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divers - Page 195

  • Domingo, Epstein… Mon Dieu, mon Dieu, que les femmes sont bêtes…

    Donc, dans la famille spectacle, je réclame « LA » vedette, Monsieur Placido Domingo, l’homme à la voix d’or, actuellement – mais sûrement plus pour longtemps – directeur des opéras de Los Angeles et Washington
    Des dames viennent de se souvenir qu’il leur aurait téléphoné nuitamment, les aurait invitées à dîner, leur aurait posé la main sur les genoux, défroissé le jupon, peut-être pratiqué un massage lymphatique sur le mollet… 
    On ne sache pas qu’il leur ait dégraissé les cordes vocales d’un furieux coup de langue – bien que leur carrière ait été lourdement affectée par ces assauts de galanterie déplacée, disent-elles –, mais nous ne sommes qu’au début des révélations sur ce vilain satyre.
    Après les cinéastes et les acteurs, voilà maintenant les chanteurs qui arrivent dans la porcherie déjà bien garnie. 
    Ceux-là étaient trois, « Les trois ténors », à courir et couvrir le monde de leurs voix de stentors. 
    Dans le trio, le pauvre José Carreras a dû se retirer, victime d’une leucémie. 
    Le grand et gros Pavarotti est mort en 2007. 
    Certes, on pourrait aller cracher sur sa tombe et pleurer dans son grand mouchoir mais j’attends, vu sa masse, la première qui viendra se plaindre de l’avoir eu sur le ventre (qu’on me pardonne ma trivialité)… 
    Reste donc Domingo.
    Puisque nous sommes dans l’opéra, je vous suggère de glisser une oreille du côté d’Offenbach et de sa Périchole : « Mon Dieu, mon Dieu, que les hommes sont bêtes, que les hommes sont bêtes, que les hommes sont bêtes, sont bê-ê-ê-êêêê-tes… » 
    Et si ce ne sont les hommes, alors ce sont les femmes, car à ces jeux, il faut toujours bien être deux. Et les dames en question, au comble de la félicité après avoir été distinguées par le maestro, ne se sont pas rendues au rendez-vous avec une baïonnette dans le dos…
    On précisera que toutes ces malheureuses ont tenu à rester anonymes, sauf une certaine Patricia Wulf qui s’est confessée à l’Associated Press
    On est alors en 1998. « C’était du harcèlement sexuel, dit-elle. Quand un homme se tient si près de vous avec un sourire en coin et vous demande à maintes reprises si vous devez rentrer à la maison, je ne peux pas trouver d’autres conclusions que le fait qu’il voulait me mettre dans son lit. Encore plus quand il a la réputation de faire ça. Ça a affecté ma manière de me comporter avec les hommes, ma carrière dans l’opéra et le reste de ma vie. »». 
    Peut-être un peu fragile pour le métier, la dame ?
    Quant à l’affaire du milliardaire Epstein, judicieusement suicidé dans la prison de Manhattan où il attendait son procès pour « trafic sexuel de mineurs », elle croustille, semble-t-il, à un autre niveau. Changement de scène et de plateau : on quitte l’opéra pour les défilés de mode. 
    Si Domingo, lorgnant en coin, égarait de temps en temps sa main sur un genou féminin, Epstein, lui, aimait à se faire masser par d’accortes jeunes filles. 
    Il se murmure que ses « amis-complices » parisiens, pourvoyeurs de travailleuses manuelles, étaient les patrons d’agences de mannequinat ayant pignon sur rue : MC2, Karins Model et Next Models, notamment. 
    Et les jeunes filles qui se rêvent en star des podiums, hein, c’est un vivier inépuisable…
    L’une des bonnes amies de Jeffrey Epstein l’assure au Parisien : « Oui, il était très porté sur les jeunes filles et ne s’en cachait pas. Mais c’était uniquement pour des massages. Elles prenaient 200 ou 300 dollars de l’heure et c’était tout. » 
    Ce monsieur Epstein avait beaucoup d’amis qui, aujourd’hui, se souviennent à peine de l’avoir croisé, oublieux qu’« être en lien avec le multimillionnaire », proche de Clinton comme de Trump, « était un signe extérieur de réussite »
    Ce qui valait peut-être aussi pour ses masseuses candidates au mannequinat… 
    Je laisserai la conclusion à mon amie la Périchole : « Mais chut! Faut pas qu’on le dise, Chut ! » 
    Marie Delarue

