille de la Révolution, la majorité de la population française ne parlait pas le français dont usaient la cour, le Parlement de Paris, et même les Parlements locaux. De la sorte, il n’est guère surprenant de lire qu’en 1790, l’Assemblée Nationale commença par faire traduire dans toutes les langues régionales les lois et décrets, avant d’abandonner ce projet trop coûteux et également trop chronophage (5). Cela signifie sans aucun doute possible que le sentiment d’appartenance à la France - avant l’assassinat du 21 janvier 1793 qui marque la fin de la royauté - ne se manifestait pas par la pratique et la maîtrise d’une langue commune. N’oublions pas que le roi s’adressait à « ses peuples  » et non à son peuple de France. La nuance relève ici de la plus haute importance. Il y a toujours eu diversité dans notre pays. Au niveau culturel, il existait une réelle variété au sein de chacune des provinces du Royaume, et même de chaque ville et de chaque pays, comme en témoignent encore de nos jours les nombreuses fêtes médiévales qui ont perduré ou qui ressurgissent ici ou là. Là encore, les principes édictés sur la feuille blanche par une raison prisonnière de ses fantasmes se dissipent comme fumée face au réel.

    La révolution en France - mouvement très complexe et passionnant à étudier, car il est l’addition et la multiplication de nombreux facteurs (économiques, sociaux, politiques, culturels, religieux, philosophiques) - fut une bataille remportée par la bourgeoisie. Certes, le pouvoir de Louis XVI fut ébranlé par une crise économique, ou plus précisément par l’incapacité à sortir de la spirale de la dette. S’en est suivie une sérieuse crise fiscale - quels impôts ? payés par qui ? calculés et payés comment ? - venue se greffer sur deux vieux conflits politiques : l’accès aux emplois sans condition de naissance, et la participation active du Parlement de Paris à la conduite des affaires du royaume. Le Tiers-Etat et la Bourgeoisie souffraient d’être mis à l’écart, tout en se voyant refuser des postes gouvernementaux ou militaires en raison du seul critère de la naissance, et souvent au mépris des qualités réelles des postulants. De plus, le Parlement de Paris n’entendait plus être cantonné à un rôle subalterne : celui d’une simple chambre d’enregistrement.

    La bourgeoisie a toujours eu le contrôle du mouvement révolutionnaire, même si celui-ci a pris forme dans des milieux et expressions extrêmement divers, des Girondins aux Montagnards, des Enragés aux Feuillants, des Monarchiens aux Libéraux… Une fois qu’elle eut gagné la bataille politique, après de nombreuses et sanglantes péripéties, tout en stabilisant son pouvoir par la conquête des esprits (et des cœurs ?), elle a réussi à imposer son idée-phare au fils des années : la nation est un territoire déterminé avec une taille et une population suffisantes pour constituer un marché adapté aux besoins de son économie. Depuis plusieurs décennies, cette vision bassement matérielle et strictement matérialiste (6), loin d’être remise en cause, se voit en fin de compte poussée à son paroxysme : comme les marchés nationaux deviennent trop petits, ils s’entendent désormais pour œuvrer à un grand marché mondial en anéantissant les particularismes locaux et la culture locale, pour se retrouver face à des millions (milliards ?) de producteurs et consommateurs décérébrés et sans identité, achetant sans cesse des nouveaux produits - dont la plupart leur est inutile - grâce à la magie du marketing et des médias. La logique mercantile se veut imparable : plus les marchés sont grands, plus les profits seront colossaux et plus les gens s’illusionneront sur leur prétendu bonheur alors que leur vie est vide de sens…

    De fait, la grille de lecture suivante ne doit pas être complètement ignorée : la révolution en France a surtout vu l’affrontement de ceux qui voulaient la constituer en instrument de la domination bourgeoise, contre ceux qui rêvaient d’en faire un outil d’émancipation et de révolution. Rares étaient ceux voulant combiner les deux. A bien y regarder et avec le recul des années dont nous disposons, nous pouvons dire que les deux camps ont finalement gagné. La logique du marché l’emporte aujourd’hui presque tout le temps sur toutes les autres considérations (éthique, morale, beau, vrai, juste). L’esprit d’émancipation et de la tabula rasa touche pareillement et sans exclusive l’ensemble des couches de la société - pour leur plus grand malheur. Précisons que la France est l’un des pays au monde où l’on consomme le plus d’anti-dépresseurs…

