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culture et histoire - Page 818

  • Sparte, cité des arts, de la guerre et des lois

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    Face à la lumineuse Athènes, baignant sous le soleil de l’Egée, communément représentée comme l’archétype de la cité grecque, il est de coutume d’opposer la sombre image de Sparte, austère et rude caserne aux mœurs barbares, retranchée derrière les montagnes du Péloponnèse, longtemps décrite comme le modèle des dictatures militaristes voire la matrice des régimes totalitaires.

    Loin de ces préjugés, les éditions Perrin ont publié récemment un gros livre passionnant de Nicolas Richer, Sparte, cité des arts, de la guerre et des lois, qui fera date dans l’historiographie consacrée à l’antique Lacédémone. A travers une très complète synthèse richement documentée, son auteur remet les idées à l’endroit au bénéfice de la patrie de Lycurgue tout en retraçant l’histoire et le fonctionnement de Sparte depuis la Laconie homérique jusqu’à ses derniers feux, à l’aube de l’époque hellénistique.

    « Une cité grecque de Grecs en Grèce »

    Dès l’introduction, Nicolas Richer souligne que Sparte est d’abord « une cité grecque de Grecs en Grèce. En d’autres termes, la culture des hommes de Sparte dans l’Antiquité était très semblable à celle des autres Grecs, bien que leurs organisations et leurs priorités différaient ». Homère et Hésiode étaient lus et étudiés à Sparte, de même que les auteurs lacédémoniens, comme Tyrtée ou Alcman, étaient reconnus dans les autres cités grecques. La cité de Lycurgue ne fut pas toujours le fruste Etat rétif aux arts que l’on décrit, connaissant une intense activité artistique au VIe siècle av. J.C., notamment avec ses bronzes et céramiques exportés dans tout le bassin méditerranéen. En matière architecturale enfin, les bâtiments publics étaient semblables aux autres cités grecques. C’est seulement à la fin du VIe siècle av. J.-C. que l’austérité s’installe, fruit d’une volonté politique privilégiant la seule valeur civique et la force virile des citoyens lacédémoniens. Sparte en effet, c’est d’abord la cité des homoioi, c’est-à-dire des « semblables » plutôt que des « égaux ». Si les différences de fortune et d’origine sont présentes à Sparte, rappelle Nicolas Richer, il y règne, comme l’écrit Thucydide, une « égalité plus forte qu’ailleurs dans la façon de vivre » où chacun s’efface au service de la cité et de l’obéissance à ses lois.

    La rude école

    Cet égalitarisme s’exprime notamment à travers les syssities (repas pris en commun), le port d’une tenue identique pour tous et un système éducatif obligatoire. De sept à vingt ans, le jeune Spartiate est retiré à ses parents pour recevoir une éducation collective, la paiédéia, se déroulant par étapes, inculquant un grand sens du devoir et une forte maîtrise de soi à travers la règle des pathémata. Habitués aux coups et aux privations, soumis à une forte émulation, les meilleurs d’entre eux pratiquaient ensuite l’épreuve initiatique de la cryptie qui leur permettait d’intégrer le corps des hippeis, garde d’élite de l’armée spartiate. Au sein de cette rude école, Nicolas Richer rappelle que la formation intellectuelle n’était pas négligée, bien au contraire.

    Les jeunes filles s’astreignent également à cette discipline des esprits et des corps. Les exercices gymniques et la pratique collective auxquels elles participent comme leurs frères visent à former des femmes robustes aptes à faire de beaux et solides enfants dans une perspective clairement eugéniste (qui n’est pas propre à Sparte). Le rôle des épouses et des mères dans l’exaltation des vertus guerrières est aussi primordial : elles devaient « tourner en dérision les médiocres et exalter les meilleurs », incitant leurs époux et leurs fils à la « belle mort » (khalos thanatos), toujours préférable à une vie honteuse.

    C’est seulement après ses trente ans que l’homoioi n’est plus soumis aux règles d’existence commune ; « on pouvait alors estimer qu’il avait pleinement fait sienne les valeurs requises. » Le citoyen reste cependant mobilisable jusqu’à soixante ans et doit conserver sa condition physique et morale, notamment par la pratique de la chasse, considérée comme l’exercice le plus proche de la guerre.