    http://by-jipp.blogspot.com/2019/08/domingo-epstein-mon-dieu-mon-dieu-que.html

  • La révolution et le nationalisme en questions

    En toute vérité, le nationalisme doit être reconnu comme une idée moderne. Il s’est en effet constitué insidieusement à partir du siècle des Lumières. Concrètement, le nationalisme peut se définir comme une doctrine accouplant unité politique et unité nationale. En France, le centralisme jacobin n’a eu de cesse de travailler à l’uniformisation, au détriment des particularismes provinciaux, us et coutumes. Un simple exemple parmi une multitude : le gouvernement républicain a longtemps interdit par la force de la loi aux parents bretons de donner un prénom breton à leurs enfants. Très récemment encore, différentes affaires de ce genre ont à nouveau surgi en France (1), comme si nous étions revenus dans la deuxième partie du XXème siècle.

    Il convient en préalable de rappeler qu’à ses origines, la nation rassemble les membres d’une lignée. Par extension ou par simplification, la nation regroupe des gens aux ancêtres communs, ce qui signifie que les ascendants et les descendants ont le même sang. Toutefois, avec la victoire en France à partir de 1789 des idées révolutionnaires dans l’espace public (2), la nation a fini par désigner une collectivité, et non une communauté, regroupée autour et par un Etat. L’Etat-Nation était né. Ainsi, les révolutionnaires ont amalgamé, et non allié, sur le plan pratique leur idéologie théorique de l’Etat, de la nation, du peuple, et du peuple souverain, en éliminant les notions de patrie, pays, cité, famille. Ils ont imposé à l’Europe entière leur vision grâce aux victoires des armées républicaines et impériales, aidées dans cette entreprise de diffusion par les loges maçonniques. Il faut toujours garder à l’esprit le fait suivant : à chaque conquête d’une ville par les armées révolutionnaires, des loges étaient fondées…

    De fait, assimiler l’Etat au peuple et à la nation, tout en précisant que la souveraineté ne s’incarnerait plus dans le Roi mais dans le peuple souverain, a en définitive permis de rendre légitime le pouvoir de l’Etat républicain. Le raisonnement – fallacieux ! – exprime la position suivante : le peuple souverain ne forme qu’un, donc sa légitimité de facto lui permet de s’auto-représenter et de diriger sa propre communauté de destin. Dans cette perspective révolutionnaire et résolument moderne, la nation se conçoit également comme le produit d’une éducation nationale, laquelle devient par une logique interne une éducation de et à la nation, à la citoyenneté, d’où l’école obligatoire, le service militaire obligatoire, etc. Ce programme a vu le jour par les armes et la propagande assassine du « peuple oppressé se libérant des chaînes imposées par la tyrannie » lui donna une grande ampleur.

    Ouvrons une petite parenthèse : il est curieux et navrant, mais révélateur de l’état de confusion des idées aujourd’hui, de constater que les gens dits « de droite » défendent becs et ongles le service militaire et sa réintroduction dans la vie de la cité, quand on sait que la conscription reste une loi révolutionnaire : celle-ci a transformé l’armée de métier qui sous les Rois protégeait réellement le peuple, en une armée nationale, sous la Révolution puis la République. Précisons que c’est la levée en masse de 300 000 hommes qui marqua le départ des Guerres de Vendée… Ironie de l’histoire, les peuples de l’Ouest partirent en guerre contre la République car ils ne voulaient pas faire la guerre aux frontières (3).

    D’après leurs dires, les révolutionnaires nationalistes travaillaient au bonheur des Français, comme ils le déclamaient avec des larmes de crocodiles à la tribune et dans leurs nombreuses publications. Pour l’accomplissement de cette utopie, l’Etat devait forcément être national, centralisateur et démocratique. Pour propager l’idéal humaniste, ils proclamaient la liberté de chacun et promettaient la redistribution équitable des richesses… après avoir purgé le peuple de ses « ennemis », spoliés dans un premier temps puis efficacement éliminés dans un deuxième. A l’aune de cette explication, tout le monde comprend mieux la devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Ainsi, dans une optique d’endoctrinement politique, les révolutionnaires français ont déterminé que celui qui parlait français pouvait se considérer français, de même que celui qui adhérait à la matrice révolutionnaire devenait de factofrançais. Cela favorisait un recrutement assez aisé, en permettant au plus grand nombre de se réclamer de la « Grande Nation ». 