    A bien y réfléchir, le nationalisme a servi d’alibi ou d’allié au capitalisme. Dès le début du XIXème siècle, la bourgeoisie avait remporté la partie en mettant hors de combat la noblesse, les cléricaux et les défenseurs authentiques du peuple. Elle a vu dans le nationalisme un outil permettant d’adapter la société agricole à la société industrielle naissante. Cette dernière, motivée par l’impératif de produire (produire plus, pour gagner plus, cela ne vous rappelle rien ?) afin d’accumuler des richesses, devait faire reposer son dessein sur deux constantes structurelles : mobilité et efficacité opérationnelle. Par conséquent, ces exigences allaient impérativement de pair avec la rationalisation de la production, comprendre organisation et division du travail. Charlie Chaplin en son temps avait démontré l’absurdité déshumanisante du travail à la chaîne, avec ses cadences imposées par le progrès de l'industrialisation (7).

    Non moins logiquement, la maîtrise d’une même langue pour se faire comprendre, et travailler le plus efficacement possible (avec comme unique objectif les meilleurs rendements possibles), relevait d’un impératif majeur. Subséquemment, imaginons une chaîne de production ou l’un parle le provençal, l’autre le breton et le dernier le picard. Le travail serait irréalisable ou en tous les cas peu efficace. C’est en ce sens qu’il faut entendre le labeur du ministère, qu’il soit « de l’Education nationale » ou « de l’Instruction publique », il reste un Miniver (8) : la société moderne reposant sur l’industrie a établi sa domination grâce à un système scolaire diffusant une culture homogène très souvent de bas niveau, et favorisant l’apprentissage d’une langue commune. 

    Aujourd’hui, ce projet se fracasse contre différents écueils : baisse dramatique du niveau scolaire en orthographe, en mathématiques, et en simple et solide bon sens, mauvaises méthodes pédagogiques, défaillance dans le recrutement et la formation des enseignants, population immigrée trop importante pour être assimilée via un creuset républicain en banqueroute, crise économique majeure masquée par les différentes politiques de relance de la Banque Centrale Européenne. 

    En définitive, le nationalisme, vu comme un phénomène politique par la majorité des acteurs et des observateurs politiques, doit être également et naturellement considéré comme un phénomène économique (voire culturel) de premier ordre. En l’étudiant très sérieusement, nous relevons que le nationalisme apparaît à un tournant historique où la société agraire s’est transformée en une société industrielle. De même, les nationalismes allemands et italiens du siècle dernier ont en particulier bâti leur succès sur cette capacité à utiliser les moyens de production pour redonner du travail aux masses laborieuses. Résultat : ils ont obtenu de réels succès… économiques !

    Ne feignons pas la stupéfaction de voir l’Etat républicain combattre l’école libre ou indépendante : il ne peut bien évidemment pas supporter de voir des jeunes enfants échapper à l’embrigadement étatique. De fait, pour assurer des cours communs à grande échelle, il faut disposer de moyens importants et d’une légitimité couplée à une autorité. Seul l’Etat combine ces deux prérogatives. Effectivement, depuis l’émergence de l’Etat-Nation, ce dernier reste la seule organisation autorisée à ses yeux pour organiser la vie de la société, étant donné que le service rendu par l’Eglise en matière d’éducation et d’unité populaire a été rejeté et combattu, sans jamais être totalement remplacé. Les différentes spoliations - reposant sur le décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation du 2 novembre 1789, la Constitution civile du Clergé du 12 juillet 1790, la Querelle des inventaires suite à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905 - ont certainement contribué à l’affaiblissement de l’Eglise dans l’espace public, voire à sa quasi-disparition que nous constatons de nos jours. 

    La destruction des corps intermédiaires a aussi participé à cette odieuse uniformisation de la société voulue par les nationalistes révolutionnaires. Citons Le Chapelier, défenseur de la loi portant son nom (promulguée le 14 juin 1791), qui a écrit : «  Il n’y a plus de corporation dans l’état ; il n’y a plus que l'intérêt particulier de chaque individu et l’intérêt général. Il n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de corporation. » Pour Karl Marx, cette loi interdisant aux ouvriers de se regrouper était un véritable « coup d’état des bourgeois » (9). La boucle était dès lors parfaitement bouclée.

    Autrefois, le roi et la religion étaient les principaux facteurs d’unité du royaume. On pouvait être sujet du roi de France, sans avoir une seule goutte de sang français : Mazarin reste à ce jour l’un des plus grands serviteurs de la Couronne alors qu’il n’était pas « français ». La Révolution a jeté tout cela aux orties. Une fois arrivés au pouvoir, les révolutionnaires comprirent très rapidement que le peuple avait besoin de cérémonies officielles pour vivre pleinement l’unité de la nation, et donc du nationalisme. 