    Sous la menace d’un horizon de guerre

    Cette dure discipline explique pourquoi les Spartiates étaient considérés « comme des guerriers sinon invincibles, du moins redoutablement efficaces ». Petite cité aux effectifs réduits, dépourvue de murailles protectrices au coeur d’un vaste territoire peuplé par les Hilotes, populations asservies mais hostiles, Sparte vivait constamment menacée. Cet « horizon de guerre » explique aussi pourquoi les vertus militaires représentaient la colonne vertébrale de la philosophie spartiate. Nicolas Richer rappelle toutefois que « Sparte ne peut être assimilé à une cité militariste, au sens où l’armée, constituée à part dans le système social, exercerait une influence prépondérante sur la vie collective. Ce sont les citoyens-soldats qui étaient mobilisables en fonction des décisions qu’ils prenaient eux-mêmes, lors des réunions de l’assemblée. »

    La phalange où « chaque soldat aurait, de son bouclier (hoplon) tenu au bras gauche, protégé le flanc droit de son voisin de gauche » est à l’image de cette société où le singulier doit se sacrifier au Tout. Au-delà de la sublimation des valeurs guerrières érigée en règle de vie, « exaltant les vaillants et avilissant les défaillants », Nicolas Richer considère que la supériorité de Sparte dans l’art militaire reposait également sur le caractère systématique d’une organisation très hiérarchisée et soudée par un puissant esprit de corps, forgé au sein des syssition.

    Cette vocation militaire permettra à Sparte de demeurer invaincue jusqu’ à la bataille de Leuctres, en 371 av. J.-C, malgré une forte oliganthropie qui réduira les effectifs spartiates de 10 000 à moins de 700 hommes en l’espace de quelques générations, et sur laquelle le livre apporte d’intéressants éclairages.

    * * * *

    Au contraire des vestiges orgueilleux de l’Acropole d’Athènes, rien ne laisse deviner aujourd’hui dans la plaine de Sparte la présence lointaine de la cité guerrière qui semble s’être évanouie au vent de l’Histoire. Le livre de Nicolas Richer fait justice de cet oubli. La vision d’une Sparte conservatrice et figée laisse place aux aspects novateurs et originaux de la cité des Lacédémoniens, offrant un modèle alternatif de gouvernement qui fascinera les Grecs. Il rappelle également que sans les phalanges spartiates, à l’origine de la révolution hoplitique, c’est la Grèce tout entière qui aurait été submergée par la Perse.

    Dans son essai intitulé Sparte et les Sudistes, Maurice Bardèche écrivait que « rien ne doit nous faire oublier que Sparte, c’est avant tout une certaine idée du monde et une certaine idée de l’homme ». Il rejoignait en cela, à 2 300 ans de distance, les écrits de Xénophon affirmant que « Sparte l’emporte en vertu sur toutes les cités, car elle est la seule où se conduire vertueusement soit une obligation publique ». Loin des fantasmes et clichés, à nous autres Européens bien-nés, telle doit être la leçon à retenir, que Sparte continue de nous adresser par-delà les siècles.

    Benoît Couëtoux du Tertre

    Tribune reprise de institut-iliade.com

  • Soljenitsyne, le Vendéen [4]

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    25 septembre 1993, Les Lucs-sur-Boulogne

     

    par Dominique Souchet

    Comment commémorer plus dignement qu'il n'a été fait à ce jour le centenaire du grand Soljenitsyne ? Et comment évoquer en même temps  l'écrasement de la Vendée par la fureur révolutionnaire autrement que par les indignations faciles et les formules toutes faites cent fois répétées ? Le superbe récit des relations entre Alexandre Soljenitsyne et la Vendée de Dominique Souchet que le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle vient de publier répond à ce souci de façon passionnante. On a là un récit précis mais aussi une réflexion à l'altitude qui convient pour évoquer en les reliant Alexandre Soljenitsyne, la révolution russe et le massacre de la Vendée. L'horreur révolutionnaire en soi-même d'un siècle l'autre. Du XVIIIe au XXe. Nous avons entrepris dimanche dernier la publication de ce récit qui s'étendra aux jours suivants. En remerciant Dominique Souchet et la N.R.U. de nous l'avoir donné.  LFAR 

    Le récit

    GÉNÉALOGIE DE LA TERREUR

    Aux yeux de Soljenitsyne, la Vendée, comme laboratoire de la première Terreur idéologique, a incontestablement un caractère matriciel. Pour lui, les deux Terreurs s'emboîtent. 