    Toutefois, certains ont considéré, à l’instar de Fichte, que l’appartenance à une nation reposait sur des critères objectifs. Cette appréciation entrait en totale opposition avec celle exprimée par Sieyès puis plus tard par Renan, qui voyaient la nation sous l’angle subjectif de la volonté personnelle ou collective : « je suis Français car je le veux » ou « vous êtes Français car nous le voulons  ». Fichte définissait la nation allemande par l’esprit qui caractérisait son peuple, le Volksgeist :« un peuple, c’est l’ensemble des peuples qui vivent en commun à travers les âges et se perpétuent entre eux sans adultération, physiquement et moralement, selon des lois particulières au développement du divin » (4). Nonobstant cet intéressant propos qui renvoie aux lois immuables de la nature et donc de Dieu, Fichte pensait aussi, et en cela il rejoignait les nationalistes français, que l’esprit du peuple se retrouve à la fois dans la langue et la culture communes. 

    Cependant, cette volonté de régénérer la France par la langue se heurtait au mur de l’implacable réalité. En effet, au XVIIIème siècle, cette notion linguistique recouvrait une appréciation beaucoup moins linéaire qu’il n’y paraît. En dépit des articles 110 et 111 de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts qui imposaient l'usage du français dans les documents officiels, à la veille de la Révolution, la majorité de la population française ne parlait pas le français dont usaient la cour, le Parlement de Paris, et même les Parlements locaux. De la sorte, il n’est guère surprenant de lire qu’en 1790, l’Assemblée Nationale commença par faire traduire dans toutes les langues régionales les lois et décrets, avant d’abandonner ce projet trop coûteux et également trop chronophage (5). Cela signifie sans aucun doute possible que le sentiment d’appartenance à la France - avant l’assassinat du 21 janvier 1793 qui marque la fin de la royauté - ne se manifestait pas par la pratique et la maîtrise d’une langue commune. N’oublions pas que le roi s’adressait à « ses peuples  » et non à son peuple de France. La nuance relève ici de la plus haute importance. Il y a toujours eu diversité dans notre pays. Au niveau culturel, il existait une réelle variété au sein de chacune des provinces du Royaume, et même de chaque ville et de chaque pays, comme en témoignent encore de nos jours les nombreuses fêtes médiévales qui ont perduré ou qui ressurgissent ici ou là. Là encore, les principes édictés sur la feuille blanche par une raison prisonnière de ses fantasmes se dissipent comme fumée face au réel.

    La révolution en France - mouvement très complexe et passionnant à étudier, car il est l’addition et la multiplication de nombreux facteurs (économiques, sociaux, politiques, culturels, religieux, philosophiques) - fut une bataille remportée par la bourgeoisie. Certes, le pouvoir de Louis XVI fut ébranlé par une crise économique, ou plus précisément par l’incapacité à sortir de la spirale de la dette. S’en est suivie une sérieuse crise fiscale - quels impôts ? payés par qui ? calculés et payés comment ? - venue se greffer sur deux vieux conflits politiques : l’accès aux emplois sans condition de naissance, et la participation active du Parlement de Paris à la conduite des affaires du royaume. Le Tiers-Etat et la Bourgeoisie souffraient d’être mis à l’écart, tout en se voyant refuser des postes gouvernementaux ou militaires en raison du seul critère de la naissance, et souvent au mépris des qualités réelles des postulants. De plus, le Parlement de Paris n’entendait plus être cantonné à un rôle subalterne : celui d’une simple chambre d’enregistrement.

    La bourgeoisie a toujours eu le contrôle du mouvement révolutionnaire, même si celui-ci a pris forme dans des milieux et expressions extrêmement divers, des Girondins aux Montagnards, des Enragés aux Feuillants, des Monarchiens aux Libéraux… Une fois qu’elle eut gagné la bataille politique, après de nombreuses et sanglantes péripéties, tout en stabilisant son pouvoir par la conquête des esprits (et des cœurs ?), elle a réussi à imposer son idée-phare au fils des années : la nation est un territoire déterminé avec une taille et une population suffisantes pour constituer un marché adapté aux besoins de son économie. Depuis plusieurs décennies, cette vision bassement matérielle et strictement matérialiste (6), loin d’être remise en cause, se voit en fin de compte poussée à son paroxysme : comme les marchés nationaux deviennent trop petits, ils s’entendent désormais pour œuvrer à un grand marché mondial en anéantissant les particularismes locaux et la culture locale, pour se retrouver face à des millions (milliards ?) de producteurs et consommateurs décérébrés et sans identité, achetant sans cesse des nouveaux produits - dont la plupart leur est inutile - grâce à la magie du marketing et des médias. La logique mercantile se veut imparable : plus les marchés sont grands, plus les profits seront colossaux et plus les gens s’illusionneront sur leur prétendu bonheur alors que leur vie est vide de sens…

