culture et histoire - Page 874
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Vendredi 23 mars : soirée Livr'arbitres
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LYON : LE CERCLE DE FLORE REÇOIT JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS
Le Cercle de Flore de Lyon vous invite à son prochain rendez-vous le jeudi 15 mars 2018, un: dîner/conférence avec Jacques Trémolet de Villers :"La Corse, cheval de Troie européiste ou chemin vers le Royaume ?"
Accueil 19h45 - Dîner et conférence à 20h15 heures
Inscription obligatoire avant le lundi 12 mars 23h00 :
https://www.weezevent.com/la-corse-cheval-de-troie-de-l-eur…
Adresse communiquée après inscription et règlement
Restaurant dans Lyon Presqu'île -
Simone Weil et l'Enracinement : un trésor politique pour les "temps de crise"
Déjà presque au terme de sa vie, une jeune philosophe, rebelle, mystique, révolutionnaire, syndicaliste, adresse à Albert Camus le manuscrit qu'elle rédigea à Londres en 1942-43. Après l'avoir lu, Albert Camus lance : “Il me paraît impossible d’imaginer pour l’Europe une renaissance qui ne tienne pas compte des exigences que Simone Weil a définies dans L’Enracinement.” Ce merveilleux texte, rien de moins qu'un "Prélude à une Déclaration des obligations envers l'être humain", écrit au coeur de l’effondrement de l'Europe du 20ème siècle, peut être considéré comme le « testament spirituel et politique » de Simone Weil, légué aux générations futures pour une pensée exigeante en « temps de crises ». En proposant une civilisation des « besoins de l’âme », en opposant à la civilisation des droits de l’homme celle des "obligations envers les êtres humains", elle définit l'enracinement comme "le besoin de le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine." Contre le scientisme, postulat de tous les mondialismes brun, rouge ou libre-échangiste, renvoyant dos à dos les "croyants" en la Science et au Progrès divinisés et les nostalgiques du passé, Simone Weil, comme plus tard son ami Gustave Thibon, nous propose de nous élever au-delà du temps, dans la merveilleuse continuité des générations, des traditions vivantes, dans l'amour de la racine qui se prolonge dans la fleur : "La perte du passé, collective ou individuelle, est la plus grande tragédie humaine et nous avons jeté le nôtre comme un enfant déchire une rose...""Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir."Pour Simone Weil, l’objet de la vie publique, la responsabilité des hommes politiques, des classes dirigeantes en particulier, est de "prendre toutes les dispositions susceptibles d’amener dans la plus grande mesure possible le pouvoir sous toutes ses formes, sans exception, aux mains de ceux qui acceptent en fait d’être liés par l’obligation universelle envers tous les êtres humains.“ A l'heure de la pulvérisation de toutes les limites, de la science - économique, naturelle - "sans conscience", de la mondialisation de tout et du déracinement généralisé, l'oeuvre de Simone Weil apparaît comme une lueur étincelante d'espoir pour tous ceux qui n'ont pas renoncé à "changer le monde", ceux qui n'ont pas sombré dans le fatalisme au nom d'un prétendu "sens de l'Histoire"... L'Enracinement est, comme l'affirme Camus, l'unique voie d'une renaissance, en 2014 comme en 1944, pour la France et pour la civilisation européenne, le seul programme authentiquement révolutionnaire dans un monde qui cherche sa boussole."L'argent détruit les racines partout où il pénètre, en remplaçant tous les mobiles par le désir de gagner." (Ext p.34-35)"L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.Les échanges d'influences entre milieux très différents ne sont pas moins indispensables que l'enracinement dans l'entourage naturel. Mais un milieu déterminé doit recevoir une influence extérieure non pas comme un apport, mais comme un stimulant qui rende sa vie propre plus intense. Il ne doit se nourrir des apports extérieurs qu'après les avoir digérés, et les individus qui le composent ne doivent les recevoir qu'à travers lui. Quand un peintre de réelle valeur va dans un musée, son originalité en est confirmée. Il doit en être de même pour les diverses populations du globe terrestre et les différents milieux sociaux.Il y a déracinement toutes les fois qu'il y a conquête militaire, et en ce sens la conquête est presque toujours un mal. Le déracinement est au minimum quand les conquérants sont des migrateurs qui s'installent dans le pays conquis, se mélangent à la population et prennent racine eux-mêmes. Tel fut le cas des Hellènes en Grèce, des Celtes en Gaule, des Maures en Espagne. Mais quand le conquérant reste étranger au territoire dont il est devenu possesseur, le déracinement est une maladie presque mortelle pour les populations soumises. Il atteint le degré le plus aigu quand il y a déportations massives, comme dans l'Europe occupée par l'Allemagne ou dans la boucle du Niger, ou quand il y a suppression brutale de toutes les traditions locales, comme dans les possessions françaises d'Océanie (s'il faut croire Gauguin et Alain Gerbault).