    Lénine sera hanté par la nécessité d'éviter à tout prix Thermidor — d'où la suppression de toute assemblée, au profit d'un organe au fonctionnement secret, le parti. Et par la nécessité de susciter sans cesse de nouvelles Vendées, pour alimenter en continu le processus révolutionnaire et entretenir l'indispensable surenchère. Dès 1905, il a reconnu dans « les Vendéens » les adversaires les plus redouta­bles de l'idée révolutionnaire. Soljenitsyne le souligne aux Lucs : Thermidor fut la chance de la France, en empêchant le régime terroriste de déployer ses conséquences dans le temps long, en privant le moment Robespierre de la possibilité de se pérenniser en système durable.

    Pourtant, s'exclame Soljenitsyne, « l'expérience de da Révolution française aurait dû suffire. » Mais non, l'horreur de la Terreur jacobine n'a pas suffi à dissuader les repreneurs : « Nos organisateurs rationa­listes du "bonheur du peuple" »,comme il les définit, vont en déployer les déclinaisons « à une échelle incomparable. »

    À partir de cette même expérience vécue par les Vendéens et par les Russes, Soljenitsyne en vient à définir le processus révolu­tionnaire lui-même, qu'il caractérise comme intrinsèquement des­tructeur : « Jamais, à aucun pays, lance-t-il aux Lucs, je ne pourrais souhaiter de "grande révolution". Il veut dire qu'il n'y a pas de « grande » révolution.

    Au terme du XXe siècle — « de part en part un siècle de terreur » on peut faire le bilan, et il est temps de le faire. Il est temps, dit-il, d'arracher à la Révolution «l'auréole romantique » dont l'avaient parée les Lumières et les artisans autoproclamés du « bonheur du peuple » au XVIIIe siècle. Il est temps de traiter lucidement de la question des origines des régimes terroristes : la Terreur du XXe siècle est l'accom­plissement, « l'effroyable couronnement, dit Soljenitsyne — ce sont les der­niers mots de son discours —, de ce Progrès auquel on avait tant rêvé au XVIIIe siècle » et qui a débouché sur les charniers de l'avenir radieux et la liquidation de ceux qui ont refusé de devenir des « hommes nouveaux ».

    C'est une véritable description clinique de la désarticulation des sociétés par le processus révolutionnaire, que Soljenitsyne effectue aux Lucs : « Les hommes ont fini par se convaincre, à partir de leurs propres malheurs, que les révolutions détruisent le caractère organique de la société et qu'elles ruinent le cours naturel de la vie... Toute révolution déchaîne chez les hommes les instincts de la plus élémentaire barbarie, les forces opaques de l'envie, de la rapacité et de la haine... »

    Mais les malheurs générateurs de lucidité s'oublient. L'aspiration utopique demeure comme une tentation sans cesse renaissante. La Révolution, sous quelque avatar que ce soit, est toujours prête à prendre la place du souci du bien commun. Alors quels garde-fous Soljenitsyne propose-t-il ? Il préconise, aux Lucs, un double contre­poison.

    D'une part, il ne faut pas cesser, il ne faut jamais cesser de regarder la réalité de la Révolution, là où elle a sévi, comment elle a effective­ment fonctionné, comment elle a broyé les hommes et les sociétés. C'est ce que fait aujourd'hui la Vendée, constate-t-il. Il vient le ratifier en espérant que la Russie sera capable demain d'en faire autant.