    Dès son émergence, le nationalisme fut assimilé à une forme de religion laïque usant et abusant de rituels et de pratiques collectives singeant les cérémonies catholiques d’antan. Rappelons que la fête de l'Etre suprême, célébrée le 20 prairial an II (8 juin 1794), fut la manifestation nationaliste, mystique, morale et civique que Maximilien de Robespierre envisageait pour l'avenir, et surtout comme condition fondatrice de la paix et du bonheur. Certains l’oublient trop souvent, mais la référence à l'Etre suprême figure dans le préambule de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, pilier du système juridique, politique et social républicain : « L'Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'homme et du citoyen.  » De nos jours, le 14 juillet et l’élection présidentielle restent les représentations les plus caricaturales et outrancières de ce nationalisme révolutionnaire qui commence à craqueler de toutes parts…

    Franck ABED

    (1) Il y a quelques mois, la justice interdisait à des parents bretons de prénommer leur enfant Fañch. Récemment c’est un petit Derc'hen qui se trouve dans le même cas. L’apostrophe ne semblait pas plaire au Procureur de la République…

    (2) Espace public, par Jürgen Habermas

    (3) Nouvelle histoire des Guerres de Vendée, par Jean-Joël Brégeonet Gérard Guicheteau

    (4) Discours à la nation allemande, par Johann Gottlieb Fichte

    (5) Histoire du Français, par Jacques Leclerc

    (6) Le Mondialisme, par l’auteur de cet article

    (7) Les Temps Modernes est une comédie dramatique américaine de Charlie Chaplin, sortie en 1936. Il s'agit du dernier film muet de son auteur, et du dernier qui présente le personnage de Charlot, qui lutte pour survivre dans le monde industrialisé.

    (8) Dans le roman 1984de George Orwell, le Miniver est le Ministère de la Vérité (le nom est la contraction de la fonction ; en version originale, sous le nom de Minitrue pour Ministry of Truth).

    (9) Le Capital, par Marx et Engels

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-revolution-et-le-nationalisme-217235

  • 10 août 1792 : naissance de la République dans un massacre

    Depuis la fuite de Varennes, le roi Louis XVI et sa famille sont assignés à résidence au palais des Tuileries (aujourd’hui disparu), à l’ouest du Louvre.
    La tension est vive et, excitée par Danton, une foule de sans-culottes se masse aux abords du palais.

    La résidence royale est défendue par 900 gardes suisses et quelques centaines de gardes nationaux.
    Louis XVI les passe en revue. Selon l’usage, les Suisses et les gardes nationaux crient : « Vive le roi ! ». Mais les artilleurs et le bataillon de la Croix-Rouge crient de leur côté :
    « Vive la Nation ! ». Situation confuse.
    Le roi gagne là-dessus une terrasse et observe la foule des Parisiens massés. Ceux-ci l’insultent : «À bas le veto ! À bas le gros cochon !».
    Apeurés, le roi, la reine et le dauphin traversent le jardin des Tuileries et vont chercher refuge au sein de l’Assemblée.
    Devant le palais, l’émeute enfle. Une porte est malencontreusement ouverte. Un flot de sans-culottes s’y engouffre. Les gardes suisses ouvrent le feu et provoquent un reflux éperdu vers le Carrousel.
    Les émeutiers évacuent la place. Ils semblent près d’abandonner la partie.

    Mais vers dix heures, un groupe de volontaires marseillais parvient à s’introduire à l’intérieur des Tuileries. Le combat reprend de plus belle.
    Le roi griffonne un billet ordonnant aux Suisses de déposer à l’instant les armes et de se retirer dans leurs casernes. Grave erreur du trop bon Louis XVI.
    Obéissants, les gardes se replient vers la place Louis XV (l’actuelle place de la Concorde).

    Mais ils sont bientôt encerclés, capturés, conduits à l’Hôtel de Ville puis massacrés. Mêlées à la foule, les poissardes des halles se livrent à de honteuses mutilations sur les cadavres.
    Les émeutiers envahissent maintenant les Tuileries et lynchent pêle-mêle gardes, serviteurs et fidèles avant de piller le palais.
    Six cents Suisses ainsi que deux cents aristocrates et gens de maison perdent la vie en ce jour du 10 août.