Même sans conquête militaire, le pouvoir de l'argent et la domination économique peuvent imposer une influence étrangère au point de provoquer la maladie du déracinement.
Enfin les relations sociales à l'intérieur d'un même pays peuvent être des facteurs très dangereux de déracinement. Dans nos contrées, de nos jours, la conquête mise à part, il y a deux poisons qui propagent cette maladie. L'un est l'argent. L'argent détruit les racines partout où il pénètre, en remplaçant tous les mobiles par le désir de gagner. Il l'emporte sans peine sur les autres mobiles parce qu'il demande un effort d'attention tellement moins grand. Rien n'est si clair et si simple qu'un chiffre."
"Ce n'est pas l'adolescent abandonné, misérable vagabond, à l'âme affamée, qu'il est juste d'accuser, mais ceux qui lui ont donné à manger du mensonge" (à propos du jeune Hitler, Ext p.156 à 160)
"On doute de tout en France, on ne respecte rien, il a des gens qui méprisent la religion, la patrie, l’État, les tribunaux, la propriété, l'art, enfin toutes choses ; mais leur mépris s'arrête devant la science. Le scientisme le plus grossier n'a pas d'adeptes plus fervents que les anarchistes. Le Dantec est leur grand homme. Les « bandits tragiques » de Bonnot y puisaient leur inspiration, et celui d'entre eux qui était plus que les autres un héros aux yeux de ses camarades était surnommé « Raymond la Science ». À l'autre pôle, on rencontre des prêtres ou des religieux pris par la vie religieuse au point de mépriser toutes les valeurs profanes, mais leur mépris s'arrête devant la science. Dans toutes les polémiques où la religion et la science semblent être en conflit, il y a du côté de l'Église une infériorité intellectuelle presque comique, car elle est due, non à la force des arguments adverses, généralement très médiocres, mais uniquement à un complexe d'infériorité.
Par rapport au prestige de la science il n'y a pas aujourd'hui d'incroyants. Cela confère aux savants, et aussi aux philosophes et écrivains en tant qu'ils écrivent sur la science, une responsabilité égale à celle qu'avaient les prêtres du XIIIe siècle. Les uns et les autres sont des êtres humains que la société nourrit pour qu'ils aient le loisir, de chercher, de trouver et de communiquer ce que c'est que la vérité. Au XXe siècle comme au XIIIe, le pain dépensé à cet effet est probablement, par malheur, du pain gaspillé, ou peut-être pire.
L'Église du XIIIe siècle avait le Christ ; mais elle avait l'Inquisition. La science du XXe siècle n'a pas d'Inquisition ; mais elle n'a pas non plus le Christ, ni rien d'équivalent.
La charge assumée aujourd'hui par les savants et par tous ceux qui écrivent autour de la science est d'un poids tel qu'eux aussi, comme les historiens et même davantage, sont peut-être plus coupables des crimes d'Hitler qu'Hitler lui-même.
C'est ce qui apparaît dans un passage de Mein Kampf : « L'homme ne doit jamais tomber dans l'erreur de croire qu'il est seigneur et maître de la nature... Il sentira dès lors que dans un monde où les planètes et les soleils suivent des trajectoires circulaires, où des lunes tournent autour des planètes, où la force règne partout et seule en maîtresse de la faiblesse, qu'elle contraint à la servir docilement ou qu'elle brise, l'homme ne peut pas relever de lois spéciales. »
Ces lignes expriment d'une manière irréprochable la seule conclusion qu'on puisse raisonnablement tirer de la conception du monde enfermée dans notre science. La vie entière d'Hitler n'est que la mise en œuvre de cette conclusion. Qui peut lui reprocher d'avoir mis en œuvre ce qu'il a cru reconnaître pour vrai ? Ceux qui, portant en eux les fondements de la même croyance, n'en ont pas pris conscience et ne l'ont pas traduite en actes, n'ont échappé au crime que faute de posséder une certaine espèce de courage qui est en lui.