    D'autre part, il faut mettre en œuvre ce qu'il appelle « un déve­loppement évolutif normal » de la société. Au processus infernal de la « Roue rouge », il oppose une ligne empreinte de sagesse. Une ligne qu'il proposera à la Douma un an plus tard, pour permettre à la Russie de sortir de « 70 ans d'extermination spirituelle » : « Il faut savoir, dit-il aux Lucs avec beaucoup d'humilité et de modestie, améliorer avec patience ce que nous offre chaque "aujourd'hui". »

    Soljenitsyne est stupéfait par cette « révérence » persistante à l'égard de la Révolution qu'il observe avec consternation au sein de l'élite française. Elle crée chez lui un véritable malaise. Pourquoi, demande-t-il, règne-t-elle toujours en maître dans l'intelligentsia et les médias, alors que les travaux des historiens ont mis à nu les mécanismes de l'extermination ? Pourquoi, s'étonne-t-il, l'écrivez-vous toujours, cette Révolution, avec une majuscule, ainsi d'ailleurs que la Terreur ? Il aurait certainement approuvé les propos tenus à l'Ices lors de la Nuit de l'Histoire par Stéphane Courtois, montrant à quel point la France demeurait le conservatoire, non seulement du communisme, mais de l'idée révolutionnaire.

    2242478359.jpgLors de son passage à Paris, Soljenitsyne, invité à l'émission Apostrophes, a été profondément choqué que Bernard Pivot tente de le dissuader de se rendre en Vendée. Outré que l'on ne comprenne pas l'importance qu'il attache au geste qu'il vient y accomplir, il répond avec vigueur devant les caméras : «Je n'ai pas eu le moindre doute, la moindre hésitation quand j'ai reçu l'invitation à me rendre en Vendée. Au contraire, j'ai estimé que c'était un honneur pour moi. » Fermez le ban.

    Pour lui, le sens de sa venue est clair et non dissimulé. Il se rend dans un lieu-origine, un lieu-source. Il vient saluer une terre de résis­tance. Il vient rendre hommage, sur les lieux mêmes où il a surgi, à ce « premier sursaut de liberté »,qui fit que la Terreur, la première terreur idéologique, ne put l'emporter impunément, longuement, définitivement. Et il écrira plus tard : « Je mesure à présent combien mon projet de voyage en Vendée était exaspérant pour les cercles français de gauche, si aveugle est leur admiration, encore aujourd’hui, pour leur cruelle révolution. » Un cercle, en réalité, plus large encore qu'il ne le pensait...    

    A suivre, demain jeudi.

    Lire les articles précédents ... 

    Soljenitsyne, le Vendéen [1]

    Soljenitsyne, le Vendéen [2]

    Soljenitsyne, le Vendéen [3]

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  • Perles de Culture n°176 : Dans l’intimité de l’impératrice Zita

  • SORTIE PROCHAINE DU N°49 (été 2018) DE LA REVUE "SYNTHÈSE NATIONALE"

    1691809348.jpgAU SOMMAIRE DU N°49 (été 2018) :

    P 2 : ÉDITORIAL  Roland Hélie

    P 4 :  SORTIR DE L’EUROPE ? Arnaud Menu

    P 6 : LA DÉSINFORMATION PAR LE DÉTAIL Bernard Plouvier

    P 11: AFFAIBLIR LES MÉDIAS AUX ORDRES 

    P 15 : LEXIQUE ANTI-SUBVERSIF Éric Delcroix

    P 22 :  QUE DEVIENT SERGE AYOUB ? Rencontre avec Basile Tomé

    P 28 : ENTRETIEN AVEC VINCENT VAUCLIN (DISSIDENCE FRANÇAISE)

    P 33 : LA CHRONIQUE BARBARE Philippe Randa

    P 35 : NON AUX ÉOLIENNES Aristide Leucate

    P 38 : L’AVENIR INCERTAIN DES BLANCS SUD-AFRICAINS Jean-Claude Rolinat

    P 44 : ERDOGAN VOILÀ UN ENNEMI Jean-François Touzé

    P 48 : IL Y A 30 ANS : DÉCÈS DE ROMUALDI ET D’ALMIRANTE Massimo Magliaro

    P 52 : UN TRAIN PEUT EN CACHER UN AUTRE Charles-Henri d’Elloy

    P 58 : UN GRAND ENTRETIEN AVEC JEAN-PIERRE COUSTEAU Clothaire de La Rue

    P 72 : LES PAGES DU MARQUIS Jean-Paul Chayrigues de Olmetta

    P 75 : LES EXPOS VISITÉES PAR Scipion de Salm

    P 80 : REÇUS, LUS ET APPRÉCIÉS 

    P 82 : LES PAGES LITTÉRAIRES Georges Feltin-Tracol, Daniel Cologne

    P 93 : LA VIE DE SYNTHÈSE NATIONALE Activités de l’association

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  • Vidéo • Hilaire de Crémiers commente le numéro d'été de Politique Magazine et ... l'actualité