    De fait, la grille de lecture suivante ne doit pas être complètement ignorée : la révolution en France a surtout vu l’affrontement de ceux qui voulaient la constituer en instrument de la domination bourgeoise, contre ceux qui rêvaient d’en faire un outil d’émancipation et de révolution. Rares étaient ceux voulant combiner les deux. A bien y regarder et avec le recul des années dont nous disposons, nous pouvons dire que les deux camps ont finalement gagné. La logique du marché l’emporte aujourd’hui presque tout le temps sur toutes les autres considérations (éthique, morale, beau, vrai, juste). L’esprit d’émancipation et de la tabula rasa touche pareillement et sans exclusive l’ensemble des couches de la société - pour leur plus grand malheur. Précisons que la France est l’un des pays au monde où l’on consomme le plus d’anti-dépresseurs…

    A bien y réfléchir, le nationalisme a servi d’alibi ou d’allié au capitalisme. Dès le début du XIXème siècle, la bourgeoisie avait remporté la partie en mettant hors de combat la noblesse, les cléricaux et les défenseurs authentiques du peuple. Elle a vu dans le nationalisme un outil permettant d’adapter la société agricole à la société industrielle naissante. Cette dernière, motivée par l’impératif de produire (produire plus, pour gagner plus, cela ne vous rappelle rien ?) afin d’accumuler des richesses, devait faire reposer son dessein sur deux constantes structurelles : mobilité et efficacité opérationnelle. Par conséquent, ces exigences allaient impérativement de pair avec la rationalisation de la production, comprendre organisation et division du travail. Charlie Chaplin en son temps avait démontré l’absurdité déshumanisante du travail à la chaîne, avec ses cadences imposées par le progrès de l'industrialisation (7).

    Non moins logiquement, la maîtrise d’une même langue pour se faire comprendre, et travailler le plus efficacement possible (avec comme unique objectif les meilleurs rendements possibles), relevait d’un impératif majeur. Subséquemment, imaginons une chaîne de production ou l’un parle le provençal, l’autre le breton et le dernier le picard. Le travail serait irréalisable ou en tous les cas peu efficace. C’est en ce sens qu’il faut entendre le labeur du ministère, qu’il soit « de l’Education nationale » ou « de l’Instruction publique », il reste un Miniver (8) : la société moderne reposant sur l’industrie a établi sa domination grâce à un système scolaire diffusant une culture homogène très souvent de bas niveau, et favorisant l’apprentissage d’une langue commune. 

    Aujourd’hui, ce projet se fracasse contre différents écueils : baisse dramatique du niveau scolaire en orthographe, en mathématiques, et en simple et solide bon sens, mauvaises méthodes pédagogiques, défaillance dans le recrutement et la formation des enseignants, population immigrée trop importante pour être assimilée via un creuset républicain en banqueroute, crise économique majeure masquée par les différentes politiques de relance de la Banque Centrale Européenne. 

    En définitive, le nationalisme, vu comme un phénomène politique par la majorité des acteurs et des observateurs politiques, doit être également et naturellement considéré comme un phénomène économique (voire culturel) de premier ordre. En l’étudiant très sérieusement, nous relevons que le nationalisme apparaît à un tournant historique où la société agraire s’est transformée en une société industrielle. De même, les nationalismes allemands et italiens du siècle dernier ont en particulier bâti leur succès sur cette capacité à utiliser les moyens de production pour redonner du travail aux masses laborieuses. Résultat : ils ont obtenu de réels succès… économiques !

    Ne feignons pas la stupéfaction de voir l’Etat républicain combattre l’école libre ou indépendante : il ne peut bien évidemment pas supporter de voir des jeunes enfants échapper à l’embrigadement étatique. De fait, pour assurer des cours communs à grande échelle, il faut disposer de moyens importants et d’une légitimité couplée à une autorité. Seul l’Etat combine ces deux prérogatives. Effectivement, depuis l’émergence de l’Etat-Nation, ce dernier reste la seule organisation autorisée à ses yeux pour organiser la vie de la société, étant donné que le service rendu par l’Eglise en matière d’éducation et d’unité populaire a été rejeté et combattu, sans jamais être totalement remplacé. Les différentes spoliations - reposant sur le décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation du 2 novembre 1789, la Constitution civile du Clergé du 12 juillet 1790, la Querelle des inventaires suite à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905 - ont certainement contribué à l’affaiblissement de l’Eglise dans l’espace public, voire à sa quasi-disparition que nous constatons de nos jours. 

