ÉLÉMENTS : Vous allez à rebours des clichés sur le « doux commerce », qui veulent que l'économie pacifie les mœurs. Que vous inspire cette vision des choses ?
JEAN-FRANÇOIS GAYRAUD : Le « doux commerce » cher à Montesquieu est pour une part une vue de l'esprit. Il repose sur l'idée en partie juste (mais seulement en partie) - que les nations ont plus à gagner à commercer qu'à se faire la guerre. Mais Montesquieu n'a jamais pensé que le commerce n'avait pas partie liée avec la guerre. Il l'ignorait d'autant moins qu'il savait que ce furent les intérêts de la City de Londres qui retardèrent la conclusion de la paix avec Louis XIV.