Encore une fois, ce n'est pas l'adolescent abandonné, misérable vagabond, à l'âme affamée, qu'il est juste d'accuser, mais ceux qui lui ont donné à manger du mensonge. Et ceux qui lui ont donné à manger du mensonge, c'étaient nos aînés, à qui nous sommes semblables.
Dans la catastrophe de notre temps, les bourreaux et les victimes sont, les uns et les autres, avant tout les porteurs involontaires d'un témoignage sur l'atroce misère au fond de laquelle nous gisons.
Pour avoir le droit de punir les coupables, il faudrait d'abord nous purifier de leur crime, contenu sous toutes sortes de déguisements dans notre propre âme. Mais si nous réussissons cette opération, une fois qu'elle sera accomplie nous n'aurons plus aucun désir de punir, et si nous croyons être obligés de le faire, nous le ferons le moins possible et avec une extrême douleur.
Hitler a très bien vu l'absurdité de la conception du XVIIIe siècle encore en faveur aujourd'hui, et qui d'ailleurs a déjà sa racine dans Descartes. Depuis deux ou trois siècles on croit à la fois que la force est maîtresse unique de tous les phénomènes de la nature, et que les hommes peuvent et doivent fonder sur la justice, reconnue au moyen de la raison, leurs relations mutuelles. C'est une absurdité criante. Il n'est pas concevable que tout dans l'univers soit absolument soumis à l'empire de la force et que l'homme puisse y être soustrait, alors qu'il est fait de chair et de sang et que sa pensée vagabonde au gré des impressions sensibles." "La charge assumée aujourd'hui par les savants et par tous ceux qui écrivent autour de la science est d'un poids tel qu'eux aussi, comme les historiens et même davantage, sont peut-être plus coupables des crimes d'Hitler qu'Hitler lui-même."
Il n'y a qu'un choix à faire. Ou il faut apercevoir à l'œuvre dans l'univers, à côté de la force, un principe autre qu'elle, ou il faut reconnaître la force comme maîtresse unique et souveraine des relations humaines aussi.
Dans le premier cas, on se met en opposition radicale avec la science moderne telle qu'elle a été fondée par Galilée, Descartes et plusieurs autres, poursuivie au XVIIIe siècle, notamment par Newton, au XIXe, au XXe. Dans le second, on se met en opposition radicale avec l'humanisme qui a surgi à la Renaissance, qui a triomphé en 1789, qui, sous une forme considérablement dégradée, a servi d'inspiration à toute la IIIe République.
La philosophie qui a inspiré l'esprit laïque et la politique radicale est fondée à la fois sur cette science et sur cet humanisme, qui sont, on le voit, manifestement incompatibles. On ne peut donc pas dire que la victoire d'Hitler sur la France de 1940 ait été la victoire d'un mensonge sur une vérité. Un mensonge incohérent a été vaincu par un mensonge cohérent. C'est pourquoi, en même temps que les armes, les esprits ont fléchi.
Au cours des derniers siècles, on a confusément senti la contradiction entre la science et l'humanisme, quoiqu'on n'ait jamais eu le courage intellectuel de la regarder en face. Sans l'avoir d'abord exposée aux regards, on a tenté de la résoudre. Cette improbité d'intelligence est toujours punie d'erreur.
L'utilitarisme a été le fruit d'une de ces tentatives. C'est la supposition d'un merveilleux petit mécanisme au moyen duquel la force, en entrant dans la sphère des relations humaines, devient productrice automatique de justice. Le libéralisme économique des bourgeois du XIXe siècle repose entièrement sur la croyance en un tel mécanisme. La seule restriction était que, pour avoir la propriété d'être productrice automatique de justice, la force doit avoir la forme de l'argent, à l'exclusion de tout usage soit des armes soit du pouvoir politique.