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    En quelques mots, voici la présentation du numéro d'été de Politique magazine [juillet-août] par Hilaire de Crémiers, directeur de la rédaction. 

    Sommaire 

    Éditorial - La com' du président par Hilaire de Crémiers 

    Actualité - Divergences par Hilaire de Crémiers 

    Fausse querelle : Wauquiez / Calmels par Yves Morel 

    Retour au réel national par Mathieu Épinay 

    Tout est à vendre… car tout s’achète ! par François Reloujac 

    Dossier 

    Une prétendue loi  de confiance  dans l’information par Philippe Mesnard

    Objectivité subjective. Entretien avec Guillaume Roquette 

    Vérité et liberté par Jacques Trémolet de Villers 

    La République et sa courte honte par Christian Tarente 

    « Je fais le pari de l’intelligence ». Entretien avec Madame Emmanuelle Ménard

     L’État et le monopole de la vérité par Philippe Mesnard 

    Monde

    Improbable Europe, dans la tempête financière qui s’annonce par Olivier Pichon

    La dérive des continents par Georges-Henri Soutou 

    Un nouveau Biafra au Nigeria ?  par Frédéric de Natal 

    Quel avenir pour la Turquie  ?  par Thomas Flichy de la Neuville 

    Libre propos 

    Honte aux Français ! par Bernard Leconte 

    Civilisation 

    Chronique littéraire de Michel Bouvier 

    Livres par Ch.T., H.dC., Cl. W., A.B., L.dC, BS.C., M.G. 

    Théâtre par Madeleine Gautier et B.-S. Chambon 

    Musique par Damien Top 

    Histoire Des rois en leurs palais par Anne Bernet 

    La Chronique de Claude Wallaert 

    Ont collaboré à ce numéro : Olivier Pichon, Bernard Leconte, Damien Top, Frédéric de Natal, Philippe Mesnard, Thomas Flichy de la Neuville

    Pour s’abonner ICI

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  • Ils plient mais sont loin d’avoir rompu, par Jean-David Cattin

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    Certains aiment à croire que la « droite » aurait gagné la « bataille des idées ». Peut-être… mais elle n’a certainement pas gagné la guerre. Du moins pas encore. Certes, les victoires des « populistes » se succèdent sur le plan électoral dans toute l’Europe, les succès de librairie d’auteurs incorrects se multiplient, à la télévision quelques journalistes et chroniqueurs ont réussi depuis plusieurs années à faire entendre une voix discordante (1). Mieux, les journaux qui font leur une sur les méfaits de l’immigration et de l’islamisation connaissent un succès envié par beaucoup de titres de la presse historique.

    Mais, dans cette lutte pour l’opinion publique, la gauche rend coup pour coup et est loin de laisser échapper son hégémonie. Ainsi, a-t-on vu récemment Éric Zemmour perdre son passage bihebdomadaire « On n’est pas forcément d’accord » sur RTL, après avoir déjà perdu son « Z comme Zemmour » quotidien. Sur le terrain électoral, le Rassemblement National a lui droit à un traitement de choc en se voyant confisquer 2 millions d’euros par des magistrats politisés. Sur le terrain militant, le mouvement identitaire se fait interdire ses manifestations par des préfets sous des motifs fallacieux, une répression qui s’ajoute à une censure quasi-totale sur les réseaux sociaux. Pour faire bonne mesure, les activistes sont frappés d’amendes à faire pâlir bien des malfrats endurcis.