    La destruction des corps intermédiaires a aussi participé à cette odieuse uniformisation de la société voulue par les nationalistes révolutionnaires. Citons Le Chapelier, défenseur de la loi portant son nom (promulguée le 14 juin 1791), qui a écrit : «  Il n’y a plus de corporation dans l’état ; il n’y a plus que l'intérêt particulier de chaque individu et l’intérêt général. Il n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de corporation. » Pour Karl Marx, cette loi interdisant aux ouvriers de se regrouper était un véritable « coup d’état des bourgeois » (9). La boucle était dès lors parfaitement bouclée.

    Autrefois, le roi et la religion étaient les principaux facteurs d’unité du royaume. On pouvait être sujet du roi de France, sans avoir une seule goutte de sang français : Mazarin reste à ce jour l’un des plus grands serviteurs de la Couronne alors qu’il n’était pas « français ». La Révolution a jeté tout cela aux orties. Une fois arrivés au pouvoir, les révolutionnaires comprirent très rapidement que le peuple avait besoin de cérémonies officielles pour vivre pleinement l’unité de la nation, et donc du nationalisme. 

    Dès son émergence, le nationalisme fut assimilé à une forme de religion laïque usant et abusant de rituels et de pratiques collectives singeant les cérémonies catholiques d’antan. Rappelons que la fête de l'Etre suprême, célébrée le 20 prairial an II (8 juin 1794), fut la manifestation nationaliste, mystique, morale et civique que Maximilien de Robespierre envisageait pour l'avenir, et surtout comme condition fondatrice de la paix et du bonheur. Certains l’oublient trop souvent, mais la référence à l'Etre suprême figure dans le préambule de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, pilier du système juridique, politique et social républicain : « L'Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'homme et du citoyen.  » De nos jours, le 14 juillet et l’élection présidentielle restent les représentations les plus caricaturales et outrancières de ce nationalisme révolutionnaire qui commence à craqueler de toutes parts…

    Franck ABED

    (1) Il y a quelques mois, la justice interdisait à des parents bretons de prénommer leur enfant Fañch. Récemment c’est un petit Derc'hen qui se trouve dans le même cas. L’apostrophe ne semblait pas plaire au Procureur de la République…

    (2) Espace public, par Jürgen Habermas

    (3) Nouvelle histoire des Guerres de Vendée, par Jean-Joël Brégeonet Gérard Guicheteau

    (4) Discours à la nation allemande, par Johann Gottlieb Fichte

    (5) Histoire du Français, par Jacques Leclerc

    (6) Le Mondialisme, par l’auteur de cet article

    (7) Les Temps Modernes est une comédie dramatique américaine de Charlie Chaplin, sortie en 1936. Il s'agit du dernier film muet de son auteur, et du dernier qui présente le personnage de Charlot, qui lutte pour survivre dans le monde industrialisé.

    (8) Dans le roman 1984de George Orwell, le Miniver est le Ministère de la Vérité (le nom est la contraction de la fonction ; en version originale, sous le nom de Minitrue pour Ministry of Truth).

    (9) Le Capital, par Marx et Engels

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-revolution-et-le-nationalisme-217235

  • Trois rééditions aux Bouquins de Synthèse nationale

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  • Le dessein intelligent montre l’impasse du matérialisme

    Le dessein intelligent montre l’impasse du matérialisme

    Richard Bastien, journaliste, économiste et ancien haut fonctionnaire, directeur de la Ligue catholique des droits de l’homme (Ottawa), ancien rédacteur en chef du magazine The Canadian Observer, il collabore à diverses revues américaines et canadiennes. Il vient de publier Le Crépuscule du matérialisme, sur les relations entre la foi et la science. La science peut-elle être un chemin vers Dieu ? Non, répondent des penseurs athées modernes, tels Michel Onfray, Richard Dawkins ou Yuval Noah Harari. Oui, répond ce livre, qui montre comment le monde contemporain en est venu à prétendre que science et foi chrétienne sont incompatibles, et comment le christianisme, loin d’avoir nui au développement de la pensée scientifique, l’a soutenue et encouragée. Richard Bastien appuie sa démonstration sur sa grande connaissance des intellectuels de langue anglaise, particulièrement américains, qui ont participé à la déconstruction de ce mythe de l’incompatibilité entre science et foi. Cet ouvrage reprend à son compte leur analyse : à savoir que la science ne comporte aucune vérité qui est contraire à la foi en Dieu. Seule une fausse philosophie des sciences qui masque un dogmatisme matérialiste peut lui être contraire. Et les progrès scientifiques des cent dernières années nous obligent à remettre en question le matérialisme scientifique, cette idée que tout est matière, que la matière est capable de se développer seule, sans intelligence créatrice.