Le marxisme n'est que la croyance en un mécanisme de ce genre. Là, la force est baptisée histoire ; elle a pour forme la lutte des classes ; la justice est rejetée dans un avenir qui doit être précédé d'une espèce de catastrophe apocalyptique.
Et Hitler aussi, après son moment de courage intellectuel et de clairvoyance, est tombé dans la croyance en ce petit mécanisme. Mais il lui fallait un modèle de machine inédit. Seulement il n'a pas le goût ni la capacité de l'invention intellectuelle, en dehors de quelques éclairs d'intuition géniale. Aussi a-t-il emprunté son modèle de machine aux gens qui l'obsédaient continuellement par la répulsion qu'ils lui inspiraient. Il a simplement choisi pour machine la notion de la race élue, la race destinée à tout faire plier, et ensuite à établir parmi ses esclaves l'espèce de justice qui convient à l'esclavage.
À toutes ces conceptions en apparence diverses et au fond si semblables, il n'y a qu'un seul inconvénient, le même pour toutes. C'est que ce sont des mensonges.
La force n'est pas une machine à créer automatiquement de la justice. C'est un mécanisme aveugle dont sortent au hasard, indifféremment, les effets justes ou injustes, mais, par le jeu des probabilités, presque toujours injustes. Le cours du temps n'y fait rien ; il n'augmente pas dans le fonctionnement de ce mécanisme la proportion infime des effets par hasard conformes à la justice.
Si la force est absolument souveraine, la justice est absolument irréelle. Mais elle ne l'est pas. Nous le savons expérimentalement. Elle est réelle au fond du cœur des hommes. La structure d'un cœur humain est une réalité parmi les réalités de cet univers, au même titre que la trajectoire d'un astre.
Il n'est pas au pouvoir d'un homme d'exclure absolument toute espèce de justice des fins qu'il assigne à ses actions. Les nazis eux-mêmes ne l'ont pas pu. Si c'était possible à des hommes, eux sans doute l'auraient pu. (...)
Si la justice est ineffaçable au cœur de l'homme, elle a une réalité en ce monde. C'est la science alors qui a tort.
Non pas la science, s'il faut parler exactement, mais la science moderne. Les Grecs possédaient une science qui est le fondement de la nôtre. Elle comprenait l'arithmétique, la géométrie, l'algèbre sous une forme qui leur était propre, l'astronomie, la mécanique, la physique, la biologie. La quantité des connaissances accumulées était naturellement beaucoup moindre. Mais par le caractère scientifique, dans la signification que ce mot a pour nous, d'après les critères valables à nos yeux, cette science égalait et dépassait la nôtre. Elle était plus exacte, plus précise, plus rigoureuse. L'usage de la démonstration et celui de la méthode expérimentale étaient conçus l'un et l'autre dans une clarté parfaite. -
Samedi 24 mars : DINER ANNUEL DES AMIS DE SYNTHÈSE NATIONALE AVEC JEAN-MARIE LE PEN
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Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [XXII]
Ce qui nous ramène à l'époque de la conquête arabe ...
Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies. LFAR
2ème partie : Une révolution copernicienne
LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES
Le danger ce n'est pas que la France devienne une nation pluriraciale. Elle l'est déjà. Si l'on considère la diversité morphologique de sa population. Il est qu'elle cesse d'être française par la perte de son identité culturelle. Que l'on ne nous oppose pas l'exemple des Etats-Unis ou du Brésil. Un noir américain est culturellement un américain. Chaque Brésilien se sait et se veut brésilien. Que des jaunes ou des noirs choisissent de devenir des Français, ils nous apportent leurs qualités spécifiques. Personne ne songe à exclure de la communauté nationale les fils d'Italiens, d'Espagnols ou d'Arméniens, qui se sont intégrés. Par contre, il y a péril en la demeure quand une population se laisse submerger par une autre, culturellement inassimilable. Ce qui est le cas des musulmans. Là encore, ne généralisons pas. L'une, de nos hontes ne fut-elle pas la manière dont furent traités les harkis, assez naïfs pour croire que nous les considérions comme des Français à part entière. Il y a place, dans ce pays, polir une communauté française de confession islamique, à la condition toutefois qu'elle ne devienne pas numériquement si nombreuse qu'elle soit tentée de nous imposer sa domination, nous réduisant, comme dans les terres d'Islam, à la condition de citoyens de seconde zone.