    À cela s’ajoute une omniprésence des idées « progressistes » et politiquement correctes dans les nouveaux médias dont l’audience est loin d’être ridicule et qui influencent bien au-delà des cercles militants. Ainsi Brut, le Huffpost, Konbini ou Vice (pour ne citer qu’eux) bénéficient d’une exposition majeure notamment auprès des jeunes générations grâce à leur maîtrise des outils de communication modernes. Il y a quelques années encore, elles accusaient pourtant un sérieux retard dans ce domaine. Preuve de leur résilience malgré le choc de la réalité migratoire, des attentats et d’une insécurité de moins en moins supportée. Le succès de la réinformation est réel et durable mais ne doit pas occulter ces évolutions récentes.

    De leur côté, les écoles de journalisme continuent de fournir des bataillons de diplômés politisés rompus au combat des idées. Bien plus subtils qu’une grossière propagande d’État, leur traitement et tri orientés de l’information, leurs investigations à sens unique et leurs représentations malhonnêtes de la réalité donnent aux idées de gauche un poids considérable dans la bataille pour l’opinion publique. En décalage total avec leur représentation électorale, ils continuent pourtant de fournir la partition aux élites dirigeantes et aux donneurs de leçons des centres urbains certains de leur supériorité morale face à la masse ignorante.

    La guerre est donc loin d’être gagnée, d’ailleurs ce n’est pas ainsi qu’il faut le voir. Il y aura toujours des batailles à mener. Des moyens de communication originaux font leur apparition et des nouveaux acteurs rentrent dans la danse, comme les Qataris d’Al-Jazeera avec leur relais d’influence « AJ+ » et son quart de million d’abonnés sur Facebook. Les lauriers de la bataille des idées et de l’information ne sont jamais acquis et il faut veiller à ne jamais s’endormir dessus. Il faut développer des outils percutants qui ne touchent pas que les convaincus, être à l’affût des nouvelles méthodes de communication et ne négliger aucun canal. Et s’il nous arrive d’être en retard ou de perdre une bataille, toujours remettre l’ouvrage sur le métier.

    (1) Au point que certains médias de gauche comme les Inrocks font désormais la promotion de l’interdiction des talk-shows qui feraient la part trop belle aux opinions qui les dérangent.

    Jean-David Cattin

    Texte repris du site deLes Identitaires

    https://fr.novopress.info/211611/ils-plient-mais-sont-loin-davoir-rompu-par-jean-david-cattin/

  • Jean-Jacques Goldman, cet artiste au-dessus de la mêlée …

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    Sache que je… a chanté Jean-Jacques Goldman.

    Sachez que je…

    Sachez que j’aurais voulu écrire un livre sur Jean-Jacques Goldman.

    On m’objecte que ce serait inutile, qu’il y en a déjà beaucoup et qu’une nouvelle biographie n’apporterait rien.

    Mais je n’aurais pas désiré écrire une biographie de plus. Il se tait, il fuit les médias et jamais on n’aurait pu espérer de sa part une quelconque validation de ce que quelques intrépides ou imprudents auraient cru devoir raconter sur lui.

    J’aurais seulement cherché à faire comprendre pourquoi depuis tant d’années un lien intime me relie à lui. Aussi bien au chanteur et au compositeur qu’à l’homme, surtout à l’homme.

    J’aurais tenté de dissiper les ombres malveillantes et les procès injustes, les analyses idiotes et les interprétations fausses.

    Par exemple le reproche qui lui a été fait de fuir la France pour des motifs fiscaux alors qu’il a été le seul artiste à se déclarer fier et heureux de payer beaucoup d’impôts.

    Aussi la polémique absurde au sujet de la superbe confrontation entre jeunesse et maturité composée pour les Restos du coeur : Toute la vie.

    Jean-Jacques Goldman a trop de classe pour un monde trop grossier. On ne le verra jamais se mêler aux démagogies et troupeaux d’aujourd’hui. En l’approuvant, j’aurais pu risquer une élucidation.

    J’aurais essayé de démontrer pourquoi cette personnalité est unique car jamais, dans son parcours, celui du professionnel comme celui de l’être privé, il n’a été responsable, coupable de la moindre vulgarité, de la plus petite bêtise.