    L’Assemblée législative, enhardie par le succès de l’émeute, prononce la « suspension » du roi. Elle convoque par ailleurs une Convention nationale en vue de prendre toutes mesures « pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l’égalité », et instaure pour la première fois le suffrage universel (masculin). Après une nuit de fortune, la famille royale est emmenée au donjon du Temple pour y être emprisonnée.

    La période appelée « la Terreur » allait commencer.

    Fin d’un régime millénaire qui avait construit la France mais était certes affaibli de l’intérieur.

    Naissance de la République.

    Source : Thibaut de Chassey

  • 10 août 1792 : naissance de la République dans un massacre

    Depuis la fuite de Varennes, le roi Louis XVI et sa famille sont assignés à résidence au palais des Tuileries (aujourd’hui disparu), à l’ouest du Louvre.
    La tension est vive et, excitée par Danton, une foule de sans-culottes se masse aux abords du palais.

    La résidence royale est défendue par 900 gardes suisses et quelques centaines de gardes nationaux.
    Louis XVI les passe en revue. Selon l’usage, les Suisses et les gardes nationaux crient : « Vive le roi ! ». Mais les artilleurs et le bataillon de la Croix-Rouge crient de leur côté :
    « Vive la Nation ! ». Situation confuse.
    Le roi gagne là-dessus une terrasse et observe la foule des Parisiens massés. Ceux-ci l’insultent : «À bas le veto ! À bas le gros cochon !».
    Apeurés, le roi, la reine et le dauphin traversent le jardin des Tuileries et vont chercher refuge au sein de l’Assemblée.
    Devant le palais, l’émeute enfle. Une porte est malencontreusement ouverte. Un flot de sans-culottes s’y engouffre. Les gardes suisses ouvrent le feu et provoquent un reflux éperdu vers le Carrousel.
    Les émeutiers évacuent la place. Ils semblent près d’abandonner la partie.

    Mais vers dix heures, un groupe de volontaires marseillais parvient à s’introduire à l’intérieur des Tuileries. Le combat reprend de plus belle.
    Le roi griffonne un billet ordonnant aux Suisses de déposer à l’instant les armes et de se retirer dans leurs casernes. Grave erreur du trop bon Louis XVI.
    Obéissants, les gardes se replient vers la place Louis XV (l’actuelle place de la Concorde).

    Mais ils sont bientôt encerclés, capturés, conduits à l’Hôtel de Ville puis massacrés. Mêlées à la foule, les poissardes des halles se livrent à de honteuses mutilations sur les cadavres.
    Les émeutiers envahissent maintenant les Tuileries et lynchent pêle-mêle gardes, serviteurs et fidèles avant de piller le palais.
    Six cents Suisses ainsi que deux cents aristocrates et gens de maison perdent la vie en ce jour du 10 août.

    L’Assemblée législative, enhardie par le succès de l’émeute, prononce la « suspension » du roi. Elle convoque par ailleurs une Convention nationale en vue de prendre toutes mesures « pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l’égalité », et instaure pour la première fois le suffrage universel (masculin). Après une nuit de fortune, la famille royale est emmenée au donjon du Temple pour y être emprisonnée.

    La période appelée « la Terreur » allait commencer.

    Fin d’un régime millénaire qui avait construit la France mais était certes affaibli de l’intérieur.

    Naissance de la République.

    Source : Thibaut de Chassey

  • Trois rééditions aux Bouquins de Synthèse nationale

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  • 7 août 1932 : « loi des épis » et génocide ukrainien

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    Le 7 août 1932, le gouvernement de l’URSS promulgue une loi qui punit de dix ans de déportation, voire de la peine de mort, « tout vol ou dilapidation de la propriété socialiste », y compris le simple vol de quelques épis dans un champ.

    Cette « loi des épis » survient alors que les campagnes soviétiques connaissent un début de famine du fait des réquisitions forcées par le pouvoir et de la « dékoulakisation » (élimination des paysans considérés comme riches).

    On estime qu’en Ukraine, au moins six millions de paysans vont mourir de faim dans les mois suivants, de par la responsabilité des autorités communistes.
    Cette « Grande famine » (« Holodomor », « extermination par la faim » en ukrainien), intentionnellement entretenue et amplifiée par Staline (qui s’appuyait sur de nombreux cadres soviétiques juifs – d’où un ressentiment longtemps tenace des Ukrainiens envers cette communauté) est assimilée à un génocide par la plupart des historiens ainsi que par les Ukrainiens.

    http://www.contre-info.com/7-aout-1932-%c2%ab-loi-des-epis-%c2%bb-et-genocide-ukrainien