L'effacement de la France, la perte de son identité culturelle ne sont pas inscrits dans les astres. Ils ne procèdent d'aucune fatalité. Il n'est pas nécessaire pour les prédire d'avoir reçu le don de prophétie. Ils sont prévus, programmés par les projections statistiques des démographes. Afin d'éviter les contestations, j'emprunterai la plupart des chiffres à M. Alfred Sauvy, le meilleur spécialiste français et de surcroît indiscutable « homme de gauche ».
L'hypothèse moyenne, la plus vraisemblable, retenue par les statisticiens de l'ONU établit qu'en 2100 l'Europe Occidentale, (si entre temps aucun transfert de population ne se produit) ne comptera plus que 276 millions d'habitants contre 374 actuellement. L'Afrique passera de 470 millions à près de deux milliards et demi d'habitants, très exactement deux milliards cent quatre-vingt-neuf millions.
Certes, il convient de ne pas se fier à des extrapolations toujours aléatoires. Beaucoup d'événements peuvent modifier une évolution. Ainsi le gouvernement chinois utilise les méthodes les plus violentes pour contraindre ses sujets à se contenter d'un seul enfant par ménage et comme il est nécessaire d'avoir un fils pour maintenir le culte des ancêtres, les paysans suppriment les filles premières-nées. Des contraintes administratives parfois voisines du délire bureaucratique, ainsi le contrôle, dans certaines usines de la menstruation des ouvrières, ont une efficacité toute relative. Elles peuvent même provoquer des réactions brutales, comme en Inde où Madame Gandhi fut momentanément chassée du pouvoir pour avoir lancé une campagne de stérilisation des hommes. En réalité seule l'industrialisation accompagnée d'une hausse du niveau de vie freine durablement l'évolution démographique. C'est le cas de la Corée du Sud, ou du Brésil. Cela le sera sans doute pour l'ensemble de l'Amérique latine et d'une partie du Sud-Est asiatique, Inde comprise.
Malheureusement, il est à peu près aussi sûr, que le freinage lent et parfois hasardeux que l'on constate en Asie du Sud-Est et en Amérique latine ne se manifeste pas dans le monde musulman, qui non seulement refuse toute limitation volontaire des naissances, y compris par les méthodes naturelles, mais encourage la natalité. C'est que l'Islam entend jouer de son poids démographique pour retrouver son élan conquérant. Il s'agit d'un choix délibéré chez ceux que l'on nomme, d'ailleurs de façon inexacte, « intégristes » et subi par des chefs d'Etat modérés contraints d'accepter de se plier aux exigences des extrémistes. C'est le cas du roi du Maroc, qui admet que son pays devra nourrir, en 2081, 91 millions d'habitants. Au journaliste qui lui demande s'il compte freiner cette évolution, il répond « pour l'instant, non ». Afin de permettre à une telle population de survivre, il compte irriguer six millions d'hectares. Ce qui, techniquement, paraît réalisable mais suppose d'énormes moyens financiers et une aide massive de l'Occident. Le roi a la prudence de reconnaître qu'il faudrait « commencer maintenant ». Comment le pourrait-il ? Il est englué dans la guerre du Sahara et doit faire face à la crise économique. Hassan II est trop lucide pour ignorer que l'illusion technocratique qu'il entretient ne sert qu'à masquer une fuite en avant qu'il est incapable de maîtriser.
Il est donc vraisemblable qu'en 2081 les 91 millions de marocains n'auront d'autre choix qu'entre mourir de faim et coloniser la vieille Europe. En l'an 2000« le nombre des naissances sera égal des deux côtés de la méditerranée, ressuscitant une structure démographique remontant, sans doute, avec toutes les réserves qu'un bond en arrière si considérable peut inspirer - à près de quinze siècles ». Ce qui nous ramène à l'époque de la conquête arabe.