    Il est resté honorablement à l’abri de toute intrusion, de tout narcissisme et il a su même échapper à cette forme étrange de modestie tellement ostensible et revendiquée qu’elle ressemble presque à de la vanité.

    Je me serais efforcé de montrer le caractère singulier de son aura qui n’est pas celle des politiques au plus haut quand ils se taisent ou disparaissent mais consacre une admiration pour une exemplarité aussi présente et obsédante que si elle continuait de s’offrir dans l’éclat médiatique et artistique .Absent, par contraste il rayonne.

    J’aurais pris la peine de rendre hommage à cette incarnation d’un élitisme populaire qui a su recueillir les suffrages d’un immense public sans jamais mépriser ce dernier.

    J’aurais évidemment choisi mon « Goldman » en espérant que mon empathie pourrait correspondre à celle de beaucoup d’autres.

    J’aurais rêvé de démêler des mystères et de formuler des hypothèses, mais sans présomption ni arrogance, j’aurais veillé à le traiter avec autant de délicatesse qu’il le mérite, j’aurais dévoilé sans fard les ressorts qui l’ont constitué comme « l’idole du vieux » en ne me dissimulant pas ce que le terme d’idole doit avoir d’indécent pour lui.

    J’aurais été prêt, pour le rencontrer et le questionner, à l’impossible. Mais mes efforts sont demeurés infructueux.

    Regret évidemment mais cette déception est tellement reliée à ce qu’on aime passionnément chez lui qu’on lui pardonne.

    J’aurais imaginé un livre sur lui parce qu’on n’a pas le droit de laisser ses élans et ses admirations sur le pas de la porte.

    Sachez que je…

    Extrait de : Justice au Singulier

    Philippe Bilger

    http://www.bvoltaire.fr/jean-jacques-goldman-cet-artiste-au-dessus-de-la-melee/

  • Soljenitsyne, le Vendéen [3]

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    par Dominique Souchet

    Comment commémorer plus dignement qu'il n'a été fait à ce jour le centenaire du grand Soljenitsyne ? Et comment évoquer en même temps  l'écrasement de la Vendée par la fureur révolutionnaire autrement que par les indignations faciles et les formules toutes faites cent fois répétées ? Le superbe récit des relations entre Alexandre Soljenitsyne et la Vendée de Dominique Souchet que le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle vient de publier répond à ce souci de façon passionnante. On a là un récit précis mais aussi une réflexion à l'altitude qui convient pour évoquer en les reliant Alexandre Soljenitsyne, la révolution russe et le massacre de la Vendée. L'horreur révolutionnaire en soi-même d'un siècle l'autre. Du XVIIIe au XXe. Nous avons entrepris dimanche dernier la publication de ce récit qui s'étendra aux jours suivants. En remerciant Dominique Souchet et la N.R.U. de nous l'avoir donné.  LFAR  

    Le récit

    LA VENDÉE... FAMILIÈRE DEPUIS L'ENFANCE

    En réalité, l'intérêt de Soljenitsyne pour la Vendée et son histoire est ancien. Très ancien même, puisqu'il remonte à son enfance.

    C'est sa mère qui, à Rostov-sur-le-Don, lui a donné le goût de la lecture dès l'âge de huit ans, comme il le révélera dans son discours des Lucs, « les récits évoquant le soulèvement de la Vendée, si courageux et désespéré » suscitant, dès cet âge, son « admiration ».

    Soljenitsyne est frappé très tôt par la ressemblance entre les soulèvements paysans vendéen et russe contre le « régénération » que l'idéologie révolutionnaire veut imposer. Dans une lettre de 1992, par exemple, il écrit : « Pour moi, la Vendée est un symbole important : c'est l'ana­logue exact de nos deux grandes révoltes paysannes contre les bolcheviks. »

    L'analogie s'étend au déni qui affecte les deux événements. À l'occultation du soulèvement vendéen en France correspond celle qui frappe les soulèvements de populations rurales entières dans la Russie des années 1920. En Russie aussi, il y eut une résistance populaire. Une résistance paysanne qui fut, elle aussi, ardente et finalement vaincue. Et Soljenitsyne enrage qu'elle soit pareillement méconnue et occultée en Occident.