    L’auteur évoque notamment le lien entre science et beauté, à savoir l’argument du dessein intelligent.

    L’argument du dessein intelligent part du constat que l’univers est caractérisé par une grande intelligibilité non seulement des choses qu’il contient, mais de leurs rapports. Les lois de la nature et, plus généralement, les modalités selon lesquelles les choses existent et coexistent, témoignent d’un ordre et d’une régularité qui ne peuvent que soulever l’admiration et l’étonnement. Ces lois et ces régularités, affirme-t-on, indiquent qu’il y a une intelligence qui sous-tend la nature : l’existence de lois présuppose celle d’un législateur ! […]

    La forme ne naît pas de l’informe, et le chaos ne s’explique que par contraste avec la cohérence. Au contraire, les explications scientifiques nous révèlent un ordre qui existait déjà, bien qu’il eût échappé à notre perception.

    https://www.lesalonbeige.fr/le-dessein-intelligent-montre-limpasse-du-materialisme/

  • Jean-Pierre Mocky : le dernier des anarchistes ?

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    Nicolas Gauthier

    C’est l’un des réalisateurs les plus singuliers qui vient de nous quitter, à l’âge de 86 printemps, ou 90 hivers, selon ses dires, parfois fantasques. Dans le monde du septième art, il n’est pas donné à tout un chacun de devenir un « auteur » ; c’est-à-dire de créer son propre univers, à nul autre comparable, dans lequel on entre ou non, c’est selon. En France, il y a eu Éric Rohmer et Jean Rollin. Il y a encore Jean-Luc Godard et Claude Lelouch. Jean-Pierre Mocky était au rang de ces derniers.

    En effet, il y avait une patte Mocky, un style Jean-Pierre. Des films (plus d’une soixantaine) et des séries télévisées (plus d’une quarantaine) ; souvent tournés à l’arrache, généralement avec de grands acteurs – Bourvil, Michel Serrault, Jean Poiret ou Catherine Deneuve – venus se faire plaisir avec le trublion. On dit « plaisir », sachant qu’ils étaient à peine payés au tarif syndical : avec la seule moitié du budget cocaïne d’un Top Gun(Tom Cruise devant la caméra et Tony Scott derrière), Jean-Pierre Mocky aurait pu tourner au moins vingt longs-métrages…

    On reconnaît aussi un « auteur » au fait que son œuvre repose sur les mêmes thématiques. Ainsi, l’homme avait ses cibles de prédilection, notables et curés au premier chef ; les hypocrites, surtout. Mais c’était sans haine. Et quand il s’empaille sur les plateaux de télévision, avec Christine Boutin et l’abbé Laguérie, à propos de son film Le Miraculé, consacré aux marchands du Temple de Lourdes, c’est finalement en une saine polémique empreinte de franche rigolade.

    À cette occasion, Christine Boutin, alors députée des Yvelines, estime que le cinéaste n’est autre qu’un « grand farceur », ce qui n’est pas faux. Certains critiques de cinéma ont tenté de le tirer, qui à gauche, qui à droite, alors qu’il n’était au fond que vieil anarchiste bougon. Michel Marmin, éminent spécialiste du cinéma et dont les mémoires, La République n’a pas besoin de savants, ont été salués sur ce site, se souvient :

    « Ce que je pense aujourd’hui de Mocky, je l’ai exprimé dès les années 70 dans Valeurs actuelles, notamment à propos de L’Ombre d’une chance et d’Un linceul n’a pas de poche. On me permettra de me citer : “C’est un utopiste à la manière des vieux républicains fouriéristes, qui pense que la société devrait être fondée sur la morale et sur la vérité, qui croit à la mutualité universelle, et qui ne peut se consoler de la méchanceté des hommes.” Tel est resté, selon moi, le sens de la violence et de la dérision de ses films, et jusque dans les téléfilms de la série Myster Mocky présente, toujours réjouissants. Mocky était un anachronisme permanent, et j’ai même écrit qu’il était “un homme de la seconde moitié du XIXe siècle”, je dis bien du XIXe siècle ! L’admiration que je lui témoignais dans mes articles l’avait d’abord surpris, venant d’un critique œuvrant dans un journal de droite, mais son anarchisme n’avait pas de frontières : la gauche parlementaire ne lui inspirait guère plus de sympathie que la bourgeoisie pompidolienne ou giscardienne, surtout quand elle s’acoquinait avec les communistes (que l’on se souvienne de sa désopilante caricature de Georges Marchais dans Y a-t-il un Français dans la salle ?). Il y avait un côtéL’Assiette au beurre chez Mocky, et ce côté-là en faisait une sorte de petit-cousin de Léo Malet, qu’il lisait et adorait. Je me suis alors mis en tête de les rapprocher, ce rapprochement aboutissant à un projet d’adaptation par le cinéaste de la série des Nouveaux Mystères de Paris. Le projet n’eut malheureusement pas de suite. Malheureusement, car Mocky, dont on oublie qu’il était aussi un merveilleux acteur, eût fait lui-même un formidable Nestor Burma. »