Assurément, il serait absurde d'imaginer les cavaliers d'Allah déferlant sur l'Europe. Par un paradoxe apparent mais dont l'histoire offre bien des exemples, ce qui rend redoutable l'Islam ce n'est pas sa force mais sa faiblesse. Idéologiquement divisé, incapable de combler son retard technologique, rossé militairement par les israéliens ou les hindous chaque fois qu'il affecte de les menacer, le monde musulman, se voit réduit à servir d'enjeu, dans la confrontation soviéto-américaine. Quand il a cru trouver dans le terrorisme ou le pétrole l'arme absolue, elle s'est retournée contre lui, à la façon d'un boomerang, sans que l'Occident ait été durablement ébranlé. Des masses désespérées, prises au piège d'une histoire dont elles se sentent exclues subissent la tentation du chaos. Il a suffi de quelques gendarmes français pour empêcher l'effondrement de la monarchie saoudienne mais il a suffi aussi de quelques centaines d'hommes, résolus à sacrifier leur vie, pour qu'elle soit hors d'état de se défendre. Les émirats du Golfe exploitent férocement des armés d'immigrés, venus de tout le monde musulman, afin de pouvoir vivre dans l'oisiveté.
L'Empire d'Iran s'est écroulé d'un coup, sous la pression des miséreux, descendus des faubourgs. Empêcherons-nous longtemps la contagion ? A suivre (A venir : Les nouvelles invasions barbares 3).
Lire les articles précédents ...
Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray
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La Science des Cathédrales Gothiques - Pierre Bellenguez & Arcana
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Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [XXI]
Immigration italienne dans les années 30 (Musée national de l'histoire de l'immigration)
Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies. LFAR
2ème partie : Une révolution copernicienne
LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES
Il ne reste plus grand temps. Si, dans la prochaine décennie, les Français continuent de subir un déclin démographique, ancien et profond, qui brutalement s'accélère depuis 1974, la vieille nation sortira de la scène de l'Histoire. Ce ne sera pas sous les bravos et les hourrahs. L'événement peut être daté avec une certaine précision. Il devrait se produire vers.2050, un peu plus tôt, un peu plus tard. En tout cas, tout se sera joué en l'an 2000. Le processus deviendra irréversible. Seules des circonstances fortuites, liées à des conflits locaux ou généralisés, pour l'heure imprévisibles, allongeront ou accourciront les délais.
Nous sommes les derniers Français capables de renverser le destin. C'est une affaire de nombre. Le redressement temporaire du taux de fécondité qui a suivi la seconde guerre mondiale, s'est continué jusqu'en 1964 et n'a décliné que progressivement, jusqu'en 1974, fera sentir ses effets pendant une dizaine d'années encore. En 1982, on a commencé de fermer des classes, dans le primaire. On continue d'en ouvrir dans le secondaire. Jusqu'à la fin du siècle, à condition de commencer immédiatement, une moyenne de trois enfants par famille suffirait pour assurer la survie de la nation. Dans les décennies suivantes, compte tenu du nombre décroissant de femmes capables d'engendrer, il en faudrait quatre, puis cinq.
Objectif réalisable, étant donné la fécondité naturelle de l'espèce mais qui supposerait, pour être atteint, une dictature de fer, à la chinoise. On peut imaginer qu'un régime totalitaire imposerait, à chaque couple, d'avoir, dans les délais requis, le nombre d'enfants indispensable !! Ceux qui feraient mieux seraient richement récompensés. Les défaillants, exclus de la fonction publique et du Parti unique, accablés d'impôts, mis au ban de la société, seraient privés du bénéfice des retraites, tout en supportant la charge. Il ne leur resterait pour échapper à la vindicte publique, que la ressource de l'insémination artificielle et de la location d'utérus. Il ne s'agit encore que de politique-fiction. Pourtant le moment approche où il ne restera plus d'autre choix, en dehors de la résignation à la servitude.
Nous pouvons encore éviter le recours à un totalitarisme, qui s'accompagnerait nécessairement d'une idéologie raciste et xénophobe sans, pour autant, accepter la fatalité du déclin. Il faudrait une volonté politique. En avons-nous le désir ? Chacun semble occupé à défendre son niveau de vie, ses grands privilèges ou ses petits, ses intérêts corporatifs, son confort. Un pays qui se contente de vivre au jour le jour se rend incapable de penser à long terme.