    Il confie son exaspération au magazine Le Point qui l'a consacré « homme de l'année » en 1975 : « Vous ignorez et tout le monde ignore, ce qu'a été la résistance des peuples russe et ukrainien. J'écrirai cela. Parce que l'Occident n'a jamais su et ne sait toujours pas : des horizons entiers de paysans armés de fourches, avançant par milliers contre des mitrailleuses. Des entassements de morts, partout. En fait, nous avons été décimés. Le mystère n'est pas dans notre affaissement. Il est dans notre résistance. »

    3650118671.11.pngC'est après son passage en Vendée, une fois rentré en Russie et après être allé sur place interroger les descendants des survivants, qu'il réalisera son projet. Il consacre un livre entier, Ego, publié en 1995 — ce sera sa première publication en Russie après son retour —, à l'insurrection paysanne de la région de Tambov en 1920-21, dont le Charette s'appelle Alexandre Antonov. (Photo ci-contre). Un récit particulièrement intense. À trois reprises y surgit l'interrogation : est-ce une nouvelle Vendée ? Et Soljenitsyne conclut : oui, c'est incontestablement une Vendée russe », la plus emblématique peut-être. À une exception près : l'attitude du clergé orthodoxe, dont il déplore la passivité générale, contrastant avec le courage général du clergé catholique qu'il relève en Vendée.

    Alexandre Soljenitsyne s'est explicitement et longuement référé dans son discours des Lucs au soulèvement de Tambov : « Nous pouvons en être fiers en notre âme et conscience, nous avons eu notre Vendée, et même plus d'une. Ce sont les grands soulèvements paysans, celui de Tambov, en 1920-21, de la Sibérie occidentale en 1921. » Il anticipe alors sur le récit qu'il fera dans Ego : « Un épisode bien connu : des foules de paysans en chaussures de tille (écorce de tilleul), armés de bâtons et de fourches, ont marché sur Tambov, au son des cloches des églises avoisinantes, pour être fauchées par les mitrailleuses.

    2509440407.jpgLe soulèvement de Tambov s'est prolongé pendant onze mois, bien que les communistes, pour le réprimer, aient employé des chars d'assaut, des trains blindés, des avions, bien qu'ils aient pris en otages les familles des révoltés et qu'ils fussent à deux doigts d'employer des gaz toxiques. Nous avons connu aussi une résistance farouche chez les Cosaques du Don... (Photo ci-contre) étouffée dans des torrents de sang, un véritable génocide. » Nous retrouvons ici le parallèle entre le Don et la Vendée, magnifié par Marina Tsvetaieva.

    On voit bien que pour Soljenitsyne, ces soulèvements paysans et cosaques ne sont nullement anecdotiques et que pour lui, ils constituent au contraire une grande page de l'histoire russe et de l'histoire tout court. Il en va de même, à ses yeux, pour la Vendée. Sa venue, il la conçoit comme devant être pour le plus grand nombre possible de Français, un révélateur : « Aujourd'hui, je le pense — c'est ainsi qu'il conclue son grand discours des Lucs — les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire, la résistance et le sacrifice de la Vendée. »

    3278650961.2.jpgLa question du parallèle entre les deux Révolutions et les deux résistances qu'incarnent la Vendée française et les Vendées russes ne cesse de l'habiter. Il avait même rédigé, en 1984, une étude intituléeLes deux Révolutions dans laquelle il souligne les « ressemblances déter­minantes » entre les deux Terreurs, leur « ampleur et leur caractère inhumain » et entre les méthodes d'abomination utilisées pour réduire les deux résistances paysannes, la vendéenne et la russe. (Photo ci-contre : les noyades de Nantes). ) Un point qu'il reprendra et développera aux Lucs : « De nombreux procédés cruels de la Révolution française ont été docilement réappliqués sur le corps de la Russie par les communistes léniniens et par les socialistes internationalistes ; seuls leur degré d'organisation et leur caractère systé­matique ont largement dépassé ceux des Jacobins. »  

    A suivre, demain mercredi.

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    Soljenitsyne, le Vendéen [1]

    Soljenitsyne, le Vendéen [2]

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