    Comme aurait chanté Eddy Mitchell, vu dans Ville à vendre et À mort l’arbitre !, deux des films les plus réjouissants du défunt, cette vieille canaille nous manquera.

    Boulevard Voltaire cliquez ici

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/08/14/jean-pierre-mocky-le-dernier-des-anarchistes-6169898.html

  • Marlène Schiappa se dit sapiosexuelle. À quoi pense-t-elle ?

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    Marlène Schiappa serait donc « sapiosexuelle ». C’est ce qu’elle a confié au JDD. L’info a été reprise aussi sec avec gourmandise par de multiples médias, occultant le reste de l’entretien, et tablant sur cet adjectif bizarre pour faire le buzz. Appelons cela le buzzard, c’est une ficelle désormais connue pour monter l’audience en mayonnaise, surtout un dimanche de mois d’août. Sans doute l’internaute moyen, à l’esprit normalement mal tourné, imaginerait-il quelque pratique baroque et acrobatique qui le pousserait par curiosité malsaine à cliquer. Et se fourrerait le doigt dans l’œil : « Sapiens » est un adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent ». Dit autrement, mais de façon moins racoleuse, Marlène Schiappa est attirée par les hommes intelligents. Rien de torride ni de follement indécent.

    De méchantes langues, évidemment, sur les réseaux sociaux, ont fait à Marlène Schiappa la réponse de Surcouf aux Anglais : chacun cherche ce qui lui fait défaut. Ce qui est faux, bien sûr, car pour arriver à sa fonction de secrétaire d’État, il a bien fallu que Marlène Schiappa soit dotée, sinon d’une intelligence académique, au moins d’une intelligence de situation.

    La vérité est qu’il s’agit d’une constante féminine vieille comme le monde, d’Héloïse et Abélard à Sartre et Beauvoir, en passant par Cyrano de Bergerac, même si Roxane a été un peu longue – trop longue – à le comprendre. Il est étonnant, rare mais heureux qu’une féministe institutionnelle rende hommage à l’éternel féminin. Mais il est dommage que Marlène Schiappa réduise cette attirance qui l’honore – qu’aurait-on dit d’une secrétaire d’État qui se serait déclarée crétinosexuelle, exclusivement magnétisée par les gogodanseurs en tanga ? – à un instinct, comme si l’éloquence, la culture ou la bosse des maths dégageaient des phéromones à destination de femelles en tous points semblables, à la jupe et au brushing près, à des grenouilles ou des chenilles pendant la période des amours.

    Pourquoi toujours ce champ sémantique de la sexualité, y compris pour évoquer ce qui relève d’abord de l’affectif, de l’esprit et du cœur, de l’ordre de l’humain et non de l’animal comme la connivence des intelligences ?

    Rejeter la part bestiale de l’homme – en balançant son porc – implique, en miroir, ne pas renvoyer systématiquement la femme à ses seuls organes génitaux.

    Gabrielle Cluzel

    https://www.bvoltaire.fr/marlene-schiappa-se-dit-sapiosexuelle-a-quoi-pense-t-elle/

  • François Bousquet : « Au cœur du Quartier latin, nous sommes la librairie de la France périphérique ! »

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    François Bousquet fait le bilan d’une année riche pour La Nouvelle Librairie avec les polémiques (Zemmour, gilets jaunes, etc.), mais replace aussi l’événement dans le cadre plus large du combat culturel et annonce aussi des surprises et des « scandales » pour la deuxième année !

    https://www.bvoltaire.fr/francois-bousquet-au-coeur-du-quartier-latin-nous-sommes-la-librairie-de-la-france-peripherique/

  • L’EXPLOIT ET LE SACRIFICE

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    Par Natacha Polony

    La langueur estivale de ce début de mois d’août a vu émerger deux figures qui nous racontent une part de la France. L’un incarne la volonté, l’autre le dévoue- ment. L’un l’exploit, l’autre le sacrifice. D’un côté, un fou volant sur sa drôle de machine, Franky Zapata, de l’autre, un simple édile donnant sa vie pour une idée du bien commun, Jean-Mathieu Michel. Et chacun à sa manière rend un peu de fierté à un pays en quête de lui-même, oublieux de ce qui fit sa grandeur : un mélange de ténacité et de civisme, de liberté transgressive et de respect des lois.