Pourtant, selon l'expression de M. Mitterrand, « c’est une question de survie »et M. Chirac évoque le moment où l'Europe ne pourra plus résister à la poussée des peuples pauvres et nombreux. Un Français sur cinq se montre sensible à la propagande de M. Le Pen, dont ses adversaires reconnaissent qu'elle pose « les vraies questions » tout en n'apportant pas les bonnes réponses. Certes, il ne suffit pas de prendre des mesures policières et de refouler les étrangers. Il est néanmoins difficile de contester que si notre génération n'adopte pas une politique cohérente, celle qui nous suit sera acculée à choisir entre l'Apartheid et la transformation en mosquée de Notre Dame de Paris. Pour ne pas déranger le sommeil des Français, les hommes politiques leur chantent des complaintes. Le 14 Novembre 1984, après sa fameuse déclaration sur « la question de survie » le Président de la République s'est borné à approuver des mesures empruntées à l'attirail, désormais classique, des « aides financières à la famille » d'une consternante mesquinerie. Quant aux propositions de l'opposition, elles témoignent d'un manque d'imagination que les difficultés économiques ne suffisent pas à expliquer.
Les problèmes conjoints de la natalité et de l'immigration ne datent pas d'aujourd'hui. En 1911, déjà, les étrangers (en comptant les naturalisés de fraîche date) représentaient 3,3 % de la population française. Ce qui provoquait des rixes sanglantes à Marseille et dans le bassin minier du Nord, les syndicats ouvriers reprochant aux patrons de recruter à l'étranger des briseurs de grève et des travailleurs au rabais. L'opinion s'inquiétait déjà de l'insécurité dont elle tenait les immigrés pour responsables, de la charge qu'ils représentaient pour l'assistance publique, de leurs mœurs irrégulières. En 1911, précisément, Jacques Bertillon publiait un livre, « la dépopulation de la France » ; qui condamnait « la colonisation » du pays par les étrangers qui s'introduisaient librement dans notre pays.
Ces dangers, rétrospectivement, paraissent dérisoires. Les immigrés, dans l'ensemble, se sont intégrés. Les mariages mixtes l'emportaient d'ailleurs sur ceux dont deux époux étaient étrangers. Mais d'où venaient ces travailleurs, qui acceptaient les tâches les plus pénibles et les moins bien payées, dont, déjà, les Français ne voulaient plus ? Des Belges, des Allemands, des Anglais et des Suisses jusqu'au milieu du XIXème siècle, puis de plus en plus d'Italiens, d'Espagnols, de Polonais, tous gens facilement assimilables.
Le rayonnement de notre culture exerçait une véritable fascination. Devenir Français représentait une promotion sociale, ainsi qu'en témoignent Kessel ou Ikor. De fait, l'intégration provoquait en une génération, un alignement sur le mode de vie des Français de souche. La misère des premières années, qui engendrait la délinquance, la promiscuité sexuelle et les aides de l'assistance publique faisait place à une aisance relative, à la vie de famille, à la stabilité de l'emploi. L'école, publique ou privée, y contribuait pour une bonne part. Dans ma petite ville, le fils du « turc », qui vendait sa camelote en plein air, possède depuis longtemps une belle boutique, préside l'association des anciens élèves et s'est marié à une chrétienne.
Bertillon, comme Guiot, criait au loup et s'il y en avait un, du moins, ne demandait-il qu'à se transformer en chien de garde. Aujourd'hui, le loup est d'une autre espèce. Il n'a pas l'intention de se laisser domestiquer. Nos avertissements risquent cependant de n'être pas pris au sérieux. Après tout, il est facile de nous objecter que nos craintes naissent, comme celles de M. Bertillon, d'un imaginaire corrompu par un racisme inconscient. Hitler ayant déshonoré l'antisémitisme, nous n'oserions plus nous attaquer aux Juifs et nous les remplacerions par les arabes, qui après tout, sont aussi, des sémites. Quelques groupuscules d'extrême droite, qui crient « la France aux Français » justifient les dénonciations vertueuses des grandes consciences de la gauche malthusienne. S'il n'y a plus de Français, ou trop peu, il faudra bien que la France soit à d'autres. Les grandes consciences malthusiennes, à leur insu, font le lit du racisme et de la xénophobie, qui, à leur tour, les confortent dans leur aveuglement. Il y a là un cercle vicieux, une dialectique qu'il convient de briser.
Les mouvements migratoires sont aussi anciens que le genre humain. Ils constituent un facteur de progrès. Nos rois l'avaient si bien compris qu'ils encourageaient des travailleurs étrangers à venir travailler chez nous afin de nous enseigner des techniques que nous maitrisions mal. C'est ainsi que des paysans hollandais asséchèrent le marais poitevin. Qui serait assez fou pour soutenir que Madame Curie, parce que née Skodowska, n'a pas servi le prestige de la France ? D'ailleurs, les groupes humains, qu'isolèrent les conditions géographiques, sont demeurés à l'âge de pierre. A suivre (A venir : Les nouvelles invasions barbares 2).
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Une conférence exceptionnelle de Patrick Buisson à l'Action Française Paris
Conférence de Patrick Buisson, vendredi dernier en soirée au Cercle de Flore.
Au Cercle de Flore, c'est à dire à l'Action Française, dans ces locaux du 10 rue Croix-des-Petits-Champs où l'AF a vécu vaille que vaille les soixante ou soixante-dix dernières années de son histoire. Donc la moitié. Pas toujours au niveau d'intelligence politique suffisant pour peser sur les esprits et sur les événements. Toujours avec courage et fidélité. Et souvent de ces retours d'intérêt et de passion française que l'Action Française parvient régulièrement à éveiller parmi les jeunes de diverses époques. On sait que tel est le cas ces temps-ci, ce qui, par contrecoup, réveille les moins-jeunes.
Buisson sait de quoi il retourne : son père était Camelot du Roi. Il connaît la maison. Ecole de pensée et mouvement. Et il n'est pas homme à négliger les héritages. Familiaux, intellectuels et politiques. Si NKM a jamais dit une vérité, ce fut lorsqu'elle alerta bruyamment sur le fait que Buisson ne voulait pas faire gagner Sarkozy mais les idées de Charles Maurras. Si nous étions tentés d'y acquiescer, Buisson rectifierait à bon droit : Non ! Les idées de salut national.
Dans cette petite salle, l'une de celles où l'AF vit sa vie ordinaire, après une présentation à laquelle il trouvera des allures de casier judiciaire, Patrick Buisson, d'emblée, parle de grande politique, comme l'eussent fait Maurras, Bainville ou Boutang, mais avec toutes les ressources ajoutées de l'historiographie contemporaine, singulièrement enrichie au cours du demi-siècle écoulé.
D'emblée, il renvoie la République d'aujourd'hui à son origine - le populicide vendéen, la Terreur, la dictature totalitaire d'une oligarchie, le mépris du peuple - et cette origine - nécessaire, non pas contingente, fondement, non pas accident - à la République dans son incarnation présente. Car l'une et l'autre se répondent, se correspondent. Cette dialectique sans cesse activée, sans cesse appliquée à tous les aspects possibles de la question sociale et politique française, cette dialectique maintenue au long d'une conférence plutôt longue mais qui ne lasse jamais, apparaît à l'auditeur subjugué, d'une redoutable efficacité. D'un bout à l'autre de l'histoire, de l'origine à son aboutissement provisoire actuel, la République est un bloc. Sa nature est dans son origine comme dans ses avatars. Son origine détermine sa logique et la rend intelligible.
L'auditoire n'ignore rien de Patrick Buisson. L'on sait bien que cet homme qui analyse la République avec une telle sévérité, une telle radicalité, a été au cœur du pouvoir. Qu'il avait convaincu celui qui le convoitait puis l'avait emporté et le détenait, d'une stratégie de rupture et de salut. Laquelle n'a pu aboutir à cause de la faiblesse de caractère et de conviction du président de la République et sans-doute aussi à cause des pesanteurs du Système. De sa volonté de persévérer dans son être.
Après la conférence, repas à quelques-uns avec Buisson, où la conversation se prolonge. L'un des convives (le président de l'historique Union Royaliste Provençale) pose cette question : « si vous deviez conseiller les royalistes, que leur diriez-vous ? »
Réponse de Buisson : « Macron a liquidé les partis ; il entend restituer au pouvoir sa verticalité ; il construit une monarchie républicaine. Fort bien. Nous voulons mener les choses à leur terme ; nous réclamons une monarchie véritable ».
Une stratégie Buissson pour les royalistes ? Un vrai programme !