    Le premier, Franky Zapata, a ce mélange de gouaille et de simplicité qu’on aime aimer. Un type qui parvient à bricoler une machine comme tout le monde en rêve, tout seul, dans son coin, à partir d’un premier prototype à propulsion à eau destiné à amuser les amateurs de jet-ski. Il teste, il perd deux doigts dans sa première tentative, mais il continue. Et, parce qu’on est en France, le premier réflexe des autorités est de le convoquer au commissariat pour violation de l’espace aérien sur un appareil non homologué.

    Partout ailleurs, sans doute, le bricoleur génial aurait été contacté par des entreprises, soutenu par des banques, récupéré par une filière économique flairant le bon filon, avec la bienveillance d’un ministère de l’Economie soucieux de repérer les futurs producteurs de richesse. En France, non, on lui envoie la police pour avoir enfreint un règlement. Et ce n’est qu’après qu’il a menacé de quitter le pays avec son incroyable joujou que le ministère de la Défense, visiblement l’une des dernières administrations où l’on comprend la notion d’Etat stratège, le prend sous son aile. L’inflation de normes, contrairement à ce que croient certains, n’est pas la conséquence d’une omniprésence de l’Etat mais le signe de son recul par absence de vision et impuissance des politiques. Mais l’enthousiasme populaire qui accompagnait Franky Zapata sur la plage de Sangatte pour son second essai au-dessus de la Manche vaut plus que toutes les tracasseries administratives. Il y avait de la joie pure dans les voix aux accents ch’tis qui disaient leurs convictions que ce Marseillais fou allait y arriver. La joie d’un peuple qui croit en cette nation. Et cette joie n’a rien de contradictoire avec la colère des derniers mois. C’est parce qu’il croit encore en la France que ce peuple, parfois, laisse éclater sa colère. Une colère qui ne se confond pas avec la haine et l’individualisme que l’on voit aussi se manifester avec une violence croissante.

    C’est pour cette raison que la France a également besoin de héros républicains. Le civisme, la défense du bien commun, le don de soi... autant de valeurs sans lesquelles une société s’effondre sur elle-même. Quel terrible symbole que la mort de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes, dans le Var, renversé par la camionnette de deux ouvriers du bâtiment alors qu’il venait de les obliger à recharger les gravats qu’ils avaient déversés illégalement sur un chemin.

    Il est de bon ton, dans les sphères de la haute administration française, de se gausser de ces 36 000 communes totalement archaïques, qu’il faudrait regrouper en communautés d’agglomérations pour ressembler un peu plus à nos voisins européens. Le dévouement d’hommes et de femmes qui choisissent de se consacrer à faire vivre des territoires, à maintenir le lien social, ne recueille qu’indifférence ou mépris chez les brillants technocrates qui jugent parfaitement inutile de connaître le pays pour le gouverner. Mais il n’est pas davantage considéré par des individus devenus consommateurs bien avant d’être des citoyens. Car le civisme est l’opposé absolu du consumérisme. Il consiste à refréner ses pulsions, à s’interdire certains comportements au nom de l’intérêt général, à limiter la toute-puissance de l’individu au nom de la collectivité. Dans l’émotion qui a entouré la mort de Jean-Mathieu Michel, il y a la révolte, mais aussi le regret devant notre impuissance collective à perpétuer et transmettre cette vertu cardinale de toute société civilisée qu’est le civisme. Il y a la tristesse devant l’indifférence qui gagne, une indifférence qui aurait pu inciter le maire à continuer sa route plutôt que de s’arrêter pour empêcher ces deux hommes de dégrader ce chemin. L’indifférence est le pire poison d’une société.

    Deux Français sans aucun lien, sans rien de commun, mais dont le destin nous rappelle qu’un pays vit des modèles qu’il se choisit et qu’il offre à sa jeunesse. Le rêve, pour l’un, et la ténacité pour que ce rêve se concrétise. Le sens du devoir, pour l’autre, et l’obstination à défendre le bien commun. Deux leçons pour un pays qui ne veut pas se recroqueviller sur ses rancœurs et ses haines, mais retrouver ce qui pourrait être un destin.

    Source : Marianne 9 au 15/08/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/08/08/l-exploit-et-le-sacrifice-6169149.html